Paris Photo

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Paris Photo
foires | paris par Eric Jansen
Paris Photo
Le temple de la photo
Trois semaines après la Fiac, le Grand Palais accueille Paris Photo. La première foire de photographie
au monde. Les plus grands noms y sont exposés. Acheteurs, mais aussi simples amateurs s’y précipitent
car à côté des galeries sont présentées des collections privées et des expositions thématiques. Une offre
diversifiée donc, toujours de qualité, qui assure à cet événement son rayonnement.
courtesy howard greenberg
“C’est une très belle foire, commente Ilan
Engel qui expose à Paris Photo pour la troisième année consécutive. Non seulement
les œuvres sont de grande qualité, mais le
cadre est somptueux. En plus, je dois avouer
que j’ai toujours bien vendu. Le public est
vraiment là, avec des collectionneurs américains, allemands, suisses, belges…” Même
son de cloches chez tous les exposants
interrogés.
Paris Photo, c’est le plus grand rendez-vous
des amateurs de photographie, qu’ils soient
galeristes, artistes, collectionneurs ou
simples amateurs. Son succès est chaque
année plus important, à tel point qu’on a
parfois du mal à circuler dans les allées : plus
de 54 000 visiteurs l’année dernière ! Mais
la concentration de clichés, qu’ils soient
vintage ou contemporains, la présentation
de collections privées et l’attrait du Grand
Palais, plus séduisant que le Carrousel du
Louvre où se tenait précédemment la foire,
explique cet engouement.
Cette année, 135 galeries sont réparties
sous la nef. Parmi elles, 27 nouveaux venus,
comme Nathalie Obadia. Sa présence n’est
pas anodine. Elle rejoint Dominique Fiat,
Eric Hussenot, David Zwirner ou Gagosian,
des galeries d’art contemporain et non de
photographie proprement dite. Cette ouverture est voulue par les organisateurs car
la photo est devenue un médium comme
un autre pour bon nombre d’artistes qui
ne se considèrent pas pour autant comme
photographes. Leur cliché sert un concept,
t U
ne photo de Jacques-Henri Lartigue
chez Howard Greenberg, la célèbre galerie
new-yorkaise.
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© jack pierson, courtesy cheim & read
© dr
t D
ans le cadre d’une exposition sur le
thème de l’eau et intitulée Acqua, un
cliché de Jack Pierson (Cheim & Read).
q Exposée par l’Ilan Engel Gallery, une
photo de Stephan Crasneanscki d’après
Les chemins qui ne mènent nulle part de
Martin Heidegger.
par David Rockefeller en 1959, c’est sans
doute l’une des plus grandes collections
d’entreprise au monde. Dans un autre genre,
on se reposera du tourbillon ambiant en se
plongeant dans les photos réunies autour du
thème de l’eau. Quatrième édition d’une exposition baptisée Acqua et sponsorisée par
Giorgio Armani.
Pour ceux qui rechercheraient plus de
classicisme, direction l’espace “Acquisitions récentes” où l’Institut Moreira Salles
de Rio de Janeiro présente des photos
© Stephan Crasneanscki, Courtesy ilan engel gallery
une démarche intellectuelle, ce n’est plus
simplement un joli moment immortalisé.
D’ailleurs, Ilan Engel le reconnaît : il n’est
pas marchand de photos, mais “spécialiste
en photos plasticiennes.”
Cette ouverture se veut aussi en adéquation
avec le marché : les collectionneurs de Jeff
Koons aiment également à présent accrocher sur leurs murs des photos d’Andreas
Gursky. Dans le salon d’honneur, la présentation d’une partie de la collection de
l’homme d’affaires hambourgeois Harald
Falckenberg illustre avec force la porosité
de la pratique photographique. On peut y
admirer des œuvres de Richard Prince, John
Baldessari, Albert Oehlen, Sigmar Polke,
chacun s’appropriant la photo pour des résultats très différents. Présents également
au salon d’honneur, des clichés provenant
de la JP Morgan Chase Art Collection. Créée
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© Eggleston Artistic Trust. Courtesy of Gagosian Gallery
liées à la transformation du paysage urbain au Brésil. Quant au
Musée Folkwang d’Essen, il a choisi de montrer des photos de
reportage signées Robert Capa et Henri Cartier-Bresson. Les
amateurs de réalisme apprécieront sans doute le stand Leica
où les portraits de Cédric Gerbehaie ont été réalisés comme il
se doit avec un Leica Monochrom. Quant à ceux que les plasticiens laissent de marbre et qui traquent la photo vintage
ou les grands maîtres de la photographie du xxe siècle, rendez-vous chez Hans P. Kraus Jr, Howard Greenberg, James
Hyman, Johannes Faber ou Hamiltons. Vous l’aurez compris, à
Paris Photo, il y en a pour tous les goûts, et il y a fort à parier que
vous aurez le déclic !
Paris Photo
Du 14 au 17 novembre – Grand Palais, Paris
www.parisphoto.fr
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ur le stand de Gagosian, un cliché de William Eggleston.
On considère qu’il est le premier à avoir donné à la photo couleur
son statut d’œuvre d’art.
© Clark & Pougnaud / galerie photo12
© Cindy Sherman, courtesy the artist
and Metro Pictures, New York
q Un autoportrait de Cindy Sherman, icône de la photographie.
Fotofever : Place à la jeunesse
Si vous n’êtes pas rassasié après avoir arpenté les allées du Grand Palais, vous pouvez
poursuivre au Carrousel du Louvre où Cécile Schall (la petite-fille du photographe Roger
Schall) a installé sa foire off baptisée Fotofever. “Je parlerais plutôt de foire satellite.
Nous ne jouons pas dans la même cour.” Une cinquantaine d’exposants, un angle exclusivement contemporain, des artistes jeunes et donc moins connus, des prix accessibles. “Et peut-être plus de convivialité.” Mais si elle se veut modeste par rapport à
Paris Photo, elle voit grand : en octobre, elle organisait Fotofever à Bruxelles, dans 5000
m2 à Tour & Taxis, et en 2015, elle verrait bien éclore d’autres Fotofever à New York et
Hong Kong… “Nous ne sommes qu’au début de l’engouement pour la photographie
d’art.” Enthousiaste et passionnée, elle entend bien encourager de nouvelles vocations
de collectionneurs. Son cri de guerre : “Catch the fever, collect photography !” Acheter
de l’art n’a jamais été aussi sensuel. Ah ! J’oubliais : dans un coin de la foire, est exposée
une collection privée dédiée à… la fesse !
www.fotofeverartfair.com
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ost in meditation, une photo de Clark & Pougnaud exposée par la galerie Photo12,
qui était déjà présente à Fotofever Bruxelles.
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