Polar Bear - FRAC Basse

Transcription

Polar Bear - FRAC Basse
LE FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN BASSE -NORMANDIE
PRÉSENTE
GILLES AILLAUD
COLLECTION FRAC BASSE-NORMANDIE
Exposition en écoles élémentaires 2008-2009
9 RUE VAUBENARD 14000 CAEN 02 31 93 09 00 www.frac-bn.org
Le Frac bénéficie du soutien du Ministère de la Culture, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Basse-Normandie
et du Conseil Régional de Basse-Normandie.
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
SOMMAIRE
- P RÉSENTATION
- T EXTE DE
DU FRAC BASSE -NORMANDIE
PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION
GILLES AILLAUD
- GILLES AILLAUD - N OTICE BIOGRAPHIQUE
- LES
TECNIQUES UTILISÉES PAR
GILLES AILLAUD : LA LITHOGRAPHIE, L’AQUARELLE
- LA REPRÉSENTATION DU MONDE ANIMAL DANS LA COLLECTION DU FRAC BASSE-N ORMANDIE
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LE FRAC BASSE-NORMANDIE
Une histoire de l’art au présent
C’est bien en ces termes paradoxaux que peut se nommer l’action des Frac. Dès 1983, le parti a été
pris de réunir des œuvres qui n’avaient à priori que leur seule contemporanéité à faire valoir, afin de constituer un patrimoine, trésor régional au risque du présent.
La collection du Frac Basse-Normandie fait état aujourd’hui de plus de 900 œuvres de près de 400
artistes. En évolution permanente, la collection trouve sa cohérence dans des lignes de force qui vont de
la peinture abstraite à un ensemble photographique qui s’approprie le paysage, le portrait, le corps et
dont une large part fait écho à la construction d’une image en relation à l’architecture. Plus récemment,
c’est la place de l’humain dans la société contemporaine (systèmes urbains, sociaux et informatifs) qui
est questionnée dans des œuvres aux médiums diversifiés (photographie, sculpture, vidéo, installation).
Enfin une section est consacrée aux œuvres en rapport à l’Histoire contemporaine.
Une collection en mouvement
D’abord conçue comme un ensemble d’œuvres disponibles pour des expositions sur le territoire régional dans les différents lieux susceptibles de les accueillir (musées, centres, d’art, centres culturels,
sites historiques), le Frac Basse-Normandie bénéficie depuis 1996 d’espaces d’expositions propres.
L’activité d’expositions se répartit donc selon ces deux axes : l’un de diffusion de la collection sur le territoire régional, l’autre d’expositions au Frac dans lesquelles sont invités des artistes contemporains
dans des expositions monographiques ou thématiques. Il est en effet essentiel au Frac d’être en contact
direct avec la création contemporaine, échanges fructueux dans le flux vivant de l’actualité de l’art.
La rencontre
Outre cette rencontre permanente par l’exposition, c’est à une éducation du regard et à la sensibilisation
des publics que le Frac Basse-Normandie consacre une large part de son activité. Les services culturels
et éducatifs mettent en place ces formations dans le cadre de nombreux échanges et collaborations qui
vont de l’école primaire à l’université. Au public adulte, il est proposé des rencontres avec des artistes,
des conférences, des soirées vidéo ou encore la visite commentée du samedi après-midi.
Le Frac propose en accès libre un important fonds documentaire, monographies d’artistes contemporains, ouvrages généraux et revues. La banque de données Vidéomuseum qui répertorie l’ensemble des
collections des Frac et des principaux musées d’art contemporain français y est consultable.
La collection du Frac Basse-Normandie est à présent consultable en ligne : www.frac-bn.org
Contact pour les enseignants : Julie Laisney, Chargée des publics
[email protected] tél.: 02 31 93 92 41
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
TEXTE DE PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION
“Enfant, je faisais des tableaux d’animaux, j’allais
dessiner au Jardin des plantes avec ma soeur, un
tableau par jour, des flamants roses qui s’envolaient, des scènes rêvées...” (Gilles Aillaud, propos recueillis par Annie Mignard, Libération, 18
avril 1978).
Crocodile, 1985, lithographie, 75 x 100 cm
Lion, 1981, aquarelle sur papier, 47 x 70 cm
Singes, 1980, aquarelle sur papier, 50x 65 cm
Gilles Aillaud consacre l’essentiel de son oeuvre à
la représentation des animaux au sein de l’espace
zoologique. Dans la collection du Frac BasseNormandie, une peinture (L’Arbre aux singes,
1980), deux aquarelles (Lion, 1981 et Singes, 1980)
et une lithographie (Crocodile, 1985) témoignent
de la diversité des moyens d’expression avec
lesquels s’élabore cet univers singulier.
Dans ses oeuvres sur papier, Gilles Aillaud utilise
les techniques de la lithographie et de l’aquarelle
avec une grande économie de moyens : crocodile
suggéré par un trait noir assorti de rares indications d’ombres ou de reliefs, lion et singes par
quelques tâches de couleur. A chaque fois, le
blanc de réserve occupe la quasi totalité de la surface de la page. Ces oeuvres, qui tendent vers l’abstraction, n’en parviennent pas moins à exprimer
l’essentiel. Le crocodile apparaît ainsi dans son
inquiétante immobilité, le lion dans son repos
impérial, les singes dans leur mouvement frénétique.
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
GILLES AILLAUD - NOTICE BIOGRAPHIQUE
Gilles Aillaud est né en 1928 à Paris, il est décédé en 2005 à Paris.
“Gilles Aillaud peint depuis son jeune âge ; il réalise durant son adolescence une toile par jour. Il est aussi intimement lié aux mots, par la
philosophie qu’il étudie à l’université, par un travail d’écriture poétique
ou plus tardivement, théâtrale.
Il expose pour la première fois en 1950 mais reste dans un isolement
total pendant près de dix ans. Cependant, en réaction à la situation de
la scène artistique française des années soixante, il adopte une position radicalement critique. En effet, sensible à ce qu’il estime être l’enlisement de la pratique picturale dans la filiation de l’Ecole de Paris (1)
mais aussi dans les tentations d’un héritage moderniste issu de Marcel
Duchamp, il participe en 1964 à l’exposition Mythologies quotidiennes
Gilles Aillaud
organisée à l’Arc (Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris), puis de
manière plus fracassante, en 1965, au Salon de la jeune peinture. Arroyo, Parré, Recalcati, Biras,
Cueco et Tisserand sont présents à ses côtés, avec un thème commun : L’Hommage au vert. Toutes
les toiles, quel qu’en soit l’auteur, sont ainsi traitées de la même couleur ; Aillaud pour sa part
envoie une scène représentant un phoque dans un zoo.
En septembre de la même année, Aillaud,
Arroyo et Recalcati proposent pour La
Figuration Narrative(2), à la galerie Greuse,
une oeuvre collective composée de huit
toiles : Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp. Les auteurs
s’expriment clairement sur leur geste pour
le moins provocateur : « Comment peut-on
n’avoir pas compris que la personnalité du
choix préférée à la personnalité du métier
n’est au contraire qu’un pas de plus dans
l’exaltation de la toute puissance et de
l’idéalité de l’acte créateur » (Jean Clair).
Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo, Antonio Recalcati, Vivre et laisser
mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp, 1965
Si cette démarche contribue à dresser le
8 toiles, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia
procès des avant-gardes, selon une position
militante accordée au débat politique de l’heure, marqué par le refus d’une collusion avec un art
individualiste et bourgeois, elle participe néanmoins pour Aillaud d’une approche fondamentale de
la peinture : « Il ne s’agit pas en art d’inventer mais de montrer ce qui est “.
« Ce qui est » concerne alors un thème unique, celui d’animaux vus à travers le prisme d’une catégorie particulière de musée, le zoo. Cages, fosses, végétations et plans d’eau constituent le fauxsemblant de nature dans lequel est située une faune variée. Loin de revendiquer un quelconque
souci narratif ou documentaire, ces images s’affirment au contraire par un maximum de transparence qui exclut toute référence autre que la peinture elle-même : « J’ai toujours dit qu’un hippopotame n’était jamais qu’un hippopotame et pas une image de l’homme. Et malgré cela, des tas
de gens ont interprété comme si elle était symbolique ma peinture alors qu’elle ne l’est pas du
tout ».
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
GILLES AILLAUD - NOTICE BIOGRAPHIQUE (suite)
La facture, neutre et minutieuse affiche volontiers une
économie de moyens rappelant les panneaux publicitaires de cinéma, un effet de distanciation proche des
préoccupations de Bertold Brecht. (...)
Lorsque l’artiste renoue avec le paysage, abordé dans
les années cinquante, il ne s’agit pas tant d’une rupture que de la poursuite d’une expérience de la fausse
évidence des apparences. Marée basse et les deux
Marée basse - rochers, réalisées la même année à
Etables sur Mer, en Côtes d’Armor, marquent les
étapes d’un parcours de mise à distance radicale du
plein vers le vide. Ainsi, l’une de ces aquarelles Marée basse-rochers, 1983
esquisse d’une toile peinte en 1983 et conservée au
aquarelle sur papier, 45,5 x 64 cm
Château Musée de Dieppe - offre un espace bloqué
Collection Frac Bretagne
par des masses rocheuses, aux allures zoomorphes
alors que les deux autres vues se vident peu à peu de toute présence pour inviter le regard à capter
le presque rien du réel, « l’essentiel du visible dans sa mobilité »”.
(Brigitte Charpentier, “Gilles Aillaud”, Panoramas. 1981-1996, la collection du Frac Bretagne, 1997)
Ecole de Paris est un terme qui désigne un fait historique et non un mouvement artistique cohérent. Ce terme créé
(1) L'E
de toutes pièces en 1925 par le critique d'art, André Walnod a tout d'abord servi à désigner les très nombreux artistes,
venus de tous les horizons, qui se retrouvèrent à Paris du début du XXème siècle à la deuxième guerre mondiale et qui
firent de Paris la Capitale du monde des Arts ouverte à toutes les tendances, à toutes les expériences artistiques et à
toutes les recherches. Le terme réunit par la suite un ensemble d’artistes peintres, souvent très différents les uns des
autres, qui travaillèrent à Paris entre 1945 et 1960 et qui revendiquèrent tous la pratique d‘une peinture, qualifiée par Jean
Bazaine, de « non figurative ». Français ou de nationalités différentes, chacun d’eux, à sa manière, tint une place qui eut
son importance dans le monde artistique et intellectuel de l’après-guerre. La première exposition personnelle d’Atlan a
lieu en 1944 ; il meurt en 1960. Remarquable coloriste, Estève est considéré comme un peintre majeur de l’« Ecole de Paris
». Fautrier « dira » toujours la colère des survivants, Hartung le désespoir devant l’horreur d’un passé si récent. De Staël,
lui, dit : « Je n’ai jamais trouvé d’autres issues que la peinture pour libérer ma vie de toutes les inquiétudes ».
(2) Figuration narrative : “Gérard Gassiot-Talabot est à l’initiative de ce mouvement qui réunit des peintres figuratifs
européens vivant en France. Deux expositions organisés par le critique en fixent les principales caractéristiques :
Mythologies quotidiennes, présentée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1964, et la Figuration narrative dans
l’art contemporain, proposée à la galerie Creuze dès l’année suivante. (...) Si l’iconographie, directement puisée dans le
monde quotidien, ressemble à celle du Pop Art, elle est utilisée en contre modèle de la société américaine. Les acteurs
de la Figuration narrative, proches du marxisme pour la plupart, prônent un art subversif et réalisent une peinture
engagée à la fois politiquement et socialement. Pour mettre en exergue le contenu, ils choisissent non seulement une
esthétique distanciée - luttant contre les notions d’originalité et de singularité - obtenue à l’aide de productions
mécaniques telles que le report photographique mais surtout une technique d’aplas et de cernes apposés sur des formats
monumentaux. Ce sont en effet souvent des polyptyques qui, par leur fragmentation, offrent une structure narrative. La
référence au cinéma est évidente dans la construction, le cadrage, le hors champ ou les plans-séquences. Elle est au service d’un discours critique, ironique et satirique. La plupart des artistes dont l’art incite à la révolte seront actifs lors des
évènements de Mai 68.” (Daniel Soutif (dir.), L’art du XXe siècle 1939-2002, Citadelles & Mazenod, 2005)
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LES TECHNIQUES UTILISÉES PAR GILLES AILLAUD (I) :
L’aquarelle ( Lion et Singes) :
L’aquarelle est constituée de pigments colorés et d’un liant.
Elle est utilisée selon la technique du lavis, c’est-à-dire
diluée avec plus ou moins d’eau. Elle est appliquée sur un
papier épais humidifié ou non au préalable et tendu afin de
ne pas gondoler.
“La peinture à l'aquarelle se distingue de toutes les autres
techniques picturales. Ne serait-ce que par la transparence
de l'aquarelle qui laisse filtrer le blanc du papier et lui confère cette luminosité et ce brillant inégalés. Mais cette transparence impose des contraintes qu'un profane ne saurait dominer sans préparation. D'une part avec
l'aquarelle on ne peut recouvrir une couleur foncée d'une couleur claire il faut donc travailler du
plus clair au plus foncé. D'autre part cette contrainte suppose une démarche organisée dont la
réussite ne tolère aucune retouche. En aquarelle le seul blanc dont on dispose est celui du papier,
il importe donc d'en réserver les emplacements.” (Bruno Groensteen)
La lithographie ( Crocodile) :
La lithographie est un type d’estampe particulier. Une
estampe est une œuvre imprimée impliquant la présence
d’une matrice grâce à laquelle on obtient une empreinte,
c’est-à-dire un report encré sur une feuille de papier, cette
opération pouvant être répétée autant de fois qu’on le désire.
L’estampe est divisée en trois familles principales : les techniques de gravure en relief (linogravure, xylographie), les
techniques de gravure en creux (burin, eau forte), les techniques d’impression à plat (sérigraphie, lithographie, monotype).
La lithographie (du grec lithos, pierre, et graphein, écriture) a été inventée par Aloïs Senefelder en
1796. Le principe réside, pour l’essentiel, dans l’incompatibilité chimique entre l’eau et les corps
gras sur la surface plane et préparée d’une pierre calcaire. La lithographie permet un travail d’une
très grande souplesse : l’artiste dessine sur la pierre avec un matériau gras (encre lithographique
ou crayon lithographique), le dessin terminé, il est fixé sur la pierre à l’aide d’une solution acide.
Avant le passage du rouleau encreur, la pierre est abondemment mouillée sur toute sa surface : le
principe de répulsion des corps gras et de l’eau fait que l’encre ne viendra se déposer que sur les
zones correspondant au dessin initial. La pierre peut alors être placée sur une presse afin d’obtenir
l’empreinte de l’encrage sur la feuille de papier. L’estampe en couleur est réalisée à l’aide de
plusieurs pierres, portant chacune l’une des couleurs.
Voir page suivante les différentes étapes de la réalisation d’une lithographie.
(source : www.artotheque-caen.net)
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LES TECHNIQUES UTILISÉES PAR GILLES AILLAUD (II) :
1. Dessin sur la pierre avec un matériau gras
2. Le dessin est fixé sur la pierre à l'aide d'une
solution acide
3. La pierre est abondemment mouillée sur toute
sa surface
4. Encrage de la pierre à l'aide d'un rouleau
5. La feuille est posée sur la pierre
6. Ajustement du rateau de la presse
7. La presse est actionnée
8. La feuille est imprimée
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LA
REPRÉSENTATION DU MONDE ANIMAL DANS LA COLLECTION DU
FRAC BASSE-NORMANDIE (I) : ces oeu-
vres seront présentées au Frac du 12 au 23 février 2009 dans le cadre de “À FRAC ouvert”.
Gilles AILLAUD (1928 - 2005)
L'arbre aux singes, 1980
huile sur toile, 200 x 163 cm
L'arbre aux singes propose au spectateur une vue plongeante
et distante sur la fosse aux singes d’un zoo. Les primates,
rapidement esquissés, forment de petites tâches colorées et
contrastent ainsi avec l’architecture cylindrique et monumentale qui constitue leur environnement quotidien. Seuls deux
arbres artificiels offrent à leurs jeux un faux-semblant de
nature alors que derrière le mur apparaît, proche mais inaccessible, un coin de verdure.
Paul REBEYROLLE (1926 - 2005)
Grand Poisson et tas de sel, 1986
technique mixte sur toile, 194 x 113,5 cm
“Influencé par Soutine et Picasso, Paul Rebeyrolle commence à peindre dans les années 1940. Dans un premier temps classé avec les
artistes de la figuration, Rebeyrolle a peu à peu gagné le droit de
transgresser les catégories, au fil de séries thématiques qu’il
enchaîne avec une colère intacte depuis les années de son engagement communiste. En effet, celui qu’on a appelé le “peintre du refus
et de l’indignation” use des moyens les plus expressifs de la peinture
pour dénoncer les iniquités sociales, comme dans ces fameux cycles
politiques des années 1970 (Coexistences). Sa peinture, marquée par
l’oeuvre de Courbet, naît d’un matérialisme exhubérant. Des empâtements, des projections, des collages de papier ou d’éléments
naturels bruts (terre, bois, déchets) dialoguent avec des corps
humains écorchés vifs ou des allégories animales (chiens, sangliers)
dans lesquelles la figure domine à partir des années 1980. Le
paysage et la nature sont un écho douloureux à cet enfer de l’aliénation sociale et de l’inévitable déchéance charnelle.” (Le livre du Frac-Collection Aquitaine - Panorama de
l’art d’aujourd’hui, éditions Le Festin, 2002)
Grand poisson et tas de sel s’inscrit dans la tradition de la nature morte tout en la renouvelant : monumentalité et verticalité du tableau, matériaux divers (tissu, gravillons, sable) collés sur la toile où ils se
mêlent à des empâtements de peinture, expressivité du poisson qui, à l’instar des êtres humains peints
par Paul Rebeyrolle, semble se tordre de douleur.
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LA REPRÉSENTATION
DU MONDE ANIMAL DANS LA COLLECTION DU
FRAC BASSE -NORMANDIE (II) : ces oeu-
vres seront présentées au Frac du 12 au 23 février 2009 dans le cadre de “À FRAC ouvert”.
Alain SÉCHAS (1955)
Barnett, 2006
acrylique sur toile, 240 x 192 cm
“Le travail d’Alain Séchas se caractérise par un aspect burlesque et absurde, la diversité des supports et des techniques
avec une prédilection pour le dessin. (...) Détestant la mise à
distance ironique que s’imposent de nombreux artistes, il
defend le statut d’humoriste, ouvert aux autres, à tous les
publics. L’artiste, à l’origine enseignant, utilise des formes
inspirées de la bande dessinée (tels ses chats, personnages
récurrents depuis 1996) qui traduisent une volonté pédagogique
et fédératrice. Ces figures, mises en scène dans des situations
souvent dramatiques, pointent la cruauté des rapports sociaux.
Occupant l’espace d’exposition, certaines, à l’aspect lisse et
froid, deviennent d’imposantes sculptures qui menacent plutôt
qu’elles ne séduisent. Des films d’animation aux peintures, des
simples dessins aux installations, Alain Séchas tente donc de
faire passer son message à tous.” (Le livre du Frac-Collection Aquitaine - Panorama de l’art d’aujourd’hui, éditions Le Festin, 2002)
Dans un ensemble de tableaux récents (2006-2007), Alain Séchas revisite, non sans humour et regard
critique, l'histoire de l'art. Aidé dans cette nouvelle aventure de ses comparses habituels, chats et martiens, il emprunte aux artistes phare de l'avant-garde et de l'art moderne (Constantin Brancusi, Alberto
Giacometti, Jackson Pollock, Barnett Newman) les sujets emblématiques de leurs œuvres. Une certaine
familiarité avec ces « icônes » modernes est encore accentuée par l'emploi des prénoms des artistes en
guise de titres : Jackson, Alberto, Constantin (le signal), Barnett, Henri. En adoptant la posture de
l'artiste conceptuel qui délègue la réalisation du tableau (ici à partir d'un dessin) à un assistant, il
adresse un autre clin d'œil à l'histoire de l'art récente.
Alain SÉCHAS (1955)
Photomatou, 2007
CD de 14 images avec droit de tirage pour réaliser
l’installation de 14 affiches sur palettes, chaque
affiche : 84 x 60 cm
14 dessins originaux intitulés Photomatou archive,
feutre sur papier, chaque dessin : 42 x 29,7 cm
Avec l’installation Photomatou, Alain Séchas met à la
disposition du public 14 affiches qui sont autant de
“photomatons de matous”. Caractérisés comme tous
les dessins d’Alain Séchas par une grande écoonomie
du trait, ceux-ci proposent un large éventail d’expressions qui renvoient à autant d’archétypes de comportements humains. Selon l’artiste, chaque spectateur pourra s’y reconnaître et emportera le (ou les)
affiche(s) qui lui ressemble(nt) le plus.
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LA REPRÉSENTATION DU MONDE ANIMAL DANS LA
COLLECTION DU
FRAC BASSE-NORMANDIE (III) : ces oeu-
vres seront présentées au Frac du 12 au 23 février 2009 dans le cadre de “À FRAC ouvert”.
Noël DOLLA (1945)
La Mouche rose,13 août 1997
fumée, peinture, vernis synthétique sur aluminium, 70 x 50 cm
Empruntant des voies multiples, apparemment contradictoires
parfois, Noël Dolla ne cesse d'explorer selon ses propres termes
«l'abstraction dans tous ses états ». Les matériaux de la peinture
sont confrontés à la trivialité du support avec les étendoirs de
mouchoirs ou de serpillières de draps trempés de peinture ; avec
les longues bandes de tarlatane imprégnées de teinture c'est le
geste pictural qui est mis en question. Quittant le support de la
toile, Dolla investit l'espace alentours, plage, montagne avec des
actions de ponctuations et de lignes qu'il intitule Restructurations
spatiales. De sa retraite Niçoise, où il s'adonne à la pêche au
mulet, il construit des variations autour du leurre, ready made puis
support d'exercices colorés et festifs, sculpture enfin, devenu l'objet symbole du factice et de l'artifice. Faisant retour au plan du
tableau il expérimente de nouvelles pratiques (les Instantanés de
fumée), il compose des assemblages et des montages de tableau
et d'objets (les Jalousies) qui mettent en jeu les conditions de la vision. Noël Dolla accompagne la
dynamique foisonnante de ses créations de nombreux écrits - La parole dite par un œil entre autres qui, non sans humour, affirment sa volonté de formuler une vision de son art.
Dans La mouche rose, Noël Dolla substitue au pinceau la flamme d’un chalumeau. Celle-ci marque la
surface monochrome rose d’une empreinte noire, trace de son mouvement tourbillonnant. L’analogie
entre ce mouvement et le vol de la mouche ainsi que l’esprit facétieux de Noël Dolla sont à l’origine du
titre de cette oeuvre pourtant abstraite.
Pekka TURUNEN (1958)
Anna Tiitanen, Hattuvaara Ilomantsi, 1986
photographie couleur, 50 x 40 cm
Dans les années 1980, Pekka Turunen réalise une longue série
de photographies des habitants et des paysages des confins de
l'est de la Finlande. Cette série témoigne de ses recherches tant
sur le plan formel que sur celui du traitement du sujet et révèle
un sens aigu des réalités du quotidien.
La composition très maîtrisée des portraits photographiques
posés de Pekka Turunen emprunte à l'univers cinématographique: utilisation de couleurs saturées et du flash,
cadrages et hors champ. Elle met en évidence la dualité de la
relation entre le sujet photographié et le photographe à la fois
proche, dans leur face à face où se lit une évidente complicité, et
distanciée par la présence d'éléments de l'environnement familier dans le cadre. Cet écart délibéré souligne le statut unique de
l'individu et témoigne de la réalité complexe de l'homme et de la société.
Ainsi chaque image rend compte d'histoires particulières et d'un monde entre traditions et modernité en
évitant la froideur du constat comme le « pathos ». Non sans humour, Pekka Turunen campe fièrement
le chasseur dans son salon envahi de trophées ou saisit le regard pétillant d'une vieille dame qu'accompagnent dans leur muette expression ses animaux familiers.
Gilles AILLAUD
Collection Frac Basse-Normandie
LA REPRÉSENTATION DU MONDE ANIMAL DANS LA
COLLECTION DU
FRAC BASSE-N ORMANDIE (IV) : ces oeu-
vres seront présentées au Frac du 12 au 23 février 2009 dans le cadre de “À FRAC ouvert”.
Damien DEROUBAIX (1972)
World Eaters. Conquest, Famine, Death, War, 2005
résine polyester, fibre de verre, peinture paraloïd,
pigments, chaux, 195 x 70 x 50 cm
Damien Deroubaix utilise dans ses installations les
codes (dessins, collages, slogans…) des militants
anti-militaristes des années 60 et y dénonce les
guerres et agressions dans un amas terrible et
expressif, semblant vouloir lutter contre le mal par
le mal. World Eaters, quatre sculptures grises en
résine en forme de requins torpille dont le nez se
serait écrasé au sol cachent à l'intérieur de leur gueule à l'insu du public les noms des quatre cavaliers
de l'Apocalypse (guerre, famine, conquête, mort).
« Certains animaux sont plus méchants que d'autres. Damien Deroubaix les préfère. Surtout les requins.
Cet animal est présent, tant dans les collages de Heartfield (..) que dans les textes de Bertold Brecht. On
le retrouve aussi dans les films de Spielberg, où il figure les hordes de boat people affamées et prêtes à
s'échouer sur les côtes de Cape Code- New England (Jaws, 1975). Le requin est une belle contradiction.
Le poisson avec des dents, l'animal racé qui devrait être gentil comme un dauphin, se nourrir de plancton comme une baleine et ne pas faire de bruit. Sauf que lorsqu'il ouvre la gueule, c'est pour exhiber un
attirail de dents et faire crier les blondinets qui bronzent sur la plage. » (Thibaut de Ruyter)
Daniel DEWAR & Grégory GICQUEL (1975 et 1976)
Polar Bear, 2007
chêne, silicone, combinaisons néoprène, 120 x 160 x 40 cm
“Ils se sont rencontrés aux Beaux-Arts de Rennes en 1998,
dans l’atelier de sculpture d’Alberto Mecarelli et travaillent
ensemble depuis 2003. Kung-fu et pêche à la ligne, rock et
préhistoire, béton et tricot... Leurs créatures - une raie manta
en caoutchouc équipée d’un nunchaku, une barrière de corail
flanquée d’une mini-moto...- multiplient les détournements
jusqu’à la saturation. Entre bricolage lourd et orfèverie fine,
tuning et artisanat, leurs sculptures portent à bras-le-corps
des gris-gris ou des accessoires empruntés aux magasins de
souvenirs de vacances, aux gymnases, aux salles japonaises
du musée du Louvre ou à la quincaillerie du village. Une
séduction perverse avec les codes à l’origine d’un folklore rétrofuturiste fascinant.” (Jennifer Lafontan,
“Daniel Dewar & Grégory Gicquel, “Voodoo childs”, Beaux-Arts Magazine, n°279, septembre 2007)
Polar Bear est représentatif du caractère hybride des oeuvres de Dewar & Gicquel. En effet, le choix du
motif (un ours) et du matériau (du chêne massif, choisi en écho au poids de l’animal) témoigne d’une
approche plutôt traditionnelle de la sculpture, et notamment du bestiare. Mais cet ours, recouvert de sillicone et de combinaisons de surf, renvoie également à la culture de masse et aux activités de loisirs
chères aux deux artistes.

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