Locmariaquer (56). Le Bourg. Ancienne école du Votten. Rapport de

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Locmariaquer (56). Le Bourg. Ancienne école du Votten. Rapport de
Ecole du Votten
sondages préliminaires (parcelles 318 et 323 AC)
L.PIRAULT., 1996
En 1834, M.Gaillard a tenté d'évaluer la superficie du site gallo-romain de
Locmariaquer à partir des différentes observations de terrain réalisées par luimême et à l'aide des nombreux relevés effectués un siècle auparavant par
Monsieur de Robien (1). Selon M. Gaillard le gisement gallo-romain implanté le
long du littoral sur une
légère
proéminence
topographique,
devait avoisiner
13 hectares de superficie (2). Selon ce même auteur, certains vestiges galloromains telle qu'une partie des thermes de Er Hastel (Le Lehuie) étaient
encore
en élévation au début du XIXème siècle (3). Paradoxalement, durant tout le
XIXème siècle les relations régulières
de
découvertes
ou de
fouilles sont
essentiellement
consacrées
à
l'étude
des
émergences
spectaculaires
que
constituent les monuments mégalithiques sur l'ensemble de la commune. Les
premières et véritables réflexions sur le site antique de Locmariaquer sont
assez irrégulières et très imprécises comme on peut le constater dans 1 a
littérature ancienne et même récente. Si l'on fait abstraction des quelques
sondages très limités réalisés dans les années 1980 dans le secteur du Lehuie,
on peut considérer que le dégagement du théâtre antique mené par G de
Closmadeuc en 1893 au nord/ouest du bourg (4) constitue la seule et
unique
"fouille"
de
grande
ampleur
concernant
un
monument
gallo-romain
à
Locmariaquer.
L'ancienne école du Votten est exposée sur le versant sud d'une petite
éminence qui culmine à 14 mètres NGF
(chapelle
Saint-Michel).
Elle
est
également située à environ 200 mètres au sud-ouest de l'église de
Locmariaquer
et à moins de 60 mètres au sud de la Chapelle Saint-Michel, point culminant qui
domine un paysage formé de prairies humides. La démolition récente de l'école
nous a permis d'intervenir à titre préventif sur un terrain situé à l'intérieur
du
périmètre
défini par
M.
Gaillard.
D'autre
part
des
travaux
exécutés
récemment à proximité de ces deux parcelles, avaient déjà permis de visualiser
une stratigraphie constituée d'un puissant sédiment archéologique.
Six sondages ont été réalisés sur l'ensemble du terrain, sur et hors de l'emprise
du futur projet de construction. Ils ont
été
implantés
en
fonction
des
contraintes que représente
la présence de nombreux réseaux de servitude de
l'ancienne école (EDF/GDF, voirie, citerne...). Les sondages SI, S2, S3 et S4 ont
été réalisés dans la partie haute du terrain (nord), à l'emplacement du projet
immobilier et les sondages S5 et S6, dans la partie basse (sud) hors emprise, à
l'emplacement des parkings.
Le sondage SI est situé dans la partie la plus haute du terrain à environ 11,55 m
NGF. La présence d'une fosse septique implantée à 2 mètres de profondeur a
perturbé considérablement les vestiges archéologiques dans la partie ouest du
sondage. Le substrat en place est recouvert par un sédiment archéologique
(tuiles,
briques,
moellons...)
qui
semble
avoir
été
remanié
lors
de
la
construction de l'école au début du siècle.
Les sondage S2 et S3, ont permis de mettre au jour plusieurs murs (Ml, M2 et
M3) appartenant à un vaste édifice gallo-romain orienté nord-est/sud-ouest.
L'arasement
de
ce
dernier
n'a
pas
permis
de
conserver
de
niveaux
d'occupations en place. Dans le sondage S4, la présence d'un mur M4 parallèle
au mur M3 confirme l'exactitude des données
cartographiques
anciennes
notamment le plan archéologique de M. de Robien sur lequel figure en 1727
une partie
du
bâtiment
gallo-romain.
Une
fouille
pourrait
permettre
de
déterminer
s'il
s'agit
d'un
seul
et
même
édifice
ou
deux
constructions
différentes séparées l'une de l'autre par un ambitus d'environ 1 mètre de large.
L'ensemble des données cartographiques exploitables (anciennes et
récentes)
semble attester de l'existence d'une organisation de voirie originale dont la
structure modulaire semble basée sur Yactus quadratus. L'axe
nord-ouest/sudest de l'une des voiries théorisées, devrait se situer approximativement à la
limite des parcelles 323 et 318. Le sondage S4 n'a pas permis
d'observer
d'indices
tangibles
pouvant
accréditer
l'existence
de
cette
voirie.
La
construction de l'école au début du siècle a profondément bouleversé plus des
deux tiers du terrain. Dans le sondage S4, l'anomalie topographique visible à
l'oeil nu correspond dans le sous-sol à la remontée rapide du substrat
qui
apparaît totalement dénudé sous un remblai moderne. Il est donc très probable
que les travaux de terrassements profonds aient totalement effacé toute
trace
de voirie dans ce secteur du site antique.
Dans la partie nord du terrain (dans les sondages S2, S3, et S4 nord), il a été
partiellement identifié des traces d'occupations antérieures à l'époque galloromaine.
Dans les sondages S2 et S3, la coupe stratigraphique AB montre l'existence d'un
sédiment archéologique plus ou moins puissant déposé sur un substrat dérocté
de manière anthropique (coupe AB, 2, 3, 4 ; coupe CD, 5, 7, 8).
Dans le sondage S2, un niveau constitué de gros blocs de granit (dont certains
sont soigneusement taillés), semble provenir de l'éboulis d'un mur ou d'un
talus proche. Le granit présente des traces d'un violent incendie tout comme le
mobilier recueilli dans ce niveau. Une couche de terre humique et
cendreuse
très homogène contenant un mélange de coquillages, d'ossements d'animaux et
de mobilier céramique, est en partie inter-stratifiée dans cet éboulis. A la base
de cette couche qui
semble
quelque peu
remaniée
(peut-être
lors
de la
construction du bâtiment gallo-romain), il a été observé dans les anfractuosités
du rocher, des amoncellements de coquillages d'espèces très variées (Ostrea
edulis, Volsella modiolus. Tapes edulis, Venus verrucosa, Patella vulgata...). Une
première étude comparée effectuée à partir d'un échantillonnage de 17 dm3 de
sédiment, semble indiquer que ces coquillages ont été prélevés avec leur
environnement direct (vases, galets, petites faunes aquatiques).
Le mobilier céramique recueilli dans les premiers niveaux
de
sédiments,
appartient pour l'essentiel à la Tène D 2 finale. Les amphores représentent les
seules importations identifiées. La Dressel lb domine largement l'ensemble de
ces importations parmi lesquelles figurent également quelques
fragments de
Pascual 1 et un col de Richborough 527 appartenant au groupe la. Le reste du
mobilier
est
assez
fragmenté.
Il
est
essentiellement
constitué par de la
céramique commune non tournée (dont quelques fragments de grandes jattes à
bord éversé) et par quelques beaux tessons de céramiques fines (vases bobines
à baguettes, assiettes à panse conique et bord oblique...). Mis à part ce mobilier
bien daté de -30/25 à -20, il a été isolé un autre type de mobilier plus ancien
représenté par quelques fragments de Dressel La. accompagnés de tessons de
vases non tournés à décor estampé ou à baguettes horizontales. Ce reliquat
indique clairement une occupation du site dès la fin de la Tène C 2
L'information essentielle obtenue lors de cette opération de sondages reste
l'identification de niveaux protohistoriques
antérieurs
à l'occupation galloromaine.
Cette
découverte
inédite
devra
faire
l'objet
d'une
exploitation
exhaustive et il est bien évident que la fouille même partielle de ce gisement
archéologique
permettra
peut-être
d'établir
un
premier
chronomètre
protohistorique et historique sur le site de Locmariaquer.
(1) De Closmadeuc G de., 1882, Le Président De Robien archéologue, p 51-56.
(2) La Martinière J de., 1924, Darioritum, métropole de la cité des Vénètes, après
la conquête romaine, Bull. Soc. Poly. Morbihan., p 129.
(3) La conservation d'une partie de l'élévation du bâtiment antique
peut
s'expliquer par la présence à l'extrémité sud/est des vestiges du Lehuie, du
château de Kaër (Keraer) édifice détruit en 1598 et dont le fief tomba en
désuétude en 1570.
(4) Entre le 8 septembre 1893 et le 14 octobre 1893, G de Closmadeuc dégagea un
édifice de spectacle au nord/ouest du bourg. Ce vaste hémicycle de 160 mètres
de pourtour était constitué de trois murs concentriques séparés les uns des
autres par une distance de 4,50 mètres. La façade d'une longueur de 80 mètres,
était orientée au nord/est. L'ensemble du bâtiment était construit en petit
appareil cubique et présentait des traces évidentes d'incendie.
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SONDAGE 2 - vue vers le sud/ouest. Immédiatement situé sous les niveaux galloromain, on distingue au premier plan, le sommet de l'éboulis protohistorique.
SONDAGE S2 - vue vers le sud/ouest des murs M2 et M3 du bâtiment galloromain. Sous les niveaux antiques, au premier plan, on distingue en contrebas
du rocher naturel, des blocs provenant de l'éboulis d'un mur ou d'un talus
p r o t o h i s t o r i q u e.
SONDAGE 4 - vue vers le nord des restes d'un mur ou d'un talus protohistorique.
En arrière-plan, on distingue les restes d'un sol en béton de tuileau.
SONDAGE 3 - vue vers le nord/est de l'angle des murs M2 et M3 du
gallo-romain. Au premier plan, on distingue sous une fine couche de
de
construction
gallo-romain,
un
sédiment
noir
déposé
directement
rocher, contenant une grande quantité de coquillages variés.
bâtiment
mortier
sur
le