Doll Story : les poupées de luxe fabriquées « made in Lyon
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Doll Story : les poupées de luxe fabriquées « made in Lyon
LYON ET SA REGION Société Rédaction : 4 rue Montrochet, 69002 Lyon 04 78 14 76 00 [email protected] ; Publicité : 04 72 22 24 37 [email protected] Doll Story : les poupées de luxe fabriquées « made in Lyon » Lyon. JeanPhilippe Carry fabrique à VaulxenVelin et distribue en Europe des poupées de luxe commercialisées à partir de 6 300 €. Le patron de la société Doll Story, basée à Lyon, assure qu’elles ne servent pas seulement d’objet sexuel destiné pour la plupart à des clients masculins. «O n ne connaît pas trop la crise », glisse JeanPhilippe Carry, sur un ton tranquille, dans son show room situé dans une petite rue du quartier de Vaise, à Lyon. En 2014, sa société, Doll Story, a franchi pour la première fois le cap des 100 poupées commer cialisées en France et en Europe. Il compte en vendre 130 unités en 2015. Les pou pées de Doll Story ne sont pas les poupées gonflables que des clients reçoivent à leur domicile sous pli discret. Elles sont en vente sur le site internet de la société au prix de 6 300 €, sans option. Equipées d’options, comme le choix du visage ou le choix de la couleur de la peau, le prix de ces poupées réalistes de luxe moulées en silicone peut atteindre 8 000 €. Une idée trouvée au Japon JeanPhilippe Carry a créé Doll Story à Lyon en 2006, de retour du Japon. « Je suis tombé sur ces poupées à Tokyo. Je suis revenu avec un contrat d’exclu sivité pour la France et l’Europe », expliquetil. Au sortir d’une activité de diri geant, JeanPhilippe Carry, 50 ans aujourd’hui, cherchait « Je vends un produit de luxe, un objet d’art, avec un site internet élégant. Il n’y a pas de trash. Je refuse systématiquement de vendre mes poupées dans les sex shops. Je refuse aussi de participer aux salons de l’érotisme. » Jean-Philippe Carry Show-room Jean-Philippe Carry, entouré de deux poupées dans son show-room de Lyon. Premier prix : 6 300 €. alors à créer sa propre entrepri se. Il s’est allié sur place à Hiroo Okawa, le patron de 4Woods, un fabricant japonais de « love dolls ». Depuis, les deux parte naires ont même créé à Vaulx enVelin une unité de produc tion qui emploie trois personnes. C’était en 2011. Stéphane Guiochon « C’est du made in France », souligne JeanPhilippe Carry, avec une pointe de fierté. C’est même du « Made in Lyon ». Depuis 2011, la présence en France d’une unité de produc tion a not amment per mis d’amortir les fluctuations de devises défavor ables aux clients et de réduire les délais de livraison. A VaulxenVelin, la capacité de production peut atteindre trois poupées par semaine. A la création de son activité, en 2006, JeanPhilippe Carry redoutait d’avoir affaire à des clients un peu trash. « En réali té, pas du tout. Les poupées ont des fonctions sexuelles, mais ce ne sont pas seulement des objets sexuels. Nos clients s’attachent à elles, prennent du plaisir à les habiller, à les maquiller, à les coiffer, à les prendre en photo », expliquet il. Les clients de Doll Story sont le plus souvent « des hommes de 40 à 70 ans, seuls, cultivés, disposant de bons revenus, des passionnés d’art japonais aussi et des collectionneurs. L’un d’entre eux, propriétaire d’un château en Auvergne, a par exemple déjà acheté toute la gamme que JeanPhilippe Carry pouvait produire pour un montant proche de 50 000 €. Les poupées sont allées dans « la salle des dames » du châ teau, située à côté de « la salle des armes », raconte le patron de Doll Story. JeanPhilipp Carry envisage maintenant de renforcer son offre. Il réfléchit par exemple à des poupées « plus petites, plus légères et moins chères », dotées de nou velles fonctions, comme la res piration. Doll Story ne connaît pas trop la crise. Frank Viart « Ils veulent la poupée pour ellemême » Interview. Agnès Giard prépare une thèse d’anthropologie sur les love dolls. Pour elle, aussi bien au Japon qu’en Occident, elles n’ont pas qu’un rôle sexuel. Vous préparez une thèse d’anthropologie sur les « love dolls ». Quelle est leur place dans la société japonaise ? Au Japon, les fabricants de poupée […] contribuent à répandre l’idée que la poupée peut parfaitement, sur le plan sentimental et sexuel, jouer le même rôle qu’un humain […]. Et pourtant, il ne se vend guère plus de 1 000 love dolls par an […]. Le discours domi nant, totalement caricatural, fait de la poupée une femme de substitution. La réalité, c’est que les utilisateurs veu lent la poupée pour ellemê me, pour ses qualités pro pres : les poupées sont des êtres artificiels, immobiles, vacants, absents, privés de cœur et de désir […]. Etant 12 « sans » voix, « sans » désir propre, « sans » personnalité, les love dolls ne peuvent que plaire à des personnes qui peuvent projeter sur elles, comme sur un écran de cinéma, leur propre subjecti vité. Le profil des utilisateurs est difficile à cerner mais il semble que presque tous (et toutes, car un nombre crois sant de femmes achètent des love dolls au Japon) présen tent ce goût marqué pour les univers virtuels, univers qu’il n’est possible d’explorer que par le biais de corps d’emprunt […]. Pour résu mer, la place des love dolls dans la société japonaise, c’est la place que certains accor dent, dans leur vie, à la spiri tualité. Ce qui n’exclut pas le sexe, au contraire […]. LE PROGRES - LUNDI 2 MARS 2015 En Europe, les « love dolls » sontelles seulement des objets sexuels ou ont elles un autre rôle ? En Occident, les poupées grandeur nature de silicone sont systématiquement appe lées real dolls, « poupées réa listes » […]. Elles sont aussi appelées – suivant une appel lation plus technique – sex dolls, « poupées sexuelles » […]. On pourrait déduire de ces appellations que les Occi dentaux sont incapables d’uti liser la poupée autrement que comme exutoire sexuel, mais c’est faux. Il existe des gaines à pénis pour la masturbation qui coû tent seulement 10 € et qui sont bien plus efficaces que les poupées pour se procurer du plaisir. Les poupées sont Agnès Giard. Photo Karym Bagoee lourdes (25 à 50 kilos), iner tes, difficiles à plier dans la bonne position, difficiles à pénétrer. C’est un vrai casse t ê te d ’ avo i r u n e re l a t i o n sexuelle avec. En tout cas, cela demande de l’entraîne ment. Ceux et celles qui se procurent une poupée encom brante, coûteuse et compro mettante ne le font pas pour ses prestations sexuelles, mais bien plutôt pour l’effet de pré sence […]. RHO