Trente ans apres le rainbow warrior honorons la memoire du

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Trente ans apres le rainbow warrior honorons la memoire du
12/8/2015
Trente ans après le Rainbow Warrior, honorons la mémoire du militant écologiste Fernando Pereira
Trente ans après le Rainbow Warrior, honorons la
mémoire du militant écologiste Fernando Pereira
Le Monde.fr | 27.07.2015 à 16h52
Le Rainbow Warrior, le 14 août 1985, à Auckland, en Nouvelle-Zélande PATRICK RIVIERE / AFP
James machu, responsbale local de Greenpeace Nice et Daniel Fimbel, responsable de la
CANAM (Commission Antinucléaire des Alpes-Maritimes)
Dans la nuit du 10 au 11 juillet 1985, le Rainbow Warrior, navire amiral de de Greenpeace
International, est saboté puis coulé dans le port d’Auckland, en Nouvelle Zélande. Ces
événements sont restés dans toutes les mémoires.
En effet, si deux mines magnétiques actionnées par des agents français éventrent alors le
chalutier, elles causent aussi la mort du photographe de l’équipage. Cet homme de 35 ans
s’appelait Fernando Pereira. Il était l’un des activistes de l’Opération « Pacifique » déployée, à
cette époque et dans cette partie du monde, par la célèbre organisation non gouvernementale.
Né au Portugal, Fernando avait fui d’abord le régime dictatorial du président Salazar pour ne pas
se retrouver conscrit, enrôlé de force dans les guerres coloniales. Par la suite, installé aux PaysBas, il avait mis ses compétences techniques et ses talents artistiques au service des
campagnes d’action directe non-violente de Greenpeace.
Photographe et militant de la cause environnementale
Ainsi, quelques semaines avant la date fatale, participait-il à une expédition dans le Pacifique sud
baptisée opération « Exodus ». Il s’agissait de procéder au déplacement par mer des habitants
de l’atoll de Rongelap (contaminé durablement par les essais américains) et à leur réinstallation
sur des îles épargnées telles que Ebeye ou Mejato. Quelques années auparavant, il était aussi
partie prenante des intrusions du navire arc-en-ciel dans les eaux territoriales qui s’appelait
encore l’Union soviétique. Enfin, en ce mois de juillet 1985, il s’apprêtait avec ses compagnons à
contester les essais nucléaires français de Moruroa, l’opération visait aussi à appuyer les
négociations en cours pour définir une « zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique
Sud » (le Traité de Rarotonga sera effectivement signé le 6 août par une quinzaine d’États de
l’Océanie).
Fernando Pereira était bel et bien un militant sincère, convaincu et irréprochable de la cause
environnementale. Il était aussi un photographe passionné qui s’employait à défendre les
beautés de ce monde contre les ravages infligés par les sociétés industrielles et les logiques
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Trente ans après le Rainbow Warrior, honorons la mémoire du militant écologiste Fernando Pereira
militaristes. Il était enfin le jeune papa attentionné de deux enfants, Marelle et Paul. Ces valeurs
positives dont il se voulait, à la fois, le porteur et le témoin appelle aujourd’hui, sans conteste, le
respect de tous.
C’est pourquoi, le moment semble venu d’accueillir cet homme dans notre mémoire collective et
de lui faire la place qu’il mérite. C’est dans cet esprit qu’il nous semble souhaitable que son nom
soit donné à une rue d’une commune des Alpes-Maritimes, ou de lui dédier tout autre
emplacement municipal. Ce serait là un très beau geste de réconciliation qui contribuerait, trente
années après les faits, au dépassement d’antagonismes périmés.
2 000 essais nucléaires en 40 ans
Les controverses de jadis ne sont, en effet, plus de mise : la France a indemnisé la Nouvelle
Zélande, l’association Greenpeace et la famille de la victime dans les deux années qui suivirent
le drame. Le tabou sur l’irradiation des anciens sites des tests atomiques, notamment en
Polynésie française, est tombé depuis le départ de l’armée française et alors que se multiplient
les actions en justices initiées par les populations locales.
Fort heureusement, les essais nucléaires sont désormais bannis par les conventions
internationales (« Traité d’interdiction complète » du 24 septembre 1996). Environ 2 000 essais
nucléaires, ont été conduits 1945 et 1996 à travers le monde, selon l’ONU.
Face aux dommages causés à la planète, il nous revient de rappeler la part de vérité dont
Fernando Pereira aura été, au prix de sa vie, l’exemplaire messager.
À cet égard, la France se prépare à orchestrer une négociation mondiale consacrée à d’autres
enjeux environnementaux majeurs (la COP 21 sur le climat, en décembre 2015 à Paris). Or,
l’échec de cette rencontre enverrait un signal désastreux. Pour toutes ces raisons, il importe
désormais de s’engager tous ensemble, et de décréter qu’aucune raison supérieure d’Etat ne
peut plus prendre le pas sur cette perspective essentielle qu’est la sauvegarde de la Terre, notre
berceau naturel et notre bien commun.
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