Je suis tombé amoureux du Liban
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Je suis tombé amoureux du Liban
Les Libanais dans le monde lundi 2 juin 2014 Interview « Je suis tombé amoureux du Liban ! » Le directeur exécutif de la Rádio Ibiza, Pedro Ganem Salomão, brésilien d’origine libanaise, revient sur sa relation avec la terre de ses ancêtres. Propos recueillis par Nathalie NASSIF Il ne peut pas vivre sans la mer, les sports de plein air et la nature luxuriante de Rio de Janeiro. Il pratique le jiu-jitsu et il est adepte de surf. Les tatouages qu’il porte sur le corps déclarent son amour pour sa famille et sa foi en Dieu. Il s’appelle Pedro Ganem Salomão et il est l’un des plus grands supporters de Rio de Janeiro. En voyant le profil de Pedro, on pourrait croire qu’il est 100 % Carioca, au moral comme au physique. Mais ce n’est pas le cas ! Pedro ne cache pas son attachement et son admiration pour le Liban. Ce qui n’a pas manqué de nous surprendre, car l’ascendance libanaise de sa famille remonte à ses arrière-grands-parents maternels. Pourtant, malgré cet écart de générations, il n’oublie pas ses origines et il en est même très fier. Après des études de gestion et un master en sociologie politique, Pedro est aujourd’hui directeur exécutif de Rádio Ibiza, au sein de laquelle il a créé le concept d’identité musicale, transformant ainsi complètement la relation de la musique avec les marques. L’entreprise qui comptait une douzaine de clients en 2007 en a plus de mille actuellement. Si on fait la somme de toutes les boutiques des marques souscriptrices, la programmation de Rádio Ibiza est diffusée dans approximativement 4 000 points de vente. Voici l’entretien qu’il a accordé à L’Orient-Le Jour : L’Orient-Le Jour : Vous avez déclaré que le Liban est le second plus bel endroit que vous ayez visité dans votre vie. Même si ce n’est guère difficile à deviner, quel est donc le premier ? Pedro Ganem Salomão : Rio, bien sûr, mais le Liban est presque à égalité. Nos deux pays ont de nombreux points communs, et c’est sans doute pour cette raison que mes arrière-grands-parents ont choisi de s’installer au Brésil. Pedro Ganem en compagnie de son fils et de ses tantes libanosyriennes à Rio de Janeiro. La mer m’inspire et me calme. Pour moi, elle est comme un élixir d’équilibre. La Méditerranée qui baigne Beyrouth et Byblos est aussi magique que l’Atlantique de « mes » plages de Copacabana et d’Ipanema. Je suis tombé amoureux du Liban. J’y ai vu de la beauté dans les regards, chez les gens et dans leurs sentiments. J’ai trouvé extraordinaire de skier tout en regardant la mer Méditerranée tout en bas. J’ai été ému aux larmes par la visite du sanctuaire de Notre-Dame du Liban à Harissa. Je me suis souvenu de mes ancêtres et de leur histoire quand j’ai visité Zahlé. Finalement, j’ai été gratifié d’un coucher de soleil sur les quais de Byblos que je n’oublierai jamais. La cuisine libanaise est délicieuse, quel que soit l’endroit où l’on se rend. Ni votre père ni votre grand-père ne sont nés au Liban. Pourtant, vous avez gardé des liens étroits avec la culture libanaise. Comment expliquez-vous que certains descendants de Libanais, parfois même de première génération, aient perdu le lien avec leurs origines ? Différents facteurs entrent en jeu. Dans mon cas, maintenir ces liens ne fut pas difficile, car mon père et ma mère sont d’origine syro-libanaise. La famille a un rôle capital dans la transmission de la culture. Malheureusement, celle-ci n’a pas la même importance au Brésil qu’au Liban. C’est pourquoi de nombreuses personnes qui n’ont qu’un seul parent d’origine libanaise finissent par oublier ces valeurs. En revanche, quelqu’un qui a la chance de naître au sein d’une famille unie participera forcément à des repas arabes, fréquentera des clubs libanais, se rendra à l’église maronite, orthodoxe ou melkite et écoutera ses parents et ses grands-parents lui parler de l’histoire de sa famille. Dans le cas contraire, les coutumes et traditions se perdront. En plus, les rapprochements ne sont pas facilités car rien n’est fait pour favoriser les voyages entre nos deux pays. On a tendance à oublier qu’il y a davantage de Libanais au Brésil qu’au Liban ! Qu’avez-vous éprouvé en visitant Zahlé et Byblos, la région d’origine de vos arrière-grands-parents maternels ? Quelle est leur histoire et pourquoi ont-ils émigré au Brésil ? Ce fut un des moments d’émotion les plus intenses de ma vie. Mon grand-père paternel était originaire de Homs, en Syrie. J’avais l’intention de m’y rendre en voiture depuis Zahlé, mais j’ai dû y renoncer à cause de la guerre. Cette seule visite à Zahlé a été cependant un don du ciel. Mes arrière-grandsparents ont émigré au Brésil à la fin du siècle dernier, afin de fuir la domination de l’Empire ottoman. Mon arrièregrand-père, Wadih, est arrivé ici à vingt ans avec Muntaha, son épouse, qui en avait seize. Ils ont fait venir leurs frères et sœurs plus tard. Wadih était un homme très sérieux et élégant. Il a travaillé dans le textile, puis dans une compagnie d’autobus et dans le commerce. Mon arrièregrand-mère et lui ont eu neuf enfants et treize petits-enfants. À la fin de sa vie, il a démoli la maison où il vivait afin de construire un immeuble. Il est mort avant de le voir terminé, mais en laissant Un voyage de retour au Liban chargé de symboles. un logement à chacun de ses enfants. Pedro Ghanem, mon arrière-grand-père paternel, a vécu à São João del-Rei, dans l’État du Minas Gerais, avant de venir s’installer à Rio de Janeiro et de monter un commerce dans la rua da Alfândega. Il a eu sept enfants et quatorze petits-enfants avec son épouse qui est morte jeune à l’âge de quarante ans. Cette branche de ma famille a participé à la fondation du célèbre Clube Monte Libano de Rio de Janeiro. Vous avez visité le sanctuaire de Notre-Dame du Liban à Harissa. On le compare souvent au CristoRedentor de Rio de Janeiro. Peut-on également comparer la foi des Brésiliens à celle des Libanais ? Tout à fait ! C’est l’impression que j’ai eu lors de mon voyage au Liban. Le Christ ici et Marie là-bas ! Mes deux plus grandes passions dans les deux pays que j’aime le plus au monde ! Nous nous ressemblons beaucoup pour ce qui est de la foi. Les Brésiliens et les Libanais sont croyants et donc optimistes. Sauf que le Brésil est plus tolérant et la cohabitation œcuménique plus facile. « Plus de 320 Libanais très actifs dans la vie socio-économique de Monaco » Rádio Ibiza transforme la musique en un instrument de communication présent à la fois sur les points de vente de la marque et dans tous ses circuits virtuels. Existe-t-il une demande pour la musique arabe ? Nous diffusons parfois de la musique arabe, mais la demande du public est peu importante. N’empêche que j’aimerais beaucoup que des artistes de la région m’envoient leurs compositions. Je les écouterai avec attention et je ferai mon possible pour les lancer au Brésil. Vous pouvez nous envoyer vos morceaux sur mon e-mail : [email protected] cette relation a pu, au cours des décennies, croître et se renforcer, c’est, bien entendu grâce à la complicité entre nos deux peuples et au cadre propice qu’offre Monaco et son tissu socio-économique ; mais aussi grâce à l’apport précieux – très apprécié des Monégasques – de la communauté libanaise résidente caractérisée par une compétence et un savoir-faire exceptionnels, dans des domaines aussi variés que la finance, l’hôtellerie, la médecine, le bâtiment, le commerce, la science et l’art. Il faut aussi dire que le Liban véhicule au travers de son importante diaspora implantée aux quatre coins du monde un patrimoine culturel diversifié riche d’une histoire millénaire qui fait l’originalité de ses ressortissants. Monaco apprécie cela. Et nous lui en sommes très reconnaissants ! » À l’occasion du 70e anniversaire de l’indépendance du Liban, le consul a organisé au Musée océanographique, sous le patronage du prince Albert II et de l’ambassadeur de France à Monaco, Hugues Moret, une exposition photographique présentant les œuvres de photographes libanais contemporains. Sur son implication dans le monde des arts, notamment au niveau du mécénat, M. Solh a répondu : « Quand l’ambassadeur de Lors de la Fête nationale du Liban en 2011. France, mon ami Hugues Moret, m’a approché, il y a presque un an, pour me proposer de l’aider à faire venir la 3e édition du Festival Photomed à Monaco, après un passage de près d’un mois à Sanarysur-Mer au printemps 2013, j’ai immédiatement adhéré au projet et souhaité apporter le plein soutien du consulat. Photomed, qui avait, pour cette édition, mis le Liban à l’honneur, offrait à mes yeux une opportunité unique de rencontre entre trois pays, entre trois peuples, qu’une même mer, qu’une même culture, qu’une même langue rapprochent et très souvent rassemblent. Aussi, de par sa thématique, son timing et son cadre, ce festival représentait pour moi l’occasion rêvée d’apporter mon soutien aux jeunes espoirs libanais en matière de photo et d’art ; et en même temps, célébrer une triple amitié, celle historique entre le Liban, la France et Monaco. N’était-ce pas, là aussi, l’événement qui tombait à point nommé pour lancer, à Monaco, les festivités liées à la commémoration du 70e anniversaire de l’indépendance du Liban ? » Et d’ajouter : « Cette exposition d’artistes libanais de talent se déroulait dans le majestueux cadre du Musée océanographique de Monaco, un monu- ment emblématique à la gloire de la mer et plus particulièrement la Méditerranée dont les flots bercent les rivages monégasques et libanais. Vous comprenez alors mieux encore mon enthousiasme mon engagement. De plus, notre attachement, ma femme et moi au musée et aux prestigieux événements scientifiques, culturels et artistiques qui s’y produisent régulièrement nous a amenés à en devenir des amis fidèles et des contributeurs convaincus, fiers et heureux d’apporter notre soutien à ce haut lieu de la vie culturelle monégasque. » « La création au Liban se porte très bien ! » « Dans le cas précis de Photomed, le musée allait devenir l’espace de quelques jours, un magnifique écrin pour montrer aux Monégasques et à l’ensemble des visiteurs internationaux une nouvelle facette de l’art et de la culture libanaise, a ajouté le consul. C’était pour moi une façon d’encourager les jeunes de mon pays d’apporter mon soutien à la direction du musée, et d’aider en même temps à promouvoir Monaco comme carrefour par excellence de manifestations culturelles méditerranéennes. C’est dans ces conditions seulement que je perçois, avec la plus grande modestie, ma contribution. Notre penchant pour l’art contemporain n’est aussi pas étranger à notre relation privilégiée avec le musée et sa direction. Cette implication nous a donné l’opportunité d’admirer des œuvres exceptionnelles. Je saisis l’occasion de cette interview pour saluer le travail remarquable du directeur du musée Robert Calcagno, et pour l’assurer de notre indéfectible soutien. » Interrogé sur l’état de la création libanaise actuellement, et sur son importance, alors que le Proche-Orient connaît une nouvelle période particulièrement trouble, Moustapha el-Solh a dit : « Malgré les événements dramatiques que traverse actuellement la région, la création artistique et culturelle se porte fort heureusement bien au Liban. » « Au sortir de la guerre fratricide qui avait ravagé le pays, le premier chantier sur lequel se sont attelés les Libanais fut la remise en état des infrastructures presque totalement détruites, dit-il. Puis vint le temps du redressement économique. Aujourd’hui, bien que ces deux étapes ne soient pas complètement abouties, on constate qu’une large part de l’effort national s’est concentrée sur la reconstruction culturelle du Liban. Il faut cependant préciser que la création n’a jamais Au consulat lors de la soirée du ministre d’État en septembre 2013. Rencontre entre un ministre mexicain et des représentants de la communauté libanaise Le ministre mexicain des Affaires étrangères, José Antonio Meade Kuribreña, s’est réuni le 20 mai avec des membres de la communauté libanaise à Mexico, afin d’analyser « les possibilités de renforcer les relations bilatérales avec cet important pays du MoyenOrient », selon le communiqué de presse du ministère. Le chancelier Meade a reconnu le rôle important joué par la communauté libanaise dans tous les domaines et a souligné sa contribution au développement social, culturel, économique et politique du Mexique. Il a mis en évidence la présence de la communauté mexicaine d’origine libanaise – qui s’élève à plus d’un demi-million de personnes – dans les villes de Mexico, Jalisco, Nuevo León, Puebla, Tamaulipas, Veracruz et du Yucatan ainsi que sa créativité et ses contributions à la littérature, à la gastronomie et à l’activité économique. Le ministre des Affaires étrangères a souligné l’importance que le Mexique accorde à ses relations avec le Liban, en tant que pont culturel et de communication avec le Moyen-Orient. Il a ajouté qu’à travers le Programme des Nations unies pour le développement et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le Mexique a contribué à hauteur d’un million de dollars pour soutenir le travail avec le gouvernement libanais, réalisé dans le but de soulager les besoins des enfants syriens réfugiés dans ce pays. Le communiqué souligne enfin que le Mexique et le Liban ont établi des relations diplomatiques le 12 juin 1945. Quelle serait votre bande son pour le Liban ? Il y en aurait plusieurs. En cet instant, je dirais quelque chose de calme et d’apaisant. De la musique classique, par exemple. Cela évoque la part importante que le Liban a eue dans la construction du monde. À la fois la tradition et la stimulation des sens. Oui, je me vois parfaitement me promener à Beyrouth, sur la corniche ou dans la foule du quartier de Hamra, ou encore parcourant les vieilles rues de Byblos en écoutant de la musique classique... La revue « Chuf » à São Paulo fait sa une sur Roberto Khatlab Voici de larges extraits d’un entretien accordé à « Art Monaco Magazine » par Moustapha el-Solh, consul honoraire du Liban à Monaco depuis 1996 et président de l’Association des consuls honoraires (ACHM) depuis 2009. Dans cette interview, Moustapha el-Solh se penche plus particulièrement sur le rôle joué par la communauté libanaise et les liens particuliers qui se sont tissés entre le Liban et la principauté. « Il y a plus de 320 Libanais résidant actuellement à Monaco, a-t-il dit. Ils sont très actifs et occupent des positions de choix dans la vie socio-économique du pays. Au-delà du bonheur que représente l’établissement en cette belle terre d’accueil aux caractéristiques géographiques et climatiques proches du pays du Cèdre, mes compatriotes trouvent ici, au sein de la société monégasque et auprès de l’administration locale les éléments nécessaires à une vie familiale et professionnelle réussie. » « Par ailleurs, poursuit Moustapha el-Solh, les liens si particuliers et si profonds qui unissent les deux petits États depuis des temps lointains connaissent, depuis l’avènement du prince Albert II, un essor marqué, qui se traduit par une forte croissance de la communauté libanaise résidente et par un important développement de la coopération entre Monaco et le Liban. La visite officielle du prince souverain au Liban en 2011, première du genre, en est la preuve concrète. Il faut cependant dire que si 5 Moustapha el-Solh, consul honoraire du Liban à Monaco depuis 1996. connu de période d’hibernation, et ce malgré les temps très difficiles qu’a pu traverser le pays. » Il a ajouté : « Mais aujourd’hui, plus que jamais, on remarque une extraordinaire vitalité intellectuelle qui se traduit par un renouveau culturel et artistique qui caractérise non seulement la société libanaise mais aussi tous les milieux d’immigration, et ils sont nombreux ! Les Libanais, fiers de leur diversité culturelle qui remonte très loin dans l’histoire de notre complexe terre d’Orient, sont aujourd’hui persuadés que cette diversité est leur atout majeur, leur principale force, dans un monde globalisé et ouvert. Ils réalisent l’importance que revêt pour le pays la nécessité d’exploiter cette diversité culturelle et de la renouveler. Et cela trouve sa traduction concrète dans les secteurs de l’art, de la littérature, de l’architecture, du journalisme, du théâtre, du cinéma, de la mode et de la musique, que ce soit au pays ou dans les nombreux pays d’émigration. Nous voyons de plus en plus de créateurs libanais occuper les devants des journaux, des magazines et des écrans de télévision. Et non seulement au Liban ! Je vous en citerai quelques-uns des plus médiatisés : Amin Maalouf, romancier, membre de l’Académie française ; Vénus Khoury, poète ; Nadine Labaki et Wajdi Moawad, cinéastes ; Mika, Shakira, Mathieu Chédid, chanteurs ; Gabriel Yared, compositeur ; Élie Saab, Rabih Keyrouz, Wadih Mrad, créateurs en haute couture ; Bernard Khoury, architecte ; Karim Habib designer BMW ; Ayman Baalbaki, peintre... Et tant d’autres encore. » Le Clube Atletico Monte Libano a été fondé en 1934 à São Paulo, au Brésil, par des émigrants et des descendants de Libanais. Actuellement c’est l’un des plus grands et prestigieux clubs de São Paulo et du Brésil. Situé sur l’Avenida Republica do Libano, il sert régulièrement de lieu à de grands événements culturels et sociaux : expositions, concerts, théâtre, rencontres des autorités libanaises et étrangères en visite au Brésil, réceptions dans ses luxueux salons de fêtes. La fête de l’Indépendance du Liban est toujours célébrée dans ce club, riche symbole du Liban à São Paulo, dont le président actuel est Paulo Chede Mattar et le vice-président Marcelo Ernesto Zarzur. La revue mensuelle Chuf du Clube Atletico Monte Libano, publiée en portugais, permet de regarder les différentes activités qui s’y déroulent. Dans son édition du mois de mars 2014, le comité du club a choisi de rendre hommage à notre collaborateur, l’écrivain libano-brésilien Roberto Khatlab, avec une entrevue réalisée par Paulo Kehdi et intitulée « Entre dois paises » (Entre deux pays). Kehdi présente la biographie de Khatlab depuis son enfance au Brésil jusqu’à son arrivée au Liban, ses diverses publications dont la dernière en date, un guide complet du Liban en langue portugaise, et ses activités aujourd’hui comme directeur du Centre des études et cultures de l’Amérique latine, Cecal-USEK, qui a comme objectif de renforcer les liens entre le Liban et l’Amérique latine. La page de couverture de la revue « Chuf » du mois de mars 2014. Cette page (parution les premier et troisième lundis de chaque mois) est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com