TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE

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TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE
MINISTERE DE LA CULTURE – DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES D’AQUITAINE
33 - GIRONDE
TRIBUNAL DE
GRANDE INSTANCE
1. LOCALISATION
Canton
Commune
Lieu-dit
Adresse
Référence cadastrale
Propriétaire
:
: Bordeaux
:
: 30 rue des Frères Bonie
:
:
2. HISTORIQUE
: 1992
: Direction générale du programme
pluriannuel d'équipement (DGPPE)
Architecte
: Richard Rogers
Programme
: Un tribunal
Historique
: Le projet de construction d'un tribunal
de grande instance s'inscrit dans un
vaste programme d'État pour la réhabilitation de bâtiments
judiciaires anciens et la construction de nouveaux palais
afin de moderniser l'institution et de lui donner une nouvelle
image. Au sein du ministère de la Justice un organisme est
créé pour mettre en œuvre cette politique, la Direction
générale du programme pluriannuel d'équipement
(DGPPE). Le tribunal de Bordeaux est le produit de cette
ambition. Les premières enquêtes sur les nouveaux besoins
et sur l'état du patrimoine datent de 1985.
Date de construction
Commanditaire
3. DESCRIPTION GÉNÉRALE
Style architectural : High-tech
Édifice
: Un accord entre l'État et la
municipalité (échange de terrains rue des Frères
Bonie) conduit à un projet d'îlot judiciaire
regroupant le vieux palais (Thiac, 1846)
restructuré, l'École nationale de la magistrature
agrandie et rénovée et le futur tribunal de grande
instance. Le site est sensible puisqu'il est proche
d'un monument classé - la cathédrale - et qu'il
inclut des monuments inscrits - les deux tours du
fort du Hâ (XVe siècle). Toute construction
nécessite donc l'avis de l'architecte des Bâtiments
de France.
En 1988, la ville lance un premier
concours international. Trois noms sont
sélectionnés pour un dernier tour : Lajus, Bouey
et Hondelatte qui remporte la compétition et fait
l'unanimité (septembre 1990). Mais le lauréat a
déposé certaines pièces hors délai et un des
concurrents écartés informe le ministère que le
projet n'aurait pas dû être jugé.
«Cette lettre - précisent Chadoin, Godier et Tapie - ébranle le
milieu professionnel local bien qu'elle se situe sur le plan strictement
réglementaire.» Le choix de Jacques Hondelatte est pourtant officialisé
en novembre 1990.
MINISTERE DE LA CULTURE – DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES D’AQUITAINE
Le tribunal de Jacques Hondelatte se
décompose en deux bâtiments triangulaires accolés pour
former un triangle isocèle symbole de l’équilibre de la
justice dont les côtés égaux longent le cours d'Albret et
la rue des Frères Bonie tandis que la base frôle la tour
des Sorcières visible par une faille qui traverse le
bâtiment. Les pentes des toits n’ont pas la même
inclinaison, l'un touche la terre du côté du fort du Hâ,
l'autre se dirige doucement vers le cours d'Albret. À
l'intérieur, des circuits complexes mais souples
conduisent à des salles d'audience qui semblent flotter
dans un plan large. L'élément le plus surprenant reste le
traitement des façades composées d'une fine pellicule de
pierre collée sur du verre pour qu'elle devienne
translucide. Cet écran - qui s'inscrit dans le cadre
minéral des bâtiments environnants - filtre la lumière et
révèle, la nuit, le volume prismatique du bâtiment éclairé
de l'intérieur et resplendissant comme un diamant. Ce
travail sur l'écran, sur la diffusion de la lumière, la
précision géométrique, l’intelligence de l'implantation
urbaine et la recherche d'une autre matérialité situent ce
projet dans la même famille que I'IMA de Jean Nouvel
qui dira, à la mort de l'architecte bordelais que son
«projet était proche du miracle». On peut lui faire le
reproche tout de même d'être trop formaliste.
Le ministère de la Justice annule la compétition
et ouvre en 1992 un nouveau concours auquel ne peut
donc, en toute logique, participer le bordelais. Cinq
candidats sont sélectionnés : Jean-Pierre Buffi,
Christian de Portzamparc, Philippe-Charles Dubois,
Jean-Paul Viguier et Richard Rogers, le lauréat, célèbre
architecte anglais qui réalisa avec Renzo Piano le musée
Georges-Pompidou.
Le projet ne verra jamais le jour! Rogers
n'occupe qu'une partie du terrain triangulaire, un
rectangle le long du cours d'Albret, afin de ne pas
masquer la vue sur la cathédrale et la tour ronde tandis
que les parois de verre assurent une grande
transparence. L'idée originale consiste à dessiner un
plan très simple en mettant côte à côte les deux fonctions
du palais, d'une part l'espace privé des bureaux, d'autre
part l'espace public des salles. Entre les deux, un atrium
profond, sorte de rue couverte de passerelles métalliques
jaunes, distribue la lumière. Partout, des câbles, des
contreventements, des nœuds structurels magnifiquement
complexes équilibrent les tensions, neutralisent les
forces antagonistes. L'affirmation de ce système
sophistiqué, conforme à l'esthétique high-tech dont
Rogers est l'un des plus célèbres représentants, renforce
la symbolique du palais de justice, un édifice où le droit
résout les conflits pour assurer l'équilibre social.
L'ensemble est unifié par un grand toit ondulant porté
par de fins poteaux de métal et totalement indépendant
de la structure du bâtiment.
Dans le rectangle qui longe le cours d'Albret
Rogers loge les bureaux. C'est un lieu où le verre
domine, à l'instar d'un bâtiment tertiaire banal. Ainsi
«on verra de l'activité partout - précise Rogers pour que
tout le monde voit qu'il y a des gens qui
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travaillent et qu'un palais de justice ce n'est pas
seulement des salles d'audience ». Cette neutralité
tranche avec le traitement plastique de la partie
réservée aux salles d'audience. Ici, les coques de bois,
en lévitation sur des coupelles de béton et protégées
par une immense cage de verre à contreventement par
raidisseurs en verre, retrouvent cette situation
dominante des anciens palais disposés au-dessus de
l'agitation de la rue.
L'impression est renforcée par la qualité des
espaces. Totalement fermées, à l'abri du bruit extérieur
et bénéficiant d'une acoustique impeccable, éclairées
d'une douce lumière zénithale qui joue sur la blondeur
des bois, elles garantissent la sérénité des procès et
conservent, sans théâtralité exagérée, des vestiges de
sacralité.
4. DOCUMENTATION EN RÉFÉRENCE
Diapositive CMH
Bordeaux La conquête de la modernité Architecture et urbanisme à Bordeaux et dans l’agglomération de 1920
à 2003, Robert Coustet et Marc Saboya, Mollat, Septembre 2005, Castuera Espagne,P.315, 316, 317.

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