Himalaya_files/Himalaya l`enfance d`un chef

Transcription

Himalaya_files/Himalaya l`enfance d`un chef
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
HIMALAYA
L'enfance d'un chef
Un film de Eric Valli
Dossier pédagogique complémentaire
-1-
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
SOMMAIRE :
1.
DÉCOUPAGE SÉQUENTIEL DÉTAILLÉ ---------------------------------------------------------------- 3
2.
CRITIQUE: "LA MONTAGNE SACRÉE" --------------------------------------------------------------- 5
3.
LE DOLPO -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 6
QUELQUES ÉLÉMENTS SUR LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET HUMAINE DU DOLPO--------------------------- 6
DIANE SUMMERS *. AVENTURE AU DOLPO SECRET .------------------------------------------------------------ 7
LA VIE AU DOLPO : L'ALIMENTATION ----------------------------------------------------------------------------- 9
4. PADMASAMBHAVA , FONDATEUR DE LA TRADITION NYINGMA DU BOUDDHISME
TIBÉTAIN.-------------------------------------------------------------------------------------------------------------10
5.
EXPLOITATION PEDAGOGIQUE------------------------------------------------------------------------13
FICHE 1: SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 6° / 5° PROPOSÉE PAR SOPHIE BOUVET ------------------------------13
FICHE 2: PROPOSITION D'ACTIVITÉ EN SCIENCES DE LA VIE & DE LA TERRE * (NIVEAU 6È) -------------15
6.
TRAVAILLER SUR LA REPRÉSENTATION DE L'HIMALAYA---------------------------------21
VIVRE DANS UN MILIEU DIFFICILE PAR SOPHIE FAVIER------------------------------------------------------23
QUESTIONNAIRE SUR LE FILM --------------------------------------------------------------------------------------26
7.
ANALYSE DU SCÉNARIO-----------------------------------------------------------------------------------28
8.
FICTION OU DOCUMENTAIRE: ÉTUDE COMPARATIVE---------------------------------------30
9.
LE SCÉNARIO ET LE FILM: ÉTUDE COMPARATIVE --------------------------------------------31
QU'EST-CE QU'UN SCÉNARIO? --------------------------------------------------------------------------------------33
ETUDE DU SCÉNARIO: -----------------------------------------------------------------------------------------------34
COMPARAISON ENTRE LE FILM ET LE SCÉNARIO: ---------------------------------------------------------------35
CONCLUSION: --------------------------------------------------------------------------------------------------------35
10. LE ROMAN ET LE FILM: ÉTUDE COMPARATIVE. LA QUESTION DU POINT DE
VUE. 36
11.
PRÉPARER LA PROJECTION: -------------------------------------------------------------------------36
12.
AUTRES PISTES PÉDAGOGIQUES… ----------------------------------------------------------------36
13.
SOURCES------------------------------------------------------------------------------------------------------38
-2-
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
1. Découpage séquentiel détaillé
Seq 1: Arrivée de la caravane rapportant du sel. Karma annonce à Tinlé la mort accidentelle de son fils
Lapka.
Seq 2: Accueil des doléances. Tinlé explique à son petit fils le cycle des réincarnations. Il lui prédit qu'il
deviendra chef lui aussi. Devant sa femme Dawa et sa belle fille Péma, Tinlé accuse Karma d'avoir tué
Lapka.
Seq 3: Funérailles de Lapka. Le corps est découpé et donné aux vautours.
Seq 4: Tir à l'arc en l'honneur d'une enfant malade. Karma s'impose comme étant le meilleur, mais il
refuse de se faire passer pour le sauveur du malade.
Seq 5: Tilé rend visite aux anciens afin de les convaincre de ne pas accepter karma comme chef.
Seq 6: Karma rend visite aux lamas. Ceux ci lui disent d'attendre avant de partir.
Seq 7: Tinlé reçoit chez lui un ami à qui il demande de prendre la tête de la caravane . Ce dernier refuse.
Il pense que seul Karma est capable de mener le troupeau à bon port.
Seq 8: Tinlé veut tirer à l'arc mais il n'a pas assez de forces. Karma arrive et lui propose de partir avec lui.
Tinlé refuse.
Seq 9: les lamas annoncent que la caravane devra partir dans 10 jours. C'est la moisson. Tinlé essaie de
convaincre d'autres hommes de partir avec lui. Ceux ci se sentent trop vieux. Tinlé emmène son petit fils
chez le chaman qui lui donne un nouveau nom: Pasang ( forgeron) afin de tromper les démons.
Seq 10: La nuit, Tinlé quitte le village à cheval.
Seq 11:Le lendemain, Karma annonce aux autres jeunes hommes du village qu'il va partir. Il leur
demande de l'accompagner.
Seq 12:Visite de Tinlé au monastère ou se trouve son fils Norbu. Il lui demande de l'accompagner pour
conduire la caravane.
Seq 12 bis: Pendant ce temps , Karma prépare son départ pour le lendemain matin. D'autres jeunes sont
décidés à l'accompagner mais Péma refuse de le suivre .
Seq 13: Au matin ,Tinlé repart seul du monastère. Norbu refuse de le suivre car il ne s'en sent pas
capable.
Seq 13: Au matin, Karma et le groupe des jeunes hommes partent avec la désapprobation des anciens .
Seq 14: Tinlé rentre au village de nuit. Tout le monde l'attendait impatiemment…Il décide de partir avec
Pasang et Péma et convainc les "vieux" de partir avec lui comme chef.
Seq 15: Sur la route, les jeunes hommes acclament Karma qui a défié les lamas.
Seq 16: Au village, les vieux se préparent. C'est alors que Norbu arrive. Maladroitement, il aide à sangler
les yacks.
Seq 17: la caravane de Tinlé se met en marche. C'est l'occasion pour Pasang de faire plus ample
connaissance avec son oncle Norbu.
3
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Seq 18: Dans la caravane de Karma, un premier incident retourne le sentiment des autres qui croient à la
malédiction des démons. Karma retrouve son autorité.
Seq 19: Nuit. La caravane de Tinlé se repose. Les hommes sont fatigués. Tinlé fait ses prières.
Seq 20: Jour. Fatigue de Pasang et des hommes. Tinlé les forcent à repartir. La caravane est partie depuis
10 jours. Tinlé est préoccupé . Il veut rattrapper Karma.
Seq 21: Nuit. Tinlé est critiqué. Norbu dessine un arbre. Pasang est surpris.
Seq 22: Jour. Tout le monde est fatigué. Nouvelles critiques des hommes qui veulent s'arrêter. Tinlé
s'entête et repart. Tout le monde lui emboîte le pas. Rencontre avec les pélerins qui lui annoncent que
Karma est à 4 jours de marche.
Seq 23: Nuit. Discussion entre Tinlé et Norbu. Ce dernier dit que "quand deux chemeins s'ouvrent à toi,
choisis toujours le plus difficile"…Tinlé choisi alors de passer par la route du lac. Les hommes le traite de
fou, mais ils ne peuvent plus reculer.
Seq 24: Tinlé prépare son yack. Le sentier devient abrupt. Un yack tombe dans le lac en contrebas et
Norbu risque sa vie. Mais la caravane passe malgré tout.
Seq 25: La caravane rejoint celle de Karma, surpris de les voir arriver.
Seq 26: Nuit. Après avoir jeté du sel sur le feu, Tinlé décide qu'il faut repartir car il prétend que la
tempête de neige s'annonce. karma refuse de le croire. Il décide de rester pour se reposer et reposer les
bêtes. Tinlé montre les étoiles à Pasang et lui explique qu'il fait partie d'une lignée de chefs, comme son
père. Péma cherche Pasang et finit par le trouver endormi dans les bras de Karma. Celui-ci propose à
Péma de rester avec lui mais elle refuse.
Seq 27: Au matin, la caravane de Tinlé des remet en marche. Karma reste seul au camp. Pasang est
partagé: il suit son grand père mais confie à Karma la médaille de son père.
Seq 28: Le temps se gâte peu à peu. Bientôt la caravane est prise dans une véritable tempête de neige. Un
yack meurt. Les hommes sont exténués. Tinlé lui-même est extrêmement fatigué. Le soir tombe et ils
arrivent néanmoins au refuge. Tinlé veut vérifier s'il n'y a pas de retardataires mais il s'épuise et tombe
dans la neige.
Karma qui entre temps s'est mis en marche trouve Tinlé et le ramène sur son dos.
Seq 28: Nuit au bivouac. On soigne Tinlé. Péma rejoint Karma et Tinlé, éveillé veut le poignarder.Norbu
l'en dissuade.
Seq 29: le lendemain matin, la caravane repart sous la conduite de Karma. Arrivés au col, Tinlé décide de
s'arrêter là. Il désigne Karma comme chef et lui donne son écharpe. Karma l'accroche au sommet du
chorten et se fait acclamer. Tinlé refuse de repartir. Il désire mourir dans la montagne.
Appendice
Seq 30: Norbu a peint une fresque racontant l'histoire de Tinlé et des siens. Pasang s'approche d'un arbre
au sommet d'une colline…
4
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
2. Critique: "la montagne sacrée"
" Quand deux chemins s'ouvrent à toi, choisis toujours le plus
difficile, celui qui exigera le meilleur de toi "
Himalaya, à plus de 5000 mètres d'altitude. Dans le Dolpo, région du Népal, survivent les habitants des
plus hauts villages du globe. Un monde à part, une enclave de culture tibétaine entre le Népal et la Chine.
Les autochtones sont nomades, et pratiquent la transhumance : l'été, ils voyagent pour troquer le grain
contre le sel des hauts lacs tibétains. A l'automne, avant que l'hiver ne bloque les cols, ils s'engagent dans
un périple à travers l'Himalaya vers Talphi, pour échanger, avec profit, le sel contre le grain des basses
vallées du Népal. Ainsi assurent-il la survie de la tribu.
Dans cet univers inhospitalier vont s'affronter deux générations, et deux conceptions de la vie. Tinlé
apprend avec le retour de la caravane la mort de son fils sur la Route du Sel. Malgré son âge avancé, il
décide de reprendre la conduite de la caravane, pour ne pas laisser le jeune Karma devenir le chef du
village, car il le tient responsable de la mort accidentelle de son fils. Mais celui-ci part avant lui ... Tinlé
se lance sur ses traces en constituant sa propre caravane : il espère former son petit fils Paslang à lui
succéder. Tout oppose les deux hommes : Tinlé est expérimenté et se fie aux traditions, Karma est jeune
et fougueux et ne croit qu'en lui. Au bout du chemin, à travers les tempêtes de neige, ils découvriront que
tous les hommes se ressemblent et vivent selon les mêmes instincts. Mais qu'au delà des querelles, la tribu
reste un ciment de solidarité. Tinlé acceptera enfin Karma comme son propre fils. Et Karma comprendra
qu'il ne faut pas défier la montagne, et que l'expérience est nécessaire pour devenir un chef respecté.
Au-delà des images magnifiques, des plans aux couleurs chaudes sur les plateaux arides et glacées dans la
tourmente de l'hiver, le film restera par le message humain qu'il transmet. Les hommes sont partout les
mêmes, des hauts plateaux de l'Himalaya à la région parisienne, tous guidés par les mêmes sentiments
tribaux de pouvoir, de jalousie et d'amour. Mais l' oeuvre prendra aussi très vite une valeur de témoignage
sur un peuple quasiment disparu. Si le Dolpo reste encore une poche de culture tibétaine, c'est en raison
de son inaccessibilité : les chinois ont renoncé à l'envahir ... Cependant, la vie étant très dure, le Dolpo
subit l'exode des jeunes, et le mode de vie des habitants en est affecté. D'autre part, les autorités chinoises
limitent de plus en plus l'approvisionnement en sel des Dolpo-pa (habitants du Dolpo), en réduisant le
taux de change entre le grain et le sel. Dès lors, il devient difficile de faire des bénéfices lors de la revente
du sel. Autant d'éléments qui nous permettent, à travers une très belle réalisation, de partir dans un voyage
inoubliable dans une contrée lointaine, et d'en découvrir le quotidien. Un film à dimension humaine, à ne
pas manquer pour redécouvrir que la diversité est de ce monde, avant qu'elle ne disparaisse.
France-Marie Lacaille
5
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
3. LE DOLPO
Quelques éléments sur la géographie physique et humaine du DOLPO
Le Dolpo est une région du nord-ouest du Népal, située dans la haute chaîne de l'Himalaya. Sa population
est d'origine tibétaine, et la frontière entre le Dolpo et le Tibet traversait son territoire actuel jusqu'au
18ème siècle. Il s'agit de la dernière région au monde où subsiste une authentique culture tibétaine qui
peut se développer librement.
Le Dolpo est un "bé-yül" en tibétain, ce qui signifie le pays caché. Ses hautes vallées sont en effet, encore
aujourd'hui, très difficiles d'accès, et plusieurs jours de marche sont nécessaires pour s'y rendre, que l'on
vienne du Népal ou du Tibet.
Ses habitants, les Dolpo-pa, sont des agriculteurs et des éleveurs, et vivent également des échanges
ancestraux avec le Tibet voisin : ils vont y chercher le sel tiré des lacs d'altitude, et fournissent en retour le
grain issu de leurs propres cultures.
Tous les déplacements se font à pied ou à cheval. Il faut quelques heures en remontant la Barbung Khola
pour atteindre Dunaï, à 2150 mètres d'altitude, la capitale administrative du district du Dolpo.
La Tarap Chu (Chu signifie rivière en tibétain) vient se jeter dans la Barbung Khola à Tarakot. La vallée
de la Tarap, la "vallée aux chevaux excellents", emprunte un chemin souvent très encaissé pour aboutir au
village de Dho, à 4050 mètres d'altitude. Ici, pas d'arbre, mais un paysage minéral au sortir de l'hiver, où
la seule végétation fait son apparition durant quelques semaines, lorsque l'orge semée par les habitants fait
verdir le fond des vallées d'altitude.
Il faut entre 2 et 4 jours de marche pour remonter la vallée jusqu'à Dho, selon la saison, la hauteur des
eaux et la force du courant obligeant parfois à faire de très longs détours lorsque le sentier devient
impraticable et qu'il faut passer par les hauteurs qui surplombent le fond de la rivière de quelques
centaines de mètres.
La solitude et l'isolement prennent ici tout leur sens. L'hiver qui dure 6 mois par an rend l'isolement du
village encore plus important, et la neige empêche toute communication durant de longues semaines.
La vie, à cette altitude, est d'une rudesse que nous avons du mal à imaginer. L'alimentation manque
cruellement de variété : la farine d'orge grillée, la tsampa, constitue bien souvent le plat unique pour toute
la famille, au mieux agrémentée de thé salé au beurre de yack. Parfois quelques pommes de terre, mais la
viande reste rarissime pour ces populations bouddhistes qui n'encouragent pas l'abattage du bétail,
précieux également pour le lait, la fourrure et le cuir.
Le bois est rare et s'entrepose sur le toit plat des maisons de pierre. Il servira à allumer le feu dont la
bouse de yack constitue le principal combustible. Les maisons-forteresses comportent au mieux une ou
deux petites ouvertures, afin de se protéger du froid, mais pas de véritable cheminée, et l'on prend très vite
conscience de ce que peut être l'atmosphère à l'intérieur lorsque le foyer de la pièce principale répand sa
fumée noire dans les quelques mètres carrés où la famille vit rassemblée.
Le manque de soins et d'hygiène, l'alimentation souvent précaire, la fumée envahissante, provoquent une
importante mortalité infantile, puisque la moitié des enfants ne dépasse pas l'âge de 5 ans.
La religion et la spiritualité tiennent ici une grande place, comme souvent en Asie bouddhiste ou
hindouiste, et la sérénité et la confiance qu'elles procurent à leurs adeptes sont bien réelles. Le
bouddhisme tibétain domine dans la région, mais on y trouve également des traces encore vivaces de la
religion Bön. Le Bön englobe les différents courants religieux qui existaient ici avant l'introduction du
bouddhisme venu du nord de l'Inde, courants teintés d'animisme et qui ont progressivement intégré divers
enseignements tirés du canon bouddhique.
Les monastères, ou gompas, sont fréquents et n'abritent parfois qu'un seul moine qui prend en charge la
population du hameau voisin. Fréquents également sur le bord des sentiers, les empilements centenaires
de mani, les pierres gravées où l'on retrouve soit la roue de la vie, soit le mantra "Om Mani Padme Hum",
formule sanskrite, littéralement "le Joyau dans le Lotus", le mantra le plus important du bouddhisme
tibétain, qui symbolise le joyau de l'illumination et de la sagesse se développant au coeur du lotus de la
conscience humaine. Fréquents enfin, les drapeaux à prière et les chortens, monuments funéraires ou
symboliques.
6
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Diane Summers *. Aventure au Dolpo secret .
Sous le regard attentif de Toundoup, chef du village de Saldang, le paysan remplit la mesure de grain
et l'aplanit du tranchant de la main. Puis il en verse le contenu dans un grand sac, en comptant « gcig,
gcig, gcig », pour la première mesure, « gnyis, gnyis, gnyis », pour la deuxième et ainsi de suite jusqu'à
cinquante-huit mesures. Toundoup m'explique : « Cet homme est propriétaire d'un yack qui a foulé nos
champs d'orge. Il a été condamné à une amende : une mesure d'orge par empreinte. Ce grain servira à
nourrir les villageois qui participent aux travaux communautaires. Nous avons toujours un pont à
consolider, un sentier à entretenir, un sanctuaire à restaurer. » Par chance, aperçu à temps par un des
veilleurs du village, l'animal n'a pas eu le loisir de brouter les jeunes pousses des céréales. S'il l'avait fait,
les anciens, après avoir évalué les dommages, auraient donné le grain de l'amende - bien plus sévère au
propriétaire du champ.
Les légendes veulent que le Dolpo, cette terre secrète au nord du Népal (voir GEO no 75), soit un Sbas
Yul, un des « pays cachés » découverts par Gourou Rimpoché, le saint homme qui vint de l'Inde au VIII e
siècle enseigner le bouddhisme au Tibet. Les Sbas Yul sont des refuges, difficiles d'accès, protégés du
reste de l'univers par de hautes montagnes ou de profondes forêts. Séparé du Népal, auquel il est
administrativement rattaché, par la gigantesque chaîne du Dhaulagiri qui culmine à 8 172 mètres, le
Dolpo est resté à l'écart des bruits et des fureurs du monde. Au nord, l'invasion chinoise du Tibet, en
1950, s'est arrêtée à sa frontière. Au sud, 1 royaume du Népal demeure plus de dix jours de marche
harassante, derrière des cols qui dépassent tous 5 000 mètres d'altitude. C'est seulement dans les années
soixante, à la suite des voyages des professeurs Giuseppe Tucci et David Snellgrove, que l'Occident a
découvert le Dolpo où, depuis plus de dix siècles, s'étaient installées des ethnies tibétaines. Rattaché
jusqu'au XVIII e siècle au Tibet, habité depuis plus de mille ans par des ethnies tibétaines qui ont
conservé leur culture, il est devenu, en raison des épreuves bouleversant le Pays des Neiges le précieux
témoignage d'un Tibet intact et vivant.
Le bouddhisme tibétain pratiqué par les quatre mille cinq cents habitants du Dolpo est fortement
teinté de très anciennes croyances animistes. Dans cet univers peuplé de dieux et de démons, rien
d'important ne peut être entrepris sans leur consentement. Souvent, pour gagner leurs faveurs et
accumuler des mérites en vue d'une meilleure réincarnation, hommes et femmes vont en pèlerinage autour
des montagnes, résidences des divinités.
La jeune Deuma, du village de Saldang revient de l'un de ces «kora». Mariée depuis bientôt deux ans
à Tshewang, elle ne lui a pas encore donné d'enfant. Aussi est-elle partie seule vers Pouchutza, le rocher
où viennent se recueillir les femmes stériles. Après quatre jours de marche, elle est arrivée près du
monolithe dressé à plus de 5 000 mètres d'altitude. Comme l'enseignent les anciens, elle en a fait le tour
dans le sens des aiguilles de nos montres, tout en récitant l'invocation sacrée: « Om Mani Padme Hum »
(Oh, le joyau dans la fleur de lotus!) Selon la tradition, elle a ramassé une pierre, l'a bercée, puis l'a
enroulée dans son épaisse couverture bariolée et l'a portée sur le dos comme s'il s'agissait de son propre
enfant. On raconte qu'une femme sceptique jeta la pierre au retour de ce pèlerinage. Une de ses
compagnes, en secret, la ramassa. Elle eut deux enfants, l'incrédule aucun.
Le très fort taux de mortalité infantile au Dolpo - près de 50 pour 100 - est dû surtout à l'absence
d'hygiène. Les gosse se promènent couverts de crasse et de poussière. Leurs seuls bains, ils les prennent
lorsqu'ils tombent dans le ruisseau. Les plus fort seulement survivent. Il n'est pas rare de rencontrer au
Dolpo de robustes vieillards ayant dépassé les quatre-vingts années. On cite souvent ce Lakpa, mort à plus
de 100 ans, après que ses dents eurent repoussé pour la troisième fois! Il n'empêche: avec ses 5 000
kilomètres carrés, le Dolpo est l'un des districts les moins peuplés du Népal: seulement un habitant par
kilomètre carré. Ses hautes terres arides ne pourraient en supporter plus. L'équilibre est préservé au prix
d'une sélection naturelle très dure.
« Dolpo signifie mine », nous explique un lama. Jadis, la contrée était réputée pour être une mine de
sagesse, de religion, de vertu et aussi de biens matériels, plus précisément de troupeaux. Les villages
prospéraient, les forêts aussi. Le gros pilier du monastère de Tarap a été taillé dans l'une de ces futaies.
7
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Le Dolpo a-t-il connu, il y a plusieurs centaines d'années, ce qui accable aujourd'hui le district voisin de
Mugu? La surpopulation a amené les paysans à déboiser tout autour des villages. A Kartik, par exemple,
les sources se sont taries, il faut désormais marcher plus de trois heures pour trouver de l'eau et la
rapporter à la maison. Kartik se dépeuple.
Labrang Toundoup, le chef du village de Saldang,descendant d'une lignée de sages et de lamas, tient
aussi le rôle de médecin et de banquier. Dans sa grande maison rouge, la couleur sacrée du bouddhisme
tibétain, assis près du foyer, il moud d'étranges substances extraites de bourses en cuir: rate d'ours, sang
ou poil de yack, bois fossilisé, insecte séché, résine, racine...Savamment mélangées, ces poudres
constituent sa pharmacopée. Les patients le paient selon leurs moyens, avec quelques mesures de farine,
une motte de beurre ou une brique de thé. Labrang Toundoup est un puits de connaissances. Il possède
de grands livres tibétains aux couvertures en bois sculpté. Certains sont des ouvrages religieux, d'autres
des traités de médecine, ou encore des biographies de ses ancêtres
Le père de Labrang Toundoup est mort il y a six mois alors qu'il ,méditait. Son corps est resté en
position du lotus pendant cinq jours. Après que la tête se fut inclinée, le cadavre a été confié aux
flammes. Le bûcher a brûlé pendant quatorze jours. Parmi les cendres, on a trouvé une multitude de
petites boules blanches (koudoung rinsel), signe que l'homme était un grand lama. Ces grains au pouvoir
protecteur sont gardés précieusement dans une amulette que Labrang porte au cou. Une partie des
cendres a été déposée dans un reliquaire, un chorten, érigé en mémoire du défunt. Le reste a servi à
confectionner une statuette de la déesse Tara, protectrice de la lignée. Sur l'autel familial, elle nous
regarde du haut de son étagère. Si les Dolpo-pa sont familiers du merveilleux, ils ont également un très
grand sens pratique. A Saldang, l'eau est rare. Stockée dans des réservoirs, elle est distribuée entre les
seize groupes de maisons, selon l'ordre déterminé par une partie de dés en ivoire. Les gagnants sont les
premiers servis. Labrang Toundoup, qui organise le jeu et note les résultats, sera le dernier cette année.
Au Dolpo, les quelques arbres qui survivent sont protégés. Les couper offenserait les divinités
souterraines et entraînerait des maladies de peau. Les troupeaux de mouflons viennent brouter en bordure
des villages. L'homme, par respect de la vie, n'a pas le droit de chasser. Un sillon ne peut être tracé sans
la permission des dieux, une récolte ne peut s'effectuer sans leur avoir fait une offrande.
Extraits de l'article de GEO magazine ( 1987)
* jeune avocate australienne ( 26 ans) , elle quitte Sydney pour le Népal où elle rencontre par
hasard Eric Valli qui la fait pénétrer ( première femme occidentale ?) dans le "Dolpo secret".
8
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
La vie au Dolpo : L'alimentation
D'après Corneille Jest ( Dolpo, communauté e de langue tibétaine du Népal. Editions CNRS 1975
L'orge est l'aliment principal dans le Dolpo, transformé en farine (tsampa) ou en bière (chang).
La tsampa rouge ou grossière est obtenue en faisant griller l'orge dans une poêle. Celle-ci éclate. Elle est
ensuite moulue.
La tsampa blanche est plus longue à obtenir. La préparation est plus soignée. L'orge est lavée et séchée
pendant deux 'ours, triée pour éliminer les cailloux, trempée dans de l'eau salée et chaude, puis à nouveau
séchée. Le grain, mélangé à du sable, est porté à haute température (150°C). Par tamisage on sépare le
sable du grain éclaté et grillé. Ce dernier est alors pilé au mortier et vanné. Cette tsampa très fine et bien
blanche est consommée lors des fêtes religieuses.
Le matin, la tsampa est mélangée avec du thé. A midi, elle est préparée en bouillie, et parfois alterne avec
du riz. Dans l'après-midi, elle est consommée sous forme de boulettes. Le repas du soir, moins
monotone, se compose de galettes de sarrasin, d'un plat de mil ou de farine de maïs et bien sûr de tsampa.
La tsampa, mélangée à de l'eau, sert d'aliment pour les caravaniers et les bergers.
La bière est fabriquée par fermentation pendant au moins 3 jours. L'orge, lavée et chauffée à 60'C
pendant 3 heures est placée avec de la levure dans une poterie pour fermenter. Le malt obtenu est
mélangé à de l'eau. La bière joue un rôle important dans les diverses manifestations. Le récipient de
bière est un des objets les plus richement ornés. On obtient de l'alcool d'orge (25' à 30') en distillant le
produit fermenté dans des alambics.
Les différents laits, produits par les vaches, les brebis et les chèvres, sont le plus souvent mélangés. Le
mélange servira à la fabrication du lait caillé (par fermentation), du beurre (par chauffage et barattage),
puis du fromage (par chauffage et coagulation). Ce dernier se consomme frais ou sec.
La consommation de viande est occasionnelle. Tuer un animal délibérément n'est pas une pratique
tibétaine. L'abattage est une décision collective. La dépouille est partagée entre les membres du groupe
qui ont donné leur accord. Les animaux morts par accident sont consommés. La viande est transformée
en saucisses et boudins ou séchée et conservée.
Elle est consommée à l'occasion des fêtes religieuses.
Le thé est la boisson traditionnelle de toutes les réunions au cours de la journée. La feuille de thé est
importée d'Inde et de Chine. Les feuilles sont soumises à une décoction. On y ajoute du natron et du sel
pendant l'ébullition. Le thé est versé dans une baratte. On y ajoute du beurre. On agite fortement le
mélange. Dans le bol, la matière grasse monte en surface, et la politesse tibétaine implique que l'on boive
sans éliminer la mince couche blanchâtre qui surnage.
Les quelques produits de cueillette complètent l'alimentation. Parmi les plantes sauvages, on trouve les
racines de potentille, les orties, les chénopodes, l'ail sauvage, l'oignon sauvage, l'anis des Vosges ou
Kummel, le serpolet.
9
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
4. PADMASAMBHAVA , fondateur de la tradition Nyingma du bouddhisme tibétain.
Par Stephen Batchelor
Padmasambhava : (Gourou Rimpoché) - ("le Précieux maître")
Théologien cachemiri qui, au VIIIe siècle, aurait converti le Tibet au bouddhisme et auquel la légende
attribue des pouvoirs extraordinaires. C'est le maître indien le plus vénéré des lamaïstes après le Bouddha.
Le grand Saint indien qui se rendit au Tibet au 8ème siècle à l'invitation du roi Trisong Détsen pour y
répandre les enseignements du Bouddha.
LA TRADITION NYINGMA
Baignant dans le bouddhisme de Shantideva, mais menacé par la désintégration politique ambiante, le
Dharma se fraya un chemin de l’Inde à travers l’Himalaya jusqu’au Tibet. Shantideva vécut entre les
règnes des deux rois tibétains qui établirent le bouddhisme dans le pays : Songtsen Gampo et Trison
Detsen. Au premier on attribue l’unification des factions rivales du plateau tibétain et la création de la
nation tibétaine. Il épousa une princesse chinoise et une princesse népalaise, qui arrivèrent à Lhassa
chacune avec une statue du Bouddha en cadeau. Le roi chargea son ministre Tönmi Sambhota d’élaborer
une langue écrite devant servir de véhicule à la traduction des Ecritures bouddhiques en tibétain. Le
deuxième roi s’appuya sur les réalisations de son prédécesseur et les développa à la fois sur le plan
politique - en élargissant le territoire du Tibet (il occupa même un certain temps une partie de la Chine et
de l’Inde) - et sur le plan spirituel, en établissant le bouddhisme comme religion d’Etat. A cette fin, il
invita l’une des dernières grandes personnalités de Nalanda, le célèbre abbé et philosophe Shantarakshita.
Celui-ci fut chargé de fonder un monastère sur les rives du Brahmaputra à Samyé, afin d’y ordonner les
premiers moines tibétains. Il s’acquitta bien de sa mission, mais non sans avoir eu recours à l’adepte
tantrique indien Padmasambhava.
Bien qu’on considère généralement que Padmasambhava arriva au Tibet en 770, la vie qu’il mena
antérieurement et postérieurement à cette date n’a pu être établie avec précision, ni historiquement, ni
géographiquement. Sa biographie, le Padma Tang Yig, est l’histoire d’une figure mythique - à la fois
moine, chaman, yogi et savant - qui représente, au travers d’une série d’épisodes épiques très
symboliques, un idéal d’illumination à la fois attachant et simple d’approche pour les Tibétains du
huitième siècle.
Dire de Padmasambhava qu’il est « né » est déjà problématique. Il apparaît pour la première fois au pays
d’Uddiyana, un endroit que certains situent dans la Vallée du Swat du Pakistan moderne et une partie du
royaume du roi Ménandre, mais dans lequel d’autres voient plutôt un lieu mi-divin, mi-terrestre. Il y a très
longtemps, le bodhisattva Avalokiteshvara, voyant le pays d’Uddiyana ravagé par la famine et la
sécheresse, implora l’aide du Bouddha Amitabha. Celui-ci répondit à la prière en projetant la syllabe
mystique HRI de son coeur, syllabe qui se transforma en un sceptre (vajra) en or, au centre d’un lotus. A
son tour le sceptre se changea en un garçon de huit ans auréolé de lumière aux couleurs de l’arc en ciel.
Ainsi apparut, selon la légende, Padmasambhava, « Celui-qui-est-né-du-Lotus », en ce monde. La pluie
déferla en cascade, mettant fin à la sécheresse et à la famine qui sévissaient au pays.
La séquence suivante de la légende de Padmasambhava est calquée sur la vie archétype du Bouddha luimême. Le roi d’Uddiyana adopte le garçon qu’il éduque en vue de lui succéder. Plus tard, un mariage
avec une princesse est arrangé. Mais le jeune homme, déjà las des plaisirs de ce monde, renonce à famille
et royaume. Mais au moment du départ, il est accusé du meurtre de sa femme et du fils d’un ministre et
banni du pays d’Uddiyana. Le tour inattendu que prend l’acte de renoncement donne une première
indication des interactions courroucées que Padmasambhava allait avoir avec la société, une
caractéristique qui le distingue de Gautama et annonce l’adepte tantrique qui aura recours à l’usage de la
force pour contrecarrer les conditions instables de son temps.
Padmasambhava erre à travers l’Inde, méditant dans les cimetières, étudiant tous les arts et les sciences de
son temps, la philosophie, l’astrologie, la médecine, la poésie... Il obtient une parfaite maîtrise des textes
10
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
bouddhiques canoniques et est initié aux doctrines secrètes des tantras. Extérieurement, c’est un bhikshu
au crâne rasé revêtant les robes jaunes d’un moine, mais intérieurement, il habite des mandalas tantriques
éclatants et s’unit avec les dakinis.
Puis un jour, après des années d’absence, il retourne à Uddiyana, accompagné de sa disciple, la princesse
Mandarava. Très vite reconnu par le roi et ses ministres, il est condamné à être brûlé vif. Le bûcher fume
trois semaines durant. Quand le roi se rend sur le site, au lieu d’un feu fumant, il trouve un grand lac au
milieu duquel Padmasambhava et Mandarava dansent en union sur un lotus géant auréolé d’arcs en ciel
chatoyants. Très impressionné, le roi implore Padmasambhava de l’instruire dans la voie spirituelle.
Celui-ci accepte et demeure à Uddiyana treize ans ; puis il reprend sa vie itinérante, voyageant en Inde, au
Népal, en Asie du sud-est et même, selon certaines sources, aussi loin que la Chine, la Russie, la Perse et
l’Egypte, pour finalement se fixer près de Bodh Gaya, où Gautama reçut l’illumination.
Pendant ce temps, au Tibet, l’abbé Shantarakshita se débattait contre maintes difficultés pour construire le
premier monastère qui permettrait d’établir le bouddhisme dans le pays. Non seulement il avait à affronter
la résistance des prêtres et des chamans de la religion autochtone, le Bön, mais son action était
constamment entravée par les esprits locaux. Un jour, le roi Trisong Detsen vint chercher conseil auprès
de lui. « Je me suis efforcé de parfaire l’esprit du Bodhisattva », répond l’abbé,
Si bonté et douceur ne peuvent prévaloir, il faudra nous en remettre à celui qui fait reculer toutes les
forces négatives pour finalement les subjuguer. En ce moment, le Docteur d’Uddiyana, Padmasambhava,
réside près de Bodh Gaya, en Inde. Invitez ce Bouddha vivant et toutes vos aspirations pour le Tibet se
matérialiseront.
Padmasambhava accepte l’invitation, et pendant des mois parcourt le Tibet, soumettant les esprits locaux
en leur faisant jurer de protéger et de servir le Dharma. Chaque rencontre est décrite comme une bataille
magique contre des êtres démoniaques qui émergent des glaciers, des montagnes et des vallées, pour être
finalement apprivoisés par Padmasambhava. Ces histoires montrent comment l’attachement des Tibétains
aux esprits locaux de leur culture, au lieu d’être refoulé, est transmuté vers une aspiration pour les vérités
plus élevées du bouddhisme.
Quand Padmasambhava rencontre le roi Trisong Detsen sur les rives du Brahmaputra, le puissant
souverain rechigne à lui rendre hommage. Alors Padmasambhava « retourne ses mains et, faisant jaillir
une flamme miraculeuse d’un de ses doigts, fait s’enflammer les habits du roi. C’en est trop pour le roi,
les ministres et les courtisans qui l’accompagnent : d’un seul mouvement ils s’inclinent, comme fauchés
par une faux ». Au moins dans le principe, cette anecdote se veut un pendant à la rencontre du Bouddha et
des cinq ascètes à Sarnath, et symbolise la transformation d’un puissant Etat guerrier en un Etat soumis au
Dharma.
Padmasambhava ne fait qu’une bouchée des esprits qui entravent la construction du monastère de Samyé ;
il réussit même à les enrôler la nuit dans le projet. Une fois le monastère terminé, en 779, Shantarakshita
donne l’ordination aux « Sept Candidats », les premiers bhikshus tibétains, formant ainsi la première
sangha monastique. Puis, avec Padmasambhava, il entreprend de superviser les débuts de l’immense
travail de traduction de l’intégralité du canon bouddhique du sanskrit et du chinois en tibétain.
Padmasambhava transmit de nombreux enseignements tantriques aux disciples qui se pressaient auprès de
lui, mais il se rendit bientôt compte que les gens n’étaient pas prêts pour les doctrines et pratiques les plus
avancées. Aussi aurait-il codé des textes dans un langage lapidaire qu’il aurait ensuite cachés dans des
temples, des grottes, des crevasses de montagne... ; il prédit que ses disciples de l’époque réapparaîtraient
pour en révéler le sens caché quand le temps de leur dissémination serait mûr. Ces enseignements secrets
furent appelés terma (trésors) et ceux qui devaient en révéler le sens des tertôn (révélateurs de trésors).
La vie de Padmasambhava à la cour tibétaine ne faisait pas l’unanimité. Peu après son arrivée, le roi
Trisong Detsen lui offrit en présent sa femme, Yeshé Tsogyel, épousée deux ans plus tôt. Cet acte de
11
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
générosité fit scandale et suscita la colère des ministres restés fidèles à la religion Bön. Le couple dut fuir
à Tibrom, dans une grotte située au nord-est de Lhassa, jusqu’à ce que les esprits se soient apaisés.
Enfin le jour arriva où Padmasambhava dut rentrer dans son pays, escorté jusqu’à la frontière par une
foule de disciples. Au moment de la séparation, il exhorta ses disciples à se vouer entièrement à la
pratique du Dharma, puis il « enfourcha un cheval ailé qui surgit du ciel et, s’envolant dans un nuage
rayonnant de toutes les couleurs de l’arc en ciel, il disparut sur les rayons du soleil ».
Extrait du chapitre 6 de "The Awakening of the West", de Stephen Bachelor, Parallax Press, (traduction
Daniel Milles) ISBN 1-85538-343-8
Octobre 2000
Stephen Batchelor
http://www.buddhaline.net/article.php3?id_article=236
12
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
5. EXPLOITATION PEDAGOGIQUE
Fiche 1: Séquence pédagogique 6° / 5° proposée par Sophie Bouvet
Déroulement de la séquence.
Objectifs :
Lire l'image (narrative et documentaire).
Faire prendre conscience aux élèves qu'un film, comme une œuvre littéraire, résulte de choix esthétiques.
Montrer que dans le film d'Eric Valli, ces choix d'écriture relèvent d'une démarche
éthique.(Sensibilisation au discours argumentatif qui sera étudié plus tard )
Séance n° 1 : Préparation à la projection.
Présentation du réalisateur Eric Valli, de ses relations avec les Dolpo-pa, du cheminement ayant abouti au
projet du film.
Présentation du Dolpo, des contraintes du milieu, des conditions de vie (liaison avec le programme
d'histoire en sixième).
Quelques éléments d'information sur le bouddhisme tibétain.
Explication du rite des funérailles célestes.
Séance n° 2 : Projection du film
Séance n° 3 : Séance orale.
Objectifs :
Faire émerger les réactions des élèves .
Expliciter certaines scènes.
Mettre en place les premiers éléments d'analyse des personnages et de l'histoire.
Séance n° 4 : Projection du reportage sur le tournage du film, réalisé par Debra Kellner.
Objectifs :
1) Montrer la réalité du tournage.
2) Montrer que les valeurs mises en œuvre dans la fiction et lors du tournage sont similaires : un projet
éthique.
Activité :
1) Placer sur deux axes chronologiques les difficultés extérieures et intérieures rencontrées dans la fiction
par les yakpa et dans la réalité par l'équipe de tournage.
2) Qu'est-ce qui malgré tout rend possible la réalisation des deux entreprises ?
Séance n° 5 : Les grandeurs de plans (à partir d'une fiche technique).
Objectif : Faire acquérir des outils d'analyse de l'image.
Séance n° 6 : Expression écrite : transposition écrite.
Présentation de l'album Himalaya, l'enfance d'un chef (Editions Milan), réalisé par le lama Tenzing
Norbu, et dont les illustrations reprennent les principales scènes du film.
Sujet : Choisissez un épisode du film.
Dans un premier paragraphe, racontez cet épisode.
Dans un deuxième paragraphe, expliquez les raisons de votre choix
Apportez un soin particulier à la ponctuation .(Travail au préalable en demi-groupes).
13
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Séance n° 7 : Etude comparée de la scène d'ouverture du film avec la situation initiale de la novélisation
d'Evelyne Brisou-Pellen.
Objectifs :
1) Analyse de l'image : le réalisateur écrit son film en utilisant des outils (les grandeurs de plans ont des
fonctions particulières). .
2) Approfondissement de la fonction de la situation initiale : elle ne se contente pas de donner des
informations, elle doit susciter l'intérêt du spectateur /lecteur.
3) Montrer que les différences constatées dans la présentation de la même scène relèvent de choix
d'écriture correspondant à des intentions différentes chez les auteurs.
Séance n° 8 : Analyse de la séquence des funérailles célestes. Comparaison avec le livre.
Objectif :
1) Montrer la démarche éthique du réalisateur, qui suggère sans montrer ni expliquer
2) Notions de hors-champ, hors-vue, son off.
3) Analyser et comparer les procédés à l'origine de la présence ou absence d'émotion dans le film et le
livre (différence de point de vue).
Séance n° 9 : Prolongements
Présenter et faire circuler les deux albums tirés du film, le livre d'Eric Valli et Debra Kellner sur le
tournage du film, le livre de photographies d'Eric Valli et Diane Summers sur le Dolpo (expédition
réalisée par Eric Valli et des yakpa en 1985, et présentant de nombreuses similarités avec la fiction, quant
aux lieux et aux péripéties).
Bibliographie
Eric Valli, Diane Summers, Dolpo, le pays caché (Chêne)
Eric Valli, Debra Kellner, Himalaya, l'enfance d'un chef (Editions de la Martinière)
Tenzing Norbu Lama, Himalaya, l'enfance d'un chef (Milan)
Stéphane Frattini, Tenzing Norbu Lama, Himalaya, le chemin du léopard (Milan)
Evelyne Brisou-Pellen, Himalaya, l'enfance d'un chef (Pocket Junior)
14
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Fiche 2: proposition d'activité en Sciences de la Vie & de la Terre * (niveau 6è)
*P.E. JOUGNOT, professeur de Sciences de la Vie & de la Terre, collège Raymond Poincaré (Bar le
Duc) "collège au cinéma" (2003/2004)
[email protected]
CARACTÉRISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT PROCHE ET RÉPARTITION DES ÊTRES
VIVANTS :
Les êtres vivants ne sont pas répartis au hasard; leur répartition dépend des caractéristiques de
l'environnement (ici les caractéristiques seraient l'altitude et la météorologie)
DURÉE DE LA SÉANCE DE COURS : 2 heures
MATÉRIEL NÉCESSAIRE :
extraits du film "Himalaya l'enfance d'un chef"
- séquence d'ouverture (Tinlé et l'enfant dans le champ d'orge)
- séquences de fin (la fresque terminée où l'on voit l'arbre); (l'enfant s'arrête devant l'arbre réel)
FICHE-ÉLÈVE :
I. LOCALISATION
document 1(carte): extrait de carte de l'Asie et localisation du Népal
1. Colorer sur la carte le Népal
2. Nommer les pays limitrophes du Dolpo (région du Népal):
au nord : ……………………………; à l'ouest: ……………………………
II. LE TRAJET DES DOLPO-PA ET LE TROC
document 2 (texte): la vie au Dolpo
document 3 (schéma): de "la route du sel" au "pays du grain"
1. À l'aide du texte, compléter le schéma du trajet des Dolpo-pa:
altitudes, marchandises transportées, saisons du trajet.
2. Sur le document 3, repérer d'un rond bleu, le point de départ du film ; d'un rond rouge la fin du film.
Repasser en couleur les flèches représentant le trajet suivi durant le film.
III. LES ÉTAGES DE VÉGÉTATION EN HIMALAYA
document 4(schéma): les différents étages de végétation
document 5(texte) : caractéristiques des milieux d'altitude
1. En utilisant les données du document 4 sur les étages de végétation, indiquer quelle est l'altitude
maximale de la forêt dans cette région de l'Himalaya: ………………………
2. À l'aide du document 5, indiquer quelle est la condition principale qui limite l'expension de la forêt en
altitude: …………………………………………………………… Pourquoi l'orge peut-il pousser malgré
tout ? ………………………………………………………
IV. UN TREK DANS LE DOLPO
Certains organismes de voyage proposent des randonnées (ou treks)en haute altitude dans le Dolpo. C'est
le cas de l'agence "Les portes de l'Aventure" qui propose un trek proche du trajet effectué par Tinlé dans
le film
document 6(profil): profil du Jumla-Dolpo trek
1. sur le document 6, colorer en bleu le village de Dho
2. En vous aidant du document 4, colorer en vert sur le profil, la partie de montagne recouverte de forêt
3. Colorer en jaune la partie de montagne recouverte par les herbes basses et l'orge
4. Indiquer sur le profil l'endroit où, pour la première fois, la caravane de Tinlé atteind la zone de forêt
15
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
BILAN :
document 7 (photographie)
Les dernières images du film montrent d'une part le jeune enfant Passang, fasciné par la vue d'un arbre, et
d'autre part l'arbre représenté dans la fresque par le moine (alors que celui-ci n'en a jamais vu).
document 9 (texte): extrait d'une entrevue avec Éric Valli :
Surligner dans le document les parties du texte montrant l'importance de l'arbre.
Expliquer en une phrase les raisons pour lesquelles le moine et l'enfant n'ont jamais vu d'arbre de leur vie.
………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………
DOCUMENT 1 : Extrait de la carte de l'Asie et localisation du Népal
DOCUMENT 2 : La vie au Dolpo
Dans le Dolpo, la production d'orge est insuffisante pour nourrir la population. Les habitant du Dolpo - les
dolpo-pa- pratiquent le troc. Les habitants du village de Dho (dont Tinlé est le chef dans le film), partent
en été avec leurs yaks et une mesure d'orge en direction des hauts plateaux du Tibet situés à 4600m
d'altitude. Ils y échangent leur orge contre deux mesures de sel puis redescendent dans leur village situé à
une altitude de 4130m.
À l'automne, ils chargent le sel qu'ils descendent dans les vallées inférieures du Népal, à Jumla, situé à
2370m d'altitude. Ils échangent alors les deux mesures de sel contre sept à huit mesures de maïs, blé,
riz...Ces cinq à six mesures de céréales gagnées leur permettront de subvenir à leurs besoins le reste de
l'année.
DOCUMENT 3 : De "la route du sel" au "pays du grain"
16
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
DOCUMENT 4 : Les différents étages de végétation
DOCUMENT 5 : Caractéristiques des milieux d'altitude
Quelles sont les caractéristiques des milieux d'altitude ?
- Diminution de la température
La température baisse d'environ 0,6° C tous les 100 m.
- Augmentation de la fréquence de la couverture nuageuse
17
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
La couverture nuageuse très fréquente en altitude limite la durée de l'ensoleillement. Lorsque les vallées
sont en plein soleil, le sommet des montagnes est souvent couvert par les nuages.
- Qu'est-ce que l'étage alpin ?
L'étage alpin est la zone de végétation située au dessus de la limite naturelle de la forêt, et ceci sur toutes
les montagnes du globe. La zone alpine est caractérisée par une végétation basse.
Pourquoi la forêt disparaît-elle à une certaine altitude ?
La limite supérieure de la forêt est une nette transition. Ceci est lié au climat qui règne là-haut. La
condition principale expliquant la disparition brutale de la forêt avec l'altitude semble être la basse
température en été. En effet, il a été montré que la température moyenne de l'air régnant à la limite de la
forêt en juillet est de 10° C.
Mais qu'est-ce qu'un arbre ?
Un arbre est une plante constituée d'un tronc et qui atteint une hauteur de 3 m minimum. La raison qui
empêche les arbres de vivre en altitude est une faible température qui ne permet pas une production
suffisante de nouvelles cellules. C'est pour cette raison que les plantes d'altitude sont de petite taille.
La température au ras du sol est toujours plus clémente qu'à quelques mètres de hauteur.
DOCUMENT 6 : Profil du Jumla-Dolpo trek
DOCUMENT 7 : Image de fin du film
18
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
DOCUMENT 8 : trajet du Jumla-Dolpo trek
DOCUMENT 9 : Extrait d'une entrevue avec Éric Valli
Écran Noir : Le point de départ de votre film c’est l’histoire de cet enfant. Son rêve de voir un arbre. Mais
au cours du film, vous vous attachez à décrire, la lutte entre
générations, entre le jeune et le vieux chef ?
Éric Valli : Oui, c’est ça. Le titre, " l’enfance d’un chef ", c’est presque une fausse piste. Au départ, c’était
quelque chose que je voulais plus développer et puis un film, c’est quelque chose qui vit, évolue tout le
temps, pendant l’écriture, le tournage et avec les acteurs...
Par exemple, quand l’apprenti dit à Norbou (le jeune moine peintre) que la Tanka (fresque tibétaine) ne
sera jamais fini à temps : il amène les couleurs, le bâton bleu n’est pas bon. Et Norbou répond : "On sait
toujours quand on commence une fresque, on ne sait jamais quand on la finit. Arrive un moment où elle
prend vie d’elle même et c’est elle un jour qui te dira que c’est terminé."Le film, c’est exactement la
19
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
même chose : il est devenu un personnage vivant. On était parti avec 7 ou 8 fins et finalement c’en est une
neuvième que l’on a tournée. Elle s’est imposée d’elle-même, à la fin du tournage.
[…]
Écran Noir : La dernière image du film est très belle. On l’attend. A la fin de ce long périple, l’enfant, qui
n’a jamais vu d’arbre de sa vie, finit par en voir un. Comme une récompense...
Éric Valli : Ah cette image ! Comme quoi le film prend vie de lui-même. On tournait dans le sud du
Dolpo, dans une forêt dont on n’a pas utilisé un gramme dans le film ; et d’un seul coup, le gamin qui ne
tournait pas était là. Près de l’arbre. J’ai dit à Luc, le cadreur : "c’est ça qu’il faut tourner !" On a fait deux
prises. Je ne savais pas du tout si j’allais l’utiliser.
Écran Noir : Et c’est le plan de fin !
Éric Valli : Et c’est le plan de fin !
• extrait d'une entrevue avec Éric Valli, réalisateur du film
(30 janvier 2000)
20
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
6. Travailler sur la représentation de l'Himalaya
Extrait du dossier pédagogique réalisé par les Grignoux et consacré au film:
Himalaya d'Eric Valli
Objectif
Dégager de grands constats quant aux choix du réalisateur
Méthode
Individuellement, rassembler un certain nombre de revues illustrées (magazines de reportage, dépliants
touristiques, magazines d'informations), où il est question de l'Himalaya
Répartir indistinctement l'ensemble des documents entre les élèves, réunis en petits groupes de travail
Au sein de chaque groupe, comparer les images issues des revues avec les images du film, principalement
quant au sujet traité (paysages, vie quotidienne des habitants, vie religieuse, architecture, faune, flore,
problèmes politiques, expéditions sportives )
Définir en quelques mots le contexte dans lequel s'insèrent les images des différentes revues
Repérer, distinguer les aspects que l'on retrouve dans Himalaya, l'enfance d'un chef (1)
Mettre en commun les résultats des analyses effectuées au sein de chaque groupe, et dégager ensemble
quelques constats quant aux choix fondamentaux du réalisateur
Déroulement et commentaire
Comme point de départ à l'activité, on évoquera devant la classe un proverbe sanskrit (2), et l'on
demandera aux élèves de s'exprimer sur le contenu de ce message, qui met en exergue l'idée d'un
Himalaya fascinant, aux multiples visages :
«Cent ères divines ne suffiraient pas à décrire toutes les merveilles de l'Himalaya ».
De là, en effet, il est facile de parvenir à l'idée qu'Eric Valli a forcément privilégié un certain regard, une
approche toute personnelle parmi de nombreux autres choix possibles. La sélection la plus évidente est
d'ordre géographique le choix du Dolpo, une petite province népalaise à la frontière du Tibet, assez
fermée et difficilement accessible (sur les plans géographique et politique) mais il y a dans le film bien
d'autres partis pris moins visibles, peu apparents si l'on ne possède de cette région qu'une connaissance
sommaire et lointaine. S'ils n'ont de l'Himalaya que la représentation qui en est offerte dans le film, les
élèves seront naturellement tentés de l'étendre à l'ensemble de cette vaste région, dont les hauts sommets
ne constituent pourtant que la petite partie «mythiquement connue» de l'«iceberg». Nous pensons donc
qu'il est important que les enfants prennent conscience de cette dimension-là, en les amenant à replacer le
film d'Eric Valli dans un contexte plus large.
A cette fin, on leur demandera de trouver individuellement (à domicile, en bibliothèque, à la librairie,
éventuellement dans les agences de voyage ) au moins une revue (spécialisée ou d'information générale)
ayant consacré à l'Himalaya un article illustré, et ce quel(s) qu'en soi(en)t le(s) thème(s) développé(s).
Au préalable, on observera avec eux une carte permettant de situer avec précision ce massif montagneux
qui, loin de se limiter à la province du Dolpo, s'étend sur plusieurs pays le Népal, mais aussi le Bhoutan,
la Chine (le Tibet), le nord de l'Inde, l'Afghanistan, le Pakistan, la Birmanie et le Bangladesh faisant d'est
en ouest 2800 kilomètres, et étant large en moyenne de 300 kilomètres entre le Tibet et la plaine
déterminée par l'Indus et le Gange, en Inde. Ce petit aperçu fournira autant de clés et de points de repères
pour mener sa recherche.
On annoncera ensuite que l'activité consistera à comparer les images trouvées dans les documents avec les
images du film. Il s'agira d'abord d'observer attentivement ces images et d'en relever les particularités: que
montrent-elles? quel en est le sujet? Parallèlement, on demandera aux élèves de relever à chaque fois dans
quel contexte celles-ci s'insèrent. En d'autres termes, de quoi parlent les articles que ces photographies
illustrent? de problèmes politiques? de culture? de religion? de vie quotidienne, sociale? de problèmes
économiques? de folklore? de tourisme?
21
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
De façon à structurer l'exercice, les élèves pourront lui donner un support concret, simplement en
répertoriant les données et remarques en trois (ou quatre) colonnes, reprenant successivement:
-
le titre de l'article et de la revue dont il est issu
le sujet de la photographie
le contexte dans lequel elles apparaissent.
éventuellement quelques caractéristiques formelles, si elles s'imposent toutefois par un aspect
particulièrement remarquable.
Après cette analyse, qui pourra rester assez sommaire, les élèves seront invités à procéder à la
comparaison proprement dite, en déterminant quels aspects (iconiques, mais aussi contextuels), repérés
dans les différents documents, on retrouve dans le film d'Eric Valli):
-
quels sont les aspects généraux relevés dans les différentes revues qui y sont le plus présents, ceux qui
en sont radicalement absents?
- dans quel(s) grand(s) type(s) de revues les images du film pourraient-elles se retrouver?
- d'après cet éventail, peut-on déterminer ce que le réalisateur a voulu privilégier comme regard sur
cette région du monde? Quels ont été les critères importants pour lui?
- quel autre titre pourrait-on donner à son film?
-------------------------------------------------------------------------------Notes du texte
1. En s'aidant du document élaboré à propos de l'image, si l'on a réalisé la deuxième activité préparatoire
(qui n'est pas reproduite sur cette page WEB). [Cliquez ici pour revenir au texte principal.]
2. Langue indo-européenne, qui était la langue sacrée et la langue littéraire de l'Inde ancienne. [Cliquez ici
pour revenir au texte principal.]
-------------------------------------------------------------------------------© Vinciane Fonck, Les Grignoux (Liège)
Le dossier complet (28 pages) peut être commandé
pour la somme de 5 EUR aux Grignoux par e-mail :
[email protected]
ou par courrier au:
Centre culturel Les Grignoux
9 rue Soeurs de Hasque
B-4000 Liège (Belgique)
04 222 27 78 (à partir de la Belgique)
++32 42 22 27 78 (international)
N'oubliez pas de préciser votre nom et vos coordonnées postales ainsi que le titre du dossier qui vous
intéresse, pour que nous puissions vous l'envoyer par courrier.
22
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Vivre dans un milieu difficile par Sophie FAVIER
extrait du film « Himalaya, l’enfance d’un chef » ; utilisé en classe de sixième.
Questionnaire
1. L’histoire
D’où vient la caravane de Yacks qui arrive au début ? Que transporte t-elle ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Qui est mort ? Pourquoi ? Comment se passent ses funérailles ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Selon le vieux chef, Tinlé, qui est responsable de sa mort ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Que décide alors de faire ce vieux chef ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Qui est Karma ? Est -il d’accord avec le vieux chef ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
2. Situation du village
Document 1
« Protégée par la chaîne du Dalaugahri au sud et par la frontière sino - népalaise au nord, la région
népalaise du Dolpo est une enclave. Contrée sauvage de 5000 km2, c’est une des plus hautes régions
habitées du monde avec des villages perchées à 4500 m d’altitude.(...) les Dolpo- pa vivent sous un climat
particulièrement rude. Durant les six mois d’hiver, les températures passent de 30 degrés dans la journée à
moins 25 la nuit. »
Extrait de "Les coulisses de l’aventure"
Dans quel pays se trouve ce village ? A quelle altitude se trouve t -il ?
.................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Comment sont disposées les maisons dans le village ? En quoi sont -elles construites ? Décris une maison
et les moyens utilisés par les habitants pour se chauffer, pour se nourrir, pour se loger
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Comment sont habillés les Dolpo-pa ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Quelles cultures pratiquent les habitants ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
23
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Est -ce suffisant pour vivre ?
.................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Quel commerce (troc) sont -ils obligés de faire ?
.................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Quel moyen de transport emploient -ils ? Cet animal a t -il aussi d’autres usages ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Rédige un paragraphe de quelques lignes en expliquant les contraintes naturelles avec lesquelles vivent
les habitants du Dolpo
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Document 2: Entretien avec le réalisateur du film Eric Valli
Les Dolpo-pa ne tirent de leurs champs d’orge que trois ou quatre mois de nourriture, pas plus. Donc, il
faut qu’ils compensent : tous les étés, ils partent encore plus au nord, sur le haut plateau tibétain, récolter
le sel des lacs salés, pour l’échanger ensuite. Le sel c’est la vie. C’est le sel sacré, essentiel pour les
hommes et les animaux, comme en Europe au Moyen Age. Il faut marcher quinze jours vers le Tibet pour
aller le chercher. Le film commence au moment où les yacks reviennent du Tibet chargés de sel. A leur
retour à la fin de l’été ou au début de l’automne, les Dolpo-pa récoltent alors leurs champs. Puis, ils
repartent, ils traversent les plus hauts cols vers le sud, pour aller échanger le sel contre le grain des fertiles
vallées du piémont himalayen[moyen Himalaya]. Et ces échanges leur permettent de compenser l’aridité
de leur terre. Au Dolpo, s’il n’y a pas de sel, il n’y a pas de grain et on meurt de faim. "
Source : http://www.himalaya-fr.com/
Document 3
« C’est une contrée aride où la mousson ne parvient que très rarement, où les sols sont arides et les
récoltes limitées. Par tradition, et par nécessité économique, les Dolpo-pa (habitants du Dolpo) se sont
tournés vers le commerce et l’échange, troquant le sel des plateaux tibétains contre les céréales des
vallées népalaises. Les profits générés par ces échanges commerciaux permettent aux Dolpo-pa de vivre
toute l’année. Malheureusement, d’ici quelques années, cet équilibre risque de basculer. Les routes
envahissent de plus en plus les contrebas himalayens et le transport du sel indien (par camion) risque
d’altérer le commerce du sel tibétain. Si tel est le cas, le Dolpo sera confronté à des problèmes de
ravitaillement cruciaux. »
Source : http://www.himalaya-fr.com/
D’après les documents 2 et 3, explique l’importance du sel et des yacks pour les habitants du Dolpo.
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
(document 3 ) Quels changements risquent de remettre en question leur mode de vie ?
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
24
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Indique, selon toi, sur le schéma ci dessous, le lieu de vie des Dolpo, leur trajet pour aller chercher le
sel(rouge), leur trajet pour échanger le sel contre des céréales(vert)
Des sources et d’autres travaux:
Sources :
Le site du film sur http://www.himalaya-fr.com/
l’interview du réalisateur sur http://www.ecrannoir.fr/entrevues/intevalli.htm
une K7 du CRDP de Versailles rendant compte d’une expérimentation en CM2 et 6° sur http://www.acversailles.fr/CDI/brochoutils/Himalaya.htm
Autres travaux :
Un site en classe primaire, très riche et complet sur http://rreembrun.free.fr/article.php?id_article=47
Un "test mémoire" sur http://www.ac-orleans-tours.fr/hist-geo/pedagogie/college/guinchardbarbier/himalaya6e.htm
La première demi-heure est utilisée (du retour de la première caravane au départ de la seconde).
Ref: http://cinehig.clionautes.org/article.php3?id_article=116
25
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Questionnaire sur le film
Himalaya, l’enfance d’un chef / BRISOU-PELLEN, Evelyne
Editions Pocket jeunesse, 1999 .- 156 p. : ill. ; 19 cm.
Pocket junior, 531 .- Isbn 2-266-10648-1
Toute ma vie, je me souviendrai de ce jour-là. J'ai vu la caravane arriver au loin. Sur le premier yak, un
homme gisait, mort. C’était mon père, le chef du village. J’étais triste, j’étais perdu. Une foule des
questions se sont imposées à moi : qui a tué mon père ? Qui conduira les yaks à travers la montagne ?
Désormais, quel homme serait notre chef ?
Arrivée de la caravane au village
01 Où la caravane va-t-elle chercher le sel ?
02 Quelle est la couleur du yak en tête de caravane ?
03 Pourquoi Khapka est-il mort ?
04 Quel objet Tséring prend-il sur le corps de son père ?
05 Qui, selon le grand-père, est la cause de la mort ?
06 Que fait la mère de Tséring pour être absente quand les hommes emportent le corps de Khapka?
07 Pourquoi les hommes tirent-ils à l’arc ?
Le départ des caravanes
08 Pourquoi Tinlé hait-il Karma ?
09 Quelle décision doivent rendre les lamas, chefs religieux avant le départ de la caravane ?
10 Pourquoi Karma veut-il partir très vite, sans attendre la décision des lamas ?
11 A quelle occasion Tséring comprend-il que son grand-père est vieux ?
12 Pourquoi le Chaman donne-t-il un marteau et une enclume en miniature à Pasang ?
13 Pourquoi Tinlé va-t-il voir le chaman ?
14 Karma a décidé de partir avant la date. Qu’est-ce qui met Tséring le plus en colère dans cette décision
15 Quand Tséring comprend-il que Karma a de l’importance pour sa mère ?
16 Comment la grand-mère a-t-elle appris que Tinlé était parti au monastère ?
17 Qui est Norbou ?
18 Quel argument de Tinlé oblige tous les vieux à partir avec lui ?
19 Décrivez comment est habillé Norbou.
20 Quelle est la véritable liberté selon Norbou ?
Le voyage de la caravane de Tinlé
21 Donner trois éléments du caractère de Norbou.
22 Pourquoi les yaks sont-ils indispensables aux habitants du village ?
23 Comment sont les pieds de Pasang le premier soir ?
24 Pourquoi ne faut-il pas approcher silencieusement d’un yak ?
25 Pourquoi un des vieux est-il tombé à la fin de la caravane ?
26 Pourquoi Tinlé veut-il rattraper Karma alors que celui-ci a cinq jours d’avance?
27 Quels avantages y a-t-il à marcher en tête de caravane ?
28 Que dessine Nordou sur une pierre avec un morceau de charbon de bois ?
29 Quelle information les pèlerins donnent-ils à Tinlé ?
30 Avec qui Norbou a-t-il passé son enfance ?
31 Pourquoi le yak Ngeunpo est-il sacré ?
32 Pourquoi les sacs de sel menacent-ils de se déchirer sur le chemin du lac ?
33 Que fait Toundroup, accroché dans le gouffre ?
34 Que fait Pasang pour empêcher Ngeunpo d’avancer ?
35 Au moment où Pasang traverse, que se passe-t-il ?
Les caravanes se retrouvent
26
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
36 Pourquoi Pasang n’arrive-t-il pas à considérer Karma comme son ennemi ?
37 Qu’est-ce qui donne à Pasang le droit d’aimer Karma ?
38 A quel détail Pasang comprend-il que la guerre entre Karma et Tinlé n’est pas terminée ?
39 Qu’est-ce que « la divination du roi Ling » ?
40 Pourquoi Tinlé jette-t-il trois boules de sel dans le feu ?
41 Selon Péma, en quoi Tinlé et Karma sont-ils pareils ?
42 La caravane de Tinlé repart. Pasang court retrouver Karma, que lui donne Pasang ?
La mort de Tinlé
43 Pourquoi Tinlé veut-il absolument franchir le col sous la tempête de neige ?
44 La nuit de la tempête, que fait Karma ?
45 Au sommet du col, que donne Tinlé à Karma ?
46 Pourquoi Tinlé décide-t-il d’arrêter son voyage au dernier col ?
47 Quel conseil Tinlé donne-t-il à Karma avant qu’il n’accroche le drapeau de prière ?
48 Quel cadeau Norbou a-t-il fait à Pasang ?
27
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
7. Analyse du scénario
Produit par Jacques Perrin, Himalaya, premier long métrage de fiction du documentariste Eric Valli, est
peut-être le premier western tibétain. Analyse détaillée de cette histoire tendre et rude dans laquelle un
grand-père transmet le pouvoir à son petit-fils.
" Ce film est un Ovni ". Le producteur et le réalisateur ne mâchent pas leurs mots. Et, en effet, à la vision
du film on est soufflé par l'ampleur des paysages, les étranges sonorités de la langue tibétaine et les
visages tannés des yack-pas (littéralement les cow-boys) du Dolpo. Entièrement tourné dans les
montagnes, au cœur de l'Himalaya, avec pour seuls acteurs, les habitants du village, le film est
parfaitement atypique. Pourtant, sous ses airs exotiques, Himalaya nous raconte une histoire à la fois très
simple et très belle, une histoire éternelle et intemporelle. Celle de la rivalité entre les hommes, de la lutte
pour le pouvoir, du conflit des générations. Bref, la plus vieille histoire du monde. Le talent des
scénaristes d'Himalaya est de marier la vie quotidienne et les traditions du Dolpo avec une histoire "
classique " qui touche immédiatement le spectateur. Une nouvelle façon d'affirmer que si les histoires et
les péripéties appartiennent à des lieux et à des époques, les émotions, elles, sont universelles. Cette
universalité, le scénario la puise dans deux creusets : la famille et la rivalité masculine. Des histoires de
lutte pour le pouvoir sur fond de nature sauvage, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Une histoire
vraie
A sa façon, Himalaya ressemble à ces westerns américains dans lesquels le transport du bétail est le
prétexte à un voyage initiatique. Ce ne sont pas les plaines du Far West, mais les montagnes de
l'Himalaya, les yacks ont pris la place des vaches et le soleil de plomb du middle-west est remplacé par
une tempête de neige. Pourtant, ce sont les mêmes héros charismatiques, les mêmes affrontements pour le
pouvoir, la même lutte entre l'homme et la nature. Il faut dire que la sauvagerie du lieu et l'isolement des
hommes se prêtent fort bien au genre. Comme le dit Eric Valli, le réalisateur : " Là-bas, la vie quotidienne
est épique, il suffisait d'écouter ! " C'est donc à partir d'une histoire vraie (une guerre des chefs sur fond
de rivalité entre deux familles) que les scénaristes ont construit le scénario. Il en résulte une narration
classique et élégante. Point de sauts dans le temps ni de fioritures. Pour coller à la réalité des habitants du
Dolpo, les scénaristes ont su rester simples et adopter une forme qui oscille entre la légende et le film
d'aventure. Le seul " effet " du scénario tient à la voix off de Norbu qui clôt solennellement l'histoire. Car,
comme dans les westerns, ce qui porte le scénario et le film, ce sont ses personnages, plus grands que
nature. En effet, contrairement à ce que voudrait nous faire croire le sous-titre apposé sur les affiches ("
L'enfance d'un chef ", probablement conçu pour attirer le public des écoles à l'approche des fêtes de
Noël), le protagoniste du récit n'est pas un enfant, mais un vieillard. Un vieillard têtu et flamboyant,
autoritaire et arrogant, qui refuse de passer la main et s'enferre dans ses certitudes. Faire de ce personnage
buté un héros sympathique est tout l'enjeu du film. Et c'est son entêtement qui le sauve. Son acharnement
à rejeter Karma, à le rattraper ensuite, la rivalité puérile qui le pousse à épuiser hommes et bêtes,
contribuent à nous le rendre extrêmement attachant. Tout comme le courage de Karma et son dégoût de la
superstition nous le rendent sympathique. C'est la force du scénario : il n'y a ni méchants, ni gentils, juste
des hommes qui ont leurs raisons. Et ne sont pas prêts d'en démordre.
Passation de pouvoirs
Ce faisant, les scénaristes développent une belle thématique sur les relations entre père et fils, et la
difficile mais nécessaire acceptation des différences. Amputé de son fils aîné, successeur désigné, Tinlé
cherche dans son second fils, Norbou, (qu'il a forcé à devenir lama) un éventuel remplaçant. En attendant
que le jeune Passang soit en âge de prendre la relève. Ce faisant, Tinlé reste sourd aux mérites de Karma
qu'il accuse d'avoir tué son fils aîné, et sourd aussi aux réticences de Norbou. Aux efforts de Karma pour
se faire reconnaître de Tinlé (le départ avancé n'est rien d'autre qu'un défi lancé à la face du vieux chef, un
moyen de prouver à ce père putatif qu'il est digne de lui) répondent, en effet, les tentatives de Norbu pour
faire comprendre à son père qu'il ne sera jamais comme lui. Le climax du film coïncide avec la décision
de Tinlé de ne pas entamer un duel, avec l'acceptation de l'évidence : Norbu n'est pas, ne sera jamais chef.
En Karma, en revanche, Tinlé finit par reconnaître ses propres défauts : l'entêtement et la désobéissance.
Le pardon succède alors à l'entêtement aveugle. Ainsi, le scénario n'a pas besoin de recourir à un
affrontement final entre les deux rivaux, car le voyage accompli par Tinlé -et par Karma- est autant
intérieur qu'extérieur. Les obstacles externes posés sur sa route (la fatigue et le doute des vieux,
l'effondrement du sentier de bois qui borde la montagne, la tempête de neige) ne sont que le reflet de ses
28
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
craintes et de ses douleurs intimes(le deuil de son fils, la difficulté de céder sa place, le refus de vieillir).
A la fin du film, chacun a trouvé sa place. Karma est devenu le chef du village. Passang a trouvé un père
et Péma un époux. Norbou retourne à sa méditation et utilise son art pour témoigner de l'aventure
commune : le film se clôt sur d'étonnantes peintures qui racontent le voyage des deux caravanes et la mort
de Tinlé. Tinlé, désormais inutile, meurt dans la montagne. La nature a retrouvé son équilibre.
Des femmes absentes
Car l'autre point fort du scénario est l'omniprésence de la nature et la spiritualité qui en découle. Aux
côtés de Tinlé, de Karma et des autres, la nature est un personnage du scénario à part entière. Un
personnage respecté, interrogé, amadoué, comme un facteur primordial de l'harmonie générale. Aussi le
mépris de la religion et de la superstition affiché par Karma est-il parfaitement scandaleux pour Tinlé.
Parce que Tinlé sait que la religion (boudhiste mais très influencée par les croyances animistes qui lui
sont antérieures dans la région) est liée à la nature. A cet égard, la scène du sel jeté dans le feu est
passionnante. Pour les habitants du village, elle relève de la magie et de la superstition, alors que Tinlé
sait qu'il s'agit d'un simple phénomène physique (le sel ne crépite pas dans le feu parce qu'il est humide, à
l'image de l'air, et annonce donc du mauvais temps). La religion selon Tinlé est un mélange d'expérience
et de respect pour la nature. Ne pas en tenir compte revient à briser l'harmonie générale et à risquer le
pire. La contrepartie de la thématique " initiatique " et " filiale " du scénario est l'absence de femmes.
Comme bien souvent dans les westerns, elles sont cantonnées dans des rôles dramatiquement faibles,
condamnées à la marge de l'histoire. Même quand elles sont présentes à l'écran, elles n'ont ni pouvoir, ni
incidence sur l'action : la femme de Tinlé ne parvient pas à raisonner son mari ; Péma tente en vain de
retenir Karma quand il décide de partir avec cinq jours d'avance, puis de l'entraîner à la suite de Tinlé le
jour de la tempête. Elle n'a jamais à se battre pour son amour, ne rencontre aucun obstacle puisque
Norbou règle le problème pour elle, en convainquant Tinlé que Karma fera un excellent père pour
Passang. Tout se passe sans elle, en dehors d'elle ce qui, par ailleurs, relève probablement plus de la
réalité du Dolpo que de la volonté des scénaristes. Enfin, le genre du film et l'omniprésence de la nature
permettent une grande économie de dialogues. Les échanges sont brefs, directs, parfois même un peu
solennels, comme dans un conte de fée ou une légende. Les regards, les gestes de la vie quotidienne
prennent alors un poids formidable et relaient les dialogues. Ainsi, à son arrivée dans le village, Norbou
provoque la chute d'un sac de sel qu'il avait mal attaché sur le dos d'un yack. Le sel est perdu et la mère de
Norbou s'empresse de cacher l'affaire à Tinlé. Mais tout est dit. Norbou n'est pas habitué au travail
manuel et il va payer au prix fort le fait d'avoir suivi son père dans cette folle aventure. Pourtant, et ce
n'est pas la moindre des réussites du film, l'humour est très présent dans le scénario. La femme de Tinlé se
moque de son vieux mari qui veut faire tout comme les jeunes. Et Passang saute de joie à l'idée de
traverser un défilé plein de démons, sous l'œil consterné et frileux des vieux villageois. Cet humour est
une des clés qui nous rapproche des personnages, qui rend l'identification possible, alors que tout semble
nous séparer des yacks-pa du Dolpo. L'autre clé tient probablement à l'humanité des " acteurs ". En effet,
pour tirer le meilleur de ce beau scénario (qui semble un peu " court " à la lecture), le réalisateur a été aidé
par des comédiens et des paysages hors du commun. Toutes les faiblesses du script (l'absence d'intrigue
secondaire, la façon dont l'histoire d'amour est expédiée, la brièveté des dialogues) sont contre balancées
par la justesse des lieux et des hommes. Le fait de faire jouer les habitants du village permet une
implication immédiate et totale du spectateur. Les visages sont là, justes, parfaits : l'entêtement et la
douleur de Tinlé comme le courage de Karma sont gravés dans leurs traits. Il n'y a rien à ajouter. On sort
à la fois ému et dépaysé de la lecture d'Himalaya . A la surprise de la " proximité " de cœur et d'esprit,
succède très vite l'admiration pour la dignité et le courage des hommes des neiges. Le dernier conseil de
Tinlé à Karma prend alors toute sa dimension : " Quand deux chemins se présentent à toi, si tu es fort,
choisis le plus difficile, celui qui exigera le meilleur de toi ".
Juliette Sales
29
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
8. Fiction ou documentaire: étude comparative
Remarque: Ce tableau est forcément caricatural. La frontière documentaire fiction est
extrêmement ténue, voire non pertinente ! Il ne peut permettre que d'alimenter une réflexion sur
les deux tendances qui, dès les débuts du cinéma, se sont fait jour.
FICTION
DOCUMENTAIRE
Raconte une histoire ( scénario préalable )
Raconte l'histoire ( scénario écrit après enquête
sur le terrain)
Réel réinventé
Réel respecté mais réorganisé pour " rendre
visible ce qui échappe à la vue " dixit
Raymond Depardon.
Mise en scène délibérée
Mise en scène pour mieux faire voir.
Décors studios ou naturels aménagés.
Décors naturels et reconstitution
Equipe plutôt lourde .
Repérages .
Equipe légère
Travail préalable de repérages longs et
obligatoires.
Casting.
Absence de casting mais choix soigné des
interviewés.
Montage revendiqué
Montage revendiqué
Subjectivité affichée
Point de vue documenté
"tricher pour mieux voir mais sans tromper le
spectateur."
Prise de recul
Montage son complexe avec jeu sur les
frontière des statuts sons ( in /hors champ et
off )
Montage son (commentaire fréquent ),
Importance du contenu des interviews longues
et confrontation de points de vue…
Musique off (de fosse) fréquente.
Musique d'accompagnement possible.
Donne à comprendre. Appel à l'émotion.
Donne à comprendre. Appel à l'émotion
De l'ordre du ludique et du distractif.
De l'ordre du cognitif
30
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
9. Le scénario et le film: étude comparative
Extrait du scénario
SEQ 6A. INT-JOUR-MAISON TILEN-CONDOLEANCES
Le corps de Lapka est allongé sur un "bas-flanc". Sa houppelande, sa chemise ensanglantées sont posées à
côté de lui. Tandis que Péma prépare le "Chang", Dawa reçoit les villageoises lui présentant leurs
condoléances. Elles apportent des galettes.
Des lamas alignés le long d'un mur chantent et battent le tambour. Pasang observe le corps de son père
que Labrang, le chamane, est en train de laver en lui passant de l'eau avec ses mains.
Plan de Tilen seul dans une pièce obscure, qui retire de dessous une poutre une demi douzaine de flèches.
Il souffle dessus pour en enlever la poussière. Il teste leur souplesse, passe son doigt sur les empennages,
puis les serre fort dans son poing. ( on entend les prières assourdies des lamas)
SEQ 6B: EXT- FIN DE JOUR
Tourndrup solitaire et meurtri, est agenouillé devant un ruisseau. Il frotte le vêtements souillés de sang de
Lapka avec une énergie quasi hystérique.
SEQ 7: INT NUIT MAISON TILEN-VILLAGE
Une pièce sombre barrée d'un rai de lumière plongeant… la lueur du feu sous une grande bouilloire en
aluminium…derrière le foyer, à droite de la place du maître de maison un petit meuble sur lequel sont
posés un livre sacré, un bol à thé, un récipient à farine, , la "tsampa"…sur une étagère un moulin à prière,
un vase à eau lustrale, une baratte, un étui à calame…
Pendant que se déroule la scène conflictuelle, on passe un instant dans la pièce où repose le corps de
Lapka. Profitant des affrontements entre adultes, Pasang dérobe l'amulette du cou de son père. Il lui
soulève doucement la tête avec sa petite main et lui détache lentement son talisman, comme s'il craignait
de le réveiller, avant de le glisser dans sa chuba. Puis il repose la tête du mort et lui arrange ses cheveux
avec une délicatesse infinie. Le vieux chef Tinlen est abîmé dans ses pensées… Adossée contre le mur,
Péma, sa belle-fille, comme statufiée par le chagrin, garde les yeux fermés. Dawa, la femme de Tilen
prend la parole:
DAWA
Lapka s'est cru plus fort que la montagne.
TILEN ( brutal)
Les montagnes n'ont rien fait à mon fils! Combien de fois je es ai franchies. Il ne m'est jamais rien arrivé.
DAWA
Il ne s'agit pas de toi! Mais de lapka!
TILEN
C'est mon fils! Il a hérité de mon habileté, de ma force!
DAWA
De ton orgueil! De ton entêtement!
TILEN (explosant)
Karma a menti! Il a provoqué un accident pour devenir chef! Depuis quatre générations son clan attend
cet instant.
Sa femme le regarde consternée. Péma a rouvert les yeux. Un silence succède à l'accusation de Tilen.
31
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
DAWA
Alors qu'attends-tu? Vas-y! Tue-le! Maintenant! Cette nuit!
TILEN
Devant les montagnes qui ont tout vu, un jour je me vengerai.
DAWA
C'est à cela que tu as pensé devant le corps de ton fils!
Péma regarde intensément le vieux chef. Elle a les cheveux hirsutes, elle est en deuil, elle ne porte plus
ses bijoux ses vêtements sont gris et noirs.
TILEN
Mais il était aussi le chef du Dolpo. Maintenant, qui va emmener le sel, qui va rapporter le grain? Qui va
s'occuper des yacks? Un peuple sans chef ne peut survivre. Nous sommes tous en danger.
DAWA
Et une mère sans son fils? Et Tséring sans son père?
Vous voulez que je laisse karma conduire la caravane et qu'il profite de son crime ? Karma c'est la fin du
Dolpo!
SEQ 8: Supprimée
SEQ 9: INT- NUIT- VILLAGE MAISON TILEN
Des lampes à beurre éclairent un petit autel où trônent des statues de dieux Tibétains. Tilen et Tsering
sont assis à même le sol, fait de terre battue.
Entre deux , posé sur une petite table, on distingue l'échiquier des renaissances. A l'affrontement autour de
la mort de Lapka succède la simple intimité entre un grand-père et son petit-fils. Tilen lance le dé sur
l'échiquier…le côté du dé qui s'immobilise indique la lettre A.
TILEN
Ah! Tu vois Tséring, je te l'avais dit. Ton père va renaître dans le paradis de Padmasambhava.
TSERING
Quand?
TILEN
Laisse lui le temps d'y arriver. Il va survoler les enfers pour atteindre un des domaines de Bouddha.
TSERING
C'est pour ça qu'il est mort? Parce qu'il voulait aller là?
Tilen hoche la tête
TSERING
Pourquoi il ne nous a pas emmenés?
TILEN
On meurt toujours seuls…
TSERING
Mais on ne reste pas longtemps mort alors?
32
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Tout ce qui vit doit mourir, renaître et mourir à nouveau. Puis un jour, tu apprendras que l'on peut s'élever
au-dessus de toutes nos vies passées et…
TSERING ( coupant son grand-père)
Pour devenir le chef, il faut combien de vies avant?
TILEN
Nous avons toujours été des chefs. C'est ton tour maintenant.
TSERING ( un peu inquiet)
Tu m'apprendras?
Tilen sourit doucement.
SEQ 9A: EXT- JOUR- MONTAGNE
Péma est seule dans la montagne. Elle ramasse des bouses de yack sèches. Soudain elle s'affale à genoux
et porte ses mains à son visage. Lorsqu'elle les retire ses joues sont maculées de poussière mêlées de
larmes. Elle arrache son collier de corail qui s'égraine au sol. La caméra s'éloigne, elle est seule,
minuscule dans le paysage désertique.
SEQ 1O. EXT -PETIT JOUR -MAISON TILEN -FUNERAILLES
Images du village encore ensommeillé et désert. C'est l'aube. devant la maison de Tilen, les lamas
achèvent de ficeler le corps de Lapka sur le dos d'un des leurs puis , reliés par une grande écharpe, ils
partent avec leur fardeau vers les montagnes.
Un LAMA
Si jeune, il n'aura pas eu le temps de préparer sa mort.
Du haut du toit, Tilen et les siens assistent sans un mot à ce départ rituel. Pasang est à côté d'eux. Autour
de son cou, on distingue l'amulette dérobée.
SEQ 10A. EXT AUBE ET JOUR -FUNERAILLES CELESTES.
Deux hommes marchent péniblement sur une crête désertique. Le premier est un lama qu'on distingue à
sa robe safran, c'est Lama Nima. Le second est son assistant. Il porte sur son dos le corps de Lapka
entièrement enveloppé d'une pièce de tissu blanc.
Sur une grande dalle de pierre, le corps a été déposé pour les funérailles célestes. Lama Nina ouvre la
couverture blanche. On aperçoit l'épaule nue du cadavre de Lapka qui est recroquevillé dans la position
du fœtus. L'assistant du lama sort un couteau d'un sac.
La dalle de pierre et ses occupants apparaissent comme vus du plus haut sommet des montagnes qui les
entourent.
Vus de loin, dans une confusion, des vautours s'affrontent. Ils se repaissent de la chair du mort. En arrière
plan, Lama Nima, assis en tailleur, agite maintenant un tambourin et souffle dans une trompe en fémur
humain. C'est la cérémonie de "Tcheu" ( Offrande).
Sa voix récite la prière rituelle. Elle se déploie, sans effet de résonance, comme chuchotée, sur les images
brutales des vautours, puis sur les images des montagnes, toujours plus haut, toujours plus large, jusqu'au
ciel.
Qu'est-ce qu'un scénario?
Le document écrit final avant tournage du film.
Il permet au producteur ( financier) de savoir à quoi il s'engage.
33
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
La présentation du scénario permet ( si elle est respectée dans sa forme) de savoir approximativement
qu'elle sera la durée du film ( 40 /50 secondes par page).
Chaque participant ( technicien et acteur) peut ainsi prendre connaissance de l'histoire et imaginer son
personnage.
Enfin, il sert de base aux documents préparatoires : dépouillement et découpage technique du film, puis
établissement du plan de tournage ( feuille de route).
Etude du scénario:
Phrases simples au présent de narration ( le film se déroule sous nos yeux, donc au présent).
Découpage en séquences. ( unité de temps et de lieu)
Le dialogue: Chaque prise de parole est clairement spécifiée. L'expressivité ou le sentiment ressenti par le
personnage sur la réplique peut même parfois être indiqué.
Extrait du film
SEQ 2: INT de la maison de Tilen. Condoléances.
Pièce vue en plan d'ensemble, sombre, avec un rai de lumière barrant l'espace. Sur la mur, on distingue
des tentures représentant Bouddha (Padmasambhava ). Eclairage à la bougie. Au centre est suspendu un
tambourin.
Péma entre et va servir le "Chang" aux lamas qui sont assis par terre alignés de part et d'autres d'un table
basse. Au centre ( de dos, puis en gros plan de face) Dawa est assise, triste.
Chants et sons d'ambiance remplacés par la musique du film (empathique).
Des femmes arrivent apportant un billet .
Tiesing surgit de derrière un rideau. Il se penche sur le corps de son père, découvre le visage et saisi une
médaille représentant la déesse Padmasambhava.
Péma sert les convives. Un lama brûle un parchemin ( prières)au dessus d'une bougie. Gros plan de Péma
puis de Dawa, très dignes.
SEQ 3: EXT JOUR - ciel.
vol de vautour .
SEQ 4: INT Maison de Tilen
Scène 1: Tilen prie et lance des grains sur une carte.
On découvre en face de lui Tiesing.
Discussion entre les deux sur la mort et la renaissance future de Lapka.
Tilen dit à son petit-fils qu'il doit maintenant devenir chef…
Scène 2: Péma prépare le "chang" (la boisson d'orge fermenté).
Dawa lui tend un billet.
Tilsen est là. Une discussion animée s'engage avec les deux femmes.
Il dit que son fils lui ressemblait. Il prétend que Karma l'a tué.
Péma en sortant lui demande ce qu'elle et son fils deviendront sans père et sans mari…
(plan serrés)
SEQ 5: EXT JOUR Aux abords du village.
Péma ramasse des bouses de yack. Soudain elle s' effondre et éclate en sanglots.
SEQ 6: EXT JOUR FUNERAILLES
34
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
Le cortège des lamas sort de la maison . Ils actionnent leur petit tambourins. Un homme porte le corps sur
son dos (à la manière d'une hotte).
Gros plan de Dawa qui les regarde s'éloigner.
Plan large du cortège assez nombreux qui se détache en sihouettes sur la crête.
Un vautour plane.
SEQ 7: Sur le lieu des funérailles.
Plans alternés sur les lamas et l'assistant qui découpe le corps ( son hors champ du corps qu'on découpe)
et sur les vautours.
Sons des chants et des tambourins. Bruitages et sons divers dramatisant la situation.
Danse des lamas autour de morceaux de viande…
Plan final long sur un vol plané de vautour…
Comparaison entre le film et le scénario:
Remarques:
1. Des scènes ont été supprimées
Séquence des condoléances:
Tilen sortant ses flèches;
Toundrup lavant la tunique de Lapka.
Le lama lavant le corps de Lapka.
Le regard de Tiensing sur le corps de son père.
Séquence des funérailles (seq 10)
Le ficelage du corps
Le regard de la famille sur le départ du cortège
2. D'autres scènes ont été déplacées et modifiées.
Tiensing allant détacher la médaille.
Le dialogue ( seq 7) a été fortement écourté et la colère de Tilsen édulcorée et l'affrontement déplacé (
retardé dans le film) .
Le cortège est plus imposant ( une dizaine de personnes)
Le corps de Lapka n'est pas vu.
Conclusion:
Le film est plus recentré:
Les rapports entre Tiensing et son père sont réduits au minimum.
La dépouille du mort tient moins de place dans le film.
Le personnage secondaire de Toundrup est évacué.
Le personnage de la mère ( Dawa) bien que n'étant pas du même avis que son mari, est plus réservée.
La violence ( au moins verbale) de Tilsen est contenue.
La scène des funérailles est traitée avec plus d'emphase mais aussi plus de l'extérieur ( pudeur).
Documentaire ou fiction :
Le scénario est très documenté sur les rituels et la vie quotidienne au Dolpo (les ustensiles et les intérieurs
de maison par exemple). Le traitement filmique est plus sobre.Il faut dans une fiction abandonner les
scènes trop descriptives qui ralentissent par trop l'action.( d'où l'abandon d'un certain nombre de scènes et
de détails contenus dans le scénario original).
Par contre, il est aussi plus dramatisé ,notamment par l'apport de la musique et par l'usage important des
gros plans ( nécessité de s'identifier aux personnages ).
35
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
10. Le roman et le film: étude comparative. La question du point de vue.
Comparaison entre un extrait du film et un extrait de la "novelisation" de Evelyne Brissou-Pellen.
Extraits n°1:
Chapitre 1 du livre / Seq 1 à 3 du film ( découpage livret CNC)
Début du film: La mort et les funérailles de Lapka.
Retrouver à partir du livre les scènes du film. Dans quel ordre sont-elles?
Etudier le point de vue de l'enfant dans le film ( visuel ou "ocularisation" ) par rapport au point de vue
dans le livre ( focalisation -interne- ).
Relever toutes les informations contenues dans le livre/ non contenues dans le film.
Extraits n°2:
Chapitre 10 du livre (page 117 à 126) / seq 20 du film ( 1h02):
Le passage du lac.
Faire ressortir ce qu'apporte de plus le film dans le passage à suspense ( la chute du yack)
Remarquer:
- la multiplicité du point de vue dans le film ( nombreux angles plongée/contre-plongée)
- le rythme rapide du montage.
- Les très gros plans.
- La bande son.
11. Préparer la projection:
• Etude de la situation géographique.
A partir du mot HIMALAYA, on pourra partir des connaissances des élèves ( chaîne la plus haute du
monde, les états de l 'Himalaya: Népal et Tibet, le bouddhisme, le mythe du Yéti? - voir Tintin au Tibet-,
le yack , le tourisme sportif : alpinisme, trecking; …)
• En fonction des thématiques relevées, on pourra retenir les pistes pertinentes dans le film et répartir
les élèves en petits groupes chargés de repérer dans le film les éléments en rapport avec leur
thématique.
• On peut faire réfléchir les élève sur la phrase clé du film (prononcée par Norbu et reprise par Tinlé) :
" Quand deux chemins se proposent, choisis le plus difficile"
• Présentation des personnages /acteurs afin de se familiariser avec les noms ( voir dossier CNC)
• Etude du site du film ( extraits , personnages, bande annonce…)
• Etude de la première séquence ( les 5 premières minutes) . On relève la situation initiale telle qu'elle
se présente ( lieux, personnages et relations , action). On formule des hypothèses sur la suite….
12. Autres pistes pédagogiques…
Sur la notion de point de vue:
Faire parler les personnages:
• Demander aux élèves de choisir un personnage et de le faire parler à la première personne.(
présentation)
• Demander aux élèves de choisir un personnage et de lui faire parler d'un autre personnage.
Sur la notion de genres cinématographiques:
•
Réfléchir sur la distinction documentaire/ fiction. Etude comparée d'un extrait du scénario et d'un
extrait du film.
36
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
On pourra s'appuyer pour cela sur les propos suivants:
" Produit par Jacques Perrin ,Himalaya, l'enfance d'un chef est une fiction filmée comme un
documentaire" Thierry Nirpot. Le Monde.
" on a voulu témoigner"
" rendre hommage" ( propos du réalisateur et du producteur.)
Remarque: le témoignage renvoie au documentaire et l'hommage à la fiction…
• Réfléchir sur le classement western/ épopée.
En quoi peut-on dire que ce film est une sorte de "western" ( "eastern"…)?
( le troupeau, le trajet, les grands espaces, l'aventure humaine, la poursuite entre les deux caravanes, duel
entre deux hommes ) mais peut-être aussi un anti western….( le collectif et la solidarité face à
l'individualisme américain…)
• Le petit jeu de "qui a dit quoi"…
On pourra demander aux élèves de faire la relation entre le personnage et la phrase , et le faire se
remémorer ainsi la situation dans la quelle la phrase a tété prononcée et son sens:
-
Tout ce qui vit doit mourir, et puis renaître à nouveau (Tinlé à son petit-fils après la veillée funèbre
devant la carte de l'immortalité)
Les dieux sont vainqueurs! ( exclamation de Norbu à la fin du film et de villageois lors du succès de
Karma au tir à l'arc)
Vous jouez avec nos vies avec vos calculs interminables! ( Karma aux lamas avant son départ)
Les montagnes t'ont vu! ( Tinlé à Karma qu'il accuse d'avoir tué son fils)
A réciter des prières, on s'évade de son corps. C'est ça la vraie liberté…( Norbu à Passang dans la
montagne )
Un yack et deux charges de sel, c'est le prix à payer aux démons. ( Tinlé après la chute du yack dans
le lac)
37
DOSSIER PEDAGOGIQUE COMPLEMENTAIRE
Himalaya, l'enfance d'un chef
13. Sources
Un certain nombre de documents contenus dans ce dossier provient de travaux effectués par des
enseignants et mis en lignes par leurs soins et de sites ( voir ci dessous).
http://www.crac.asso.fr/image
site officiel collège au cinéma (pistes de travail)
http://www.abc-lefrance.fr
site du cinéma Le France de Saint Etienne (fiche)
http://www.bacfilms.com/site/himalaya/
(site officiel)
http://www.simplyscripts.com/scripts/French/hima_acro.pdf
(scénario du film )
http://www.écrannoir.fr
interview du réalisateur
Sites de particuliers:
www.adilgo.com/dolpo.htm ( photos)
www.marches-lointaines.com/haut-dolpo/dolpo.htm ( photos récentes 2003)
Mais aussi:
Dossier pédagogique de l'école des lettres ( 2000-2001 N°6) à partir du livre de E Brisou-Pellen
"Himalaya l'enfance d'un chef". Pocket junior.
Vous pouvez trouver des ressources sur les différents films programmés dans "collège au cinéma" sur le
site académique de l'association CINEPRISME:
www.cineprism.free.fr
(site académique. Documentation pédagogique sur les films de collège au cinéma)
Yves Maussion
Coordinateur Cinéma audiovisuel
Action Culturelle
Rectorat de Nantes
38

Documents pareils