entreprises - Agra Alimentation

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entreprises - Agra Alimentation
www.agraalimentation.fr
alimentation
L’Agence de l’économie alimentaire et de la distribution
50e année - Semaine du jeudi 2 avril 2015 - n°2328
Fusion
Divergences de
points de vue à
Bruxelles sur l’aprèsquotas laitiers p. 9
Axéréal et Grands
Moulins de
Strasbourg
condamnés pour
entente sur les prix
dans la farine p. 15
Le belge Trotec
se dote d’un site en
Rhône-Alpes p. 20
Nutrionix lève
1 million d’euros
pour financer
ses nouveaux
développements p. 21
Marco Polo repris
par l’allemand
Natsu p.24
Les surgelés Picard
bientôt entre
les mains du suisse
Aryzta
p. 34
Après la fusion de Kraft
et Heinz, à qui le tour ?
Au lendemain de l’annonce de la fusion de Kraft et Heinz, certains observateurs estiment que le secteur agroalimentaire pourrait entrer dans une
phase de consolidation. Des rapprochements visant à améliorer leur rentabilité, par des économies d’échelles. Les paris sont lancés et Mondelez,
issue de la scission du groupe Kraft Foods en 2012, est en bonne place sur
la liste.
L
’annonce du rapprochement le 25 mars entre Kraft Foods et Heinz
a suscité de nombreuses réactions. Il faut dire que l’opération est de
taille et qu’elle pourrait être le prélude à un mouvement de consolidation du secteur.
La fusion de ces deux géants de l’agroalimentaire doit donner naissance
au numéro trois américain et cinquième mondial du secteur agroalimentaire avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 28 milliards de dollars (25,5
milliards d’euros). À noter que le suisse nestlé est numéro un mondial
avec un chiffre d’affaires 2014 de 85,1 milliards d’euros. Pour rappel, le
milliardaire Warren Buffett, via sa société Berkshire Hathaway, et le fonds
d'investissement 3G capital, fondé par le milliardaire helvético-brésilien
Jorge Paulo Lemann, les propriétaires de H. J. Heinz company, seront
majoritaires dans le nouvel ensemble avec 51 % du capital. Berkshire et
3G capital avaient racheté Heinz en Bourse pour 23,2 milliards de dollars et Warren Buffett n’avait pas caché qu’il envisageait de collaborer à
nouveau avec 3G. Voilà qui est chose faite.
Les actionnaires de Kraft Foods, en plus de l’échange de titres à raison
d’une action ancienne pour une nouvelle, reçoivent un dividende exceptionnel de 16,50 dollars par titres, dont le paiement, représentant quelque
10 milliards de dollars, sera entièrement financé par les actionnaires de
Heinz. approuvée par les conseils d’administration des deux sociétés, l’opération, qui devrait être bouclée dans la second moitié de l’année, ne
devrait pas rencontrer de difficultés auprès des autorités de la concurrence, notent les observateurs, les marques de Heinz et Kraft n’étant pas
vraiment sur les mêmes marchés. Le nouvel ensemble restera coté en Bourse.
« C’est mon type de transaction : réunir deux organisations de classe
mondiale et dégager de la valeur pour les actionnaires », s’est félicité
Warren Buffett à l’annonce de l’opération. De fait, la nouvelle société
Suite p. 3
Sommaire
L’éVéNEMENT
1
Fusion : après la fusion de Kraft
et Heinz, à qui le tour ?
Produits laitiers/Résultats : baisse des résultats
2014 de Fromageries Bel
22
Restructurations : au Royaume-Uni,
l'ombre des licenciements inquiète
5
LEADERS
8
PoLITIqUE-PRoFESSIoNS
9
Marchés laitiers/quotas : L’abolition des quotas
laitiers : un défi pour les uns, vue de Bruxelles 9
Santé/Rapport : Bruxelles tarde à publier son
rapport sur la présence d’acides gras trans
dans les aliments
12
Etiquetage nutritionnel/Parlement européen :
des eurodéputés votent pour l’abandon pour
et simple des profils nutritionnels
13
Entente/Amende - Concurrence : nouvelle
condamnation pour la meunerie
Santé/Etiquetage : étiquetage nutritionnel :
profond désaccord entre l’Ania et la ministre
de la Santé
15
16
Relations commerciales/Tensions : le coup de
gueule du p.-d.g. de Nestlé France
17
Réglementation/Projet de loi : relations
commerciales : la Commission spéciale du Sénat
détricote la loi Macron
18
Filière porcine/Crise - Porc : Stéphane Le Foll
menace d’encadrer les promotions
19
ENTREPRISES
Nutrition animale/Implantation :
le belge Trotec choisit la Drôme
2 - AGRA ALimentAtion - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
Stratégie/Santé : la politique de santé brésilienne
pourrait profiter à Nutrionix
21
Résultats/Matières premières : stagnation
du bénéfice de Louis Dreyfus Commodities
en 2014
23
Stratégie/Epicerie : Marius Bernard vise
une envergure nationale
24
Acquisition/Traiteur : Natsu reprend
Marco Polo
24
Financement/Nutrition animale : InVivo NSA
valorisée 450 millions d’euro
25
Reprise : les abattoirs AIM : 276 emplois sauvés
sur 590, selon l’avocate des salariés
26
Investissement/Epices : Mc Cormick
conforte son pôle d’excellence
pour les produits grands publics
26
Investissements/Produits laitiers : Lactalis
pourrait investir plus de 60 millions d’euros
en Ile-et-Vilaine
27
Résultat : Hochdorf compte poursuivre
ses acquisitions
29
Résultats/Chocolat : un bon premier semestre
pour Barry Callebaut
30
Distribution/Acquisition : Aryzta pourra-t-il
internationaliser Picard ?
AgENDA
34
36
20
20
Index des entreprises citées p. 36
Reproduction interdite
L’ÉVÉNEMENT
edito
Coup de gueule !
Richard girardot est en colère. Dans une interview accordée au Figaro, le président de Nestlé
France ne mâche pas ses mots pour dénoncer
les pratiques déloyales de la grande distribution
dans notre pays, renforcées par les regroupements des centrales. Le patron de cette filiale
du géant suisse met en avant une situation de
concurrence totalement anormale. Il pointe du
doigt des exigences de baisse de tarifs auprès
des grandes marques, alors que dans le même
temps les distributeurs répercutent les hausses
des matières premières sur leur propres produits à marques, sans parler des déréférencements pour obtenir de nouveaux avantages
contre lesquels il est impossible de lutter.
Et Richard girardot de s’interroger sur l’attitude
de l’Autorité de la concurrence, grande absente
du le dossier des relations avec les distributeurs,
alors qu’elle multiplie en revanche les sanctions
pour ententes entre industriels. Le patron de
Nestlé France recommande même à l’Autorité
de la concurrence de s’interroger sur les vraies
raisons qui poussent les fournisseurs à échanger en cachette des données confidentielles. «
Ce n’est pas l’appât du gain qui les pousse au
cartel, c’est qu’ils n’ont pas d’autres moyens
pour survivre » affirme-t-il.
Dommage qu’ils ne soient pas plus nombreux
à dénoncer de telles situations. Mais il est vrai
que le rapport de force est souvent totalement
biaisé. A la différence d’une petite PME, un groupe
de la taille de Nestlé France peut se le permettre. Des petits s’y sont risqués, qui ont été mis à
mal par la suite. on se souviendra de Brossard,
la marque détenue par la société Saveurs de
France, que dirigeait guy Schumacher. Après
avoir refusé de s’aligner sur les prix exigés par
Leclerc, la marque avait été déréférencée début
2008. Résultat : son chiffre d’affaires avait été
amputé de plus de 15 % sur l’exercice, fragiliPerrine Delfortrie
sant d’autant l’entreprise.
Reproduction interdite
> Fusion
rebaptisée Kraft Heinz company sera à la tête d’un portefeuille de marques parmi les plus emblématiques aux etatsUnis pour Kraft telles que Velveeta, oscar Mayer, Lunchables, Planters, Kool-aid et Maxwell House et dans le monde
pour Heinz avec ore-Ida, classico, complan, aBa, Quero,
Plasmon, Lea&Perrins, Maître et de Wattie. Huit d’entres
elles réaliseront un chiffre d’affaires annuel supérieur à
1 milliard de dollars et cinq entre 500 millions et 1 milliard.
PERTE DE VITESSE SUR SES MARCHÉS
HISTORIQUES
cette méga fusion intervient alors que Kraft Foods traverse
une passe difficile. en 2014 en effet, son bénéfice net a plongé
de 61,5 % à 1,04 milliard de dollars (952 M€) pour un chiffre
d'affaires stable à 18,2 milliards (16,6 Mrd€). Le groupe
souffre en effet de l’évolution des modes de consommation
des américains et notamment de la désaffection des consommateurs pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés.
Une tendance de fond qui ne semble pourtant pas inquiéter
outre mesure Warren Buffett qui estime que les produits fabriqués par Kraft et Heinz ont encore de beaux jours devant
eux. Rappelant dans une interview accordée à la chaîne de
télévision cnBc, que les origines de Heinz remontent à
1869, l’homme d’affaires estime que même si certains s’en
éloignent, il existera toujours une clientèle pour ce type de
produits.
L’une des clés de la fusion porte justement sur l’extension à
l’international pour pallier le ralentissement des ventes sur
ses marchés historiques. Kraft Foods qui réalise aujourd’hui
95 % de son chiffre d’affaires en amérique du nord et au
canada va s’appuyer sur le réseau de distribution mondial
de Heinz. Le groupe connu pour son ketchup réalise 61 %
de ses ventes hors d’amérique du nord et 25 % sur les marchés émergents. « Les marques de Kraft sont déjà bien connues
dans le monde entier. Notre ambition est d’apporter les bonnes
marques aux bons marchés », a notamment commenté John
cahill, l’actuel président de Kraft Foods, lors d’une conférence
téléphonique avec les analystes. Selon ses estimations, « 34 %
des ventes combinées des deux entreprises viendraient des marchés internationaux et 24 % hors Amérique du Nord ».
LA CHASSE AUX COÛTS EST OUVERTE
La réussite de la fusion passera aussi par une réduction drastique des coûts. S’ils ne partagent pas tous la même analyse
sur l’opération, tous les spécialistes s’accordent sur un point :
n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALimentAtion -
3
L’ÉVÉNEMENT
> Fusion
la capacité du fondateur de 3G à réduire
les coûts. Des résultats essentielleKRAFT HEINZ CO POURRAIT RACHETER
ment obtenus grâce à des licenciePHILADELPHIA
ments massifs, comme le craignent
mondelez international pourrait se Kraft Heinz Co. Un tiers du chiffre
d’ailleurs déjà les syndicats britand'affaires de mondelez
séparer de son fromage frais à
niques
(lire article ci-après). Selon le
international, évalué à près
tartiner Philadelphia. La rumeur
Financial Times, les méthodes de
de 3 mrd€, est réalisé grâce à
qui court depuis le printemps
Philadelphia. Depuis la scission du
2014, est relancée avec l'arrivée
management employées par 3G ont
groupe en 2012, c’est mondelez qui
sur le marché d'un nouvel acteur
entraîné la fermeture d’au moins 5
gérait la marque à l’international,
de premier rang. estimé
usines accompagnée de la suppresKraft n’ayant conservé la licence
à 2,7 mrd€, Philadelphia pourrait
que sur la partie américaine.
ainsi être racheté par le nouveau
sion de 7400 emplois, représentant
environ un quart de la masse salariale
à l’époque de l’entrée du fonds dans le capital de Heinz. Dans le cas de Heinz et
Kraft, il est prévu 1,7 milliard de dollars d’économies annuelles d’ici 2017. outre
l’effet de levier sur les ventes à l’international grâce aux structures existantes de
Heinz, le nouvel ensemble bénéficiera aussi d’un meilleur pouvoir de négociations auprès des distributeurs.
CONSOLIDATION DU SECTEUR
avant même l’opération de fusion sur les rails, certains observateurs sont déjà
passés à l’étape suivante, à savoir quels groupes participeront au prochain mouvement de consolidation dans le secteur agroalimentaire. « Quand Buffett investit
dans un secteur, il donne un signe que le secteur est mûr pour des acquisitions »,
a ainsi indiqué David Turner, analyste chez Mintel. après la valse des scissions,
particulièrement riche en 2012 avec Sara Lee, Kraft, Ralcorp ou encore United
Biscuits, voici venu le temps de la consolidation. De quoi relancer l’intérêt sur
certains titres en Bourse, notamment autour de groupes en difficultés comme campbell, Kellogg, conagra, Mondelez ou General Mills, selon le crédit Suisse.
« Même s'il n'est pas question que 3G se porte acquéreur de ces groupes dans
l'immédiat, l'accès aux capitaux dont le fonds bénéficie par le biais de Berkshire
et de ses autres partenaires lui offre plein de munitions pour réaliser d'autres acquisitions dans le futur », pronostiquent ainsi les analystes de la banque d’investissement. Pour certains, Kraft Heinz company pourrait même jeter son dévolu sur
une proie comme le néerlandais Unilever pour accroître sa présence à l’international.
MONDELEZ, LE PROCHAIN ?
Mais sans même parler d’une méga fusion à l’image de celle d’Heinz et Kraft,
erin Lash, analyste chez Morningstar, estime que cette opération « met une pression supplémentaire » sur les groupes du secteur, « pour améliorer leur rentabilité ». Des mouvements qui pourraient notamment se faire sous la pression de certains actionnaires à la recherche de création de valeur. L’occasion de reparler d’un
rapprochement de Pepsico et Mondelez. en 2013, l’activiste et actionnaire américain nelson Peltz avait vainement tenté de pousser les deux groupes à la fusion.
Un mariage qui aurait donné naissance à un géant de 170 milliards de dollars.
4 - AGRA ALimentAtion - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
Reproduction interdite
L’ÉVÉNEMENT
> Fusion
nelson Peltz dispose aujourd’hui d’un siège au conseil d’administration de Mondelez International. Le groupe dirigé par Irene Rosenfeld est désormais engagé
dans un vaste programme de réduction des coûts. Des mesures dont les fruits ne
se feront pas sentir avant plusieurs années et qui pourraient faire perdre patience
à certains actionnaires. « La rentabilité de Mondelez stagne à 14 % quand elle
atteint 20 % pour ses pairs », note ainsi un analyste.
La décision prise en 2014 d’apporter ses activités café (marques carte noire, Tassimo, Jacobs…) au sein d’une entité contrôlée par De Master Blenders, dans
laquelle Mondelez détiendrait 49 %, participait de cette volonté de rationalisation.
Des spéculations d’autant plus vives que celui que l’on surnomme « l’oracle
d’ omaha » et dont on connaît le goût des marques, n’exclut rien : « Nous regardons tout. Il n’y a pas de ligne d’arrivée », a-t-il déclaré sur cnBc. Interrogé par
le quotidien allemand Handelsblatt en février dernier, Warren Buffett ne cachait
pas que la baisse de l’euro était une bonne chose pour des acquisitions en allemagne, sans être sa motivation première. Quant aux rumeurs évoquant l’intérêt
de Berkshire Hathaway pour le géant allemand de la confiserie Haribo, le milliardaire confiait : « Parfois, on entend dire qu’on est intéressé, même si ce n’est pas
vrai. Mais si vous pouvez arranger une transaction, je vous paierai une commission ». À bon entendeur, salut !
Perrine Delfortrie
RESTRUCTURATIONS
Au Royaume-Uni,
l'ombre des licenciements inquiète
A
la fusion entre Heinz et Kraft a-t-elle était annoncée, que le principal
syndicat ouvrier britannique, Unite, a fait part de ses inquiétudes. Derrière
le regroupement de ces deux acteurs majeurs de l'agroalimentaire international se joue également la pérennité de centaines d’emplois chez Heinz, largement représenté au Royaume-Uni.
Julia Long, représentante nationale, a indiqué à la presse anglaise que « des
réunions urgentes devaient avoir lieu avec le management de Heinz à propos de
la sécurité des emplois et l’avenir des sites de production. Nous savons par expérience que ce genre de fusion amène souvent des coupes en termes d'emploi afin
d'assurer aux actionnaires un rapide retour sur investissement ».
PeIne
FERMETURE D'UNE USINE À NORFOLK
en effet, un plan d’économies de près de 1,35 Mrd€ a aussitôt été annoncé, d'après The Mirror. Les deux entreprises qui compteraient ensemble 57 000 salariés
dans le monde, prévoient de réduire leurs effectifs. cela comprend notamment la
fermeture d'une usine Heinz à norfolk employant plus de 200 personnes. Une
annonce relayée par la presse que Heinz a pour l’instant refusé de commenter.
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALimentAtion -
5
L’ÉVÉNEMENT
> Fusion
La presse anglaise rappelle qu’au moment du rachat de Heinz par Warren Buffet
associé là aussi au fonds d'investissement brésilien 3G capital pour 21,5 Mrd€
en 2013, des centaines d'emplois avaient rapidement été supprimés.
2 500 EMPLOIS EN GRANDE-BRETAGNE ET EN IRLANDE
en Grande-Bretagne et en Irlande, Heinz emploie 2 500 collaborateurs. La moitié
d'entre eux sont basés à Kitt Green dans le nord-ouest de l'angleterre où se trouve
la plus grande usine agroalimentaire d'europe, produisant plus d'un milliard de boîtes
de baked beans (haricot rouge à la sauce tomate), soupes et autres produits par an.
Heinz possède également d'autres sites à Hayes, son siège social britannique, Kendal,
Westwick, Worcester et Telford en Grande-Bretagne et Dundalk en Irlande. À lui seul,
Heinz Tomato Ketchup vend 650 millions de bouteilles de sauces tomates dans 140
pays chaque année, avec un chiffre d’affaires de près de 1,40 Mrd€. La GrandeBretagne est le premier consommateur de Baked Beans au monde, dont il se vend
chaque jour 1,5 million de boîtes de conserves !
Violaine Pondard
6 - AGRA ALimentAtion - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
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alimentation
L’Agence de l’économie alimentaire et de la distribution
3
Agra alimentation
VERSION PAPIER
TTIP : une étude
pointe les effets
néfastes de la
libéralisation
des échanges p. 8
offres
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PAPIER
Interview : JeanPhilippe Girard,
président de l’Ania,
fait le point
les sujets
de rentrée
p. 16
Un fonds
d’investissement
pour
l’innovation p. 20
OFFRE SOLO
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Biscuiterie
OFFRE DUO
INTEGRALE
Jeannette se lance
dans le financement
participatif
p. 24
MerAlliance racheté
par le thaïlandais
TUF
p. 30
Nutrisens
se renforce dans
la nutrition
santé
p. 32
(45 n° / an)
49e année - Semaine du jeudi 11 septembre 2014 - n°2301
Filière porcine
Interview de Michel Rieu, directeur du pôle
économie de l’institut du porc, l’IFIP
« On pourrait espérer une
réflexion collective associant la
profession, la Région et l’Etat »
Comment la production porcine est-elle arrivée à la situation d’aujourd’hui,
avec une baisse structurelle des volumes produits et du niveau d’abattage
en
France ?
Aab`aV[aZ]b\N_b[XZ[b`^RUYaRa\[bU_`bT[Tba\bRa`Z]abWabWTOaYXUUa]bZ\ab`[]_K
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La réglementation en matière d’environnement n’était pas la même
partout
en Europe ?
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Suite p. 3
45 n°/an
Agra alimentation (45 n° / an)
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EN VUE
> Les nominations
Noël le Graët passe la main à sa fille Valérie
Valérie Le Graët a pris la direction générale du groupe Le Graët. Entrée dans
le groupe en 1995 comme commerciale, elle dirigeait le pôle épicerie depuis
2010. Noël Le Graët, par ailleurs président de la Fédération française de
football, garde la présidence non exécutive du conseil d’administration.
Yves Le Morvan
chez InVivo
Yves Le Morvan, jusqu’à peu directeur général délégué de Coop de France,
a rejoint InVivo en tant que directeur des relations publiques et institutionnelles.
Naturex : départ du président du conseil d'administration et du
directeur financier
Le conseil d'administration de Naturex a pris acte de la démission, avec effet
immédiat, de Thierry Lambert de ses mandats d'administrateur de la société
et de président du conseil d'administration, ce dernier souhaitant faire valoir
ses droits à la retraite. Par ailleurs, la société a également annoncé le départ
de Thierry-Bertrand Lambert qui occupait les fonctions de directeur financier depuis janvier 2013. Waël Kaibi, chef comptable Groupe, assurera la
transition durant la période de recherche d'un nouveau directeur financier.
En conséquence de ces annonces, le conseil d’administration a décidé de
nommer Paul Lippens président du conseil d'administration, Hélène MartelMassignac, vice-présidente du conseil d'administration et Olivier Rigaud,
directeur général, administrateur.
8 - AGRA ALIMENTATION - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
Reproduction interdite
POLITIQUE - PROFESSIONS
Europe
MARCHÉS LAITIERS/ QUOTAS > A la veille de l’abolition des quotas laitiers, les spéculations vont bon train sur l’avenir du secteur. D’un côté, l’industrie laitière, la
Commission européenne et plusieurs Etats membres libre-échangistes (1), estiment que les choses se passeront sans trop de dégâts, de l’autre, les producteurs
considèrent au contraire que le marché devra faire face à une augmentation de la
production ainsi qu’à une baisse des prix et de l’emploi.
L’abolition des quotas laitiers
vue de Bruxelles
A
du 1er avril 2015, les quotas laitiers seront définitivement supprimés.
pour les producteurs laitiers, notamment les plus petits, il y a un risque tangible
d’assister à une chute graduelle du prix du lait et de voir les moins performants
d’entre eux mordre la poussière. pour l’European Milk Board (EMB), le porte-voix
des petits producteurs laitiers européens, le système qui succédera aux quotas comporte des lacunes importantes. La position des producteurs européens sur le marché
en sera davantage affaiblie et ils auront encore plus de mal qu’avant à faire valoir
leurs intérêts. Selon l’EMB, « les responsables politiques européens n’ont pas été à
même de mettre en place des instruments de marché pour prévoir et éviter des crises.
Sans instruments permettant de prévenir des crises du marché laitier, les producteurs
sombreront donc dans les vagues de lait excédentaire, pendant que les multinationales
de l’agroalimentaire prendront les commandes ».
(1) Allemagne, RoyaumeUni, Irlande et Suède,
notamment, en faveur
d’une dérégulation des
marchés
Reproduction interdite
partir
PAS D’AUGMENTATION MAJEURE DE LA PRODUCTION DE LAIT SELON
BRUXELLES
pour d’autres, comme l’industrie laitière et la Commission européenne, l’après-quotas
ne peut offrir que des opportunités, même si des problèmes de transition temporaires
sont à prévoir. ainsi, pour le commissaire à l’agriculture, phil Hogan, après le 1er avril
2015, il ne faudrait pas s’attendre à une augmentation importante de la production de
lait en Europe. résolument optimiste, celui-ci veut croire en l’avenir du secteur laitier européen. Selon les prévisions de marché de ses services, les perspectives de croissance restent « très encourageantes », notamment en ce qui concerne les produits à
valeur ajoutée comme le fromage, mais aussi les ingrédients utilisés pour la fabrication de produits nutritionnels, sportifs ou diététiques. pour le commissaire irlandais,
« la suppression du régime des quotas laitiers est à la fois un défi et une chance pour
l’Union ». Un défi, car une génération entière d’éleveurs de bétail laitier se verra
obligée de s’adapter à un nouvel environnement et qu’à cela viendra sûrement s’ajouter une certaine volatilité des prix. Ce serait aussi une chance « en termes de croissance et d’emploi », car à ses yeux « en se concentrant davantage sur les produits à
valeur ajoutée et sur les ingrédients pour les aliments “fonctionnels”, le secteur laitier a le potentiel pour devenir un véritable moteur économique de l’UE ». Quant aux
zones plus vulnérables dont les activités pourraient se voir menacées par la suppresn°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
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Europe
sion du système de quotas, celles-ci peuvent tout simplement se rabattre sur « tout
l’éventail de mesures de développement rural dans le cadre du principe de subsidiarité ».
OPTIMISME DE L’INDUSTRIE LAITIÈRE EUROPÉENNE
L’analyse de l’après-quotas faite par l’industrie laitière européenne n’est pas très éloignée de celle du commissaire européen à l’agriculture. Elle estime que les producteurs
laitiers ont eu assez de temps pour se préparer à l’abolition des quotas. Elle rappelle
que durant la dernière campagne laitière 2013-2014, pas moins de 20 des 28 Etats membres sont restés au-dessous des quotas qui leur avaient été attribués. En d’autres termes,
les quotas n’y jouaient plus leur rôle de régulateur de volume. Et c’est le marché et les
prix du lait qui ont repris ce rôle dans ces Etats membres et qui déterminent désormais
la quantité de lait devant être produite. L’industrie laitière table sur une demande en
produits laitiers en continuelle augmentation ces prochaines années, en particulier en
dehors de l’UE et dans les régions qui sont déjà déficitaires en lait. Elle considère que
les régions actuellement exportatrices devront produire davantage de lait pour satisfaire cette demande. Les prix, eux aussi, connaissent une croissance au niveau mondial : sur la période 1994-2006, le prix du marché mondial pour la poudre de lait entier
s’élevait environ à 1 838 dollars/tonne, sur la période 2007-2014, la moyenne était
d’environ 3 741 dollars/tonne. Cependant, l’industrie laitière européenne admet que la
suppression des quotas pourra causer des problèmes de transition temporaires. Elle
rappelle que suite aux prix du lait favorables en 2013 et 2014, la production laitière a
fortement augmenté dans l’UE. Cette hausse était supérieure à l’augmentation normale
de la demande et les prix ont été mis sous pression, alors que l’embargo russe fermait
des débouchés. L’importante baisse des prix de vente n’a pas encore tout-à-fait été
répercutée au producteur, estime-t-on
au sein de la profession.
STÉPHANE LE FOLL DÉFEND LE MODÈLE
FRANÇAIS
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll défend le modèle français
face au risque de dérégulation de la
production laitière en Europe, alors
que l'Union européenne a tourné le
1er avril la page de 31 années d'encadrement de la production laitière. «
C'est un choix de libéralisation, on ne
va pas revenir dessus », a indiqué le
ministre de l’Agriculture à l'AFP le 31
mars. « Mais on a permis aux producteurs de s'organiser entre eux et
maintenu un filet de sécurité avec la
possibilité d'apporter des restitutions (dédommagements) en cas de
détérioration grave du marché ».
Alors que plusieurs pays du Nord,
dont l'Allemagne ou les Pays-Bas,
optent pour des fermes à grande
échelle et l'industrialisation de la
production, en France les producteurs ont été encouragés à se regrouper en GAEC, les groupements
agricoles d'exploitation en commun,
rappelle-t-il.
De quelque 400 000 exploitations en
1986, la France est passée à 68 000
aujourd'hui, pour une production annuelle de 24 milliards de litres. « En
tant que député européen j'avais
voté contre la fin des quotas en
2008 », rappelle encore Stéphane Le
Foll, dont trois tentatives de faire
rouvrir le débat à Bruxelles depuis
son arrivée au ministère, en 2012,
2013 et de nouveau fin 2014, sont
restées vaines. « Clairement il n'y a
pas de majorité en Europe pour revenir sur la fin des quotas », constate-t-il.
10 - AGRA ALIMENTATION - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
COPA-COGECA : « ALLER AUDELÀ DU FILET DE SÉCURITÉ »
En vue de la fin des quotas laitiers, le
Copa-Cogeca (syndicats des agriculteurs et des coopératives de l’UE) a tenu
à rappeler les mesures qui seraient nécessaires pour assurer la viabilité du secteur laitier dans les années à venir. Les
syndicalistes agricoles considèrent qu’après la fin des quotas, les producteurs
de lait continueront d’être exposés à la
volatilité des marchés. « Un phénomène,
qui va persister et qui constitue un facteur de risque pour les entreprises agricoles et frappe durement les investissements », estime Mansel raymond, le
président du groupe de travail « Lait et
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produits laitiers » au sein du CopaCogeca. pour lui, sur le court terme, les
producteurs de lait, confrontés à de
Introduit pour la première fois en décision de supprimer les quotas
lourds problèmes économiques, ren1984 alors que la production de l'UE avait tout d'abord été prise en 2003
contreront des difficultés de liquidités.
excédait de loin la demande, le afin d'offrir aux producteurs de l'UE
C’est pourquoi, il estime « crucial »
régime des quotas était l'un des la souplesse nécessaire pour réponoutils mis en place pour résoudre ce dre à la demande croissante, notamque les fonds du super-prélèvement laiproblème d'excédents structurels. ment sur le marché mondial. Intentier (dus par les producteurs qui ont
Plusieurs réformes successives de tion réaffirmée en 2008 avec
dépassé le volume des quotas de prola politique agricole commune de l'adoption d'un éventail de mesures
l'UE ont renforcé l'orientation du sec- visant à réussir un « atterrissage en
duction) restent dans le secteur, de telle
teur vers les marchés et permis de douceur ». Cependant, en dépit de
sorte que des investissements « puisdévelopper, en parallèle, de nomb- l'existence des quotas, les exportasent maintenant être réalisés pour perreux autres instruments plus ciblés tions de produits laitiers de l'UE ont
visant à aider les producteurs des augmenté de 45 % en volume et de
mettre au secteur de répondre à la
zones vulnérables, telles que les 95 % en valeur au cours des cinq derdemande qui devrait augmenter à moyen
zones de montagnes, où les coûts nières années.
terme ». Bien que le cadre réglemende production sont plus élevés. La
taire européen inclue déjà des mesures
de marché qui contribuent à protéger les producteurs contre la volatilité, comme l’intervention publique et le stockage privé, elles ne représentent plus un réel « filet de
sécurité » en mesure d’aider les producteurs de lait durant les périodes de grave déséquilibre de marché. Ces instruments doivent être adaptés et rendus plus efficaces afin
de tenir compte de la hausse des coûts de production et des réalités de marché. Le
Copa-Cogeca considère que d’autres outils de gestion des risques sont indispensables
et pourraient inclure le développement des marchés à terme dans le but d’atténuer en
partie la volatilité sur le marché. Les assurances revenu/marges pourraient être envisagées ou mieux adaptées pour aider les agriculteurs à gérer les risques multiples.
pour pekka pesonen, le secrétaire général du Copa-Cogeca, dans l’après-quotas, « il
sera plus important que jamais pour les producteurs de s’affilier à des coopératives
en vue d’améliorer leur position sur le marché, ce qui leur permettra d’obtenir un
meilleur prix pour leur lait ». De surcroît, les dispositions relatives au « paquet Lait
» de 2012 de l’UE, qui visent à renforcer les relations contractuelles entre les agriculteurs et les transformateurs, sont importantes. « Un fonctionnement correct et équitable de la chaîne d’approvisionnement laitière est également indispensable et le marché
Aziz Ben Marzouq
se doit de mieux rémunérer les producteurs de lait ».
LES QUOTAS : UN SYSTÈME DESTINÉ À
DÉCOURAGER LES EXCÉDENTS
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
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SANTÉ/RAPPORT > La Commission européenne finalise toujours son rapport sur la
présence d’acides gras trans dans les aliments et dans le régime alimentaire global.
Un rapport qu’elle devait publier en décembre 2014 déjà et qui devrait évaluer l’impact des moyens appropriés qui pourraient permettre aux consommateurs de faire
des choix alimentaires plus sains et éviter ainsi les produits alimentaires contenant
des acides gras trans qui ont des effets potentiellement pervers sur la santé.
Bruxelles tarde à publier son
rapport sur la présence d’acides
gras trans dans les aliments
F
orCE est de constater qu’une certaine apathie anime les instances législatives
européennes en matière de réglementation claire sur les teneurs en acides gras
trans dans les produits alimentaires. La Commission européenne, compte tenu
des preuves scientifiques et de l’expérience acquise dans les États membres, devait
en effet présenter, le 13 décembre 2014 déjà, un rapport sur la présence d’acides gras
trans dans les denrées alimentaires et, de manière générale, dans le régime alimentaire de la population de l’Union. Le but de ce rapport est d’évaluer les effets de
mesures appropriées qui pourraient permettre aux consommateurs de faire des choix
plus sains quant aux denrées alimentaires et à leur régime alimentaire en général, ou
qui pourraient promouvoir l’apport d’options plus saines en ce qui concerne les denrées alimentaires offertes aux consommateurs, y compris, entre autres, la fourniture
d’informations aux consommateurs sur lesdits acides gras trans ou l’imposition de
restrictions à leur usage.
La Commission joindrait à ce rapport, le cas échéant, une proposition législative.
Mais, comme on le voit, la publication de ce rapport n’a pas respecté les délais prévus
dans le cadre du règlement 1169/2011, relatif à l’information des consommateurs sur
les denrées alimentaires. interrogé à ce propos, Vytenis andriukaitis, le commissaire
européen en charge de la santé des consommateurs, s’est contenté de répondre que le
rapport final « est prévu pour être adopté par la Commission et soumis au parlement
européen et au Conseil dans les prochains mois ». D’aucuns ont évoqué, en 2014, l’échéance des élections européennes, période on ne peut plus propice à la prudence politique. D’autres ont insinué l’efficacité d’un lobbying de l’industrie alimentaire...Une
industrie alimentaire qui privilégie l’autorégulation des opérateurs pour réduire les
acides gras trans dans les aliments et ne veut pas entendre parler d’une quelconque
législation.
VAGUE PROMESSE
au niveau de quelques grandes entreprises industrielles, des engagements volontaires
ont déjà été pris dans le cadre de la « plate-forme de l’Union européenne relative à
l’alimentation, l’activité physique et la santé » en faveur d’une modification de la
12 - AGRA ALIMENTATION - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
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composition des produits afin de réduire la teneur en acides gras trans dans les aliments, notamment les margarines, les pâtisseries, les confiseries et autres biscuits qui
ont des effets néfastes sur la santé (effets pro-inflammatoires et pro-coagulants, augmentation du mauvais cholestérol, etc.). Confrontés à ce danger pour la santé, plusieurs pays ont décidé de limiter, voire d’interdire, le recours à ces substances. C’est
le cas du Canada, de l’Etat de New York aux Etats-Unis ou du Danemark. Ce dernier
pays aurait d’ailleurs connu une diminution de 20 % de la mortalité due à des maladies cardiaques depuis leur interdiction en 2003. toujours est-il que plus de trois mois
après la date prévue de la remise du rapport, on ne voit rien venir du côté de la Commission européenne si ce n’est la vague promesse du nouveau commissaire andriukaitis d’un rapport « dans les mois qui viennent ». au grand dam des associations
européennes de consommateurs qui interpellent la Commission européenne pour
qu’elle interdise, ou du moins oblige, les opérateurs à mentionner clairement la présence des acides gras trans dans les aliments pour permettre aux consommateurs de
Aziz Ben Marzouq
faire des choix éclairés.
ETIQUETAGE NUTRITIONNEL/PARLEMENT EUROPÉEN > La commission de l’environnement et de la sécurité alimentaire (commission ENVI) a voté en faveur d’un
amendement qui demande ni plus ni moins l’abandon du concept de profils nutritionnels. Ce vote a été acquis dans le cadre du projet d’avis de la commission ENVI
à l’intention de la commission juridique en charge d’un rapport sur le programme
REFIT visant la simplification de la législation communautaire (1).
Des eurodéputés votent
pour l’abandon pur et simple
des profils nutritionnels
(1) Avis de la commission
de l'environnement
et de la sécurité
alimentaire à l'intention
de la commission
des affaires juridiques sur
le programme pour une
réglementation affutée
et performante (REFIT) :
situation actuelle
et perspectives.
Le rapporteur est
Giovanni La Via (PPE,
Italie).
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C
oNforMÉMENt au règlement 1924/2006 relatif aux allégations nutritionnelles et
de santé, les denrées alimentaires portant ce type d’allégations doivent répondre
à certaines exigences nutritionnelles ou « profils nutritionnels. » Ces profils doivent également contribuer à garantir que les consommateurs qui se laissent guider par
les allégations pour faire des choix alimentaires sains, et qui pourraient considérer
que les denrées alimentaires portant des allégations présentent un avantage nutritionnel
ou pour la santé, ne sont pas induits en erreur à propos de leur valeur nutritionnelle
globale. Eh bien, de tels profils nutritionnels, la députée ppE allemande, renate
Sommer, n’en veut pas tout simplement. au sein de la commission de l’environnement et de la sécurité alimentaire, cette dernière a bataillé et réussi à faire passer un
amendement qui risque de laisser des traces. En effet, son amendement, adopté par
la commission ENVi le 30 mars, invite la Commission européenne à examiner le
n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
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règlement 1924/2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur
les denrées alimentaires « sous l’angle des problèmes de mise en œuvre graves, persistants et anticoncurrentiels quant à son assise scientifique, son utilité et son réalisme,
et à supprimer, le cas échéant, le concept de profil nutritionnel, voire à abroger le
règlement tout entier ». La députée allemande estime tout naturellement « que les
objectifs du règlement 1924/2006, tels que la véracité des allégations nutritionnelles
et les allégations concernant la teneur en graisses, en sucre et en sel, ont entretemps
été atteints par le règlement 1169/2011 concernant l’information des consommateurs
sur les denrées alimentaires ».
(2) REFIT est le
programme de la
Commission européenne
pour une réglementation
« affûtée et
performante ».
Officiellement il vise à
rendre la législation de
l'UE plus simple et à
réduire les coûts induits
par la réglementation,
contribuant ainsi à la
mise en place d'un cadre
réglementaire « clair,
stable et prévisible,
favorable à la croissance
et à l'emploi ».
PREMIÈRE RÉACTION : LES ASSOCIATIONS DE CONSOMMATEURS
Ce vote « scélérat » n’est pas du goût des défenseurs des profils nutritionnels et en
particulier des associations de consommateurs, les premières à avoir réagi à la manœuvre
réussie de renate Sommer. « Nous regrettons que les membres de la commission ENVI
aient adopté un amendement qui remet en question la nécessité des profils nutritionnels », a indiqué Camille perrin, responsable de la politique alimentaire au sein du
BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs). « Ce vote est en contradiction flagrante avec leur objectif affiché de sauvegarder la protection des consommateurs. Les profils nutritionnels sont fondamentalement nécessaires pour éviter que des
aliments riches en matières grasses, sucre et sel soient autorisés à porter des messages de santé excessifs, ce qui induirait fatalement en erreur les consommateurs ».
La crainte du lobby des consommateurs est que, sous le motif légitime du programme
rEfit (2) d’alléger la législation communautaire, on n’en vienne en fin de compte à
détricoter celle-ci. Et pourtant, les ministres de la santé de l’UE eux-mêmes avaient
invité expressément la Commission européenne à définir des profils nutritionnels comme
le prévoit le règlement 1924/2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé
portant sur les denrées alimentaires.
Les ministres de la santé de l’UE avaient en effet, en juin 2014, noté avec inquiétude
que l’obésité et ses conséquences pour la santé atteignaient les proportions d’une épidémie. plus de la moitié de la population adulte de l’UE présente un surpoids ou de
l’obésité et le niveau élevé de surpoids et d’obésité chez les enfants et les adolescents
est particulièrement préoccupant. ils avaient fait observer également que le surpoids
et l’obésité ont une incidence considérable en termes de souffrance humaine, que les
inégalités sociales sont particulièrement importantes, que des citoyens perdent la vie
chaque année en raison de maladies liées à de mauvais comportements alimentaires
et au manque d’activité physique et que cela se traduit par une charge économique,
dans la mesure où jusqu’à 7 % des budgets de l’UE consacrés à la santé sont dépensés
chaque année directement pour des maladies liées à l’obésité, sans compter les coûts
indirects supplémentaires résultant de la perte de productivité due aux problèmes de
santé et à la mortalité prématurée.
TOUJOURS PAS DE PROFILS NUTRITIONNELS À L’HORIZON
après 5 années de gestation et de silence, toujours pas de fumée blanche dans le dossier des profils nutritionnels du côté de la Commission européenne en charge de la
définition de ces profils. Sollicitée par agra alimentation, une porte-parole de la Com-
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mission européenne qui suit ce dossier nous a simplement répondu : « Compte tenu
de l’intérêt politique considérable et des débats intenses que cette mesure clé des profils nutritionnels a soulevés, le délai prévu par le règlement sur les allégations nutritionnelles et de santé pour établir les profils nutritionnels pourrait ne pas être atteint »...avant
d’ajouter : « La Commission réfléchit encore sur la voie à suivre concernant l’établissement des profils nutritionnels. Les orientations politiques et les priorités de la
nouvelle Commission européenne vont guider cette réflexion ».
Aziz Ben Marzouq
ENTENTE/AMENDE > L’Autorité de la concurrence étrille une nouvelle fois les
industries agroalimentaires pour une entente sur les prix. Axéréal et Grands
Moulins de Strasbourg sont accusés de s’être entendus sur les prix de vente de
farine à la boulangerie artisanale. L’affaire remonte à 2007, année durant laquelle
le prix du blé avait peu ou prou doublé.
Concurrence : nouvelle
condamnation pour la meunerie
L
’aUtoritÉ de la concurrence a annoncé le 26 mars infliger 1,1 million d’euros
d’amendes à axiane Meunerie, Minoteries Cantin (toutes deux contrôlées par
axéréal) et Grands Moulins de Strasbourg pour une entente sur le prix de la
farine destinée à la boulangerie artisanale en 2007. Cette entente a été découverte à
l’occasion de l’enquête sur la farine en sachets, qui avait abouti en 2012. Le montant
des amendes est toutefois limité du fait de la faible part de marché des entreprises
concernées à l’époque des faits (8 % en volume) et de la courte durée des discussions
(six mois), indique l’autorité de la concurrence.
Grands Moulins de Strasbourg écope de l’amende la plus élevée, à 518 000 euros.
Minoteries Cantin devra payer 320 000 euros. axiane Meunerie voit pour sa part son
amende réduite de 1,7 million d’euros à 300 000 euros du fait de ses difficultés financières. axéréal voit donc la facture largement réduite (de plus de 2 millions d’euros
à 620 000 euros). Ni Grands Moulins de Strasbourg ni axéréal n’ont pour l’heure
décidé s’ils allaient faire appel, nous ont-ils indiqué. a noter, de nombreuses autres
minoteries ont échappé à la sanction faute de preuves de leur participation à l’entente.
UNE SITUATION ÉCONOMIQUE EXCEPTIONNELLE
Comme dans le cas de l’entente sur le yaourt MDD infligée le 11 mars dernier (voir
agra alimentation du 19 mars), cette amende sanctionne des discussions illégales,
certes, mais motivées par une situation économique préoccupante. « Entre 2002 et fin
2006, le cours moyen de la tonne de blé était stable et oscillait entre 100 et 140 euros
la tonne, rappelle l’autorité de la concurrence dans son rapport. En 2007, le cours du
blé a connu une forte variation à la hausse jusqu’à atteindre 280 euros la tonne en sep-
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
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tembre 2007. Le cours s’est maintenu aux alentours de 280 euros la tonne jusqu’à
l’été 2008 puis est redescendu à 150 euros la tonne en octobre 2008. » Une volatilité
d’une telle ampleur, désormais courante, était à l’époque totalement nouvelle.
pour rappel, en 2012, des groupes et coopératives français et allemands dans la meunerie avaient écopé d’une amende record de 242,4 milliards d’euros dans le cadre de
deux affaires différentes (entente en france et entente sur la limitation des échanges
entre la france et l’allemagne). En novembre dernier, la cour d’appel de paris avait
invalidé l’aspect franco-français du dossier, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une
entente, et annulé les 147 millions d’euros d’amende correspondants.
MD
SANTÉ/ETIQUETAGE > Le projet de loi de santé défendu par Marisol Touraine est
examiné en ce moment par l’Assemblée. Il prévoit notamment un étiquetage de
couleurs sur les aliments selon leur qualité nutritionnelle pour orienter le consommateur. l’Ania déplore toujours un manque de dialogue et de concertation avec la
ministre.
Etiquetage nutritionnel : profond
désaccord entre l’Ania
et la ministre de la Santé
A
les médecins libéraux, la ministre de la Santé n’est-elle pas en train de se
mettre à dos toute l’industrie agroalimentaire ? Convoquée in-extremis le 26
mars au ministère de la Santé, l’ania est sortie très fâchée de cette réunion, évoquant « un simulacre de dialogue ». De fait, l’association, ses 20 fédérations adhérentes et 23 associations régionales ont collectivement dénoncé « la posture dogmatique de la ministre » qui a impose sans concertation « un étiquetage simpliste et
stigmatisant ».
Dans le projet de loi de santé défendu par Marisol touraine, examiné en première lecture à l’assemblée, avant le vote solennel le 14 avril, il est prévu un étiquetage de
couleurs sur les aliments selon leur qualité nutritionnelle pour orienter le consommateur et prévenir l’obésité (voir agra alimentation du 19 mars). Un étiquetage qui
restera facultatif dans un premier temps et qui s’appuie sur les recommandations du
professeur Hercberg. Les professionnels de l’agroalimentaire ont rappelé qu’ils tentent de discuter du « sujet important de l’alimentation et de la santé » avec la ministre
depuis plus de deux ans « sans aucun retour de sa part ». Une absence de dialogue qui
semble avoir atteint son paroxysme cette fois. « On ne rattrape pas deux ans de silence
et de manque de considération avec une réunion improvisée de trois heures. La concertation nécessite de la préparation », déclare Jean-philippe Girard, le président de
l’ania, dans un communiqué publié le jour même.
prèS
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France
Chacun sait que l’ania est opposée à un système de code couleurs qu’elle juge simpliste et stigmatisant et qui ne répond pas complètement aux besoins d’informations
des consommateurs sur les fondamentaux d’une alimentation équilibrée, en ne prenant pas en compte « la taille de la portion consommée, le moment de consommation, la fréquence et surtout les associations d’aliments au cours du repas », rappellet-elle. Et comme l’indique Jean-philippe Girard, l’ania « reste favorable à l’idée de
poursuivre le travail d’amélioration de l’information du consommateur », en explorant expérimentant et évaluant « tous les systèmes qui prennent en compte les questions que les consommateurs se posent réellement au moment de s’alimenter ». Et le
président de l’ania d’insister : « Ce n’est pas avec l’étiquetage que nous réglerons
les problèmes d’inégalités sociales de santé et d’obésité ».
PDf
RELATIONS COMMERCIALES/TENSIONS > Rares sont les industriels qui osent
dénoncer publiquement les pratiques de la distribution. Richard Girardot, p.-d.g. de
Nestlé France, s’est livré à l’exercice dans le Figaro du 31 mars. Il pointe également
l’inaction des pouvoirs publics et le manque de réactivité de l’Autorité de la concurrence suite aux regroupements des achats intervenus entre différentes enseignes.
Le coup de gueule du p.-d.g.
de Nestlé France
L
E p.-d.g. de la filiale française du groupe suisse Nestlé, richard Girardot, dénonce
avec une franchise rare, dans le Figaro daté du 31 mars, les méthodes de la
grande distribution avec ses fournisseurs, et s’interroge sur l’attitude des pouvoirs publics.
richard Girardot, dont le groupe est le premier fournisseur des grandes surfaces en
france, évoque des « marges écrasées » par les exigences des distributeurs mais aussi
« une situation où le commercial se retrouve à 23 heures à attendre dans un box,
soumis à une pression digne d’une garde à vue », affirme-t-il.
QUE FAIT LA DGCCRF ?
il s’interroge vivement sur le travail des « gendarmes » de la Direction générale de la
concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCrf). « Si les
agents de la DGCCRF (...) s’étaient rendus le samedi 28 février au soir (à la clôture
de la négociation tarifaire, ndlr) sur le parking des centrales d’achat, ils auraient
compris que quelque chose ne tournait pas rond », relève-t-il.
ET L’AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE ?
il rappelle aussi que l’autorité de la concurrence ne s’est toujours pas prononcée sur
les rapprochements entre grandes enseignes telles auchan/Système U et Casino/interReproduction interdite
n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
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marché, qui constituent ainsi des forces de frappe ultra-puissantes face aux acheteurs.
« Cela fait sept mois que les premiers rapprochements entre centrales d’achat ont été
annoncés et l’Autorité n’a toujours pas rendu sa décision sur le sujet, laissant passer
la période cruciale des négociations tarifaires annuelles », insiste le p.-d.g de Nestléfrance. Saisie en novembre du sujet par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron
et par la commission des affaires économiques du Sénat, elle avait promis de rendre
un avis « au cours du premier trimestre 2015 », qui s’achève le 31 mars. « C’est stupéfiant ! », s’écrie richard Girardot qui ajoute que l’autorité de la concurrence est «
toujours prompte à prendre la parole contre les industriels. » L’autorité de la concurrence a fait savoir le jour même à l’afp « qu’elle rendrait son avis dans la journée »,
comme elle s’y était engagée, mais ne le publierait que mercredi dans la matinée.
DES ENGAGEMENTS À SENS UNIQUE
« Nous avons écrasé nos marges pour continuer d’être référencés chez les distributeurs qui sont revenus nous mettre la pression toute l’année », explique richard
Girardot, écrasant aussi leurs propres marges pour faire baisser « de 7% les prix sur
les produits leaders comme le Ricoré ou Mousline ». Mais dans le même temps « pour
compenser cet effort, ils ont augmenté les prix des produits vendus sous leurs marques propres ». Enfin, richard Girardot note que les distributeurs « refusent de signer
des chartes de bonnes pratiques avec les industriels, alors que nous en signons avec
les agriculteurs ».
Avec AFP
RÉGLEMENTATION/PROJET DE LOI
Relations commerciales : la commission
spéciale du Sénat détricote la loi Macron
La commission spéciale du Sénat a adopté le projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances en supprimant une grande partie des mesures qui contrariaient l’industrie agroalimentaire et / ou la distribution. Le texte sera examiné en plénière à partir du 7 avril.
La législation sur l’origine france attendra. La Commission spéciale du Sénat a supprimé l’amendement Jégo, qui faisait craindre aux industriels la nécessité de recourir
à une certification externe pour l’utilisation du drapeau français. Elle est également
revenue sur l’encadrement de la durée d’affiliation, qui a beaucoup occupé le terrain
médiatique par la voix de Michel-Edouard Leclerc ces dernières semaines.
autre retrait, celui des « méga amendes » (jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires france)
prévues pour la distribution. Elles resteront donc plafonnées à deux millions d’euros.
Les évolutions envisagées pour la convention d’affaires sont également annulées. Les
grossistes, qui devaient être exclus du système selon le texte adopté par l’assemblée
nationale, restent concernés.
L’auto-saisine de l’autorité de la concurrence en cas de position dominante au sein
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de la distribution, fortement critiquée par la fCD, demeure mais cette partie a été réécrite afin d’en limiter les conditions. Son déclenchement ne pourra pas suivre immédiatement une enquête menée dans le cadre d’une concentration, ni être déclenchée
à l’encontre de distributeurs qui auraient respecté les injonctions de cessions décidées
dans le cadre d’une telle enquête.
parmi les mesures qui demeurent en l’état, la nécessité d’informer l’autorité de la
concurrence sur tout rapprochement d’enseignes au moins deux mois avant sa mise
en œuvre et l’extension aux MDD de la clause de renégociation en cas de forte volatilité des matières premières.
MD
FILIÈRE PORCINE/CRISE
Porc : Stéphane Le Foll menace d’encadrer
les promotions
alors que la crise de la filière porcine n’en finit pas, Stéphane Le foll a reçu les représentants de cette dernière le 31 mars. À cette occasion, il a menacé d’encadrer les promotions par voie d’arrêté si la filière ne les encadre pas d’elle-même d’ici à fin avril,
rapporte un communiqué de presse. autre annonce, celle d’un nouvel appel à projets
doté de 45 millions d’euros sur des projets de filière. il viendra s’ajouter à l’appel à
projet abattoirs du futur plan d’investissement d’avenir, doté de 20 millions d’euros.
Le ministre souhaite également que le cahier des charges du porc français soit renforcé afin de mieux valoriser ces productions. il attend des propositions à ce sujet
d’ici à fin avril. L’équilibre entre les différentes formes de commercialisation et le
recours à la contractualisation ont également été discutés et doivent faire l’objet de
propositions d’ici à fin juin. Les transformateurs et les distributeurs sont prêts à s’engager dans ces discussions, affirme le ministre, qui souhaite que le secteur de la nutrition animale s’implique également dans le processus. Diverses mesures ont également été évoquées pour soutenir les éleveurs.
Le médiateur des relations commerciales agricoles est chargé d’accompagner la filière
dans ses réflexions sur l’encadrement des promotions et le développement de nouvelles formes de fixation du prix telle que la contractualisation). pour marquer le coup,
Stéphane Le foll a proposé d’élaborer un pacte de la filière porcine. il pourrait être
signé en juin, lors de l’assemblée générale de la fédération nationale porcine, et engagerait les pouvoirs publics.
MD
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
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ENTREPRISES
Industrie > France
NUTRITION ANIMALE/IMPLANTATION > Spécialisée dans la transformation d’écarts de produits agroalimentaires en aliments pour animaux, Trotec implantera
son deuxième site de production dans la Drôme, à Albon. Internationale, l’entreprise belge a choisi Rhône-Alpes pour son caractère industriel prégnant et sa situation géographique centrale.
Le belge Trotec choisit la Drôme
B
iscuits cassés, pains pas assez cuits, brownies dont le poids n’est pas conforme,
chips trop salées… Les écarts de production dans l’agroalimentaire sont une
réalité. Le belge trotec apporte une solution de valorisation à ces produits noncommercialisables pour les transformer en aliments pour animaux. Positionnée sur
un marché de niche, l’entreprise familiale aujourd’hui dirigée par les sœurs sigrid et
Dorethé Pauwelyn a choisi de construire sa seconde usine, et la première en France,
dans la Drôme, à Albon, le long de l’autoroute A7. ce site de 6 000 m2 représente un
investissement de l’ordre de 20 M€ (dont 210 000 € d’aides de l’Etat, 130 000 € de
la Région Rhône-Alpes et 100 000 € du département de la Drôme). Opérationnel d’ici
à la fin de l’année, il emploiera, au démarrage, une quinzaine de personnes, avant
d’atteindre un effectif de quelque 35 personnes.
L’équipe trotec d’Albon fera le même métier que celle de Veurne, siège social de
l’entreprise en Belgique. trotec est aménagée pour collecter les produits alimentaires
défectueux auprès des industriels de l’agroalimentaire, ses fournisseurs, les séparer
de leurs emballages (qui sont aussi valorisés par le biais d’autres filières), les mélanger,
les sécher, les broyer pour en faire des aliments pour animaux et enfin les stocker. « La
capacité de production du site d’Albon sera de 70 000 tonnes de matières premières
par an, affirme sigrid Pauwelyn. Nous avons choisi de nous implanter en Rhône-Alpes
car de nombreuses entreprises de l’agroalimentaire avec lesquelles nous travaillons
en Belgique ou dans le nord de la France
y ont également un site de production.
GUEULES CASSÉES : LES PRODUITS
Les grands groupes demandent des soluDÉCLASSÉS VENDUS EN SOLDES
tions nationales pour gérer leurs écarts
L’alimentation animale n’est plus le marque « Gueules Cassées ». Du
de
production. Nous aurons désormais
seul débouché des produits déclas- camembert et des céréales petit
sés, qui se font une place à prix cas- déjeuner vont ainsi rejoindre l’inila réponse avec ce site d’Albon. » En
sés en GMS. Après les fruits et légu- tiative anti-gaspillage, en attendant
Belgique,
trotec a réalisé 24 M€ de
mes moches, Nicolas Chabanne (qui une éventuelle extension à d’autres
chiffre d’affaires en 2014 et compte 47
avait déjà créé le Petit Producteur), produits.
lance des nouveaux produits sous la
salariés.
Stéphanie Polette
20 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
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ENTREPRISES
Industrie > France
STRATÉGIE/SANTÉ > Nutrionix, start-up bretonne spécialisée dans les produits à
teneur réduite en sodium, se lance en partenariat au Brésil. L’année 2015 pourrait
bien être celle du décollage pour la société, qui lève 1 million d’euros pour financer
ses nouveaux développements.
La politique de santé brésilienne
pourrait profiter à Nutrionix
N
utRiOnix, start-up spécialisée dans les produits salants réduits en sodium à des-
tination de l’industrie, va bientôt commencer la commercialisation de ses produits au Brésil. La société bretonne (Bruz, 35) s’y est associée à salinor, premier producteur de sel brésilien, pour profiter d’un marché en pointe sur la réduction
de sodium. « Le ministère de la santé brésilien a mis en place un programme de réduction du sodium contraignant sur plusieurs catégories d’aliments, ce qui rend le marché
très porteur pour nos solutions. De plus l’association brésilienne des industries agroalimentaires nous soutient officiellement et facilite nos contacts avec les industriels »,
explique Jean-christophe Malrieu, directeur général.
UNE PRODUCTION LOCALE POUR RÉDUIRE LE COÛT DU PRODUIT
concrètement, salinor a investi dans l’outil industriel et commercialisera les produits
formulés par nutrionix. sa spécialité est en effet le mélange de sels minéraux pour
réduire la teneur en sodium tout en gardant le goût du sel, le même aspect et le même
dosage.
« Avec ce partenariat, nous pouvons produire avec des matières premières locales, à
coût viable économiquement. D’autres substituts existent sur le marché brésilien, mais
ils sont importés, et dix fois plus chers que nos produits », explique Jean-christophe
Malrieu. En France aussi, la société espère voir des projets déboucher bientôt. « Les
taux de sel ont déjà été réduits dans de nombreuses recettes. Les entreprises vont
devoir commencer à recourir à la substitution », estime-t-il.
LE SEL AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS DE L’OMS
ce marché des produits réduits en sodium est promis à un bel avenir. L’hypertension,
dont la première cause est la surconsommation de sel, touche une personne sur trois
dans le monde, selon le panorama mondial de l’hypertension publié par l’OMs
DES SAUCES EN RHF
(Organisation mondiale de la santé) en
2013.
Nutrionix, qui commercialise déjà dans la composition des sauces pour
des salières à teneur réduite en une part infime, le surcoût de la
Facteur de maladies cardio-vasculaires,
sodium à destination de la RHF, lan- sauce est donc faible », précise Jeanelle est responsable de 9 millions de
cera cette année une gamme de sau- Christophe Malrieu. Une salière allédécès par an selon ce document. L’aces, toujours sous la marque Néo- gée à 50 % en sodium est vendue
chef. « Notre substitut est plus cher deux fois plus cher que du sel clasgence de l’Onu recommande donc de
qu’un sel classique, mais il entre sique.
faire baisser la consommation de 12
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALiMeNtAtioN -
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ENTREPRISES
Industrie > France
grammes par jour (moyenne actuelle, avec des scores bien supérieurs dans certains
pays) à 5 grammes par jour d’ici à 2025. Et tous les pays qui prendront le problème
à bras le corps seront des marchés cibles pour nutrionix.
L’ANNÉE DU DÉCOLLAGE ?
En attendant de devenir grande, la jeune pousse procède à une nouvelle levée de fonds
pour financer ses projets. 515 000 euros ont déjà été levés auprès des actionnaires historiques, qui vont être complétés par une levée de fonds auprès de particuliers via
Wiseed (plateforme de financement participatif). Objectif, récolter 1 million d’euros
au total. Depuis sa création, nutrionix a levé 6 millions d’euros dont 1,35 million en
2014. seventure Partners et sham innovation (turenne capital) se partagent environ
80 % du capital, le reste étant aux mains de business angels (répartition avant la clôture de la levée de fonds en cours).
En 2014, le chiffre d’affaires de nutrionix, qui emploie sept personnes en France et
vient de procéder à deux recrutements au Brésil, a atteint environ 100 000 euros. Pour
2015, l’objectif est fixé à 1 million d’euros. s’il est atteint, ce sera vraiment l’année
MD
du décollage, dix ans après la création de l’entreprise.
PRODUITS LAITIERS/RÉSULTATS
Baisse des résultats 2014
de Fromageries Bel
sans surprise, les résultats de Fromageries Bel (Kiri, Vache qui rit, Babybel) ont baissé
en 2014, affectés par la hausse du prix des matières premières et l’effet défavorable
des devises. Après la publication d’un chiffre d’affaires de 2,78 milliards d’euros
(+3,3 % de croissance organique) mi-mars (Agra Alimentation du 12 mars), le groupe
a annoncé un recul de 15 % de son résultat opérationnel à 199 millions d’euros dans
un communiqué publié le 26 mars.
Le groupe précise que « toutes les mesures engagées » visant à compenser la hausse
des matières premières et l’évolution défavorable des parités monétaires « n’ont pas
suffi à couvrir totalement ces effets négatifs ». Les conséquences financières liées à
la décision de déménagement du siège social en 2015 ont également pesé sur ce
résultat. Par zone géographique, c’est en Europe du nord et de l’Est que la contreperformance du groupe est la plus marquée avec un recul de 75,4 % du résultat opérationnel à 3 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires en baisse de 7,5 % à 552
millions. Le bénéfice net du groupe recule légèrement de 2,3 % à 123 millions d’euros.
Fromageries Bel affiche en revanche une structure de bilan solide, avec un niveau de
dettes financières nettes sur fonds propres de 5,15 % (contre 4,45 % un an auparavant).
Le conseil d’administration proposera à l’assemblée prévue le 12 mai, un dividende
de 6,25 euros, qui, s’il est approuvé, sera versé le 20 mai. Du côté des perspectives
22 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
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ENTREPRISES
Industrie > France
pour 2015, dans un contexte incertain, tant du côté des devises, que du prix des matières
premières mais aussi du niveau de consommation, le groupe « réaffirme son objectif
d’améliorer durablement ses positions sur le marché mondial des fromages, grâce à
l’engagement de ses collaborateurs, à la force de ses marques et à sa politique soutenue d’innovation », indique le communiqué.
contrôlé à 70,89 % par les familles Bel et Fiévet, Fromageries Bel compte 30 marques locales et internationales et emploie 11 000 collaborateurs.
PDf
RÉSULTATS/MATIÈRES PREMIÈRES
Stagnation du bénéfice de Louis Dreyfus
Commodities en 2014
Le poids lourd français du négoce de matières premières Louis Dreyfus commodities (LDc) a annoncé ses résultats pour 2014 le 26 mars dans un communiqué. Le
résultat net (part du groupe) s’établit à 648 millions de dollars, en hausse d’environ
1 % pour un chiffre d’affaires en hausse de 2 %, à 64,7 milliards de dollars. Pour
mémoire en 2013, les ventes avaient progressé de 11%. « 2014 a été marquée par une
offre abondante » de matières premières, alors que les stocks du groupe étaient déjà
importants, explique LDc. « cette croissance de l’offre a dépassé l’augmentation de
la demande pour de nombreuses marchandises, tirant les prix et la volatilité à la
baisse », précise encore le groupe. La croissance des volumes de marchandises vendus
a aussi ralenti : elle augmente de 4 % à 80 millions de tonnes, alors que la progression avait été de 10 % en 2013.
« Le contexte géopolitique changeant et l’augmentation du risque pays ont débouché
sur une série de défis tout au long de l’année », ajoute LDc sans plus de précisions.
néanmoins, ces résultats « prouvent que notre modèle d’affaires et notre stratégie,
combinant transformation et logistique avec l’expérience de la commercialisation,
sont une bonne recette pour le succès », estime serge schoen, président exécutif de
LDc, cité dans le communiqué. LDc a par ailleurs investi 600 millions de dollars en
2014, principalement dans la logistique, en Amérique du sud et du nord.
Fondé il y a 160 ans, LDc emploie 22 000 personnes dans plus de 100 pays : ses activités vont du négoce de grains, d’huiles, de café, de coton, de jus d’agrumes, de sucre
et de produits laitiers aux métaux, aux transports maritimes et aux engrais.
PDf
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALiMeNtAtioN -
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ENTREPRISES
Industrie > France
STRATÉGIE/EPICERIE
Marius Bernard vise
une envergure nationale
La conserverie provençale Marius Bernard se verrait bien passer à une nouvelle étape
de son développement. Rachetée par Patrick Baillet en 2001, elle a vu son chiffre d’affaires croître de 3,5 millions d’euros à l’époque à 14,2 millions d’euros en 2014 et
vise 15 millions d’euros pour 2015. « Nous ne sommes déjà plus une PME régionale
mais pas encore une PME nationale, constate Patrick Baillet. Et aujourd’hui, il faut
faire 30 ou 40 millions d’euros de chiffre d’affaires et peser sur le plan européen. »
Pour aborder une nouvelle étape, la société, dont les produits reprenaient jusqu’à présent des recettes et des codes très provençaux, lance une gamme de sauces et condiments plus universelle. « Nous avons travaillé sur des recettes clean label, choisi des
ingrédients nobles, si possible sous appellation d’origine, et nous les avons mis en
avant sur le packaging », explique Margaux Baillet, en charge de la communication
et du marketing. Au menu, des mayonnaises, des chutneys et des sauces pour pâtes,
le tout dans un packaging épuré, loin de l’image provençale jusqu’ici véhiculée par
Marius Bernard. « Cette gamme doit nous permettre de sortir de nos frontières régionales et de proposer une offre au niveau national », explique Patrick Baillet.
contrairement à certains de ses concurrents, le dirigeant n’a pas développé d’activité
sous MDD. Les marques de la maison (produits à base de poisson, confiture et conditionnement d’épices) pèsent 60 % du chiffre d’affaires. Le reste est réalisé avec de la
sous-traitance pour de nombreuses marques d’épicerie. Basée à saint-chamas (13),
MD
l’entreprise emploie 75 personnes.
ACQUISITION/TRAITEUR
Natsu reprend Marco Polo
Marco Polo, le spécialiste des sushis frais et surgelés (marque Yedo sushi), évoluera
désormais dans le giron du groupe allemand natsu (sushis, sandwiches, traiteur frais).
La société, qui était contrôlée par European capital depuis 2008, a vu son chiffre d’affaires reculer significativement (de plus de 30 millions d’euros en 2012 à environ 25
millions d’euros en 2014, selon nos informations). Elle a notamment procédé à la fermeture ou la cession de filiales à l’étranger. La société allemande Wakame, acquise
en 2008, a ainsi été revendue. En France, Marco Polo n’avait pas anticipé le développement des bars à sushis, qui a obéré ses capacités de développement. La société
en a donc ouvert quelques uns, et développé de nouvelles gammes de produits, pour
devenir un traiteur japonais plus généraliste, et ne plus évoluer seulement sur le marché
du sushi. « Natsu va apporter à Marco Polo sa forte expertise logistique et cette opération permettra au groupe de bénéficier d’une usine performante et parfaitement
24 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
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ENTREPRISES
Industrie > France
située géographiquement pour produire et livrer des sushis, produits traiteurs et produits surgelés », nous a indiqué un porte-parole de l’entreprise. L’équipe de direction,
constituée autour d’Olivier Marchand (ex-unilever et Bénédicta), doit rester en place.
natsu, qui reste discret sur les chiffres, réaliserait une centaine de millions d’euros de
chiffre d’affaires.
MD
FINANCEMENT/NUTRITION ANIMALE
InVivo NSA valorisée
450 millions d’euros
inVivo nsA a été valorisée 450 millions d’euros dans le cadre de la levée de fonds
lancée à l’automne dernier. il s’agit d’une valorisation supérieure à ce qui était attendu
par inVivo, selon nos informations. L’augmentation de capital, dont la finalisation a
été présentée à la presse le 30 mars, atteint 215 millions d’euros. combinée à une
capacité d’endettement accrue, elle permettra à l’entreprise d’investir 400 à 500
millions dans les trois ans à venir, mais aussi de boucler le financement du rachat de
total Alimentos (Brésil), annoncé l’an dernier. Outre Eurazeo, l’augmentation de
capital a été souscrite par la caisse des Dépôts et consignations via Future French
champions, unigrains et idia (crédit Agricole), comme nous l’annoncions dans Agra
Alimentation le 26 février 2015. Eurazeo entre ainsi au capital à hauteur de 17 % et
chacun des autres actionnaires en détiendra 5,3 %. inVivo reste donc largement majoritaire avec les deux tiers du capital.
Présent dans le monde entier, notamment dans des marchés à fort potentiel, comme
le Brésil, le Mexique et l’Asie, inVivo nsA, filiale de l’union de coopératives inVivo,
réalise un chiffre d’affaires de plus de 1,5 milliard d’euros et compte près de 7 000
employés. D’ici à dix ans, l’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 2,8 à
3 milliards d’euros et 200 millions d’Ebitda.
Le chiffre d’affaires du groupe inVivo, également présent dans le négoce de céréales
et la distribution (Gamm Vert et tout récemment, la distribution alimentaire avec Frais
d’ici) a atteint 5,7 milliards d’euros sur 2013/2014. « InVivo pourrait envisager d’ouvrir le capital d’autres filiales, mais pas avant trois ans », indique un porte-parole.
Outre inVivo nsA, qui comptait déjà unigrains et crédit Agricole (qui ont réinvesti)
à son capital, une seule autre filiale d’inVivo compte un actionnaire extérieur pour
l’instant. il s’agit de semences de France, qui a reçu l’appui de sofiprotéol pour prendre
une participation dans RAGt semences.
MD
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALiMeNtAtioN -
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ENTREPRISES
Industrie > France
REPRISE/VIANDE
Les abattoirs AIM : 276 emplois sauvés
sur 590, selon l’avocate des salariés
Le tribunal de commerce de coutances (Manche) a validé lors de l’audience du 31
mars les deux seules offres de reprise déposées sur les abattoirs normands AiM, permettant de sauver 276 emplois sur 590, a indiqué l’avocate des salariés, Maître Elise
Brand, après une audience à huis clos. Les juges ont ainsi validé l’offre des salariés
via une société par actions simplifiée (sAs), qui conserve 206 emplois sur 357 dans
l’abattoir de porcs de sainte-cécile (Manche), ainsi que l’offre de l’entreprise bretonne chapin-Montfort (220 salariés) qui va reprendre 70 des 179 salariés de l’abattoir de bovins à Antrain (ille-et-Vilaine).
Les salariés détiendront 70 % du capital de la société anonyme, aux côtés d’une société
d’économie mixte (30 %), détenue par le département et la région. L’État s’engage à
apporter 2,5M€, sous la forme d’un prêt de la Banque publique d’investissement (BPi).
La sAs doit reconquérir les clients perdus depuis le redressement judiciaire décidé
en janvier et une grève de près de trois semaines des salariés. L’abattoir tue 3 000
porcs par semaine contre 13 000 fin 2014, selon sébastien Lafon, délégué cFE-cGE
d’AiM et président provisoire de la sAs qui va voir le jour le 8 avril.
AiM est l’un des derniers abattoirs indépendants. créée en 1956 et rachetée en 2003
par cap 50, l’entreprise était détenue majoritairement par cette coopérative d’éleveurs
de porcs. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 246,7 millions d’euros en 2013. Elle
possédait aussi des antennes à Dangy, saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et nogentPDf
le-Rotrou (Eure-et-Loir).
INVESTISSEMENT/EPICES > McCormick poursuit ses investissements industriels
sur ses sites vauclusiens. Le leader mondial des épices étoffe ses gammes Ducros
et Vahiné par la multiplication des références et le développement du premium.
McCormick conforte son pôle
d’excellence pour les produits
grands publics
A
PRès avoir consacré 100 M€ d’investissements depuis 2001, dont 5 M€ en 2014
(AgraAlimentation du 27 novembre 2014), dans une nouvelle tour de broyage
pour ses poivres, le groupe de Baltimore poursuit la modernisation de son outil
industriel carpentrassien à hauteur de 5,1 millions d’euros cette année. Mccormick
26 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
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ENTREPRISES
Industrie > France
prévoit de poursuivre ses investissements à hauteur de 2,5 M€ à 3 M€ en 2016 sur la
modernisation de ses lignes de poivres et d’herbes aromatiques. toujours sur carpentras, les installations de Vahiné, essentiellement consacrées au conditionnement
des produits d’aide aux desserts (marché en croissance de 0,7 % d’après l’iri), notamment pour à la pâtisserie (+ 2,7 %), bénéficieront de 430 000 € d’investissements pour
de nouvelles unités d’emballage. cette politique industrielle s’accompagne d’une stratégie commerciale de diversification et de clarification de l’offre de produits avec un
accroissement des références dans le cœur de gamme. En avril, une nouvelle gamme
déclinera des poivres numérotés de 1 à 10 du plus doux au plus fort.
ELARGISSEMENT DE LA GAMME
Pour les amateurs experts, Ducros élargit sa gamme premium de poivres au prix public
de 5 € qui précise l’origine géographique. Mccormick complète son offre de nouvelles épices comme le paprika piquant d’Espagne, mais aussi son offre premium avec
la coriandre, le gingembre et la cannelle torréfiés. Pour les herbes, les nouveaux process permettront, cette année, le lancement de produits séchés immédiatement après
leur récolte, conditionnés avec un nouvel opercule. Pour conquérir un public jeune,
Mccormick lance des mélanges prêts à l’usage déclinés dans les gammes « salad’Bar,
usA, tradition et Exotique ». Le leader mondial proposera des mélanges secs et des
sauces pour les burgers préparés à domicile et des sauces liquides (marinades) pour
barbecue. La gamme Vahiné adopte la même stratégie avec la démocratisation de produits professionnels déclinés pour le grand public comme le sirop de glucose, la levure
en pot, la colle de glucose, les colorants aux couleurs vives…
sur 2013/2014, le groupe Mccormick assure 17 % de ses ventes sur les marchés émergents et estime que l’innovation sur ces trois dernières années participe à hauteur de
8 % à 10 % de son chiffre d’affaires mondial. Le groupe a réalisé 4,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2013/2014 (3,9 Mrd euros), dont 300 millions d’euros en
France, répartis pour moitié entre Ducros et Vahiné avec 800 salariés, dont 694 sur quatre
sites dans le Vaucluse.
Emmanuel Brugvin
INVESTISSEMENTS/PRODUITS LAITIERS
Lactalis pourrait investir plus de 60 millions
d’euros en Ile-et-Vilaine
Lactalis programme de lourds investissements à Vitré (35) et surtout à Retiers (35),
selon des articles parus récemment dans Ouest France. une enveloppe de 54,3 millions
d’euros est prévue à Retiers pour le développement d’ingrédients laitiers à haute valeur
ajoutée, selon les informations communiquées par les collectivités locales. A Vitré,
l’investissement se monterait à 14,2 millions d’euros pour développer des productions lactées innovantes destinées à l’export et à accompagner la progression de la
fabrication de lait de consommation et d’alimentation médicale. Lactalis, qui ne comReproduction interdite
n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALiMeNtAtioN -
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ENTREPRISES
Industrie > France
mente pas ces informations, confirme seulement avoir déposé des dossiers auprès de
collectivités locales pour solliciter un soutien au financement de projets d’investissement. À noter, le groupe lavallois a par ailleurs présenté un projet de transfert des
activités de la Fromagère saint Georges, situées dans l’Aveyron. Le site, qui emploie
130 personnes, avait été inondé et ne réouvrira pas. La production sera transférée sur
le site voisin du Massesgros (Lozère), où 80 reclassements sont proposés. D’autres
reclassements devraient être proposés dans la région pour les 50 postes restants, indique
Michel nalet, directeur de la communication de Lactalis. Le projet est en cours de
discussion avec les instances représentatives du personnel.
MD
EN BREF
RESTRUCTURATION
Aldabra dans le giron de Grand Frais
Les actifs d’Aldabra, qui avait été placée
en liquidation judiciaire en début
d’année, sont repris par Grand Frais,
qui sauve ainsi une douzaine d’emplois,
selon L’echo le Valentinois du 7 mars.
Créée par Philippe Dubuisson, l’entreprise, qui avait démarré son activité de
première transformation de fruits et
légumes au Pouzin (07) fin 2013, n’a pas
réussi à décoller.
Roland Réauté cherche un investisseur
Les chocolats Roland Réauté et la SARL
Dupin, qui les commercialise, ainsi que
la holding Le Grand Vaugeois, ont été
placés en procédure de sauvegarde par
le tribunal de commerce de Laval le 4
mars dernier. Basée à Azé (53), la société
a développé, depuis 2009, un réseau de
boutiques, qui compte actuellement une
soixantaine de points de vente dont la
moitié en franchise. Au total, les différentes structures emploient plus de 150
personnes (200 en saison), selon ouest
France du 7 mars. Confrontée à un
endettement élevé et à un ralentissement de l’activité, la direction cherche
un investisseur.
PRODUIT
Heineken lance Edelweiss en France
Le portefeuille d’Heineken en France
(Desperados, Affligem, Pelforth…) va
28 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
s’enrichir d’une nouvelle marque. edelweiss, c’est son nom, est entrée dans
le giron du groupe néerlandais lors du
rachat de l’autrichien BBAG en 2003.
Brassée en Autriche, cette bière blanche
tire son parfum des saveurs issues des
fermentations des levures, sans ajout
d’arôme au brassin. trois références
de 25 cl sont lancées pour cette marque
dont la communication est axée sur l’origine alpine et la naturalité.
Saint Hubert lance des desserts au soja
Saint Hubert, le spécialiste des margarines, vient chasser sur les terres de
Sojasun (triballat Noyal) avec le lancement de desserts au soja baptisés «
Les petits plaisirs soja ». Cette nouvelle gamme est fabriquée par Novandie.
elle comprend six références : nature,
aux fruits avec morceaux (fraise, abricot
et framboise) et dessert (chocolat et
vanille). Nul doute que la GMS verra
arriver d’un bon œil une deuxième
marque nationale sur ce segment en
croissance à deux chiffres. Saint Hubert
appartient au fonds Montagu depuis
2012.
ALLIANCE
Kerlys se rapproche de l’Union
fermière morbihannaise
La conserverie de légumes Kerlys (Agromousquetaires) a présenté aux représentants des salariés un projet de rapprochement avec l’Union fermière
morbihannaise (Cecab, d’Aucy), selon
ouest France du 17 mars. Kerlys
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ENTREPRISES
Industrie > Europe
emploie 180 personnes (300 en saison)
à Locoal Mendon (56) et ses salariés craignent les conséquences de ce projet
pour l’emploi.
vestissements l’an passé et a « nettement
renforcé ses dépenses publicitaires ». Le
groupe ne communique aucun objectif
chiffré pour 2015.
RÉSULTATS
ACQUISITION
Croissance soutenue pour Tipiak
en 2014
tipiak annonce un chiffre d’affaires de
185,9 millions d’euros pour 2014, en hausse
de 6 %, grâce à la bonne santé de la marque
tipiak, dont les ventes ont progressé de
10 %. Le résultat opérationnel, à 7,9
millions d’euros, progresse plus modestement (+ 2,7 %) tandis que le résultat net
augmente de 11 %, à 4,5 millions d’euros.
tipiak a réalisé 8,9 millions d’euros d’in-
Cité Marine reprend l’usine Soparind
Bongrain de Verson
Savencia (ex-Soparind Bongrain)
confirme la cession de son site de Verson
(14), spécialisé dans les hachés de la
mer et les tartinables sous marques
Coraya et St Morêt. Le repreneur est
Cité Marine (groupe Nissui), dont le
siège est situé à Kervignac (56). Savencia
garde son site de Carentan (50), qui produit du surimi sous la marque Coraya.
RÉSULTAT/LAITS INFANTILES
Hochdorf compte poursuivre ses acquisitions
En 2014, le suisse Hochdorf a enregistré une hausse de 50,3 % de son Ebitda à 27,2
millions de francs suisses, pour un chiffre d’affaires de 428,7 millions (+14%). Le
groupe spécialisé dans les poudres de lait et les aliments pour bébés a vendu 99 155
tonnes de produits (hors activité d’échange de lait en Lituanie), soit 8,1 % de plus
qu’en 2013. son bénéfice net a fait quant à lui un bond en avant de 166,3 % à 16,1
millions cHF. Le groupe précise dans un communiqué publié le 26 mars que « tous
les domaines d’activité ont profité de facteurs positifs qui ont contribué à ce bon
résultat ». Le groupe prévoit de distribuer un dividende de 3,7 cHF par action (contre
3,2 cHF un an auparavant).
Pour 2015, Hochdorf prévoit un chiffre d’affaires proche de 580 à 620 millions cHF,
dont la croissance proviendra largement des acquisitions faites en 2014. L’an dernier,
le groupe a acquis la société allemande Marbacher Ölmühle GmbH et pris 60 % dans
le capital de uckermärker Milch GmbH et 26 % dans celui Ostmilch Handels GmbH,
dont la contribution au chiffre d’affaires n’interviendra qu’à compter de 2015. A noter
que malgré ces acquisitions, son ratio endettement net sur fonds propres reste à un
niveau satisfaisant de 43,2 % (contre 42,6 % en 2013).
coté perspectives pour 2015 toujours, « l’Ebit nominal sera légèrement inférieur à
celui enregistré en 2014, ceci en raison des acquisitions auxquelles nous avons procédé et à leur portefeuille de produits, il se situera dans une plage allant de 2,8 à
3 % » a déclaré Dr.thomas Eisenring, le cEO d’Hochdorf. En 2014, l’Ebit rapporté
au chiffre d’affaires était de 4,7 %.
Hochdorf compte continuer à croître par acquisitions dans les années qui viennent.
« Des investissements seront également nécessaires pour continuer à intégrer les rachats »,
Reproduction interdite
n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALiMeNtAtioN -
29
ENTREPRISES
Industrie > Europe
a expliqué Dr.thomas Eisenring le 26 mars, lors de la conférence de presse rapporte
le journal suisse Le Temps. « Nous ne procéderons toutefois à une augmentation de
capital que lorsque nous pourrons réaliser quelque chose de judicieux », a-t-il conclu.
Le groupe emploie plus de 573 personnes.
PDf
RÉSULTATS/CHOCOLAT
Un bon premier semestre
pour Barry Callebaut
Le suisse Barry callebaut, numéro un mondial du cacao, a publié le 31 mars des chiffres pour le premier semestre légèrement supérieurs aux attentes, malgré un environnement difficile pour le marché du chocolat. sur les six premiers mois de son exercice 2014/2015 (clos fin août), le résultat opérationnel avant intérêts et impôts (Ebit)
progresse de 8,7 % à 219,2 millions de francs suisses (210 M€), pour un chiffre d’affaires de 3,25 milliards de francs suisses (+11,6 %) (3 Mdr€). son bénéfice net s’inscrit à 132,4 millions de francs suisses (126,7 M€) en hausse de 10,7%. Les volumes
de ventes ont quant à eux augmenté de 2% à 893 437 tonnes, alors que dans le même
temps le marché mondial de la confiserie en chocolat dans son ensemble s’est contracté
de -1,5 %. « Notre croissance des volumes a accéléré, contrairement au marché mondial de la confiserie en chocolat qui montre actuellement des signes de faiblesse », a
déclaré Juergen steinemann, son directeur général, cité dans le communiqué. « Sous
réserve des effets de change qui devraient avoir un impact négatif sur notre bénéfice,
nous confirmons nos objectifs à moyen terme », a ajouté le patron de Barry callebaut.
Le groupe vise une croissance annuelle moyenne de 6 à 8 % du volume et un Ebit par
tonne rétabli à 256 francs suisse en 2015/2016 au niveau d’avant l’acquisition de Petra
Food (contre 245,3 cHF au premier semestre 2014/2015).
EN BREF
EUROPE
Nouveau projet d’alliance pour DOC
Kaas et DMK
Les coopératives DoC Kaas (Pays Bas)
et allemande DMK (Allemagne), dont le
projet de fusion avait été refusé par les
coopérateurs néerlandais en 2011, vont
proposer un nouveau projet à leurs
adhérents, a annoncé DMK le 19 mars.
Cette nouvelle mouture permettrait à
Doc Kaas de rejoindre DMK tout en
garantissant l’autonomie des deux coo-
30 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
pératives. Le projet sera examiné lors
des assemblées générales du mois de
juin. DMK, plus grosse coopérative laitière allemande, a réalisé un chiffre
d’affaires de 5,3 milliards d’euros en
2014. Doc Kaas, spécialiste du fromage,
réalise pour sa part 550 millions d’euros
selon Lebensmittelzeitung.
ALLEMAGNE
Tönnies reprend Thomsen
tönnies, leader allemand de la viande,
reprend thomsen, spécialiste de l’abattage découpe, rapporte Lebensmittelzeitung le 20 mars. L’entreprise
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ENTREPRISES
Industrie > Europe
emploie 85 personnes sur deux sites de
production (Bad Bramstedt et Kellinghusen). elle abat 300 000 porcs et 28
000 bovins par an. tönnies réalise plus
de 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
DANEMARK
Danish Crown réduit la voilure
à Ringsted
Face au déclin de la production porcine
au Danemark, Danish Crown a annoncé,
le 13 mars, son intention de restructurer l’abattoir de Ringsted. Ses capacités seront réduites afin de n’abattre
que des porcs de la région de Zélande
(il abat actuellement des porcs acheminés depuis d’autres régions du Danemark). Cette restructuration va entraîner
la suppression de 280 postes. Danish
Crown, qui a réalisé un chiffre d’affaires
de 58 milliards de couronnes danoises
en 2013/2014 (7,7 milliards d’euros),
emploie 26 000 personnes et projette
une fusion avec tican, qui doit être
validée par les autorités de la concurrence (voir Agra Alimentation du 5 mars).
ESPAGNE
Nestlé investit 102 millions d’euros
dans l’usine Nescafé de Gérone
Le suisse Nestlé a annoncé le 25 mars
un investissement de 102 millions
d’euros dans son usine de Gérone en
espagne. Ce site deviendra ainsi son
plus grand centre de production de café
soluble en europe et le troisième dans
le monde, derrière le Brésil et le
Mexique. Cet investissement permettra
d’augmenter la capacité de production
de 30 %, autour de 30 000 tonnes par
an à partir de 2017, qui sera entièrement destinée à l’exportation. Aujourd’hui, l’usine de Gérone exporte 74 %
de sa production dans plus de 70 pays.
« Avec la nouvelle installation, nous
entrerons dans de nouveaux pays en
europe et au Moyen-orient sans doute
», a indiqué Miquel Serra, le directeur
technique de Nestlé, cité par el Pais.
Reproduction interdite
Cette extension permettra également
de créer 30 à 40 emplois supplémentaires (700 personnes actuellement).
Le géant suisse qui est présent dans la
région depuis 1968 pour le café instantané, a investi 236 millions d’euros dans
cette usine durant la période 2007/2014.
ROYAUME UNI
Quorn Foods pourrait
changer d’actionnaires
Quorn Foods aurait été mis en vente
par son actionnaire, le fonds exponent
Private equity, dans une fourchette de
prix comprise entre 400 et 500 M£ (entre
547 et 684 M€). Selon différentes
sources, des pourparlers auraient été
engagés avec WhiteWave Foods, un des
leaders américains des aliments à base
de végétaux, l’américain Pinnacle, mais
aussi Hain Celestial ou encore Nestlé.
Quorn Foods a par ailleurs annoncé un
plan d’investissement de 40 M£ (37 M€)
sur les 12 prochains mois pour assurer
son développement. L’entreprise
anglaise spécialisée dans les plats préparés végétariens se prépare à aborder
des nouveaux segments de marchés
(végétalien, sans gluten…) et ne cache
pas ses ambitions. Ses dirigeants visent
un chiffre d’affaires de 1 M$ de CA (0,95
milliard d’euros) d’ici à 10 ans, contre
150 M£ (140 M€) en 2014 en hausse de
7 % (+16 % en volumes). Quorn prévoit
un doublement de ses ventes en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas
au cours des 12 prochains mois et
compte s’établir dans un nouveau pays
en 2015.
ETATS-UNIS
Tyson se positionne sur
les antibiotiques en élevage
Depuis l’annonce par McDonalds de sa
décision de s’approvisionner en poulets élevés sans certains antibiotiques
(voir Agra Alimentation du 19 mars), les
actions de son fournisseur tyson Foods,
numéro un mondial de la production de
poulets, sont chahutées en Bourse.
n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALiMeNtAtioN -
31
ENTREPRISES
Denis Leathery, directeur financier du
groupe dont McDonalds est un des 10
clients les plus importants, a fait une
petite mise au point à Londres la
semaine dernière lors d’une conférence
devant les analystes. « Nous nous associons à la décision de McDonalds parce
que nous avons déjà travaillé de manière
très étroite avec eux sur cette ques-
32 - AGRA ALiMeNtAtioN - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
Industrie > Monde
tion. » Les antibiotiques destinés aux
humains ont été supprimés des poussinières en octobre 2014, depuis janvier 2015, ils ne sont plus utilisés dans
l’alimentation des volailles et l’entreprise annonce avoir réduit de 84 % l’usage de ces antibiotiques dans les élevages entre 2011 et 2014.
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Uurs enHebdo
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L’agence d’information agro-économique
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ENTREPRISES
Commerce > France
DISTRIBUTION/ACQUISITION > Le boulanger industriel Aryzta devrait reprendre
49 % de Picard à Lion Capital avec une option d’achat. Le distributeur de surgelés,
qui a appartenu successivement à quatre fonds, pourrait ainsi prendre appui sur un
industriel largement internationalisé.
Aryzta pourrait-il
internationaliser Picard ?
L
A success story de Picard pourrait-elle dépasser le cadre franco-français avec un
nouvel actionnaire ? Le boulanger industriel Aryzta, coté à la Bourse de Zurich
et très internationalisé, est entré en négociations exclusives avec Lion Capital
pour reprendre 49 % du capital de Picard, a-t-il annoncé dans un communiqué le 31
mars. Cette opération s’accompagnera d’une option d’achat des 51 % restants d’ici
trois à cinq ans. En attendant, le groupe suisse disposera de deux sièges au conseil
d’administration de Picard.
UNE OPÉRATION À 2,25 MILLIARDS D’EUROS
Picard est valorisé à 2,25 milliards d’euros (dont 1,3 milliard d’euros de reprise de
dette), sur la base d’un chiffre d’affaires de 1,35 milliard d’euros sur 2014/2015 (exercice clos à fin mars) et d’un résultat d’exploitation de 192 millions d’euros. Aryzta
devra donc investir 446,6 millions d’euros pour cette première tranche de l’opération,
auxquels il faudra ajouter d’importantes reprises de dettes. Lion Capital a en effet fait
récemment bondir la dette de Picard pour faire remonter 602 millions d’euros de dividende (Agra Alimentation du 12 février 2015).
Le réseau Picard en France
Arytza financera l’acquisition avec les revenus issus de la
(928 magasins en septembre 2014)
cession de plus de la moitié de sa participation dans sa filiale
irlandaise Origin, dédiée aux fourrages et aux engrais. Owen
Killian, directeur général du groupe, présente d’ailleurs ces
Nord :
58 magasins
deux opérations comme une façon pour le groupe de remonter
la
chaîne de valeur. Et souligne les bonnes performances de
Région parisienne :
Est :
339 magasins
Picard,
dont le résultat d’exploitation a progressé de 3 %
42 magasins
chaque année depuis cinq ans, et la part de marché de 2 %
Ouest : 125
annuellement sur la même période.
magasins
Centre-Ouest:
41 magasins
Source : Aryzta
Sud-Ouest:
76 magasins
La Réunion :
7 magasins
Centre-Est :
94 magasins
Sud-Est :
144 magasins
Corse :
2 magasins
34 - AGRA ALIMENTATION - n°2328 - jeudi 2 avril 2015
LA CLÉ DE L’INTERNATIONALISATION ?
Ce rapprochement Arytza-Picard « peut être une bonne complémentarité », a déclaré un proche du dossier à l’AFP.
Arytza « pourra être un vrai soutien à l’international », at-il ajouté. De fait, si Picard a orchestré une réelle success
story en France, le groupe est encore très (trop ?) peu internationalisé. Présent en Italie (où il n’a jamais vraiment
décollé), en Belgique et Suède, il a annoncé l’an passé son
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ENTREPRISES
Commerce > France
Les vventes
entes de Picard
Picard en 2014,, par
p pr
produit
oduit
Boulang
Boulangerie
ngeerie
FFruits
ruits et légumes
ie 2 %
Epicerie
Desserts
Desser
ts Epicer
19 %
2%
7%
Crèmes glacées
ée
8%
Viande
and
12
2%
Plats
prépa
arés
préparés
16 %
on
Poisson
17 %
développement au Japon en partenariat avec
Aeon. En attendant, fort de plus de 920 points
de vente en France et d’une part de marché de
près de 19 %, il a annoncé récemment vouloir
se développer sous franchise dans des zones
rurales, particulièrement consommatrices de
produits surgelés.
Entrées
17 %
ARYZTA EST TRÈS INTERNATIONALISÉ
Si la reprise par Aryzta aboutit, Picard, qui a été
racheté successivement par quatre fonds depuis
sa cession par Carrefour en 2001, reviendrait dans le giron d’un industriel, dont on
peut penser qu’il se projette à plus long terme qu’un fonds dans l’opération.
Aryzta, spécialiste des produits de boulangerie/pâtisserie et traiteur surgelés à destination des professionnels, dispose d’une
solide implantation à l’international,
DEUXIÈME OPÉRATION
dans
toute l’Europe (47 % des ventes),
ENTRE LION CAPITAL ET ARYZTA
mais aussi en Amérique du Nord (47 %
Pour la petite histoire, Lion Capital tion naît Aryzta, qui, après avoir cédé
des ventes également). Le groupe a réaet Aryzta se connaissent depuis 2008. ses activités amont devrait à terme
lisé un chiffre d’affaires de 4,8 milliards
A cette époque, l’irlandais IAWS rep- racheter Picard à… Lion Capital. L'orend 32 % du capital du suisse Hies- pération est soumise au feu vert des
d’euros en 2014 (+ 6,6 % par rapport à
tand à Lion Capital pour fusionner autorités de la concurrence.
2013) et un résultat d’exploitation de
les deux activités. De cette opéra566 millions d’euros (+ 18,9 %). MD
Source : Ar
Aryzta
yzta
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n°2328 - jeudi 2 avril 2015 - AGRA ALIMENTATION -
35
AGENDA
alimentation
Hebdomadaire édité par
AGRA, SAS au capital
de 330 846 euros
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2, av. du Pays de Caen Colombelles
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RÉDACTION
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Rédacteurs
Marine Digabel,
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Éditrice commerciale:
AVRIL
18 & 19
22 au 31
1-4
Premier salon
des allergies
alimentaires 2015
à Montpellier
Paris Beer Week
Rens. :
http://laparisbeerweek.
ISM
(salon de la confiserie),
Cologne
JUIN
21 au 23
11 & 12
agenda
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Laval Virtual, les technologies
et usages du virtuel
Atelier Agroalimentaire &
Nutrition, à Laval
Rens. : laval-virtual.org
14 & 15
Forum Vitagora, à Dijon
Seafood Expo Global ,
à Bruxelles
www.seafoodexpo.com
MAI
Colloque
17èmes entretiens de
nutrition
Institut Pasteur de Lille
Du 1er mai au 31 octobre
Exposition Universelle de
Milan
www.expo2015.org
Axelle Chrismann
01 42 74 29 07
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de la publication :
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Réussir SA &
Agra Investissement
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(01 42 74 28 16)
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