Telecoms 2

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Telecoms 2
SERVICES DE TELECOMMUNICATIONS
2 – PANORAMA MONDIAL
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559 Nathan Abbott Way, Stanford, California
94305, USA.
Ce chapitre est consacré à l’examen de l’évolution de la situation des opérateurs de
télécommunications dans le monde. Pour éviter les répétitions, il ne reprend que brièvement
les éléments abordés dans les chapitres précédents. Il comporte aussi un paragraphe sur les
activités spatiales et sur les services d’annuaires.
La régulation et des régulateurs
Michel Berne
2002 est une année importante en Europe. Le nouveau « paquet » réglementaire des
télécommunications a été adopté. Par ailleurs, on constate de multiples changements au
niveau des régulateurs eux-mêmes.
Le paquet réglementaire simplifie le dispositif antérieur avec principalement :
•
une directive-cadre,
•
quatre « grandes » directives respectivement sur l’accès et l’inter-connexion, les
licences, le service universel, la protection de la vie privée et une autre directive sur la
concurrence
•
un règlement sur le dégroupage (datant de décembre 2000)
•
des « lignes directrices » (guidelines) sur l’évaluation de la puissance de marché.
•
diverses décisions (fréquences, comités etc.)
Aucune révolution n’est attendue de cet ensemble de textes (sauf peut-être en
matière de définition de position dominante et concernant la disparition des licences
individuelles), mais on les espère plus clairs et stables que les précédents. La mise en
conformité des réglementations nationales doit se faire pour l’essentiel avant le 24 juillet
2003 et donnera lieu à un toilettage ou une refonte des textes existants. Plus importante est
l’évolution de la pratique de la politique de la concurrence : la Commission a été désavouée
dans trois cas de fusions qu’elle avait refusées (qui ne concernaient pas les TIC) et devra
mieux motiver ses décisions. De plus, le Conseil des ministres européen a adopté en
novembre 2002 une réforme des règles anti-concentration.
Le paysage change donc pour les autorités de régulation, maintenant rassemblées
dans un comité officiel, le Groupe des régulateurs européens. Par ailleurs, suivant un
modèle permettant de rassembler tous les problèmes de la « convergence » entre les mains
d’un seul organisme, l’Oftel britannique, ancêtre des régulateurs de télécommunications
nationaux en Europe, est en train de se fondre avec quatre autres organismes dans l’Ofcom
(Office of Communications) dont le premier président est Lord Currie of Marylebone. Cette
évolution a pour but d’appréhender dans leur totalité les problèmes posés par la
convergence entre télécommuni-cations et audiovisuel et donc d’éviter les conflits de
frontières entre organismes. Mais tout faire réguler par un organisme unique a aussi ses
inconvénients. Le principal est de soumettre les télécommuni-cations aux mêmes pressions
que l’audiovisuel, qui est tradition-nellement un sujet très sensible sur le plan politique
comme on peut le constater, par exemple, en Italie.
Signalons aussi les changements parmi les hommes qui comptent : Jean-Michel
Hubert quitte la présidence de l’ART à la fin de son mandat et est remplacé en 2003 par Paul
Champsaur, D. Carlos Bustelo Garcia del Real arrive à la tête du CMT espagnol alors qu’à la
Commission européenne le Directeur général « Société de l’infor-mation », Robert Verrue, a
été remplacé par Fabio Colasanti. A la FCC, un nouveau membre démocrate a été intronisé
(Jonathan Adelstein) et à l’ART Christian Bècle, en fin de mandat, est remplacé par Gabrielle
Gauthey début 2003.
Opérateurs : consolidation en France
Il y a toujours en France un grand nombre de titulaires de licences (en fixe, fin 2002 :
14 L33-1 pour les réseaux, 11 L34-1 pour les services et 49 combinant L33-1+L34-1), mais
bien peu d’opérateurs comptent vraiment sur le marché. Le ménage a été fait parmi les
concurrents et on voit le tout s’organiser autour de France Télécom, Cegetel, LDCom, Tele2
et quelques opérateurs plus petits ou de niche (Colt, Completel etc.).
L’actualité en France est dominée par les avancées lentes de la concurrence,
essentiellement dans le domaine des télécommunications locales,
L’opérateur de l’année en France est LDCom, qui a patiemment racheté plusieurs
entreprises mal en point. LDCom avait commencé en 1998 comme fournisseur de capacité
de transport pour opérateurs. La déconfiture de ses clients et concurrents lui offre la
possibilité de racheter certains, en général contre un bloc d’actions de LDCom, d’autant plus
que ce dernier est en bonne santé financière. Dans son tableau de chasse donné plus bas, 9
Telecom repris à Telecom Italia, représente le plus gros morceau.
LDCom
Créé en 1998 par le groupe Louis Dreyfus
Chiffre d’affaires prévisonnel 2002 : 600 M€
2000 collaborateurs
Actionnariat : Louis-Dreyfus 42,6 %.
Suez 17 %, CSFB 8,3 %, Belgacom 8,1 % Wendel Investissement 7,3 % et Telecom Italia 7 %
11000 km de fibre optique en France et Europe du Sud
28 boucles métropolitaines
50 sites d’hébergement et services IP
A repris en 2002 : Kaptech, Belgacom France,
Firstmark Communications, 9 Telecom, Ventelo France
(en 2001 : Fortel, une partie de Kertel)
Parmi les filiales : LDCâble, qui a construit pour le syndicat de communes Sipperec le réseau Irisé en
région parisienne
L’autre grand survivant est Tele2, opérateur grand public atypique par sa gestion
privilégiant la sous-traitance. Avec une petite quarantaine de collaborateurs pour environ 3
millions de clients, l’entreprise détient un record de productivité « apparente » largement
imbattable.
Enfin Cegetel « taille sa route ». Le cap des 3,2 millions de clients en fixe a été passé
en 2002. Le capital de Cegetel était verrouillé par un pacte d’actionnaires qui est tombé à
échéance en 2002. Si BT, actionnaire minoritaire, était disposé à vendre sa part (et a
d’ailleurs commencé à ré-attaquer le marché en son nom propre), le contrôle de l’entreprise
a été disputé par Vodafone, riche et puissant, et par Vivendi Universal, en situation
financière délicate mais qui disposait d’un droit de préemption. Finalement, Vivendi a refusé
l’offre faite par Vodafone et a pu réunir les 4 milliards d’euros nécessaires. Par ailleurs, on
s’achemine vers une simplification des relations entre Cegetel et Telecom Développement
(TD), sa filiale commune avec la SNCF. Cegetel devrait absorber TD en 2003. Une rumeur
circule également fin 2002 au sujet de Siris, qui pourrait, ironie du sort, revenir dans le giron
de Cegetel. Rappelons que Siris, après avoir été créé par l’ancienne Générale des Eaux,
maintenant Vivendi, avait été vendu à AT&T, qui l’a cédé à Deutsche Telekom.
L’Europe du Nord
Les points les plus importants ayant été traités dans les paragraphes précédents, on
ne trouvera ici qu’un bref résumé de l’actualité de 2002. Quatre grands sujets sont à aborder.
D’abord la mauvaise santé des opérateurs, avec la fermeture de KPNQwest. Cette
filiale commune de l’opérateur historique néerlandais et d’un opérateur régional américain
était sur le marché ultra-concurrentiel des backbones européens : elle perdait donc de
l’argent et ses propriétaires ont pris la décision de liquider la société. Mais que faire des
actifs ? Face à la surcapacité qui existe sur ce genre de réseaux en Europe, les acheteurs
ne se bousculaient pas. KPN a repris certains réseaux, dont la majorité du réseau français.
Un autre opérateur américain s’est retiré de sa co-entreprise avec KPN : BellSouth a vendu
à son partenaire les parts qu’il détenait dans E-Plus. Finalement KPN, qui avait frôlé le dépôt
de bilan en 2001, a vu sa situation s’améliorer nettement et Standard & Poor’s a même
relevé sa notation financière.
Le deuxième sujet porte sur l’épilogue (provisoire ?) des tentatives de fusion des
opérateurs nordiques. Après plusieurs tentatives de rapprochement entre opérateurs de la
région, 2002 a vu le succès de la fusion entre le suédois Telia et le finlandais Sonera. Les
deux entreprises étant toujours majoritairement détenues par leurs Etats d’origine, ces
négociations n’ont pas été simples.
Le troisième point porte sur les déboires de la 3G, plus sensibles dans les pays
d’Europe du Nord qui avaient été en pointe : on se souvient que la Finlande avait été le
premier pays à accorder des licences UMTS à la fin de l’année 2000. Presque deux ans plus
tard, l’opérateur national finlandais a annoncé en septembre qu’il retardait le lancement des
services de 3ème génération. Vodafone a fait de même en Grande-Bretagne et Allemagne ;
Orange a renoncé à sa licence en Suède, car le régulateur national refusait de lui accorder
un délai de 3 ans dans le déploiement de son réseau. En Norvège, Tele2 a également rendu
sa licence. Telefonica a abandonné ses licences en dehors de l’Espagne (Suisse, Autriche,
Italie) et Sonera en dehors de la Finlande. Donc en Allemagne Quam (filiale commune de
Sonera et Telefonica) a aussi fermé, tandis que MobilCom est exangue, incapable de lancer
l’UMTS sans l’apport de son actionnaire France Télécom.
Terminons avec des nouvelles de la boucle locale en Allemagne. La Commission
européenne a déposé une plainte contre le gouvernement allemand car elle juge que
l’introduction de la concurrence est trop lente au niveau local. Autre mauvaise nouvelle,
RWE a fermé le service Powerline d’accès à Internet sur réseau électrique. Si l’avenir de
cette technologie dans les habitations et sur les campus est assuré, cet échec (qui survient
après plusieurs autres) n’augure rien de bon pour la suite. Notons qu’en France le RTE
(Réseau de distribution de l’électricité) a reçu du gouvernement le droit de se lancer dans
l’Internet haut débit, mais ceci ne couvre pas la boucle locale.
L’opérateur de l’année : BT
On pourrait croire que la nomination d’un opérateur dans cette rubrique lui porte
systématiquement malheur : ainsi, Global Crossing (1999), Covad (2000) et Hutchison Whampoa
(2001) ont connu des problèmes depuis… Rappelons que le but de cette « distinction » est de saluer
l’apparition de nouveaux modèles d’opérateurs, pas de célébrer des réussites financières.
Cette année, notre choix se porte sur BT dont il faut bien avouer la constante « avance
stratégique ». Depuis longtemps BT a fait l’envie de ses homologues ex-opérateurs historiques en
étant toujours le premier, ce qui ne signifie pas naturellement qu’il est toujours le meilleur. Dans les
années 1980, il a été le premier opérateur privatisé ; une décennie plus tard il a tenté de s’allier avec
des opérateurs américains (MCI, puis AT&T) pour créer des alliances globales ; aujourd’hui, BT est le
premier grand opérateur à avoir remplacé son équipe dirigeante (en 2001) et avoir subi une sérieuse
1
cure d’amaigrissement qui lui a fait perdre ses mobiles , ses annuaires et beaucoup d’autres activités
mineures. BT est aujourd’hui bien plus petit que Deutsche Telekom ou même France Télécom. Mais
BT est aussi beaucoup moins endetté et bien plus « agile ». Enfin, il existe un courant d’opinion au
Royaume-Uni pour séparer BT en deux entités dont l’une gèrerait le réseau de base. Si cela se
réalisait, encore une fois les Britanniques seraient en avance.
1
T outefois BT a signé en octobre un accord de MVNO avec son anci enne filiale mobi le mm02.
L’Europe du Sud
Jean-Paul Goulvestre
Chypre
Afin de mettre fin au monopole de CyTA, le gouvernement a annoncé l’octroi aux
enchères d’une seule nouvelle licence mobile GSM, le marché local étant trop exigu. Six
opérateurs étrangers, dont le grec CosmOTE ont manifesté leur intérêt.
EAC, l’autorité en charge de la distribution électrique, bien qu’interdite d’enchères,
envisage d’offrir des services de télécom-munications sur son réseau de fibre optique dès le
1er janvier 2003, date planifiée de l’ouverture du marché chypriote à la concurrence.
Espagne
Si le marché espagnol avait manifesté une très bonne santé en 2001 avec une
croissance de 44 % du nombre des utilisateurs privés d’Internet et de 26 % des services
mobiles, les perspectives pour 2002 étaient nettement moins optimistes. Les acteurs du
marché craignaient en effet les conséquences de la conjonction d’investissements
importants associés à des marges réduites sur le fixe, des difficultés d’accès à la boucle
locale, de la saturation annoncée du marché du mobile et de la difficile maturation des
technologies 3G. Les entreprises du secteur ont intégré ces caractéristiques avec des
stratégies de retrait, de concentration et de diversification.
Le hollandais UPC (United Pan-European Communications), le plus important
opérateur européen de câble, s’est retiré du marché espagnol en revendant sa participation
dans Banda Ancha à Xtra Telecom.
Telefónica a choisi Ericsson pour déployer son réseau 3G. La première phase de ce
déploiement s’est terminée en juin. Cependant, après avoir subi une perte de 5,57 milliards
d’euros au premier semestre 2002, et de 5,04 milliards d’euros pour les neuf premiers mois
de 2002, en raison de son exposition en Argentine, l’opérateur historique a dû geler tous ses
autres projets européens de 3G et déprécier la valeur des licences obtenues en Grande
Bretagne, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Suisse. L’opérateur historique a
réorganisé sa filiale Internet mobile Terra Mobile en concentrant son activité sur les grands
marchés européens (Espagne, Allemagne, Royaume-Uni) et latino-américains, et remplacé
le directeur de Admira, sa filiale media. Un effort important a été réalisé sur le déploiement
de l’ADSL.
Pour satisfaire aux injonctions de la CMT, le régulateur espagnol, Telefónica a ouvert
en janvier 62 de ses 1000 centraux à la concurrence. Ce geste, considéré à juste titre
comme insuffisant, a amené la CMT à imposer une baisse des tarifs d’interconnexion de
Telefónica de 30 % et de 10 % sur l’ADSL, domaine dans lequel l’entreprise a été accusée
par ses concurrents d’abus de position monopolistique.
Considérant que trop de licences ont été octroyées en Espagne Vodafone a retardé
le lancement de la 3G pour manque de rentabilité attendue et a augmenté sa participation
dans Airtel Movil. Xfera, pas moins pessimiste, a reporté à 2004 le lancement de son offre.
Le Ministère des sciences et de la technologie, après avoir envisagé des amendes pour les
opérateurs qui ne respecteraient pas le calendrier prévu (juin 2002) estime que les terminaux
ne seront pas disponibles avant le milieu de 2003 et a finalement révisé certaines conditions
des licences en réduisant de 5,2 milliards d’euros le montant des dépôts de garanties
demandés aux titulaires de licences 3G.
Le marché du LMDS se concentre avec la fusion de Sky Point et de Neo sous le nom
de SKN, deux des titulaires des six licences octroyées en 2000.
Dans le domaine de l’Internet JazzTel a signé un accord avec iBasis pour transporter
ses services de VoIP et de transport de données. Après l’échec de sa négociation avec
France Télécom en vue de sa fusion avec Uni2, pour cause d’endettement excessif, c’est le
créancier principal, Spectrum Equity qui en a pris le contrôle.Wanadoo la filiale de Fance
Télécom, a racheté le portail Internet d’Auna, EresMas. Cette opération fait de Wanadoo le
premier ISP d’Espagne, devant Terra Lycos, la filiale de Telefónica et le deuxième européen.
Tiscali a, en réaction, entamé des négociations avec Vodafone en vue de l’acquisition de sa
filiale Naveglia.
Movilisto, le leader espagnol du SMS a acheté Crossbow, quatrième opérateur du
secteur. Amena, filiale du groupe Auna, a lancé le premier service de MMS, suivi quelques
semaines plus tard par Telefónica.
Le Ministère des sciences et de la technologie, cherchant à favoriser la concurrence,
la baisse des prix et l’innovation, a annoncé la sortie, pour la fin du mois de février 2003,
d’une nouvelle législation sur les opérateurs de réseaux mobiles virtuels (MVNO). La CMT a,
sans attendre la publication de cette loi, autorisé 27 opérateurs à revendre des services de
téléphonie mobile. Le suédois Tele2 a obtenu la première licence de MVNO.
Un nouveau concurrent est entré sur le marché espagnol. Verio, filiale du géant
japonais NTT, a en effet signé un accord avec Retevisión pour offrir des services
d’hébergement de sites Internet. NTT DoCoMo s’est engagé à fournir à Telefónica sa
technologie i-mode pour un lancement au premier semestre de 2003.
Grèce
L’EETT, l’organisme grec de réglementation a été très actif cette année avec
l’annonce de la mise en œuvre de la portabilité des numéros de téléphone pour juillet 2003,
l’obligation faite aux deux opérateurs mobiles dominants Panafon et Cosmote de baisser
leurs charges d’interconnexion vers les téléphones fixes, et la décision, non suivie d’effet,
d’organiser de nouvelles enchères pour la vente de la quatrième licence de mobile 2G qui
n’avait pas trouvé preneur en 2001. Sa politique de concurrence a été récompensée en 2002
avec la signature d’accords d’interconnexion entre OTE et Vivodi Telecom en février et entre
Infoquest et OTE en avril.
Du côté du gouvernement, si la vente de 8 % du capital d’OTE a rapporté la somme
de 665 millions d’euros, par contre sa tentative d’interdire tous les jeux électroniques a été
cassée par la Cour Suprême.
Le contrôle des opérateurs mobiles se concentre avec l’achat par Vodafone de la
participation France Télécom dans Panafon pour 301 M€ et le rachat par TIM à Verizon de
sa participation de 17,45 % dans STET Hellas pour contrôler maintenant 81,4 % du capital
de cet opérateur mobile.
Signalons enfin le lancement commercial du MMS par Panafon (Vodafone) en juillet,
suivi par STET Hellas en août et Cosmote en septembre .
Italie
Telecom Italia, l’opérateur historique dominant est devenu une entreprise totalement
privée avec la vente par l’Etat italien des 3,5 % du capital qu’il détenait encore. L’entreprise a
poursuivi sa moderni-sation en investissant fortement sur l’ADSL, en lançant en mai une
offre MMS et en annonçant en septembre que 100 % des appels téléphoniques fixes entre
Rome et Milan et 50 % des communications européennes passent dorénavant par un réseau
IP. 80 % de toutes les communications emprunteront la même voie dès la fin de 2003.
Telecom Italia a également racheté pour 83,5 M€ son rival malheureux Blu et réduit son
endettement de 22 milliards d’euros fin 2001 à 17,66 milliards fin septembre 2002 grâce à un
vaste plan de cession de ses actifs dans Bouygues Telecom, Mobilkom Austria et Auna
notamment.
La marche vers la 3G se poursuit cahin-caha. Si le gouvernement italien a annoncé la
prolongation de 15 à 20 ans des concessions UMTS, Ipse2000, la filiale de Telefónica
Moviles, a revu à la baisse son plan d’investissement, renonçant à lancer le GPRS avant
l’UMTS quitte à s’exposer à une amende des autorités. Alors que TIM et Wind annonçaient
le lancement de leurs offres 3G pour la fin de l’année 2002, Omnitel (Vodafone) reportait la
sienne à mai 2003. Hutchison 3G, après avoir obtenu un prêt de 4,2 milliards d’euros d’un
consortium de 11 banques, réalisait fin novembre la première communication UMTS en
conditions réelles.
Après une croissance externe exponentielle en 2001 et le rachat des 30 % restant de
Excite Italia en avril, Tiscali, 3ème ISP européen, est entré dans le rouge cette année et a
perdu 400 000 utilisateurs. Les analystes s’interrogent sur la viabilité de son modèle
économique de pay-as-you-go.
L’Italie a porté plainte auprès de l’Union européenne contre la France pour l’aide
apportée par le gouvernement français au redressement de France Télécom.
Portugal
Comme dans beaucoup d’autres pays européens le déploiement de la 3G se heurte à
de sérieuses difficultés. Pour économiser sur les coûts d’infrastructure Optimus (Orange) et
Telecel (Vodafone) ont créé une joint-venture, Situs. OniWay, la filiale de téléphonie mobile
de Electricidade de Portugal (EDP), qui ambitionnait de devenir le premier à offrir les
services UMTS et avait réalisé une démonstration dans ce sens, a renoncé à sa licence 3G
et revendu ses actifs à parts égales à ses concurrents TMN, Optimus et Telecel. Ces deux
derniers étaient passés outre l’injonction de l’Anacom d’interconnecter OniWay à leurs
réseaux. Suite à cette défection, à l’impossibilité de Vodafone de respecter les délais et à
une demande expresse d’Optimus, l’Anacom, l’organisme régulateur, a proposé au
gouvernement portugais de retarder à janvier 2004 le lancement de la 3G.
PT a passé un accord avec Refer Telecom, la filiale télécom du transporteur
ferroviaire portugais, pour utiliser pendant 12 ans son réseau en fibre optique.
PTC (filiale à 100 % de PT) a signé en décembre une convention avec le
gouvernement au terme de laquelle elle acquiert la propriété du réseau de base national
moyennant un versement de 1 % de ses recettes jusqu’en 2025, terme de sa concession.
Cette opération permet à l’Etat portugais, montré du doigt par la Commission européenne,
de réduire son endettement.
Imitant BT et Verizon, PT envisage de signer un accord de partenariat privilégié avec
le constructeur chinois ZTE. TMN et Telecel ont déclaré vouloir lancer leur offre MMS.
Vizzavi et Clix, filiale de Sonae.com ont annoncé le lancement de leur offre ADSL.
L’Europe de l’Est
Gérard Petit
Pour les dix pays d’Europe centrale et de l’Est candidats à l’intégration Européenne,
l’année 2002 a été marquée par la laborieuse mise en œuvre des « acquis
communautaires » dont les exigences ont été revues à la hausse en février 2002. De plus, le
contexte difficile de l’industrie et la pénurie financière viennent freiner l’émergence d’une
réelle concurrence.
Le difficile alignement des pays candidats à l’Union sur les «acquis communautaires».
Les conditions à
mettre en place pour satisfaire
aux exigences des «acquis
communautaires» supposent l’élaboration et la mise en oeuvre effective de règles de
fonctionnement économique et de dispositions réglementaires et techniques qui favorisent
l’émergence d’une vraie concurrence : « liberté de prestation » pour les nouveaux entrants
qui doivent pouvoir, si c’est leur choix, transiter sur les réseaux de l’opérateur dominant (y
compris sur la boucle locale), moyennant des charges d’interconnexion alignées sur des
coûts dûment établis et en l’absence de toutes formes d’obstacles techniques ou de
tracasseries administratives qui viendraient entraver l’accès de ces nouveaux opérateurs aux
réseaux existants ; « liberté d’accès au service » pour les clients qui doivent pouvoir choisir
leur opérateur ou en changer sans être pénalisés, d’où la mise en œuvre de dispositifs visant
à faciliter la sélection de l’opérateur par l’appelant et à assurer la portabilité des numéros
d’abonnés. Les exigences des « acquis communautaires » induisent aussi la mise en place
d’un «service universel» dans les zones rurales ou déshéritées. Enfin, pour assurer le bon
respect des règles du jeu,
chaque pays a dû se doter d’une autorité de régulation
indépendante du pouvoir politique et disposant du niveau approprié de ressources et
d’expertises techniques et réglementaires afin de pouvoir, si nécessaire, mettre l’opérateur
domi-nant « au pas » et créer ainsi un contexte favorable et sécurisant pour les opérateurs
alternatifs et les investisseurs.
La dernière revue de l’Union européenne sur l’état d’avance-ment des acquis
communautaires au sein des pays candidats fait apparaître des situations contrastées :
•
la Hongrie, l’Estonie et la Slovénie semblent avoir parcouru l’essentiel du chemin, avec,
néanmoins, quelques points de faiblesse sur l’obligation de service universel pour
l’Estonie et sur le niveau de ressources et d’expertise du régulateur pour la Slovénie ;
•
la Slovaquie et la Lituanie, dont l’accession à l’Union n’a été recommandée qu’en octobre
1999, avancent à grands pas et se trouvent dans une situation intermédiaire ;
•
la Pologne, la Lettonie et, contre toutes attentes, la République tchèque font figure
d’ « élèves difficiles ». L’indépendance du régulateur par rapport aux interférences du
politique n’y est pas assurée : ainsi, aussitôt élu, le nouveau gouvernement polonais a
transformé la dénomination et le statut de l’autorité de régulation dans le seul but d’en
changer les membres pourtant nommés pour une période de 5 ans incompressible,
selon la loi. Les opérateurs dominants, TPSA et Czech Telecom, multiplient les entraves
au libre accès à l’opérateur de son choix par l’appelant ainsi qu’au dégroupage sur la
boucle locale ; ils ergotent sur les méthodologies d’établissement des coûts
d’interconnexion et manquent de transparence dans la remise des informations
nécessaires, avec, pour conséquences, des coûts d’accès au réseau dissuasifs pour les
opérateurs alternatifs de téléphonie fixe qui, tels Netia ou Elektrim, sont en grandes
difficultés financières. Excédé par les comportements de rétention d’information, le
régulateur polonais a dû récemment recourir à des benchmarks étrangers, obligeant ainsi
TPSA à baisser de manière drastique ses tarifs d’interconnexion pour les appels
domestiques longue distance. La Pologne connaît aussi des retards importants dans la
mise en œuvre de la législation européenne et de l’obligation de service universel ; en
Pologne, tout comme dans plusieurs autres pays d’Europe Centrale, cette obligation
devra être satisfaite au moindre coût, en s’appuyant sur les réseaux de téléphonie
mobile ;
•
enfin, la Roumanie et la Bulgarie en sont encore au stade initial de l’intégration des
«acquis communautaires» .
Une concurrence qui peine à se mettre en place
Si la compétition est bien au rendez-vous sur le marché en pleine croissance des
mobiles, avec, dans les principaux pays, 3 opérateurs GSM dont un challenger qui bouscule
les règles du jeu et gagne des positions, celle-ci peine à se mettre en place dans l’univers
des opérateurs de réseaux fixes.
Il faut voir à cela plusieurs raisons :
•
la stagnation, voire le déclin d’une activité de téléphonie fixe qui se heurte à de forts
effets de substitution en faveur des mobiles. En 2002, on évalue à près de 500 000 le
nombre de polonais qui auraient résilié leur abonnement au téléphone fixe pour du
mobile. A cet égard, se portent bien uniquement les opérateurs de lignes fixes ayant une
filiale dans les mobiles qui, seuls, sont générateurs de croissance ;
•
la pression sur les prix et sur les marges qui peut être très forte dans certains pays. C’est
le cas en Hongrie où le gouvernement, pour des raisons de politique sociale, pousse les
tarifs vers le bas, sans concertation avec le régulateur qui détermine les charges
d’interconnexion sur la base des coûts constatés sur le réseau. Les opérateurs alternatifs
se trouvent alors pris dans un véritable «étau» qui en a conduit certains à la faillite et
d’autres au retrait du marché. La vente de Vivendi Telekom Hungary, fin 2002, est certes
liée au programme de cession d’actifs de Vivendi Universal. Mais elle s’explique aussi
par la détérioration de l’attrait de ce type de marché ;
•
les difficultés des investisseurs stratégiques étrangers (KPN, France Telecom, Deutsche
Telekom…) tout occupés à se désendetter et faiblement relayés par les banques
d’affaires et les investisseurs financiers.
La saga de la vente avortée de Czech Telecom – opérateur dominant détenu à 51,1
% par l’Etat tchèque, à 27 % par Telsource (holding regroupant les participations de
l’hollandais KPN et de Swisscom) et à 6,5 % par KPN en propre – illustre bien l’ensemble
des difficultés associées aux activités de téléphonie filaire dans ces pays.
Czech Telecom a été mis sur le marché le 9 janvier 2002 pour la vente de la
participation de l’Etat de 51,1 % avec, en option, la vente des 27 % de Telsource. Après de
nombreux allers et retours entre le vendeur et les candidats à l’acquisition, une short list était
arrêtée en juillet 2002, qui comportait deux consortia : l’un associait la Deutsche Bank et
TDC, l’opérateur danois, déjà très présent en Europe centrale ; l’autre associait Swisscom et
différents fonds de pension. Début octobre, après un deuxième tri, le couple Deutsche Bank-
TDC était retenu sur la base d’un prix de vente de 1,8 milliards de dollars (contre 2,2
milliards de dollars initialement attendus) pour les 51,1 % de participations d’Etat.
Le 2 décembre 2002, le gouvernement tchèque renonçait à la vente suite à l’échec
des négociations qui avaient porté sur :
•
une demande de remise de prix de 10% par la Deutsche Bank, sous la pression
conjuguée de ses actionnaires et des agences de rating ;
•
l’exigence des candidats à l’achat d’obtenir des garanties sur certaines évolutions du
cadre réglementaire, dans le sens d’une accélération de la mise en œuvre des «acquis
communautaires».
Enfin, les acquéreurs potentiels posaient une condition qu’ils estimaient essentielle :
Czech Telecom devait, préalablement à la transaction, avoir acquis les 49 % du capital de sa
filiale de téléphonie mobile Eurotel encore détenus par les américains AT&T et Verizon. Ce
qui ne put être réalisé. Clairement, la cible des acquéreurs était certes Czech Telecom, mais
pas sans les 100 % de sa filiale de téléphonie mobile.
Rappelons que toute l’année 2001 avait déjà été marquée, en République tchèque,
par une autre saga : celle de la vente avortée de Ceske Radiokomunikace, opérateur
national de radio-télédiffusion et de téléphonie fixe et actionnaire à 51 % de Radiomobil, le
deuxième opérateur mobile du pays.
Les Etats-Unis
L’actualité de 2002 est écrasée par les scandales et les dépôts de bilan (Worldcom,
Global Crossing, Qwest, McLeod USA, XO Com-munications, Williams Communications).
Mais on notera aussi les avancées de la concurrence.
Il est difficile d’imaginer une année pire que 2002. Mi-août, au creux de la vague, les
pertes en bourse des investisseurs dans les télécommunications atteignaient 2000 milliards
de dollars et 500 000 emplois avaient été perdus dans le secteur depuis le vote de la loi de
1996. L’année se conclut, heureusement, sur une note plus optimiste.
Depuis le Telecom Act de 1996, les opérateurs historiques issus du démantèlement
d’AT&T (RBOC) ont eu la possibilité d’offrir la longue distance dans leur territoire d’origine
s’ils pouvaient prouver que la situation était devenue assez compétitive dans cette zone. Ce
processus, qui se déroule Etat par Etat, est en passe de s’achever. En effet, BellSouth a été
la première à obtenir, fin décembre 2002, le feu vert de la FCC pour offrir la longue distance
dans les 9 états du Sud où elle est traditionnellement implantée. Qwest a été autorisée dans
9 états en 2002 (il lui en manque 5) et SBC progresse aussi (elle vient d’ajouter la Californie
à sa liste, atteignant 6 états sur 11), tandis qu’il manque deux Etats et le district de Columbia
à Verizon.
Cela se traduit par des gains de part de marché local pour les nouveaux entrants. Fin
2002, ils auraient atteint 8,8 millions de clients, soit 5,6 % des abonnés des Bell. Une autre
décision importante vient de la Cour suprême des Etats-Unis qui a conforté le système de
calcul des coûts d’interconnexion « à long terme » (forward-looking). Les opérateurs
historiques ne voulaient pas de cette règle qui conduit à des prix plus bas, mais elle était très
attendue par les opérateurs alternatifs (CLECs). Les 19 CLECs cotés en bourse ont, pour la
première fois depuis le vote de la loi de 1996, collectivement atteint un EBITDA positif en
2002.
La rocambolesque affaire des licences radio achetées par Nextwave, qui s’était
révélé défaillant, reprises et revendues ensuite par la FCC, puis réclamées par l’acheteur
initial revenu « à meilleure fortune » est en train de s’achever. Compte tenu de la situation,
les grands opérateurs qui avaient souhaiter racheter ces fréquences n’en voulaient
finalement plus et la FCC les a autorisés à retirer leurs offres d’achat. Pour Verizon, c’est
une économie de 8 milliards de dollars.
Virgin est devenu en octobre 2002 le premier opérateur MVNO (sans réseau) des
Etats-Unis. Il va utiliser le réseau de Sprint PCS.
Enfin les opérateurs mobiles sont dans la phase finale de mise en place d’un système
d’appel d’urgence sur les mobiles, le service E911. Les opérateurs GSM ont du mal à
satisfaire les exigences de la FCC en matière de précision dans la localisation des mobiles.
AT&T a annoncé vouloir migrer vers une solution basée sur les mobiles, la précision fournie
par le réseau (solution E-OTD) étant insuffisante. Des progrès de E-OTD ont toutefois eu lieu
fin 2002.
L’Amérique latine
Jean-Paul Goulvestre
La santé financière de la zone n’est pas bonne et les incertitudes politiques
importantes.
Les avancées de la concurrence en sont ralenties, mais les mobiles
progressent toujours.
Déréglementation/privatisations
Si la crise argentine a plongé les opérateurs nationaux dans des problèmes graves
(défauts de paiement des dettes) elle a aussi, asso-ciée aux difficultés de nombreux autres
opérateurs dans le monde, refroidi les velléités de quelques autorités nationales en matière
de déréglementation de leur secteur des télécommunications. Ainsi l’Uruguay et le Paraguay
ont-ils renoncé à privatiser leurs opérateurs historiques, respectivement Antel et Copaco.
Beaucoup de citoyens pensent en effet que c’est la politique de privatisation qui a été la
cause principale de la catastrophe économique argentine. Au Mexique, après la création
d’une taxe de 10 % sur les services de télécommuni-cations et de nombreuses controverses
au sein du microcosme politique pour définir les orientations à donner à la déréglementation,
la pression exercée sur l’opérateur historique Telmex a complètement disparu. Telmex reste
en effet un des opérateurs les plus rentables du monde avec des parts de marché national
comprises en 80 et 95 % selon le segment.
Panama défend âprement le monopole de Cable & Wireless Panama. La cour
suprême du pays a en effet suspendu en décembre l’activité de neuf start-up offrant des
services VoIP au motif qu’elles contrevenaient au monopole légal de Cable & Wireless
Panama, dont le gouvernement national détient 49 %.
D’autres pays, comme l’Equateur, ont renoncé à la fois à privatiser leur opérateur
historique et à lancer les enchères pour la vente des licences de boucle locale sans fil, faute
de candidats suffisamment fiables.
L’Anatel, le régulateur brésilien a refusé que Embratel, l’opérateur longue distance en
difficulté soit racheté par les opérateurs fixes nationaux. Les autorités chiliennes enfin ont
annoncé fin décembre qu’elles ne changeraient rien à la loi de 1991 sur les
télécommunications, mettant fin ainsi à une année de spéculations.
Mobiles
Le nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles a dépassé celui des abonnés au
téléphone fixe en Amérique latine dès la fin de 2001, avec un taux de pénétration de 17 %.
Les perspectives de croissance du marché restent très attractives pour la téléphonie mobile
malgré la crise argentine. Les ventes aux enchères de licences mobiles connais-sent
cependant
des
résultats
mitigés.
Au
Brésil
l’Anatel,
l’organe
régulateur
des
télécommunications, a eu l’agréable surprise de recevoir un paiement supérieur de plus de
30 % au montant attendu des enchères complémentaires PCS, bandes D et E, plusieurs fois
reportées. Telecom Américas, Vésper et Brasil Telecom sont sortis vainqueurs de la
procédure au cours de laquelle seule une zone sur 10 n’a pas trouvé preneur. Au Honduras
trois candidats, BellSouth, Megatel-EMCE et Entel la filiale chilienne de TIM, ont été
présélectionnés. Mais en Equateur les enchères PCS ont été suspendues la veille de leur
ouverture par un juge civil pour inégalité de traitement entre les candidats. En Colombie une
seule candidature s’est manifestée pour les enchères PCS, celle de Colombia Móvil, une
compagnie formée par les deux opérateurs fixes monopolistiques Empresas Públicas de
Medellín (EPM) et Empresa de Telecommuni-caciones de Bogotá (ETB). Même résultat en
Uruguay où, après plusieurs reports, les enchères des licences 2,5 et 3G ont amené la seule
candidature de Movicom, filiale de BellSouth. Après deux années d’âpres négociations le
Chili a attribué deux licences PCS à Telefónica Móvil et à BellSouth.
Malgré cela l’offre de services mobiles se diversifie progressi-vement. Ainsi Telecel
(Millicom International) a rompu le monopole de la Copaco au Paraguay en lançant en
janvier son service de téléphonie mobile Tele2. En Bolivie les coopératives de La Paz (Cotel)
et de Santa Cruz (Cotas) ont inauguré une offre de type MVNO en utilisant le réseau GSM
de Nuevatel. Oi, la filiale de l’opérateur fixe Telemar, a ouvert le premier service GSM au
Brésil et atteint le million d’abonnés dès le mois de décembre. Cable & Wireless Panama a
lancé en novembre le premier service GSM/GPRS au Panama. Telecom Italia Mobile (TIM)
a testé la technologie GSM/GPRS auprès d’entreprises brésiliennes. Telefónica Móviles a
choisi Nokia comme fournisseur de son futur réseau GSM/GPRS au Chili. Telefónica
Movistar a lancé en mars, sous le nom d’Infomóvil, le premier service commercial 2,5G au
Pérou. Telecom Personal a ouvert son offre commerciale GPRS) en avril en Argentine.
Movilnet a lancé en septembre le premier service 3G (Cdma2000 1X) au Venezuela et
Smartcom a commencé à déployer son réseau Cdma à Santiago du Chili.
De nombreux opérateurs ont conforté leurs positions sur le segment des mobiles.
América Móvil, filiale du mexicain Telmex, a vendu sa participation de 50 % dans Cellular
Communications of Puerto Rico à SBC Communications. En contrepartie América Móvil
pourra acquérir la participation de SBC dans le consorcium Telecom Americas, regroupant
América Móvil, SBC et Bell Canada International. América Móvil a également augmenté sa
participation dans l’opérateur mobile colombien Comcel et a racheté 95 % de la participation
de Millicom International Cellular dans Celcaribe S.A. Telefónica Móviles a porté en deux
étapes sa participation dans l’opérateur mobile mexicain Pegaso à 65 puis 92 % du capital.
Brightpoint Mexico a vendu ses actifs mexicains à Soluciones Inteligentes para el
Mercado Mobile, une filiale de Brightstar. Le groupe mexicain Salinas (TV Azteca) a acheté
une licence PCS au Nicaragua. L’opération la plus importante a été la création de Brasilcel,
une joint-venture créée par Telefónica de España et Portugal Telecom, qui contrôlera cinq
opérateurs mobiles brésiliens et plus de 12 millions de clients. Brasil Telecom a racheté la
participation de trois fonds de pension dans la holding Newtel Participacoes qui contrôle
Telemig
Celular
Participacoes
et
Tele
Norte
Celular
Participacoes.
L’italien TIM en réduisant de 37,3 % à 19 % sa participation dans l’opérateur fixe
Brasil Telecom a obtenu le feu vert de l’Anatel pour lancer son projet d’offre nationale GSM.
SkyOnline, profitant de la crise argentine, a racheté les actifs argentins et paraguayens de
Diveo. Le groupe Clarín a vendu à Verizon les 16,8 % qu’il détenait dans le capital de
l’opérateur argentin CTI Móvil.
Signalons enfin l’originalité de deux offres mobiles. Movilnet, la filiale mobile de
l’opérateur historique vénézuélien CANTV, a proposé un service mobile virtuel permettant à
tout client de recevoir des messages mobiles dans une boite spécifique consultable au
moyen d’un téléphone mobile ou d’un téléphone fixe. Chaque consultation de la messagerie
incrémente un compteur. Le client se voit offrir automatiquement un portable et un numéro
au bout de 600 minutes. Cette méthode vise à favoriser la diffusion du téléphone portable
auprès des couches sociales à faible revenu. En Bolivie trois opérateurs télécoms, Viva,
Telecel et Entel, ont engagé des jeunes filles pour offrir dans les rues de la capitale La Paz
l’usage d’un téléphone mobile. Il suffit d’aborder ces jeunes filles facilement reconnaissables
à leur tenue fluo et de leur donner le numéro à composer. Le service, peu coûteux connaît
un tel succès qu’il est en passe de supplanter les anciennes cabines fixes publiques trop
souvent en panne. Cette expérience rappelle celle réalisée au Sénégal où des particuliers
offrent ce type de service en utilisant des téléphones mobiles à cartes prépayées ou celle
mise en place en Inde où la Poste a équipé ses facteurs de mobiles « publics ».
Asie-Pacifique
L’Asie est toujours l’unique point brillant d’une industrie des télécommunications
mondiale mal en point, bien qu’on ait aussi noté une baisse de participation de 52 % à la
grande manifestation de l’UIT, Asia Telecom, qui s’est tenue cette année à Hong-Kong.
La Chine est le « poids lourd » de la zone par sa démographie et son dynamisme.
Par exemple, 4,5 millions de nouveaux clients mobiles ont été dénombrés en novembre
2002, portant le total à plus de 200 millions. China Mobile est le plus grand opérateur mobile
du monde avec environ 117 millions d’abonnés fin 2002. Son concurrent China Unicom se
paie le luxe d’exploiter à la fois des réseaux GSM et CDMA (7 millions d’abonnés fin 2002
pour ce dernier). Le nombre d’utilisateurs d’Internet a atteint de l’ordre de 50 millions dans
l’année.
Les grandes manœuvres capitalistiques ont également débuté, comme prévu. D’une
part la scission de China Telecom en deux parties a bien eu lieu, le nord du pays étant
attribué à China Netcom. Ce dernier a aussi annoncé fin 2002 le rachat de Global Crossing
Asia en partenariat avec Newbridge Capital (USA) et Softbank (Japon). Par ailleurs, 10 %
du capital de China Telecom a été offert au public en fin d’année. 3,68 milliards de dollars
étaient attendus, mais la vente a finalement rapporté environ 1,4 milliards de dollars
seulement. Les deux opérateurs mobiles font aussi racheter leurs réseaux, région par région,
par leurs filiales cotées en bourse.
La concurrence progresse aussi en Inde où le Ministre des communications souhaite
lever la limite actuelle dans les mobiles (seules 4 entreprises sont autorisées dans chaque
zone). Les abonne-ments mobiles ont augmenté d’environ 80 % en 2002 suivant la
progression du déploiement des réseaux de Bharti/Singtel, Hutchison Whampoa, Idea
(AT&T, Tata, Birla) et BPL. Reliance a ouvert un service de mobilité limité à la norme CDMA
2000-1x, qui utilisera un réseau longue distance à haut-débit. Mais les opérateurs mobiles, à
l’exception de Bharti, sont en mauvaise santé financière. Par ailleurs, VNSL, contrôlé par
l’Etat mais avec le groupe Tata en minoritaire, a reçu l’assurance de recevoir des
compensations financières alors qu’il perd progressivement sa position dominante puisque
l’international a été ouvert à la concurrence.
Au Pakistan, le monopole de l’opérateur historique PTCL se terminait fin 2002. Il est
prévu d’allouer deux licences mobiles et plusieurs licences fixes en 2003. PTCL devrait être
privatisé également en 2003, mais les incertitudes du marché pourraient retarder l’opération.
En continuant en Asie du Sud, 12 % du capital de Sri Lanka Telecom a été offert au
public (NTT en détient 32,5 % depuis 1997). La vente a été un grand succès, bien que
l’opérateur ait perdu son monopole sur les appels internationaux en août 2002.
Et pour en finir avec la péninsule indienne, le Bengladesh a d’une part abaissé de
37,5 % la taxe d’importation sur les mobiles (à 43 $) et d’autre part envisagé un plan pour
interdire l’usage des portables aux enfants et adolescents pour éviter l’exposition aux
radiations électromagnétiques.
L’an dernier nous annoncions le début des gros problèmes pour PCCW (Pacific
Century CyberWorks), issu de l’ancienne Hong-Kong Telecom. L’année 2002 n’a pas été
très propice pour l’entreprise qui a licencié 1800 personnes en juin (sur 120 000), et a
transféré au moins 4500 emplois dans la sous-traitance et sa nouvelle division Cascade
(services de réseau). PCCW a cédé à l’australien Telstra le contrôle du principal opérateur
mobile CSL pour 475 M$.
2002 n’a pas été également très favorable aux opérateurs mobiles « virtuels »
(MVNO) : Virgin Mobile a rapidement cessé ses activités à Singapour et Shell Mobile à
Hong-Kong a également fermé. Les marchés de ces villes sont extrêmement concurrentiels.
La Corée du Sud apparaît de plus en plus comme le phare mondial de la high-tech,
qu’il s’agisse de mobiles, de large bande, de monétique ou de jeux vidéo. Environ 40 % des
abonnés mobiles utili-sent un terminal CDMA 2000-1x, capable d’un débit de pointe de 144
kBits/s. Ce résultat est d’autant plus remarquable qu’il est interdit de subventionner l’achat
des portables en Corée. Le pays est également très avancé en matière de large bande avec
10 millions d’abonnés sur une population de 48 millions (un ménage sur deux !). En
novembre 2002, le gouvernement a annoncé un plan de soutien au déploiement des réseaux
large bande. Pour atteindre 35 % de taux de pénétration en 2005, il faut investir 10,9
milliards de dollars. Les trois fournisseurs qui se partagent 90 % de ce marché (KT, Hanaro
et Thrunet) en financeront la plus grande partie, le gouvernement apportant de l’ordre de 210
M$. Dans un autre domaine, les ordres de bourse en ligne représentent 65 % du total de
l’activité de la bourse nationale. Citons encore un projet pilote de paiement électronique par
téléphones mobiles munis d’une liaison infra-rouge dans la ville de Seongnam qui devrait
rendre cette banlieue de Séoul cash-free.
La Corée du Nord avance à un autre rythme avec l’annonce de l’ouverture d’un
premier réseau cellulaire à Pyongyang et d’une première entreprise internet.
Au Japon, on note la poursuite du déploiement de la 3ème génération mobile dans un
contexte de saturation de la demande. NTT DoCoMo, qui avait lancé son service FOMA (WCDMA/PDC) en octobre 2001 a connu des résultats mitigés et espérait environ 150 000
clients fin 2002. Le prix élévé des portables, la très faible autonomie des batteries, la
couverture géographique limitée expliquent ce semi-échec. DoCoMo a lancé de nouveaux
portables moins chers et plus performants en fin d’année. L’opérateur dominant a été suivi
par KDDI, sous la marque « Au », en avril 2002, qui a visé un service de moindre débit
(CDMA2000), mais plus accessible financièrement et avec des mobiles aux meilleures
batteries, Au a atteint 4 millions de clients fin 2002. Enfin J-Phone (filiale de Vodafone, WCDMA compatible GSM) a démarré en décembre ses services 3G.
Par contre l’introduction de mobiles permettant l’envoi de photos est un succès. Plus
de la moitié des clients de J-Phone, qui avait été le pionnier, sont équipés alors que NTT
DoCoMo a vendu 3 millions d’appareils de juin à novembre 2002.
L’Australie a aussi ouvert en 2002 ses services mobiles de 3ème génération (CDMA),
mais l’actualité porte plutôt sur les hésitations du gouvernement quant au sort de l’opérateur
dominant Telstra. S’il est acquis que le capital, toujours majoritairement détenu par l’Etat
australien, ne sera pas modifié avant 2004, la possibilité de séparer en deux l’entreprise a
été agitée par l’opposition de centre gauche : d’un côté le réseau de base ; de l’autre le reste
des activités. Une commission parlementaire doit examiner le projet en 2003.
En Nouvelle-Zélande, un tournant historique a eu lieu avec la première décision
concernant la tarification prise par le régulateur de la concurrence (Commerce Commission).
Pendant très longtemps, la le pays s’était singularisé en n’ayant pas de régulateur
spécifique. La longueur et le caractère inextricable des conflits entre opérateurs ont conduit à
la mise en place d’un dispositif plus classique.
Au
Viêt-nam,
le
gouvernement
donne
petit
à
petit
des
licences
de
télécommunications à des entreprises publiques. ECT, l’électricien national et Hanoï
Telecom en ont reçu une.
Le gouvernment thaï renonce provisoirement à privatiser l’opérateur TOT, la situation
financière et réglementaire n’étant pas favorable. Dans un marché fortement concurrentiel,
on note le lancement de l’opérateur mobile TA Orange.
Si l’Indonésie traverse toujours une mauvaise passe économique et politique, PT
Telkom, l’opérateur historique se porte bien et une restructuration du secteur a lieu sous son
égide. Telkom rachète une à une les co-entreprises régionales qui avaient été créées,
comme Pramindo Ikat à France Télécom. Dans un autre domaine, Indosat a été vendu très
cher au groupe singapourien ST Telemedia.
Enfin en Malaisie, Maxis, principal opérateur mobile, est en passe de racheter son
petit concurrent Time.
L’Afrique et le reste du monde
Il est temps de parler des autres pays, ceux dont on ne parle jamais car ils sont trop
petits, trop lointains ou – plus prosaïquement – parce que la situation y est figée depuis
longtemps. Les deux grandes vagues de la dérégulation et de la technologie
(essentiellement mobile), après avoir secoué les grands pays, sont en train d’arriver. Les
enjeux sont moindres mais, comme on le constatera, les problèmes subsistent.
La Mongolie fournit un bon exemple des évolutions en cours. Un régulateur a été mis
sur pied en 2002 à la suite d’une loi votée l’année précédente. Depuis que MTC, l’opérateur
dominant, a été privatisé en 1995, il a été confronté à la concurrence dans le « fixe » d’une
entreprise issue des chemins de fer. On compte deux opérateurs mobiles, Mobicom (lié au
Japon) et Skytel (lié à SK, Corée du Sud). Un 3ème opérateur mobile est attendu en 2003.
Le Moyen-Orient était resté très largement en dehors de ce mouvement mais c’est en
train de changer. On citera pour 2002 l’ouverture du capital de Saudi Telecom, opérateur
d’Arabie Saoudite, ainsi que de Batelco (Bahrein). Les pays du GCC (Gulf Cooperation
Council) sont en train d’évaluer la faisabilité de mettre en place une réglementation
commune des télécommunications à l’image de l’Union européenne. En Iran, les efforts de
l’opérateur dominant vont être démultipliés par des entreprises privées sous un système de
type BOT (Build, Operate and Transfer). Une, voire deux licences mobiles supplémentaires
pourraient être aussi attribuées dans ce pays.
Au Liban, la situation des mobiles est on ne peut plus confuse. Les deux opérateurs
(Libancell et Cellis) se sont vus retirer leurs licences et une nouvelle attribution est en cours.
En Jordanie, le Koweiti MTC rachète Fastlink à l’Egyptien Orascom pour 646 M$. Ce dernier
recentre ses activités après une forte expansion internationale et cherche à vendre ses
réseaux dans l’Afrique sub-saharienne.
En Afrique, en dehors d’un report supplémentaire dans la privatisation de l’opérateur
du Nigeria Nitel, l’acheteur choisi ayant fait défaut, l’actualité concerne essentiellement des
ouvertures de réseaux mobiles. Ainsi en Afrique du Nord on note l’arrivée d’un deuxième
opérateur mobile en Algérie (Djezzi/Orascom) ainsi qu’en Tunisie (Orascom/MTC).
Pour en terminer avec les grands pays, l’année 2002 n’a pas été faste au Maroc : il
n’y a pas eu d’acheteur pour la deuxième licence fixe mise en vente et le régulateur,
Mohammed Terrab, a démissionné en se plaignant de sa capacité à faire évoluer la situation
réglementaire.
Mais pour être exhaustif, il faut aussi dire que dans le Pacifique, l’opérateur des îles
Fidji a pris la majorité dans celui de Papouasie-Nouvelle Guinée et que les îles Kiribati ont
ouvert un premier réseau GSM. Par contre, les quelques 2000 habitants de l’île Norfolk, au
large de l’Australie, ont voté contre l’introduction d’un réseau cellulaire. Ils se contenteront du
réseau d’urgence existant. Comme quoi on peut être terriblement isolé et être heureux
comme ça.
L’Espace
Jean-Paul Goulvestre
Le marché de services de communications par satellites s’est caractérisé en 2002 par
une forte surcapacité, favorable aux regroupements. Les grandes manœuvres ont été
nombreuses aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis.
En Europe, Eutelsat, qui négociait avec ses principaux actionnaires, BT (17,5 %),
France Telecom (23,1 %), Deutsche Telekom (10,9 %) et Mirror International Holding (20,5
%), les modalités de son introduction en bourse, après sa privatisation de 2001, a vu cette
opération contrariée par les offres inamicales d’Intelsat et de PanAmSat. L’opération a été
finalement bloquée, pour l’instant, par la vente des actions détenues par Deutsche Telekom
au groupe italien de communication De Agostini.
EADS a acheté 5 % du capital d’Hispasat en janvier qui a signé un contrat de
commercialisation de ses services sur le reste de l’Europe avec Attrex.
Aux Etats-Unis l’achat de Hughes par EchoStar s’est heurté au veto des autorités
américaines, Département de la Justice et FCC, par crainte de voir émerger un monopole de
la diffusion de la télévision en milieu rural et un duopole dans le reste du pays.
PanamSat, filiale de Hugues, cherche à racheter des opérateurs en Amérique latine
pour se développer dans cette région.
Galileo : Looking the right way down a telescope ?
Nigel Barnett
In March 2002, in a surprise decision, the leaders of the European commission agreed to
finance a European global positioning satellite system, rivalling that of the American Global Positioning
System, GPS.
The surprise came because serious pressure had been put on the defence ministers of the EU
by the American Department of Defense not to give a green light to the project, arguing that the
capabilities the existing system would soon be upgraded and that having two systems would create
unnecessary complications.
Europe, perhaps because of President Bush’s stance on Kyoto, perhaps with a view to the
enlargement of the community, decided to go ahead with the 30 satellite, € 3.2B program that will
provide positioning accuracy down to a metre. It is a move reminiscent of the landmark GSM
agreement, and Europe can see nothing but advantages from having its own postioning system. It will
generate hi-tech jobs, improve maritime and air safety in Europe’s already overcrowded waters and
skies, direct emergency services, enable precise land measurement and aid environmental
management. By linking up with the mobile phone and wireless Internet it will facilitate the
interconnection of telecommunications, electricity and banking networks. Galileo will provide several
layers of service with the basic level free of charge, a sort of ‘right to know where you are’ ! More
sophisticated paying applications will help finance the non-paying services.
According to the Galileo Joint Undertaking brochure the expected cost is no more than
constructing 150 kilometres of motorway and the potential returns give the project a high cost/benefit
2
ratio. Behind all the economic rationale however, it may be that, as always, political and strategic
considerations weighed heavily on the ministers’ decision. Modern military action both offensive and
defensive demands precision and reliability. Being dependent on the goodwill of an increasingly
belligerent American administration was not an attractive or wise option. Let’s hope that the Galileo
system, like the esteemed astronomer after which it is named, gets it exactly right.
2
For more details a file i n PDF format is availabl e at
http://europa.eu.int/comm/energy_transport/en/gal_en.html
Du côté des constellations de satellites les résultats sont très variables. Motorola n’a
pas fini de payer les pots cassés de l’échec d’Iridium. La firme a en effet été condamnée à
payer 300 M$ à la Chase Manhattan Bank, somme qui avait été promise en garantie d’un
prêt de 800 millions de dollars accordé à Iridium en 1998 par un syndicat mené par cette
banque. Pendant ce temps la nouvelle société Iridium a lancé en février cinq nouveaux
satellites, s’est orientée vers une offre de service de transmission de données à basse
vitesse (e-mail, télémétrie) et a signé un accord de diffusion de ses services avec Telstra
(Australie), Telenor (Norvège), SingTel (Singapour), et Telikom (Papouasie-Nelle Guinée).
Par contre Globalstar s’est placé volontairement en faillite en février et a ouvert des
négociations avec Inmarsat pour trouver 100 M$ pour continuer son activité.
Teledesic après avoir choisi Alenia Spazio pour lancer ses deux premiers satellites
en février a annoncé en octobre la suspension sine die de son programme.
On a assisté également à une bataille intense sur le marché des services large
bande. Ainsi Inmarsat a lancé un service de communications satellitaires à 64 Kbits/s pour
les avions privés et signé des accords de distribution avec France Telecom,
Morsviazsputnik, Net Africa and Stratos Global Corp. Le tout en préparant son introduction
en bourse.
Alcatel, SES Global et Gilat ont décidé de créer en avril une société nouvelle pour
jouer un rôle prépondérant dans l’offre de services large bande.
Cependant une offre nouvelle pourrait venir concurrencer les actuels services de
satellites dès 2005. L’américain SkyTower a en effet annoncé qu’il allait lancer des avions
solaires capables d’offrir des services téléphoniques 3G depuis une altitude 70 000 pieds.
Du côté des lanceurs, Arianespace peine à fiabiliser la nouvelle génération. Ariane 5
a ainsi échoué en décembre et le satellite expérimental Stentor a été détruit. Ceci est très
dommageable pour Arianespace qui a décidé de basculer toute son activité sur Ariane 5.
Enfin une décision définitive a été prise par les gouvernements européens au sujet du
projet de localisation satellitaire Galileo, pour un coût d’au moins 3,2 milliards d’euros (voir
encadré).
Une activité méconnue : les services d’annuaires
Michel Berne et Pierre Vincent
Le marché des services d’annuaires en Europe est estimé à 2,5 milliards d’euros
selon le consultant Analysys. L’introduction de la concurrence et la multiplication des
réseaux ont de profondes répercussions sur ces services.
La concurrence d’abord, car si des éditeurs alternatifs d’annuaires papier sont
apparus depuis longtemps, il y a maintenant des sociétés de renseignement téléphonique
et/ou Internet qui commencent à prendre une part significative du marché. Au Royaume-Uni
BT a toujours 80 % du marché, mais il est confronté à six concurrents. Parmi ceux-ci, la
filiale Telegate du groupe Telecom Italia/SEAT Pagine Gialle agit aussi en Italie, Allemagne,
Espagne, et aux USA. En France, on compte Scoot (groupe Vivendi) et Fonecta.
La concurrence ensuite, parce que beaucoup d’opérateurs, à court d’argent, ont
vendu totalement ou partiellement leurs annuaires ces derniers temps. C’est le cas de BT,
qui a cédé Yell, de Sonera, de Qwest, de Bell Canada, de Telenor et tout début 2003 de
Sprint. Les acheteurs sont variés : fonds d’investissements, sociétés spécialisées comme R.
R. Donnelley. Cette société de Chicago est le plus grand imprimeur d’annuaires au monde,
présent dans l’Amérique du Nord et du Sud, l’Asie et l’Europe. Elle a signé en 2002 un
accord remarqué pour imprimer en Ecosse pendant trois ans 20 % des annuaires de Pages
jaunes (Wanadoo/France Télécom), soit 16 millions de pages.
La concurrence toujours, avec les réglementations sur les « annuaires universels »,
indispensables quand les clients sont dispersés entre de multiples opérateurs. En France, la
loi de 1996 prévoyait la mise en place d’un tel dispositif, mais presque rien n’a été fait
jusqu’en 2002. France Télécom a toutefois ouvert ses annuaires aux autres opérateurs et
signé des accords avec certains. Les opérateurs mobiles, eux, font de la résistance.
L’évolution technologique enfin car, au delà des annuaires informatiques dans les
organisations (LDAP etc.), le développement d’Internet a non seulement fait apparaître des
noms de domaines et adresses IP, mais permis l’éclosion de multiples fournisseurs de
services d’annuaires comme Yahoo ! L’IETF, qui gère les normes techniques Internet d’une
part et l’UIT, qui gère la numérotation dans les télécommunications d’autre part, devraient
converger grâce au protocole Enum, que l’ART a étudié en 2001 et 2002. Enum (RFC 2916)
est un mécanisme de transformation des numéros de téléphone traditionnels (E164) en
noms de domaine. Son adoption facilitera la téléphonie IP et permettra d’offrir de nouveaux
services comme l’unification des outils de communication personnelle.
Aspects techniques de l’annuaire universel
La mise en oeuvre d’un annuaire universel des numéros de téléphones est possible à
l’aide du DNS ou de LDAP. Le standard ENUM prévoit l’interrogation du DNS à partir de
numéros de téléphone pour renvoyer une adresse IP tandis qu’une autre approche définit un
enregistrement qui renvoie d’autres informations que des adresses IP, par exemple un
numéro de téléphone. Pour ce faire, nous utilisons le système DNS ou LDAP pour gèrer un
annuaire qui associe un nom de domaine à des numéros de téléphone. Un nom de domaine
est plus simple à mémoriser qu’un numéro de téléphone ou ENUM. Avec un tel système le
changement de numéro de téléphone serait transparent aux correspondants. Les droits
d’accès sont gérés par clés (IPSec ou DNSSec).
Une autre approche est de passer par une URL qui convertit le nom en numéro de
téléphone, pour cela il est nécessaire de définir un système de nommage unique. Par
exemple, un serveur du type globalTelName.com donne le numéro de téléphone de chaque
utilisateur inscrit. La règle unique d’accès serait par exemple la concaténation des
informations:
http://globalName.com?nom=x;
prenom=y;
ville=z;
region=u;
pays=v;
ou bien avec simplement l’adresse email:
http://globalName.com?adresseEmail
Ces URL donnent les informations associées au nom. La reconnaissance généralisée
d’un tel service facilite la gestion du changement de numéro de téléphone qui est de plus en
plus fréquent. Un tel changement demande une mise à jour chez tous les interlocuteurs,
opération, que l’on souhaiterait instantanée, mais qui prend un certain temps et provoque
des pertes d’appels. Un tel serveur pourrait également être accessible depuis des terminaux
mobiles (IP, Wap ou iMode). Le système utilisé devrait être accessible depuis des terminaux
GSM de base.
La gestion de la mobilité IP est une autre alternative, mais dans ce cas chaque
terminal doit disposer d’une adresse IP. L’identification d’un terminal par un nom DNS
identifie de façon unique chaque terminal et son opérateur, cette identification remplace le
numéro de téléphone. L’association de ce nom avec une adresse IP est faite pour appeler le
terminal.