N°1062 - LeJSD
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N°1062 1,00 € Du 25 novembre au 1er décembre 2015 Des attentats au Stade de France à la traque des terroristes… Douze pages de reportages et d’images au cœur de notre ville meurtrie. p. 2 à 13 Yann MaMbert 2 chocs en 6 jours 2 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 2 CHOCS EN 6 JOURS Les évacués du 48 de la Rép’ « Si on part à l’hôtel, on nous oubliera à l’hôtel » Sur les tapis de sol installés au centre du gymnase Maurice-Baquet, des jouets ont été éparpillés par les enfants. Un camion a les faveurs d’un petit bonhomme de 6 ans, mais il fait aussi l’admiration de plus petits. « Ils veulent mon camion », assure le garçon, en repoussant une fillette de 1 an qui proteste à en perdre sa tétine. Quel réconfort dans le chaos ambiant que ces enfantillages, que ces mômes qui se courent après en criant un peu fort ou qui profitent de la présence de paniers pour se faire un basket sans prêter attention aux gobelets de café qu’ils vont finir par renverser. Ils ont les traits tirés, le teint blafard, les yeux rougis. Cette nuit, la première, il y a eu beaucoup de cauchemars, de sanglots et de cris. Au lendemain de l’opération des plus guerrières qui s’est abattue sur leur immeuble, la plupart des rescapés du 48, rue de la République sont dévastés. Au fond du gymnase, transformé en coin dortoir, certains sont prostrés sur leur lit de camp, calfeutrés sous une couverture de survie. Un homme de 46 ans est assis, le dos voûté, le regard vide. C’est le père du petit garçon. «Qu’est-ce qu’ils ont pleuré, lui et ses frères. » Ils ont 3, 6 et 13 ans et il a cru ne jamais pouvoir les consoler, que les tremblements du plus jeune ne cesseraient jamais. Sa famille, comme les autres, a vécu l’assaut de l’intérieur. « On a été réveillé vers 4 h, il y avait des tirs, des explosions. Ça a duré jusqu’à 7 h 30. On était tous allongés par terre, on a cru mourir. » Et à ses dires, « ça fait très mal au ventre». Quand les hommes du Raid ont fini par venir les chercher à 10 h 45, il leur a crié de faire attention, qu’il y avait des enfants. Mais ils ont défoncé la porte, pointant leurs armes sur ses fils, obligeant même les petits à soulever leurs vêtements et à ouvrir la bouche. «Les enfants ont eu encore plus peur, ils n’ont pas compris… Ce n’est pas une façon d’évacuer les gens », se désole cet homme qui aurait aimé que quelqu’un s’excuse pour cette brutalité. « J’ai cru qu’on allait éclater » Chez chacun de ces habitants, le traumatisme est flagrant, mais comment pourrait-il en être autrement ? « On n’est pas des survivants, on est des morts-vivants », bafouille une femme. Elle est épuisée. «Je ne peux pas fermer les yeux. J’ai peur de dormir, du moindre bruit. J’étais couchée par terre avec mes enfants. À chaque seconde, j’ai cru qu’on allait écla- ter. » Elle fond en larmes. On s’en veut de l’avoir fait pleurer. « C’est pas vous… Je préfère parler. » Car dans sa tête, le silence fait un boucan d’enfer. « Dès que je suis seule, je revois tout, j’entends tout, c’est horrible, je souffre à en devenir folle.» Non loin d’elle, une femme s’inquiète, elle attend des nouvelles de ses proches. Son téléphone n’a plus de batterie et, bien sûr, elle n’a pas son chargeur. Tous ont dû quitter précipitamment leur logement, sans change, sans aucun papier ni médicament, certains au milieu des tirs, d’autres juste après ou dans les heures qui ont suivi l’assaut. Et peu sont ceux qui envisagent de retourner sur place, ne serait-ce que pour récupérer leurs affaires. « Le 48, pour nous tous, c’est fini, jure une maman de trois enfants. On n’y retournera plus jamais. On n’a même pas les mots pour raconter ce qu’il s’est passé. Personne ne peut sentir cette douleur, à part nous. » Aussi grande soit leur détresse, elle est d’abord passée inaperçue dans la couverture mé- Ici, « l’état d’urgence, c’est l’absence d’État » Bras de fer. La Ville demande à l’État de reloger les rescapés de l’assaut. « L’État nous laisse carrément tomber. » Le verdict sans appel sort de la bouche d’une des habitantes du 48 rue de la République, mise à l’abri par la Ville dans le gymnase Maurice-Baquet, comme 70 autres personnes. Lundi 23 novembre à 15 h 30, elle fait face aux journalistes avec d’autres compagnes d’infortune et des parentes d’élèves de l’école Jules-Guesde solidaires. La conférence de presse a été convoquée à la hâte par la municipalité. Didier Paillard et Stéphane Peu expliquent la situation. « L’État a décrété l’état d’urgence mais localement on constate l’absence d’État », résume l’adjoint au maire à l’urbanisme et président de Plaine Commune Habitat. Le maire présente en préambule deux revendications communes aux locataires évacués et à la municipalité : un relogement pérenne par l’État, dans de brefs délais, et le statut de victimes du terrorisme pour celles et ceux qui ont vécu sept heures d’effroi lors de l’assaut des hommes du Raid et de la BRI. Cette conférence de presse ponctue une fin de se- maine et un week-end tendus entre la municipalité et les représentants de l’État. Dimanche, dans son bureau qui accueille une énième réunion de crise, Didier Paillard n’en revient pas de l’attitude de la préfecture en ces temps douloureux : « Soixante-dix personnes choquées, soixante-dix victimes collatérales des terroristes sont regroupées dans un gymnase et n’ont reçu la visite d’aucun membre du gouvernement, n’ont pas vu le préfet.Il n’est pas possible que celles et ceux qui étaient au plus près du choc soient traités ainsi. » Autour de la table, on compare avec les inondations dans le Var « où la moitié du gouvernement a fait le déplacement ». L’adjoint au maire Stéphane Privé ne dit pas autre chose quand on le rencontre un peu plus tard : « François Hollande est allé au Bataclan, mais pas à Saint-Denis. » L’élu y voit « une forme de mépris ». Manuel Valls s’engage… Dans une mairie où l’ambiance n’a rien de dominicale, les oreilles des représentants de l’État dans le département sifflent. « Quand il y a eu l’incendie dramatique au 39 Péri, le préfet Lambert campait là », se sou- vient-on. Pour inverser la pente, Didier Paillard envoie le 20 novembre un courrier en forme d’appel au secours à Manuel Valls. « Devant l’état des bâtiments du 48 rue de la République, suite à l’intervention policière, écrit le maire, la Ville a immédiatement pris un arrêté interdisant l’accès à l’immeuble pour des raisons de sécurité et mis à l’abri les familles dans un gymnase municipal. […] Au vu de l’urgence de la situation et de l’état de fragilité des personnes, une prise en charge immédiate par l’État de l’hébergement et du relogement des familles est indispensable. » Or « à ce stade, aucune proposition ne nous a été faite », constate l’édile. Le ton diplomatique de cette dernière phrase édulcore l’exaspération ressentie : selon la mairie, l’autorité préfectorale a d’abord expliqué aux élus qu’ils devaient se débrouiller. Manuel Valls réagit au courrier dans les heures qui suivent. Il appelle le maire et « s’engage à mobiliser les services de l’État pour héberger et reloger les familles », explique M. Paillard. Dimanche soir, fort de cette intervention, les élus locaux sont optimistes pour la réunion du lundi matin en préfecture. Ils ne le restent pas longtemps. La proposition du préfet à l’égalité des chances Didier Leschi se résume à « un hébergement pérenne en résidence hôtelière à Saint-Denis », puis « un diagnostic social » effectué par la Ville et « un point sur les démarches engagées pour aboutir à un relogement définitif »… M. Leschi explique à des traumatisés qui, pour certains, sont prêts à loger dans d’autres départements, qu’il « n’y a malheureusement pas de possibilité d’accès direct et immédiate dans un logement ». Mieux encore, il dit aux personnes évacuées lors d’un passage au gymnase tardif que certaines pourraient peut-être regagner ce bâtiment, pourtant notoirement identifié insalubre, où elles ont vécu l’horreur… « Quand le gouvernement dit vouloir lutter contre l’apartheid urbain, on ne peut qu’être d’accord. Mais il faut des actes pas des discours pour les trois missions régaliennes de l’État : la justice, l’éducation et la police », expliquait M. Peu en marge de la conférence de presse. Les propositions préfectorales montrent qu’il y a du travail en la matière. Didier Paillard aura tout loisir d’aborder le sujet avec le Premier ministre s’il répond favorablement à la demande de rendez-vous en urgence qui lui est adressée. Dominique Sanchez Vu, lu et entendu Sans-papiers blessé, la France veut l’expulser Encore une belle leçon d’humanité. Ahmed, un Égyptien de 63 ans Sans-papiers, qui logeait sur le même pallier que les terroristes, a été blessé par les hommes du Raid qui l’ont visé par erreur durant l’assaut. Plutôt que des excuses, ce peintre en bâtiment qui vit depuis neuf ans sur le sol français a reçu son avis d’expulsion du territoire sur son lit d’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. diatique de l’événement qui a fait la part belle à leur témoignage, pour ce qu’il avait de sensationnel. La presse a aussi parlé d’eux comme de squatteurs, et de leur immeuble comme d’un repère de toxicomanes et de prostitués, sans donner à voir la réalité de ces gens, qui, bien que mal-logés et en proie à la précarité, sont des Dionysiens comme les autres, qui locataire, qui propriétaire occupant. Quand on les retrouve le lendemain vendredi dans leur hébergement de fortune, on les découvre en proie à une nouvelle descente aux enfers. Au soir de ce troisième jour, ils ont pris conscience de n’être que d’insignifiantes victimes collatérales que la société s’est empressée d’oublier. Comme ils ont pris conscience aussi de l’indifférence et du mépris de l’État à l’égard de leur situation. « Tout le monde s’en fout de nous. On a perdu nos logements, on a vécu l’enfer et aujourd’hui on est à la rue avec nos enfants », fustige une mère de famille, qui ne laisse plus rien paraître de son chagrin. Comme les autres, elle est en colère et ne trouve pas les mots pour exprimer sa rage. Ce vendredi soir, un représentant de la préfecture a enfin daigné venir les voir. Mais là où elles s’attendaient légitimement à recevoir de l’État la garantie d’un relogement, elles n’ont eu droit qu’à de lénifiantes réponses, sur la base « d’un examen de leur dossier au cas par cas» et ne se sont rien vues proposer d’autres que des nuitées d’hôtel. Oups C’est ce qui s’appelle une boulette. Alors que l’ensemble de l’immeuble du 48, rue de la République avait été soi-disant intégralement vidé de ses occupants, un homme seul et une famille avec enfants ont dû quelque peu décontenancer les forces de l’ordre – pourtant présentes en nombre dans le bâtiment – en se manifestant spontanément dans la soirée du jeudi 19 novembre après s’être enfin décidés à quitter leurs logements. Privées d’eau, d’électricité et d’infos, ces innocentes victimes dionysiennes étaient restées terrées chez elles près de 36 heures après l’intervention policière, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, il aurait aussi pu s’agir de complices terroristes restés en planque… S’il y avait des armes de guerres, où sont-elles ? C’est une information aussi troublante qu’inattendue révélée lundi 23 novembre par RTL, qui rapporte qu’après presque une semaine de fouille de l’immeuble où se trouvait Abdelhamid Abaaoud, aucune arme de guerre n’a pour l’heure été retrouvée par les experts de la police technique et scientifique qui ont pourtant ramassé, tamisé et passé aux détecteurs de métaux tous les gravats. Dans les décombres, ni Kalachnikov, ni munition de Kalachnikov. En plus des lambeaux du gilet explosif rempli de boulons actionné durant l’assaut par un kamikaze, seul un pistolet de calibre 9 mm a été découvert ainsi qu’une dizaine de cartouches. Jeudi 19 novembre, dans le gymnase Maurice-Baquet, où la Ville a mis à l’abri les familles de l’immeuble évacué. « Ce monsieur nous a pris pour des cons » Loin de se laisser berner par ces promesses qui ne sont rien de plus qu’une déclaration d’intention, les familles ont fait acte de résistance en décidant de rester au gymnase plutôt que de suivre ces directives plus que douteuses. « Ce monsieur nous a pris pour des cons.On sait très bien que ce demain ne va jamais venir.Si on part à l’hôtel, on nous oubliera à l’hôtel. » Les gens le savent d’autant plus qu’ils ont déjà vécu cette situation après l’incendie de leur immeuble en 2005. « On nous avait mis à l’hôtel, soit disant qu’on allait être relogé. Au final, on a dû réintégrer nos appartements. Là, ils seraient bien capables d’en faire autant… » Cette femme ne croyait pas si bien dire. Tant attendue, la réunion organisée lundi matin en préfecture, loin de les rassurer, n’a fait que confirmer leurs craintes les plus sombres, les services de l’État envisageant sans complexe que certaines familles puissent retourner vivre dans des appartements qui jusqu’à la fin de leur vie peupleront leurs cauchemars. Linda Maziz Abaaoud a-t-il fait du shopping rue Péri ? Début d’une longue attente, après une première nuit passée à Baquet. Lundi 23 novembre, conférence de presse en mairie avec Didier Paillard, Stéphane Peu et des habitantes évacuées. Yann MaMbert Hébergés au gymnase Maurice-Baquet. Ils ont vécu l’assaut de l’intérieur. Tous disent la violence des tirs, des explosions, la peur de mort imminente. Et leur crainte de ne pas être relogés. Ailleurs que dans ce cauchemar. 3 Plusieurs personnes affirment avoir aperçu Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attentats du 13 novembre, à divers endroits de Saint-Denis. Dans le lot des témoignages fournis, ces employés d’une boutique d’articles de sport affirment avoir reconnu le terroriste sur les caméras de vidéosurveillance. Sur les images, on aperçoit un jeune homme aux cheveux longs, avec une barbe de quelques jours, essayant un sac à dos. « Il l’a essayé de plusieurs façons et sans sa veste, se rappelle un vendeur. Sur le dos, mais aussi sur le côté et sur le ventre… C’était bizarre.» La caissière qui dit avoir reconnu le terroriste, encore sous le choc, n’est pas revenue travailler depuis. Un autre habitant affirme, lui, avoir croisé Abbaoud dans une salle de restauration rapide. N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 2 CHOCS EN 6 JOURS Rassemblement « Être ici, c’est une manière de résister » Jeudi 19 novembre. Environ 3 000 personnes ont répondu à l’appel de la municipalité pour rendre hommage, devant le Stade de France, aux victimes du 13 novembre et affirmer leur volonté de ne pas céder à la peur. Peu avant 18 h, jeudi 19 novembre, la passerelle qui mène au Stade de France est empruntée par plus de monde qu’un jour ordinaire, hors soirs de match. La foule, clairsemée d’abord, marque un temps d’arrêt devant le Quick et la gerbe déposée dimanche par la municipalité, puis devant la brasserie l’Events où un kamikaze s’est fait sauter le 13 novembre. Les élus sont là, les caméras aussi, et de nombreux habitants qui ont tenu à participer à cet hommage. « Je suis là pour les familles des victimes, bien sûr, mais aussi pour dire que je n’ai pas peur, que la vie ne doit pas s’arrêter, pour montrer qu’on résiste », lance Virginie. Viviane, qui vit à La Courneuve, se dit très touchée par ce qui est arrivé. « Je vais souvent au Quick avec ma fille de 16 ans, après le cinéma. Là, elle est trop émue. On est tous frères et sœurs à La Courneuve, comme à Saint-Denis, même si on n’a pas la même couleur et la même religion… » Hayriye veut dire sa colère. « À Saint-Denis, ces attentats ont touché tout le monde. Il faut ref u s e r l e s a g re s s i o n s , l a v i o lence ! » Elles sont plusieurs à être venues d’Aubervilliers, « pour soutenir les familles des victimes », disent ensemble Awa et Martine. « Il n’y a pas de mot pour dire notre douleur, ajoute la première. Il faut dire non, non et non à toute cette violence ! » « Depuis le 13 novembre, j’ai du mal à dormir. Plus jamais ça… », ajoute Martine. C’est la colère qui habite Thierry, ce « Dionysien depuis quarante ans, à Franc-Moisin. Il ne faut surtout pas baisser les bras, laisser détruire ce qu’on a l’habitude de vivre ici. » « Il ne faut pas s’arrêter de vivre » Le rassemblement, jusque-là informel, s’ébranle et se dirige à présent vers le virage sud du stade, au dos duquel une estrade est dressée. Tout en marchant, Najima prévient : « Il faut garder un œil sur nos enfants, et faire attention : il y a des prêcheurs dans la cité. Moi, j’ai sorti mon fils de ça », dit-elle en parlant du fanatisme et en joignant le pouce et l’index pour montrer qu’il s’en est fallu de peu qu’il bascule. « Je suis musulmane et je lui ai dit : c’est moi qui vais t’expliquer ce que c’est l’islam. Il faut dialoguer, parler, clarifier les choses. » La foule d’environ 3 000 personnes s’arrête pour écouter Didier Paillard (lire ci-dessous) et observer une intense minute de silence. À sa suite, une Marseillaise éclot, mezzo voce mais claire et étonnamment légère. Comme une douce renaissance. Chacun dépose alors une rose blanche le long des grilles du stade. Le rassemblement s’achève mais nombreux sont ceux qui restent, comme un besoin d’être encore ensemble, unis, soudés. « Il ne faut pas entrer dans la peur. Être ici, c’est aussi une manière de résister », dit Alejandro. Alima est musulmane, porte le foulard et a les yeux embués. « Je pense à toutes ces victimes. Je suis choquée. Quand on est musulman, on ne fait pas ça ! Ça fait mal, je me sens trahie dans ma religion. » Elle habite rue Gabriel-Péri et, le matin du 18 novembre, a bien sûr entendu les rafales de tirs lors de l’assaut du Raid. « J’ai eu si peur, j’ai cru que ça recommençait. J’ai pris ma fille dans mes bras… » Caroline aussi est restée. Elle reconnaît être ébranlée, traumatisée. « C’est ma génération qui a été visée. Il y a un vrai besoin de faire le deuil mais il ne faut pas s’arrêter de vivre,se laisser manger par la peur. » Elle est inquiète aussi : « Je pense qu’il y en aura d’autres, souffle-t-elle, mais je suis aussi préoccupée par les mesures qui sont prises. On ne doit pas restreindre les libertés. » Marina est aussi émue que révoltée. « Après ce moment de recueillement, important, il faudra se battre pour refuser la guerre. Les bombes ne servent à rien. » Un peu plus loin, Roger a tenu à venir avec son fils de 11 ans, Esdras. Ils vivent à Franc-Moisin et regardaient le match ensemble, ce vendredi. « On a senti l’immeuble bouger lors de l’explosion », se souvient Esdras. « Il faut vivre ensemble, dans la liberté », affirme son père. Dans la foule aussi, une silhouette caractéristique, celle de Jacques-Antoine Granjon, le PDG de vente-privee.com. « Dionysien de cœur depuis 1988, il est normal d’être là. Mon entreprise représente la France de demain, avec sa diversité de métiers,de cultures, de nationalités, de religions… » Il ajoute : « Je suis venu soutenir Didier Paillard et je suis content que la maire de Paris soit là. » Patron d’une entreprise où nombre de salariés sont jeunes, il précise qu’« à vente.privee, beaucoup ont perdu des amis ». La foule est désormais réduite, il se fait tard. Avant de quitter les lieux, Gaëlle, les yeux encore humides, lance : « Il faudra se souvenir des victimes, mais aussi résister, montrer qu’on n’a pas peur : je vais aussi courir au théâtre et aux concerts.Vivre ! » Benoît Lagarrigue Paillard, Hidalgo, Cosse, Laurent et les autres Hommage. Plusieurs personnalités politiques locales, départementales et nationales participaient au rassemblement organisé par la mairie aux portes du Stade de France. « Liberté, j’écris ton nom. » La voix de Didier Paillard est solennelle, grave. Citant Paul Éluard, il rappelle que c’est en 1942 que « le poète dionysien scandait ces mots en réponse à l’oppresseur nazi ». Le maire de Saint-Denis les déclame à son tour aux portes du Stade de France. « 73 ans plus tard, je souhaite les faire miens. En tuant 129 personnes vendredi soir à Paris et à Saint-Denis, en blessant 352 femmes et hommes, les barbares de Daesh ont attaqué une jeunesse éprise de libertés, une jeunesse métissée et tolérante, une jeunesse dont la rage de vivre ne s’éteindra jamais.»L’édile rend hommage aux victimes, à Djamila, Raphaël, Asta, Olivier, Aurélie, Alberto, Marie, Amine, Lola, Victor et tant d’autres. Il parle de toutes les personnes blessées dont Yassine, Gwendoline, Imane et Sarah, ces jeunes de Saint-Denis qui servaient dans des bars de l’avenue Jules-Rimet. Et il a évidemment « une pensée particulière pour Monsieur Manuel Colaço Dias tombé à quelques mètres de là vendredi 13 novembre ». Sur l’estrade, le conseil municipal fait bloc à ses côtés. Anne Hidalgo et Patrick Braouezec sont côte-à-côte. Les députés Mathieu Hanotin et Bruno Le Roux, le président du conseil départemental Stéphane Troussel sont là aussi. Comme, au pied de l’estrade, les conseillères départementales Sylvia Capanema et Nadège Grosbois ou les maires voisins d’Aubervilliers, Pascal Beaudet, et de Stains, Azzedine Taïbi. « L’honneur de la République » Plusieurs personnalités politiques nationales participent à l’hommage. Pour l’écologiste Emmanuelle Cosse « c’est une évidence d’être là ce soir, dans ces moments tellement difficiles à vivre, il est important que la classe politique soit rassemblée. En plus j’ai entendu tellement de bêtises sur la Seine-Saint-Denis que ça a encore renforcé mon envie d’être solidaire avec cette ville, ce département dans lequel je viens souvent et où j’ai beaucoup d’amis ». Le communiste Pierre Laurent vient exprimer sa « solidarité totale avec Saint-Denis, sa population, son maire, ses élus ». Parlant de « cette ville populaire qui a fait preuve d’un sang froid incroyable lors de la traque des terroristes », il considère qu’elle est « l’honneur de la République ». Didier Paillard s’adresse directement à Anne Hidalgo. Il parle des « attentats qui ont cherché à porter atteinte à nos villes, à une jeunesse solidaire et cosmopolite, à des quartiers où le brassage culturel, où la mixité sociale ne sont pas que des mots ». Quelques minutes plus tôt, pendant la déambulation menant au lieu du rassemblement, la maire de Paris parlant d’une « communauté de destin entre Saint-Denis et Paris » ajoutait émue : « C’est souvent pour de belles choses comme la candidature pour les Jeux Olympiques et c’est parfois dans des drames comme ceux que nous vivons ensemble. » Dominique Sanchez Le Front national en campagne pendant l’assaut Le pâtissier meurtri Franck Lannois, blanc comme un linge, n’en dort plus. C’est un article publié sur le site du journal Le Monde qui met dans cet état le pâtissier bien connu. Samedi 14 novembre, au lendemain des attentats, il discute dans sa boutique avec une cliente qu’il connaît et qui lui achète des chocolats. « Je ne savais pas qu’elle était journaliste et à aucun moment elle ne me l’a dit.» Résultat, « la pâtisserie chic de la rue Gabriel-Péri » sert de conclusion à un reportage réalisé en centre-ville après les attentats. M. Lannois, dont le nom était cité avant d’être retiré de l’article de Sylvia Zappi, y est présenté comme n’appréciant guère les musulmans et les jeunes des cités. Son avocat, qui a adressé un droit de réponse au Monde, parle d’un « amalgame sévère pour une journaliste de ce calibre ». Le commerçant réagit avec force : « Mounir, que j’ai eu en stage trois ans, faisait le ramadan et je lui servais à ma table de la nourriture halal. Sankoun, un autre stagiaire, a perdu un petit frère dans l’incendie d’un appartement et j’ai mis toutes mes forces pour qu’il retrouve un logement.» Très affecté, Franck Lannois conclut : «Voilà les vraies valeurs de la pâtisserie chic qui est à Saint-Denis depuis soixante ans et qui n’est pas près de quitter sa clientèle multiethnique.» Le jour même où le centre-ville était transformé en camp retranché, le Front national demandait la mise sous tutelle de Saint-Denis. Une attitude condamnée par les politiques locaux. Le 18 novembre, alors que la population de Saint-Denis vivait un traumatisme dont elle se souviendra longtemps, le Front national envoyait aux rédactions, en fin d’après-midi, un communiqué de presse signé Wallerand de SaintJust et Jordan Bardella. Les deux candidats aux Régionales y réclament « compte tenu du caractère gravissime des événements de ce matin et de la débâcle de ces responsables locaux, la mise sous tutelle immédiate de la ville de Saint-Denis par l’État ». Le lendemain, lui aussi via un communiqué, Didier Paillard réagissait : « Le FN a-t-il demandé la mise sous tutelle de Paris à propos de la filière des Buttes Chaumont, de Lunel, de Béziers, de Lyon, de Roubaix ? » Avant de conclure : « SaintDenis, ville populaire, jeune, métissée, riche d’une histoire millénaire, d’une mémoire ouvrière tenace.Ville de tolérance, de culture et de travail où vivent 110 000 Dionysiens de toutes origines, ne peut être que la cible du FN. » Le maire dénonçait aussi « l’opération électorale abjecte » du parti d’extrême droite. « C’est du Donald Trump en pire ! » Une opinion partagée par le député PS Mathieu Hanotin, choqué par cette demande et « encore plus par un tweet de Marion Maréchal-Le Pen parlant de vivier du terrorisme à propos de Saint-Denis, alors que les policiers étaient encore en train d’échanger des coups de feu pour contenir les terroristes. C’est du Donald Trump en pire ! ». Pour les élus du groupe EELV, « profiter du malêtre national pour faire campagne relève de l’indécence. Ce parti, qui ne recherche jamais la cohésion sociale, essaie de dénigrer le travail municipal pour gagner des voix et joue ainsi avec le feu ». Au Parti socialiste de gauche (PSG), Stéphane Privé, son référent local, additionne les adjectifs pour dire son dégoût face à une telle demande qu’il juge « totalement inacceptable, irresponsable et scandaleuse », pendant qu’Evelyne Nicol fait remarquer que « la mise sous tutelle est encadrée par des lois et les événements que nous venons de vivre ne s’y rapportent pas ». L’ancienne conseillère municipale LR renvoie aussi les parlementaires frontistes à leurs récents votes sur les dossiers sécuritaires : « Ils auraient mieux fait de ne pas s’opposer au fichier européen PNR des passagers aériens et de voter la loi sur le renseignement suite aux attentats de janvier ». Si le FN « n’a pas de leçon à donner en la matière », Mme Nicol espère que ce qui vient de se passer incitera la Ville à « s’investir davantage pour la sécurité et à travailler pour empêcher la radicalisation des jeunes ». D.Sz 5 Vu, lu et entendu Policier de Lyon Jeudi 19 novembre, les roses blanches du Stade de France. Le policier a les traits du visage creusés et les cernes sont profondes. Il est en service depuis 5 h du matin, rue de la République. Ce jeudi, avec ses collègues, il bloque l’hypercentre pour éloigner les curieux du bâtiment pris d’assaut par les forces spéciales, juste en face des locaux du JSD. Il nous accompagne jusqu’à la porte de notre immeuble. Il vient de Lyon avec sa compagnie, en renfort depuis les attentats. « On dort à l’hôtel. Il n’y a plus de place dans les casernes.» Il est bientôt 15 h. La fin de son service est proche. Mais comme souvent la relève va tarder à arriver. « Pas grave… Cela nous fera des heures supplémentaires ! », relativise-t-il. Les élus rassemblés rendent hommage aux victimes des attentats. Le 48, rue de la Rép’ en détail 3 000 personnes unies lors du rassemblement. Yann MaMbert 4 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 L’immeuble du 48, rue de la République, théâtre de l’assaut pour déloger les terroristes, est une copropriété. L’ensemble est organisé autour de 2 bâtiments principaux numérotés de A à E. Cet immeuble rassemble 38 logements et 6 commerces. La dégradation importante de cette copropriété, les impayés de charges conséquents, ont justifié l’inscription de cet immeuble dans le dispositif d’Opération programmé d’amélioration de l’habitat (OPAH) mis en œuvre entre (2011-2015). Deux incendies se sont déclenchés, un dans les parties communes, l’autre dans un logement, sans faire de victime. Huit arrêtés d’insalubrité ont été pris et deux signalements adressés au procureur en 2012 pour non-respect de l’interdiction de l’habitation à l’encontre de deux propriétaires. 6 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 2 CHOCS EN 6 JOURS Parents en colère « C’est la sécurité de nos enfants qui est en jeu » « Cazeneuve est venu, il a parlé de la rue, mais il n’a pas eu un seul mot pour l’école. » Le constat revient chez les parents d’élèves des écoles Corbillon et Jules-Guesde qui sont à quelques dizaines de mètres de là où a été donné l’assaut, mercredi matin, à l’aube. Les parents se désolent que la rue des écoles de leurs enfants ait été aussi longtemps abandonnée aux trafics en tout genre. « Il y a des squats, du mal-logement, des commerces pas clairs, des types qui zonent, qui dealent… », témoigne le père de deux garçons scolarisés rue du Corbillon de- puis cinq ans. « On a un sentiment de colère contre la mairie. On a fait des courriers, des réunions… Le 6 novembre, on évoquait encore la question de la sécurité dans cette rue, avec les élus, au conseil d’école. Ça fait des années qu’on alerte. En 2014, on avait déjà fait une manifestation, avec un slogan : “Rue dégradée, enfants en danger”. On n’avait même pas été reçu. » Il ajoute, « je n’ai pas l’impression qu’il y ait énormément de candidats au djihad à Saint-Denis. Mais que des types comme ça [les terroristes] viennent trouver refuge ici, ce n’est pas très étonnant. Saint-Denis, c’est une villemonde et, dans cette rue, tout le monde fait ce qu’il veut. C’est une bonne planque : des squats dans une rue où la police n’intervient jamais. » Il renchérit : « On en a assez des discours lénifiants, de la politique de l’autruche ! Doiton attendre à chaque fois qu’un événement grave se produise ? Va-t-il falloir une deuxième équipe de kamikazes pour faire quelque chose ? » Il y avait bien eu une descente de police importante suite à des tirs de paintball et de pistolet à grenaille contre les murs de l’école en 2014 qui avaient entraîné le droit de retrait des enseignants. « On avait eu quelques mois de calme, raconte une ancienne présidente de l’association des parents d’élèves. Mais quelques semaines après l’intervention des policiers, une nouvelle équipe de dealers avait repris le terrain, ils se sont un peu retranchés, les lieux sont bien gardés. La ZSP, ça n’a rien apporté, on a eu un car de CRS quelquefois : à quoi ça sert ? » « Une maman s’est fait agresser et menacer » Elle poursuit : « Ce ne sont pas des gamins qui vendent un peu de shit, il y a des drogues dures, des toxicos, de la prostitution, des marchands de sommeil qui tiennent les immeubles. » (Les propriétaires de celui où se sont réfugiés les terroristes avaient été signalés comme tels au procureur.) « On se doute un peu qu’il y a d’autres trafics encore, continuet-elle. Et une maman s’est fait agresser et menacer il y a une dizaine de jours. » Un autre père raconte son angoisse : « J’ai deux enfants, ils sont traumatisés. Hier [mercredi], j’étais en déplacement professionnel à Nancy, je ne vous raconte pas la panique quand j’ai appris ce qui se passait. » Il dit lui aussi ses attentes et ses déceptions : « On a demandé deux policiers –pas 200, juste deux, pour quinze minutes – le temps de la sortie de l’école. Surtout l’hiver, quand la nuit tombe vite. On a demandé poliment, gentiment… Est-ce qu’ils attendent le pire ? Si quelque chose arrive à mes enfants, je ne serai plus gentil. Si je ne trouve personne dans la société pour me défendre, ce sera la vengeance tout seul ! » Il se reprend, combat la colère qui déborde : « C’est la sécurité de nos enfants qui est en jeu. Celui qui dit : on n’a pas les moyens, on ne peut rien faire, qu’il mette ses enfants dans cette école, et qu’il me dise ce qu’il ressent. » À la suite des attentats dits du « RER B » à Paris en 1995, des cellules psychologiques d’un nouveau genre voyaient le jour. L’objectif était de venir en aide aux victimes – témoins directs et rescapés – souffrant de traumatismes psychologiques et ainsi soigner des maux invisibles mais bien réels : les blessures psychiques. Vingt ans plus tard, la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) tient un rôle majeur dans la gestion des catastrophes. Elle opère en tant qu’unité d’inter vention du Samu. Le soir des attentats au Stade de France, le dispositif avait accueilli une dizaine de patients déjà. La semaine dernière, après les assauts du Raid rue du Cor- billon, les équipes de la CUMP étaient sur le qui-vive avec à leur tête Richard Lopez, directeur du service santé à Saint-Denis. Psychologues, infirmiers et médecins ont reçu spontanément les patients au Centre municipal de santé du Cygne. « Il leur faut un cadre sécurisant où ils peuvent extérioriser ce qu’ils ressentent, explique le docteur Richard Lopez. Il en ressort une très grande incompréhension, ils ont vécu les événements comme une agression personnelle.» Des enfants prostrés Les soignants échangent leurs points de vue quant au suivi des victimes mais, pour le Dr Lopez, il n’existe pas de méthode universelle pour traiter ces patients. « C’est toute l’expérience de nos équipes qui compte, chaque situation est unique. Il peut y avoir de l’agressivité, des blocages physiques, certains enfants étaient prostrés, d’autres pleuraient tout simplement. » Parmi les riverains évacués, on compte beaucoup de familles monoparentales, en grande fragilité déjà. Sur les centaines de personnes prises en charge au Cygne, un tiers sont des enfants. Difficile pour eux d’aborder le sujet. « Le rôle des pédopsychiatres est d’une importance capitale. Il faut savoir analyser, décrypter et aiguiller la parole de l’enfant.Si l’on passe à côté d’une information,on peut perdre leur confiance. » Des habitants ont déjà connu ce type de drame dans leur pays d’origine mais pour le Dr Lopez il y a une règle à observer dans ce cas précis : «Avec ces patients, nous ne faisons pas de lien avec leur passé. » Outre les contraintes physiques, le médecin généraliste pointe les probables difficultés budgétaires d’une mise en place continue de ce dispositif. Pour l’heure, les soins sont pris en charge par la Ville, mais jusqu’à quand ? Ajoutées à cela, les lourdeurs et subtilités administratives risquent de compliquer la tâche des soignants. « Pour établir une fiche de soins, il faut un motif à la gratuité. Ces personnes ont vécu un assaut mais n’ont pas été la cible d’un attentat… » Lacunes. L’ignorance et le manque d’éducation des jeunes djihadistes sont pointés, tout comme le manque de structures et d’écoles coraniques, à la manière du catéchisme. C Sébastien Banse Des blessures psychiques à panser Cellule d’urgence médico-psychologique. Des centaines de personnes traumatisées à différents degrés ont été prises en charge au CMS du Cygne. Fidèles. Dans la mosquée Bilal et dans celle du centre Tawhid, les attentats sont fermement et unanimement condamnés. Et jettent l’opprobre sur toute une communauté. D’autres éléments extérieurs troublent le travail de la CUMP, comme la surmédiatisation de l’événement. La course à l’exclusivité de nombreux titres de presse entretient l’ambiance anxiogène qui règne en ville. « Des journalistes ont harcelé nos patients, confie le Dr Lopez, qui a dû mettre à la porte des journalistes de TF1 entrés sans autorisation dans le centre de santé, caméras à la main. Cette compétition entre les médias est oppressante, c’est de l’intrusion. Je conseille à nos patients de ne se confier que lorsqu’ils se sentiront bien dans leur tête. » Les détonations puissantes entendues lors des opérations de déminage de la semaine dernière n’ont pas non plus facilité le retour au calme. Depuis dimanche soir, le centre médico-psychologique situé rue Franklin a pris la relève. « Dès le début nous construisons le relais avec le service de consultation post-traumatique, c’est essentiel pour la suite», assure Richard Lopez avant de rejoindre ses équipes au centre de santé. Maxime Longuet « Il y a plus d’un milliard de musulmans dans le monde. Eux, les terroristes, n’en représentent même pas 0,0001 %. » Mercredi 18 novembre, l’arrivée à la cellule d’urgence médico-psychologique est protégée de l’intrusion des caméras. Yann MaMbert, DoMinique Sanchez Écoles Corbillon et Jules-Guesde. Dans ces établissements situés à quelques mètres de l’assaut de mercredi, l’émotion est grande. Les divers trafics qui gangrènent le secteur sont connus depuis des années. « Les musulmans sont les premières victimes » omme chaque vendredi, à la mi-journée, la mosquée Bilal, non loin du stade Auguste-Delaune, est pleine le 20 novembre. Mais contrairement à d’habitude, l’atmosphère est pesante. Les attentats sont dans les esprits. Dans la salle réservée aux hommes, devant plus de deux cents fidèles de différentes générations et nationalités, Ahmed Jamaleddine les critique fermement. « L’islam condamne évidemment ces actes », dit le trésorier de l’association Amal qui gère le lieu de culte, exprimant sa « compassion pour les victimes » et rappelant que « tout le monde a été touché ». Dans son prêche en langue arabe, l’imam Mohammed Bendada enfonce le clou en dénonçant la «barbarie» des terroristes. «Cela donne une mauvaise image et réputation à l’islam », se désole un fidèle de 74 ans, originaire de Saint-Denis de La Réunion. Ce sentiment est largement partagé parmi les fidèles. « Les musulmans sont les premières victimes, soutient Ahmed Jamaleddine. Il y a plus d’un milliard de musulmans dans le monde. Eux, les terroristes, n’en représentent même pas 0,0001 %. » « Le plus grand ennemi, c’est l’ignorance, répète-t-il. Les jeunes, qui ont commis les attentats, ont subi un lavage de cerveau par des personnes qui savent manipuler les textes religieux et les sortir de leur contexte. Ils ciblent des jeunes qui n’ont pas d’éducation morale, civique, religieuse. Ceux qui n’ont pas de travail, qui sortent de la délinquance, du banditisme. On leur dit : “Tu veux te racheter de tes péchés ? Pour la bonne cause, viens faire le djihad” », poursuit le trésorier. « Des gens les instrumentalisent, leur promettent le paradis», rajoute Hassan, un père de famille. Pour lui, le pays a une lourde responsabilité dans le parcours de ces jeunes « perdus ». « Si on allume un feu, il ne faut pas s’étonner de se brûler, s’inquiète-t-il. Les jeunes vivent dans des quartiers défavorisés avec des inégalités. Il y a ensuite des dingues qui peuvent les manipuler pour les envoyer en Syrie ou en Irak. Normalement, ils devraient penser à l’intérêt de notre pays, la France, à y vivre leur religion. » Le père de famille s’insurge contre des responsables politiques qui ciblent des lieux de culte comme lieu de radicalisation. « On a déjà du mal à leur apprendre l’arabe. On ne va pas leur apprendre à tuer. Ce n’est pas dans les mosquées que l’on fabrique des terroristes ! » Le lieu de culte se situe entre deux bâtiments dans un local en sous-sol, trop exigu. Un chapiteau, protégé par des bâches en plastique, a été installé en surface. Mais cela ne suffit pas pour accueillir tous les croyants, en particulier pendant les périodes de fête, qui sont obligés de prier à l’extérieur, provoquant la plainte des riverains. Les jours de pluie, comme ce vendredi 20 novembre, le lieu de culte sent fortement l’humidité. De l’eau goutte dans la salle de prière. « Le jeune va chez cheikh Google » La grande mosquée, actuellement en construction, devrait ouvrir en 2016 mais la communauté musulmane l’attend depuis près de vingt ans. «La France est en retard. On manque de structures et d’écoles coraniques pour donner des cours, à la manière du catéchisme, afin d’éviter les dérives», explique Ahmed Jamaleddine. Sinon « le jeune va chez cheikh [sage, savant religieux en arabe] Google ». Le trésorier reconnaît qu’avec certains de la mosquée, le dialogue est quasiment rompu. Après la prière, un jeune fidèle est venu à notre rencontre, tenant un discours ambigu et complotiste. Tout en condamnant les attentats, il assure que «la France déteste l’islam et les musulmans ». Les dernières attaques sont l’œuvre « des services secrets français et du gouvernement ». « C’est la même chose depuis le 11 septembre », poursuit-il en faisant référence aux attentats aux États-Unis en 2001. Si ce discours est rare, la défiance envers les médias et les partis politiques est forte, accusés de relayer « la haine de l’islam ». Certains sont convaincus d’être victimes d’une conspiration. « À chaque attentat, c’est un musulman ! Il y a un complot contre l’islam. Pour casser quelque chose, il faut le salir », confie Imen, mère de famille de 54 ans, à la mosquée du centre Tawhid dans le centre-ville. « On met toujours en avant le mal. On ne parle jamais des bonnes choses », reproche Myriam (1). « Il y a des fous partout » Leur réprobation des attaques est totale. « Il est hors de question de considérer les tueurs comme des musulmans. La vie est trop précieuse dans l’islam pour pouvoir assassiner ou se suicider», poursuit Imen. «Mais ils ont quand même tué au nom de l’islam », la coupe Sabrina. Imen a déjà été comparée à une «traître» parce que convertie à l’islam. « Ils veulent attiser la haine et diviser les musulmans du reste de la société.» «Ils veulent aussi diviser les musulmans entre eux», renchérit Sabrina (1). Les trois femmes, voilées, sentent monter un climat hostile aux musulmans. Les regards dans la rue ou les transports en commun se font plus pesants. « On n’est pas tranquille », avoue Myriam qui, avant les attentats, dit avoir été victime d’actes islamophobes. « On m’a déjà craché dessus. Il y a des fous partout. Maintenant, on ne sait pas comment les gens vont réagir », s’inquiète la jeune aide soignante. « Moi, je n’ai pas peur. Mais les autres ont peur pour moi, confie Sabrina, dionysienne de 19 ans qui porte un foulard noir. Je me suis disputé avec mes parents parce qu’ils veulent que j’enlève mon voile.» « On n’a pas à se justifier, affirme Ahmed Jamaleddine. J’essaye de ne pas changer mes habitudes. Demain, je pourrais enlever ma djellaba, venir en jeans, raser ma barbe pour passer incognito. Mais non ! Nous sommes dans une République laïque, un pays de liberté où s’exerce la liberté de religion. Si on me craint, que les gens viennent me voir pour discuter. » Aziz Oguz (1) Ces prénoms ont été modifiés. Débat ouvert à tous intitulé « Tous unis contre le terrorisme » organisé par l’UFP (Union Fraternelle de la Plaine). Samedi 28 novembre de 12 h 30 à 14 h 30 à la Maison de quartier Plaine (5, rue Saint-Just). Il s’agit notamment pour les organisateurs de renforcer les liens entre les habitants, de refuser les amalgames et la peur. 7 Vu, lu et entendu Le centre Tawhid appelle à l’unité La direction du centre Tawhid rappelle que « notre religion est une religion de partage, d’honnêteté et de paix ». Les responsables du centre soulignent que, « à travers ces actes odieux, les auteurs ont voulu salir l’Islam ». « La communauté musulmane de Saint-Denis n’a pas à avoir peur ou honte car nous n’avons rien à voir avec ces actes », poursuit la direction du centre Tawhid, qui rappelle son implication « depuis plusieurs années dans un travail citoyen et de dialogue interreligieux ». Appel solennel des Musulmans de France Le Conseil français du culte musulman a diffusé un appel condamnant les attentats et demandé qu’il soit lu pendant la prière de vendredi dernier : « Nous, Musulmans de France, réaffirmons notre rejet catégorique de toute forme de violence ou de terrorisme qui sont la négation même des valeurs de paix et de fraternité que porte l’Islam. Nous, Musulmans de France, sommes des citoyens français à part entière, faisant partie intégrante de la Nation, et solidaires de l’ensemble de la communauté nationale, [nous] proclamons notre attachement indéfectible au pacte républicain qui nous unit tous [et] notre adhésion totale aux valeurs de la République. Les Musulmans de France élèvent leurs prières vers Dieu, le Très Clément et Très Miséricordieux, pour qu’il préserve et qu’il bénisse la France [et] formulent tous leurs vœux de Paix, de Sécurité et de Prospérité pour leur patrie, la France.» Jawad le logeur Jawad Bendaoud est le nom de cet homme qui, devant les caméras de télévision, avait affirmé avec aplomb avoir simplement « rendu service » et ne rien savoir des terroristes qu’il a hébergés dans un appartement, rue du Corbillon. Pourtant, le jeune homme est connu du voisinage. En 2008, il avait été condamné à huit ans de prison pour des violences ayant entraîné la mort, sans intention de la donner, d’un adolescent de 16 ans, dans cette même rue du Corbillon. Des sources proches de l’enquête attribuent à Jawad Bendaoud – qui au terme de son sixième jour de garde à vue a été déféré – des liens organisationnels avec des marchands de sommeil notoires. Retraités, des poèmes en réunion Choqués comme tout le monde par les attentats, les retraités qui avaient prévu de participer, à la Plaine, lundi 23 novembre, à une réunion préparatoire à un séjour en Alsace, sont tous venus. Une femme a lu des poèmes de son choix sur le thème de la paix. Par contre, alors qu’ils sont d’habitude une quarantaine à se rendre au Rendez-vous du cinéma, ils n’étaient que douze, vendredi 20 novembre, pour voir Avril et le monde truqué. 8 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 2 CHOCS EN 6 JOURS Après le choc Le cœur de ville bat, doucement Centre-ville. Après la sidération, l’émotion, la peur, les habitants et les commerces ont repris leurs activités. La librairie Folies d’encre est devenue samedi un lieu de retrouvailles. « L’ambiance est lourde, les gens sont tristes », ne pouvait que constater jeudi 19 novembre la boulangère d’une pâtisserie orientale, située à l’extrémité de la rue de la République, qui a ouvert ce matin-là comme d’habitude, sauf que dans les faits, rien n’était habituel. « Il n’y a personne dans la rue. C’est pesant. » « Les gens ne sortent pas de chez eux, notait un vendeur de Macadam. En plus,ils ne peuvent pas circuler, une zone est encore bouclée. » Et quelle zone ! La rue de la République, ironie du sort, ironie du nom, touchée en son milieu, décrite par les habitants comme « le cœur » de Saint-Denis, son « artère principale », son « centre névralgique ». « La rue de la Rep’, c’est là où ça se passe. C’est nos Champs-Élysées à nous », résumait Ahmed, 17 ans, sorti pren- dre l’air et la température. Son diagnostic était sans appel, « c’est mort ». Partout, les commerçants attendaient le client. « Ils évitent le sujet » On espérait voir un peu de monde au café Le Week-end et engager la discussion au comptoir, mais là aussi, le barman n’avait personne en face et rien d’autre à dire que la morosité. « Les gens n’ont pas envie de parler de ce qui s’est passé. Ils évitent le sujet », observait-il. Ce n’était pas le premier à faire la remarque. Comme ce n’était pas le seul non plus à dire « la vie continue ». Loin de résonner comme une banalité, c’est un mot d’ordre, comme un mantra collectif, répété à l’unisson, entendu chez des amis, au bureau, à l’école, dans la rue ou le milieu associatif. « Mercredi, on s’est arrêté, mais dès jeudi, on a repris nos ateliers. Tout le monde aspire à un retour à la normale », témoigne ainsi Rachida Hamdan, directrice de l’association Artis Multimedia, qui appelle à « un sursaut citoyen ». C’est d’ailleurs à cette fin que la librairie Folies d’Encre conviait les Dionysiens samedi 21novembre autour d’un buffet partagé. « Après la sidération, l’émotion, la peur, nous avons plus que jamais besoin de nous retrouver. Partageons, échangeons, construisons, pleurons, rions ensemble. » L’invitation disait vrai. Autour de la table, des gens de tous les âges et de toutes les couleurs bavardent et rient. Chacun raconte à l’autre son vécu des événements. Les conversations prennent aussi une tournure politique. Ici, on s’en prend au système patriarcal et on rêve d’une éducation « qui forme des libres-penseurs ». Là, on dénonce le discours sécuritaire dominant qui va « susciter encore plus de peurs ». D’autres rappellent qu’« avec l’art, on peut faire changer les choses » ou encore qu’« il faut questionner la place de l’Occident dans son rapport au monde ». Avouons-le, dans l’assistance, il n’y avait pas que des débats de haute volée. On a aussi entendu parler des exploits sportifs du petit dernier, de la cuisson du poulet et de projets de vacances. « Besoin de se rassurer » « Après un tel choc, qu’est-ce que ça fait du bien de revoir des gens, d’être avec eux », se réjouit Marie, comédienne de la compagnie du Théâtre d’Or. L’artiste La- myne M. explique sa présence ici par une envie de tourner la page. « J’en avais marre de voir SaintDenis caricaturée dans les médias et envie de partager ce que j’ai vécu avec des gens qui connaissent cette ville et peuvent la comprendre. » Une communauté de destin et beaucoup d’espoir aussi. « La solidarité, c’est comme l’amour et l’amitié, ça se renouvelle. Là, en quelque sorte, on a tous besoin de se rassurer et de faire face ensemble », remarque le réalisateur dionysien Kamal El Mahouti qui a soufflé l’idée de cette rencontre à la librairie. Une initiative pour mettre du baume au cœur, prendre le contre-pied de la peur, des discours anxiogènes et du repli sur soi. C’est ainsi que l’a pensée la libraire Sylvie Labas : « Nous étions tous très secoués. Comme une énorme gueule de bois. Comme si tout Saint-Denis était endeuillé. » Et Kamal El Mahouti d’insister : « Les monstres voudraient qu’on devienne des monstres. Et Saint-Denis représente tout ce qu’ils détestent : une ville populaire, vivante, métissée. Face à ces horreurs, c’est important que nous population, on prenne notre histoire à notre compte et qu’on l’écrive comme on en a envie. » Vu, lu et entendu Les bornes de la journée particulière Les bornes, mercredi 18 novembre jour de l’assaut, ont connu un fonctionnement fluctuant. Totalement baissées, au moment où une bonne partie du centre-ville était bouclée, pour laisser circuler facilement la police, l’armée ainsi que les véhicules de secours, elles sont revenues à une marche normale à la fin de l’assaut. Vers 17 h, les bornes ont été bloquées pour tous, et même pour des élus municipaux. L’un d’eux a été obligé de faire appel à la police municipale pour se rendre en mairie. Cela n’a pas empêché les habituels contrevenants de prendre le chemin du centre en sens interdit, en attendant qu’un véhicule sorte pour y pénétrer. Ensemble et « les valeurs de cette ville » Ensemble, formation politique du Front de gauche, estime que « face à cette terreur, nous avons encore plus besoin de faire vivre les valeurs de cette ville : solidarité, fraternité, justice, combat pour l’égalité. Nous avons besoin de parler, d’échanger, de partager, de nous rassembler et de faire face ensemble. Nous avons aussi une pensée particulière pour le peuple du Mali qui vient de subir une attaque de la part des mêmes criminels. Nous condamnons les discours haineux qui visent à stigmatiser la ville de SaintDenis et ses habitant-e-s ». Mathieu Hanotin refuse les amalgames Jeudi 19 novembre, le lent retour à la vie dans la rue de la République. Le député écrit aux habitants. Il exprime sa « plus grande admiration et [ses] remerciements à la population de Saint-Denis et Paris qui a fait preuve d’un grand calme, de sang-froid et d’une grande solidarité dans ces moments très éprouvants ». L’élu ajoute : « Ceux qui tentent de rendre responsables de ces actes odieux l’ensemble des musulmans ne font qu’instrumentaliser l’horreur pour tenter de récupérer quelques voix. De même, ceux qui essayent de stigmatiser les habitants des banlieues font un amalgame insupportable, considérant qu’une ville dans laquelle il existe des difficultés serait forcément un nid pour les terroristes. C’est faux. La filière démantelée à Saint-Denis n’était pas originaire de la ville.» Linda Maziz Sur les réseaux sociaux Les jeunes défendent « le Saint-Denis DES cultures » Désormais, la France entière, et même une partie du globe, connaît la minuscule rue du Corbillon à Saint-Denis. Cette rue adjacente à celle de la République a été le théâtre d’opérations menées par les différents services des forces spéciales (RAID, GIGN, BRI…) qui sont intervenues dans la nuit du mercredi 18 novembre. Interventions dont l’objectif était de déloger des terroristes présumés en lien avec les attentats du vendredi 13 novembre dont le commanditaire des attaques, Abdelhamid Abaaoud. Depuis, les télés du monde entier ont braqué leurs caméras sur Saint-Denis et ses habitants. Comme on pouvait le craindre, après les attentats qui ont endeuillé la France et les assauts menés rue du Corbillon, les réseaux sociaux ont été les vecteurs de rumeurs et de polémiques nauséabondes, notamment concernant la mort d’Abdelhamid Abaaoud et la Ville de SaintDenis… À l’opposé, de nombreux messages de solidarité ont circulé de manière spontanée. Fiers de leur ville, des habitants de la Cité des Rois se sont lâchés sur leur clavier d’ordinateur. Non, Saint-Denis n’est pas l’arrière base du djihadisme en France. Non, Saint-Denis n’est pas livrée à l’islam radical. Non, Saint-Denis n’est pas en état d’urgence depuis dix ans comme le titrait le quotidien Le Figaro. Et non le maire de Saint-Denis, Didier Paillard, n’est pas complice des terroristes comme l’écrivait le site JSSNews. Ainsi, beaucoup de jeunes dionysiens n’ont pas reconnu leur ville décrite par certains médias. Un Molenbeek bis. Vraiment ? Laurianne dans un post publié sur sa page Facebook s’exprime en ces termes : « Ce que vous devez garder en tête, c’est que Saint-Denis, c’est la ville de la culture avec tous ses équipements culturels, ses festivals, ses artistes ; c’est la ville DES cultures, de notre enfance, une ville historique. » Et de rappeler : « La ville de Paul Éluard, Pierre Degeyter, de NTM, de Grand Corps Malade, ville par laquelle sont passés Claude Monet, Maurice Utrillo, Elsa Triolet, entre autres. » « Je viens de là » Certains utilisent les réseaux sociaux comme moyen d’information. Dans la journée de jeudi, Leïla, une jeune dionysienne, prévenait les habitants des opérations de déminage en cours : « La police vient d’avertir les parents à la sortie de l’école Jean-Vi- lar qu’un gros boum va retentir d’ici dix minutes dans le centreville. Il ne faut surtout pas s’inquiéter. » On ne compte plus les appels des Dionysiens à la mobilisation sur les réseaux sociaux, notamment jeudi, jour du rassemblement au Stade de France. Julien Meneau les invitait ce même jour à venir s’exprimer sur son blog « jhabitesaintdenis. blogspot.fr » ainsi que sur la page Facebook du site. La guerre de l’intox fait rage sur le Web et des Dionysiens, eux, se déploient sur la Toile. À l’échelle nationale, d’autres pages, comme celle de l’émission de Canal +, Clique TV, diffusaient des messages de soutien via la publication de titres emblématiques d’artistes dionysiens dont le groupe de rap NTM avec SeineSaint-Denis style ou le titre Je viens de là de Grand Corps Malade, le slameur originaire du centre-ville. Maxime Longuet À la rencontre des parents traumatisés Samedi 21 novembre, moment convivial à la librairie Folies d’encre. Yann MaMbert, Linda Maziz Toile. Via Facebook ou leur blog, ils sont nombreux à prendre la parole pour s’opposer aux détracteurs de leur ville. 9 Lundi 23 novembre, les écoles de la rue du Corbillon ont rouvert. Le maire Didier Paillard (et ses adjoints Laurent Russier, Slimane Rabahallah, Stéphane Privé) et les représentants de l’Éducation nationale ont accueilli les parents. La plupart habitent à proximité, tous ont vécu le même cauchemar, et les larmes surgissent quand ils évoquent cette nuit. La même angoisse les prend quand ils se posent la question : « Que dire à nos enfants ? » La psychologue scolaire leur a donné des pistes : « Ne regardez pas en boucle les images à la télévision. Parlez à vos enfants simplement, ne vous taisez pas en pensant les protéger. Dites que vous avez eu peur, mais que la police a mis les méchants en prison et qu’on est en sécurité dans l’école.» Une cellule psychologique est à leur disposition et les médecins scolaires vont passer dans les classes. Les représentants de parents d’élèves de l’école Jules-Guesde ont adressé une lettre ouverte aux pouvoirs publics, que l’on trouve en intégralité sur notre site www.lejsd.com. Dur aussi dans les écoles de la Plaine « Le directeur a ouvert l’école », raconte cette mère d’élève de l’école Robespierre, à la Plaine, « mais certains enseignants n’ont pas pu venir ou ont galéré pour atteindre Saint-Denis. Le directeur a essayé d’accueillir les élèves, mais il a dû demander à des parents de remmener leurs enfants à la maison. C’était un peu la panique. Une petite fille en pleurs a dit à sa mère : “Tu m’avais dit que c’était fini !”. Je ne jette pas la pierre, la situation était très compliquée à gérer, mais il aurait mieux valu fermer toutes les écoles de la ville. On n’est pas loin du Stade, là où les kamikazes se sont faits exploser.» Réunions de parents Depuis plusieurs années, la municipalité de Saint-Denis convie les représentants des parents d’élèves à une réunion d’information et d’échange sur le fonctionnement de l’école et sa politique éducative. Cette rencontre aura lieu samedi 28 novembre, à 9 h 30, à l’école Jean-Vilar, (17-19, rue des Boucheries, dans le centreville). Ce sera également l’occasion en préambule d’aborder les événements récents et leurs répercussions sur les écoles. Elle va vivre comme avant Elle a la trentaine et fait partie de ce qu’on appelle « la génération visée ». À la question de savoir si ce qui s’est passé va modifier sa façon de vivre, elle prend un temps de réflexion, puis, le regard droit : « J’ai beaucoup plus de chance de mourir dans un accident de voiture que lors d’un attentat. Et je continue bien à prendre ma voiture. Alors, non, je ne vais pas m’arrêter de vivre comme avant ! » La vie continue au bar Mercredi midi, non loin du Théâtre Gérard-Philipe, les militaires et policiers, fusils à la main, bloquent l’accès au boulevard Carnot. Il faut remonter la rue, faire tout le tour pour rejoindre l’hôtel de ville. Sur la route, un bar ne manque pas de clients. Tous sont rivés à la télévision accrochée au mur. Les visages sont nerveux. L’assaut inhabituel du Raid contre les terroristes à quelques centaines de mètres a de quoi faire peur. Arrivant à leur niveau, apparaît enfin l’écran. Et là, surprise : ils ne suivent pas les événements dans la ville sur une chaîne d’info. Ils sont concentrés, tickets à la main, sur une course de chevaux. Attentat ou pas, la vie continue dans le bar PMU. 10 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 2 CHOCS EN 6 JOURS 11 6 jours qui ébranlèrent Saint-Denis Images. Entre vendredi 13 et mercredi 18 novembre, Saint-Denis était à l’épicentre traumatique de l’actualité terroriste et anti-terroriste. De la première explosion à proximité de la porte D du Stade de France à l’assaut des forces d’intervention rue du Corbillon. Yann Mambert, le photographe du JSD, a pris des centaines d’images de ces temps douloureux dont les cicatrices sont profondes et durables. Il a sélectionné quelques instantanés de ces journées particulières. Lundi 16, 12 h 04. Les larmes pendant la minute de silence à l’hôtel de ville. Lundi 16, 15 h 37. Stigmates de l’horreur. Brasserie l’Events. Lundi 16, 15 h 28. Hommages et témoignages d’une ville. Brasserie l’Events. Dimanche 15, 9 h 26. Stade de France, là où tout a commencé le vendredi 13 novembre 2015. Dimanche 15, 9 h 31. Le matin au Stade de France. Samedi 14, 10 h 14. Les forces de l’ordre quadrillent les lieux. Yann MaMbert Dimanche 15 novembre, 9 h 27. Le drapeau tricolore à terre. Stade de France. 12 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 2 CHOCS EN 6 JOURS 13 Mercredi 18 novembre, 9 h 13. Assaut à Saint-Denis vu de l’église de l’Estrée. Mercredi 18, 8 h 25. Pendant l’assaut, rue Auguste-Delaune. Mercredi 18, 11 h 50. Devant la mairie, les médias du monde entier. Jeudi 19, 9 h 07. Le 48, rue de la République le jour d’après. Jeudi 19, 16 h 50. L’hébergement d’urgence des personnes évacuées rue du corbillon au gymnase Baquet. Jeudi 19, 18 h 29. La jeunesse unie au rassemblement au Stade de France. Yann MaMbert Mercredi 18, 12 h 13. Fin de l’assaut à Saint-Denis. Présence du ministre de l’Intérieur. N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 ACTUALITÉS La semaine du 25 novembre 2015 Bel-Air/Franc-Moisin Mercredi 25 novembre, visite du maire dans la cité avec pour lieux de rendez-vous à partir de 15 h 45 l’association Femmes de Franc-Moisin, l’antenne jeunesse, la Place Santé, les Enfants du jeu, et enfin la PMI. COP 21 à l’Écran. L’élevage gros réchauffeur de climat Cité Péri Pour le lancement d’une pétition contre l’insécurité à la cité Gabriel-Péri, une rencontre s’y tiendra mardi 1er décembre à 18 h 30 à l’antenne jeunesse. Contraignants ou pas, les accords de la COP21 pour réduire les émissions des gaz à effet de serre (GES) auront-il un impact sur le réchauffement du climat ? Parmi les observateurs les plus sceptiques, l’association Attac sera à Saint-Denis pour le dernier film au programme d’Images mouvementées, le festival de cinéma dont elle organise la 13e édition depuis le début novembre à travers l’Île-deFrance. Cowspiracy, titre de ce documentaire réalisé aux États-Unis en 2014, en fait une démonstration implacable au fil de l’enquête menée par Kip Andersen sur la conspiration du silence dont se font les complices les grosses ONG «écologistes». Ce ne sont pas les énergies fossiles qui émettent le plus de GES, mais l’élevage, autant pour la consommation de viande que de produits laitiers. La part en est même effarante. 51 % ! Car le bétail, souligne encore le journaliste, n’émet pas seulement du méthane. L’élevage est la principale cause de déforestation pour les besoins en pâturages et cultures de fourrage. Jusqu’à un demi-hectare par seconde en Amazonie. Biologique ou pas, cette activité économique, parmi les plus polluantes, à laquelle est sacrifiée la faune sauvage, n’est pas compatible avec un développement durable, comme l’expliqueront tour à tour des experts indépendants. Face à ce grand saccage, au bénéfice des lobbies de l’agro-industrie, le documentaire conclut à la seule somme des solutions individuelles : le régime végétalien. M.L. Annulations Franc-Moisin. Rassemblement jeudi pour la famille Coulibaly La mobilisation citoyenne continue autour de la famille Coulibaly, expulsée avec ces six enfants le 5 octobre dernier du logement qu’elle occupait depuis 2007 à Franc-Moisin. Devant l’inaction des pouvoirs publics, un rassemblement citoyen réunissant des voisins, parents d’élèves, enseignants et associations avait été organisé le 9 novembre devant la mairie, permettant l’obtention d’un hébergement pour la famille dès le soir même. Problème, celui-ci se trouve à Montévrain dans le 77, à plus d’une heure en transport des écoles des enfants et du quartier où la famille a tous ses repères. Parce qu’ils estiment que cette solution n’en est pas une, les soutiens ont lancé une pétition disponible sur le site change.org et appellent à un nouveau rassemblement le jeudi 26 novembre à 16 h, sur la place Rouge à Franc-Moisin. L.M. Quinzaine. Femmes du monde et de culture Trois rendez-vous sont programmés par la mission Droits des femmes à l’occasion de la quinzaine des « Femmes du monde en Seine-Saint-Denis » : Le Zoom des Zôtesses, spectacle turbulent et drôle du collectif Sangs mêlés, mercredi 25 novembre à 14 h, Maison de quartier Plaine (5, rue Saint-Just), table ronde sur «Molière et les femmes savantes» avec Macha Makeïeff, Hélène Marquié, Aline César et Chantal Aubry, le jeudi 26 à 17 h au TGP (59, boulevard Jules-Guesde), et rencontre sur les violences faites aux femmes dans la littérature, le 26, de 12 h à 14 h à la librairie Folies d’encre (14, place du Caquet). M.L. collecter produits de première nécessité, d’hygiène et de puériculture. Loto à Dionysia Pour les fêtes de Noël, la résidence Dionysia organise un loto vendredi 11 décembre. Inscriptions jeudi 26 novembre de 10 h à 12 h et de 14 h à 16 h. Tarif 4,50 €. La COP21 fédère les religions Conseils citoyens VÉRONIQUE LE COUSTUMER L’Association pour l’accueil des voyageurs en banlieue, lance un appel aux particuliers pour héberger des participants à la COP21. Les hébergeants sont rémunérés 15€ par nuit et pour chaque personne à laquelle ils fourniront petit-déjeuner, draps et serviette. Mail : accueil [email protected] Tél. : 06 31 02 28 94. Eloquentia Lundi 30novembre, ce sera la soirée de lancement d’Eloquentia, le grand concours de rhétorique et d’éloquence de SeineSaint-Denis. Ça se déroulera à l’université Paris 8, à 19 h. Eloquentia Saint-Denis y donnera notamment toutes les informations pour s’inscrire aux auditions de sa classe de formation à l’expression publique : http://eloquentiasaintdenis.fr/ Noël La Maison de quartier Franc-Moisin/Bel-Air organisera une boutique éphémère de Noël les vendredi11 et samedi 12décembre. D’ores et déjà, les personnes susceptibles de proposer objets, cadeaux et déco de type artisanal doivent déposer leur candidature à la Maison de quartier. Infos au 01 83 72 22 45 ou 06 15 70 88 07. Laïcité «Pas de progrès social sans laïcité.» C’est le thème de la conférence-débat organisée par l’Observatoire de la laïcité, avec l’historien Guylain Chevrier, Jean-François Chalot, secrétaire général du CNAFAL, et Gilbert Aberjel, vice-président du Comité Laïcité République. La tenue de cette rencontre avait été empêchée le 27mai par des perturbateurs. Jeudi 3décembre à 18 h 30 à l’hôtel de ville. dIOCèSE dE SaINT-dENIS Prochaine réunion pour mettre en place ces Conseils : pour Floréal-Allende-Mutuelle, mercredi 25novembre à 18 h, Maison de quartier Floréal, et pour le Grand Centre-ville, samedi28 à 10 h en mairie. Accueil COP21 L’installation des illuminations de Noël se fait en ce moment dans la ville. L’inauguration, qui marque l’entrée dans la période des fêtes, aura lieu dimanche 29 décembre à 11 h dans la halle du marché. V.L.C. participé aux dispositifs de secours auprès des familles évacuées du 48, rue de la République, les bénévoles de la Croix-Rouge se préparent à la collecte des banques alimentaires qui aura lieu les vendredi 27 et samedi 28 novembre. Ils seront à l’hypermarché Carrefour pour En raison de l’état d’urgence, les réunions publiques ne peuvent se tenir dans les établissements scolaires. D’où l’annulation de celle du 26novembre pour le Conseil citoyen du Grand Centre-ville. Annulé aussi l’après-midi de Dons et d’échanges, dont la préparation a été très perturbée, se tiendra à une date qui reste à préciser. Cowspiracy samedi 28 novembre, au cinéma l’Écran (14, passage de l’Aqueduc). Projection à 20 h, suivie d’un débat (lire page 21). Noël illuminé Banque alimentaire Après avoir Mgr Pascal Delannoy, évêque du diocèse de Saint-Denis. Samedi 28 novembre. À l’avant-veille de la COP21 au Bourget, Mgr Pascal Delannoy accueille à Saint-Denis des pèlerins pour le climat. L’évêque nous explique la portée pour l’Église de cet engagement. initiatives sur la voie publique, la dernière étape, attendue en centre-ville, du pèlerinage pour le climat a été annulée pour raisons de sécurité. Mais les pèlerins seront au rendez-vous. Allemands, Scandinaves, Néerlandais, Belges, Britanniques, Philippins, et cyclistes venus d’Afrique de l’Est, ils seront accueillis par Mgr Pascal Delannoy, évêque du diocèse de Saint-Denis. En tant que vice-président de la Conférence épiscopale, il est aussi l’un des signataires d’un appel pour le climat remis en juillet dernier à François Hollande. Le texte en était élaboré dans le cadre de la Conférence des responsables de culte en France, qui réunit les représentants des six principaux cultes. L’évêque nous explique le sens de cet engagement. Du 30 novembre au 11 décembre, la Seine-Saint-Denis focalisera une nouvelle fois l’attention des médias du monde entier. Maintenue malgré les attentats, la 21 e conférence des parties sur le climat ou COP21 se tiendra au Bourget sous l’égide des Nations Unies. Déployée sur les 18 hectares du site de l’aéroport, elle sera ouverte en présence de quelque 140 chefs d’État et de gouvernement. Et plus de 40 000 personnes, délégués et observateurs, y convergeront quotidiennement pendant deux semaines. Les hôteliers de SaintDenis s’en frottent les mains. Pour le reste, les retombées de l’événement pour la ville seront plus modestes que prévu. La Journée interreligieuse pour le climat qui y était projetée le samedi 28 novembre s’y résumera à une matinée entre basilique et salle de la Légion-d’honneur (1). Comme l’ensemble des Le JSD : Jamais l’Église ne s’était tant impliquée à la veille d’une conférence pour le climat. Peut-on parler d’une prise de conscience ? Monseigneur Delannoy : Avec l’Encyclique Laudato si (Loué sois-tu), le pape François nous propose une réflexion intégrale, en nous rappelant que tout est lié. On ne peut pas s’intéresser à une écologie environnementale en nous désintéressant d’une écologie humaine. Si nous voulons y apporter les réponses les plus adaptées, nous sommes YaNN MaMbERT À noter cette semaine 15 « Tous nos gestes sont importants, trier nos ordures, prendre les transports en commun… La création est un don qui nous est fait […] qu’il faut transmettre aux générations futures. » obligés de réfléchir au développement économique que nous choisissons, à l’inégalité entre les peuples, au style de vie que nous voulons adopter. C’est un tout. De plus, le pape tient un raisonnement général sur le fonctionnement de notre monde tout en ayant un discours qui invite chacun à se responsabiliser. Il nous conseille par exemple de baisser notre chauffage… Tous nos gestes sont importants, trier nos ordures, prendre les transports en commun… La création est un don qui nous est fait, mais dont nous ne sommes pas propriétaires, qu’il faut transmettre aux générations futures. François dénonce l’esprit de consumérisme qui a envahi nos vies, encombre nos cœurs et nous renferme sur nous-mêmes dans une attitude très égoïste. C’est une révolution de nos comportements à laquelle nous invite François. Le JSD : L’Église n’a pas toujours été ainsi en phase avec les défis de son temps. Mgr D. : On appelle dimension prophétique cette capacité de l’Église à savoir dire ce qui est en jeu pour les hommes dans les changements que nous sommes en train de vivre. Elle a tenu ce rôle de manière inégale, parce qu’il y a eu des moments de l’histoire où elle était trop liée à un pouvoir politique. Elle avait donc perdu une partie de sa liberté. Il faut toujours s’interroger : à quel moment je perds ma liberté ? Recueilli par Marylène Lenfant (1) De 10 h à 11 h 30, temps spirituel à la cathédrale basilique. De 11 h 45 à 12 h 30, remise des messages des organisations chrétiennes à des représentants de l’ONU à la salle de la Légiond’honneur. N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 ÉLECTIONS RÉGIONALES 6 et 13 décembre 2015 17 Une campagne électorale au point mort État d’urgence Les militants du NPA, formation qui ne présente pas de listes aux Régionales, disent « Non à la guerre et à l’état d’urgence ». Le NPA écrit : « Nous n’avons aucune raison de nous plier à l’interdiction des manifestations, bien au contraire.» Ensemble, organisation du Front de gauche, estime aussi dans « La tulipe rouge » qu’une « révision de la Constitution visant à créer un véritable état d’urgence permanent constitue une rupture politique dangereuse ». Lutte ouvrière Dans le cadre des élections régionales, Lutte ouvrière organise une réunion publique le samedi 28 novembre à 16 h 30 à la bourse du travail (9, rue Génin) pour présenter les idées de la liste « Faire entendre le camp des travailleurs », conduite par Nathalie Arthaud en Île-de-France et par Jean-Pierre Mercier en Seine-Saint-Denis. Philippe Julien (3e sur la liste) évoquera aussi les attentats et la situation politique qu’ils ont engendrée. Quatre Dionysiens sont engagés sur les listes LO : Philippe Julien, Agnès Renaud, Viviane Rongione et Abdelkader Benramdane. La conseillère municipale Front de gauche et militante communiste Mathilde Caroly suggère également que « notre campagne va être modifiée, encore plus à Saint-Denis qu’ailleurs, parce que nous étions en première ligne ». Deux choses lui viennent immédiatement en tête quand on lui demande quels arguments elle va mettre en avant dans un contexte si douloureux : « Notre liste s’appelle Nos vies d’abord. Ce beau titre sonne encore plus juste après les drames. Il va être encore plus important de porter les valeurs de la fraternité et du vivre ensemble quand nous reprendrons la campagne. Et puis, nous allons dénoncer le Front national qui vient d’insulter les Dionysiens en demandant que SaintDenis soit mis sous tutelle par pur Dominique Sanchez « Ne pas passer pour des vendeurs de soupe » L’affichage, légal comme sauvage, est en stand-by. calcul électoraliste. Ce parti ne respecte pas le deuil national et divise la Nation.» Mme Caroly, avant de reprendre le chemin des distributions de tract, reconnaît «qu’après ce qui s’est passé, cela va être dur de ne pas passer pour des vendeurs de soupe ». Cette difficulté, Europe Écol o g i e L e s Ve r t s e n a a u s s i conscience. « Le climat ne sera pas favorable pour parler des Régionales et si les gens ne veulent discuter que des attentats et de la situation après, il faudra le faire », expliquent de concert Za ï a Bo u g h i l a s, Fo d h i l Ha moudi, Kader Chibane et Cécile Ranguin. Ces élus municipaux veulent aussi angler l’ar- gumentaire en appelant à se désinvestir sur les énergies fossiles et en rappelant que « le financement de l’État islamique, c’est le pétrole vendu clandestinement à des États ». Les milit a n t s a va i e n t d é j à d u m a l à donner de l’enthousiasme à des électeurs qui n’en avaient guère avant le 13 novembre. Ils sont maintenant face à une inconnue : ces Régionales vontelles sombrer dans l’anonymat d’élections de seconde zone, ou au contraire, comme l’espère Kader Chibane, connaîtront-elles « un sursaut de participation au nom de notre système démocratique ». Dionysienne candidate Sofia Boutrih, 19e sur la liste Front de gauche Dionysien candidat Damien Martineau, 11e sur la liste « Je suis née à Saint-Denis, à la clinique de l’Estrée. » Sofia Boutrih, 26 ans, vit cité Péri depuis dix-huit ans après que ses parents venus du Maroc ont pu s’extraire de l’insalubrité locative. Seule fille au milieu de trois frères, elle a longtemps eu envie d’être avocate pénaliste. Licence de droit et diplôme de l’ENS Cachan en poche, elle change finalement d’avis après deux stages dans le célèbre cabinet parisien Cohen Sabban. « Ça ne correspondait pas du tout à la vie que je voulais avoir. L’approche est trop pécuniaire. » Après, il y a une parenthèse d’un an. « Mon petit frère a eu un cancer, j’ai choisi de m’en occuper. » Quand elle se relance, c’est pour la géopolitique. Elle intègre l’école des Relations internationales et la quitte avec un master, « promotion Rama Yade », sourit-elle. « C’était cher, toute la famille m’a aidé pour que je puisse l’intégrer », explique celle qui a fait son cursus scolaire de base à Saint-Denis. Ce nouveau bagage universitaire lui ouvre alors la porte du cabinet du député Braouezec. « Ça a été ma première expérience politique. » Depuis, elle en fait sur le terrain. En 19 e position sur la liste Front de gauche, cette adhérente communiste de fraîche date enchaîne marchés, trac- Côté boulot, Damien Martineau est aide soignant à domicile dans le 15e arrondissement de Paris. Côté logis, ce Dionysien de 34 ans vit quartier SaintRémy depuis une décennie. D’abord en coloc, au sortir d’un logement insalubre de L’Île-Saint-Denis, puis seul. Fabriqué dans l’Anjou par des parents paysans, « je suis né à la ferme » précise-t-il, il se familiarise à la chose politique vers 11-12 ans au conseil municipal des enfants. Il s’éloigne de son village en intégrant le lycée : « Je n’ai pas eu une enfance heureuse. J’étais un homosexuel présumé. J’ai demandé à ce qu’on m’envoie en internat pour goûter aux joies de l’anonymat. » À la fin du siècle dernier, il taille la route plus loin. Direction l’Île-deFrance où il intègre une communauté religieuse, qu’il quitte au bout d’un an : « Je voulais avoir une vie auprès des pauvres et je trouvais les gens avec qui j’étais trop riches, trop bourgeois. » Avant de rejoindre un 9.3 plus conforme à ses aspirations de vie, Damien Martineau fait étape dans le 9.2, à Puteaux… « C’est là où je me suis mis à la politique », là qu’il prend sa carte en 2004 quand Les Verts muent en Europe Écologie. Eva Joly, il est séduit. « J’aime ce qu’elle écrit. Son style je suis une vieille ménopausée, votez pour moi me plaît beaucoup. » Sofia Boutrih. tages et porte-à-porte. Son cheval de bataille, c’est « l’égalité femme-homme, le changement de mentalités nécessaire pour que les femmes se sentent à l’aise à Saint-Denis dans l’espace public ». Une fois finie son travail à Plaine Commune Habitat où elle est aujourd’hui chef de projet après avoir suivi un ultime master à Paris 8, elle essaie de convaincre les électeurs qui lui disent « la gauche c’est devenu n’importe quoi » de ne pas voter FN « pour provoquer un électrochoc ». Sofia ne le cache pas, c’est un sacré boulot… D.Sz Les autres Dionysien(ne)s sur la liste : Jaklin Pavilla, Kaïda Kroziz et Bally Bagayoko. Dominique Sanchez Dominique Sanchez Des panneaux électoraux vierges d’affiches. Des tracts distribués sur le marché dimanche 22 novembre qui ne traitent pas des élections régionales mais du terrorisme et de l’état d’urgence ou de la COP21. À deux semaines d’un vote, c’est du jamais vu. Daech s’est invité dans la campagne électorale et l’a rendue atone. Le Parti socialiste, le Front de gauche et EELV, formations politiques les plus en vue localement à l’approche des rendez-vous électoraux, ont laissé la propagande p r o Ba r t o l o n e, L a u re n t o u Cosse dans le local de leurs comités locaux respectifs depuis le 23 novembre. Mathieu Hanotin nous l’annonçait dès la fin de la semaine dernière juste après la fin de la traque des terroristes à l’angle des rues de la République et du Corbillon : « Nous interrompons la campagne jusqu’à l’hommage national aux victimes qui sera organisé vendredi 27 novembre aux Invalides. » Le député PS sait que la campagne sera expresse, un week-end et une semaine, avant le 6 décembre date du premier tour. « Nous voulions organiser plusieurs réunions pour parler de notre programme, nous n’en tiendrons finalement qu’une seule.» Et le parlementaire sait aussi que les bouleversements ne concerneront pas seulement l’agenda : « Les attentats changent de fait la nature du débat et sans doute durablement. » Dominique Sanchez Militants. C’est d’ordinaire le rush final pour les encartés. Au lieu de cela, les attentats perpétrés ont mis en sommeil les initiatives politiques locales. Damien Martineau. L’écologie, il n’est pas tombé dedans grâce aux paysans de son enfance. « Ce sont des patrons adhérents au FNSEA qui n’ont rien à faire de l’environnement. » Il se souvient par contre de son adhésion « à 16 ans, dès que j’ai eu ma carte bancaire » à la Ligue de protection des oiseaux. Le candidat d’aujourd’hui n’est pas bourreur de crânes. « Ce qui compte, c’est de savoir ce que les gens vivent et pensent », dit-il. Avant de lâcher qu’il parle surtout des pollutions de l’A1 et de l’A86 qui nous impactent au quotidien. « On veut changer tout ça », dit-il. D.Sz Autre Dionysien sur la liste : Laurent Servières. N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 Tous les résultats sur www.lejsd.com SPORTS 19 Calendrier Basket-ball Saint-Denis US Nationale 3 masculine Samedi 28 novembre, à 20 h 30, US Maubeugeoise/Sdus. Football Saint-Denis US Senior DSR Dimanche 29 novembre, à 15 h, Plessis-Robinson/Sdus. Cosmos FC 1re division 93 Dimanche 29 novembre, à 15 h à Delaune, Cosmos FC/ Coubronnais FC. Rugby Saint-Denis US Fédérale 2 Dimanche 29 novembre, à 15 h, Club OL Creusot Bourgogne/Sdus. Tennis de table Saint-Denis US Nationale 2 dames Samedi 28 novembre, à 15 h à La Raquette, Sdus 2/Nantes. Dimanche 29 novembre, Angoulême 1/Sdus 2. Résultats Athlétisme AlexAndre rAbiA Saint-Denis Émotion Championnats départementaux en salle FFA à Eaubonne (95) Dimanche 22 novembre, à Lillers, Éric Akoun coache les footballeuses du Racing. Football féminin Le Racing reste dans la course Maintien. Promu en D2 pour la première fois de sa jeune histoire, le club vit un début de saison compliqué. La victoire de ce week-end à Lillers arrive à point. Dimanche 22 novembre, 8 h 30. Alors que le froid s’abat sur la cité dionysienne, les premières filles arrivent au stade Auguste-Delaune. Comme pour chaque rencontre à l’extérieur, le Racing se déplace en car, emmenant les joueuses, le staff… et trois supporters. «On y va en petit comité, ça permet aux filles de rester concentrées du départ jusqu’au coup d’envoi du match », explique l’entraîneur Éric Akoun. Il faut dire qu’avant ce déplacement, les coéquipières de Madina restent sur 3 défaites consécutives et 14 buts encaissés. « On ne va pas se men- tir, le début de saison était chaud dans le vestiaire, confie la capitaine. On s’est peut-être vues trop belles. » Éric abonde dans son sens. « Les anciennes ne se sont pas remises en question. Ce qu’elles faisaient en DH, elles pensaient pouvoir le reproduire en D2. Et puis quelques conflits sont venus perturber le vestiaire. » Du coup, cet ancien professionnel passé par Reims s’est attaché les ser vices de trois nouvelles joueuses, dont l’expérimentée Kheira Bendiaf, qui a déjà évolué au plus haut niveau national. Une victoire et des sourires Après une halte dans un restaurant local, la formation rejoint le stade. Dans le vestiaire, la concentration se lit sur le visage des joueuses. « On sait l’importance de cette rencontre. Que cela vous plaise ou pas, qu’il y ait du beau jeu ou pas, je veux la victoire et rien d’autre. » En début de match, la réussite qui fuit le Racing ces derniers temps semble enfin revenir : après un sauvetage sur la ligne d’Aissatou, cette dernière ouvre le score quelques instants plus tard à la suite d’un joli mouvement collectif. Malheureusement, le Racing se fait rejoindre juste avant la pause, sur Samedi 21 novembre, Sarah Bikindou (SEF) 1re de la finale B du 60 m en 8”16. Anaïs Gervinet (JUF) 3e en finale du 400 m en 71”09. Christelle Tie (ESF) 2e de la finale B du 60 m en 8”25. Jahni Joisin (CAF) 1re de la finale du 400 m en 67”. Carole Lim (SEF) 1re du concours du saut à la perche avec 3 m 40. Cédric Traore Lamine (SEM) 1er de la finale C du 60 m en 7”33. Kévin Sylvestre (SEM) 1er du concours de saut en longueur avec 6 m 91. Cedrick Aexandre (SEM) 2e du concours de saut en longueur avec 6 m 67. Lorenzo Omari (JUM) 1er de la finale du 400 m en 51”70. Antony Soufflet (ESM) 2e du concours de saut en longueur avec 6 m 56. Kevin Pompee (ESM) 2e en finale du 400 m en 55”70. Souleymane Keita (ESM) 2e du concours de saut en longueur avec 5 m 90. Logan Goth (ESM) 1er de la finale du 400 m en 53”09. Cross national à SaintPierre-lès-Nemours (77) Dimanche 22 novembre, Vanessa Roy (SEF) 8e (sur 98) du cross des AS féminine en 21’45” (5.820m). Football Saint-Denis US DSR un coup franc mal négocié par la défense dionysienne. Dans le vestiaire, Éric Akoun, gonflé à bloc, harangue ses troupes. « On fait un bon match mais faut s’imposer physiquement. Arrêtez de vous faire bouger ! » Le message est parfaitement compris. Trente secondes après ÉCLAIRAGE Une réforme qui ne passe pas « La réforme nous met la pression, chaque match est une finale. » Par cette phrase, la capitaine Madina exprime le ressenti général des joueuses. Placé dans une poule de douze, le Racing doit finir dans les six premiers pour ne pas être relégué en fin de saison. Une anomalie selon Éric Akoun. « Il y a une pétition qui va être lancée sur cette réforme que tout le monde trouve absurde et ridicule. On souhaite que la fédération lance dès la saison prochaine la D3, et n’attende pas une année supplémentaire. » Actuellement 8 e avec un match en retard, Saint-Denis redescendrait virtuellement au niveau régional. « Les amateurs existent dans le foot masculin, il faut que cela soit la même chose pour le foot féminin », conclut le coach dionysien. A.R. la remise en jeu, le Racing double la mise par l’intermédiaire de Macoura sur penalty. Dix minutes plus tard, Ophélie prend de vitesse la défense adverse et inscrit le troisième but de son équipe. Lillers ne reviendra plus. « Mathématiquement, cette victoire nous fait énormément de bien, souffle Éric au coup de sifflet final. L’objectif du maintien est toujours jouable et on reste au contact de la 5e place.» Soulagé, le président Paul Mert s’empresse de fêter ce succès dans le vestiaire, où les cris de joie se multiplient. Victorieux d’un concurrent direct et revigoré par l’arrivée de sang neuf, le Racing va donc pouvoir aborder les prochaines échéances avec u n peu plu s de sér éni t é. Et continuer son apprentissage du haut niveau. Alexandre Rabia Plus d’images du Racing sur www.lejsd.com Sdus/Paris Saint-Germain 3 : 1-1. Cosmos FC 1re division 93 Montreuil RSC 2/Cosmos FC : 1-1. Football féminin RC Saint-Denis D 2 féminine Lillers FC/RC Saint-Denis : 1-3. Rugby Saint-Denis US Fédérale 2 Sdus/ CS Beaunois : 34-24. Tennis Saint-Denis US Masculin + 45 ans Sdus/TC Tremblay : 1-2. Tennis de table Saint-Denis US Critérium fédéral individuel Nationale 1 Célia Silva et Prithika Pavade terminent 3es. Pré-régionale messieurs Rosny JA 3/Sdus 3 : 15-27. Départementale 1 messieurs Livry-Gargan 8/Sdus 4: 16-26. Livry-Gargan 7/Sdus 5 : 20-22. Neuilly-sur-Marne 6/Sdus 6 : 22-20. Livry-Gargan 9/Sdus 7 : 26-12. Cultures N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 21 La semaine du 25 novembre au 1er décembre 2015 Agenda 14, rue Saint-Just Tél. : 01 49 98 39 20 14/19, La Mémoire nous joue des tours La compagnie Jolie Môme présente reprend son spectacle, en contre-pied de la commémoration officielle de la Première Guerre mondiale, ici abordée sous l’angle de l’internationalisme à travers un drôle de voyage dans le temps d’une lycéenne d’aujourd’hui… Jusqu’au 20 décembre : vendredis 27 novembre et 4 décembre à 20 h 30, samedis 28 novembre, 5, 12 et 19 décembre à 20 h 30, dimanches 29 novembre, 6, 13 et 20 décembre à 16 h. Tarifs : 18 et 12 €. Restauration légère sur place. Réservations conseillées. Dimanche 29 novembre à 15 h, rencontre avec Didier Daeninckx. Le 6b 6/10, quai de Seine Exposition Le collectif La Rage expose une série d’affiches féministes contemporaines venues d’Europe et des Amériques, avec la volonté de partager des inspirations graphiques différentes sur les droits des femmes et l’anti sexisme. Trouvées sur le Web, vues dans la rue, envoyées par des militantes, ces affiches ont été sérigraphiées par le collectif La Rage, à l’atelier du 6b. Jusqu’au 28 novembre. Ouvert le week-end de 10 h à 18 h, les mercredis, jeudis et vendredis de 14 h à 19 h 30. Entrée libre. TGP 59, boulevard Jules-Guesde Tél. : 01 48 13 70 00 Exposition Le TGP présente dans son espace cafétéria une exposition d’œuvres de l’artiste syrien Omar Ibrahim. Diplômé des Beaux-Arts de Damas, il est réfugié en France depuis 2014. Jusqu’au 29 novembre. Entrée libre. Basilique Saint-Denis 1, rue de la Légiond’honneur Tél. : 01 49 21 14 87 Les Grandes robes royales de Lamyne M. L’artiste styliste Lamyne M. expose ses grandes robes créées en lien avec les gisants de la nécropole. Une œuvre Bourse du travail magnifique, qui fait écho au monument et à la ville de Saint-Denis, où il vit et travaille. Jusqu’au 30 avril 2016, de 10 h à 17 h 15, dimanche de 12 h à 17 h 15. Tarifs : 8,50 et 6,50 € (gratuit pour les moins de 18 ans et les 1ers dimanches du mois). 9/11, rue Génin Tél. : 01 55 84 41 13 Projection Les unions locales CGT de Saint-Denis et d’Aulnay organisent la projection du film Une jeunesse parisienne en résistance, de Mourad Lafitte et Laurence Karsznia, consacré à l’histoire de jeunes gens engagés dans la Résistance en suivant le parcours de l’un d’eux, Henri Krasuki. Vendredi 27 novembre à 18 h 30, salle Marcel-Paul. Musée d’art et d’histoire 22 bis, rue Gabriel-Péri Tél. : 01 42 43 05 10 Exposition Otto Dix Le peintre allemand Otto Dix (1891-1969) rend compte de son expérience sur le front de la guerre entre 1915 et 1918 par des cartes postales. Jusqu’au 21 décembre, les lundis, mercredis, vendredis de 10 h à 17 h 30, le jeudi jusqu’à 20 h, les samedis et dimanches de 14 h à 18 h 30. Tarif : 5 et 3 €. Exposition de bois gravés Toujours en lien avec les commémorations de la Grande Guerre, le musée propose une exposition de 16 images sur bois gravés réalisées par André Deslignères lorsqu’il était au front. Jusqu’au 30 juin 2016. Trissotin ou Les femmes savantes Médiathèque Ulysse 37, cours du Ru-deMontfort Tél. : 01 71 86 35 20 TGP Il reste cinq jours pour aller savourer la pièce de Molière mise en scène par Macha Makeïeff. Au-delà de la grande qualité de ce spectacle (voir JSD n°1061 du 18 novembre), aller au théâtre prend aujourd’hui un sens particulier. « La peur ne doit pas nous empêcher de nous réunir, au théâtre, au cinéma, à la médiathèque, au stade, aux terrasses des cafés, au square. Ce sont ces espaces de rencontre, d’échanges, de pensée, de poésie, de bien-être, qui fondent notre culture », écrivait Jean Bellorini, le directeur du TGP, le soir de l’assaut du Raid à Saint-Denis. « Plus que jamais, nous sommes convaincus de la nécessité de nous retrouver dans ces lieux de pensée et de poésie que sont les théâtres. Nous serons heureux et fiers de vous y accueillir ! » Que son message soit entendu. B.L. Jusqu’au 29 novembre, de mercredi à samedi à 20 h, dimanche à 15 h 30. 59, boulevard Jules-Guesde. Durée : 2 h. Tarifs : de 6 à 23 €. Réservations : 01 48 13 70 00 ; www.theatregerardphilipe.com Projection La médiathèque du quartier Franc-Moisin Bel-Air propose la projection du film Le Sel de la terre, de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado. Vendredi 27 novembre à 18 h 30. Entrée libre. Médiathèque Centre-ville LoLL wiLLems Théâtre de la Belle étoile 4, place de la Légiond’honneur Tél. : 01 49 33 92 40 Exposition À l’occasion de la COP21, la médiathèque présente une exposition de portraits engagés pour le climat, de Philippe Monges. Jusqu’au 31 décembre. Entrée libre. Projection La médiathèque propose la projection du film Le Sel de la terre, de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado. Samedi 28 novembre à 15 h. Entrée libre. Parazar Projet de comédie musicale L’association Parazar propose une rencontre autour de son projet de comédie musicale jeudi 26 novembre à 18 h à la Maison de la vie associative (19, rue de la Boulangerie). Ouvert aux associations menant des ateliers de pratiques amateurs et aux artistes dionysiens pros ou amateurs. Paris La Note enchantée La chanteuse lyrique dionysienne Diane Gonié (soprano) est à l’affiche, avec la pianiste Raphaëlle Crosnier, de La Note enchantée au Théâtre de Nesle (8, rue de Nesle, 75006 Paris). Un spectacle en forme de parcours dans le monde de l’opéra avec des airs de Mozart, Gounod, Offenbach… Le samedi à 17 h jusqu’au 26 décembre (sauf le 5). Réservations au 01 46 34 61 04. Suivez-nous sur lejsd.com, sur Facebook et sur Twitter ! Cinéma 8 rue du Mondial-1998. Tarif plein 10,40€ (adulte); Tarifs réduits*: 4€ (–14 ans); 8,60 € (étudiants, lycéens, collégiens); 8,80€ (+de 60 ans); +2€ pour les séances en 3D et +1€ pour l’achat des lunettes 3D. Tarif Imagine R du lundi au jeudi: 6,50€, Imagine R du vendredi au dimanche: 7,50€. Matin avant 12h: 7,40€. Carte 39,50€(5 places valable tous les jours partout en France pendant 3 mois; maximum 3 places par séance). Info: 0892 696696 code #193/ 0,34€/mn. * Sur présentation d’un justificatif. Babysitting 2 VF, 1 h 32 lun : 20 h, 22 h 15. Le voyage d’Arlo VF, 1 h 34 mer, jeu, ven, sam, lun, mar : 13 h 20, 15 h 40 ; dim : 10 h 35, 13 h 15, 15 h 40. En relief (3D) TLJ : 17 h 40, 20 h 25, 22 h 25. Strictly criminal VF, 2 h 02, int. – 12 ans TLJ : 13 h 45, 16 h 20, 20 h, 22 h 15 + dim : 11 h. Docteur Frankenstein VF, 1 h 42 mer : 13 h 30, 16 h 05, 18 h 15, 19 h 30, 21 h 50 ; jeu, ven, sam, lun, mar : 13 h 30, 16 h 05, 18 h 15, 20 h, 22 h 05 ; dim : 10 h 45, 13 h 30, 16 h 05, 18 h 15, 20 h, 22 h 05. Hunger games la révolte : partie 2 VF, 2 h 16 TLJ : 13 h 25 + dim : 10 h 40. En relief (3 D) mer, jeu, ven, sam, mar : 14 h, 15 h 30, 17 h, 18 h 15, 19 h 45, 21 h, 21 h 45 ; dim : 11 h 15, 14 h, 15 h 30, 17 h, 18 h 15, 19 h 45, 21 h, 21 h 45 ; lun : 14 h, 15 h 30, 16 h 45, 18 h 15, 19 h 30, 21 h, 21 h 55. À vif VF, 1 h 40 TLJ : 20 h, 22 h 10. Le dernier chasseur de sorcières VF, 1 h 47, int. – 12 ans mer, jeu, ven, sam : 13 h 40, 18 h 45 ; dim, lun, mar : 17 h 45. Le labyrinthe : terre brûlée VF, 2 h 13 mer, jeu, sam : 16 h, 21 h 15 ; ven : 21 h 15. COP21 et Valérie Donzelli Nous trois ou rien VF, 1 h 43 mer : 17 h 15 ; jeu, ven, sam, : 13 h 30, 15 h 40, 17 h 50 ; dim : 15 h ; lun, mar : 13 h 30, 15 h 40. Les soirées de l’Écran 007 Spectre VF, 2 h 28 TLJ : 14 h 15, 17 h 30, 20 h 45 + dim : 10 h 50. Paranormal activity VF, 1 h 28, en relief (3D) mer, jeu, ven, sam, dim, mar : 19 h 45, 22 h 30. Hôtel Transsylvanie VF, 1 h 29 mer : 13 h 20, 15 h 15 ; dim : 10 h 30, 13 h. Les nouvelles aventures d’Aladin VF, 1 h 45 TLJ : 13 h 25, 15 h 40, 17 h 50 + dim : 10 h 45. L’Écran Place du Caquet. Répondeurprogramme: 0149336677. Site: www.lecranstdenis.org Tarifs: 7€, 6€(réduit), 4, 50€(abonnés), 4€ (–14 ans), 3,50€ (films «f»). Anina d’Alfredo Soderguit, Changeons le système, pas le climat ! À l’occasion de la COP21, l’Écran consacre une soirée, samedi 28 novembre à 20 h et en partenariat avec ATTAC, à cet événement. Après la projection de Cowspiracy, le secret du développement durable, de Kip Andersen (États-Unis, 2014, lire page 15), une table ronde réunira différents acteurs de la transition écologique sur le thème de la réduction du CO2 dans nos assiettes. Le lendemain, dimanche 29 novembre à 16 h, l’Écran propose une rencontre avec Valérie Donzelli à l’issue de la projection en avant-première de son dernier film, Marguerite et Julien. B.L. Notre petite sœur Le film de la semaine Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale… « Bien qu’inspirée d’un manga, cette chronique familiale sur quatre saisons fait irrésistiblement penser au cinéma d’Ozu. Des quatre merveilleuses actrices, Haruka Ayase (la sœur aînée) se détache par la beauté de son sourire et sa sérénité presque stoïque qui rappellent la grande Setsuko Hara. Le cadre très composé, fait d’imperceptibles recadrages qui nous rapprochent doucement des personnages, se libère dans la scène finale par un travelling sur la plage qui scelle le lien entre les quatre héroïnes, en évoquant la promenade d’Eté précoce. Des personnages secondaires apportent une précieuse note d’émotion à ce récit mélancolique. » (Positif). C.H. Uruguay/Colombie, 2013, 1 h 22, VF mer : 14 h (f) ; sam : 16 h 30 (f) ; dim : 14 h 30 (f). mer : 14 h 15, 16 h 15, 18 h 30 ; ven : 12 h ; sam : 18 h ; dim : 14 h ; lun : 14 h 15, 20 h 45 ; mar : 18 h 30, 20 h 45. 20 h 45 ; ven : 17 h 45, 20 h 30 ; sam : 14 h 30 (VF), 17 h 30, 20 h 30 ; dim : 16 h (VF), 18 h 45 ; lun : 17 h 45, 20 h 30 ; mar : 18 h. Notre petite sœur Le Fils de Saul Changeons le système, pas le climat de Hirokazu Kore Eda, Japon, 2015, 2 h 08, VOSTF mer : 20 h 30 ; ven : 18 h 15 ; sam : 14 h ; dim : 19 h ; lun : 16 h 15. L’Hermine D.R. Gaumont de Christian Vincent, France, 2015, 1 h 38 de László Nemes, Hongrie, 2015, 1 h 47, VOSTF ven : 14 h 15, 16 h 15, 20 h 45 ; lun : 18 h 45 ; mar : 20 h 30. 007 Spectre de Sam Mendes, ÉtatsUnis/Grande-Bretagne, 2 h 30, VF et VOSTF mer : 15 h 30 (VF) ; 18 h, sam : 20 h (+ rencontre). Marguerite et Julien de Valérie Donzelli, France, 2015, 1 h 50, en avant-première dim :16 h. N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 CULTURES Ligne 13 yann mambert Depuis 2011, l’association Aphrika-Beat organise tous les ans un festival reggae avec, pour chaque édition, une thématique liée à ses engagements en matière de défense de l’environnement et de développement durable. Avec la proximité de la COP 21, l’édition 2015 du Universal Reggae Festival, samedi 28 novembre à la Ligne 13, porte d’autant plus ces idéaux. « Ce que nous voulons dire, c’est que chacun de nous, et pas seulement les politiques, doit agir pour l’avenir de notre planète », lance Romy.K, chanteur et organisateur du festival. Celui-ci débutera dès 19 h 30 avec des pro- Un fils de notre temps donné dans la salle Jean-Marie Serreau du TGP en janvier 2015. Reprise Un fils ô combien de notre temps Une logique infernale est démontée « Ce texte magnifique est plus que jamais visionnaire », lance Jean Bellorini. En effet. La sinistre actualité récente nous rappelle s’il en était besoin la monstruosité à laquelle peuvent aboutir le fanatisme et la négation de l’autre. yann mambert Un jeune homme, sans perspectives ni avenir, s’est engagé dans l’armée. « Et ça me plaît d’être soldat, dit-il. Ma vie a retrouvé un sens. » Fanatisé à l’extrême jusqu’à nier la notion même d’individu, aveuglement prêt à toutes les exactions, il est soudainement et brutalement renvoyé de l’armée à la suite d’une blessure, se retrouve au chômage, exclu, mis au ban de la société, entraîné dans une chute sans fin.Voilà la trame d’Un fils de notre temps, roman du dramaturge allemand Ödön von Horvath (1901-1938), qu’a mis en scène Jean Bellorini. Écrit en 1938, donc peu avant sa mort, alors que von Horvath est en exil à Paris pour échapper au régime « J’ai choisi quatre comédiens pour incarner ce personnage qui sont aussi musiciens, car à mes yeux la musique contribue à la force d’un récit pour le partager avec les spectateurs », dit J. Bellorini. jections de films réalisés en Éthiopie, en Côte d’Ivoire et au Sénégal auprès d’initiatives de rastas, nombreux en Afrique, qui ont travaillé sur ces sujets. Un débat avec le public suivra cette projection avant que la musique soit au centre de la soirée. Un grand concert réunira Romy.K, bien sûr (qui prépare son troisième album pour l’été 2016), Serges Kassy, Pablo U Wa, Pablo Anthony et Queen Sheeba. « Il y aura aussi plusieurs artistes invités », annonce Romy.K. Ainsi que de la restauration bio et végétarienne et des expositions d’artisanat rasta. B.L. Elles sont deux sœurs jumelles, nées sous le signe des pinceaux. Delphine et Élodie Chevalme exposent, avec une troisième plasticienne, BauBô, d u 1 e r a u 6 d é c e m b re a u 6 0 Adada. Les sœurs Chevalme ont leur atelier au 6b depuis août 2014 et travaillent en lien étroit avec le Café culturel. D’où leur contribution active à la prochaine Fabrique Macadames du 13 décembre au TGP. Nous y reviendrons. « Cela fait dix ans que nous travaillons en- Universal Reggae Festival samedi 28 novembre à la Ligne 13 (12, place de la Résistance). Tarifs : 15 €, 12 € en prévente. « Et BauBô, artiste féministe engagée » Avec elles, donc, une troisième artiste, BauBô. « C’est une plasticienne dont le travail s’apparente au street art. Elle travaille à Paris et est une artiste féministe engagée », précise Delphine. BauBô participera elle aussi à la Fabrique Macadames puisqu’elle s’immiscera dans la scénographie de Jean-Matthieu Fourt. « Au 60 Adada, comme elle intervient Delphine et Élodie Chevalme devant l’affiche qu’elles ont réalisée pour la Fabrique Macadames. beaucoup dans la rue, elle présentera son travail sous la forme d’une installation », précise Delphine. À noter que lors du d é c r o c h a g e d e l ’ e x p o, d i manche 6 décembre à 18 h, un concert acoustique réunira Nathalie Ahadji (saxo), Samia Diar (chant), Naïssam Jalal (flûte). Comme un prologue à la Fabrique Macadames… Benoît Lagarrigue Exposition du 1er au 6 décembre au 60 Adada (60, rue Gabriel-Péri). Ouvert tous les jours de 15 h à 19 h. Vernissage mardi 1er décembre à 17 h 30 ; décrochage dimanche 9 décembre à 18 h. www.60adada.org Interphonie Antenne TV D.r. Un fils d’un autre temps du 25 novembre au 11 décembre au TGP (59, boulevard Jules-Guesde, salle Mehmet-Ulusoy), du lundi au samedi à 20 h 30, sauf le samedi 5 décembre à 18 h, dimanche à 16 h, relâche le mardi. Durée : 1 h 45. Tarifs : de 6 à 23 €. Réservations : 01 48 13 70 00 ; www.theatregerardphilipe.com et blanc, jusqu’à l’image finale, qui seront présentées au 60 Adada. « Mais nous montrerons aussi la première toile d’un nouveau projet que nous entamons à Saint-Denis, sur la place des femmes dans l’espace public », annonce Delphine. « C’est pour nous intéressant de travailler sur un territoire, de s’y intégrer », ajoute Élodie. Courants faibles, « Parce que le droit à la culture et à la liberté n’est pas négociable, parce que nos enfants ont droit à l’imaginaire et aux rêves, nous faisons le choix de maintenir le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil », indiquent les organisateurs de cette manifestation annuelle qui a rassemblé en 2014 plus de 160 000 visiteurs. Le Salon aura donc aura bien lieu du 2 au 7 décembre, et toutes les dispositions ont été prises pour répondre totalement aux consignes de sécurité. B.L. Espace Paris-Est-Montreuil (128, rue de Paris à Montreuil). Benoît Lagarrigue semble », annonce Delphine. Elle a débuté dans l’architecture avant de se tourner vers les arts déco alors que sa sœur, g ra p h i s t e, a é v o l u é d a n s l a communication événementielle. Après avoir travaillé déjà ensemble au sein d’un collectif pour des lieux comme le Batofar, elles se décident à davantage poursuivre leurs projets personnels. Au d é p a r t , l e u r t r a v a i l à Saint-Denis était une commande. « Cristina Lopès, la directrice du Café culturel, nous avait demandé une affiche pour la Fabrique Macadames, raconte Élodie. Petit à petit, ce fut un véritable projet qui s’est développé, autour d’une progression et d’une évolution de l’image. » L’affiche est ainsi devenue, à l’instar du spectacle, une création en cours. Ce sont ces différentes étapes, depuis les premières esquisses en noir La Salon du livre jeunesse aura lieu Montreuil Dans une scénographie poétique et splendide et une mise en scène où la musique est plus que présente, ce spectacle est non seulement une formidable réussite formelle mais une belle matière à réflexion. C’est une logique infernale qui est démontée, celle de l’intolérance qui se nourrit de l’ignorance. « Quel menteur j’étais ! », dit ce fils de notre temps. « Que c’est facile de couvrir ses méfaits du drapeau de la patrie, comme si c’était un blanc-manteau d’innocence ! Comme si un méfait n’était pas un crime, qu’il ait été commis au service de la patrie ou d’une quelconque autre société… » Des années 1930 à aujourd’hui, le message est toujours pertinent. Exposition Artistes de sœurs 60 Adada. Élodie et Delphine Chevalme sont jumelles et ont réalisé une affiche pour la Fabrique Macadames. Ce sont les différentes étapes de cette création qui seront présentées. Sonorisation Sécurité véronique Le coustumer départ pour le théâtre. Ce qui fut largement fait depuis, entre autres à Saint-Denis dans les Maisons de quartier Floréal et Sém a rd . C ’ e s t c e t r è s b e a u e t émouvant spectacle qui est donc repris du 25 novembre au 11 décembre, cette fois-ci dans la salle Mehmet-Ulusoy. nazi, Un fils de notre temps est un long et beau monologue d’un personnage anonyme, fruste et inculte, balayé par les vents de l’histoire. « J’ai choisi quatre comédiens pour incarner ce personnage égaré. Et ceux-ci (Clément Durand, Gérôme Ferchaud, Antoine Raffalli, Matthieu Tune) sont aussi musiciens (clavier, guitare, violon, trompette) car à mes yeux la musique contribue, avec le travail des acteurs, à la force d’un récit pour le partager avec les spectateurs», disait Jean Bellorini lors de la création du spectacle. Nous l’avions vu alors, en janvier 2015, dans la salle JeanMarie Serreau du TGP. Il a été conçu pour pouvoir être joué dans des lieux non destinés au P.L.o. Les rastas ambiancent la COP21 TGP. Le dramaturge allemand Ödön von Horvath imagine en 1938 un personnage anonyme, fruste et inculte, fanatisé à l’extrême. Visionnaire, juge Jean Bellorini, le metteur en scène. CULTURES Plus d’images sur www.lejsd.com 23 benoît lagarrigue 22 N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015 Vidéo-protection Interphonie Dionysos délocalise la culture Nouvelle association Samedi 21 novembre, le Basilic accueillait la première initiative Dionysos, une toute nouvelle association fondée par cinq jeunes Dionysiens soucieux de créer des moments d’échange et de dynamiser le territoire. Sur les murs de l’établissement, une expo photo de Guillaume Lapie et, pour la musique, le trio de jazz Les Argonotes. Le public était venu en nombre, avec le besoin manifeste de se rassembler en ces temps difficiles. Dans sa présentation, Sarah Smah rappela qu’il était plus que jamais important de renforcer le lien social et insista sur la volonté de Dionysos de faire vivre la culture dans des lieux atypiques comme les commerces. Rendez-vous a été donné pour le 4décembre avec Tournée générale, au Basilic (2, rue de la Boulangerie). V.L.C. Contact : Facebook : Association Dionysos ; mail : [email protected] Sonorisation Antenne collectives 14-16 RUE VICTOR BEAUSSE - 93100 MONTREUIL Tél. : 01 41 72 06 30 - Fax : 01 41 72 06 36 - E-mail : [email protected]