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Dé fl i at Invité un rendement de niche Le besoin de légitime défense Guy Sorman Index ENTRETIEN Haute Horlogerie : 12 acteurs d’influence Marie-Hélène Miauton : La Suisse… pas si sûre Marché de l’art sécurité : la dissuasion impossible 15 CHf Cindy Sherman et la photographie américaine ts Société en Immobilier m se ) (s is ne oi st im tr ve s Pa in tif e s rna : l te o n al L e m e d i a s u i s s e d e s hi g h n e t w o r t h i n d i v i d u a l s Breguet, créateur. Invention du spiral Breguet, 1795 Le spiral donne le rythme et régule la marche du temps. Il est la clé de la précision d’une montre. Doté d’innombrables innovations brevetées, notamment le tourbillon et le balancier en titane, le modèle Tradition 7047PT avec tourbillon à fusée allie aujourd’hui les avantages de la courbe terminale du spiral Breguet créé en 1795 aux exceptionnelles propriétés du sili cium, insensible aux champs magnétiques. L’histoire continue ... B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E + 4 1 2 2 3 1 7 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8 B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 1 5 1 1 8 8 – W W W. B R E G U E T. C O M ENTRE LES LIGNES Jorge Vil ad oms Weber * Que vous inspire cette citation d’Épictète ? Elena Budnikova «Savoir écouter est un art » Jorge Vil adoms Weber, professeur de piano au Conservatoire de Musique de Lausanne et fondateur de «Crescendo con la Musica » En musique, il existe une équation qui maintient en équilibre cet art impalpable, le seul art intangible, qui fait vibrer chaque cellule du corps. Dans l’équation, 3 acteurs : le compositeur, le public, et l’interprète. Le compositeur, architecte de sons, construit un monde sonore et dessine en musique les paroles de l’âme. Le public reçoit et reconstruit tous ces sons en lui-même : ces derniers ont la magnifique caractéristique d’adhérer à nos souvenirs, à nos rêves, au plus profond de notre humanité. Les interprètes - un lien entre le compositeur et le public - essayent de recréer ce message avec fidélité, mais enveloppé de leur essence et sensibilité. L’art d’écouter intervient quand la musique s’arrête...savoir l’écouter quand elle cesse d’exister dans le monde que nous voyons, pour qu’elle reste à jamais gravée dans notre mémoire. *À retrouver le 8 juin au BFM de Genève, en compagnie de ses amis Gautier Capuçon au violoncelle, les danseurs étoiles de l’Opéra de Paris : Isabelle Ciaravola et Hervé Moreau. 4 Un vrai chasseur sait reconnaître sa proie. Le nouveau CLA Shooting Brake pour CHF 289.–/mois.* Le nouveau CLA Shooting Brake réunit le meilleur de deux mondes – la sportivité d’un coupé et l’espace généreux d’un break. Grâce à ses faibles émissions de CO2, il est également écologique. Choisissez entre traction avant et transmission intégrale 4MATIC et profitez de nos conditions de flotte avantageuses. Votre partenaire Mercedes-Benz se fera un plaisir de vous soumettre une offre personnelle. www.mercedes-benz.ch/fleet CLA 180 Shooting Brake CHF Votre avantage prix CHF Prix de vente au comptant CHF CHF 289.–/mois* Une marque Daimler Leasing à 2,9% à partir de 41 200.– 8224.– 32 976.– * CLA 180 Shooting Brake, 1595 cm3, prix de vente au comptant: CHF 32 976.– (prix catalogue de CHF 41 200.– moins avantage prix de 13%, moins rabais flotte de 8%). 5,5 l/100 km, 128 g CO2/km (moyenne de toutes les voitures neuves vendues: 144 g CO2/km), catégorie de rendement énergétique: C. Exemple de leasing: durée: 48 mois, kilométrage: 10 000 km/an, taux annuel effectif: 2,94%, 1er versement plus élevé: CHF 7850.–, versement mensuel à partir du 2e mois: CHF 289.–. Hors assurance des mensualités PPI. Une offre de Mercedes-Benz Financial Services Schweiz AG. Assurance casco complète obligatoire. L’octroi d’un crédit est interdit s’il est susceptible d’entraîner le surendettement du preneur de leasing. Le rabais flotte de 8% se base sur une taille de parc totale de 1 à 7 véhicules. Cette offre n’est valable que dans le cas d’une utilisation commerciale. La durée minimale est fixée à 6 mois. Offre valable jusqu’au 30.06.2015. Immatriculation jusqu’au 30.09.2015. Modèle illustré avec options: CLA 180 Shooting Brake «OrangeArt Edition», CHF 43 638.–: peinture métallisée, pack d’équipements «OrangeArt Edition», Intelligent Light System, PARKTRONIC, toit panoramique. Tous les prix s’entendent TVA de 8% incluse. Sous réserve de modifications. Recommandation de prix sans engagement. c o n t rechamp ( S ) In extremis ! Aux Pays-Bas, deux techniciens pris au piège sur une éolienne en feu. Ils s’enlacent, probablement en pensant qu’ils ne survivront pas. Quelques minutes plus tard un hélicoptère viendra les secourir, in extremis. 6 Cibler des performances en toutes circonstances Si vous êtes à la recherche de performances régulières quelles que soient les conditions de marché, mettez le fonds Schroder ISF* Strategic Bond dans votre viseur. Ce fonds « tout terrain » à gestion active exploite les opportunités les plus attractives des marchés obligataires internationaux, quels que soient la région, la classe d’actifs ou le secteur. Bénéficiant d’un réseau mondial de plus de 1201 spécialistes de la gestion obligataire, le fonds Schroder ISF Strategic Bond cherche à générer une performance positive dans toutes les configurations économiques, en utilisant une gamme diversifiée de stratégies génératrices d’alpha et en s’appuyant sur sa capacité à investir dans les bons titres, au bon moment. Ciblez le potentiel du marché, quel que soit. Rendez-vous sur le site www.schroders.com/target Information importante : Ce document ne constitue en aucun cas une offre ou une sollicitation à quelque personne que ce soit en vue de la souscription d’actions de Schroder International Selection Fund (la « Société »). Aucune information contenue dans ce document ne doit être considérée comme un conseil et, par conséquent, comme une recommandation d’acheter ou de vendre des actions. L’offre d’actions peut, sous certaines juridictions, être limitée et, le cas échéant, les personnes peuvent, à la demande de la Société, devoir se renseigner et observer ces limitations. Les souscriptions des actions de la Société ne peuvent être effectuées que sur la base du dernier prospectus en vigueur, accompagné du dernier rapport annuel audité (ainsi que de tout rapport semestriel non-audité si celui-ci a été publié ultérieurement). Le prospectus et les informations clés pour l’investisseur pour la Suisse, les statuts, les rapports annuels et semestriels peuvent être obtenus gratuitement auprès des bureaux du représentant en Suisse, Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021 Zurich (société agréée et contrôlée par la FINMA) et auprès de l’agent payeur en Suisse, Schroder & Co. Bank AG, Central 2, Postfach 1820, CH-8021 Zurich. La performance passée ne saurait préjuger de l’évolution de valeur future des placements collectifs de capitaux. Celle-ci dépend de l’évolution des marchés, du revenu des placements et, le cas échéant, des taux de change, ainsi que du succès de la mise en œuvre de la politique d’investissement par le gérant du portefeuille. Les données de performance ne tiennent pas compte des frais et commissions liés à l’émission et au rachat de parts. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi initialement. Tout investissement dans la Société comporte des risques, qui sont décrits de manière détaillée dans le prospectus. La Société a son siège au Luxembourg et est sous la surveillance de la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Ce document est produit par Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021, Zurich. 1Source : Schroders, au 31 décembre 2014. 0215/w46595/CHFR0215 é dit o / impre s s um éditorial le contrôle d’un juge, sous réserve que l’exécutif soupçonne ses activités » à «devons-nous tous devenir des suspects potentiels pour garantir la sécurité ? », il y a un large pas, mais qui fait déjà le beurre frais des idéologues de tous bords : les mêmes, dithyrambiques, quand ils vantent les mérites de la troisième révolution industrielle en cours, avec ses nouveaux modèles économiques fondés sur le partage d’informations. Mais le débat politique, lui, restera figé. Chef d’édition Amandine Sasso tél. + 41 22 301 59 12 [email protected] Directeur commercial John Hartung tél. + 41 22 301 59 13 [email protected] Elena Budnikova Trois mois après les attaques terroristes qui ont frappé Charlie Hebdo, le gouvernement français a émis un projet de loi sur le renseignement considéré comme liberticide. Les hébergeurs menacent déjà de quitter le pays en délocalisant tous leurs serveurs. Cependant, de «n’importe qui pourra être écouté et suivi sans En Suisse une loi assez proche mais moins liberticide présentée par Ueli Maurer vient de passer la rampe du conseil national. On comprend que la menace d’une guerre intérieure qui ne dit pas son nom fasse l’objet de toutes les attentions au point de rogner sur les libertés : à la guerre comme à la guerre. Mais pourquoi les droits de la victime ne sont-ils pas compensés à due concurrence par plus de légitime défense face au crime et aux spoliations par le vol ? Encore une autre guerre qui ne dit pas son nom… dans la plus grande indifférence, et dont les seules victimes resteront les citoyens au comportement exemplaire. Boris Sakowitsch, Directeur de la publication Éditeur Swiss Business Media 49, route des Jeunes 1227 Carouge / Genève tél. + 41 22 301 59 12 fax. + 41 22 301 59 14 ISSN 1661-934X Directeur de la publication Boris Sakowitsch tél. + 41 22 301 59 12 [email protected] Directeur des rédactions Arnaud Dotézac tél. + 41 22 301 59 16 [email protected] Rédactrice en Chef Cahier Patrimoine(s) Anne Barrat tél. + 41 78 300 54 64 [email protected] Rédaction Franck Belaich Bertrand Carlier Benoît Chappuis Thomas Chapuis Anton Dombrovsky Michel Donegani Alain Freymond René-Georges Gaultier Pierre-Emmanuel Iseux George Iwanicki Daniel Kohler Axel Marguet Céline Moine Antoine Praz Jean-Sébastien Robine François Savary Loïc Schmid Christian Staub Thomas Veillet Christian Zeitler Correction Caroline Gadenne Marion Piroux Directeurs de création Vincent Nicolò Aurélie Vogt Direction artistique Elena Budnikova [email protected] Graphiques et Infographies Vincent Nicolò service Publicité tél. + 41 22 301 59 13 [email protected] Marianne Bechtel-Croze tél. + 41 79 379 82 71 [email protected] direction Marketing Anne-Françoise Hulliger tél. + 41 76 431 64 76 [email protected] IT management / market online Arthur Cattaneo [email protected] 8 Service Abonnements tél. + 41 22 301 59 12 [email protected] Impression Kliemo Hütte 53 4700 Eupen Belgique Numéro 122 Printemps 2015 essencedesign.com LA RÉALISATION DE VOS PROJETS DE RETRAITE GRÂCE À VOTRE PRÉVOYANCE Vous approchez de l’âge de la préretraite ou de la retraite, et vous n’avez qu’une envie : un revenu supplémentaire garanti à vie qui vous permettra, par exemple, de consacrer plus de moyens à vos loisirs, ou encore de réaliser les projets qui vous tiennent à cœur. La sécurisation de patrimoine est affaire d’experts. Nous sommes ces experts. T +41 22 817 17 17 www.rentesgenevoises.ch SOMMAIRE N° 12 2 04Entre les lignes 06Contrechamp(s) 08éditorial chronique(s) 26 12Tontine moderne par Antoine Praz 16 Les promesses du big data par Stéphane Zrehen 18Psychanalyse de marché par Christophe Pian actualité 20Contexte(s) dossier spécial sécurité (couverture) 26Sécurité : La dissuasion impossible De la dissuasion des criminels à celle des victimes par Arnaud Dotézac 32 La Suisse… Pas si sûre entretien avec Marie-Hélène Miauton 36 Les limites de la légitime défense 26 cahier patrimoine(s) 80 41Sommaire détaillé 42DOSSIER : Déflation : les investissements alternatifs 58IMMOSCOPE : Immobilier : un rendement de niche 66INVESTIR index 96 10 80 Haute horlogerie : 12 acteurs d’influence SOMMAIRE N° 12 2 culture(s) 96Invité : Guy Sorman 100 Chronique : L’art et la déraison par François Besse 102Marché de l’art : Cindy Sherman et la photographie américaine 100 106 Culture(elle) entretien avec Bernadette Elöd 108hédonisme(S) 122Photographe du mois 102 À nos lecteurs Notre nouvelle section Patrimoine(s), dirigée par Anne Barrat, réunit des experts des domaines économique et financier, immobilier, juridique, de l’art, pour une analyse des évolutions majeures qui impactent chacun de ces marchés et des opportunités d’investissement qu’ils offrent. Une formule inédite qui, pour sa première édition, regarde d’abord au-delà des frontières puis à proximité de tout à chacun pour trouver des solutions à une situation sans précédent elle aussi, celle des taux d’intérêts négatifs. Un sommaire où l’innovation, avec les obligations des pays émergents et frontières, côtoie la tradition, avec la pierre, le tout avec des niveaux de risques et des horizons temporels diversifiés. 11 chro niq ue / l a vie de s e n t re pre ne ur s TONTINE MODERNE le but de financer des projets d’aide. Suite à des événements tragiques en Suisse ou à l’étranger, elle récolte les dons et, lors de grandes catastrophes, appelle à la solidarité par le biais des télévisions et radios nationales ainsi que des médias privés. Elena Budnikova Notamment, lors du tsunami en Asie du Sud, la Chaîne du Bonheur récolta CHF 227 758 36.-, pour le séisme en Haïti, CHF 66 208 929.-, et pour la récolte en cours pour la Syrie, déjà CHF 18 083 084.-. Antoine Praz 8 139 631, c’était la population résidente permanente en Suisse au 31 décembre 2013, selon l’OFPOP (Office fédéral de la population), et les statistiques publiées par l’OFS (Office fédéral de la statistique). Maintenant, imaginez. Si chaque résident donnait CHF 1.- par jour, cela représenterait, oui, vous avez trouvé, CHF 8 139 631.-. Si cette générosité perdurait 1 année complète, refaites mon calcul, CHF 2 970 965 315.-, soit près de CHF 3 milliards seraient ainsi disponibles. Soit, l’équivalent de 0,47 % du PIB suisse 2014. Soyons encore plus fous en Suisse, CHF 1.- chaque jour, pour chaque résident, pendant 5 ans. CHF 14 854 826 575.-, CHF 14,85 milliards. Et si maintenant, chaque Suisse sacrifiait son café ou son thé matinal, qu’il va payer au moins CHF 3,50 par jour ? Après 1 jour, CHF 28,49 millions, après 1 an, CHF 10,4 milliards, après 5 ans, CHF 52 milliards. Ces chiffres donnent le tournis. Maintenant, parlons de générosité, de solidarité et de capacité de mobilisation financière de la Suisse. Créée en 1946, la Chaîne du Bonheur est une fondation humanitaire issue de SRG SSR qui collecte des fonds dans 12 vo t re café q uo tidie n re pré se n te u n p o te n tiel de fin a nce me n t de 10,4 milliard s de fr a nc s s uis se s par a n La générosité des Suisses est connue et légendaire, mais ces chiffres sont impressionnants de par leur ampleur, tout cela pour des personnes qui leur sont étrangères, vivant dans des contrées éloignées qui ne représentent pour beaucoup que des souvenirs de voyages ou de reportages vus à la télévision. Vous voyez où je veux en venir ? Pas vraiment encore. Selon les statistiques publiées par la BNS chaque mois, les limites de crédit octroyées par les banques aux entreprises en Suisse s’élevaient selon la statistique de janvier 2015 à CHF 521,36 milliards (dont CHF 222,02 milliards ou 42,59 % de créances hypothécaires), dont 353,68 milliards (67,8 %) étaient effectivement utilisées. Les limites de crédit aux entreprises de 10 à 249 personnes, qui constituent une partie importante des PME les plus dynamiques de notre pays s’élevaient à 144,15 milliards, soit environ 27,65 % des limites totales octroyées. chro niq ue / l a vie de s e n t re pre ne ur s Reprenons mes chiffres du début, si chaque Suisse investissait son café ou son thé quotidien pendant 5 ans, ce serait l’équivalent de CHF 52 milliards, soit 10 % des limites de crédit totales octroyées aujourd’hui ou près d’1/3 des limites octroyées aux entreprises de 10 à 249 employés qui seraient couvertes par la diminution de notre consommation de caféine ou de théine. Venons-en au fait. Vous connaissez le crowdfunding, le crowdlending ? Un peu beaucoup passionnément à la folie ? Si ce mode de financement, dit participatif (par le biais d’une plateforme en ligne donnant la possibilité à tout un chacun directement et sans intermédiaire, soit de faire un don, d’acheter une part au capital ou d’octroyer un prêt à une société), prend de l’ampleur dans les pays anglo-saxons, nous n’en sommes, au pays des banques et du chocolat, qu’au stade de la conception. si vo t re télé vise ur , vo t re frigo, vo t re voit ure , vo t re télé pho ne p or table , vo t re par a pl uie , e tc., s o n t g ar a n tis da n s le ur s fo nc tio n n alité s , e t bie n vo s pl ace me n t s , il s n ’o n t q u’u ne se ule g ar a n tie , : celle de s upp or te r t o u t se ul le s c o n sé q ue nce s d ’u n mau vais pl ace me n t. Intéressez-vous à LendingClub Corp (LC.N) (www.lendingclub.com), l’une des plus importantes plateformes de Crowdfunding aux USA, dont la mise en bourse en décembre 2014 valorisait la société à US$ 8,9 milliards. Dans la foulée de LendingClub, c’était OnDeck Capital Inc. (www.ondeck.com), une plateforme spécialisée dans le financement des PME qui faisait son entrée en bourse, valorisant la société à US$ 1,3 milliard. OnDeck a d’ailleurs publié, en mai 2014, une étude commandée à Analysis Group (www.analysisgroup.com), qui concluait que : -US$ 1 milliard de prêts avait généré un impact économique de US$ 3,4 milliards -22 000 emplois avaient été créés -la majorité des emprunteurs trouvaient la formule du crowdlending beaucoup plus rapide et efficace que celle du circuit bancaire traditionnel À l’heure où des initiatives se font jour en Suisse, également au sein du parlement, pour transformer notre pays en start-up nation, il est impératif que nous ne répétions pas les errements de l’industrie horlogère des années 70, qui loupa complètement le virage technologique de l’époque. Si des initiatives pour faciliter le financement des startup et des entreprises existantes sont impératives, il est encore plus impé14 ratif de ne pas retomber dans les travers du passé en voulant se limiter aux structures de financement existantes que ce soit via les caisses de pension ou les bailleurs de fonds traditionnels (banques, assurances et autres institutions financières), qui ont montré leurs limites en termes d’efficacité, de performance, et parfois de gouvernance. Les plateformes de financement, à l’instar des réseaux sociaux, ont un potentiel et une puissance de feu nettement plus importants. Reprenez les chiffres du début, votre café/thé quotidien représente un potentiel de financement à injecter dans des entreprises de CHF 10,4 milliards par année. De telles plateformes présentent potentiellement une manière parfaitement démocratique de vous déterminer sur le sort que vous voulez réserver à votre épargne en vous sortant des canaux traditionnels obscurs auxquels on vous répète que vous ne comprenez rien. Et si l’on vous dit que l’économie de votre café ou thé quotidien est si précieuse qu’elle ne peut être confiée qu’à des professionnels aguerris, n’oubliez pas que l’industrie à qui on veut vous la faire confier est une des plus règlementées au monde et que c’est elle qui n’a rien vu venir en 2008, ni lors des précédentes crises, et qui n’y verra rien lors de la prochaine. Souvenez-vous également que si votre téléviseur, votre frigo, votre voiture, votre téléphone portable, votre parapluie, etc., sont garantis dans leurs fonctionnalités, et bien vos placements, ils n’ont qu’une seule garantie, celle de supporter tout seul les conséquences d’un mauvais placement. Rappelez-vous également que si vous êtes assez responsable pour prendre chaque jour votre voiture pour vous rendre à votre travail, alors que vous ne comprenez rien ni à la physique, ni à la mécanique, et bien vous êtes assez grand pour savoir ce que vous voulez faire de vos CHF 3,50 quotidiens. Et la tontine alors me direz-vous ? Alors pour la faire courte, la tontine existe sous diverses formes, depuis le 17e siècle, et elle peut revêtir diverses formes. Elle est utilisée de manière coutumière en Afrique et en Asie et consiste à verser régulièrement une somme d’argent à un fonds que chaque donateur peut utiliser à tour de rôle. Donc après le communisme, bientôt le capitalisme, et bien place…. au tontinisme. \ Big Bang Unico. Mouvement manufacture UNICO. Chronographe roue à colonnes, 72 heures de réserve de marche. Boîtier en King Gold, un alliage d'or rouge exclusif réalisé par Hublot. Lunette en céramique noire. Bracelet interchangeable par un système d’attache unique. BOUTIQUE GENEVE 78 rue du Rhône / 3 rue Céard www.hublot.com • twitter.com/hublot • facebook.com/hublot chro niq ue / ve n t ure ca pital Les promesses du Big Data utile impraticable. Les nouveaux acteurs du stockage développent des méthodes qui stockent les informations sur des serveurs virtuels en réseau dans le cloud. Ça permet un traitement parallèle des données, un volume théoriquement infini et un temps de traitement acceptable. Les startups les plus en vue du secteur sont : Elena Budnikova Cloudera dirigé par Tom Reilly qui avait vendu ArcSight à Hewlett Packard pour 1,3 Mrd$, et qui a bouclé l’année dernière un tour de 900 Mlns$, avec Intel Capital et Google Ventures comme investisseurs. Stéphane Zrehen, managing partner, Agam Analytics On parle beaucoup de Big Data depuis quelques années. La multiplication des informations récoltées sur la visite de sites web, les produits achetés où, quand et par qui, de produits promus où et quand, les commentaires sur lesdits produits, ainsi que les informations provenant de réseaux de capteurs techniques ou caméras industriels, administratifs ou environnementaux, imposent un nouveau type de traitement de ces données. C’est le paradigme du Big Data. Les entreprises conservent et parfois analysent ces données d’une part parce qu’elles y sont légalement obligées, et d’autre part pour essayer d’en tirer profit. La promesse du Big Data n’est pas «Gavez-vous de données jusqu’à exploser » mais plutôt «Venez-en à connaître si bien vos clients que vous pourrez savoir avant eux quel produit ils veulent, et où et comment le leur proposer pour maximiser vos résultats ». Le premier maillon de la chaîne du big data, c’est le stockage et l’accès. Les bases de données relationnelles classiques, telles que celles vendues par Oracle ou Microsoft, ne fonctionnent plus avec les volumes continuels qui se déversent sur elles. Il peut leur falloir plusieurs heures pour retrouver des données, ce qui rend toute analyse 16 mapR, assez similaire à Cloudera, et qui compte Amazon comme client, a levé 110 Mlns$ l’année dernière, auprès notamment de Google Capital, qui a l’air de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier mais parie fortement sur le big data, ce qui se comprend très bien. Horton Works, une spinoff de Yahoo fondée par 24 ingénieurs atteint en trois ans 125 Mlns$ de revenus annuels, avec une croissance de 144 % de leurs clients. Le deuxième maillon, c’est la transmission. Les volumes étant importants, il faut assurer de très grands débits, ce qui est réalisé par les processeurs, les routeurs et les fournisseurs internet. Annapurna, une société israélienne spécialisée dans les processeurs à basse consommation et très grands débits adaptés au processing parallèle, vient d’être achetée 350 Mlns$ par Amazon. De son côté, Cisco offre des solutions de plus en plus verticalisées. Le troisième maillon, le graal, c’est ce qu’on appelle l’Analytics. C’est à cette étape qu’on regarde les données et qu’on prédit l’avenir. À l’aide de méthodes statistiques ou neuro-cybernétiques, on classifie les profils en fonction de ce qui les rassemble, et on fait des expériences à la manière d’une étude clinique. On sépare les clients en deux groupes, et on teste la promotion d’un produit d’une manière différente pour chaque groupe. On retient la méthode qui a généré le plus de chro niq ue / ve n t ure ca pital ventes. Et ensuite on raffine les modèles. Ce genre d’approche est proposée notamment par la société Lokad à Paris, fondée par des anciens élèves de l’École normale supérieure qui permet à des géants de la distribution d’optimiser l’approvisionnement de leurs rayons et de réduire les invendus et les stocks. Elle compte parmi ses clients Carrefour et Casino et semble avoir été financée par des business angels. Aux USA, Opera Solutions se targue d’être la plus grosse société au monde d’analyse prédictive indépendante, et d’avoir un chiffre d’affaires dépassant les 100 Mlns$. Elle s’est spécialisée dans la prédiction de fraudes, de pannes et de comportements d’achats. Un des avantages compétitifs que ces sociétés acquièrent avec le temps, c’est la connaissance des données qu’elles collectent et analysent. Elles sont ainsi en mesure de développer des prédicteurs testés pour différents marchés. Dans un autre registre, la société californienne Predpol s’occupe de prévenir les crimes en envoyant la police au bon endroit, avant qu’il ne s’y passe quelque chose. Elle prétend avoir permis de réduire les crimes violents et les cambriolages dans des proportions impressionnantes. Leur algorithme est basé sur les corrélations temporelles entre événements du même type, ce qui est conforté en Suisse par l’arrestation de bandes de cambrioleurs qui s’attaquaient toujours au même type de cibles. La police l a s ocié té califor nie n ne Pre dp ol s’occ upe de pré ve nir le s crime s e n e n voya n t l a p olice au b o n e ndroit, ava n t q u’il ne s’ y pa s se quel q ue cho se de Stockholm avait déjà fait appel à la société Nordisk Trygghetscentral pour la même idée, à savoir optimiser les rondes de police et des agents de sécurité privés sur le logiciel de visualisation Tibco Spotfire™. Grâce à ce système, les crimes ont quasiment disparu, les factures de sécurité privée ont fondu et le prix de l’immobilier a augmenté. En d’autres termes, cette approche analytique a permis de réduire considérablement l’insécurité à Stockholm. Curieusement, il reste de nombreuses villes à équiper aux USA et en Europe, pourtant les gains sociétaux attendus justifient certainement les budgets de mise en œuvre. \ Pics de volatilité, baisse des rendements, taux d’intérêts au plus bas. Et si le moment était venu d’appréhender les marchés sous un angle différent pour mieux répondre à vos besoins ? Chez Natixis Global Asset Management, c’est précisément notre ambition. Le fruit de cette réflexion se nomme Durable Portfolio Construction®, une toute nouvelle approche destinée à relever les défis d’aujourd’hui. Parce que l’environnement actuel exige un autre regard. Parce que nous voulons être toujours plus proches de vous. POUR UN NOUVEAU REGARD SUR LES MARCHÉS D’AUJOURD’HUI, RENDEZ-VOUS SUR DURABLEPORTFOLIOS.COM Natixis Global Asset Management définit Durable Portfolio Construction comme une stratégie d’investissement qui vise à produire des rendements réguliers sur le long terme par la gestion des risques, la gestion de la volatilité et le renforcement de la diversification. Les retours sur investissement ne sont pas garantis. Distribué en Suisse pour les investisseurs qualifiés par NGAM, Suisse Sàrl. Siège social : Rue du Vieux Collège 10, 1204 Genève, Suisse. NGAM, Suisse Sàrl est une unité de développement de Natixis Global Asset Management filiale de Natixis et la société holding d’un ensemble mondial de sociétés de gestion et de distribution spécialisées. 17 ADINT613-1114 chro niq ue / re g ard ( S ) Psychanalyse de marché Elena Budnikova de moindres ressources. Leur point commun : la vitesse et la technologie comme éléments différenciateurs. Examinons quelques cas cliniques : Christophe Pian, Swiss TV, www.swisstv.ch Elisabeth Kübler-Ross aurait pu écrire un livre sur la stratégie en affaires! Nul doute qu’en ce moment vous prenez la mesure du propos et acquiescez d’un air entendu. Ou vous n’êtes pas féru de psychiatrie helvétique, n’avez jamais entendu ce nom et dans ce cas je m’explique : c’est une pionnière des soins palliatifs notamment connue pour avoir théorisé les différents stades émotionnels de la mort annoncée, à savoir le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Qu’aurait-elle eu à dire sur les effets de la révolution technologique que nous connaissons ? En effet, nous avons dernièrement pu observer des acteurs majeurs et des industries être renversés par des outsiders inattendus, disposant 18 Le déni. Tout le monde connaît aujourd’hui Netflix comme le leader de la location de films par internet (VOD) ; peu de monde connaît en revanche Blockbuster, à l’époque plus grand loueur de DVD des États-Unis : 9000 magasins proposant plus de 100 000 titres. Blockbuster jouit à l’époque d’un quasi-monopole sur son industrie et écrase quiconque tente de se lancer sur le marché. Jusqu’en 1998, année où Reed Hastings lance un service de livraison de DVD par la poste qui migrera par la suite en plateforme de streaming : Netflix. Il faudra 6 ans d’immobilisme et d’hybris à Blockbuster pour se rendre compte qu’ils ont été dépassés sur tous les plans. Aujourd’hui Blockbuster compte 300 magasins et étudie la meilleure manière de les liquider. La colère. C’est à coups de déprédations de véhicules et d’intimidations en tout genre que l’industrie des taxis accueille Uber, le service de voitures privées, dans la plupart des pays où le service a l’ignominie de s’installer. L’industrie des taxis pourrit la vie aux usagers de la route L a p o s se s sio n fait pl ace à l a dé maté rialis atio n. Le s u tilis ate ur s se mble n t y t ro u ve r le ur c omp te à coups d’opérations escargot, incapable de se repenser et d’innover. La compétition n’est pas la bienvenue dans une industrie qui n’a pas évolué depuis que les taxis remplacent les fiacres au début du 20e siècle. L’industrie hôtelière quant à elle étudie en ce moment comment imposer des taxes sur le logement aux privés qui louent leurs biens à des tiers via AirBnB. Le site permet à quiconque possède un bien immobilier de le louer chro niq ue / re g ard ( S ) à travers sa plateforme. L’industrie hôtelière, ne sachant comment juguler cette nouvelle vague de tourisme, souhaite imposer les mêmes conditions pour opérer à son nouveau concurrent. C’est le nivellement par le bas. On marchande. Ta x is : L a c ompé titio n n ’e s t pa s l a bie n ve n ue da n s u ne ind u s t rie q ui n ’a pa s é vol ué de p uis q ue le s ta x is re mpl ace n t le s fiacre s au dé b u t d u 2 0 e siècle Les industries de la musique ou de l’édition sont déjà passées à l’acceptation (bien malgré elles) : Apple et Amazon se sont chargés de transformer en profondeur la manière dont la musique et les livres sont consommés. La mutation n’est pas terminée. D’autres modèles d’affaires voient le jour dans la musique, Spotify par exemple propose une nouvelle façon de la consommer : comme un service. La possession fait place à la dématérialisation. Les utilisateurs semblent y trouver leur compte. Demain les institutions majeures telles que les banques et autres organismes financiers se verront transformés en profondeur, notamment par l’arrivée de nouvelles technologies, les monnaies électroniques et des acteurs majeurs comme Apple, Google ou Samsung. Après des années de règne sans partage, les mastodontes réalisent qu’ils n’ont pas entièrement verrouillé leur marché, que se reposer sur ses lauriers n’est réservé à personne dans un monde où la technologie bouscule tous les paradigmes. Il ne tient qu’à eux d’être les acteurs de cette innovation plutôt que de la subir, et d’ainsi éviter une mort annoncée ou non. \ LES MEILLEURES CONNEXIONS DISPONIBLES À VOTRE ARRIVÉE. JUSQU’À 4 VOLS QUOTIDIENS DE GENÈVE À LONDRES Le temps, c’est de l’argent, alors pourquoi ne pas choisir l’aéroport le plus rapide et ponctuel du Royaume-Uni pour vos déplacements professionnels ? Une fois l’aterrissage effectué, vous pouvez vous trouver à bord d’un taxi ou d’un train DLR en moins de 15 minutes. Et comme nous sommes situés à seulement 22 minutes de la station de métro Bank et à 30 minutes du centre de Londres, vous êtes toujours plus près de votre destination. Plus rapide, plus ponctuel, et vraiment à Londres. Pour connaître les horaires et réserver votre vol : londoncityairport.com 19 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) Contexte(s) RUSSIE ESPAGNE /ANDORRE L’OTAN INVITÉE PAR MOSCOU Partant du constat que l’OTAN ne peut être le seul garant de la paix et de la liberté dans le monde, le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov avait confirmé début mars que tous les États membres de l’OTAN, en particulier la direction de l’OTAN, restaient invités à participer à la 4ème conférence sur la sécurité internationale de Moscou (MCIS), se tenant les 16 et 17 avril 2015. 80 pays et organisations internationales y sont représentés. \ LA COPRINCIPAUTÉ D’ANDORRE DANS LA TOURMENTE PREMIÈRE SORTIE DU SÉBASTOPOL À SAINT-NAZAIRE Joan Pau Miquel Prats La Banque privée d’Andorre (BPA) et sa filiale à 100 % Banco de Madrid sont accusées d’avoir blanchi des milliards de dollars, notamment pour le crime organisé, en particulier chinois. En 2012 déjà, l’Espagne - qui avait arrêté Gao Ping accusé d’avoir blanchi 1,2 milliard d’euros - aurait utilisé les services de la BPA. Des politiciens sont aussi visés, notamment des proches du défunt président Hugo Chavez. Pour le seul Venezuela, on parle de 4,2 milliards de dollars ainsi blanchis. Joan Pau Miquel Prats, CEO de BPA, a été arrêté à son domicile en pleine nuit et écroué. Cette affaire est un coup dur porté à la crédibilité de la place financière d’Andorre dont la monnaie est de facto l’euro, alors qu’elle ne fait pas partie de la zone euro ni de l’Union européenne. Autrement dit, si une crise financière grave devait advenir, la BCE n’aurait aucun devoir d’assistance et ne bougerait pas le petit doigt. La responsabilité d’intervenir reviendrait à l’État et notamment à François Hollande, coprince en titre. Traditionnellement, c’est le directeur de cabinet de l’Élysée qui gère l’Andorre, c’est-à-dire Thierry Lataste depuis janvier 2015, avec luimême un représentant permanent sur place de longue date : Pascal Escande. \ Première sortie du Sébastopol au large de St-Nazaire Première sortie en mer du deuxième porte-hélicoptère russe made in France. Alors que la livraison du «Vladivostok », construit à Saint-Nazaire est toujours suspendue au feu vert de François Hollande, le second bâtiment commandé par la Russie «Sébastopol » a fait sa première sortie en mer le 16 mars 2015, qui s’est achevée quatre jours plus tard. D’autres essais sont prévus, mais il n’y aura toujours aucun marin russe à bord. C’est en mai prochain que la Russie décidera si elle annule ses contrats, comme l’avait annoncé Anatoly Isaykin, le directeur général de Rosoboronexport. \ 20 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) ITALIE PIRELLI PASSE À L’EST La firme de Milan fondée en 1872 va passer sous le contrôle du géant chinois China National Chemical Corp. (ChemChina). De son côté, Pirelli va bénéficier d’un accès privilégié au marché chinois. L’opération devrait être bouclée d’ici l’été 2015, via l’entrée des Chinois dans CAMFIN qui détient 26,2 % de Pirelli. L’opération pourrait profiter au groupe pétrolier russe Rosneft dont on rappellera que son président, Igor Setchine, était entré au Conseil d’administration de Pirelli en juillet dernier. Rosneft réduirait sa part de 50 % dans CAMFIN, mais a déclaré ne pas vouloir sortir de Pirelli pour l’instant. \ LA ROYALE COULE LA NAVY Sous-marin Saphir à Norfolk USA Barack Obama a décidé de renforcer temporairement l’armada américaine en Méditerranée en y faisant transiter l’USS Theodore Roosevelt (surnommé «Big Stick ») Ce bâtiment de 330 mètres de long, transporte jusqu’à 90 avions. Il a passé le détroit de Gibraltar le 31 mars 2015 avec son escorte. On rappellera qu’avant de quitter son port d’attache de Norfolk en Virginie, la flottille avait multiplié les entraînements, notamment contre un sous-marin nucléaire d’attaque français, Saphir S602 (nom de code de l’exercice : COMPTUEX/ C2X). Bien qu’en service depuis 1984, le Saphir a réussi à couler fictivement le porte-avion et la majeure partie de son escorte, tout en évitant la contre-détection américaine. Une victoire virtuelle qui a valu aux «cols bleus » français les honneurs bien réels de l’amiral Louis-Michel Guillaume, commandant la force océanique stratégique (ALFOST), venu spécialement les féliciter jusqu’à Norfolk. L’information publiée en fanfare sur le site officiel de la Marine nationale a cependant vite été supprimée. \ FACEBOOK SE BANCARISE David Marcus Au 4e trimestre 2014, les services de paiement proposés par Facebook représentaient 7 % de son chiffre d’affaires (257 millions de dollars). C’est l’application Messenger qui permet aux utilisateurs d’envoyer de l’argent. Un projet développé sous la houlette du talentueux Genevois David Marcus, ancien président de PayPal et pionnier dans les moyens de paiement par téléphonie mobile. Le but ? Concurrencer les majors des cartes de crédit. \ Flotille Roosevelt 21 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) LIMOGEAGE SUR FOND DE FORCES NUCLÉAIRES US OPÉRATIONNELLES Klaus Grabowski CANADA Bœing E-6B Mercury Heather E. Cole CONTRÔLES AUX FRONTIÈRES ET PLUS SI AFFINITÉS Depuis le 16 mars 2015, Madame Heather E. Cole, n’est plus commandant de la Strategic Communications Wing 1 (SCW-1), ni de la Task Force 124 (TF-124), deux unités opérationnelles relevant de la Navy et installées sur la base aérienne de Tinker, dans l’Oklahoma. Leur tâche, vitale pour la dissuasion américaine, est d’assurer en permanence le relais aérien des ordres d’attaques nucléaires depuis les airs, aussi bien aux sous-marins, qu’aux missiles et aux lanceurs terrestres. La Navy utilise notamment pour cela des Bœing E-6B Mercury. Dès l’annonce de sa mise à pied, les médias russes ont émis l’hypothèse que la disgrâce de la «commodore » Heather E. Cole était la conséquence de son refus d’avoir relayé des ordres visant à vitrifier la Russie et l’ont promue au rang de héros. En réponse, certains analystes expliquent que ses unités ne font qu’assurer la logistique (équipages, avions, équipements de transmission) et n’ont aucun pouvoir dans la chaîne de commandement, d’autres sources affirment néanmoins que la TF-124 dispose d’une capacité technique de blocage. D’autres encore s’étonnent que l’un des motifs de sa mise à pied subite soit un problème de «culture » et que la porte-parole de l’AIRFOR Jeannie Grœneveld, ait été obligée de rendre public ce motif sans précédent. Toujours est-il qu’en 25 ans de bons et loyaux services, Madame Heather E. Cole n’avait toujours fait parler d’elle qu’en bien. Mieux que Schengen ? La sécurité aux frontières du Canada et des États-Unis. Les deux grands voisins nord-américains conservent la maîtrise de leurs frontières tout en s’engageant à faciliter le flux terrestre des 400 000 voyageurs qui les traversent chaque jour. Le ministre canadien de la Sécurité publique, Steven Blaney, et le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson, viennent en effet de signer un accord autorisant leurs agents frontaliers respectifs à procéder à des pré-contrôles et opérer des pré-dédouanements sur le territoire de l’autre pays, tout en conservant leurs armes et leurs pouvoirs de leur pays d’origine. «Le but de la législation est de permettre la circulation des citoyens et des citoyennes honnêtes et des marchandises, pour assurer la prospérité de nos pays respectifs, mais d’être un mur pour toutes les personnes qui voudraient s’attaquer à nos populations respectives », a expliqué le ministre Blaney. Pourquoi n’y avons-nous pas pensé ? \ PAS D’ASILE POUR LE BEAU-FRÈRE DE BEN ALI Le 16 mars, c’est aussi le jour de la réapparition de Vladimir Poutine après dix jours d’absence. La dernière fois qu’il était passé sous les faisceaux radars aussi longtemps, c’était lors du naufrage du sous-marin nucléaire russe Kourks, dont le réalisateur Jean-Michel Carré avait démontré pour France 2, en 2005, qu’il avait été torpillé par le Toledo, un sous-marin américain, du temps de Clinton. \ Belhassen Trabelsi Belhassen Trabelsi, beau-frère de Zine el-Abidine Ben Ali, le président tunisien déchu en janvier 2011, a vu sa demande d’asile politique rejetée par la Commission de l’Immigration et du statut de réfugié canadienne. \ 22 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) YéMEN SITUATION TRÈS CRITIQUE AU YéMEN Alors qu’un accord cadre sur le nucléaire iranien, voulu par Barack Obama, est annoncé en grande pompe à Lausanne le 2 avril 2015, le Yémen se fait bombarder sans relâche par l’Arabie saoudite, depuis le 26 mars, détruisant au passage le consulat général de Russie à Aden. Cette opération militaire internationale, qui a déjà fait plus de 500 morts à fin mars, dont de nombreux civils, s’opère sans autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle est dite justifiée par la progression vers le sud de la rébellion des Houthis, qui a renversé le pouvoir pro-saoudien en septembre 2014. Les Houthis, d’une obédience chiite marginale (zaydite), sont soutenus par Téhéran. Au moment où nous mettons sous presse, ils s’apprêtaient à prendre le contrôle du port d’Aden, puis celui d’une base militaire surplombant le détroit stratégique de Bab el-Mandeb, par où transitent près de 4 millions de barils de pétrole par jour. Comme toujours dans cette région, la réalité est complexe. L’Iran a certes ouvert une ligne aérienne quotidienne avec 14 vols hebdomadaires depuis le 1er mars 2015. Même si on comptait des équipes médicales et humanitaires du Croissant rouge parmi les premiers passagers, il y a peu de chances que les autres soient de simples touristes. D’autant que l’Iran vient officiellement de dépêcher plusieurs navires de guerre sur la zone. Dans le même temps les saoudiens interprètent le rapprochement d’Obama avec l’Iran comme une trahison qui les conduit à s’émanciper du parapluie militaire américain. Le Yémen a donc valeur de test grandeur nature pour la nouvelle équipe royale d’Arabie. Dans ce cas de figure, l’Arabie saoudite aurait plus intérêt que l’Iran à déclencher un conflit au Yémen, notamment afin de mesurer l’interopérabilité de ses forces avec celles des autres pays qu’elle a déjà rassemblées ici : Égypte, Soudan, Émirats Arabes Unis, Koweït, Qatar, Bahreïn. Le Pakistan nucléaire demeurant, quant à lui, tiraillé entre les intérêts opposés saoudiens et chinois. Tout cela ne serait pas sans rappeler quelques enjeux militaires préparatoires de beaucoup plus grande ampleur, comme il y en eut dans l’histoire, par exemple lors de la guerre d’Espagne. En attendant, la population manque de tout, en particulier d’eau, dont on dit que les réserves souterraines pourraient s’épuiser d’ici 2017. \ Forces en présence hors soutien logistique étranger (Etats-Unis, Royaume-Uni, Iran, etc.) 4,5 MILLIARDS DE DOLLARS C’est la somme que Total a investi pour la liquéfaction de gaz dans l’usine Yemen LNG, située dans la région sunnite de Balhaf et qui en faisait le premier investisseur privé du pays. La capacité de production de ce complexe est de 6,7 millions de tonnes par an. Le 30 mars, le groupe annonçait le rapatriement de ses expatriés travaillant dans le pays. \ LISTE DE L’ARMEMENT AMÉRICAIN ÉGARÉ AU YÉMEN On en sait un peu plus sur les stocks d’armes «perdus » par les Américains et évalués au bas mot par le Pentagone, à 500 millions de dollars. Il s’agit de : 1 250 000 packs de munitions, 200 pistolets Glock 9 mm, 200 fusils d’assaut M-4, 4 hélicoptères Huey II, 2 avions Cessna 208 dédiés au transport et au renseignement, 1 avion CN-235 de transport et surveillance, 2 navires de garde-côtes, 4 drones Raven et 160 véhicules Humvees. De quoi faire pas mal de dégâts pour leurs nouveaux propriétaires. \ 23 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) INDE L’INDE ATTIRE LES FONDS L’incubateur 500 Startups, fondé par Dave McClure (ancien directeur marketing de Paypal), s’apprête à lever 20 millions de dollars pour le relancement de son fonds Startupwallah dédié à l’Inde. \ JAPON MAUVAIS CALCUL D’AIRBUS AU JAPON ? DE BOLLYWOOD À BOLL-E-WOOD Les hôtesses de Skymark Graphic India Pour tenter de pénétrer le marché japonais trusté par Bœing, Airbus avait accepté en juillet 2010, une commande de six Airbus géants A380 par la compagnie japonaise low cost Skymark. Un contrat de deux milliards d’euros. Au vu des pertes faramineuses de Skymark en 2013 (1,4 milliard d’euros), Airbus annulait la commande dès juillet 2014 et lui réclame à présent une indemnité de 700 millions de dollars. Le 28 janvier 2015, la compagnie de Tokyo n’avait plus d’autre choix que de déposer le bilan. Mais c’était sans compter sur la solidarité nipponne : le 23 février, la compagnie ANA (pourtant concurrente) annonçait qu’elle allait soutenir le renflouement de Skymark, suivant en cela le fonds Integral, Orix (numéro 1 japonais du leasing et des services financiers) et quelques-unes des plus importantes compagnies de voyagistes. Rendez-vous le 29 mai prochain pour savoir ce que le tribunal de district de Tokyo va en dire. \ Le créateur de BD et d’animations indien Graphic India a levé 2,8 millions de dollars pour développer ses contenus à destination des mobiles. \ FRONTIÈRE HIMALAYENNE La tension reste perceptible entre la Chine et l’Inde au sujet de leur conflit frontalier. Les deux pays n’avaient jamais eu de frontière commune jusqu’à l’arrivée des troupes de Mao au Tibet, et jamais de problème. Après la guerre de 1962, qui n’a encore fait l’objet d’aucun armistice, ils doivent aujourd’hui gérer au quotidien la contestation des 4057 km qui les séparent, agrémentés d’escarmouches incessantes. La délégation chinoise de haut-rang qui s’est rendue en Inde du 27 février au 2 mars 2015 n’y a pas changé grand-chose, alors que le Premier ministre Modi sera reçu en visite officielle à Pékin en mai prochain. \ 24 MON BANQUIER est un expert Ma prévoyance Planification conseil pour une utilisation optimale maîtrise des ressources en tout temps Gestion privée Crédit hypothécaire efficience fiscale de mon portefeuille au service de mon patrimoine Evaluation consolidée analyse globale de mes actifs et passifs Produits institutionnels pour les caisses de pensions suisses Être client de la banque Piguet Galland, c’est bénéficier d’un « CFO familial » qui m’accompagne dans l’optimisation de mon patrimoine économique et fiscal. Genève – Lausanne – Neuchâtel – Nyon – Yverdon-les-Bains – piguetgalland.ch D o s sie r / séc urité DE LA DISSUASION DES CRIMININELS à CELLE DES VICTIMES français, par le vocabulaire militaire, pour désigner la dissuasion nucléaire. Elena Budnikova Nos sociétés sont-elles capables aujourd’hui de dissuader les délinquants ? Si nous prenons le cas d’États moralisés comme le Bhoutan ou policiers comme Singapour, la réponse est certainement positive. En revanche, si l’on se projette dans les quartiers Nord de Marseille, ou d’autres zones urbaines d’Europe comme Husby, dans la banlieue de Stockholm, on constate que ce sont les forces de l’ordre qui sont dissuadées d’y faire leur travail. On les y attend avec de lourds projectiles lancés des ARNAUD dotézac, Directeur des rédactions Ce mê me se n time n t de dis s ua sio n re n ve r sée e x is te t o u t au ta n t l or s q u’o n fait cr aindre de s re pré s aille s au x vic time s L’un des meilleurs moyens de prévenir le crime est certainement de faire en sorte que son idée-même ne puisse jamais germer dans l’esprit du citoyen ou si c’était tout de même le cas, que le candidat à cet acte en soit dissuadé. le concept de dissuasion implique l’idée de générer suffisamment de dégoût pour détourner de l’action projetée. La stimulation efficace d’une révulsion morale serait ainsi la clé d’une dissuasion réussie. derniers étages de hautes barres d’immeubles, exactement comme on le faisait depuis les mâchicoulis des forteresses médiévales ; On déclenche des émeutes en représailles d’une arrestation, quand on ne tire pas sur la police à la Kalachnikov. Continuellement on y trafique des produits illicites et y on brûle des voitures. Ce même sentiment de dissuasion renversée existe tout autant lorsqu’on fait craindre des représailles aux victimes ou qu’on impose l’autocensure après des attentats. Les anglophones traduisent quant à eux la dissuasion par detterence (qui existait en ancien français sous la forme terrir) qui signifie cette fois détourner par la terreur. Celle que devrait inspirer la réaction, nécessairement supérieurement violente, à toute agression. C’est cette connotation qui est revenue au Ces permutations dans l’ordre qui s’imposent de facto sont plus rares de ce côté-ci des Alpes ou du Jura et la baisse moyenne de la criminalité d’environ 8-9 % en 2014, rapportée par les dernières statistiques de l’OFS, peut sembler rassurante à cet égard. Mais si l’on analyse les causes du phénomène de ces renversements, la situation mériterait peut-être de s’en pré- 26 D o s sie r / séc urité occuper autrement. La Suisse se trouve en effet bien placée à l’égard de plusieurs d’entre elles, notamment le laxisme pénal, le taux de récidive, l’origine étrangère des délinquants et le déni de l’insécurité. Le laxisme pénal La criminologie nous enseigne, depuis son apparition au 19e siècle, que la sévérité des peines n’est pas un gage de rédemption. En France voisine, il avait même fallu réinventer le bannissement par le «transport » (comme on le disait à l’époque), vers les bagnes d’outremer pour désengorger les prisons. La sévérité pénale ne réglait pas le problème mais le déplaçait. A l’inverse une société totalement permissive tomberait vite dans le chaos. La bonne mesure ne se situe pas TYPES DE CRIMES STUPÉFIANTS 28.26% VIOLENCES 8.70% VOLS 63.04% Typologie des délits en Suisse (2012) non plus à quelque niveau intermédiaire car le laxisme pénal ne se résume pas, selon nous, à un paramètre quantitatif de la sévérité pénitentiaire. Il implique, qualitativement, le type de réponse sociale qu’on est prêt à imaginer face au développement de la délinquance. Le laxisme englobe donc le déni politique de l’inadaptation des moyens dissuasifs, le refoulement de toute idée innovante dans la modélisation de la dissuasion. De la même façon qu’en matière économique les entreprises doivent s’adapter en permanence à la concurrence et savoir innover pour ne pas disparaître, nous pensons que le traitement du crime doit fonctionner au même niveau d’ajustement voire d’anticipation, pas seulement en termes de technologie sécuritaire mais également de scénario légal. Le laxisme pénal s’observe en effet à la source du contrôle social, dans ce qu’on pourrait nommer une torpeur législative ; dans l’idée qu’un modèle pénal fondé exclusivement sur la nature objective du délit et l’étendue du dommage, le tout intégré dans une échelle de peines pécuniaires non recouvrables ou d’enfermement quasi-hôtelier, serait l’horizon indépassable de tout traitement de la transgression. Or, bien que l’on sache que chaque délinquant calcule son propre bilan coût avantage avant de passer à l’acte, cette équation n’est jamais incorporée dans le traitement judiciaire de l’infraction. Pourquoi ? Qu’estce qui empêcherait la société d’enquêter au cas par cas sur le type de représailles qui inhiberait avec succès la récidive de tel délinquant ou type de délinquants. Si pour les uns ce n’est plus la prison, seraient-ce alors les travaux forcés ? Il faudrait certes repenser leur interdiction de principe posée par l’article 4 de la convention européenne des droits de l’homme qui prohibe notamment les activités de rééducation morale Pl u s u n c o ndamné e s t je u ne , pl u s il aur a de ris q ue s de récidive r e t pl u s il le fe r a r apide me n t ou l’exploitation commerciale des prisonniers. On comprend que nos sociétés démocratiques refusent de créer des laogai ou des goulags mais est-ce une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain ? La prison ne serait-elle pas le lieu idéal pour amener le prisonnier au dégoût du crime ? Où en sont les réflexions dans ce domaine ? Quels sont les modèles de formation et de réhabilitation concomitants aux grandes réformes pénales ? L’effet dissuasif pourrait aussi s’exercer dans des formes adéquates de la responsabilité collective. Elle existe en France sous l’incrimination d’association de malfaiteurs qui vise notamment la simple «entente en vue de la préparation » matérielle d’un crime ou d’un délit. On doit d’ailleurs noter que le code pénal français manie la carotte et le bâton puisque le même texte prévoit l’exemption de peine en faveur de celui qui aura dénoncé à temps cette entente et ses participants. Voici un exemple de «technologie » pénale dont on se prive pour de motifs idéologiques, avec une incidence négative sur les taux de récidive. Le taux de récidive 1) http ://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_infostat_127.pdf Selon une étude de Rémi Josnin, parue en France en avril 2014, «plus un condamné est jeune (moins de 26 ans), plus il aura de risques de récidiver et plus il le fera rapidement. De même, un condamné déjà récidiviste sera aussi plus enclin et plus prompt à récidiver1. » En Suisse, 27 D o s sie r / séc urité le taux de récidive sur les vols est de l’ordre de 48 %, étant rappelé qu’en Europe les récidivistes sont le plus souvent des condamnés pour vol, recel ou dégradations. Les taux moyens peuvent grimper à 60 % dès la troisième condamnation et ainsi de suite. C’est-à-dire que l’accumulation des peines insensibilise les malfaiteurs et que tous les efforts pour les enfermer ne serviront qu’à donner un simple sursis à leurs prochaines victimes, durant leur mise à l’écart. Néanmoins, les plus dangereux d’entre eux font à présent l’objet d’un suivi particulier dans le cadre du programme «ROS » (Risiko orientierter Sanktionenvollzug, pour «Application des sanctions axée sur les risques ») initié à Zurich. Il s’agit de trier les délinquants dès l’incarcération, sur la base d’un recensement préalable des facteurs biographiques et psychologiques, autochtones n’est pas requise ? Voilà le genre de friche sociale qui entretient la déresponsabilisation politique jusqu’au déni de l’insécurité et qui aboutit au succès des initiatives comme le renvoi des délinquants étrangers, adoptée par le peuple en juin 2010 et dont la loi d’application vient d’être adoptée, le 16 mars 2015. On rappellera que L’expulsion automatique des criminels étrangers, pour 5 à 15 ans, sera en principe réservée aux actes de violence, mais inclut également les délits de brigandage, trafic de drogue et abus de prestations sociales. Le déni d’insécurité La sécurité est un concept simple. Étymologiquement, on est en sécurité lorsqu’on peut se permettre l’insouciance ; lorsque rien ne vient déranger notre tranquillité. Le terme provient du latin se-cura par contraction de sine cura («exempté de soin », cf. sinécure) qui traduit le sentiment qu’aucun souci particulier n’est à se faire, dans une situation donnée car arrestations par origine, Vaud en 2012 susceptibles de conditionner une plus ou moins grande dangerosité en cas de récidive. Le but est ensuite de leur attribuer un suivi thérapeutique incluant notamment l’apprentissage du contrôle des «pulsions antisociales », évalué à partir d’une check-list personnalisée. Ce programme, incluant la standardisation des interventions, est très louable dans la mesure où précisément, il démontre la possibilité d’adapter le pénal à des profils types plutôt qu’à des délit-types. Pour le reste, notre système se satisfait encore d’entretenir le «bouillon de culture » que constitue l’incarcération touristique et indifférenciée, sans égard pour la culture et la nationalité des détenus. L’origine étrangère Il s’agit d’un véritable tabou. La délinquance d’origine étrangère porte néanmoins un message. Imaginons que la Suisse devienne, ou redevienne par certains aspects, un modèle achevé d’honnêteté généralisée. Il ne pourrait être que le fruit d’une éducation très efficace, dès l’enfance, aux valeurs morales de la probité. L’acte délictueux y serait inconcevable, sauf pour l’individu n’ayant ni reçu et a fortiori ni internalisé de telles valeurs. Or, si la proportion de délinquance étrangère est significativement supérieure à celle d’origine indigène, n’est-ce pas exactement cela qui est dit : la manifestation d’un différentiel de valeurs morales ? Or, comment traiter le problème dès lors que l’accès au territoire est permis au délinquant et que la conformité de son comportement à celui des 28 il fau t e nc ore q ue la victime décide d’actionner u ne procé d ure pé n ale ; q u’elle-mê me n ’e n s oit pa s dis s uadée . il n’existe aucun trouble, ni endogène (perturbation mentale) ni exogène (délinquance, guerre). Il y a en chacun de nous un idéal de paix et de tranquillité que traduit exactement ce concept. Or, il est devenu politiquement incorrect d’en faire l’éloge. On sera vite blâmé de promouvoir un environnement «sécuritaire », confondant ainsi la sérénité qui sied aux contrées des sages, avec les symptômes de son exact opposé : l’in-quiétude imposée par les tyrans. Mais en matière de criminalité, qui sont les tyrans sinon les délinquants ? Malheureusement, le quotidien des policiers et des juges, aussi bien que des armées, nous dit à quel point les occasions de rupture de cette sérénité, de cette in-nocence (absence de nuisance) sont nombreuses et en quoi les appétits de nocence des criminels en tous genres, qui en sont la cause, sont dynamiques et polymorphes. D o s sie r / séc urité C’est là que se situe la nature imparfaite de la sécurité : elle dépendra toujours de facteurs de protection adéquats contre le crime, impliquant donc de s’y ajuster sans cesse. Or, une telle adaptation est par nature lente et sélective, laissant toujours aux malfaiteurs plusieurs longueurs d’avance. Lente, car le traitement de la délinquance repose sur le droit, lui-même issu de processus législatifs complexes, disparates et nécessairement politisés. C’est le cas par exemple des vaines interventions parlementaires depuis 2010, visant à améliorer les performances de l’article 260ter du Code pénal (CP)2 , qui est censé sanctionner les organisations criminelles mafieuses. Ce texte a si peu d’efficacité que tous les acteurs s’en sont plaints (procureur de la Confédération, directeur de la Fedpol, professeurs de droit, etc.) au point que la Commission de gestion des Chambres fédérales estime à présent que le crime organisé échappe tout simplement au «champ d’application de cette disposition3 ». Et pourtant, le Conseil fédéral s’oppose systématiquement à toute réforme, contraignant ladite Commission (CdG-E) à déposer une initiative parlementaire4. La répression du crime est ensuite sélective, puisque nul ne peut être poursuivi autrement que sur la base d’une loi préalable, qui distingue les actes répréhensibles et leurs sanctions correspondantes, de ceux qui ne le sont pas, même s’ils peuvent être vécus comme un trouble par la société5. Sauf cas de flagrant délit ou de saisine d’office des autorités de poursuite, il faut encore que la victime décide d’actionner une procédure pénale ; qu’elle-même n’en soit pas dissuadée. Il lui faudra comprendre et respecter, en payant parfois cher les services d’un avocat, les lieux et conditions formelles qui s’imposeront à son droit éventuel de se plaindre. Avant même d’avoir réellement ouvert la procédure, l’autorité de poursuite pourra encore l’estimer inopportune et classer l’affaire. Selon l’infraction, le taux d’élucidation, c’està-dire la chance d’identifier et d’arrêter les auteurs potentiels, sera très variable : de 95,4 % pour les homicides contre 18,4 % pour les atteintes à la propriété, selon les dernières statistiques 2015 de l’OFS. C’est-à-dire qu’un voleur dénoncé a 80 % de chances d’échapper à Contrôle de police Argovie la justice. Après quoi, il faudra attendre un jugement définitif (purgé des voies de recours donc), pour enfin aboutir à une décision de condamnation ou bien… d’acquittement. Là encore, l’éventail sélectif est très ouvert. La mesure répressive ira de la simple admonestation jusqu’à la privation temporaire de liberté. Et même en prison, d’autres sélections pourront s’opérer, notamment par les remises de peine, traitées par des juges d’application des peines totalement débordés. Par exemple, dans le canton de Vaud, ils ne sont que 7 pour plus de 700 détenus et cumulent en outre la fonction de Tribunal des mesures de contraintes, statuant sur les détentions préventives. le tau x d ’imp u nité réelle dé pa s se t rè s l arge me n t le s 8 0 % A cela s’ajoute l’incarcération impossible faute de place. Selon les dernières statistiques, 720 places d’exécution des peines manquent en Suisse, pour une population carcérale de près de 7000 détenus. À la prison de Champ-Dollon (GE), le taux d’occupation a par exemple atteint un pic de 226 % en août 2014. En France, c’est un stock de 100 000 peines de prison ferme qui sont en attente d’exécution, dont au moins 25 % ne seront jamais exécutées. C’est-à-dire que pour le vol, le taux d’impunité réelle dépasse très largement les 80 %, ce qui entre évidemment dans l’équation du passage à l’acte. Quant aux crimes graves, ce n’est pas mieux. Le cas d’Amedy Coulibaly, assassin parallèle aux meurtres des journalistes de Charlie Hebdo en janvier 2015, est très symbolique à cet égard. 2) La dernière interpellation en date est celle de Giovani Merlini (25.09.2014). 3)Rapport du 30 janvier 2015. 4)Initiative du 31 janvier 2014. 5)Une dérive majeure a néanmoins été introduite avec les sanctions pénales individuelles de proscription contre des personnes, prises arbitrairement par des Etats sans procès («smart sanctions »). voir market n. 118, notre dossier sur «l’ineptie des sanction économiques 29 D o s sie r / séc urité Voici le détail édifiant des condamnations de ce multirécidiviste et de leur exécution : -2001 : 1 an de prison ferme, auquel s’ajoutent 2 années fermes supplémentaires, pour divers braquages. Les 2 peines ayant été confondues, il sortira après moins de 2 ans, au bénéfice d’une remise de peine. - 2002 : 12 mois, dont seulement 3 fermes, pour vol aggravé et recel. - 2004 : 6 ans fermes pour un vol à main armée dans une banque. - 2005 : 3 ans supplémentaires, lors de sa détention, pour une autre affaire de vol aggravé, recel et usage de fausses plaques d’immatriculation. - 2007 : 18 mois supplémentaires, lors de sa détention, pour trafic de stupéfiants. - 2009 : remise en liberté. - 15 juillet 2009 : réception à l’Élysée par Nicolas Sarkozy. - Mai 2010 : mise en détention provisoire pour son implication dans le projet d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, l’auteur des attentats de 1995 dans le RER parisien, qui firent 8 morts et 117 blessés. - Décembre 2013 : 5 ans fermes pour ce projet. - Mars 2014 : libération anticipée automatique avec bracelet électronique qui lui est retiré deux mois plus tard. - 9 janvier 2015 : élimination physique lors d’un assaut donné par des policiers d’élite (RAID et BRI), après qu’il ait assassiné une policière à Montrouge et trois clients du supermarché casher de la porte de Vincennes. Si la France pratiquait le cumul des peines, il aurait additionné 29 ans et 9 mois de prison ferme (sans inclure les révocations de sursis) et n’aurait donc pas pu commettre ses meurtres. Il était en outre fiché à l’anti-terrorisme (AT, avec la mention PJ02 qui impose aux agents d’obtenir des renseignements, sans attirer l’attention). Bien que contrôlé plusieurs fois, il ne fut jamais inquiété. À quelle école de vertu pensait-on former Coulibaly en le traitant de la sorte ? Lors des débats parlementaires sur le vote du premier code pénal français du 6 octobre 1791 (celui de 1810 n’étant qu’une retouche), un orateur résuma l’état d’esprit du projet en ces termes : «L’avenir recueillera surtout les fruits de cette éducation nationale qui, douant tous les enfants de la patrie de connaissances, d’arts, de métiers utiles et surtout de vertus, formera des hommes libres et bons, et arrachera au crime jusqu’à la séduction du besoin6 ». On mesure aujourd’hui la profondeur de l’utopie. Pour ramener un peu de réalisme dans la sécurité quotidienne, les citoyens, ainsi que les entreprises privées (et publiques), ont du investir massivement dans la prévention dite situationnelle, celle qui va compliquer un peu la tâche des délinquants ou réduire le succès de leurs entreprises : caméras de surveillance, alarmes et protections renforcées du patrimoine, gardiennage, notamment dans les boutiques et supermarchés, apprentissage de l’autodéfense personnelle . Malgré la diversité extrême des motivations criminelles, la multiplication permanente des types et des intensités des actes délictueux, des taux et des formes de récidives, des étendues géographiques globalisées du crime organisé, on continue de leur appliquer une logique pénale imaginée au 19e siècle. Une époque où les sociétés étaient toutefois socialement plus cohérentes que de nos jours, au point de se reconnaître par les costumes, les spécialités artisanales et gastronomiques, les styles d’habitats, les chants et les patois. Une époque où la faible densité de population permettait de repérer l’intrusion de la délinquance et de la nommer comme telle. Un temps où le contrôle social préventif, répressif et curatif du crime avait un sens à la hauteur du respect des populations pour elles-mêmes et pour les autorités en charge, bref, là où l’adaptabilité aux enjeux locaux était encore chose possible. Les statisticiens ont beau jeu de dire que le nombre de détenus en Suisse est à peu près le même aujourd’hui qu’en 1890 (entre 6000 et 7000). Cela ne doit pas masquer les profondes diffé- E n 18 3 0, le tau x de récidive moye n de l a S uis se ne dé pa s s ait pa s 2 0 % rences de profils de la population carcérale ni l’ampleur et l’effectivité du contrôle social qui pouvaient exister, notamment grâce au pragmatisme des Schutzverein et autres «comités de patronage ». Ces organismes, ancêtres privés des offices publics de réinsertion, faisaient tout pour réhabiliter socialement les délinquants et les prenaient intégralement en charge dès leur sortie de prison. Ils les vêtaient, les nourrissaient et leur trouvaient un emploi mais ils pouvaient aussi les renvoyer illico en prison en cas de négligence, sens premier du mot délinquance. En 1830, le taux de récidive moyen de la Suisse ne dépassait pas 20 %7. Or nos sociétés n’ont plus cette cohérence. Elles ont organisé leur propre déterritorialisation : celle des sources du droit, des autorités judiciaires et policières, des critères d’honnêteté et finalement du crime. Ce faisant, c’est le principe même du contrôle social et de la dissuasion qu’elles ont pulvérisé, jusqu’à marginaliser les victimes en les détournant, par dépit, de s’en plaindre. \ 6) Citée par Pierre Lascoumes, revue Pouvoirs n. 55, Presses Universitaires de France, Paris, 1990, p. 24 7)Rapport de Louis-Mathurin Moreau-Christophe sur les prisons d’Angleterre, Ecosse, Hollande, Belgique et Suisse, Imprimeries Royales, Paris, 1839. 30 Wealth Insurance dIfferently since 1992 2, rue Nicolas Bové • L-1253 Luxembourg • Tel +352 26 25 44-1 • www.iwi.lu D o s sie r / séc urité La Suisse… Pas si sûre Entretien avec Marie-Hélène Miauton 1 Quels sont pour vous les critères d’efficacité essentiels d’un système pénal moderne ? Les fonctions d’un système pénal sont multiples et elles donnent lieu à une abondante littérature. Pourtant, si l’on s’en tient aux vœux du peuple, au nom duquel la justice est rendue, ce rôle est double. Tout d’abord, le système doit être suffisamment dissuasif pour maintenir la criminalité à son niveau incompressible. Trop punitif, il attente aux libertés fondamentales et devient inutilement contraignant mais, trop laxiste, il encourage la délinquance. C’est ce qui est arrivé en Suisse avec une augmentation préoccupante des « P o ur le s b a nde s in te r n atio n ale s , l a S uis se e s t u ne cible at t r aya n te e n r ais o n d u l a x is me de s a lé gisl atio n. Da n s auc u n au t re pay s , le s camb riole ur s s o n t au s si r are me n t c o ndamné s à de s peine s de pris o n fe rme » ( Mar tin K illia s ) délits et une montée du sentiment d’insécurité dans la population. Bien sûr, les statistiques 2013 et 2014 montrent une amélioration qui, toutefois, fait suite au pic des années 2011 et 2012, ayant conduit les responsables politiques à prendre (enfin) les choses en mains. Voilà qui vient démontrer aux incrédules que l’action de la police est bel et bien dissuasive! Ainsi, les derniers chiffres parus le 23 mars 2015, ramènent la criminalité au niveau de 2010, niveau encore très élevé, faut-il le préciser. L’autre rôle essentiel du système pénal est d’assurer que la justice soit rendue. La population considère en effet qu’il doit y avoir une forme ou une autre de châtiment pour celui qui a démérité en enfreignant la loi. Quand l’infraction reste impunie, c’est le comportement exemplaire des autres citoyens qui n’est pas reconnu comme tel. Il s’installe alors un discrédit des valeurs d’ordre et de civisme qui, à la longue, encourage la délinquance. Et lorsque le système judiciaire montre une trop grande mansuétude pour les prévenus, les victimes ne se sentent plus reconnues comme telles. Il en résulte un sentiment de révolte qui nuit profondément à la confiance qui est accordée aux institutions. Votre ouvrage fait l’addition de ce que coûte la délinquance aux contribuables de Suisse et qui se chiffre en milliards de francs chaque année. Le peuple pourrait-il selon vous se saisir de la question et imposer notamment au Conseil fédéral de respecter des objectifs parallèles de réduction de la délinquance et des coûts ? Oui, il le pourrait. Mais les questions liées à l’exercice de la justice sont si complexes que le peuple peine à en appréhender les enjeux. Dans ce domaine comme dans d’autres, les spécialistes s’ingénient à utiliser un jargon ésotérique et à complexifier les structures qui s’apparentent à un véritable labyrinthe. Tout cela décourage aussi bien le peuple que ses représentants à empoigner le sujet. On a bien vu, lors des discussions sur la révision du code pénal (CP) avant son introduction en 2007, que les Chambres ont laissé passer un texte dont elles n’ont pas mesuré l’ampleur des conséquences ni la perversité. Il leur a été peu ou prou dicté par les spécialistes des commissions d’experts et de l’administration fédérale. C’est pourquoi j’ai écrit mon livre en 2013 afin d’informer le grand public sur les aspects essentiels de la sécurité en Suisse, dans un langage le plus accessible possible. De nombreuses études, essentiellement nord-américaines, démontrent que la prison reste dissuasive, même si c’est à des degrés divers, notamment selon le type de délinquants. Comment expliquer qu’on s’intéresse aussi peu en Suisse à des dispositifs, classiques ou innovants, qui seraient réellement dissuasifs dans le contexte actuel d’un pays ouvert et pratiquement sans plus de contrôle aux frontières ? N’ayez crainte, ces études sont connues. Malheureusement, elles n’emportent pas l’adhésion d’un grand nombre de criminologues dits «critiques ». Il y a chez eux une conviction que la prison est contreproductive pour le condamné et pour la société, et qu’elle satisfait plus le désir de «vengeance » du peuple qu’à l’administration d’une sanction légitime. Il faut préciser que la criminologie critique est résolument engagée politiquement. Ses acteurs recherchent avant tout la protection du 1) Chroniqueuse et essayiste, Marie-Hélène Miauton est l’auteur de «Criminalité en Suisse, la vérité en face » paru aux Éditions Favre en 2013 32 D o s sie r / séc urité Marie-Hélène Miauton délinquant, un «marginal » d’autant plus intéressant qu’il remet en cause l’ordre social. Car selon eux, le crime n’est que la transgression d’un code de conduite établi par les institutions. La notion du maintien de l’ordre n’est donc pas leur principale préoccupation. De façon plus générale, ils préconisent un usage réduit de la répression et militent pour un code pénal peu punitif, les plus absolutistes réclamant même sa suppression pure et simple. C’est cet état d’esprit qui a porté la réforme du CP introduite en 2007. Elle a vu l’apparition de nouvelles formes de peines comme les jours amendes, ainsi que l’élargissement du travail d’intérêt général, la suppression des peines privatives de liberté dans un grand nombre de cas et l’introduction du sursis obligatoire pour les primo-délinquants. Il en est résulté un bouleversement tel que le professeur Martin Killias s’est exclamé : «Pour les bandes internationales, la Suisse est une cible attrayante en raison du laxisme de sa législation. Dans aucun autre pays, les cambrioleurs sont aussi rarement condamnés à des peines de prison ferme ». Sans craindre la contradiction, les criminologues critiques exigent en revanche une sévérité accrue envers la criminalité en col blanc et la répression routière. C’est ainsi que des infractions au code de la route, autrefois sanctionnées par des amendes, sont devenues des délits relevant du CP, avec une inflation problématique du nombre des procédures. 33 Mais, pour en revenir à votre question, sachez que, depuis janvier 2014, le CP est à nouveau modifié : les peines pécuniaires avec sursis sont supprimées et les courtes peines de prison réintroduites, ces mesures correctives ayant été votées par les Chambres sur demande des professionnels de la justice. Dans son communiqué à ce sujet, le Conseil fédéral s’est dit convaincu «qu’une courte peine privative de liberté dissuade plus efficacement certains délinquants de récidiver qu’une peine pécuniaire ». Sauf que, au moment d’introduire le nouveau CP en 2007, il disait exactement le contraire. Le fait que la majorité des responsables politiques refusent d’admettre que la majorité de la population carcérale soit d’origine étrangère, pour éviter d’attiser le populisme, ne conduit-il pas à l’effet exactement inverse ? Malheureusement oui! La population sait qu’on lui cache la vérité. Le silence gêné des D o s sie r / séc urité autorités entretient sa méfiance envers l’ensemble des étrangers alors que la grande majorité d’entre eux se conduit parfaitement. Elle ignore par exemple que certaines communautés sont responsables de très nombreux méfaits tandis que d’autres présentent des taux de criminalité aussi bas que celui des Suisses. Évidemment, il y a de multiples causes au fait que les étrangers soient particulièrement délinquants en Suisse. Cette population est plus jeune que la moyenne ; sa situation précaire encourage à la délinquance ; le vécu antérieur de guerre et de violence a induit des moyens de survie moins policés que les nôtres… Cela ne doit cependant pas mener à l’aveuglement ni au laxisme. rappeler, pour faire accessoirement un travail de police. Autant dire que leur nombre est insuffisant pour cela et que l’entier du dispositif est donc problématique. Il faut savoir que les étrangers (ceux du moins qu’il est possible de recenser) représentent environ le quart de la population suisse mais qu’ils sont responsables de plus de la moitié des délits relevant du CP. Et encore, les chiffres de la statistique ne représentent qu’un minimum. En effet, la criminalité transfrontalière est rarement élucidée alors qu’elle Il n’est pas inutile de soulever ce problème et c’est un sujet sur lequel les autorités sont souvent chatouilleuses. La dégradation de l’image de la Suisse et de ses villes internationales comme Genève est réelle comme le prouvent les réactions de certaines organisations ou ambassades et les mises en garde qu’elles diffusent à leurs ressortissants. Ce n’est pas si grave concernant les pays d’Europe qui connaissent le même mal que nous et s’y sont donc habitués. En revanche, les visiteurs asiatiques ou provenant du Moyen-Orient, si importants pour notre tourisme, ne voient pas les choses comme nos chers criminologues. Ils s’interrogent sur nos choix sécuritaires et considèrent que nous faisons fausse route. Le problè me vie n t d u fait qu’il y a dé s ormais u ne lib re circ ul atio n de l a crimin alité e t que n o u s ne dé pe nd o n s pl u s de n o s se ule s p olitiq ue s séc uritaire s mais au s si de celle s de s au t re s me mb re s de l’e s pace S che n ge n explique une forte part des cambriolages par exemple. En outre, il est plus facile de mettre la main sur un Suisse ou un étranger résident que sur des sans-papiers ou des gens qui passent les frontières. La statistique sur l’origine des prévenus fait donc la part belle aux nationaux et aux étrangers en situation légale. Quand pensez-vous que l’on atteindra le point où la Suisse sera vue comme un pays qui n’est plus sûr pour les étrangers (touristes, investisseurs, étudiants, etc.), et quelles en seront les conséquences ? Il est important de rappeler ici que les atouts de la Suisse sont pour la plupart intangibles. La sécurité et la qualité de vie en ont longtemps fait partie lorsqu’il s’agissait de choisir une destination touristique ou d’installer le siège d’une entreprise internationale. Si elle les perd, par quoi les remplacera-t-elle ? \ À ce sujet, il convient d’observer avec un œil critique la progression des infractions relevant de la loi sur les étrangers : elles sont passées de 29 000 en 2011 à 39 500 en 2014! Il est urgent de prendre le problème en main. Pensez-vous que la sortie de Schengen et le rétablissement des contrôles aux frontières soient de nature à réduire sensiblement la délinquance ? C’est malheureusement plus compliqué que cela. Bien sûr, le renoncement à la surveillance des frontières qui a été induit par Schengen n’a pas arrangé la situation sécuritaire de la Suisse. En revanche, nos policiers ont pu avoir accès à des outils de suivi et d’arrestation des délinquants qui sont intéressants. Le problème vient du fait qu’il y a désormais une libre circulation de la criminalité et que nous ne dépendons plus de nos seules politiques sécuritaires mais aussi de celles des autres membres de l’espace Schengen. Actuellement, nous comptons sur notre corps des gardes-frontières, employés des douanes faut-il le INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MAGAZINE DE LA GÉOPOLITIQUE, DE LA FINANCE ET DE LA CULTURE. 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Même si elle est en situation de légitime défense, elle n’a ni l’état d’esprit lui permettant de réagir ni les connaissances techniques. Adepte du MPK, discipline de défense et de contrôle de soi développée par Philippe Kaddouch, à partir du Krav maga1, elle saura maintenant réagir à différents types d’agression, comme elle le démontre lors d’un entraînement dans son parking. Philippe Kaddouch nous explique que les menaces spécifiques des grandes villes occidentales, telles que le carjacking, les vols en réunion et avec violence, notamment dans les trains, les parkings, les habitations, ne cessent d’évoluer et qu’il fallait donc trouver un moyen de s’y adapter en permanence. 36 Pour lui « à chaque situation doit correspondre un scénario de vigilance, d’anticipation et un usage précis des réflexes, qui permettent une efficacité optimale en mobilisant un minium d’efforts, même en état de surprise ». Pour Sylvanne, qui n’avait pas imaginé devoir apprendre un jour le combat, «le MPK propose une approche psychologique originale de confiance en soi qui peut être facilement transposée dans la vie de tous les jours, hors de tout affrontement physique ». Philippe Kaddouch confirme : «Il est fréquent que mes élèves s’inscrivent à mes cours après avoir fait la mauvaise expérience de subir une agression. Il m’appartient de leur ôter tout de suite ce traumatisme, notamment en les remettant en situation et en leur donnant la solution technique qui leur permettra de maîtriser totalement ce type de situation. Mais cette Elena Budnikova D o s sie r / séc urité Sylvanne Francisco à l’entrainement de MPK dans un parking de Genève approche vaut aussi pour toute autre circonstance générant des pressions et des stress importants qu’il s’agisse d’un harcèlement, d’une rupture conjugale ou dans le travail ou encore d’une préparation à négociation difficile ». A voir ses élèves à l’entraînement, on comprend que l’approche MPK est fondée sur le réel et ramène systématiquement au principe de réalité. Dans un tel contexte, il n’y a effectivement pas de place pour le déni et la surprise, ni pour les états d’âme comme la peur et la honte ou l’arrogance et la colère. Comme le résume Sylvanne : « Il en résulte effectivement une sérénité non factice, c’està-dire qu’on est entraîné à ne pas vaciller à la première épreuve ». Mais la question qui se pose est aussi celle des limites imposées par le droit. Cette loi dit que tout moyen est honnête pour sauver nos jours lorsqu’ils sont exposés aux attaques et aux poignards d’un brigand et d’un ennemi : car les lois se taisent au milieu des armes ; elles n’ordonnent pas qu’on les attende, lorsque celui qui les attendrait serait victime d’une violence injuste avant qu’elles pussent lui prêter une juste assistance2 ». En Allemagne, la légitime défense (notwehr) repose encore sur cette idée fondamentale que le droit n’a pas à reculer devant l’injustice. Il inclut la protection de la vie, du corps, de la liberté, de l’honneur, de la propriété et de tout autre bien juridique (art. 34 du code pénal allemand). 1)Méthode de combat au corps à corps et d’auto-défense de l’armée israélienne, longtemps réservée aux militaires et à une élite des services de renseignement, que Philippe Kaddouch y a enseignée comme instructeur chef. La légitime défense est un principe de droit naturel que l’on retrouve déjà décrit par Cicéron au 1er siècle avant J.-C. en ces termes : « Il est en effet une loi non écrite, mais innée ; (…) 2)M.T. CICÉRON, œuvres complètes t. 3, Firmin-Didot, Paris 1927, pp. 215-216. 37 D o s sie r / séc urité exercice de self-defense féminine au Etats-Unis en 1920 Tel n’est pas exactement le cas en Suisse où son application est très difficile et mériterait largement d’être réformée. L’article 15 du code pénal dispose en effet que « Quiconque, de manière contraire au droit, est attaqué ou menacé d’une attaque imminente a le droit de repousser l’attaque par des moyens proportionnés aux circonstances ; le même droit appartient aux tiers ». C’est-à-dire que les biens ne sont pas inclus dans la protection et que dans tous les cas, la victime devra prouver sa situation de légitime défense et la proportionnalité dans l’intensité de sa réaction. Même si l’article 16 du code pénal suisse prend en compte le degré de violence auquel la victime est soumise et autorise le juge à lui accorder un peu de clémence si sa réaction est excessive à raison « d’excitation ou de saisissement causé par l’attaque », l’appréciation reste subjective. En France cette prise en compte du degré de violence n’est pas offerte ; en revanche, dans certains cas, la victime n’aura pas à prouver la légitime 38 défense. Celle-ci est en effet présumée si elle résulte de vols avec violence avec plus d’un agresseur ou s’il s’agit de repousser l’intrusion, de nuit, dans un lieu habité. Ce dernier cas est connu sous le nom de « doctrine du château » pour laquelle la demeure est le refuge le plus sûr : domus sua cuique est tutissimum refugium. Aux États-Unis, dont la Constitution autorise la détention d’armes, cette doctrine est en vigueur dans plus de 30 États, dont la Floride qui se distingue. Il y est en effet permis d’utiliser son arme par anticipation, du seul fait qu’on se sente menacé de mort ou craigne d’être grièvement blessé. \ Quand Marylin remporta le Golden Globe en 1960, la Banque Bonhôte & Cie SA avait 145 ans. © C OR B I S NOTRE HI S TO I RE E N S I X ÉTAPES 1936 - 1987 M A RY L I N M O N R O E A F A Ç O N N É L ’ H I S T O I R E D U C I N É M A G R  C E À S O N T A L E N T. Depuis sa fondation en 1815, la Banque Bonhôte & Cie SA s’emploie à façonner l’histoire de la gestion de fortune en proposant à ses clients des services exclusifs et sur mesure. Dirigée par des entrepreneurs passionnés et forts de cet état d’esprit qui l’habite depuis 200 ans, elle vous invite à entrer de plein pied avec elle dans son troisième siècle d’existence. BONHÔTE – 200 ANS À FAÇONNER L’AVENIR www.bonhote.ch/200ans D OSSIER / IMMOSCOPE / INVESTIR patrimoine ( s ) 42 DOSSIER Déflation : Les investissements alternatifs 42 Les taux négatifs, un nouvel impôt par Anne Barrat Les marchés obligataires à l’heure de la répression financière par Mario Geniale 47 Investir au-delà des frontières : Un rendement potentiel à la hauteur du risque par Marc Zosso 50 Les opportunités ne manquent pas au sein des obligations des pays émergents par Enzo Puntillo 52 Les obligations corporates des pays émergents : Une autre voie de diversification entretien avec Flavia Cheong 54 Les obligations souveraines au pays de l’or noir ? 44 Les niches, une stratégie de diversification Réponse quasi-unique à la panne de croissance, la convergence des politiques des banques centrales européenne, américaine, ou encore japonaise, vers des taux d’intérêt nuls ou négatifs rebat les cartes des stratégies d’investissement. Entre classes d’actifs d’une part, au sein d’une même classe d’autre part. Ainsi, les marchés actions continuent de bénéficier des reports depuis les marchés obligataires, au sein desquels l’allocation évolue vers la dette de pays ou d’entreprises émergentes. Reste à savoir combien de temps ces opportunités seront d’actualité. Autrement dit, quand les États renonceront à la politique actuelle soit parce qu’elle aura porté les fruits attendus et relancé la croissance soit parce qu’elle cèdera le pas à une relance par la dépense budgétaire, aujourd’hui proscrite. Le calendrier évoluant «au gré des conditions économiques » aux dires de la présidente de la Fed, Janet Yallen qui n’en finit pas de promettre une hausse des taux… pour le trimestre prochain, les investisseurs ont devant eux de belles opportunités dans des niches, qu’il convient de diversifier pour mitiger le risque et de surveiller de près pour sortir au bon moment. ANNE BARRAT par Koon Chow La déflation, un phénomène durable, quelles solutions pour les investisseurs ? par Edouard Crestin-Billet 56 58IMMOSCOPE : Immobilier : un rendement de niche 58 Heureusement, il reste le rendement immobilier par Anne Barrat Est-ce le bon moment pour investir dans l’immobilier ? 60 par Olivier Paratte 61 Le marché romand, une mine d’opportunités immobilières 62 par Olivier Paratte Le point de vue du juriste Entretien avec Vincent Tattini 66 INVESTIR 66 La chronique du BAS : Le cas Domosafety par Frank Gerritzen 69 la tribune de l’isag : La nouvelle lutte de 2015 Par John Plassard 72 Idée(s) Business : L’art du détail entretien avec Joseph Bato 74 Indices BBGI : Les actions suisses rebondissent par Alain Freymond Conseil d’administration : État des lieux de la gouvernance 78 41 entretien avec Vincent Tattini pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s LES TAUX NéGATIFS, UN NOUVEL IMPôT par Anne Barrat, Rédactrice en chef – Cahier Patrimoine(s) Inédite, la politique de la Banque Nationale Suisse (BNS) imposant des taux d’intérêt négatifs aux banques revient à pénaliser la détention de liquidités. En effet, la règle du jeu fixée par la banque centrale prévoit qu’une banque est exonérée de payer 0,75 % sur ses liquidités jusqu’à vingt fois ses réserves minimales. Or, les réserves Le fr a nc re s te for t e n dé pit de s tau x d ’in té rê t né g atif s consolidées des 259 banques que compte la Confédération, qui ont plus de 380 milliards de francs sur des comtes de virement auprès de la BNS, s’élèvent à quelque 15 milliards (donc 300 milliards exonérés). La facture annuelle s’élèverait à 675 millions de francs 0.1 % du PIB suisse selon les calculs des analystes. Une équation où «small is(not) beautiful » puisque les mastodontes UBS et Credit Suisse, dont les avoirs représentent moins de dix fois les réserves, sont exonérés, ainsi que la plupart des banques cantonales. Soit 50 % des actifs financiers suisses. Paradoxale dans son application, cette politique l’est également dans ses effets. Alors qu’elle vise à décourager les investisseurs de posséder des obligations et des liquidités en francs, pour mieux les inciter à sortir leurs avoirs de la Confédération vers la zone euro ou US par exemple, et in fine à maintenir à un niveau concurrentiel le franc sur le marché des devises, elle ne convainc pas. Contrairement au scénario connu en 2011 après le premier abandon du taux plancher euro-franc suisse, la Suisse ne voit pas ses ressortissants investir massivement hors de la Confédération, ni cette dernière attirer les flux d’étrangers rassurés par le «safe heaven ». D’une part parce que le franc reste fort en dépit des taux d’intérêt négatifs, d’autre part parce que le dollar s’est apprécié, attirant des flux de capitaux, aux dépens des pays émergents notamment. Même les grandes entreprises internationales suisses tendent à rapatrier leurs revenus réalisés à l’étranger pour les convertir en francs. Tout se passe comme si c’était avant tout les Suisses, entreprises et particuliers, qui prisaient leur sécurité financière domestique, renchérissant la cherté de leur monnaie quels que soient les efforts de la BNS. Or la Suisse étant peu endettée (30 % du PIB contre 90 % en Allemagne, 95 % Graphique : Évolution du rendement des obligations de la Confédération à dix ans (2012-2025) 2.5 2 1.5 1 0.5 0 -0.5 31.10.2011 28.6.2013 42 27.2.2015 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s Tableau : Comparaison internationale du rendement des obligations souveraines Obligation souveraine à 10 ans Pus haut Plus bas Rendement en % à fin mars 2015 Allemagne 0,32 10,80 0,18 Australie 2,46 16,40 2,27 Brésil 12,43 17,91 9,11 Canada 1,30 12,44 1,15 Chine 3,38 4,85 2,51 Corée du Sud 2,34 7,91 2,18 Espagne 1,32 14,03 1,14 États-Unis 2,00 15,82 1,40 France 0,52 11,84 0,38 Inde 7,72 14,76 4,96 Indonésie 6,90 20,76 4,99 Italie 1,32 14,20 1,13 Japon 0,34 7,59 0,20 Mexique 5,64 12,07 4,42 Pays-Bas 0,36 9,19 0,24 Royaume-Uni 1,78 16,09 1,36 Russie 13,41 16,33 6,26 Suisse -0,06 5,63 -0,34 Turquie 8,21 11,29 6,02 Zone Euro -0,03 2,57 -0,09 en France, et… 175 % en Grèce), les emprunts de la Confédération sont rares, trop pour servir la demande des investisseurs institutionnels. Et ce d’autant plus que certains acteurs, les assureurs notamment, sont obligés de détenir des placements sécuritaires, de la dette d’État en particulier. Dans ce contexte, que reste-t-il aux investisseurs, directs et indirects ? Quelle alternative pour l’épargnant, pénalisé en dernier ressort par l’impôt déguisé de la BNS, s’il ne veut pas payer pour avoir de l’argent ? Le retirer de la banque et conserver des espèces, un réflexe qui mettrait à mal la stratégie de la BNS. Ou bien se tourner vers la dette souveraine étrangère, moins rare et plus rémunératrice (voir tableau). Ou encore vers des actifs plus risqués mais aussi plus porteurs. Les marchés actions sont chers, les obligations souveraines de pays émergents potentiellement peu liquides… Reste la pierre, valeur refuge, valeur sûre, valeur de rendement d’autant plus attractive que les prix sont orientés à la baisse. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MAGAZINE DE LA GÉOPOLITIQUE, DE LA FINANCE ET DE LA CULTURE. ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 69 chf pour 1 an - 119 chf pour 2 ans MARKET_Auto-pub-104.80x55mm_russe2.indd 1 43 03.07.14 10:27 pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s LES MARCHÉS OBLIGATAIRES A L’HEURE DE LA RÉPRESSSION FINANCIÈRE (un déficit public qui ne doit pas dépasser 3 % du PIB et une dette publique qui n’excède pas 60 % du PIB). Cependant, l’Europe est consciente que cette accumulation de dettes ne peut se poursuivre indéfiniment. Ces dernières années, la BCE a pris différentes mesures pour éviter l’effondrement des marchés financiers, relancer une économie à la traîne et lutter contre la baisse de l’inflation. Elle a notamment engagé des programmes d’injection de liquidités à long terme dans le système bancaire. Parmi eux figuraient les baisses successives du taux directeur qui se situe à 0,05 % à l’heure actuelle, ainsi que de simples promesses, comme, en 2012, celle de Mario Draghi assurant que la BCE «ferait, dans le cadre de son mandat, tout ce qui est nécessaire pour sauver l’euro ». La mesure la plus récente remonte à janvier 2015 et prévoit un assouplissement quantitatif inédit en Europe, à savoir le rachat d’emprunts d’une valeur totale de 1140 milliards d’euros d’ici à septembre 2016. Cette mesure exige un examen critique. MARIO GENIALE , Chief Investment Officer, Banque CIC (Suisse) En janvier 2015, la Banque cent r a l e e u ropé e n n e a dé c i dé d ’ i n j e c t e r 114 0 m i ll i a r d s d’ eu ros da ns l’ économ i e , u n assouplissement quantitatif sans précédent en Europe . Il s’agit là d’une première manifestation de la volonté de la BCE de réduire l’endettement public par le biais de l’inflation et de taux d’intérêt bas. Cette politique se fait aux dépens des investisseurs car l’inflation dévore littéralement les placements sûrs. En Europe, l’endettement a atteint un niveau insoutenable, sa progression depuis l’automne 2008 étant nettement plus forte que celle des économies de la région. Aussi, à l’heure actuelle, rares sont les membres de l’Union monétaire qui respectent encore les critères de Maastricht Réduire la dette en toute discrétion L’assouplissement quantitatif est une première manifestation de la volonté de la BCE de réduire l’endettement des États par le biais de l’inflation et de taux bas. La hausse de l’inflation est en effet une mesure plus discrète qu’une restructuration de la dette, laquelle susciterait des craintes dans la population. Quant aux taux bas, ils permettent aux pays de l’UE de se refinancer à long terme à des conditions très avantageuses. Depuis le premier assouplissement quantitatif, les rendements réels des obligations à 5 ans ont fortement baissé, jusqu’à devenir négatifs. 44 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s Les taux d’intérêt des emprunts d’État servant au financement de la dette doivent cependant rester en dessous du taux d’inflation, pour que cette réduction «discrète » de la dette publique réussisse. En la matière, l’exemple américain, qui n’est pas unique puisque la Grande-Bretagne et le Japon ont également pratiqué l’assouplissement quantitatif, est intéressant. Les trois assouplissements quantitatifs de la Banque centrale américaine (FED) entre 2008 et 2014 se sont concrétisés par le rachat par les organismes publics de la majeure partie des titres de créance américains ce qui a permis de réduire les taux d’intérêt. Simultanément, l’accroissement de la masse monétaire s’est traduit par une hausse de l’inflation. L’État gagne, l’épargnant perd Cette méthode utilisée par les banques centrales porte également le nom de «répression financière ». En effet, son impact sur l’inflation et sur les taux d’intérêt servis sur les marchés financiers est si important que les épargnants subissent une perte de valeur réelle de leurs dépôts. En effet, les banques ayant la possibilité de se financer à très bon marché auprès de la BCE, elles tendront à comprimer les intérêts passifs, à savoir les intérêts accordés aux investisseurs sur leurs avoirs Le dé se nde t te me n t de s É tat s e uropée n s se r a d o nc fin a ncé par le ur s cit oye n s é parg n a n t s peuvent donc protéger leurs portefeuilles en y incluant des emprunts à haut rendement, plus rémunérateurs et moins sensibles aux variations de taux d’intérêt. En revanche, ces emprunts présentent un risque de crédit accru et sont, par conséquent, plus corrélés aux marchés actions. Ceci n’est pas obligatoirement un désavantage puisque les programmes d’assouplissement quantitatifs sont en principe positifs pour les marchés actions. Les obligations indexées sur l’inflation représentent une autre possibilité pour se protéger contre l’inflation. En effet, le montant des coupons dégagés par ces obligations dépendant de l’évolution d’un indice d’inflation, leur pouvoir d’achat n’est pas rongé par cette dernière. Cela dit, les mesures prises par la BCE ne suffiront pas à produire une amélioration substantielle de la situation dans la zone euro. Une contribution active des États membres est absolument indispensable. Mais, sachant que les pays périphériques sont connus pour n’adopter des trains de mesures complets que s’ils se trouvent dos au mur, on peut se demander si les mesures de la BCE conduiront vraiment à une amélioration ou si elles ne servent pas, une fois de plus, à gagner du temps. en compte. Et si, simultanément, l’inflation est supérieure à ces taux d’intérêt, on aboutit alors à des taux d’intérêt réels négatifs. Ce type de méthode est donc tout bénéfice pour les débiteurs : non seulement leurs dettes perdent de la valeur, mais en plus elles peuvent être refinancées à long terme à un taux avantageux. Le désendettement des États européens sera donc financé par leurs citoyens épargnants. La réglementation qui impose aux caisses de pension de respecter des taux d’intérêt minimaux en est un parfait exemple. Pour satisfaire à cette contrainte de taux dans un contexte de taux d’intérêt très faibles, les caisses de pension n’ont pas d’autre alternative que celle d’acheter des obligations à maturité longue. La conséquence directe en est une augmentation de la duration de leurs portefeuilles. Or ce risque, porté par tous les bénéficiaires de la prévoyance, les expose à des variations de cours importantes de leurs obligations en cas de variation des taux d’intérêt. Par exemple, une hausse de 1 % des taux d’intérêt se solderait par une baisse de cours d’environ 7 % pour les obligations d’un portefeuille ayant une duration de sept ans! Comment se protéger ? INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MAGAZINE DE LA GÉOPOLITIQUE, DE LA FINANCE ET DE LA CULTURE. ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 69 chf pour 1 an - 119 chf pour 2 ans Lorsque l’inflation entre dans une phase haussière, on peut partir du principe que les coupons actuels des emprunts de qualité ne seront pas en mesure de dégager des intérêts réels positifs à l’avenir. Les investisseurs MARKET_Auto-pub-104.80x55mm_russe2.indd 1 45 03.07.14 10:27 L’univers Agefi où vous voulez... quand vous voulez Mercredi 18 mars 2015 | Numéro 53 | Créé en 1950 | Vendu en kiosques et par abonnement | Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,50 EUR | [email protected] | Rédacteur en chef: François Schaller LA DOUZIÈME GRÈVE Lufthansa bat des records PAGE 23 JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 5031 — CH-1002 LAUSANNE SMI 9198.51 9280 9240 9200 9160 DOW JONES 17849.08 17980 17920 17860 17800 -0.42% -0.71% COUVERTURE DIFFICILE DES CYBER-RISQUES Potentiel industriel de haut niveau PAGE 4 RÉSULTATS ANNUELS DU GROUPE KUONI Lourds dégagements sur le titre PAGE 8 PROCÉDURE D’ARBITRAGE INTERNATIONAL Lalive va défendre la Suisse PAGE 9 CONCOURS FINANCE CLUB HEC LAUSANNE La course éclair au rendement PAGE 14 L’AFRIQUE À GENÈVE (ÉLECTRICITÉ) Les raisons d’une libéralisation PAGE 4 COMMODITY TRADING FORUM À GENÈVE Réglementation et durabilité PAGE 4 CLAUDE BÉGLÉ ET L’ÉDITEUR PETER LANG Management buy-out finalisé PAGE 4 LES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS De plus en plus orientés Europe PAGE 13 La réforme quatre ans après BAPTISTE HURNI. L’avocat et député socialiste à Neuchâtel évalue les conséquences de la réforme de la fiscalité des entreprises quatre ans après son application. Dans la perspective de la troisième révision de l’imposition des personnes morales sur le plan fédéral. Le taux unique appliqué à Neuchâtel devrait être selon lui le plus bas autorisé par la Confédération. Pour éviter une concurrence fiscale excessive. PAGE 9 La mégafusion prend une tournure politique difficile LAFARGE-HOLCIM. L’intervention tardive et subite du gouvernement français était en fait assez prévisible. CHRISTIAN AFFOLTER Au départ, il s’agissait d’une fusion entre égaux selon les valorisations. Une opération tout à fait acceptable pour la France: le nom Lafarge précédait Holcim, orthographié en un mot. Un classique permettant de simplifier quelques années plus tard en supprimant le second terme. La présidence exécutive revenait au CEO français. En fait d’égalité, toutes les apparences d’une reprise du groupe cimentier suisse par son concurrent français. Près d’un an après le début du processus, les valorisations ont sensiblement évolué sur les marchés actions en faveur des Suisses. L’égalité stricte est aussitôt remise en cause par les actionnaires suisses, de même que le futur management (lire en particulier L’Agefi d’hier). Du coup, les apparences s’inversent. Elles font penser à une reprise du groupe français, et réveillent aussitôt des hantises nationales. La réaction quasi immédiate du gouvernement français, lundi, est venue rappeler qu’il existait encore une grande différence de culture économique entre la France et la Suisse. Elle pourrait s’avérer assez vite décisive. La France a un historique récent de projets de fusion où l’Etat est intervenu pour protéger l’activité industrielle ou de service nationale (Alstom, SFR). Dans le cas de Publicis, la simple perspective d’une intervention a suffi à tout faire capoter. Les parallèles avec le cas LafargeHolcim sont évidents, s’agissant en particulier de la remise en question de la composition du management. Le projet aujourd’hui contesté par le conseil de Holcim a pourtant été soigneusement «équilibré», probablement pour emporter l’adhésion de toutes les parties, et éviter ce qui est tout de même en train de se produire. SUITE PAGE 7 BOBST ET LE PROBLÈME MONÉTAIRE LA BANQUE MORVAL À GENÈVE Le programme Pourquoi elle de réduction s’est retirée de des charges l’US Program Discussions en cours avec la commission du personnel. Pas de licenciement prévu. «La situation en Suisse est dramatique. Les milieux économiques et les citoyens doivent se réveiller!» La tension était tangible hier sur le site de Bobst à LausanneMex, après la présentation des résultats. La fin du taux plancher et l’appréciation du franc ont profondément marqué le secteur industriel, selon Jean-Pascal Bobst. Le leader mondial d’équipements et de services destinés à l’industrie de l’emballage a ainsi prévu une série de mesures. En phase de négociations avec la commission du personnel, la direction envisage de geler le recrutement de personnel et les hausses salariales, et de réduire les primes d’encadrements et les acquis sociaux. Jean-Pascal Bobst a toutefois écarté la perspecitve de licenciements collectifs ou de délocalisations importantes des structures en Suisse. Aucune de ses mesures n’affectera le centre de formation du groupe. En Europe, Bobst a aussi pris une série de mesures. Pour maintenir ses marges, le groupe va augmenter les achats dans la zone euro et poursuivre le programme de délocalisation. Le producteur vaudois veut bénéficier du momentum positif européen et de la bonne activité sectorielle. PAGE 6 En marge de ses résultats annuels, la banque Morval annonce qu’elle s’est retirée du programme américain de régularisation. Entrée en catégorie 2 «par précaution», elle a conclu de la due diligence que sa présence ne se justifiait pas. L’épisode aura coûté plusieurs centaines de milliers de francs, mais moins d’un demi-million, selon Emanuele Zanon di Valgiurata, le responsable de la gestion privée en Suisse, par ailleurs membre de la famille propriétaire. Avec deux milliards de francs sous gestion (+8,9% l’an dernier, dont 65 millions d’afflux nets), l’établissement basé à Genève avec 70 collaborateurs fait face à des coûts compris entre 500.000 francs et un million liés aux taux négatifs de la BNS. Il se dit en revanche EMANUELE ZANON DI VALGIURATA. L’entreprise est familiale. peu impacté par la fin du taux plancher. Egalement présent à Lugano, en Italie, en Uruguay, à Monaco et au Luxembourg, le petit groupe Morval veut se développer sur les clientèles d’Amérique latine et du Moyen-Orient. Mais il ne prévoit pas d’acquérir un établissement ou des portefeuilles de clients pour le moment. PAGE 3 ÉDITORIAL STÉPHANE GACHET 1 stratégie. 400 marchés. Rendement annualisé de +14,4% (26.03.1996 – 31.01.2015 en USD / Rendement 2014 : +31,8%, 2013 : -2,6%, 2012 : -1,6%) potentielle du profil de rendement/risque d’un portefeuille AHL – Pionnier du trading systématique avec un historique de plus de 25 ans Amélioration M an Parlez avec nos spécialistes : +41 (0)55 417 6300, [email protected] www.man.com/adp Les performances antérieures ne sauraient être considérées comme des indicateurs des résultats futurs. Les rendements peuvent augmenter ou diminuer en fonction des fluctuations de change. Les performances ne tiennent pas compte des coûts et/ou commissions facturés lors de l’émission et/ou du rachat des parts. Le fonds est une société d’investissement de droit irlandais autorisée par l’autorité irlandaise de surveillance des marchés financiers. Sa distribution est autorisée en Suisse. Le représentant en Suisse est Man Investments SA, Huobstrasse 3, 8808 Pfäffikon SZ et l’agent payeur est RBC Dexia Investor Services Bank S.A., succursale de Zurich, Badenerstrasse 565, 8066 Zurich. Le prospectus, le règlement et les rapports annuels et semestriels sont disponibles gratuitement auprès du représentant. Pour les parts distribuées en Suisse et depuis la Suisse, le lieu d’exécution et le for juridique sont le siège du représentant. Les investisseurs potentiels doivent être conscients que les placements alternatifs peuvent comporter des risques importants. Le présent document n’a qu’un but informatif et ne constitue en aucun cas ni une offre ni une incitation à investir dans un produit pour lequel une société de Man Group plc fournit des conseils en placement ou d’autres services. Il ne doit être considéré ni comme un conseil en placement, ni comme une recommandation de placement et ne comporte aucune prise de position concernant l’adéquation et le caractère approprié d’un produit/d’une stratégie. Il ne tient pas non plus compte des circonstances particulières d’un destinataire spécifique. CH/15/0293-P Pour en finir avec la génération fantôme Grâce à Xavier Comtesse et à Elmar Mock (Think tank horloger du Swiss creative center, en conférence de presse hier à Neuchâtel) le débat sur la montre connectée entre dans sa vraie dimension: l’écosystème IT. C’est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant parce que l’horlogerie n’a pour l’instant rien raté et qu’Apple n’a pas tout fait juste non plus. Inquiétant pourtant, parce que l’industrie horlogère suisse ne semble pas prête à passer l’obstacle. Ce n’est ni définitif ni insurmontable, puisqu’il suffirait d’intégrer la science IT au sein des manufactures. La limite tient précisément dans cette intégration, mais aucun président de marque n’est allé dans ce sens jusqu’à maintenant. Ni Hayek, ni Biver, ni aucun autre ne semble considérer la dimension informatique pure et la conception d’applications autrement que comme un commodity à externaliser au plus vite. Personne n’ose à l’évidence penser le contraire, par peur de réveiller la douleur de la génération fantôme, amputée par la crise du quartz. Ce traumatisme n’a d’ailleurs jamais été plus vivant que depuis l’annonce d’Apple, et la réponse jusqu’à aujourd’hui a surtout été de s’accrocher aux acquis. C’est exactement la critique adressée par Xavier Comtesse à la nouvelle Swatch connectée, qu’il considère comme un copié-collé de la Swatch Access, lancée il y a vingt ans et avec laquelle on pouvait déjà payer et ouvrir des portes. La réticence face à l’IT reste difficile à comprendre alors que l’industrie horlogère suisse est si concentrée sur la montre électronique (quartz), qui représente plus des quatre cinquièmes du volume annuel. En fait de menace, le phénomène smartwatch devrait surtout être compris comme une occasion inespérée de valoriser tout un pan dormant de la production domestique (la croissance sur les dernières quinze années repose entièrement sur le pricing power de la montre mécanique et de la maîtrise du luxe). Qui plus est, il y a toutes les ressources locales pour intégrer cet écosystème IT sur un mode swiss made et au plus haut niveau de la spécialité. Ce n’est pas un hasard si Google a son siège européen à Zurich. On peut penser aussi à la présence de Logitech, qui compte parmi les leaders globaux du périphérique intelligent. Le management en place ne semble pourtant pas prêt à tenir complètement le pari, malgré la baisse actuelle de régime. C’est toute la difficulté de ren ouveler un management qui a accompagné près de deux décennies phénoménales. Paradoxal alors que le succès de la montre suisse, et sa promesse d’éternité, s’est aussi construit par contraste avec la montée de l’obsolescence informatique.n 9HRLEMB*jeiaae+[D\K\K\B\C DÉJÀ PENSÉ AU SUIVI DE TENDANCE ? Man AHL Diversified plc Quotidien Kiosque / Abonnement 10 parutions Encarté dans L’Agefi 6 parutions Kiosque / Abonnement 2 parutions Abonnement 6 parutions Kiosque / Abonnement 7 parutions Kiosque / Abonnement 11 parutions Kiosque / Abonnement 4 parutions Kiosque / Abonnement Retrouvez l’ensemble de nos publications en version e-paper Recherchez: agefi-geneve Plus d’informations sur www.agefi.com/publications pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s Investir au-delà des frontières : un rendement potentiel à la hauteur du risque BM, mais comptent au nombre des marchés émergents de l’indice MSCI Marchés Emergents (MSCI ME). En revanche, le Qatar et la Corée du Sud sont qualifiés de «développés » par la BM alors qu’ils sont incorporés dans le MSCI ME. La jungle et la tyrannie des indices ont donc encore un bel avenir! D’ailleurs, si la composition du MSCI EM est discutable, celle du MSCI Frontier Markets (MSCI FM) l’est plus encore dans la mesure où les ajouts et les suppressions de pays y sont courants. Par conséquent, se baser sur ses performances historiques pour tirer des projections est totalement dénué de sens. À titre d’exemple, citons la sortie de l’UAE et du Qatar du MSCI MF en juin dernier, deux pays qui ont été intégrés à l’indice émergent ; leur poids, qui était de plus de 34 % dans l’indice frontière, n’est plus que de 1 % dans l’indice émergent aujourd’hui. Les pays de l’aube Marc Zosso, CIO Partner, Prisminvest SA L es m a rch és f ron t iè r es on t connu une certaine exubérance et battu systématiquement leurs homologues émergents, de 20 % et 40 % sur cinq et trois ans. La tendance semble s’accélérer. Mais que connaît-on de ces pays ? Est-ce un nouveau paradigme ou un feu de paille ? Pour tenter d’y répondre, regardons au-delà des frontières. La définition des pays frontières, comme celle des émergents, est peu claire : alors que la Banque mondiale (BM) prend comme mesure un critère purement économique, le salaire disponible en parité de pouvoir d’achat, les indices MSCI se fondent uniquement sur les aspects boursiers (liquidité, capital flottant et accessibilité pour les investisseurs étrangers). Ces deux définitions créent des dichotomies. Par exemple, l’Inde et l’Indonésie sont des pays frontières pour la La seule définition valable est liée aux étapes de développement. Les marchés matures croissent en moyenne entre 0 % et 3 % (G7), les marchés établis entre 3 % et 5 % (Taïwan, Singapour, Corée du Sud), les marchés émergents entre 5 % et 8 % (Chine, Inde) et les marchés frontières affichent des croissances encore supérieures ou se trouvent en phase de déréglementation. Ce qui est certain c’est l’énorme potentiel des pays frontières (selon la catégorisation de MSCI) : ils comptent en effet 900 millions d’individus, soit 13 % de la population mondiale dont 60 % âgés de moins de 30 ans. Cette «partie » du monde ne contribue cependant qu’à 3,7 % du PIB mondial. Mais ces pays se trouvent au même stade de développement que le furent la Corée entre 1981 et 1992, Hong Kong entre 1974 et 1981, et Taïwan entre 1973 et 1981. Autant dire qu’ils se situent à l’aube de leur évolution! Et, sur le plan macroéconomique, ils se défendent plutôt bien. Ils disposent de réserves monétaires équivalentes à celles des marchés émergents, soit environ 30 % de leur PIB. Et, d’ici 2050, 60 % de la population mondiale vivra dans ces pays. Selon S&P, les plus mauvais ratings de ce groupe de pays, le Kenya, le Liban et l’Ukraine sont notés B, alors que le meilleur, le Koweït parvient à un AA. À grands risques, belles opportunités Investir sur ces marchés tient cependant de la gageure! Le nombre de titres investissables dans le MSCI FM s’élève à 127. Le volume moyen quotidien est, au maximum, de 91 millions de dollars pour le Vietnam et, au minimum, de 0,3 million de dollars pour la Bulgarie : autant dire que sortir de ces marchés est aussi aisé que de tenter de passer par le trou 47 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s d’une serrure quand tout le monde panique… En outre, le poids de certains pays comme le Koweït (25 %) et le Nigeria (20 %) pose un problème majeur de diversification. Il faut donc investir avec des managers gérant moins de 300 millions de dollars, qui ne craignent pas de s’éloigner de l’indice et font un sérieux travail de sélection de titres. Dans le même temps, ces marchés sont inefficients, couverts en moyenne par trois analystes contre 14 pour les marchés émergents et 20 pour les pays développés. Ils sont encore bon marché et contiennent de véritables pépites, surtout si l’on sort du cadre rigide de l’indice. À cet égard, l’Arabie saoudite présente un cas d’investissement intéressant, d’autant plus qu’elle pourrait entrer dans l’indice MSCI FM en 2016. De même, des sociétés individuelles, parfois cotées à Londres, peuvent être particulièrement attrayantes, à l’exemple de Bank of Georgia qui a été un «darling » des investisseurs. La diversité des pays frontières permet aux investisseurs de tirer parti des opportunités créées dans l’économie globale. L’Amérique du Sud est actuellement la partie la plus faible. L’Argentine continue d’être étranglée par la négociation de sa dette et sa monnaie a été dévaluée de 30 % en 2014. La décision de Madame Bachelet d’augmenter les taxes au Chili a affecté le marché des actions et la monnaie qui a perdu 15 % par rapport au dollar. Les pays andins sont liés aux matières premières, aussi les cours ne pourrontils pas se reprendre rapidement. Cependant, ils ont certainement atteint un niveau plancher. Performances des principaux indices sur cinq ans en CHF et en USD L’exception latino-américaine Les marchés frontières ont fini l’année 2014 avec des évaluations très favorables et se traitent avec un P/E (15) d’environ 9,2x, contre 11,1x une année auparavant. Les prix ont chuté lors du 4e trimestre de l’année dernière essentiellement dans les pays exportateurs de pétrole, mais le marché a peu discriminé les sociétés. Il y aura donc de la valeur à extraire une fois que la poussière sera redescendue. Les pays du Golfe ont annoncé des engagements importants dans l’éducation, les infrastructures et la consommation des 85% DE LA POPULATION REPRÉSENTENT 50% DU PIB MONDIAL MAIS SEULEMENT 10% DE LA CAPITALISATION BOURSIÈRE MONDIALE 16.63% 12.68% 56.15 % 14.55% en chf en usd MSCI Frontier Markets TR 20,6 % 30,7 % MSCI Emerging Markets TR 2,3 % 10,8 % MSCI World TR 52,8 % 65,6 % MSCI USA TR 82,4 % 97,7 % MSCI Europe 29,6 % 40,4 % MSCI Asia ex Japan TR 26,6 % 37,2 % Source : MSCI POPULATION 2.94% 5.96% 42.08% Les pays importateurs nets de pétrole sont les premiers gagnants. L’Égypte, l’Inde, les Philippines et divers pays du Sud-Est asiatique ayant réduit leurs subventions à l’essence, ils sont en mesure d’accroître leurs dépenses d’infrastructure. Nous continuons à être prudents vis-à-vis de l’Afrique de l’Ouest : par exemple, les élections et la baisse du pétrole pèsent lourdement sur la situation macroéconomique du Nigeria cette année. 49.02% GDP 9.39% 90.23% MARKET CAP 0% 20% OTHERS 40% FRONTIER MARKETS 60% EMERGING MARKETS 80% 100% DEVELOPPED MARKET Sources : FMI, Banque Mondiale, MSCI ménages. Les réserves très importantes de l’Arabie saoudite en monnaies étrangères lui permettent de maintenir tous les projets d’infrastructure pendant des années, même au cours actuel du pétrole. De plus, la dette gouvernementale ne représentant que 3,7 % du PIB, contre 14 % en 2010, elle pourrait être accrue si nécessaire. 48 Sachant que depuis cinq ans les pays développés, États-Unis en tête, ont battu le reste du monde et ce, y compris les marchés émergents (performances exprimées en francs suisses), en étant légèrement à contre-courant du consensus, on peut se positionner sur des marchés frontières promis à un bel avenir. pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s Les opportunités ne manquent pas au sein des obligations des pays émergents politique qu’au niveau des fondamentaux, car dans bien des régions du monde développé, les taux de croissance sont plutôt modérés à bas, tandis que la situation géopolitique est parfois tendue. Les emprunts des pays émergents ressentent-ils également cette pression ? À n’en pas douter, les investisseurs seront à nouveau confrontés à des défis en 2015. Et la stratégie pour les relever n’a pas beaucoup changé cette année. Car cette catégorie d’actifs n’est pas un ensemble homogène ; en réalité, elle englobe tout un éventail de segments et d’expositions à des facteurs économiques, fiscaux, monétaires et géopolitiques, et offre la possibilité de choisir entre des emprunts en devises locales ou en devises fortes. Les emprunts des pays émergents sont un univers de placement vaste et hétérogène au sein duquel il s’agit, aujourd’hui plus que jamais, de ne pas placer tous les États dans le même panier. Les investisseurs qui effectuent leurs placements indépendamment de l’indice et de manière active devraient par conséquent continuer à le faire avec succès. Où se trouvent les opportunités ? Enzo Puntillo, Portfoliomanager de JB EM Opportunities Strateg y, Swiss & Global Asset Management Qui regarde du côté des obligations y trouvera un potentiel de diversification et un profil risque/rendement intéressant qu i fa i t act u e ll e me n t ta n t défaut aux investisseurs sur de nombreux autres segments. Depuis la déclaration de la présidente de la Fed Janet Yellen le 18 mars dernier, le doute n’est plus permis : à l’avenir, la rémunération des obligations d’État américaines va à nouveau augmenter. La Réserve fédérale américaine devrait certes faire preuve de prudence en la matière, mais c’est le signe du début de la fin de l’environnement de taux bas, de l’autre côté de l’Atlantique du moins. La hausse des taux aux États-Unis, ainsi qu’au Royaume-Uni, mettra sous pression les spreads sur de nombreux segments obligataires. L’environnement macro demeure exigeant, tant du point de vue Penchons-nous tout d’abord sur l’évaluation économique fondamentale dans les pays émergents : dans l’ensemble, leur économie continue de croître plus vigoureusement que celle des pays industriels. Cela étant, la dynamique de croissance n’est plus uniforme et les pays se trouvent dans différentes phases économiques. Parmi les pays en plein boom se trouvent notamment le Mexique et l’Inde, qui se sont récemment illustrés par leurs réformes. Les pays d’Europe centrale, eux aussi, ont trouvé un nouvel équilibre ces dernières années et se sont désendettés, tandis que la Corée du Sud profite de sa position dans le peloton de tête des pays exportateurs à l’échelle mondiale. Ailleurs, la conjoncture s’est essoufflée. En Chine, cette évolution devrait s’inscrire dans la durée, le pays étant rentré dans une nouvelle étape de croissance certes qualitative, mais plus lente. Le Chili et l’Afrique du Sud, en revanche, souffrent de faiblesse cyclique. Des pays comme la Russie et le Brésil doivent quant à eux faire face à des problèmes structurels et à un enlisement de leurs réformes, sans parler des conséquences économiques découlant des bas prix du pétrole et de l’évolution du rôle géopolitique de la Russie. Ces évolutions fondamentales, qui se sont traduites par des politiques monétaires différenciées sur les marchés des obligations, créent toute une série de fluctuations divergentes sur les marchés et, ainsi, des opportunités d’investissement. L’équation simple «pas d’opportunités de placement en situation de prospérité économique » ne se vérifie pas toujours. Pour preuve, les obligations brésiliennes sur le marché des 50 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s devises locales affichent actuellement une rémunération intéressante, tant en termes nominaux que réels, et elles devraient tirer profit de l’économie en berne, puisque la banque centrale devrait baisser les taux d’intérêt dans les douze prochains mois. Sur le marché des devises fortes, la robuste évolution des fondamentaux sert surtout les États d’Europe centrale. Des opportunités intéressantes dans les marchés «frontières » Le rôle de ces marchés s’apparente aujourd’hui à celui des marchés émergents il y a dix ans : ce segment obligataire est encore relativement peu pris en compte et de nombreux analystes ne les maîtrisent pas parfaitement. On voit ainsi naître des évaluations erronées qui peuvent être utilisées par des investisseurs ingénieux. Une bonne analyse est donc payante. Des pays tels que le Sri Lanka ou la République dominicaine offrent d’excellentes opportunités de placement pour les investisseurs prêts à utiliser le marché dans toute son ampleur. À n’en pas douter, le dollar fort est dans l’ensemble un frein pour les devises des pays émergents. Toutefois, des opportunités voient aussi le jour, même maintenant. À long terme, les devises faiblement valorisées devraient s’apprécier, notamment parce qu’elles sont soutenues par des économies productives et compétitives affichant un ratio d’endettement faible. Ce constat se vérifie par exemple déjà pour le zloty polonais, mais le peso mexicain et la roupie indienne suivent une évolution similaire. Le Chili a tiré parti de la morosité conjoncturelle et de la dévalorisation du peso qui a fait reculer le déficit de la balance des opérations courantes, ce qui permet à la devise d’afficher à nouveau un potentiel haussier. Pour une approche de placement active et indépendante de l’indice, les opportunités ne manquent pas au sein des obligations des pays émergents. Ces obligations offrent tout à la fois une rémunération élevée et une protection contre les contractions des spreads. Elles méritent donc qu’on s’y attarde. and sometimes we sleep… SHISEIDO CRéA VANKSEN GRANDOPTICAL SIG EVIAN BCGE LYCRA® KEMPINSKI BIC FISKARS NESTLé CITROËN SWISSTV O’SUSHI MAVIC Agence de communication digitale native ContaCt : 022 306 49 90 | [email protected] | vanksen.ch | facebook.com/vanksen 51 | twitter.com/vanksen | pinterest.com/vanksen pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s Les obligations corporates des pays émergents : une autre voie de diversifiation Entretien avec Fl avia Cheong, responsable du Fixed Income chez Aberdeen Pensez-vous que les investisseurs institutionnels se tourneront en 2015 vers des marchés plus risqués, les émergents par exemple, pour augmenter leurs rendements ? Même si les risques plus divers qui pèsent sur le marché ont accentué la volatilité des obligations corporates émergentes vers la fin 2014, cette classe d’actifs est soutenue par de solides fondamentaux structurels. Les émetteurs d’obligations corporates émergentes présentent toujours un moindre levier financier et des bilans plus sains que les entreprises émettrices des marchés développés. Ils profitent en outre d’une liquidité abondante sur leurs marchés locaux. Après la récente augmentation des spreads, les valorisations sont devenues très intéressantes. En effet, les spreads des obligations corporates émergentes (notamment dans le segment high yield) sont au plus haut depuis des années par rapport à leurs homologues des le s s pre a d s de s oblig atio n s c orp or ate s é me rge n te s s o n t au pl u s hau t, le s val oris atio n s t rè s in té re s s a n te s marchés développés. Le processus ascendant d’Aberdeen et les ressources consacrées aux marchés émergents nous aident à identifier les opportunités attrayantes apparues dans le sillage des récentes turbulences sur les marchés. Les volumes d’émissions devraient rester modestes cette année et, compte tenu du montant élevé des remboursements d’obligations/flux de trésorerie, nous pensons que les marchés resteront dans une configuration technique tout à fait porteuse. Les faibles taux d’intérêt sur les marchés obligataires traditionnels (avec des rendements négatifs dans une bonne partie de l’Europe) devraient garantir un afflux de capitaux substantiel vers la classe d’actifs. Le marché des obligations corporate émergentes sera sensible aux événements exogènes à la classe d’actifs en 2015. En particulier, les investisseurs scruteront la manière dont la Réserve fédérale américaine communiquera aux marchés ses indications prospectives sur la politique monétaire et la réaction de ces derniers à une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. Les obligations corporate émergentes ne sont pas les seules concernées, c’est l’ensemble de la classe d’actifs obligataire qui est confrontée à ce changement potentiel de politique monétaire… Quelles seront les plus belles opportunités en 2015 ? Où irez-vous faire votre «marché » (devises, obligations, pays) ? À court terme, nous prévoyons une augmentation des défauts sur les obligations corporates émergentes car les gouvernements s’attaquent à la corruption. Par conséquent, la sélection du crédit est encore plus essentielle. Plus que jamais, nous nous efforçons de connaître les entreprises dans lesquelles nous investissons en rencontrant les dirigeants et en organisant des visites des sites pour obtenir une vision exhaustive des entreprises que nous étudions. Et ce, afin de réduire la voilure de nos positions durant les périodes d’exubérance et d’adopter un positionnement à contre-courant lors des périodes de tensions sur les marchés. Nous entendons également accroître la valeur du fonds en investissant dans des sociétés avec une bonne gouvernance d’entreprise, une structure de direction lisible et de solides fondamentaux. En tant qu’investisseurs en obligations corporates émergentes, nous n’investissons pas directement dans les devises. Cela dit, le marché des changes a un impact sur les obligations que nous détenons, c’est pourquoi nous surveillons attentivement ce qui se passe sur le Forex. La tendance à la dépréciation des devises émergentes pourrait être une aubaine pour les entreprises exportatrices car la majorité de leurs coûts sont en devise locale tandis que leurs prix sont libellés en dollars américains. Si une poursuite de la chute des cours du pétrole risque fort de handicaper les sociétés pétrolières spécialisées dans l’exploration et la production, la dépréciation de la devise locale permettra de compenser la réduction 52 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s d’investissement draconiens. Nous ne privilégions pas un segment du marché par rapport à un autre : il se trouve simplement que nous y avons trouvé davantage d’obligations dans lesquelles il nous semble judicieux d’investir malgré leur note de crédit plus faible. Par exemple, le Mexique est un pays que nous surpondérons dans le segment BB et B et Nemak (BB+) est l’une des entreprises que nous apprécions. Il s’agit d’un équipementier automobile qui a connu un redressement spectaculaire en dépit du fait que ses deux principaux clients, GM et Chrysler, se sont déclarés en faillite pendant la crise financière. Au cours des cinq dernières années, elle a prouvé sa faculté à se désendetter et à augmenter sensiblement ses marges. La croissance décevante enregistrée cette année N o u s ne privilé gio n s pa s u n se gme n t d u marché par r a pp or t à u n au t re Flavia Cheong de leur chiffre d’affaires, comme c’est le cas en Russie. Toutefois, une poursuite de l’appréciation du dollar américain pourrait continuer à peser sur les actifs risqués à court terme. Quelle est votre stratégie d’investissement pour le fonds Emerging Market Corporate Bond Fund ? Nous surpondérons les obligations notées BB et B car nous avons trouvé dans ce segment du marché des obligations corporates émergentes un plus grand nombre d’entreprises intéressantes répondant à nos critères 53 n’a pas eu de répercussions sur la performance globale des obligations corporates mexicaines. La grande majorité des entreprises mexicaines s’attendent désormais à ce que les réformes énergétiques promulguées par le gouvernement de Peña Nieto au mois d’août dynamisent la croissance à long terme. Nous apprécions également les Émirats arabes unis (EAU) dont les fondamentaux de crédit semblent s’être améliorés depuis la crise et où les entreprises se sont efforcées de mieux gérer leurs finances. La catégorie «Autres » inclut les principales surpondérations dans de plus petits pays tels que la République dominicaine, le Guatemala et El Salvador, où nous sommes convaincus que nos recherches approfondies peuvent accroître la valeur, ainsi que la sous-pondération du Qatar, d’Israël et de la Corée du Sud, des marchés qui nous semblent surévalués à l’heure actuelle. Au 28 février 2015, l’encours du fonds AG Emerging Market Corporate Bond s’élevait à 272.6 millions de dollars. pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s LES OBLIGATIONS SOUVERAINES AU PAYS DE L’OR NOIR ? extérieure au 2e trimestre 2015. Nous tablons sur un rebond des prix du brut. L’assouplissement monétaire global devrait soutenir la demande de pétrole, et les prix du brut (WTI) devraient s’inscrire autour d’USD 65 le baril vers la fin 2015. Nous devons néanmoins rester vigilants visà-vis des obligations vénézuéliennes étant donné les risques qui pèsent sur ces perspectives pétrolières. De plus, le rebond du baril pourrait ne pas être suffisamment rapide pour aider le Venezuela à résoudre ses difficultés économiques. Le pétrole finance le budget du pays Koon Chow, Stratégiste dette émergente à l’UBP Le Venezuela affiche des rendements souverains supérieurs à ceux de la quasi-totalité des autres marchés émergents, le pays fa isa n t face à d ’ i m portantes difficultés économiques. Or, sa capacité à les surmonter dépend largement de l’évolution des prix du pétrole. Les obligations des pays émergents exportateurs de pétrole ont été mises à mal par les fluctuations des prix du brut, et le Venezuela apparaît comme un cas extrême. De la mi2014 à janvier 2015, les rendements en USD des obligations souveraines vénézuéliennes ont crû de 20 points de pourcentage (p. p.), reflétant la forte chute des prix du pétrole. Les rendements ont baissé en février sur fond de stabilisation du cours du brut, et ils s’affichent en hausse de «seulement » 16 p. p. par rapport à la mi-2014. Cela étant dit, il existe de fortes chances que le gouvernement honore sa dette La plupart des recettes à l’exportation et des revenus budgétaires du Venezuela sont tirés du pétrole. Plus les prix du brut resteront longtemps proches des niveaux actuels, à USD 50 le baril, plus les pressions sur le pays seront fortes, plus le risque sera grand qu’il opte pour une restructuration ou qu’il cesse d’honorer sa dette extérieure souveraine et quasi souveraine. Si une restructuration venait accompagner un programme de relance de l’économie, on pourrait aisément s’attendre à un véritable rebond des prix. N o u s c o n se rvo n s n o t re e x p o sitio n au x oblig atio n s d u Ve ne z uel a , mais p o urrio n s l a ré d uire si le s prix d u pé t role ne se re dre s s aie n t pa s au sec o nd se me s t re Toutefois, la liste des problèmes économiques est longue. Le premier défi cette année consiste à honorer les USD 10 milliards de coupons et de remboursements du principal sur la dette souveraine et la dette extérieure – celle du groupe pétrolier public (PDVSA) détenue à l’étranger. Et davantage en 2016. Si les prix du pétrole restent proches des niveaux actuels, le Venezuela peut s’attendre à seulement USD 2-3 milliards d’afflux provenant de la vente de pétrole, de biens et de services à l’étranger, ainsi que des entrées de revenus. Les plus lourdes échéances de paiement sont prévues pour octobre et novembre 2015. Si, à ce moment-là, les prix du pétrole ne se sont pas redressés, les autorités devront reconnaître un «new normal » pour les cours du brut – volatils et déprimés. Le Venezuela devrait alors être en très mauvaise posture étant donné la faible probabilité d’une inversion de la tendance baissière des réserves de devises. 54 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s .Même si le Venezuela se trouve dos au mur, il y a de fortes chances qu’il continue à remplir ses obligations de remboursement. L’ancien président Chavez est connu pour avoir toujours honoré sa dette souveraine, et le gouvernement pourrait en outre prendre des mesures pour réduire les distorsions économiques du pays. Par ailleurs, dans le cas d’une restructuration de la dette, les détenteurs d’emprunts étrangers pourraient éventuellement chercher à saisir les actifs étrangers de la compagnie pétrolière publique, mettant ainsi en péril les afflux d’USD à venir. Vu le niveau actuel des actifs de devises liquides, nous pensons que les remboursements de la dette extérieure de mars pourront être honorés, ce qui contribuera à stabiliser les obligations vénézuéliennes. Dans ces conditions, nous continuons à les détenir en portefeuille.Si une reprise des prix du pétrole se confirme prochainement, l’afflux de dollars vers le Venezuela devrait augmenter. Le pays pourrait ainsi être en mesure de recommencer à émettre de nouvelles dettes, ce qui ferait croître ses réserves de change. Cependant, si d’ici à la mi-2015 les prix du brut restent proches des niveaux actuels, l’assèchement des réserves de devises du Venezuela pourrait encore s’accentuer. Il s’agirait alors de réduire suffisamment tôt l’exposition au Venezuela au sein des portefeuilles, avec même l’éventualité d’une exposition nulle. Concrètement, avant les remboursements de la dette d’octobre et de novembre – il pourrait être très difficile et coûteux de se désengager de ces positions durant ces périodes. Notre scénario table sur un prix du brut légèrement plus élevé fin 2015-début 2016, permettant ainsi aux pays exportateurs de pétrole dotés de politiques macroéconomiques satisfaisantes et d’un solide bilan de se redresser. En conséquence, nous sommes actuellement positifs sur certains pays producteurs de pétrole (tels le Mexique, l’Indonésie, la Colombie et les Émirats arabes unis), et nous sommes en contrepartie négatifs et sous-pondérés sur d’autres (comme la Russie et le Nigeria). Groupe ams, Un partenaire d’expérience expertise comptable expertise fiscale conseil et gestion audit missions spéciales Av. Cardinal-Mermillod 36 CH — 1227 Carouge www.societefiduciaire.ch 55 tél. + 41 22 308 45 00 fax + 41 22 308 45 01 [email protected] pat rimoine ( S ) d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s La déflation, un phénomène durable, quelles solutions pour les investisseurs ? manifestées depuis fort longtemps. Les premiers symptômes sont apparus il y a déjà plus de 20 ans à travers la baisse de la productivité et le vieillissement de la population, tous deux signes avant-coureurs du recul structurel de la croissance à long terme des économies développées. Après avoir été affectés par des variations induites par des demandes temporairement excédentaires, les cycles économiques ont été ensuite influencés par l’émergence d’offres excédentaires stigmatisées par la récession qui a suivi l’éclatement de la bulle sur les valeurs technologiques, confirmant contrairement aux attentes la baisse de la rentabilité du capital. INFLATION 8 1Y % change of CPI-ALL URBAN: ITEMS: United States 1Y % change of CPI-ALL ITEMS: (HARMONISER), NSA: Euro Zone 1Y % change of CPI: Switzerland CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country) 6 Edouard Crestin-Billet, Head of Institutionnal Asset Management, 1875 Finance C onsi dé r é e pa r l a m ajor i t é des banques centrales comme objectif prioritaire, la stabilité des prix apparaît de plus en plus menacée . Après avoir dû lutter au XX e siècle contre l’inflation, les autorités monéta i r e s d oi v e n t d or é nava n t faire face à la déflation. Suite à la réduction sensible de leur taux d’expansion au cours des 15 dernières années, les indices des prix à la consommation ne progr essen t plus pou r même reculer dans certains pays. Incrédules, la majorité des investisseurs apparaissent pétrifiés pour ne pas dire désemparés par l’ampleur de ce nouveau type d’instabilité, alors que les prémices de la déflation se sont 4 2 0 2010 2011 2012 2013 2014 Source : Thomson Reuters Datastream Nouveau paradigme En novembre 2001, l’adhésion de la Chine à l’OMC entérina la globalisation de l’économie mondiale et la baisse inexorable des coûts salariaux avec l’arrivée de plus de 600 millions de nouveaux travailleurs. Aux yeux du président de la Réserve fédérale de l’époque, Alan Greenspan, nous assistions à la naissance d’un nouveau paradigme, la croissance sans inflation, justifiant la baisse sensible des rendements obligataires et le maintien de politiques monétaires historiquement accommodantes. Le recul très prononcé des taux d’intérêt à long terme observé dès 2003 n’était cependant pas le fruit exclusif d’une réduction des anticipations inflationnistes, mais résultait aussi de l’accumulation des réserves de 56 d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s changes par la Banque Populaire de Chine. Le recul trop brutal du loyer de l’argent par rapport à son niveau d’équilibre fut à l’origine de la création monétaire excessive responsable tout d’abord de la bulle immobilière américaine, puis des effets de leviers considérables utilisés au sein du système bancaire et du niveau d’endettement trop élevé des États, en Europe notamment. Sous l’effet du resserrement temporaire des conditions monétaires, l’économie mondiale dut faire face en 2008 à une crise financière sans précédent initiée par l’implosion du financement sur la dette hypothécaire américaine, les «subprimes ». Malgré les mesures exceptionnelles prises à la fois par les banques centrales et les gouvernements, l’économie mondiale fut confrontée, sous l’effet de la contraction subite de l’offre de crédit, à l’une des récessions les plus importantes de son histoire. Nonobstant le redressement rapide de la croissance sur la zone émergente entre 2009 et 2010, les excédents de ressources productives n’ont pas pu être résorbés et demeurent à ce jour encore très élevés, les relances budgétaires étant prohibées par un endettement public excessif. Baisse de la productivité, recul de la croissance, globalisation, vieillissement de la population, désendettement du secteur privé et public, sous-utilisation des facteurs de production sont les forces structurelles déflationnistes auxquelles l’économie mondiale doit désormais faire face. À travers la baisse des cours des matières premières, le coût de l’ensemble des ressources productives se réduit à la fois dans les pays développés, mais aussi dans les nations émergentes. La déflation est désormais un phénomène global et puissant qui ne peut être que durable. Pour faire face à ce nouveau déséquilibre représenté par la réduction inexorable des prix, les banquiers centraux ont été contraints de mettre en œuvre des politiques dites «non conventionnelles » caractérisées à la RENDEMENT 10Y GOUVERNEMENTAL 5 GOVERNMENT BOND YELD 10 YEAR: Euro Zone US TREAS. BENCHMARK BOND 10 YR (DS) SWITZERLAND BNCHMRK BOND 10YR (DS) CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country) 4 3 2 1 0 -1 2010 2011 2012 2013 2014 Source : Thomson Reuters Datastream 57 fois par la réduction de leurs taux directeurs à des niveaux planchers et par l’achat de papiersvaleurs privés ou publics. Leur objectif est de permettre une diminution du loyer de l’argent sur l’ensemble des types de financement et d’enrayer les anticipations déflationnistes en favorisant une augmentation des agrégats monétaires et une dépréciation des taux de change. Les investisseurs, qu’ils soient privés ou institutionnels, sont ainsi confrontés à la baisse séculaire des rendements nominaux de leurs actifs sans pour autant bénéficier d’une diminution de leur volatilité. Dans un environnement déflationniste, les processus de désendettement provoquent des chocs systémiques et les excédents d’offre monétaire induisent des distorsions de valorisation sur les marchés financiers et de fortes variations sur les devises. Quelles solutions ? Quelles solutions peuvent être préconisées aux investisseurs pour faire face au recul généralisé de la rentabilité nominale de leurs placements tout en restant confrontés à des variations monétaires et boursières importantes ? Pour permettre à leur portefeuille de conserver une rentabilité nominale équivalente, il s’agira de réduire structurellement les expositions sur les obligations dont les revenus sont devenus insuffisants et d’augmenter les investissements offrant des rendements plus élevés, soit en se diversifiant internationalement, soit en se positionnant sur des classes d’actifs plus rémunératrices telles que l’immobilier ou les actions. Afin de pouvoir effectuer ces arbitrages sans devoir accroître de façon trop sensible les probabilités de moins-values, il faudra définir deux allocations tactiques, l’une permettant de gérer à la fois les risques sur les actions et les taux d’intérêt, l’autre de minimiser les pertes sur les changes. La gestion dynamique des expositions sur les marchés et les devises pourra s’effectuer à travers la mise en œuvre d’overlays (gestions superposées). pat rimoine ( S ) immo s c ope / c o n jo nc t ure Heureusement, il reste le rendement immobilier L’immobil ier t i t r isé a connu ce s v i ngt de r n i è r e s a n n é e s des ni v e au x de perform a nce de +5 à +7 %. Depuis le début de l’année, la tendance s’inscrit dans la continuité de 2014, une année exceptionnelle avec des rendements de l’ordre de 14 %. Pourtant, cette classe d’actifs reste moins prisée que d’autres (actions, fonds alternatifs), par les banques notamment. Elle offre des opportunités de diversification de portefeuille et de retour sur investissement qui méritent une attention toute particulière à l’heure où les taux obligataires sont négatifs. Le marché de l’immobilier indirect se répartit entre les fonds immobiliaers (cotés ou non), les sociétés immobilières cotées en bourse, et les fondations immobilières. Contrairement à l’investissement dans l’immobilier direct (terrains et immeubles), ces actifs présentent l’avantage d’être liquides, étant échangés sur le marché primaire et secondaire (sauf les fondations). Autre avantage, ils permettent une plus grande diversification au sein-même du secteur de l’immobilier. Il faudrait en effet beaucoup de capital pour investir dans des immeubles dans plusieurs cantons suisses pour réduire l’exposition à un canton, alors qu’un seul fonds immobilier permet d’intégrer la diversité géographique. Avec, à la clé, une optimisation de la couverture du risque. Enfin, alors même qu’ils n’impliquent pas les contraintes de gestion liées à l’immobilier direct, ils offrent des taux de rendement plus élevés sur le long terme. Le rendement immobilier moyen est relativement stable à long terme et proche de 3 %. Relative homogénéité des rendements des fonds Ce sont les sociétés immobilières (un marché de 17 milliards de francs) qui arrivent en tête des performances du marché immobilier titrisé, avec quelque 9 % de croissance sur les cinq dernières années, 7 % environ sur les 25 dernières années. Elles sont suivies par les fonds immobiliers (un marché de 34 milliards de francs) avec respectivement +7.55 % et +5.9 %, puis les fondations (un marché de 31 milliards de francs) avec +5.77 % et +4.97 %. Sur la seule année 2014, les sociétés immobilières ont affiché un taux de croissance de 14 %, les fonds immobiliers de 13.3 % et les fondations de 5.1 %. Depuis le début de l’année, le sous-secteur immobilier du Swiss Performance Index (SPI), le Real Estate Holding & Development, porté par la chute historique des rendements en francs suisses, continue de s’apprécier à un rythme plus soutenu (+9.4 % au 11 mars) que le SPI, l’indice de performance le plus suivi de Suisse (+2.54 %). Cela était déjà le cas en 2014 (+13.64 % versus 13 %) ainsi que sur les cinq dernières années (+9.07 versus 8.79 %). Rien d’étonnant à ce que les investisseurs se tournent vers l’immobilier, qui consitute une alternative crédible aux obligations de la Confédération (voire graphique). Une ruée qui ne se fait pas au détriment des actions, comme cela a été le cas en 2008, mais des obligations. Les actuels arbitrages entre actifs se soldent par un transfert de l’obligataire vers les fonds de placements immobiliers. PERFORMANCE DES FONDS, FONDATIONS ET SOCIÉTÉS (1999-2015) 300 SXI Real Estate Idsx Tr Kgast Immo-index Daily 1997-10 275 250 SXI Real Estae Funds Tr 225 200 175 150 125 100 75 50 99 00 58 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 immo s c ope / c o n jo nc t ure Un contexte porteur Cette tendance devrait durer, estiment les analystes de BBGI Group. D’une part parce que les indicateurs de risque du marché immobilier sont en phase d’amélioration. Le secteur montre en effet des signes de retour à un cycle normal sur chacun des segments qui le composent. Les taux de vacances dans le locatif, de l’ordre de 0.4 à 0.6 % (un niveau qui reste favorable), sont au plus haut depuis 2001 ; l’offre de bureaux excédentaire commence à s’accompagner d’une baisse des prix ; l’offre de surfaces de vente a atteint son plus bas niveau depuis 1995 tandis que la production de logement s’est ralentie pour revenir à son niveau de 2001 et s’adapter à la demande depuis 2001. Les conditions sont réunies pour un atterrissage en douceur des prix dans un contexte où les taux d’intérêt devraient rester bas. D’autre part parce que les deux décennies entre 1995 et 2015 montrent que le rendement immobilier est resté PERFORMANCES COMPARÉES DU SPI ET DE SON SOUS-SECTEUR IMMOBILIER EN 2014 ET DEPUIS LE 1ER JANVIER 2015 YTD 2104 3% SPI INDEX 13% 9% REAL ESTATE HOLDING & DEVELOPMENT 14% Le sous-secteur «Real Estate Holding & Development » de l’indice SPI, composé de 16 sociétés pour une capitalisation boursière de 16’941 millions de CHF, a surperformé aussi 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% 16% bien en 2014 que depuis le début de l’année le SPI dont il représente seulement 1.09 %. indifférent aux cycles de taux longs. Il n’a d’ailleurs pas suivi la baisse récente des taux d’intérêt et offre aujourd’hui un rendement relatif très attrayant. Ainsi, si les experts qui valorisent les biens étaient amenés à baisser les taux de capitalisation provoquant ainsi une hausse des valeurs et une baisse des agios, la courbe de la prime de risque, qui atteint 2.5 % actuellement, ne devrait pas s’inverser dans un contexte de hausse probable des dividendes en 2015. BBGI Group table sur une prime de risque cumulée de 12.5 % sur un horizon de cinq ans. Les cours des fonds de placements devraient continuer à monter, les dividendes aussi. Des perspectives prometteuses et stables particulièrement attirantes pour les 59 investisseurs, privés ou institutionnels, caisses de pension en tête. Ces dernières profiteront à n’en pas douter de la possibilité qu’elles ont de porter la part des investissements dans des fonds immobiliers, suisses et internationaux Le diffé re n tiel de re nde me n t c o n tin ue r a de s o u te nir l’arbit r age de s pl ace me n t s oblig ataire s ve r s l’immobilie r jusqu’à 30 % de leur patrimoine (contre 20 % aujourd’hui). Et ce d’autant plus facilement que le nombre de véhicules de placement est en constante augmentation sur le marché de l’immobilier titrisé – dont la taille reste pourtant modeste, moins de 100 milliards de francs, soit quelque 4 % de la valeur totale du marché de l’immobilier (selon Wüest & Partner) –, un des derniers bastions où les rendements sont au rendez-vous. anne barrat pat rimoine ( S ) IMMOSCOPE / P OINT DE VUE Est-ce le bon moment pour investir dans l’immobilier ? Du côté des résidences secondaires, dans les stations de ski notamment, de nombreux objets sont sur le marché : d’une part les étrangers, découragés par le franc fort, souhaitent réaliser leur investissement, d’autre part la loi Weber a freiné les actes de construction et découragé certains acquéreurs. À cela s’ajoutent d’autres facteurs qui exercent aussi une pression baissière sur les prix dans les petites et moyennes stations : le vieillissement de la population suisse et la réduction du nombre de skieurs, le moindre appétit des acquéreurs étrangers et la vétusté des remontées mécaniques dans certaines stations. Olivier Parat te , directeur adjoint, Banque Pig uet Galland & Cie SA Le marché immobilier est un marché local et segmenté, il est difficile de répondre globalement à cette question. Ce qui est sûr, c’est que l’on a constaté un fléchissement des prix des logements en propriété individuelle (villas, appartements) depuis plusieurs mois. Il découle des nouvelles contraintes réglementaires, notamment celle selon laquelle le futur acquéreur doit apporter au moins 10 % de la valeur du bien estimée par la banque hors les avoirs du 2e pilier. Dans le canton de Vaud et d’autres cantons romands, les nouveaux objets qui arrivent à la vente permettent de répondre à la demande. Cette dernière est essentiellement liée à la pression démographique, or le solde migratoire baisse - même s’il reste positif (70 000 personnes en 2015). Preuve en est, le taux de vacance augmente, à Nyon et dans le Chablais notamment. Dans ce contexte, l’abandon du taux plancher pourrait encore renforcer la baisse des prix. Cela étant, une légère correction des prix, couplée à des taux d’intérêt historiquement bas, rend l’acquisition d’un logement plus intéressante que la location. On observe la même tendance baissière sur le segment des villas et appartements de luxe, qui a subi une correction de 15 à 20 % depuis 12 à 15 mois. Elle s’explique d’abord par les incertitudes sur les évolutions fiscales en Suisse, relatives notamment au régime des successions et aux forfaits fiscaux. Par le vieillissement de la population ensuite : de nombreux propriétaires âgés de luxueuses villas ont tendance à vendre pour acheter des appartements et se rapprocher des commodités offertes par un centre urbain. L’abandon du taux plancher a rendu ce type de bien immobilier encore plus cher pour un éventuel acquéreur étranger et aura probablement un effet marqué sur ce marché. Sur le segment de l’immobilier de rendement enfin, force est de constater qu’il a fortement augmenté ces dernières années essentiellement en raison de la baisse des taux d’intérêt et de l’attrait pour la «pseudo sécurité » que procure l’investissement dans la pierre. La mise en place de taux d’intérêt négatifs intervenue après la décision du 15 janvier dernier devraient probablement pousser encore les prix à la hausse, faute d’alternatives sur les marchés financiers, et par conséquent les rendements attendus à la baisse. La plus grande prudence s’impose donc pour les investisseurs privés, qui ont tout intérêt à faire réaliser un audit détaillé de l’évolution des revenus locatifs, des frais futurs et cachés, au regard des normes énergétiques en particulier. Une forte correction des prix pourrait survenir lorsque les taux d’intérêt partiront à la hausse. Afin de saisir les meilleures opportunités, tout investisseur, que ce soit pour l’acquisition de son propre logement ou d’un immeuble de rendement, doit intégrer dans sa réflexion les différents facteurs de risque que sont l’évolution des taux d’intérêt, des revenus et des charges à moyen et long terme et comparer méticuleusement les alternatives qui s’offrent à lui. La rentabilité de l’investissement doit couvrir les risques. 60 pat rimoine ( S ) IMMOSCOPE / e n t re tie n Le marché romand, une mine d’opportunités immobilières Entretien avec Bernard Nicod, 1er promoteur immobilier romand entre les prix de location et les prix de vente afin que celui qui hésite entre la location et l’achat bénéficie de critères objectifs de décision. Ce n’est pas le cas à Genève qui, contrairement au marché vaudois, souffre d’une pénurie de logements qui entretient des prix élevés. Genève n’a rien construit pendant dix ans alors que les besoins se chiffraient à près de 4’000 nouveaux logements par an au moins. Conséquence logique, le marché genevois engrange moins de quelque 4 milliards de transactions par an contre 8 milliards dans le canton de Vaud. Il a fallu attendre la fin de 2014 pour que la situation se débloque. Genève connaît une forte décorrélation entre les prix à la location et ceux à la vente. Quel rapport entre une PPE route de Florissant vendue 13 à 14000 francs le m2 et un appartement à de Malagnou, à une encablure, loué 190 francs le m2 ? Ce sont de telles distorsions que le marché est fort heureusement en train de corriger. Dans le domaine commercial, on assiste déjà à un tassement des prix, lié à une surproduction des surfaces d’activités. Par ailleurs, les taux de vacance augmentent. Bernard Nicod La corrélation entre l’achat et la vente, un must paroles d’entrepreneur et homme d’affaires sur les marchés immobiliers genevois et vaudois Si l’on passe au contexte économique général, force est de constater que tous les segments du marché immobilier suisse restent chers par rapport à leurs homologues européens. Et ce, principalement parce que les taux d’intérêt sont bas. Rappelons que le taux moyen de propriétaire s’élève à environ 35 % en Suisse, moins de 20 % à Genève. Si cette faiblesse des taux devait durer, tous les investisseurs en bénéficieront. Les ménages d’une part, qui arbitreront pour l’achat plutôt que la location dans un contexte où l’offre s’adapte à la demande après des années de décalage. Les investisseurs institutionnels d’autre part, qui se féliciteront de rendements de 4 % par an soit 40 % cumulés sur 10 ans. Il n’y a que là qu’ils trouveront de tel rendement associé à un niveau de risque presque nul dans les prochaines années. Le marché romand est une mine d’opportunités, il offre des affaires sur chacun de ses segments pour celui qui sait les saisir et les conclure. Sauf bien entendu à ce que des évolutions réglementaires ne viennent troubler les fondamentaux de la solidité du marché suisse Ainsi, si l’initiative sur les successions passait en juin prochain, ce serait le début de la fin du miracle suisse qui dure depuis près de 70 ans. Il faut commencer par dire que le marché romand n’est pas un marché mais des dizaines de micro-marchés. Rien qu’entre Montreux et Lausanne, il y a plus de 8 marchés différents. Et ça, en ne parlant que du segment de la propriété individuelle. Si l’on ajoute à cette diversité géographique celle liée à la segmentation sectorielle entre l’immobilier résidentiel (PPE), commercial (surfaces d’activités), de luxe, de rendement (location), on est face à une myriade de situations, que ce soit en termes de prix et de rendement. Cela étant dit, la conjoncture est différente de celle de 1996 où le mot d’ordre à tous nos clients était : «Achetez! ». Pour des raisons intrinsèques au marché immobilier d’une part, pour des raisons exogènes d’autre part. Tout d’abord, le marché romand, genevois en particulier, est aujourd’hui très cher et déséquilibré. Il devrait y avoir une corrélation permanente Le groupe Bernard Nicod en chiffres 26 chantiers représentant 325 millions de francs en 2015 – 11 bureaux – 450 à 500 millions de chiffre d’affaires de transactions annuel – 36’000 locataires – 6’500 copropriétaires 61 pat rimoine ( S ) IMMOSCOPE / q ue s tio n de droit Le point de vue du juriste Entretien avec Vincent Tat tini, Lalive Évolution du droit sur les successions L’acce p tatio n de ce t te initiative p or te r a u ne at tein te fatale à l a charpe n te d u tis s u éc o n omiq ue s uis se , le s pe tite s PME l’initiative populaire soit acceptée par le peuple et les cantons le 14 juin prochain, la rétroactivité, aussi choquante qu’elle puisse paraître, ne posera pas de difficulté dans la mesure où elle sera instituée directement par la Constitution fédérale. Les initiants affirment que la mise en œuvre de ce texte devrait rapporter un montant de l’ordre de CHF 3 milliards, ce qui est contesté par le Conseil fédéral ; les deux tiers de ce montant seraient alloués à l’AVS et le tiers restant aux cantons. Quatre conséquences au moins de cette initiative : i) elle porterait une atteinte à la répartition des compétences (fiscales) Confédération-cantons, ces derniers se voyant dépossédés d’une compétence de plus ; ii) elle spolierait les héritiers en ligne directe, puisqu’à l’heure actuelle, Elena Budnikova L’initiative populaire «imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS (Réforme de la fiscalité successorale) » déposée en 2011 par les partis de gauche veut diminuer la concentration des grandes fortunes aux mains de quelques-uns, ce qui améliorera l’égalité des chances (mêmes conditions initiales pour tous) et renforcera l’AVS à long terme. En substance, les auteurs de l’initiative proposent de taxer à hauteur de 20 % toutes les successions et donations, sous réserve d’une franchise, étant entendu que l’initiative prévoit une imputation rétroactive des donations à partir du 1er janvier 2012. Pour autant que Vincent Tattini seuls les autres héritiers sont taxés, de manière quasi généralisée, à des taux élevés ; iii) nombre de successions de PME seraient sévèrement compromises ; iv) le transfert des actifs immobiliers souffrira des mêmes atteintes que le transfert des entreprises. Nombre de successions deviendraient impossibles et les héritiers devraient se séparer d’un patrimoine familial souvent transmis depuis des générations. Exemples pratiques : la succession d’un immeuble ou d’une entreprise évaluée à CHF 1,9 million net ne sera donc pas taxée alors que celle évaluée à CHF 2 millions souffrira d’une imposition à 20 %, à savoir CHF 400 000.-. Les héritiers devront souvent s’endetter pour s’acquitter de l’impôt voire liquider à perte. L’acceptation de cette initiative porterait une atteinte fatale à la charpente du tissu économique suisse, les petites PME. Nombre d’entre elles changeront de génération au regard de la pyramide des âges suisses. En organisant le transfert de richesse vers l’AVS, cette initiative réduirait l’essentiel de ce tissu économique à une peau de chagrin, sans améliorer la situation des jeunes. 62 pully - 8/9 pièces - 215 m2 - réabilitation de qualité exceptionnelle Ascenseur Fr. 3’400’000.- Service des ventes villeneuve - 3.5 pièces - 95 m2 - pour investissement Situation idéale dès Fr. 560’000.- n? bie tre s vo nou ez znd te ve tac us on Vo C Fr. 2’650’000.- Charme de l’ancien Fr. 1’850’000.- Jacques Simon pully - 5.5 pièces - 165 m2 - Magnifique vue sur le léman Calme absolu Service des ventes Fr. 2’390’000.- Jacques Simon pully Sud - 3.5 pièces - 92 m2 - proche gare et commerce pully - 7.5 pièces - 266 m2 - villa d’architecte Quartier prisé lAuSAnne Centre - 5.5 pièces - vaste terrasse de 120 m2 Jacques Simon 021 310 25 15 | [email protected] | libre de suite Fr. 765’000.- www.regiegalland.ch Sylvie Ferment Nos courtiers sont certifiés pat rimoine ( S ) in ve s tir / L a Chro niq ue d u BAS Le cas Domosafety Elena Budnikova mentarité ont permis d’attirer d’autres compétences-clés dans leur sillage, permettant ainsi de combler les inévitables lacunes d’une jeune équipe. FRANK Gerritzen, Président Suisse romande, BAS P ou r nous , m e m br e s de l’a s s o c i at ion Busi n e s s A nge l s Switzerland1 (BAS), DomoSafety représente une sorte de «cas d’école » : né dans les laboratoires fertiles de l’EPFL, ce projet est à la fois high-tech et très concret, à la source d’un possible changement de paradigme dans la façon que la société a de s’occuper de ses aînés. DomoSafety (www.domosafety.ch). Ce qui nous a immédiatement séduits, le critère en fin de compte le plus important car sine qua non, c’est l’équipe : Édouard Goupy, jeune diplômé de l’EPFL et l’inventeur de la technologie, fervent ambassadeur de son produit, et Guillaume DuPasquier, l’homme du contact, l’enthousiasme incarné, l’infatigable pourfendeur des obstacles qui se dressent sur le chemin de toute jeune entreprise. Deux personnes qui se sont trouvées et dont la collaboration et la complé- Ce que DomoSafety fait : l’innovation et la propriété intellectuelle de l’entreprise résident dans un algorithme «apprenant ». Des capteurs installés au domicile des clients, en général des personnes âgées, enregistrent les mouvements, les ouvertures de porte, l’utilisation du frigo et de la cuisinière, même les heures de coucher. Non, ce n’est pas 1984 revisité. L’algorithme, après quelques semaines d’utilisation, apprend les us et coutumes de son client. Au fait de ses habitudes, il ne se «réveille » et ne donne l’alerte que si l’activité de la personne sort du cadre de référence donné et enregistré (avec une marge de tolérance réglable manuellement). Ce n’est donc que si quelque chose d’anormal se produit (chute, malaise et autres) que les proches, les soins à domicile ou les urgences sont avertis. Le reste du temps, rien n’est détectable et les informations ne sont pas gardées ou utilisées à d’autres fins. Imaginez-vous que l’algorithme est donc une personne de compagnie bienveillante, discrète, inexistante et, généralement, totalement oubliée, jusqu’au jour où…elle donne l’alerte. La mécanique (les capteurs) qui relaie l’information ne contient pas une technologie particulièrement innovante. C’est du matériel somme toute assez standard. Ces capteurs ressemblent furieusement à des détecteurs de mouvements (ce qu’ils sont) que l’on trouve dans n’importe quel environnement où le mouvement déclenche ici l’allumage de la lumière et là une alerte «intrusion ». Là où nos deux compères sont malins, c’est qu’ils utilisent des produits «off the shelf », donc bon marché, et ayant prouvé leur fiabilité, pour transmettre une information qui elle est tout, sauf anodine. Et c’est donc dans la lecture et l’interprétation de cette information que réside le vrai secret. Nous avons été séduits car DomoSafety répond à un réel besoin ; la preuve en est que de nombreux contrats ont déjà été conclus avec plusieurs cantons en Suisse. Quiconque jette un coup d’œil à la pyramide des âges en Suisse et dans le monde occidental2 (les pays en voie de développement ne sont d’ailleurs pas loin derrière) prend immédiatement conscience que la course à la construction de résidences pour personnes âgées est perdue d’avance : il faudrait en construire à tour de bras pour suivre le rythme si, et c’est un immense «si », les pouvoirs publics avaient l’argent3. Ils ne l’ont pas, le savent et ont pris note. Ils cherchent donc à garder les personnes âgées à la maison le plus longtemps possible. Malheureusement, les soins à domicile aussi sont sous une forte pression budgétaire. Une surveillance à distance déclenchant une intervention uniquement en cas de besoin est donc la parfaite réponse aux divers défis que pose le vieillissement de la population. Nous allons tous, à moins d’un pépin médical important, passer l’essentiel de nos vieux jours chez nous, ce qui est en 66 in ve s tir / L a Chro niq ue d u BAS fin de compte réjouissant. Mais nous devons pouvoir être «monitorés » (le terme «surveillés » a une connotation peu avenante) par notre famille, par des organismes sociaux déjà débordés et en sous-effectif chronique. DomoSafety permettra de répondre à cette demande sans surcharger le système et permettra de se concentrer sur les cas qui en ont besoin. DomoSafety est donc un service parfaitement en phase avec son temps, qui utilise la technologie au service de l’humain pour qu’il y ait plus de temps pour l’humain. Il est le produit de développement de logiciels complexes et sophistiqués et, en raison de la modestie de ses coûts d’implémentation, abordables par la plupart. Que peut-on rêver de mieux ? 1) Le BAS (www.businessangels.ch) est une association dont le but est de soutenir les start-up suisses, de promouvoir l’entrepreneuriat et de rendre le transfert de compétences entre personnes expérimentées et entrepreneurs plus efficace. 2)On estime qu’en Europe le nombre de personnes requé rant des soins à domicile va doubler entre 2010 et 2030 3) Les coûts moyens en Suisse pour vivre en EMS sont d’un peu plus de CHF 9’000, dont la moitié est financée par la famille et l’autre moitié par les pouvoir publics. En restant à la maison avec les services DomoSafety, on estime que les coûts ne dépasseraient pas CHF 5’000, donc un gain par personne de quelque CHF 50’000 par an. Quatre questions à Guillaume DuPasquier, associé de Domosafety SA : important. Un 2e aspect : après nous être plongés dans le monde des soins à domicile, nous avons constaté que la mobilité est un facteur important de l’état de santé d’une personne âgée. Donc la mobilité est un excellent «proxy » de l’état général d’une personne. En étant attentif à la mobilité, et particulièrement à la diminution de celle-ci, on a une fenêtre très transparente sur l’état de santé général. En quoi le BAS a-t-il permis le développement de la société ? Guill aume DuPasquier Comment vous est venue l’idée de créer un algorithme servant à monitorer les déplacementsdes personnes âgées ? Comme il arrive fréquemment dans la vie, la genèse de l’idée est étroitement liée à des expériences personnelles. Édouard (ndlr : l’initiateur de DomoSafety) et moi avons à des degrés divers été confrontés avec la vieillesse de membres de notre famille et les soins prodigués par les soins à domicile. Notre expérience nous a aussi montré que ces organisations, dévouées et pleines de bonne volonté, ne peuvent pas complètement remplir tous les besoins d’une personne en détresse. C’est donc aux proches aidants qu’incombe énormément de travail de présence et de surveillance. Or, les proches aidants ont aussi besoin de prendre du temps pour eux. L’idée que la famille et les amis puissent sortir de la maison de la personne âgée sans devoir se faire de souci était pour nous un objectif GDP : malgré tous les efforts prodigués par le cadre étatique (CTI, Innovaud, etc.…) il incombe toujours aux start-up de gagner la confiance des premiers investisseurs, ceux qui sur la base de la confiance et un bout de papier vont ouvrir leur portefeuille. C’est ce que le BAS a fait, ils ont pris le risque au moment où il était à son paroxysme : des engagements financiers avaient été faits par DomoSafety mais on n’avait encore qu’un prototype. Ils ont cru en nous. Quel est le plus grand souhait que vous formuleriez sur le développement de l’entrepreneuriat en Suisse ? Nous sommes dans la phase de commercialisation dans laquelle il est crucial de prendre rapidement des parts de marché ayant prouvé que nous avons développé une plus-value pour notre clientèle. La Suisse est un très bon terreau pour tester le marché mais c’est à l’international qu’il faut se développer pour faire du volume. La Suisse soutient l’entreprenariat et l’innovation et nous avons de la chance d’y avoir créé notre entreprise mais pour grandir il faut pouvoir trouver des fonds plus conséquent ce qui est paradoxalement plus difficile à trouver en Suisse. Mon souhait serait qu’un fonds d’investissement «startup » soit créé en collaboration avec d’autres pays dans le cadre d’accords de libres échanges et des multinationales Suisse afin d’aider les startups à se développer à l’internationale. Cherchez-vous encore des investisseurs et pourquoi ? Nous cherchons pour la phase commerciale et de Business Development 1,5 M, dont 25 % ont été sécurisés. Notre objectif, avec ces fonds, est de rentrer dans les chiffres noirs fin 2016, de nous établir en Allemagne, marché très comparable à celui de la Suisse. Une partie de ces fonds servira aussi à sécuriser davantage notre propriété intellectuelle. 67 pré se n te n t Le Online Trading Challenge rejoignez notre communauté et devenez le meilleur investisseur du marché Ve ne z te n te r Vo t re cha nce s ur : w w w.b b gigro up s urVe y.c om e t s ur : w w w.mark e t.ch pat rimoine ( S ) in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag LA NOUVELLE LUTTE DE 2015 cas durant la période déflationniste de 1930, cela a été aussi le cas plus récemment en Islande, en Irlande et en Grèce. L’entrée en déflation est un cercle vicieux puisque, dans un contexte de baisse des prix, les ménages ont le réflexe de différer leurs dépenses, en misant sur des prix toujours plus bas. La chute de la demande se répercute alors sur la production, entraînant des pertes pour les entreprises. Celles-ci sont alors contraintes de réduire les salaires, puis de licencier. Pourquoi la déflation n’est-elle pas une bonne nouvelle ? Si certains économistes vantent la baisse des prix en arguant qu’elle se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat, leur pari est très dangereux. En effet, s’il est exact qu’une inflation négative temporaire est positive pour le panier de la ménagère, ne pas combattre les prémisses d’une déflation est extrêmement risqué. Même temporaire, la John Plassard, membre de l’ISAG, Directeur adjoint Mirabaud Securities Alors qu’en 2014, la lutte contre le déficit était la priorité absolue des banques centrales, la lutte contre la déflation sera le thème économique dominant en 2015. Entre baisse des taux et lancement d’assouplissements quantitatifs sans précédent, le combat est-il perdu d’avance ? Analyse sous forme de questions/ réponses. En quoi consiste la déflation ? Selon la théorie, la déflation se caractérise par des anticipations de baisse générale des prix sur une période de plusieurs trimestres au moins. Elle est généralement la conséquence d’une demande globale qui ne suffit pas à absorber la quantité de biens et services produits par l’économie. Le problème principal du phénomène de la déflation tient au fait que, lorsqu’il se produit, il est trop tard pour agir. C’était le P o ur s or tir de l a s pir ale défl atio n nis te de 19 3 0, il a fall u at te ndre Roo se velt e t u ne p olitiq ue d ’in ve s tis se me n t public. P o ur a ppliq ue r u ne telle politiq ue e n z o ne e uro, il faudr ait dé pa s se r ce tab o u alle ma nd q ui refu se d ’a dme t t re q u’e n pé riode de crois s a nce at o ne , l’É tat d oit s timule r l a de ma nde e n in ve s tis s a n t dava n tage déflation a des conséquences négatives pour l’État puisque ses revenus sont directement liés au niveau des prix affichés : à cet égard, l’exemple de la baisse du prix de l’essence à la pompe est assez clair! À cela vient s’ajouter le fait que les États endettés, tout comme les individus, sont également pénalisés par la déflation. En effet, le taux d’intérêt réel étant corrigé de l’inflation, dans une période de baisse des prix, cela se traduit par une valeur de taux effectif plus élevée : soustraire une inflation négative augmente donc le taux d’intérêt réel. Quel est le pays déflationniste par excellence ? Lorsqu’on parle de déflation, plusieurs exemples viennent immédiatement à l’esprit mais la déflation japonaise fait partie des «cas 69 in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag d’école ». En effet, pour sortir le pays de plus de vingt ans de déflation, le gouvernement de Shinzo Abe a lancé, depuis avril 2013, des mesures d’assouplissement monétaire. Mais pour l’instant, on n’observe pas d’amélioration notoire. Bien que les prix aient augmenté depuis plus de vingt mois, le rythme de leur progression ne cesse de décroître. La faible hausse de janvier 2015 s’explique essentiellement par la chute des prix du pétrole. Quant aux données préliminaires pour février, elles indiquent une baisse de 0,3 % des prix à Tokyo, hors denrées périssables, énergie et impact de la hausse de la TVA. Le retour en territoire négatif avant l’été n’est donc pas exclu. Quelle est la situation actuelle dans l’Union européenne ? Les craintes de déflation n’ont jamais été aussi vives en Europe. Les prix à la consommation ont encore reculé sur un an en mars dans la zone euro. Ces prix ont baissé de 0,1 % en rythme annuel dans les 19 pays partageant l’euro. L’Europe n’est donc pas loin de rentrer dans cette fameuse baisse durable et générale des prix. Seuls cinq parmi les 28 membres de l’Union européenne affichent encore une inflation positive et sur ces cinq, deux seulement, l’Autriche et Malte, font partie de la zone euro. Pour ce qui est de la Grèce, il faut remonter à février 2013 pour observer une inflation positive! Comment lutter contre la déflation ? Il n’y a pas une, mais plusieurs réponses à cette question. La baisse des taux tout d’abord. Au 1er mars 2015 et depuis le début de l’année, 21 banques centrales avaient déjà baissé leurs taux d’intérêt pour lutter contre l’absence d’inflation et éviter à tout prix la déflation. Ce nombre, déjà historique, devrait encore s’accroitre cette année. Mais est-ce réellement la seule solution ? donc un effet négatif sur la demande. La zone euro se trouvant déjà au bord de la déflation, la baisse du prix du baril de pétrole ne serait donc qu’un facteur aggravant et non un facteur déclencheur. Le combat est-il perdu d’avance ? On l’a vu précédemment, l’entrée en déflation de la zone euro serait catastrophique car elle durerait un certain temps. Le plus gros risque aujourd’hui réside dans le fait de nier la réalité d’un risque de déflation structurelle en zone euro car cela conduirait à des politiques économiques inappropriées. Aux États-Unis, c’est la peur qui pourrait faire retomber l’économie mondiale en déflation en forçant la Réserve fédérale américaine à remonter ses taux trop rapidement, tuant ainsi la croissance dans l’œuf. Si la guerre contre la déflation n’est pas encore perdue, en zone euro, la première bataille l’est, du fait du manque de réactivité de la BCE. Il convient donc de ne pas perdre davantage de temps et d’agir. Sans aucune garantie cependant. Le cas, quoiqu’extrême, de 1930 peut être utilisé à titre d’exemple. Pour sortir de cette fameuse spirale déflationniste, il avait fallu attendre Roosevelt et une politique d’investissement public. Pour appliquer une telle politique en zone euro, il faudrait en premier lieu dépasser le tabou allemand qui refuse d’admettre qu’en période de croissance atone, l’État doit stimuler la demande en investissant davantage. Le débat sur l’investissement devrait donc s’intensifier ces prochains mois. Si la mise en œuvre de mesures non conventionnelles en zone euro représente une première avancée, il faut cependant rappeler que l’effet de richesse est moins sensible qu’en Grande-Bretagne ou aux ÉtatsUnis. La lutte contre la déflation passe aussi par une série de réformes structurelles (marché du travail, fiscalité, retraites, système éducatif) qui ont pour but de réduire le poids de la dette. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MAGAZINE DE LA GÉOPOLITIQUE, DE LA FINANCE ET DE LA CULTURE. La baisse du prix du pétrole est-elle trompeuse ? ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH Contrairement à ce que l’on peut penser, cette baisse ne provoque pas de déflation dans un premier temps. Elle est même plutôt positive. Cependant, dans un deuxième temps, il peut y avoir un risque de déflation à travers une hausse anormale des taux d’intérêt réels et 69 chf pour 1 an - 119 chf pour 2 ans MARKET_Auto-pub-104.80x55mm_russe2.indd 1 70 03.07.14 10:27 communiqué WnG Solutions : un savoir-faire digital Qu’est-ce que le e-marketing ? Le e-marketing ou marketing digital regroupe l’ensemble des méthodes et pratiques marketing sur Internet. Notamment, la communication en ligne, les réseaux sociaux, l’optimisation du référencement et la création de trafic sur les supports numériques (ordinateurs, téléphones mobiles, tablettes, etc.). Ces nouvelles techniques de marketing changent de façon radicale la manière d’appréhender la relation avec le consommateur, en élevant celle-ci à un niveau jamais atteint auparavant. L’interaction permanente permet d’optimiser la relation avec ses consommateurs et d’avoir pour objectif avoué la transformation de leur visite en achat et la fidélisation à tout prix. Quid des procédés utilisés ? Le marketing digital utilise des outils à son image : référencement, lettre d’information, publipostage, publicité électronique et médias sociaux, mais également des moyens plus subtils comme les cookies, iptrackers, géolocalisation. Ces techniques peuvent se résumer en un acronyme : SoLoMo soit Social, Local, Mobile, à l’image du réseau So(cial) Facebook, qui est utilisé le plus souvent sur des téléphones Mo(biles) et qui utilise la géo-Lo(calisation). L’avenir du e-marketing se trouverait-il dans ces trois mots ? La façon de consommer en ligne des clients a fondamentalement changé. C’est pourquoi, les entreprises sont obligées de faire évoluer leurs stratégies marketing en ciblant les consommateurs non plus seulement sur Internet, mais sur l’ensemble des médias numériques. Il n’est pas évident aujourd’hui de s’y retrouver parmi toutes ces nouvelles possibilités. En cela, l’agence de communication digitale WnG Solutions, basée à Genève, Lausanne, et Martigny, peut vous accompagner grâce à son expertise dans le marketing digital. Avec des clients aussi variés que La Halle, l’Opéra de Lausanne, le Beau-Rivage Palace, les montres Valbray ou encore Moët&Chandon, l’agence se positionne comme un leader sur le marché du e-marketing avec de très bons résultats pour ses clients. La société propose aux entreprises trois axes pour entrer dans l’ère du e-marketing. Premièrement, le «social media » ou l’art d’intégrer les réseaux sociaux dans la stratégie d’entreprise. En créant un dialogue avec sa cible, la marque rassemble et engage ses fans. À l’instar de Facebook, Twitter vient d’étendre son service de publicité - Twitter Ads - à la Suisse. Il permet de sponsoriser des tweets, afin d’accroître leur diffusion et leur impact sur les personnes cibles. Aujourd’hui, ce sont plus de 600 000 Helvètes qui utilisent chaque mois ce réseau. Une vraie bonne raison d’utiliser cet outil très prometteur. Le second axe est le «search marketing » ou SEO/SEA, ayant pour objectif la visibilité de l’entreprise grâce à un référencement naturel ou payant, optimisé grâce à l’aide de spécialistes agréés par Google. Finalement, WnG Solutions met à disposition de ses clients un logiciel d’e-mailing novateur, ainsi que ses connaissances techniques et stratégiques pour gérer des campagnes de grande envergure. www.wng.ch pat rimoine ( S ) in ve s tir / idée ( s ) b u sine s s L’art du détail Entretien avec Joseph Bato, Fondateur de BL VISON BL VISION SA est une entreprise d’avant-garde qui a fait de la photolithographie son domaine de prédilection. Après plus de 20 années d’existence, la société compte parmi ses clients des grandes marques comme Breitl ing, H a rry W inston, Globa l Luxury, Hostettler, Jaeger-Le Coultre, JeanRichard, Roland Iten, Scott, Switcher et Tissot. market s’est entretenu avec son fondateur Joseph Bato, afin de découvrir ce qui a fait le succès d’une entreprise entièrement dé dié e au se rv ice de l’im age , dans ses moindres détails. Joseph Bato, pouvez-vous nous décrire votre parcours ? Arrivé des États-Unis en 1982, j’ai travaillé au sein de diverses sociétés en Suisse, spécialisées dans le domaine des arts graphiques et de la photolithographie notamment. C’est là que je me suis pris de passion pour cette discipline tout à fait particulière, exigeante et minutieuse. Fort de mon expérience professionnelle, c’est en 1994 que j’ai décidé de fonder la société BL Vision SA, dont le domaine de prédilection est précisément la photolithographie. Comment est née l’idée de BL Vision ? J’avais envie de prendre en main mon destin, mais aussi d’être plus indépendant. Le fait de pouvoir décider et d’agir immédiatement sans en référer à une quelconque hiérarchie pour développer de nouvelles idées était important pour moi. Dans le domaine des arts graphiques, l’écoute du client et la réactivité sont les clés de voûte de la réussite. Je suis moi-même exigeant de nature et parfaitement conscient Joseph Bato que dans un monde d’images, la perfection du rendu est essentielle. Pour ça il faut un matériel de pointe, une équipe consciencieuse et motivée et un respect absolu du travail et des compétences de l’autre au sein de l’équipe. Il y a dans l’histoire de BL Vision – qui a fêté ses 20 ans en 2014 - un vrai tissu de relations affectives avec les 14 salariés qui m’accompagnent – pour la plupart d’entre eux - depuis le début. Au-delà du défi personnel de l’entrepreneur, il y a une belle histoire humaine, presque une histoire de famille. La part de technologie doit être très importante dans votre activité ? Et les investissements financiers pour rester à la pointe doivent être colossaux ? Nous travaillons avec des outils informatiques de pointe. Les investissements sont à la hauteur de ce que l’on peut offrir de mieux à nos clients ; pour ce faire nous veillons à suivre les tendances du marché et à rester constamment à la pointe de la technologie en investissant de manière suivie et régulière. 72 in ve s tir / idée ( s ) b u sine s s Quelle est la clientèle visée ? Pourquoi ? Nous avons avant tout une clientèle haut de gamme, active notamment dans le secteur horloger, textile, et même sportif, car notre personnel, très qualifié et performant, est à même de répondre à toutes les demandes de quelque domaine qu’il s’agisse. L’intérêt est de montrer le détail des choses avec une minutie extrême : nous nous comparons au microscope qui doit permettre au lecteur/client/public d’appréhender le détail de l’infiniment petit. L’horlogerie en cela est, il est vrai, notre secteur de prédilection car chaque modèle placé sous nos projecteurs est une constellation de détails techniques. Quels sont les besoins spécifiques de vos clients ? Nos clients ont besoin d’une équipe à leur écoute, d’une disponibilité sans faille, ainsi que d’une connaissance optimale du marché et de la concurrence. Le suivi du travail, du stade créatif jusqu’à l’impression est capitale et seul garant d’une qualité optimale dans le rendu des travaux. Si l’on considère que notre société moderne, c’est avant tout le triomphe de l’image, pensez-vous que votre secteur d’activité va encore se développer, ou au contraire vos services resteront-ils des produits sur mesure destinés aux grandes marques de l’industrie ? Oui, je pense que notre secteur d’activité va continuer à se développer. C’est une nécessité absolue car avec le développement continu des performances techniques, les exigences augmentent. Marie, photographe T r availle r l’image e s t u ne forme de p oé sie q ui u tilise simple me n t au t re cho se q ue l a magie e t l’ord o n n a nce me n t de s mo t s : il y a l’omb re e t l a l umiè re , l a s ub tilité de s c o ule ur s , e t le maté riel de p oin te q ui d oit app or te r u ne s or te de mag nifice nce au x ré s ultat s Ce que l’œil voit doit être non seulement précis mais parfaitement conforme à la réalité du produit quel qu’il soit. Le client doit être satisfait et ce, quelle que soit sa demande. Obtenir cette satisfaction est un défi que nous sommes fiers de relever. L’aboutissement de tout cela est le retour de ce même client à la faveur d’une autre campagne. On ne fidélise les gens qu’en essayant – modestement – de tendre vers la perfection. Travailler l’image est une forme de poésie qui utilise simplement autre chose que la magie et l’ordonnancement des mots : il y a l’ombre et la lumière, la subtilité des couleurs, et le matériel de pointe qui doit apporter une sorte de magnificence aux résultats. 73 Quelle est votre conception du luxe ? Un produit de luxe est un produit d’une grande qualité, raffiné, coûteux et rare et, si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire, il y a aussi un aspect d’inutilité qui nous ramène à une notion de superflu donc de plaisir. Moi j’ y ajouterais une notion de rareté. Le luxe à mon sens se mérite et celui qui est en charge d’en colporter l’image doit se rapprocher au maximum de la perfection du résultat. Selon vous, qu’est-ce qu’une belle image ? Dans notre société de consommation, une belle image pourrait être une image qui plaît au plus grand nombre de personnes. Je pense, pour ma part, que c’est une image qui suscite une émotion forte à la fois de par sa qualité que de par son sujet. L’émotion est le ressenti de l’âme, c’est ce qui nous rappelle que nous sommes vivants… et que «même si la vie ne vaut rien… rien ne vaut la vie ». Les belles images sont des catalyseurs de ces émotions-là! pat rimoine ( S ) in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING CHF : Un mois de mars sans encombre Elena Budnikova mique » affichent respectivement +0.82 %, +0.77 % et +0.72 % sur la période. Les performances observées pour les trois indices BBGI Private Banking durant le premier trimestre sont également positives, avec un avantage assez net pour l’indice au niveau de risque le moins élevé. Al ain Freymond, Associé BBGI Group À l’ e xc e p t io n d e s m at i è r e s premières, toutes les classes d ’ac t i fs on t e n r e gis t r é de s résultats positifs au cours du mois dernier. En conséquence, les stratégies «risque faible », «risque modéré » et «risque dyna- En mars, et surtout en première partie de mois, les différents marchés actions ont profité d’un climat d’investissement favorable. En effet, le stimulus monétaire européen, ainsi que la relative patience affichée par la Réserve Fédérale américaine dans la mise en place de sa prochaine remontée des taux d’intérêt, ont contribué aux bons résultats enregistrés par les actions suisses. Celles-ci ont notamment effacé leurs pertes causées en janvier par la fin du taux plancher par la Banque nationale suisse et ainsi progressé de +2.41 % sur le mois. À l’inverse, les actions internationales bénéficiaient surtout quant à elles de l’effet de change positif (USD/CHF +1.93 %) et terminaient en hausse de +0.33 %. Le private equity, avec +0.77 %, enregistrait des résultats similaires à ceux obtenus par les placements à revenus fixes (+0.93 % et +0.80 % pour les obligations suisses et internationales). L’immobilier international affichait une hausse de +1.74 %, tandis que la gestion alternative parvenait à tirer son épingle du jeu (+2.27 %). Enfin, les matières premières, plombées par la baisse des cours des produits pétroliers ou encore du nickel, ont perdu -5.01 % malgré l’effet devises. En ce qui concerne les performances du premier trimestre, les indices BBGI Private Banking affichent respectivement +1.26 %, +0.97 % et +0.64 %, Performances du mois de fevrier 0.9% 3% 0.82% 0.77% 0.72% 0.8% 0.80% 2.41% 0.33% 0.77% 2.27% 1.74% 2% 1% 0.7% 0% 0.6% -0.35% -1% 0.5% -2% 0.4% 0.3% -3% 0.2% -4% 0.1% -5% 0% -6% PB LOW RISK PB MEDIUM RISK PB DYNAMIC RISK -5.01% OBLIGATIONS CH OBLIGATIONS INT. 74 ACTIONS CH ACTIONS INT. PRIVATE EQUITY GESTION ALTERN. IMMOBILIER INT. MATIÈRES PREMIÈRES in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING indice «risque faible » en tête. Finalement, après un mois de janvier des plus mouvementés et l’appréciation brutale de notre devise, il semble bien que la situation soit en passe de se normaliser. Seules trois classes d’actifs demeurent en terrain négatif sur le trimestre : les matières premières (-10.21 %), les obligations internationales (-4.63 %) ainsi que la gestion alternative (-0.15 %). Les obligations suisses figurent en tête des résultats positifs (+3.40 %). Après un mois de février marqué par des performances particulièrement satisfaisantes pour les indices BBGI Private Banking en CHF, le mois de mars a été davantage caractérisé par une normalisation des actifs en CHF, qui s’est traduite par des performances moins affirmées, bien que positives pour la quasi-totalité des classes d’actifs. En raison d’importantes pertes des matières premières - impactées par la baisse des cours des produits pétroliers principalement – l’indice BBGI Private Banking «risque faible » arrive en tête, celui-ci détenant une part moins importante de cette classe d’actifs. Il progresse ainsi de +0.82 %, suivi de près des indices «risque modéré » (+0.77 %) et «risque dynamique » (+0.72 %). Au premier trimestre de l’année 2015, les fonds de placement observés obtiennent des performances peu affirmées, conséquence des lourdes pertes sur les marchés en janvier, de l’important effet de rattrapage qui a suivi en février et des résultats peu affirmés de mars, caractéristiques d’une normalisation des cours. Les 75 fonds de placement présentant un niveau de risque intermédiaire arrivent en tête avec une moyenne de +0.98 %, suivi de performances de +0.84 % pour la catégorie «risque dynamique » et de +0.22 % pour les fonds de placement les moins risqués. En hausse de +1.26 %, l’indice BBGI Private Banking «risque faible » affiche la plus grande surperformance sur l’univers de fonds de placement correspondant (104.12 PDB). Sur dix ans glissants (mars 2005 – mars 2015), les trois indices BBGI Private Banking obtiennent des performances quasi-similaires avec +3.77 pour l’indice «risque modéré », +3.75 % pour l’indice «risque dynamique » et +3.70 % pour l’indice «risque faible ». La moyenne des fonds caractérisés par un niveau de risque faible atteignant un résultat de +1.78 % sur la période, l’écart de performance entre les résultats de l’indice «low risk » et la progression moyenne de ces fonds atteint plus de 191 points de base. in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING Votre portefeuille le mois dernier, depuis le début de l’année et sur dix ans Indice BBGI Private Banking « risque faible » (ipbl) Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBM) fév. IPBL 3,05 % Moyenne des fonds 2,34 % écarts en PdB 71 YTD 0,44 % -0,13 % 10 ans 3,74 % 1,78 % fév. ipbm 4,56 % Moyenne des fonds 3,73 % écarts en PdB 83 57 YTD 0,20 % 0,37 % -17 196 10 ans 3,85 % 2,45 % 140 fév. ipbd 6,07 % Moyenne des fonds 5,10 % Écarts en PdB 96 YTD -0,08 % 0,13 % -22 10 ans 3,86 % 2,73 % 113 Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBD) *L’univers de fonds suisses est constitué de fonds diversifiés, regroupés en trois catégories de risques correspondant aux indices BBGI Private Banking. Ces trois univers ont été constitués sur la base des indications fournies par les promoteurs des fonds et des allocations d’actifs publiées. Relevons que, au contraire des fonds, les indices BBGI n’incluent pas de frais de transactions. Sans être totalement exhaustifs, ces univers sont représentatifs du marché suisse des fonds destinés au public. Les compositions détaillées des univers et des indices sont disponibles auprès du service de recherche de BBGI Group (022 595 96 11). 76 Ondes pOsitives www.onefm.ch · www.facebook.com/onefm.ch 107.0 Genève · 107.2 Lausanne · 107.9 nord-vaudois · 99.3 riviera · 97.0 Yverdon-Les-bains, PaYerne pat rimoine ( S ) in ve s tir / GOUVERNANCE Conseil d’administration : État des lieux de la gouvernance Entretien avec Vincent Tat tini, Étude Lalive m a r k e t a l e pl a isi r d ’ ou v r i r u n e nou v e ll e rubrique dédiée aux conseils d’administration et leurs meilleures pratiques de gouvernance. À cet effet, la rédaction a demandé à Maître Vincent Tattini (Étude Lalive, Genève) de dresser un état des lieux sur la gestion de compétences des administrateurs de sociétés non cotées, à partir de l’enquête du Swiss Board Institute 2015. Maître Tattini, vous avez présenté les résultats de cette enquête le 5 février dernier, combien d’administrateurs y ont pris part ? 280 administrateurs ont pris part à l’enquête. 84,4 % de ceux-ci sont des hommes, d’une moyenne d’âge de 51 ans. 22,4 % sont membres d’un seul conseil, 19,2 % de deux et 14,7 % de trois. Les autres assurent plus de quatre mandats. 50 % des administrateurs siègent dans des conseils exclusivement composés d’hommes ; 32 % des conseils comprennent un administrateur indépendant ; 17,4 % deux et 12,5 % trois. Trois buts principaux étaient visés. En premier lieu mieux comprendre comment les conseils s’interrogent sur les compétences requises pour leur bon fonctionnement, ensuite faire l’état des lieux des compétences déjà présentes et enfin déterminer la dynamique à l’œuvre dans les conseils. Sur le premier point, on constate que 37,9 % des conseils ne mènent aucune réflexion à cet égard, alors que 29,7 % s’interrogent exclusivement lors de nouveaux recrutements et 29,7 % mènent une réflexion à intervalles réguliers (de un à trois ans). Sur le second point, il s’avère que les administrateurs estiment que les conseils sont dotés de manière plutôt satisfaisante en matière de gestion financière (5/6), de connaissance de l’industrie (4,9/6) et de stratégie (4,5/6). De manière surprenante, lorsque l’on demande de désigner les compétences qui seront les plus utiles dans les prochaines années, la stratégie prend le premier rang (45,2 % du premier choix). Viennent ensuite la connaissance de l’industrie (deuxième choix, 25,9 %) et la gestion des risques (troisième choix, 27 %). Plusieurs administrateurs interrogés en tête à tête soulignent l’importance de la stratégie, mais divergent sur le mode d’acquisition de celle-ci. La tendance est toutefois 78 Elena Budnikova Quels étaient les principaux objectifs de cette enquête ? Vincent Tattini à mettre en avant l’importance primordiale du choix des administrateurs et la mise à leur disposition d’outils permettant la prise de décision. Enfin, sur le troisième point, il ressort des résultats que 59,9 % des administrateurs estiment que la dynamique de leur conseil permet à tous les administrateurs d’exercer au mieux leurs compétences ; 31,7 % partagent cet avis concernant seulement certains administrateurs et pour 8,4 %, la dynamique de leur conseil ne permettrait à aucun des membres du conseil d’exercer leurs compétences à satisfaction. Les administrateurs soulignent le rôle primordial du président du conseil, in ve s tir / GOUVERNANCE des compétences qui doivent être les siennes pour permettre à chaque membre d’exprimer au mieux ses compétences et ses talents. L’accent est également mis sur l’importance de la qualité et de la diversité des membres, de sorte que le conseil ne fonctionne pas dans une sorte de zone de confort, mais accepte de discuter, parfois âprement, les décisions, sous la conduite éclairée du président. Avez-vous constaté un souci d’adéquation entre les compétences que les administrateurs estiment nécessaires pour leur conseil et les derniers recrutements effectués ? La composition de 36,1 % des conseils n’a pas été modifiée au cours des trois dernières années. Pour les autres, les compétences les plus recherchées lors des derniers recrutements étaient en premier lieu des compétences juridiques et de gouvernance (33,8 %), des compétences financières (28,2 %) et des compétences en marketing (25,4 %). Ces résultats sont partiellement en contradiction avec les compétences que les administrateurs ont identifiées comme nécessaires dans les années à venir (stratégie). À souligner que dans 27,3 % des cas, un cahier des charges est défini. Dans 21,4 %, le processus est formalisé et dans 13,6 %, les conseils recourent à des externes. Ces résultats mettent en évidence un changement important dans le processus de recrutement en ce que même dans les entreprises non cotées, les processus de recrutement se formalisent à mesure que la fonction d’administrateur se professionnalise. Pouvez-vous préciser cette tendance à la professionnalisation ? À leur entrée en fonction, 69,9 % des administrateurs n’ont jamais été formés, à savoir introduits à l’entreprise et à ses spécificités. Lorsque c’est le cas, c’est la direction qui s’en charge, généralement lors d’une discussion (78 %). En cours de mandat, 69,1 % des administrateurs ne bénéficient d’aucun programme de formation continue ; 28,5 % bénéficient de programmes de formation continue, mais sans budget ad hoc et seuls 2,4 % des administrateurs bénéficient d’un programme de formation formalisé doté d’un budget topique. Les administrateurs soulignent l’importance de la formation initiale pour assurer le bon fonctionnement du conseil. En l’absence de connaissance de l’entreprise, les administrateurs ne peuvent pas participer efficacement au processus décisionnel. S’agissant de la formation des conseils et des administrateurs à titre individuel, 41,7 % des administrateurs estiment que les conseils ont d’abord besoin de clarifications sur le rôle et les obligations de l’administrateur et sur les attentes dont il fait l’objet. Viennent ensuite les compétences stratégiques (38,5 %), la connaissance de l’industrie (35,9 %) et les compétences juridiques (25 %). À titre personnel, les administrateurs ont d’abord soif de formations afférentes aux compétences stratégiques (20,5 %), puis à la connaissance de l’industrie (17,9 %). L’enquête révèle-t-elle une composition caractéristique des conseils d’administration (genre, expérience, compétences) ? Invités à désigner les changements souhaitables dans la composition des conseils, une majorité importante des administrateurs, 51,2 %, appellent à plus de diversité, 20,4 % souhaitent une augmentation du nombre d’administrateurs indépendants, 10,5 % proposent de diminuer À le ur e n t rée e n fo nc tio n , 6 9,9 % de s a dminis t r ate ur s n ’o n t jamais é té formé s , à s avoir in t rod uit s à l’e n t re prise e t à se s s pécificité S le nombre d’administrateurs et enfin 10,5 % appellent à un changement de présidence. La majorité des administrateurs appelle à une diversification de la composition de leur conseil. Et comment les conseils s’évaluent-ils eux-mêmes ? 61,6 % des conseils se fixent des missions clefs et 84,7 % se fixent des objectifs pour servir ces missions clefs. Ces missions tendent d’abord à augmenter l’utilité du conseil et sa valeur (71,1 %), ou encore à en améliorer le fonctionnement (30,1 %). Seuls 9,6 % des conseils se fixeraient d’autres missions clefs, en lien notamment avec l’évolution stratégique, la croissance et la pérennisation des activités de l’entreprise. Dans 66,5 % des cas, le conseil n’a pas procédé à son évaluation formelle au cours des trois dernières années ; dans 8,2 % des cas, il ne l’a pas fait mais envisage de le faire. Lorsqu’une évaluation est effectuée, elle est d’abord le résultat d’une discussion plénière (53,7 %). Dans 19,5 % des cas, un externe conduit l’évaluation ou bien y prend part. Enfin, dans 65 % des cas, elle est suivie de propositions d’actions. Malgré l’absence d’évaluation presque généralisée, les administrateurs plaident de manière unanime pour que des évaluations de l’activité du conseil soient effectuées, même si les enjeux et la sensibilité n’échappent à personne. Les bénéfices en seraient incalculables. 79 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Haute horlogerie : 12 acteurs d’influence «Horloge, Dieu sinistre, effrayant, impassible/(…) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues/Q u’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or! » disait Baudelaire en évoquant sa condition de mortel. maîtres horlogers sont devenus des «Chronos modernes », détenteurs d’un savoir inestimable, qu’il est important de transmettre aux générations futures… ? Il n’y a qu’un pas ! À la fois intemporel et actuel, unique et authentique, innovant et luxueux, tels sont les maîtres mots employés par les acteurs de ce 7e «Index influence » de Market, pour décrire leurs précieux garde-temps. Il est donc temps de laisser la parole à ces «gardiens d’éternité » de la Haute horlogerie. À l’origine, un «garde-temps » était un instrument horloger d’une très grande précision, qui avait pour but de mesurer et de conserver le temps. De nos jours, le terme conserve cette acception, mais s’est élargi, en prenant également le sens plus général de «montre ». Est-ce à dire que les 80 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Stanislas De Quercize CEO et président de Cartier International Stanislas De Quercize est diplômé de l’École supérieure de commerce de Rouen. Il rejoint le groupe Richemont en 1989, comme directeur général d’Alfred Dunhill et de Montblanc en France. De 1994 à 1997, il est nommé président et CEO de Montblanc aux États-Unis, puis il émigre vers Londres au siège d’Alfred Dunhill en tant que directeur international du marketing. Mais c’est en 1999, qu’il est sollicité par Cartier France, pour lequel il assume les fonctions de directeur général à Paris, puis président de Cartier à New-York en 2002. Il succède finalement à Bernard Fornas à la tête de Cartier International, au début de l’année 2013. «L’influence est aussi omniprésente que difficile à cerner. Je pense que l’influence, c’est avant tout vouloir convaincre en donnant envie. J’ai la chance de faire partie d’une Maison qui donne plus qu’envie : Cartier fait rêver. Je partage avec mes équipes cette volonté de faire rêver nos clients avec nos créa- tuent. Or, une signature, c’est une garantie. Le luxe a cette force de vous connecter avec plus de sens, plus d’humanité. Il donne accès à une forme d’éternité. Un véritable objet de luxe est le fruit d’une activité inscrite dans le temps, celle qu’imprime la main de l’homme. Cette aspiration je l’avais en moi depuis longtemps : je suis né à Reims ; jeune homme, je faisais les vendanges et c’est là que j’ai appris que pour faire des cuvées exceptionnelles, il faut garder le vin longtemps. C’est le secret des grands champagnes et cela m’est resté. L’audace est à l’origine même de l’histoire de la Maison, et c’est une valeur à laquelle je suis particulièrement attaché. Elle a guidé les frères Cartier dans leur aventure, et leur ambition de conquérir le monde, et de faire de Cartier le premier joaillier. L’audace, c’est cultiver un certain panache. C’est ne rien s’interdire, c’est sans cesse repousser les limites. Ouvrir de nouvelles voies, oser. Je crois aussi fermement en la force de la générosité : le beau nous anime, nous porte, nous pousse toujours vers de nouvelles conquêtes. Mais le beau c’est aussi ce qui se transmet et se partage. Nos créations sont réalisées pour être transmises. La générosité se vit au sein même de notre Maison, dans la transmission des savoir-faire entre les générations pour que perdurent des gestes uniques, et rares. Aujourd’hui Cartier est un acteur incontournable de l’horlogerie, et nos efforts reposent clairement sur la créativité et l’innovation pour surprendre et garantir la performance et la fiabilité. Pour cela, Cartier s’est donné les moyens de ses ambitions en investissant largement dans le domaine de la Haute Horlogerie. Notre Manufacture intègre aujourd’hui tous les aspects de l’horlogerie, du dessin de conception à l’assemblage final. U ne gr a nde mo n t re c ’e s t u n prol o n ge me n t d ’u ne pe r s o n n alité , u ne œ u vre q ui s’a pprécie avec le te mp s . tions. C’est lorsque nous arrivons à émouvoir nos clients que je peux, d’une certaine manière, me prévaloir d’une certaine influence. Aujourd’hui, l’influence acquiert une ampleur inédite, de par la dimension informationnelle et communicationnelle qui prévaut désormais dans notre monde. Cependant, la vraie et «bonne » influence est vaste, puissante. Elle est utile, elle apporte une vision. Ce qui me plaît et me fascine dans les métiers du luxe, c’est justement cette volonté de toujours avancer, de toujours progresser dans la création, pour réussir à partager cette vision de façon pérenne. En ce sens, Cartier est une Maison magique, capable d’émouvoir, dans la durée. Une Maison porteuse d’une histoire, d’une mémoire, du caractère infiniment précieux du temps qui nous est donné pour aimer, et pour transmettre. De plus en plus, la valeur va devenir indissociable de la signature. Aujourd’hui, la plus grande partie des pièces de joaillerie achetées ne sont pas signées, et leur valeur n’excédera pas celle des métaux et des pierres qui les consti- Nos clients vivent dans toutes les régions du monde. Les marchés dans lesquels ils vivent évoluent, ainsi que leurs habitudes d’achat, mais nous constatons que les clients qui font l’acquisition de pièces horlogères comprennent et apprécient le savoir-faire intrinsèque aux créations que nous proposons. Tous recherchent des pièces porteuses d’un message, d’une histoire, d’une mémoire. Aujourd’hui, la mesure du temps est partout. Tout vous donne l’heure : la télévision, le smartphone… Une grande montre ne sert pas seulement à vous donner l’heure, elle transcende cette fonction pratique : c’est un prolongement d’une personnalité, une œuvre qui s’apprécie avec le temps. \ 81 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Caroline Scheufele Co-présidente et directrice artistique de Chopard C’est en 1963 que la famille Scheufele rachète la maison Chopard, petite manufacture horlogère située à Genève. Après ses études, Caroline Scheufele entre dans la compagnie et poursuit en parallèle des études en gemmologie et design. En 1985, elle crée et lance la première collection de joaillerie intitulée Happy Diamonds, inspirée de la montre du même nom. La même année, son frère Karl-Friedrich et elle-même sont nommés vice-présidents. L’année 1998 marque le début du partenariat de la Maison avec le Festival de Cannes et également leur nomination au titre de co-présidents de Chopard. «À titre personnel, je crois avoir une certaine forme d’influence dans mon métier, car il est souvent arrivé que nous mettions en avant des tendances qui se sont confirmées par la suite. Il est avéré que la maison Chopard a un certain ascendant dans ce milieu grâce à sa créativité. D’un point de vue plus général, selon moi, l’influence est de donner de bons exemples, tant à la jeunesse qu’à nos employés. Je suis une personne très positive qui voit souvent «le verre à moitié plein » plutôt que le contraire. C’est pourquoi je suis persuadée que si l’on croit à certains projets, ceux-ci se réalisent. Bien sûr, il ne faut pas attendre que cela tombe du ciel, il faut savoir les provoquer, leur insuffler une énergie positive afin qu’ils fonctionnent, tout en allant de l’avant. À propos de projet, j’en ai un qui me tient très à cœur : le projet Green carpet collection : l’éthique au cœur de l’esthétique, en partenariat avec la directrice créative d’Eco-Age, Livia Firth. Il s’agit de bijoux fabriqués avec du «fairmined gold », autrement dit de l’or équitable provenant de mines communautaires en Amérique du Sud, soutenues par l’ARM (Alliance for Responsable Mining). Et j’aimerais avoir davantage d’influence, d’abord sur les consommateurs en les incitant à acheter des produits équitables. En effet, ceux-ci apprécient de plus en plus de savoir comment leurs pièces sont produites. Puis dans un second temps, je souhaiterais qu’il y ait plus de mines qui passent sous le label «durable, équitable ». Je n’ai pas envie de rester la pionnière en la matière, mais plutôt qu’il y ait un effet boule de neige, que ce mouvement prenne de l’ampleur, et pourquoi pas que cela s’applique à d’autres matières premières. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler dessus (pour les pierres de couleur notamment). C’est notre autre cheval de bataille. Ce projet apporte une réelle valeur ajoutée au milieu du luxe, car nous montrons ici que la notion de luxe n’est pas incompatible avec celle de «durable », au contraire. Il existe désormais de très belles pièces réalisées avec de l’or équitable. La transmission du savoir-faire est essentielle. Je considère qu’il est très important dans notre milieu de former de jeunes artisans à tous les métiers existants au sein de notre société, sinon un jour, ce savoir sera perdu. Il faut arriver à intéresser et passionner les jeunes générations à ces différents métiers. Nous disposons pour cela d’un pôle de formation en interne depuis 1994 et avons des apprentis dans chaque département. Nous sommes une entreprise familiale, - une des seules restantes dans le domaine - avec une grande envergure, tant d’un point de vue historique, qu’humain. Cette notion de famille est vraiment essentielle chez Chopard ; d’ailleurs les employés savent qu’ils peuvent venir nous consulter si besoin. Lorsque nous organisons un événement quelque part dans le monde, nous veillons toujours à ce qu’un membre de la famille soit présent, et nous coordonnons tout nous-mêmes, afin de créer une atmosphère chaleureuse, intimiste…familiale. Ce n’est pas une question financière, mais plutôt de détails. J’aime que les gens se sentent «comme à la maison »! Notre savoir-faire en horlogerie et en joaillerie au service d’une qualité irréprochable, notre histoire, notre tradition et notre engagement philanthropique sont également des valeurs qui nous tiennent à cœur. Ce sont ces valeurs-là que je voudrais transmettre. Les maîtres mots de Chopard : «passion for excellence ». Je suis confiante quant au futur de l’industrie horlogère et joaillère. La joaillerie existe depuis des millénaires : depuis l’Égypte ancienne, les bijoux ont toujours été présents. C’est un thème à la fois intemporel et actuel. Nous porterons toujours des bijoux, anthropologiquement cela fait partie de nous. Aujourd’hui, il y a toujours des collectionneurs de montres, bien que nous ayons l’heure sur nos téléphones. C’est pour cela que les montres Iphones ne nous dérangent pas : c’est une autre clientèle. Au contraire, cela pourrait élargir la diffusion de la connaissance des montres. Il y a beaucoup de jeunes qui n’achètent pas de montres car ils ne connaissent pas ce domaine. Grâce à la montre connectée, ils finiront peut-être par acheter une «vraie » montre, une montre «traditionnelle »! ». \ 82 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie François-Henry Bennahmias CEO Audemars Piguet François-Henry Bennahmias, 50 ans, est né à Paris où il entame une carrière de sportif professionnel. Classé 25e au championnat de France de golf, il développe un sens aigu du challenge et de l’aventure, une insatiable quête de l’excellence à laquelle on reconnaît les grands champions et l’ultime perfection dans tout métier. Il réalise rapidement qu’il a besoin de relever de nouveaux défis, capables de canaliser sa créativité, et choisit l’industrie du luxe. Avant d’embrasser une carrière dans la Haute Horlogerie, il décide de fourbir son expérience dans le secteur du luxe en travaillant auprès de marques telles que Giorgio Armani, Gianfranco Ferré, Les Copains, Reporter, Peter Hadley et Vilebrequin. Il se lance dans la Haute Horlogerie en entrant chez Audemars Piguet en 1994, en France d’abord. En moins de trois ans, il est promu à la direction des affaires à Singapour tout en occupant des responsabilités en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Suisse, au Brunei, en Australie et en Malaisie. Peu de temps après, on lui pro- en mai 2012, lorsqu’il renoue avec les responsabilités de CEO d’Audemars Piguet. «L’influence, c’est être capable d’apposer son sceau sur les projets importants que l’on entreprend dans la vie. Provoquer l’attente, répondre aux demandes de conseil. En ai-je ? Ça dépend sur qui! J’ai de l’influence sur ce qui a trait à mes passions, à ce que j’aime vraiment. Plus vous êtes passionné par quelque chose, plus cette passion donne de la force à vos convictions et plus la portée de votre influence s’en ressent. J’espère en avoir sur mes enfants, mes amis et mes collaborateurs, tous les gens qui comptent. Mais ce n’est pas une quête. Ça va avec la personne : on en a, ou pas, dans certains domaines, mais je ne recherche pas l’influence. Je ne me pose aucune question à ce sujet. À quoi la mesure-t-on ? Au résultat bien sûr! Un sourire, un apaisement, une colère…toute conséquence illustre parfaitement les différents degrés d’influence. La transmission des connaissances a toujours fait partie de ma vie, elle se pratique au quotidien. L’objectif est de permettre aux gens de progresser, d’être mieux, de se sentir mieux. C’est toujours au travers des actes que je transmets mes valeurs à mon équipe, mes clients, et en les faisant vivre, surtout. Audemars Piguet est une marque créatrice de rêves et d’émotions : nous laissons la passion de nos collaborateurs s’exprimer en espérant satisfaire nos fans et ceux qui le deviendront. La liberté de création est la signature même de notre marque, c’est dans notre ADN. Nombreux sont ceux qui utilisent ces mots sans les faire vivre. Ces mots sont malheureusement galvaudés de nos jours. L’infl ue nce , c ’e s t ê t re ca pable d ’a pp o se r s o n s ce au s ur le s pro je t s imp or ta n t s q ue l’o n e n t re pre nd da n s l a vie . pose un nouveau challenge, celui de lancer la marque sur un nouveau marché et de l’y diriger. En 1999, il accepte le poste de Président Directeur Général d’Audemars Piguet, Inc. (Amérique du Nord) tout en exerçant une mission de conseil auprès du Groupe Audemars Piguet pour développer le marché sud-américain, au Mexique et aux Antilles notamment. Une fois de plus, il relève un nouveau défi Pour conclure, je pense que l’industrie horlogère a de nombreuses possibilités à venir, si et seulement si, elle ne s’endort pas sur ses lauriers ». \ 84 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Jean-Christophe Babin Directeur général et administrateur délégué de Bvlgari Titulaire d’un MBA de la HEC, JeanChristophe Babin travaille depuis 15 ans dans le domaine de l’horlogerie de luxe. Auparavant, il était manager pour Boston Consulting Group, Directeur général Italie et Vice-Président mondial de Henkel dans les années 90. Aujourd’hui, il est le Directeur général et l’administrateur délégué de Bvlgari. image plutôt que de créer des tendances. Je ne regarde pas «dans le jardin du voisin » : chacun doit trouver son chemin plutôt que suivre celui des autres. L’innovation est fondamentale dans le luxe, puisque nous parlons d’émotions, d’impulsions plus que de produits ou de fonctionnalités. Par la créativité nous devons étonner et créer des «coups de cœur » qui vont rendre nos créations irrésistibles et excitantes. En cela, la liberté de création est centrale pour Bvlgari. C’est le point de départ de tous les projets et l’acte fondateur de tout succès. «L’influence est probablement la capacité à intéresser son environnement à un projet et des idées, et à stimuler des débats et discussions qui vont les approfondir, puis finalement les rendre encore plus pertinentes par rapport à des objectifs personnels ou professionnels. Je pense avoir de l’influence, car j’émets en général pas mal d’idées que j’aime débattre pour en tester la valeur et éventuellement me convaincre si elles doivent être développées ou non. Chemin faisant elles entraînent souvent une adhésion que l’on peut qualifier d’influence. Je pense qu’il ne faut pas en avoir trop non plus pour laisser de l’espace d’expression et de créativité à son entourage. Je ne la mesure pas scientifiquement car ce n’est pas une obsession. Par contre c’est toujours satisfaisant de voir certaines de mes idées entraîner une adhésion enthousiaste, qui mène à des résultats positifs pour l’entreprise ou mon entourage. L’horlogerie aujourd’hui est à la croisée des chemins entre une tradition de plusieurs siècles qui l’a vue évoluer très lentement et un monde contemporain au rythme effréné, fait de technologies de plus en plus pointues. Une question fondamentale se pose : si l’horlogerie de luxe doit ou peut intégrer certaines de ses technologies sans y perdre son âme. C’est tout le débat autour des fameuses «smartwatches » depuis qu’Apple a décidé de s’y lancer. Je pense que la Bvlgari Magn@sium présentée à Baselworld 2015 est une première réponse qui montre que c’est possible, voire souhaitable, à Je défe nd s arde mme n t l a libe r té d ’e x pre s sio n e t le droit, voire le de voir de chaq ue c oll ab or ate ur (… ) à d o n ne r s o n avis e t par tage r se s idée s . La transmission des connaissances dans le monde professionnel est plus la capacité à écouter et prendre son temps pour expliquer le pourquoi et le comment de certaines initiatives que des cours théoriques et doctoraux sur des thèmes un peu ésotériques. C’est passer du temps avec certains collaborateurs, afin qu’ils comprennent votre mode de travail, votre approche aux problèmes et votre démarche pour les résoudre. Je crois beaucoup au «learning/teaching by doing » américain. Je défends ardemment la liberté d’expression et le droit, voire le devoir de chaque collaborateur, quel que soit son niveau d’expérience, à donner son avis et partager ses idées. Je crois au respect et à la diversité culturelle en donnant l’exemple par des actes simples et concrets. Je pense que mes collaborateurs me considèrent honnête et transparent, ainsi qu’éthique et exigeant vis-à-vis de moi-même. Je travaille avant tout pour une marque qui en 131 années s’est dotée d’un style unique, inspiré par 2700 ans d’art et de culture romaine, et mon rôle est de renforcer cette condition bien sûr de faire preuve de beaucoup de créativité et de partir du consommateur de luxe et de ses besoins, et non pas des technologies, erreur que font beaucoup de marques. Je ne crois pas que ma présence médiatique soit indispensable, mais souvent elle donne plus de résonance et de crédibilité au message de la marque compte tenu de l’expérience que j’ai pu développer dans l’industrie horlogère en 15 années. Nous fonctionnons également beaucoup avec les médias sociaux, comme Instagram, Facebook, des interviews one-to-one à quatre yeux ou au téléphone, parfois des emails ». \ 85 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie François-Paul Journe Fondateur de F.P. Journe François-Paul Journe a commencé à l’école d’horlogerie de Marseille, alors qu’il n’avait que 14 ans, et n’a cessé depuis ce jour de faire des montres. Cela fait donc 44 ans. Quelques années plus tard à Paris, il a travaillé avec son oncle, éminent restaurateur d’horlogerie ancienne, et grâce à qui il a découvert les plus belles créations de l’histoire, puisqu’il s’occupait, entre autres, de la restauration des montres et pendules du Musée des arts et métiers. Il a ensuite ouvert son premier atelier à St-Germain-des-Prés pour construire des montres à complication destinées aux collectionneurs. Puis il a reçu des demandes pour la conception et la réalisation de mouvements à complication pour des marques en Suisse. Il a alors ouvert un premier atelier en Suisse et, en 1999, il lançait sa propre marque F.P. Journe - Invenit et Fecit en construisant sa propre manufacture afin de demeurer indépendant. «L’influence pour moi, c’est de créer une horlogerie authentique, unique, précieuse et innovante, et que d’autres s’en inspirent. J’ai toujours fabriqué mes mouvements ; or il y a vingt ans, presque toutes les marques achetaient les leurs, et je pense que cela les a fortement influencées vers la recherche et le développement. Je ne souhaite pas particulièrement être plus influent, car je considère que c’est un vrai métier. Beaucoup de nouveaux arrivés pensent au marketing et à l’argent, là je n’ai aucune chance de les influencer. Je prends conscience de mon influence, à l’aune de l’inspiration que j’ai provoquée : en regardant toutes ces montres essayant de ressembler aux miennes. Mais ce qui compte ce n’est pas l’imitation, c’est de trouver son style. J’essaie au quotidien de transmettre mes connaissances et mon savoir-faire. Nous avons la chance d’être une petite manufacture dans laquelle on travaille en respectant les traditions horlogères : un horloger par montre, qu’il assemble de A jusqu’à Z sans aucun intervenant externe - un privilège depuis longtemps perdu dans une horlogerie de plus en plus industrialisée. Les horlogers savent qu’ils ont une grande chance, puisqu’ils sont les seuls à pouvoir travailler de cette manière aujourd’hui. Je suis proche de mes horlogers, puisque nous sommes dans les mêmes ateliers, je peux donc leur faire part de mes idées pour qu’ils les comprennent et que nous puissions continuer à faire des montres rares. Je me bats au quotidien pour défendre les valeurs fondamentales d’une horlogerie authentique, qui perdurent depuis plusieurs siècles, l’importance d’un mouvement manufacture, de ne faire que des montres précises et originales... Je rappelle ces valeurs au quotidien, tant à mes équipes qu’à nos clients. Les valeurs d’une horlogerie authentique me tiennent particulièrement à cœur. Je ne dirais pas que j’impose mon style : je crée des montres mécaniques à mon goût et les personnes qui les aiment, les achètent. Celui-ci évolue doucement sans que personne ne le remarque. Nous n’avons pas de vraie concurrence, il y a seulement des amateurs de montres différentes. Je souhaiterais que davantage de personnes fassent des montres de véritable horlogerie et non des marques industrielles employant un marketing trichant sur la tradition. L’innovation est l’une des composantes principales de nos montres mécaniques : quel est l’intérêt de faire une montre si elle ressemble à toutes les autres et si elle n’apporte pas quelque chose d’innovant à l’édifice horloger ? J’ai la grande chance d’être indépendant, enfin c’était un choix depuis le début en créant une manufacture aujourd’hui presque totalement verticalisée. Je crée les montres dont j’ai envie, pour la beauté de l’art horloger, en ne rendant des comptes qu’à mes clients. On dirait qu’il y a un essoufflement au sein de l’industrie horlogère. En ce qui me concerne, notre savoir-faire est tellement élevé que nous attendons d’être rattrapés dans le domaine des montres à Grande Sonnerie. Mais nous sommes toujours en tête depuis presque 10 ans! Étant le fondateur de la marque, ma présence médiatique est incontournable, mais j’essaie de plus en plus de faire vivre la marque sans ma présence constante, et c’est un des rôles de mes équipes. Le meilleur moyen pour moi de communiquer avec mes clients, c’est le partage du plaisir, et c’est pour cela que nous avons créé un réseau de boutiques où les visiteurs ont en face d’eux des conseillers remarquables. Nos clients préfèrent des rencontres intimistes où l’on parlera d’horlogerie, plutôt que d’assister à une soirée fantaisie. Je m’efforce d’être aussi proche et disponible que possible de nos clients, et c’est ce que les équipes s’efforcent aussi de faire. Il y a un gros travail sur l’information car encore aujourd’hui, tant de gens ne font pas la différence entre une montre industrielle et une montre artisanale de haute horlogerie ». \ 86 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Régis Huguenin Conservateur-directeur du Musée international d’horlogerie (MIH) Dès le 1er juin 2014, Régis Huguenin a pris la tête du Musée international d’horlogerie (MIH), à La Chaux-de-Fonds, en tant que conservateur-directeur. Jusqu’alors responsable du patrimoine de la Manufacture JaegerLeCoultre au Sentier (Richemont), Régis Huguenin a suivi un cursus académique spécialisé en histoire industrielle. Le Musée international d’horlogerie (MIH) a pour mission de collectionner et de conserver des objets relatifs au temps, à sa mesure et à l’horlogerie en général. Au-delà de la collecte et de la conservation des objets horlogers tels que les montres et les pendules, le musée s’efforce aujourd’hui de rassembler également des archives et des documents historiques relatifs au temps, afin de mettre en évidence non seulement l’histoire technique, mais également l’histoire artistique, sociale et économique de l’horlogerie. «Avoir de l’influence, c’est être à l’écoute de son environnement pour pouvoir le comprendre, l’appréhender et y apporter son expertise. Ce faisant, c’est réussir à obtenir la confiance de tiers pour qu’ils vous accompagnent avec conviction dans un projet ou une idée. La recherche de l’influence n’est pas une fin en soi et n’est pas non plus un but personnel. À travers mon travail et celui de mes collaborateurs, c’est avant tout l’influence que peut acquérir le Musée international d’horlogerie, comme institution culturelle d’envergure internationale, qui nous motive, et, in fine, les effets positifs que cette influence engendre au niveau de la connaissance et de la reconnaissance de l’horlogerie auprès du public. l’horlogerie. Souvent considéré comme tourné vers le passé – du fait des collections d’objets parfois très anciens qui m’entourent – je travaille en réalité le regard sans cesse tourné vers l’avenir et les générations futures. Les valeurs personnelles qui sont les miennes sont naturellement fortement liées à la culture de laquelle j’émane. Au niveau professionnel, les valeurs que je défends ont pour ambition d’avoir une portée universelle susceptible de transcender les spécificités culturelles. Elles visent la protection et la promotion de notre patrimoine. Le meilleur vecteur de promotion de ces valeurs est la collection du musée elle-même. Grâce au travail de promotion et de mise en valeur du patrimoine horloger, le MIH suscite un intérêt constant en Suisse comme à l’étranger. Il me tient à cœur de faire connaître ces valeurs ; face aux acteurs de l’industrie horlogère qui évoluent dans d’autres systèmes de valeurs, par exemple, les occasions ne manquent pas de faire savoir quelles sont les nôtres. Je ne considère pas qu’une forte médiatisation personnelle doive être au centre d’une stratégie de développement ou de communication d’une institution. Bien sûr, comme dans toute entité, la personnalité du directeur joue un rôle – qu’on espère positif –, mais à elle seule elle risque de desservir son développement à long terme. Elle est peut-être nécessaire à une marque pour « Je t r availle le re g ard s a n s ce s se t o ur né ve r s l’ave nir e t le s gé né r atio n s fu t ure s ». La transmission des connaissances, des savoirs et des savoir-faire constitue le cœur de la mission des institutions de conservation. Dans cette perspective, je peux dire que tout mon travail a pour objectif fondamental de faciliter cette transmission de connaissances de génération en génération, par l’acquisition, la conservation, la restauration, l’étude et l’exposition d’objets horlogers ou, plus largement, en lien avec la mesure du temps. Pour ce faire, le Musée international d’horlogerie dispose d’un Centre de restauration en horlogerie ancienne et d’un Centre d’études, Institut l’Homme et le Temps, qui joue un rôle de conservatoire de documents et d’archives relatifs à camoufler une coquille vide, mais une telle médiatisation me paraît d’un intérêt relativement pauvre pour le musée que je dirige, en regard de la richesse et de l’épaisseur de l’histoire que véhiculent ses collections. J’ai la chance de bénéficier d’un vecteur de communication exceptionnel et spécifique que sont nos expositions permanentes et temporaires. Davantage qu’une campagne publicitaire, l’exposition permet d’entrer en dialogue direct avec le public qui nous fait l’honneur de venir à notre rencontre ». \ 87 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Nicolas Courcoux Directeur commercial Slyde C’est au début de ses études d’économie à l’université de Fribourg que Nicolas Courcoux a été piqué par la passion de l’horlogerie et a commencé à créer ses propres montres qui reflétaient son idéal horloger de l’époque : le sur-mesure! En 2000, il a poursuivi sa carrière à travers trois expériences de fusion. La première, chez Harry Winston Timepieces (entre un joaillier et des horlogers créateurs), puis en 2003 chez Hublot (entre des matériaux visionnaires et une horlogerie de tradition) et enfin en 2013, il a rejoint Slyde, où Alain Nicod – le CEO – et Jorg Hysek (co-fondateur) l’ont convaincu de leur vision : la fusion de l’horlogerie suisse et du digital! «Selon moi, influencer c’est générer un changement. Et notre capacité d’influencer a deux origines : la passion de l’individu pour un domaine d’activité et nos compétences (acquises ou innées). Si vous avez les deux, c’est plus rapide et plus facile d’influencer. Pour ma part, j’ai eu la chance de découvrir ma passion pour l’horlogerie au début de mes études. Ceci m’a permis d’apprendre, comprendre et connaître ce milieu fascinant, depuis 20 ans maintenant. C’est ainsi que j’ai pu acquérir mon expérience et mes compétences. Il est évident que j’aimerais avoir plus d’influence – c’est mon égo qui parle – , mais en revanche, pour atteindre la fierté, il faut que cette influence soit durable, donc comprise, acceptée et communicative (transmissible). Chez Slyde, nous avons la passion de l’horlogerie digitale de luxe. C’est une nouvelle offre qui doit convaincre qu’il existe une alternative à l’horlogerie traditionnelle. Nous sommes les premiers dans ce créneau. L’influence est donc primordiale à notre pérennité. Nous devons agir en tant que révélateur de nouvelle(s) tendance(s) et générer la demande pour nos montres. n’est pas encore une évidence. L’innovation est également une valeur maîtresse, car sans innovation, pas d’émotion, pas de rêve donc pas de luxe, MAIS il faut impérativement respecter notre devise : «offrir des complications horlogères exceptionnelles, sous forme digitale, et le tout dans le plus bel habillage Swiss Made! ». Mes valeurs proviennent essentiellement de l’éducation que mes parents m’ont transmise – même si l’Amour devrait être LA valeur universelle –, elles se résument en trois valeurs essentielles : créativité, sans elle pas de progrès ; opiniâtreté : je n’abandonne jamais! Plus le défi est difficile à relever, plus le succès sera intense! Et enfin rigueur : l’ennemi de la réussite est l’approximation. Que ce soit dans la qualité et le détail de finition de nos montres, dans la gestion, dans les engagements envers nos partenaires ou dans la pertinence de nos communications. En tant que précurseurs dans l’horlogerie digitale de luxe, nous nous devons de communiquer, expliquer, séduire, convaincre… afin que nos montres s’imposent comme un réel besoin, voire une évidence. Nous ne sommes pas encore assez visibles, par manque infl ue nce r c ’e s t gé né re r u n cha n ge me n t de concurrents et d’une prise de conscience de la branche. En revanche, depuis l’annonce du lancement de l’Apple Watch, c’est la «panique » pour une partie de l’horlogerie suisse. Tous se posent la question : «quelle offre horlogère connectée vais-je bien pouvoir proposer ? ». La première Slyde fut présentée en 2011 et elle provoqua un bouleversement pour l’establishment horloger, dont je faisais partie. La petite route que représente l’horlogerie digitale actuelle va devenir prochainement une autoroute à plusieurs voies. Notamment auprès du public jeune, peu ou pas habitué à porter des montres et qui représente la prochaine génération de consommateurs. Ces derniers sont adeptes de nouveautés qui se doivent d’être en adéquation avec leur mode de vie, presque totalement digitalisé. Ceci les conduira, dans un deuxième temps, à découvrir l’horlogerie traditionnelle, mécanique… espérons-le! \ Nous sommes la première «manufacture digitale suisse ». En tant que pionnier, une grande part de mon travail est dédiée à l’explication de notre concept horloger, de notre vision et ensuite à la formation. Jusqu’à présent, il y avait deux autoroutes dans l’horlogerie : la première est celle de la mécanique et la deuxième, celle du quartz. L’émergence du digital horloger crée une nouvelle route, qui pourrait bientôt devenir une autoroute, à son tour. Nous bouleversons la cartographie horlogère et donc les habitudes (et dérangeons parfois). La manière d’interagir avec une Slyde est également révolutionnaire. Tout ceci fait que je dois pouvoir expliquer simplement quelque chose qui 88 atelier-zuppinger.ch Ancre Amarrage ou pièce de haute horlogerie ? Découvrez l’univers de l’horlogerie d’exception, sur www.hautehorlogerie.org Ancre | Organe, en acier ou en laiton, composant l’échappement d’une montre ou d’une pendule. L’ancre, dont la forme rappelle celle d’une ancre de marine, a un double rôle : d’une part transmettre la force du ressort par l’intermédiaire du rouage au balancier afin de faire perdurer les oscillations et, d’autre part, empêcher le déroulement incontrôlé du rouage remonté. PARTENAIRES DE LA FONDATION | A. LANGE & SÖHNE | AUDEMARS PIGUET | BAUME & MERCIER | BOVET 1822 | CARTIER | CHANEL | CHOPARD | CHRISTOPHE CLARET DE BETHUNE | GIRARD-PERREGAUX | GREUBEL FORSEY | HARRY WINSTON | HERMÈS | IWC | JAEGER-LECOULTRE | LOUIS VUITTON | MONTBLANC | OFFICINE PANERAI PARMIGIANI FLEURIER | PIAGET | RALPH LAUREN | RICHARD MILLE | ROGER DUBUIS | TAG HEUER | VACHERON CONSTANTIN | VAN CLEEF & ARPELS mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Amarildo Pilo Propriétaire de Pilo & Co Genève, David Van Heim et Louis A. Leuba. Fondateur de l’exposition SIWP (Swiss Independent Watchmaking Pavilion) Par contre, je me bats de p u i s me s déb ut s pour la différence, la créativité et la capacité d’innover des marques indépendantes. C’est là où le client trouvera des produits exclusifs, lo c au x , hor s é t ude marketing ou statistiques. C’est pour cette raison que j’ai créé l’exposition SIWP, qui a eu lieu pour la première fois cette année, du 18 au 23 janvier au Casino du Lac à Genève. Je suis convaincu que les petites marques doivent se mettre ensemble pour pouvoir créer des synergies et faire face aux difficultés du marché actuel. Avec Pilo & Co, nous présentons à nos clients l’élégance et le savoir-faire de l’horlogerie suisse. David Van Heim - qui est une marque plutôt jeune - représente la technique Amarildo Pilo a commencé sa carrière en tant que distributeur de marques su isses dans les pays de l’Est, et ce durant 8 ans. Et c’est au début des années 2000 qu’il crée sa marque Pilo & Co, puis suivra David Van Heim - qui verra le jour sur le marché en 2010 - et enfin, il dépose la marque Louis A. Leuba en 2014. Amarildo Pilo est également fondateur de l’exposition SIWP - Swiss Independant Watchmaking Pavilion. «Vous savez, mon père était diplomate : j’ai donc tendance à associer l’influence avec la politique. Or, en ce moment, l’influence et les choix des politiques dans le monde sont plutôt négatifs… Avoir de l’influence en tant qu’homme politique, cela représente le pouvoir qu’un groupe de personnes vous donne à exercer, à changer les choses et à appliquer la stratégie et la direction vers laquelle le gouvernement voudrait aller. N o t re de vise e s t le prod uit, le prod uit e t le prod uit. Personnellement, cela fait 24 ans que je baigne dans le milieu de l’horlogerie et 14 ans pour mes marques propres. Être indépendant n’est pas facile et cela demande beaucoup d’efforts. J’ai toujours essayé de faire les bons choix et de trouver les solutions justes, en pensant toujours sur le long terme. Avec une telle expérience et finalement un parcours différent à beaucoup d’autres marques horlogères, un certain respect se crée, et automatiquement vous avez de l’influence. En même temps, je suis attentif moi-même, à d’autres sociétés ou partenaires dans le monde horloger et ceux-ci ont certainement une influence sur moi. Je pense avoir de l’influence sur mes collaborateurs, puisque j’essaie de transmettre les valeurs de nos marques et la passion que j’ai pour l’horlogerie. J’espère que je pourrai avoir de l’influence sur mes deux enfants et surtout leur transmettre l’esprit de famille, l’honnêteté et le respect, qui sont des valeurs importantes à mes yeux. et l’innovation avec un prix abordable, et la dernière marque, Louis A. Leuba, fondée en 1908 à Genève, est en pleine conception pour pouvoir voir le jour à nouveau l’année prochaine. Avec trois marques, vous pensez bien que nous avons une liberté et des possibilités de créations fantastiques. Je suis connu dans le monde horloger grâce à nos marques et créations, il est donc normal qu’une présence médiatique personnelle soit bénéfique, car nos clients attachent une grande importance à notre histoire, ainsi qu’au créateur et fondateur des marques. Comme la plupart des marques indépendantes, notre communication passe par la force de nos créations. Notre devise est le produit, le produit et le produit. \ 90 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Jessica R. Walther Directrice générale de DeLaneau Jessica Walther a travaillé et a gagné son expérience avec plusieurs marques nationales et internationales de luxe dans le passé. Son dernier poste en tant que partenaire et chef de la Business Unit de la plus grande entreprise de brand consulting Suisse lui a enseigné cette devise «aucun compromis n’est permis ». sommes une famille et nous partageons un profond respect pour l’extraordinaire savoir-faire de nos artisans. Le respect mutuel et l’intérêt dans les domaines d’expertise de chacun est le fondement de notre succès. En travaillant ensemble, nous garantissons une expérience harmonieuse pour nos clients. Tout ce que nous faisons est guidé par nos trois valeurs fondamentales : inspiration, exception et indépendance. Nous aimons raconter des histoires inspirantes avec nos montres et poursuivons des buts ambitieux. Nous croyons en l’artisanat et encourageons un esprit libre et indépendant, dans tout ce que nous faisons. Bien sûr, chacune de nos créations est une expression de nos valeurs, et cela sans dire que chaque membre de l’équipe est un ambassadeur qui promeut et partage les valeurs communes de DeLaneau. Nous offrons à nos clients une expérience de marque cohérente -, de leur première visite à notre boutique, jusqu’à la réalisation de leur pièce unique et au-delà. Nos clients vivent nos valeurs de façon immédiate, tout au long du voyage. «Je crois que lorsque nous faisons ce que nous aimons dans la vie, nous avons automatiquement une influence positive sur notre travail et ceux qui nous entourent. Chez DeLaneau, nos artisans vivent leurs passions, et dédient leur cœur et leur âme à leur art, et par extension, à nos montres. Chaque création faite sur mesure est l’expression personnelle d’un rêve, d’une vision unique, avec chacune sa propre histoire qui est une source d’inspiration. Qu’y a-t-il de plus gratifiant que de transformer le rêve d’un client en une œuvre d’art unique ? Quant à ma position de Directrice générale, je me vois d’abord comme une ambassadrice de DeLaneau et notre équipe extraordinaire. Pour moi, l’influence ne peut qu’être le résultat de nos propres réalisations : je voudrais Imposer quelque chose à quelqu’un est contraire à notre éthique : nous sommes indépendants et notre liberté de création nous est précieuse. Nos artisans ont maîtrisé les différentes techniques d’émaillage, de la peinture miniature pour l’email de Genève. Nous voulons célébrer l’émaillage dans toutes ses formes, après tout, c’est la clé de notre signature. Nous ne cessons jamais d’expérimenter avec l’émail, la gravure artistique et l’utilisation de pierres précieuses exquises. Comme nous croyons en la liberté de création, nous continuons à explorer de nouvelles possibilités et techniques. Un exemple probant est notre montre Rondo Champ de Tulipes, qui introduit un pointillisme impressionniste dans le cadran. Chez DeLaneau, la liberté de création est essentielle : sans elle, nos artisans ne pourraient pas produire de telles œuvres d’art. Je me vois comme une ambassadrice de la marque Delaneau et une représentante de notre équipe exceptionnelle. En transmettant nos valeurs fondamentales et le fait-sur-mesure, je pense que je peux contribuer au succès futur de cette marque unique. Notre entreprise est très personnelle et exclusive de nature, c’est pourquoi nous préférons entretenir des contacts personnels ». \ Imp o se r q uel q ue cho se à q uel qu’u n e s t c o n t r aire à n o t re é thiq ue : n o u s s omme s indé pe nda n t s e t n o t re libe r té de cré atio n n o u s e s t précie u se . continuer à repousser nos limites. Je suis convaincue que notre indépendance et notre amour du savoir-faire exceptionnel continueront à nous inspirer. En 2013, notre montre Rondo translucide Champagne a été récompensée par le Prix de la Montre Dame au 13e Grand Prix annuel de l’horlogerie de Genève. Ceci, bien sûr, est un grand triomphe pour DeLaneau et un témoignage de l’art de l’émaillage lui-même. Ici, chez DeLaneau, il est essentiel que nous ayons tous une bonne compréhension des talents et responsabilités de chacun. Nous 91 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Fabrice Mugnier Cofondateur de WatchPrint Watchprint.com Sàrl a été fondée en 2001, par deux personnes : Suzanne Wettstein, libraire et Fabrice Mugnier, économiste d’entreprise. Celui-ci a commencé sa carrière dans le domaine bancaire, pour retrouver en 1996, Suzanne Wettstein au sein du Journal Suisse d’Horlogerie et ainsi se lancer dans l’édition. C’est au début des années 2000 qu’ils créent ensemble Watchprint.com, qui se consacre uniquement à la vente de livres d’horlogerie et de bijouterie. C’est à partir de 2008 qu’elle commence à éditer des ouvrages pour compléter son secteur librairie. Mais avant tout, la société organise la librairie des Salons de Bâle et du SIHH à Genève, mais aussi du Salon QP à Londres, de Timecrafter à New-York, de Belles Montres à Paris et de Watches & Wonders à Hong Kong. Watchprint a également ouvert une librairie à l’Espace Horloger de la Vallée de Joux et cette année, au Musée d’horlogerie du Locle. qui l’entourent. Nous avons plusieurs projets de livres que nous souhaiterions éditer, et qui répondraient à l’attente de nombreux amateurs d’horlogerie. Ceuxci leur permettraient de pouvoir mieux découvrir et apprécier les formidables garde-temps qui se créent chaque jour. Par ailleurs, l’un des aspects passionnants de notre métier est de convaincre des Maîtres Horlogers de transmettre leur savoir-faire et de les aider à le structurer, afin qu’il soit accessible aux autres. Il est intéressant de constater que l’industrie horlogère défend plusieurs valeurs qui pourraient être universelles (qualité, précision...), et qu’elle les a fait siennes, pour les regrouper derrière un label appelé Swiss Made. Celui-ci représente surtout un ensemble de valeurs typiquement suisses. Nous aimons à penser qu’un client qui se procure l’un de nos ouvrages s’attend à une certaine qualité, et que ceux qui nous approchent pour développer un projet veulent bénéficier de celle-ci. Or, partager et défendre certaines valeurs, c’est l’essence même de l’éditeur, tout comme de diffuser celles de nos auteurs, que nous partageons, à d’autres. Nous avons récemment sorti un ouvrage pour collectionneurs - sur un modèle particulier - et nous aimerions décliner ce modèle à d’autres marques, car les retours positifs nous indiquent que nous sommes sur la bonne voie. Nos concurrents cherchent plutôt à satisfaire les marques qui les mandateraient pour l’édition d’un ouvrage et oublient souvent le but, qui est de plaire aux lecteurs plutôt qu’à la marque. Nous cherchons à faire l’inverse. «Avoir de l’influence pour moi, c’est pouvoir éduquer, instruire, intéresser et transmettre à nos clients les connaissances qu’ils recherchent dans un domaine particulier. En distribuant et en éditant des livres horlogers, nous pensons pouvoir guider nos clients - qui sont souvent aussi ceux des marques horlogères. Nous pensons que notre influence se « Avoir de l’infl ue nce p o ur moi, c ’e s t p o u voir é d uq ue r , in s t ruire , in té re s se r e t t r a n s me t t re (… ) de s c o n n ais s a nce s » Dans notre secteur, l’innovation passe surtout par le changement de support et l’arrivée du livre électronique. Il est important d’analyser chaque projet d’édition afin de savoir quel support lui conviendra le plus. Mais l’innovation peut aussi être un mode de distribution plus qualitatif, ce que nous cherchons aussi à réaliser. Pour cela, notre présence médiatique est importante, car en tant qu’éditeur nous sommes effacés derrière l’auteur. Notre rôle passe souvent inaperçu, quand bien même nous influençons beaucoup nos auteurs et exigeons d’eux un certain niveau d’excellence ». \ situe dans la transmission du savoir horloger, par l’intermédiaire des livres que nous distribuons ou que nous éditons. Nous proposons ces livres aussi bien auprès des jeunes horlogers qui veulent approfondir leurs connaissances techniques, qu’aux amateurs et collectionneurs qui souhaitent parfaire leurs connaissances sur leur modèle ou marque de prédilection. Bien entendu nous souhaiterions pouvoir influer encore plus sur ce monde, car nous constatons que le succès de l’horlogerie suisse provient aussi des histoires 92 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Carlos Rosillo CEO et cofondateur de Bell&Ross Diplômé de HEC Paris, Carlos-Antonio Rosillo commence à travailler en tant que consultant en stratégie pour le cabinet de conseil américain Strategic Planning Associates. C’est en 1992 que l’aventure Bell&Ross commence. Un projet de longue date, partagé avec son ami d’enfance et associé : Bruno Belamich. Carlos devient alors Président Directeur Général et cofondateur de la société. Une passion commune, celle de l’horlogerie. Un objectif, celui de créer des montres parfaitement adaptées à un usage professionnel. Une volonté : répondre aux exigences militaires les plus strictes où chaque détail a son sens, sa fonction, pour que l’essentiel ne laisse jamais la place au superflu. L’année 1994 marque la concrétisation de ce beau projet avec la commercialisation des premiers modèles Bell&Ross. «Je pense que les prémisses de l’influence c’est d’avoir des convictions. Chez Bell&Ross, notre philosophie c’est l’esprit club. Nous préférons des personnes qui font partie du club, qui partagent nos valeurs, comprennent nos codes, notre passion. Nous n’avons pas la vocation d’être prosélytistes envers les masses ; en revanche, dépasse le savoir-faire de chacun. L’horlogerie est un travail d’équipe où le designer a une position-clé : c’est le chef d’orchestre de la partie création. En termes de transmission de connaissances, il y a deux niveaux. Le premier, c’est qu’à titre d’entreprise, nous accueillons régulièrement des stagiaires – beaucoup de nos collaborateurs ont commencé par là et sont devenus responsables d’un secteur par exemple. À titre personnel, étant diplômé de HEC, je passe pas mal de temps à faire des conférences que ce soit dans un milieu économique ou dans le cadre de HEC, dans la major du luxe notamment. Je trouve que c’est un échange intéressant, car les étudiants ont une sagacité et un œil neuf qui nous aident à avancer. Ce qui est également important au sein de Bell&Ross, c’est la communication à l’interne : cela permet d’avoir une cohésion d’entreprise, ainsi tout le monde regarde dans la même direction, pour atteindre une vision consensuelle. Nous sommes convaincus que sans ce partage des valeurs, l’entreprise ne peut pas grandir. On peut avoir une bonne stratégie, mais si on ne la confronte pas avec l’entreprise, il vaut mieux rester un simple artisan. Dans notre entreprise, une place centrale est donnée à l’innovation. Mon associé est le designer produit. Or le mot «design » signifie «quelqu’un qui donne du sens aux choses, aux objets, à travers la création ». Pour moi, la clé de la création est la différence et la cohérence. L’innovation s’intègre dans la démarche créative, qui vise à donner du sens aux choses. Marcel Dassault disait : «Un bel avion est un bon avion » ; chez nous, cela pourrait se traduire par «la fonction crée la forme ». Notre modèle iconique, la BR01, en est un parfait exemple. Jusqu’à présent, l’industrie horlogère a connu une période bénie. Ces trente dernières années, de nouvelles tendances très fortes sont apparues : technologies, formes différentes, matériaux nouveaux. Aujourd’hui, il y a un 4e intervenant : le monde virtuel et les objets connectés. L’univers du digital change la donne de tous les métiers. Mais, aussi pratique soit-elle, une montre digitale, connectée, est à l’opposé de ce que peut être une montre de luxe. La rareté, le temps et l’autonomie sont des éléments-clés du luxe, mais incompatibles avec les objets itech. Un dernier point, mais non des moindres : il n’y a pas de civilisation qui n’ait eu de bijou. Or, je ne pense pas qu’un objet pratique puisse avoir cette fonction. En cela il est important d’avoir une stratégie économique ». \ Je pe n se q ue le s pré mis se s de l’infl ue nce c ’e s t d ’avoir de s c o n vic tio n s comme nous avons des convictions, des passions, nous sommes heureux de les partager avec une communauté de fans, avec des gens qui s’intéressent au sujet, à notre marque. À l’origine de notre marque, il y a une passion qui s’exprime à travers un nom, un symbole. De la même facon que lorsque vous donnez naissance à un enfant, vous devez choisir son nom, pour une marque c’est la même chose. Notre logo symbolise une montre qui est stylisée, avec un symbole qui signifie l’union des compétences entre 4 métiers : designers, ingénieurs, horlogers et utilisateurs professionnels. Il représente nos valeurs : unir ses forces pour une même vocation, à savoir créer des montres à usage professionnel. C’est la deuxième fois, par exemple, que nous collaborons avec Dassault. La première fois pour les 50 ans du Falcone et cette fois-ci, nous allons faire la montre officielle du Rafale. L’union des compétences est une valeur spécifique à notre marque. Je pense que la synthèse de ces quatre savoir-faire 93 mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie Wilfred Zutter Directeur de Incabloc Technicien constructeur et mécanicien de formation, Wilfred Zutter travaille depuis 25 ans dans le domaine horloger. Il est entré chez Incabloc lors de son rachat en 1988, puis en a repris la direction en 1992. prise comme la nôtre, c’est de l’ordre du verbal ; lors d’une rencontre, d’un rendez-vous, on essaye de défendre la notion d’entreprise familiale, à savoir d’investir sur le futur, contrairement à d’autres entreprises appartenant à des groupes financiers. «Je ne sais pas si quelqu’un peut se targuer d’avoir une quelconque influence sur quelque chose… L’influence pour moi, c’est arriver à changer le cours des choses. Je sais que je peux avoir de l’influence sur des personnes qui me sont proches professionnellement, par contre sur le marché je ne pense pas. Éventuellement sur mes clients et fournisseurs, mais c’est une notion difficile à mesurer. Il est clair que j’aimerais en avoir davantage, particulièrement pour pouvoir faire passer des messages au sein du milieu dans lequel je travaille. J’ai transmis une grande partie de mes connaissances à mes collaborateurs, de manière à ce qu’ils soient – en termes de connaissances techniques – le plus autonomes possible, afin qu’ils puissent répondre directement à nos Nos produits sont établis depuis de très nombreuses années, mais ils sont purement techniques, c’est pourquoi on a peu d’influence sur l’esthétique. Cependant, on propose à nos clients de faire des choses particulières, mais on se rend vite compte qu’on est confronté à des problèmes de coût. L’innovation n’est pas quelque chose d’essentiel pour nous, dans le sens où les contraintes techniques de nos produits nous enferment, en quelque sorte, dans un moule conventionnel, classique. Je suis curieux de voir les développements futurs de l’horlogerie. Par exemple, en ce qui concerne la montre connectée, le digital, notre positionnement est simple : nous sommes spectacteurs. Au début des années 70, il y a eu une révolution horlogère qui a failli faire disparaître la montre mécanique. Est-ce que nous nous retrouverons dans le même cas de figure dans quelques années ? Je ne sais pas, seul l’avenir nous le dira. La seule différence aujourd’hui, c’est que la montre mécanique suisse – dont on est acteurs – représente un pourcentage très faible, 2,5 % du marché mondial en termes de pièces, alors est-ce que cette nouvelle révolution digitale aura un impact sur ce pourcentage ? Cela reste à voir… Ce q ui e s t imp or ta n t à me s ye u x , c ’e s t ava n t t o u t de me t t re e n ava n t le « s wis s ma de ». clients ou fournisseurs. D’un point de vue externe, lorsque j’ai l’occasion de rencontrer des clients, j’essaye dans la mesure du possible de leur faire part des connaissances que je maîtrise, tout en essayant de les sensibiliser au fait que ce que l’on fabrique, c’est quelque chose d’assez particulier. Il s’agit parfois de (ré)éduquer un certain nombre d’utilisateurs à l’horlogerie mécanique. En termes d’image, j’essaye le plus possible d’être au contact des clients. Travaillant depuis plus de 25 ans dans le domaine, j’ose espérer que mes connaissances techniques sont reconnues, et que mon avis arrive à influencer certaines décisions de mes clients. C’est important d’instaurer un véritable dialogue avec eux, avec le marché. Mais ce qui me tient particulièrement à cœur, c’est de faire passer ce message auprès des grandes maisons. «Ne soyez pas hautains et méprisants envers les acteurs de la sous-traitance, car nous sommes des acteurs qui comptent ». \ Ce qui est important à mes yeux, c’est avant tout de mettre en avant le «swissmade », que les personnes que l’on emploie travaillent dans des conditions «humaines », et de consacrer du temps à la formation des jeunes, des apprentis, afin de leur transmettre nos connaissances et nos valeurs. Le meilleur vecteur de promotion de nos valeurs pour une entre94 SIMPLY MAGIC GRAND-CHÊNE 7-9 > CH-1002 LAUSANNE T. +41 21 331 31 31 > F. +41 21 323 25 71 [email protected] WWW.LAUSANNE-PALACE.COM CULTURE ( S ) / INVITé L’économie entre rupture et continuité Entretien avec Guy Sorman Guy Sorman 96 CULTURE ( S ) / INVITé On ne présente plus Guy Sorman. Ancien de l’ENA, il délaisse la fonction publique pour l’écriture (il a déjà publié une trentaine d’ouvrages) et l’enseignement de l’économie et de la philosophie politique, qu’il a professées à Sciences-Po Paris pendant 30 ans (1970-2000), mais également comme professeur invité à l’Université de Pékin, à l’Université Belgrano de Buenos Aires, à l’Université catholique de Taegu en Corée, à l’Université pontificale de Santiago du Chili, à l’Institut Hoover, ou encore à l’Université Stanford, Californie. Ses idées libérales sont connues et assumées, c’est d’ailleurs son premier livre sur l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir (La Révolution conservatrice américaine, Fayard, 1983) qui l’a fait connaître du grand public. Il n’y a donc rien d’étonnant à le retrouver aux commandes de sa propre entreprise fondée en 1975 : les éditions Sorman, qui publient pas moins de 20 hebdomadaires et mensuels d’information administrative, juridique, économique. Il est aussi un homme de médias, chroniqueur pour de nombreux journaux et magazines (Le Figaro, Wall street journal, Chosun Ilbo, Joong-Ang Ilbo et Dong A de Corée, L’Économiste du Maroc, La Nación d’Argentine, La Presse de Montréal, Jornal do Commercio et O Estado du Brésil, Fakt de Pologne, Asahi Shinbun et Chuo Kuron du Japon, ABC d’Espagne ou encore l’Hebdo, chez nous, dont il est aussi éditorialiste) et président du groupe de presse FranceAmérique, basé à New-York et dont le magazine éponyme fut créé en 1943 à l’initiative du général de Gaulle. Mais Guy Sorman conserve quelque chose d’inclassable en rapport avec son réalisme et sa capacité de s’immerger dans les cultures étrangères, dont il parle en connaissance de cause et même de langue (comme le japonais). Pour market il a bien voulu répondre aux questions d’Arnaud Dotézac à l’occasion de la conférence qu’il a donnée, le 18 mars dernier, sur les grandes ruptures, consécutives notamment à l’innovation. Une très belle manifestation organisée par la banque Baring & Brothers-Sturdza, à l’initiative de Claude Gonet, membre de la direction de celle-ci et conseiller de sa direction générale. cela ne fonctionnait pas davantage. Maintenant on tente les politiques monétaires, ce qu’on appelle notamment le quantitative easing. Nous allons découvrir que non seulement elles n’auront pas les effets positifs escomptés, mais qu’en outre ils pourront être négatifs et induire de nouvelles bulles et crises financières. Donc il s’agit d’une rupture importante dans la mesure où l’économie est devenue quasiment indépendante des politiques économiques. Il n’en demeure pas moins que des cadres très importants doivent se maintenir comme l’état de droit mais à la condition que le droit soit stable et prévisible, que la justice soit indépendante, etc. Mais cela dépasse la politique politicienne. On peut comprendre votre constat quant aux économies de marché de type occidental. Mais qu’en est-il des pays émergents et en premier lieu de la Chine, à cet égard ? La rupture est la même. Le président Xi Jinping, est en train de constater que le modèle chinois est en fin de course. Nous savons que la croissance chinoise était de l’ordre du rattrapage plus que le produit d’une véritable politique économique. À partir de 1979, Deng Xiaoping décida que les Chinois avaient le droit de s’enrichir, de sorte que le pays s’est engagé à combler son retard, comme l’avait fait le Japon 100 ans plus tôt, puis la Corée 50 ans plus tôt. Il n’y avait pas là d’originalité remarquable. En fait la Chine a profité d’un effet d’aubaine. Le droit de travailler, restitué aux Chinois dès 1979, a coïncidé avec la mondialisation et un gigantesque progrès de la consommation, essentiellement aux États-Unis et en Europe. L’éc o n omie chin oise n ’e s t pa s u n modèle La Chine a profité alors d’une ressource naturelle qui n’était ni le gaz ni le pétrole mais son gisement extraordinaire de main d’œuvre bon marché. Toute l’énergie de croissance s’est donc fondée sur cette ressource, en profitant d’un marché mondial ouvert et très demandeur. Mais aujourd’hui les choses ont changé. Ce marché de consommation ralentit tandis qu’on assiste à une ré-industrialisation, en particulier aux États-Unis. Du coup l’attrait de la main d’œuvre chinoise est beaucoup moins significatif, sans compter les concurrents comme les Philippines, le Vietnam ou d’une certaine manière le Mexique. Ce qui est intéressant, c’est que le gouvernement chinois prend acte de ce ralentissement et se demande comment passer à un autre modèle, fondé notamment sur l’innovation. C’est d’ailleurs aussi ce qu’ont fait la Corée du Sud, Taïwan ou le Japon. Mais pour qu’il y ait de l’innovation, il faut qu’il y ait de la liberté et comme cet élément fait défaut, le gouvernement chinois risque de se retrouver dans une impasse. L’innovation crée des ruptures sociales avec des métiers et des industries qui disparaissent. Comment s’articule le politique à ce phénomène ? On est en train de découvrir, sans vraiment en prendre acte, que les gouvernements et les États n’ont plus de réelle influence sur l’économique. Pourtant, ils continuent de faire comme s’ils en avaient une, alors qu’on assiste objectivement à la fin du modèle des politiques économiques, dans lequel on vivait depuis près d’un siècle. Historiquement, sous l’influence de Keynes, on pensait pouvoir influencer l’économie par les politiques budgétaires, on s’est aperçu que ça ne marchait pas. Après cela on imagina d’agir sur la croissance par les politiques fiscales, on s’est aperçu que 97 CULTURE ( S ) / INVITé Qu’en est-il alors des autres pays émergents ? sa part. Et le problème intrinsèque de certains pays à régime autoritaire, comme la Chine aujourd’hui, c’est que leurs gouvernements ont horreur de la spontanéité, ils la craignent. La contrepartie de la spontanéité, c’est la place réelle et objective de l’innovation que l’on mesure grâce à l’indice économique, à mon avis le plus significatif au monde, qu’est le nombre de brevets triadiques, c’est-à-dire déposés simultanément aux USA, au Japon et dans l’Union européenne. Que constate-t-on ? Les États-Unis sont n°1, suivis du Japon, et de l’UE, y compris la Suisse. Loin derrière, on trouve la Corée du Sud et encore plus loin, la Chine. Certes, elle dépose 100 000 brevets par an, mais il s’agit de dépôts internes, destinés à protéger le marché, ça n’a donc pas de grande valeur comparative. La place des États-Unis est encore plus parlante lorsqu’on découvre que sa place de numéro 1 mondial est acquise avec seulement 5 % de ses brevets, tous les autres étant cantonnés à une protection nationale. C’est dire le dynamisme de l’innovation américaine. En revanche la Belgique et la Suisse déposent 50 % de leurs brevets à l’international, ce qui démontre que leur économie est mondialisée. Il y a dix ans, tout le monde parlait des pays émergents dont la croissance coïncidait néanmoins avec une énorme bulle (gaz, pétrole, soja au Brésil et en Argentine). Or, que constate-t-on aujourd’hui ? Ils n’émergent pas. On pensait qu’un modèle alternatif était possible, mais on s’est aperçu que dès que les prix des matières premières qui dopaient cette croissance se retournaient, ces pays ont périclité, c’est ce qu’on connaît sous le nom de tragédie des ressources naturelles ou des biens communs. Il y a quelque chose de très immoral dans l’économie : c’est le temps long. Si vous n’avez pas démarré au 18e siècle, le retard sera toujours très difficile à rattraper. La Chine partait d’un zéro absolu et sa chance a été de s’inscrire dans un ensemble asiatique lui permettant d’accueillir des investissements de pays comme le Japon, très innovants et très exportateurs mais avec des coûts de main d’œuvre élevés et une population en voie de diminution. C’est ainsi que la Chine est devenue l’atelier du Japon, et accessoirement de la Corée et de Taïwan. Mais c’est un modèle qui demeure extrêmement fragile et dépendant, même s’il a permis à la Chine de faire des progrès remarquables. D’ailleurs, on ne peut parler de «modèle » car un modèle c’est universel et reproductible, or le modèle chinois est très local et non reproductible, ni dans le temps ni dans l’espace. En revanche, l’économie de marché est bien un modèle reproductible dans toutes les sociétés. Elle commence à Turin au 13e siècle et se reproduit partout, jusqu’en Corée du Sud par exemple. Plutôt qu’invoquer le modèle chinois je préfère parler d’expérience chinoise. Elle est en toute hypothèse très intéressante, en ce qu’elle a permis de sortir des millions de gens de la pauvreté, mais ce n’est pas un modèle. Cela signifie-t-il que l’innovation est consubstantielle au modèle occidental ? Oui, elle en est inséparable. Qu’est-ce que l’Occident ? C’est l’esprit critique. Or, si on critique l’existant c’est bien pour aboutir à quelque chose de mieux en remplacement. C’est cela la fibre intime de ce qu’est l’Occident. On ne peut l’éliminer, c’est un fait. Quelle est ensuite la conséquence de l’innovation ? Elle transforme les métiers, les façons de penser, l’industrie, etc. Certains disparaissent, d’autres apparaissent. Mais les problèmes d’ajustements qui en découlent ne sont pas toujours simples à résoudre. On dit par exemple, et de manière assez Vous aimez rappeler qu’en économie il faut des idées ; quel est le rôle de l’idée dans l’économie ? l’in n ovatio n re q uie r t u n ce r tain re t r ait de l’E tat La croissance a deux fondements : les institutions et la spontanéité. Si vous n’avez pas d’institutions stables et prévisibles, vous n’avez pas de développement durable. Des institutions stables et prévisibles c’est l’état de droit, comme je le disais plus tôt. J’ajoute que ce n’est pas nécessairement la démocratie. Le combat pour la démocratie est un combat distinct. On entend souvent dire qu’il ne peut pas y avoir de développement sans démocratie et réciproquement. En réalité, le développement et la démocratie sont deux registres différents. Même si je suis prêt à me battre pour les deux, je constate que Singapour se développe sans démocratie, que Taïwan et la Corée du Sud se sont développées longtemps sans démocratie et qu’il existe une démocratie majeure, l’Inde, qui ne s’est pas développée. Mais si l’on arrive à joindre les deux, c’est évidemment mieux. Ensuite, il faut de la spontanéité, c’est-à-dire qu’il faut permettre à ceux qui ont de l’imagination de la traduire en innovation scientifique, technique et en entreprises. Et cela suppose un certain retrait de l’État, en tout cas une immense tolérance de théorique, que les emplois nouveaux remplacent les anciens. Il ne faut pas être innocent : ils ne sont pas forcément remplacés au même endroit que l’industrie disparue ni à la même vitesse, sans parler des nouvelles qualifications requises. Autrement dit, remplacement ne signifie pas nécessairement substitution et il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître. Par exemple, j’évoquais plus tôt la ré-industrialisation qu’on voit s’établir aux États-Unis. Elle ne signifie pas qu’on va embaucher des ouvriers en grand nombre. Elle s’appuie en effet essentiellement aujourd’hui sur la robotisation, en tirant parti en outre de la baisse des coûts de l’énergie. Je pense en particulier à toutes les perspectives de la 3D, qui s’introduit jusque dans les secteurs de pointe comme l’aéronautique, chez Safran notamment. Les modèles antérieurs ne peuvent plus entrer en compétition 98 CULTURE ( S ) / INVITé avec ces systèmes de reproduction en 3D. Dans un tel schéma, c’est l’économie d’atelier de la Chine qui risque de disparaître sauf peut-être pour l’assemblage et le marché intérieur. Mais sa part de marché va se réduire. Quant à l’Inde, elle ne peut même plus emprunter la voie chinoise, c’est trop tard. On peut dire que l’expérience chinoise est historiquement close. Il faut distinguer entre le discours politique et le ressenti des peuples. La classe politique est à la recherche de pouvoir et ce dernier s’obtient par le clivage, par l’opposition. Pendant très longtemps on a fonctionné sur une opposition du socialisme au capitalisme. Le socialisme ayant disparu comme référence, il a fallu créer d’autres clivages, donc on a vu remonter le patriotisme comme forme de clivage. Est-ce ressenti par les peuples ? Ce n’est pas certain. Je ne pense pas que la mondialisation, en tant que telle, nuise à l’ancrage, à l’enracinement et donc à la volonté d’être patriote. Justement, quelle est la place de l’histoire dans ce mouvement de l’économie que vous décrivez ? Elle est vitale. Prenez la Suisse qui est leader dans de nombreux domaines dont la chimie et la pharmacie. Il faut remonter à une histoire d’innovation et de brevets justement pour comprendre ce leadership. Si vous vous demandez pourquoi Bâle occupe une telle place aujourd’hui dans ce secteur, il faut savoir qu’elle est devenue la capitale de la teinturerie au milieu du 19e siècle et que la chimie est un dérivé de la teinturerie. Le régime des brevets français sous Napoléon III avait permis à la société lyonnaise Renard Frères d’obtenir le quasi monopole sur la couleur dite Fuschine (un rouge Magenta). Très en vogue à l’époque et très facile à reproduire, les principaux teinturiers de France capables de le faire, s’exilèrent dès 1862 en Suisse, qui n’introduira sa première loi sur les brevets qu’en 1907. Ils s’installèrent plus précisément à Bâle, en raison des grandes quantités d’eau qui y sont disponibles. [ndlr : L’un d’eux, Alexandre Clavel fera partie du noyau qui formera en 1884 la Gesellschaft für Chemische Industrie in Basel (CIBA)]. Certains voient tout de même dans la mondialisation, une entreprise d’effacement des mémoires. Oui, il peut y avoir de cela. Mais dès que vous rentrez dans les détails, c’est l’inverse qui se présente. Par exemple l’Internet, qui est le symbole de la mondialisation, a permis à des familles de se reconstituer, même à des langues de se reconstituer, dont les locuteurs étaient trop peu nombreux et dispersés pour les faire survivre par eux-mêmes. C’est grâce à Internet qu’ils ont réussi à se regrouper et préserver leur héritage. Idem pour les communautés locales réunies par les blogs, ou mieux encore, la place croissante offerte à la vente des produits de terroirs, toujours grâce à Internet. Au-delà d’Internet, c’est bien la mondialisation qui permet à des produits enracinés dans l’identité de certains pays de s’exporter comme jamais auparavant, comme les montres suisses. Cela étant, je comprends fort bien l’attachement de la Suisse à la spécificité de son état de droit, en particulier à ses droits politiques et je souhaite que l’Europe s’inspire de la Suisse. Mais j’aimerais aussi que la Suisse puisse influencer l’Union européenne de l’intérieur, et donc qu’elle la rejoigne. \ Une autre histoire est celle des peuples. Il existe des revendications identitaires qui s’opposent au modèle américain, comment l’économie peut traiter cela ? 99 chro niq ue / re g ard ( s ) L’art et la déraison Elena Budnikova déménageur ou artiste – auto-proclamé ou non –, le coffre-fort et le frigidaire empilés n’auront pas la même valeur, tant s’en faut. François Besse L’arithmétique prend parfois des chemins que la raison ignore. Si de tout temps un et un font deux, si, dans le domaine quantique, un et un peuvent parfois faire cinq, il est un domaine qui échappe à toute logique mathématique, c’est celui de l’art contemporain. Lorsque Marcel Duchamp monte une fourche de vélo à l’envers sur un tabouret en bois, ou lorsque Bertrand Lavier pose un frigidaire sur un fauteuil en cuir, et qu’il en fait de même, pour varier les plaisirs, avec un coffre-fort et un frigidaire, la logique voudrait que la valeur de l’ensemble corresponde à la somme, médiocre en l’occurrence, de la valeur de ses composants. C’est un fait d’expérience que l’enclume que je pose par hypothèse sur, ou dans, mon frigidaire, n’en augmente la valeur que de celle de l’enclume. Or, de nombreux artistes, en particulier Marcel Duchamp et ses disciples, se sont plus particulièrement spécialisés dans les superpositions, ou combinaisons, d’objets de la vie courante, d’une valeur individuelle très relative, en tentant de démontrer, avec succès il est vrai, que la valeur de l’ensemble dépasse la somme des valeurs de chacun des objets composant cet ensemble, au motif qu’il s’agit d’une œuvre d’art. En d’autres termes, selon que l’on soit 10 0 Ce phénomène questionne à double titre au moins. Sur le plan de la création de valeur, on ne peut que s’interroger sur les obscures considérations auxquelles obéit la cote de certaines œuvres d’art. Le phénomène pose toutefois également une question juridique, celle de la limite à donner à la notion d’œuvre. On peut en effet légitimement se demander, à la lumière des exemples évoqués plus haut, si l’on se trouve encore dans un domaine qui peut jouir d’une protection par le biais des législations sur le droit d’auteur ou si, au contraire, de telles constructions échappent à toute protection, avec toutes les conséquences que cela peut impliquer en termes de valorisation de telles combinaisons. Un exemple qui a fait grand bruit dans les milieux de l’automobile est illustré par le «travail » de Bertrand Lavier intitulé DINO. Lors de la Foire internationale d’art contemporain de Paris, au mois d’octobre 2013, ce dernier a exposé une Ferrari 308 Dino accidentée, posée sur un socle blanc. La petite histoire enseigne que cette œuvre serait simplement née d’un coup de volant malheureux. Le passionné de Ferrari s’en trouve rassuré!... Pour l’amateur d’art, cela signifie par contre qu’il n’y a que de la matière brute, sans aucun travail – on eût pu concevoir une manière «artistique » de défoncer la voiture, mais ce ne fut même pas le cas en l’occurrence. L’histoire ne s’arrête pas là. Apparemment fasciné par cette œuvre, un collectionneur d’origine turque s’est offert le trophée pour un montant de l’ordre de € 190 000.-, somme qui est manifestement sans commune mesure avec la valeur d’une Ferrari 308 Dino non accidentée – on en trouve à partir de € 15 000.- sur le marché d’occasion –, sans même parler de celle du socle. Il est piquant de relever que, interrogé par le journal Auto Recyclage, magazine des professionnels de l’automobile et de l’écologie, chro niq ue / re g ard ( s ) La Ferrari 308 Dino accidentée de Bertrand Lavier la responsable de la communication de l’auteur a justifié le caractère artistique de l’ouvrage en soutenant que le talent consistait à avoir posé l’épave sur un socle et que cette performance n’était pas à la portée de n’importe quel professionnel de l’automobile. Dont acte!... Citant cet exemple dans son ouvrage intitulé «L’innovation destructrice », Luc Ferry souligne à très juste titre que l’on se trouve en présence d’une véritable imposture et ceci pour les raisons essentielles suivantes : - il n’y a aucune innovation véritable ; - il n’y a aucun savoir-faire, ni métier, ni talent d’aucune sorte ; - il n’y a aucune considération esthétique ; - enfin, il n’y a aucune expression de génie, «pas le moindre embryon d’intelligence, aucune idée même un peu plate », pour reprendre les termes de Luc Ferry. Il n’en demeure pas moins qu’il s’est trouvé un acquéreur pour considérer que l’ouvrage avait valeur d’œuvre d’art et lui fixer une première cote. Est-ce à dire que ce sont les lois du marché qui permettent d’attribuer la qualité d’œuvre d’art à une combinaison d’objets a priori quelconques ? C’est le moment de placer le débat dans le contexte juridique. Précisons d’emblée que le droit n’accorde aucune pertinence à la valeur esthétique, éthique ou économique de l’œuvre. On peut donc penser tout ce que l’on veut de la valeur esthétique d’une Ferrari cabossée sur un socle blanc : le droit n’en a cure. En revanche, il est un critère dont le droit tient compte, c’est celui de l’originalité, ou de l’individualité pour reprendre les termes de certaines législations. C’est dire que, pour être qualifiée d’œuvre au sens de la législation sur le droit d’auteur et bénéficier par conséquent d’une protection à ce titre, la création doit être le résultat d’un art ou d’une créativité qui dépasse la banalité. Il faut donc que l’ouvrage soit le fruit d’une activité intellectuelle particulière, qu’il soit l’expression d’une idée nouvelle ou la nouvelle expression d’une idée connue. Dans cet ordre d’idée, les objets ou assemblages d’objets qui résultent d’une simple activité manuelle non créatrice ne constituent pas des œuvres au sens de la législation sur les droits d’auteur. Pour reprendre l’exemple de la combinaison du réfrigérateur et du coffrefort, le déménageur qui empile ces deux objets est donc aussi artiste que le créateur d’art qui en fait de même, ni l’un ni l’autre ne pouvant bénéficier d’une protection particulière au titre du droit d’auteur. C’est évidemment sans conséquence pour le déménageur, et encore! C’est sans conséquence, à tout le moins immédiate, pour le créateur, qui aura touché de près l’art de la transmutation en transformant, sinon en or, du moins en monnaie sonnante et trébuchante une combinaison banale d’objets tout aussi banaux. Ce sera beaucoup plus contrariant pour le collectionneur, le jour où, découvrant l’imposture, il réalisera que, pour la même «œuvre », il aurait eu tout intérêt à négocier avec le déménageur plutôt que de négocier avec l’artiste ou son agent. Quand on aime on ne compte pas, diront certains. Plaie d’argent n’est pas mortelle diront d’autres. L’histoire ne dit pas si le collectionneur turc qui s’est porté acquéreur de la Ferrari 308 Dino de Bertrand Lavier jura, mais un peu tard, que l’on ne l’y reprendrait plus. \ 10 1 c ult ure ( S ) / marché de l’ar t Envolée de la photographie américaine : le cas de Cindy Sherman par artmarketinsight Artprice .com Cindy Shermann, Untitled Film Still #48 (1979) 10 2 c ult ure ( S ) / marché de l’ar t Cindy Shermann, Untitled Film Still #58 (1980) Le marché de la photographie se porte bien. Il ne s’est même jamais si bien porté en termes de recettes annuelles. Il s’agit pourtant d’un marché neuf en regard des autres, séculaires, de la peinture, de la sculpture et de l’estampe. L’émergence de la photographie sur le marché de l’art débute timidement dans les années 70 avec des clichés historiques en noir & blanc et de petits formats. À l’époque déjà, la société américaine Sotheby’s pressent le potentiel de ce secteur et lance le premier département photographique au niveau international (1971). La création d’un département photographique dans l’une des plus puissantes sociétés de ventes du monde ne suffit pas à lancer immédiatement le marché. Il fallu amadouer les collectionneurs, les habituer à ce «nouveau » support, et attendre quelques années de plus avant que des enchères importantes ne soient manifestes. Un cap est franchi dans les années 90, époque de la première foire exclusivement dédiée à la photographie, à savoir Paris Photo (1997) ; et époque des premiers grands formats «tableaux » dans le paysage photographique, notamment avec l’École de Düsseldorf. La photographie contemporaine prend alors réellement ses marques, avec des éditions très clairement limitées qui rassurent les amateurs. Au même moment, de grandes photographies et de petits Untitled Film stills («Photographie de plateau sans titre ») de la photographe américaine Cindy Sherman commencent à passer dans les salles de ventes new-yorkaises. Certaines se vendent autour de 10 000 $. D’autres Il s’e s t ve nd u pl u s de 17 5 m $ de pho t o gr a phie s au x e nchè re s da n s le mo nde e n 2 0 14 , u n chiffre e n pro gre s sio n de +14 6 % e n 10 a n s clichés grimpent à plus de 50 000 $... des résultats qui impressionnent à l’époque1. Les collectionneurs montrent immédiatement leur attachement à des images bien particulières, dont Untitled Film Still #48. 10 3 c ult ure ( S ) / marché de l’ar t Ce numéro 48 montre une jeune femme vue de dos, une valise posée à ses pieds, attendant une voiture au détour d’un virage. Cette image particulière, prise en 1979 lors d’un voyage de la jeune artiste avec ses parents en Arizona, est devenue une sorte d’icône de la photographie contemporaine. Elle a beaucoup circulé et inspiré d’autres artistes, dont Madonna, qui est investie dans la promotion de l’œuvre de Cindy Sherman. Cette Untitled Film Still #48 étant passée plusieurs fois en salles de ventes, elle révèle l’ascension fulgurante des prix depuis les années 90 : adjugée 58 000 $ en 1996, elle cote 1,3 m$ en 20132. Ce n’est pas tout, un format plus grand de cette même photographie (l’artiste a produit Cindy She rma n incar ne l a ré u s site de l’ar t c o n te mp or ain amé ricain par l a pho to gr a phie . Elle e s t l a gr a nde él ue d u marché , l a pho t o gr a phe l a pl u s re n table p o ur le s s ocié té s de ve n te s plusieurs éditions limitées pour répondre à la demande) s’est récemment vendu 1,85 m$… 3 Il faut dire que Cindy Sherman incarne la réussite de l’art contemporain américain par la photographie. Elle est la grande élue du marché, la photographe la plus rentable pour les sociétés de ventes. La vente des ses œuvres en 2014 a généré 18,7 m$ et l’on doit à l’artiste le plus beau coup de marteau de l’an dernier en photographie, grâce à la dispersion d’un lot de 21 tirages argentiques de la fameuse série Untitled Flim Still. L’ensemble s’est arraché pour 5,9 m$ ... marquant un nouveau record d’enchère pour l’artiste. Cindy Shermann, Untitled Film Still #10 (1977) les pastiches de tableaux anciens, etc... Au total, une dizaine de séries photographiques et plus de trente ans de carrière. Or, dans chaque image de chaque série, si différentes qu’elles soient, c’est toujours Cindy Sherman elle-même qui se grime. Au bout du compte, l’artiste a endossé des centaines de rôles, qui sont autant de stéréotypes culturels et sociaux d’époques diverses. Les collectionneurs ont suffisamment de recul pour afficher clairement leurs préférences : peu enthousiasmés par les séries organiques ou monstrueuses, ils privilégient les pièces «historiques », réalisées entre 1979 et 1989 (Untitled Film Stills et Centerfolds/Horizontals). Les œuvres plus récentes commencent à être bien connues du grand public, grâce notamment à la rétrospective très visitée organisée au Museum of Modern Art de New-York il y a deux ans. Photographe la mieux célébrée et icône américaine de l’art contemporain, Cindy Sherman a participé à hisser le marché de la photographie au plus haut niveau de reconnaissance et de valorisation. Bonne nouvelle pour les amateurs : s’agissant de photographie, l’artiste a décliné certains tirages en des éditions numérotées sur 35, 100 ou 150 exemplaires, tous dûment numérotés et signés. Ces photographies référencées sont souvent accessibles entre 1 500 et 5 000 $. On les trouve facilement en suivant les ventes aux États-Unis (84 % du marché) et parfois en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne. \ L’œuvre de Cindy Sherman se découpe en plusieurs séries : les Untitled Film Stills (années 1977-1980) qui s’inspirent des photogrammes de films noir et blanc des années 50 ; les séries Fairy Tales, Disasters, Horror and Surrealist Pictures et Masks (années 80 et 90) qui jouent sur le registre grotesque et de l’horreur, tout en conservant une mise a distance ironique ; 1)Untitled Film Still #48, 5/10, atteint l’un des meilleurs prix de Sherman, 58 000 $, le 19 novembre 1996 chez Sotheby’s New-York. 2)Vente Christie’s New-York, le 12 novembre 2013, soit 1,565 m$ frais inclus. 3)Vente Sotheby’s New-York, le 11 novembre 2014, 40,6 cm x 50,8 cm, 3/3. 10 4 15-129-CS EXPOSE Pawl Carbonaro, Red on Grey, 100 × 80 cm Julian Tschollar, Knight Riders, 2014, 60 × 70 cm Thomas Mustaki, Native, 100 × 150 cm Tina Ausoni, Warrior – Bronze Jacqueline Dübi, Immersion, 150 × 100 cm KE115195035 By Sébastien Staub et Claudio Zenger Tina Ausoni, Pawl Carbonaro, Jacqueline Dübi, Thomas Mustaki, Julian Tschollar, Claudio Zenger et Sébastien Staub Vernissage de l’exposition Car’Art le jeudi 7 mai 2015 de 18h00 à 21h00 Exposition du 7 au 16 mai 2015 Lundi à vendredi de 9h00 à 19h00 Samedi de 9h00 à 17h00 Dimanche 10 mai de 13h30 à 17h30 Présence des artistes les 7 et 10 mai 2015 Car’Art Galerie d’art Emil Frey SA, Centre Automobile Romand Chemin de Closalet 19, 1023 Crissier, Tél. 021 631 24 11, Fax 021 631 24 14, www.emilfreycrissier.ch c ult ure ( S ) / c ult ure ( elle ) Jean-Sébastien Bach avant tout Entretien avec Bernadet te ELÖD Lutry – La 56e édition des Concerts J. S. Bach se termine le 12 avril 2015. L’occasion pour nous de rencontrer la directrice artistique de l’événement, Bernadette ELÖD, et de discuter avec elle de ce qui lui tient à cœur, de son amour pour Bach, des grands musiciens et d’annoncer la prochaine saison qui débutera le 1er novembre 2015. long de ces années. D’abord en tant que secrétaire, puis de plus en plus, Arpàd me confiait la tâche de la programmation, puis de l’organisation même et après sa mort, en 1992, j’ai repris la direction artistique des Concerts J.S. Bach de Lutry. Vous fêtez cette année la 56 e édition des Concerts Bach : quel est votre meilleur souvenir ? Bernadette Elöd, pourriez-vous nous décrire votre parcours ? Il s’agit d’une série de concerts, soit de 7 concerts par saison allant de début novembre jusqu’en avril de l’année suivante. Beaucoup de merveilleux Dès mon plus jeune âge j’ai commencé la musique, c’était encore à Budapest. Tout d’abord, le piano, puis le violon - mon instrument de prédilection - que j’ai poursuivi à mon arrivée en Suisse. Après une scolarité à Lausanne, puis ma maturité à Fribourg, j’ai continué le violon au Conservatoire de musique de Lausanne (chez Arpàd Gérecz, chef de l’OCL), puis au Conservatoire de Genève (chez Corrado Romano). Côté privé Un livre préféré ? Christiane Singer : Où courstu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? Après l’obtention de mon diplôme, j’ai enseigné le violon, durant de nombreuses années, dans le cadre des collèges lausannois, de même qu’en Hongrie, où j’enseigne depuis 27 ans, dans le cadre des Jeunesses musicales, spécialement la musique de chambre. J’ai également fait partie de plusieurs orchestres : Collegium Academicum de Genève, le Nouvel Orchestre de Montreux, et encore de plusieurs formations. Parallèlement, pour subvenir financièrement à mes besoins, j’ai également travaillé en tant que secrétaire médicale durant de nombreuses années en chirurgie pédiatrique, puis en médecine. Une phrase, une citation qui vous stimule ? «Avoir la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en connaître la différence ». Comment vous est venue cette idée de «concerts de Bach » ? Un personnage historique ? L’abbé Pierre. Les Concerts J.S. Bach de Lutry ont été créés par Edgar Shann, hautboïste réputé, et son ami Arpàd Gérecz - excellent violoniste - dès la fin des années 1960. Shann avait participé régulièrement aux semaines Bach de Ansbach, petite ville pittoresque de la Bavière, qui voyait se réunir chaque été les meilleurs interprètes de Bach : citons Karl Richter, Yehudi Menuhin, Aurèle Nicolet etc. Cette expérience enthousiasmante et les solides amitiés qu’il lia ainsi avec ses pairs, donnèrent à Shann l’idée de créer, dans ce coin de pays où il habitait et qu’il aimait tant, dans cette église admirable de Lutry, une série de concerts dédiés exclusivement à Jean-Sébastien Bach. Une ville préférée ? Budapest. Après la mort d’Edgar Shann, en tant qu’ancienne élève d’Arpàd Gérecz, c’est tout naturellement que je me suis attachée à cette série de concerts au 10 6 Une musique préférée ? La Passion selon St-Matthieu de J.S. Bach. Un hôtel ? Hôtel Jungfrau Victoria à Interlaken. Un musée ? Le Louvre. Votre mot préféré ? Harmonie. Votre heure préférée ? L’heure du crépuscule. Dans une autre vie, qu’auriez-vous rêvé de faire ? Médecin. c ult ure ( S ) / c ult ure ( elle ) Michel Corboz et Winfried Toll, chefs de chœur extraordinaires, qui par leur seule présence et en un clin d’œil transforment et transmettent aux musiciens l’essentiel de l’œuvre. J’avoue me sentir très favorisée en repensant à tant et tant de grands musiciens que j’ai pu côtoyer durant toutes ces années. La liste est trop longue pour pouvoir les énumérer ici. Vous êtes d’origine hongroise, et êtes arrivée en Suisse très jeune. Quel a été votre premier regard sur ce pays et quel est-il aujourd’hui ? Mon regard d’enfant d’alors était, dans mes souvenirs, un peu effrayé par ce pays, dont je ne comprenais pas la langue et qu’il fallait découvrir petit à petit…, les gens me paraissaient fermés, distants. Aujourd’hui, je me sens bien dans ce magnifique pays, bien qu’il ne puisse y avoir, je crois, jamais une totale intégration… Qu’est-ce qui vous a marquée ? La beauté extraordinaire des paysages, des montagnes. Et puis… La diversité : comme il y a plusieurs langues, il y a forcément plusieurs cultures. Est-ce facile d’organiser un événement culturel en Suisse ? souvenirs m’assaillent en repensant à ces nombreuses années, mais peut-être l’un des plus marquants était celui de la venue du violoniste Yehudi Menuhin, une légende vivante. J’avais rêvé sa rencontre depuis ma tendre enfance! Quand il entra dans le Temple de Lutry, on entendait presque comme le public retenait son souffle! Et c’est bien la première fois que le public s’est levé «avant » un concert! Tellement sa présence imposait l’admiration! Ce fut juste une année avant sa disparition. Depuis, de très nombreuses rencontres et des concerts extraordinaires ont suivi. Non, rien n’est facile et il me semble que cela devient de plus en plus difficile d’organiser un événement, mais bien entendu ce n’est pas qu’un problème concernant la Suisse! Quels sont vos futurs projets ? Alors, comme je venais de le citer, Yehudi Menuhin ; encore dans les études, j’étais persuadée que si je pouvais toucher sa main, je jouerais mieux! Mes futurs projets ? Ça c’est une grande question! J’ai des tas d’idées, des souhaits très chers à mon cœur pour faire venir des artistes exceptionnels, tels que, par exemple, Menahem Pressler, Cecilia Bartoli, William Christie avec les Arts Florissants, Jordi Savall avec le Concert des Nations, pour n’en citer que quelques-uns. Je souhaiterais aussi, depuis longtemps, augmenter le nombre de nos concerts… György Sebök, l’immense pianiste hongrois, dont j’ai eu le bonheur de suivre des master-classes et qui est aussi venu à Lutry : c’était des leçons de vie qu’il nous donnait. La sagesse, la paix qui émanaient de lui étaient tout à fait exceptionnelles. Un témoin de lumière! Il est vrai que j’ai créé les «Folles Journées J.S. Bach de Lutry », dont nous avons eu déjà 3 éditions et préparons la 4e! Elles se passent sur un week-end avec 6 concerts. \ Dans l’univers de la musique, quelles sont les personnalités qui vous ont le plus marquée et pourquoi ? 10 7 hé d o nisme ( S ) / age nda Hayat A. M. GTG / Wilfried Hösl Hédonisme(S) MEDEA Opéra, mis en scène par Christof Loy Direction musicale : Marko Letonja Grand Théâtre de Genève Du 9 au 24 avril 2015 LOUNIS AÏT MENGUELLET Chansons et poésie kabyles Théâtre de Beausobre Samedi 2 mai 2015 Depuis toujours, l’opéra est marqué par une profonde inclination pour les personnages extrêmes. Et s’il est une figure de la Grèce antique réputée pour ses passions enflammées et la violence de ses actes, c’est bien Médée, fille du roi de Colchide et magicienne vengeresse. Un grand nombre de compositeurs se sont intéressés à celle qui, pour se venger de l’infidélité de son mari Jason, n’a pas hésité à assassiner ses deux enfants et mettre le feu au temple de Junon. Parmi eux, Luigi Cherubini compose en 1796 une œuvre sans précédent dans l’histoire du théâtre musical français. Tirant profit des innovations de Gluck, le compositeur italien que Beethoven admirait tant conçoit une tragédie en musique qui déploie toute la frénésie passionnelle et la fureur sanglante que le mythe antique renferme. Inspirée des tragédies d’Euripide, Sénèque et de Corneille, sa Médée a été arrangée dans une version italienne qui fut popularisée par l’interprétation de Maria Callas dans les années 1950. Medea promet donc des instants musicaux d’une intensité dramatique que les spectateurs ne sont pas prêts d’oublier. Dépaysement musical total! Lounis Aït Menguellet vous emmène aux confins de l’Algérie. Une voix et des sonorités musicales inspirées et attachantes qui vous feront voyager. Plus de 40 ans de carrière ont enrichi la poésie de ce chanteur-poète kabyle né en 1950 au cœur du Djurdjura. Son style limpide et authentique magnifie des textes tantôt romantiques, tantôt porteurs de grands débats, de son pays et de son temps, qui instaurent une complicité certaine avec le public. Une personnalité tranquille et profonde à laquelle on s’attache immédiatement et dont les compositions parfois méditatives et abstraites émeuvent par leur puissance poétique. Découvrez le génie imaginatif de ce poète aux modes d’expression aussi variés que proverbes et dictons, légendes et fables. Vous serez surpris par son souci de la composition musicale et la qualité littéraire de ses chansons. Un concert à la beauté particulière. En partenariat avec l’association des Kabyles de Suisse, AKS. Grand Théâtre de Genève 5, Place Neuve/1204 Genève Billetterie : + 41 (0) 22 322 50 50/[email protected] Théâtre de Beausobre 2, avenue de Vertou/1110 Morges Billetterie : + 41 (0) 21 804 97 16/+ 41 (0) 21 804 15 90 WWW.GENEVEOPERA.CH WWW.BEAUSOBRE.CH 10 8 hé d o nisme ( S ) / age nda BIG APPLE Avec Marianne Basler et Christophe Malavoy Texte : Isabelle Le Nouvel Mise en scène : Niels Arestrup Le Reflet, Théâtre de Vevey Mardi 5 mai 2015 Qu’est-ce qu’aimer ? Quelle est la mesure ou la démesure de l’amour ? Qu’est-ce aimer jusqu’au bout ? Brod et Syst – Christophe Malavoy et Marianne Basler, dirigés avec beaucoup de délicatesse par Niels Arestrup – sont en couple. Policés et amoureux comme on sait l’être quand tout va bien, ces deuxlà s’aiment dans une douce torpeur qui n’a plus rien à voir avec les éclats de la passion première. Brod a annoncé une surprise à sa compagne. Elle s’imagine qu’il a enfin organisé le voyage à New-York qu’ils planifient depuis longtemps, mais la vie en a décidé autrement. Une lettre du laboratoire les rappelle à la réalité. Ainsi, chaque jour, Syst rentre du travail et s’arrange avec le quotidien, chaque jour Brod compose avec les circonstances. Se parler de l’essentiel, c’est précisément ce qu’ils désirent et qu’ils évitent par des non-dits pudiques. Y parviendront-ils à force d’amour ? Cette tragi-comédie sonde la vérité de l’être et aborde l’amour comme un miracle du quotidien. Big Apple est un texte sans pathos, qui sait être drôle avec un sujet grave, et qui sait aussi décortiquer nos travers, nos petites lâchetés et nos grands courages… Le Reflet, Théâtre de Vevey 4, rue du Théâtre/1800 Vevey Billetterie : + 41 (0) 21 925 94 94 WWW.LEREFLET.CH iConseil.ch va vous aider à développer votre stratégie de communication en améliorant votre image, à vous présenter de manière à convaincre. 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Entre monts et vallons, décrochés et virages, tout ne devient plus que luxe, calme et volupté, poésie et lignes épurées. La notion du temps modifie son équilibre et se calque au mouvement du compte-tours. Le Rallye des Caprices est le premier rallye au féminin Swissmade sur voitures de collection. Un rallye de régularité, une épreuve TSD Rallying. L’aventure vise à faire découvrir ici et là des recoins méconnus des cantons de Vaud, Valais et Berne. Les participantes devront être ambassadrices d’une élégance certaine, mais aussi de leur passion pour les automobiles d’exception. Les automobiles éligibles doivent être d’origine entre le début du siècle et 1985. Le tracé quotidien ne dépasse pas 200 km par jour, afin de profiter au maximum du décor helvétique. Le départ aura lieu dans le bassin lémanique, le mercredi 23 septembre 2015 dans la matinée. Retour le vendredi 25 septembre avec une soirée de clôture sur les côtes du lac Léman. LUZ DE LUNA Violoncelle : Gautier Capucon, piano : Jorge Viladoms Danseurs Etoiles du Ballet de l’Opéra de Paris : Isabelle Ciarovola et Hervé Moreau Bâtiment des Forces Motrices Lundi 8 juin 2015 La Fondation Crescendo con la Musica a été créée en septembre 2012, sur l’initiative de Jorge Viladoms Weber, musicien professionnel au parcours international et professeur de piano au Conservatoire de Lausanne, en faveur d’enfants défavorisés au Mexique - son pays d’origine - afin de leur apporter instruments de musique, formation musicale et autres soutiens artistiques. À l’occasion de ce premier concert à Genève, Jorge Viladoms en contact constant avec des élèves au Conservatoire de Lausanne, a décidé d’étendre son action à de jeunes talentueux étudiants suisses, au moyen de bourses offertes à leur éducation musicale. Au programme de ce spectacle artistique et poétique des œuvres de Arvo Pärt, Claude Debussy, Manuel M. Ponce, Camille Saint-Saëns et Serge Rachmaninov. Ce concert avec ses amis : le violoncelliste Gautier Capuçon - les danseurs étoiles de l’Opéra de Paris Isabelle Ciaravola et Hervé Moreau - sera une première à Genève, après New York fin 2014, soutenu par la Fondation Rockfeller. Un cocktail convivial, en soutien à la Fondation est proposé après le concert soit à 20h30 dans l’espace magique du BFM, en présence des 4 artistes. Contacts : Alexandra Bonzon et Nathalie Lepoutre + 41 (0) 79 333 75 65, [email protected] + 41 (0) 79 107 16 16, [email protected] Future Photography WWW.FACEBOOK.COM/RALLYEDESCAPRICES Service culturel Migros : + 41 (0) 22 319 61 11 Ville de Genève : + 41 (0) 800 418 418 www.billetterie-culture.ville-ge.ch WWW.BFM.CH 110 Chez nous, quand vous voulez rencontrer le président, vous rencontrez le président. Gaultier Collette Leader des agences de communication indépendantes de Suisse Romande (classement bsw 2014) gaultiercollette.ch GAULTIER COLLETTE - WTC II - 29 route de Pré-Bois - CP 635 - CH 1215 Genève 15 - tél. +41 (0)22 884 39 60 - [email protected] hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure ENCORE UN PAS. ET UN AUTRE. Auteur : Olivier Toublan Éditeur : Saint-Augustin 2015 solitude qui se révèle un peu angoissante, mais qui permet de redécouvrir le monde, de se questionner sur ce qui compte vraiment dans la vie, ce qui est superflu, ce que l’on pourrait abandonner. Au fil des chapitres, l’auteur décrit la beauté sauvage des paysages, les lieux visités, les rencontres, singulières, surprenantes de ce très long périple, comme ce Français parcourant le chemin en fauteuil roulant. Encore un livre sur le chemin de Saint-Jacques ? Certes, mais il y a autant d’histoires à raconter sur le Camino qu’il y a de pèlerins. Toutes sont différentes, toutes sont passionnantes. Celles qui sont contées dans cet ouvrage ont l’originalité d’emmener le lecteur de Constance à Compostelle, en passant par Einsiedeln et Genève, l’Aubrac et le Midi. En tout, quelque 3000 kilomètres de lassitude, de rencontres étonnantes, d’émerveillements, de petites misères et de longues méditations. Il y a mille raisons de prendre le chemin de Compostelle. Chaque pèlerin a la sienne. Les anecdotes sont nombreuses et croustillantes. Le chemin de Saint-Jacques, c’est souvent très beau, mais pas toujours très agréable, écrit O. Toublan. Le fardeau du pèlerin est parfois bien lourd, mais il faut l’assumer, le porter jusqu’à Compostelle. Les souffrances de la route sont bien réelles : les petits matins glauques, le soleil qui cogne, la pluie, le plus redoutable ennemi du pèlerin, les moustiques qui vous dévorent, les gîtes inconfortables, surpeuplés. Sans parler des bobos. Après quelques jours de marche, les premières ampoules surgissent, malgré les précautions prises. Il faut percer les cloques, les panser. Mais cela ne sert à rien. La douleur persiste. Les plaies sont à vif. Chaque pas est une souffrance. Pourtant, le pèlerin, admirable, continue son chemin, avec un but unique : atteindre coûte que coûte Compostelle. Après ces quatre mois de marche, après tant de joies, de peines, une fois de retour chez soi, que se passet-il ? Rien, répond l’auteur. On n’a plus la tête remplie que de beaux souvenirs, d’épatantes histoires. Que reste-t-il de ces promesses, de ces réflexions sur le monde, sur la manière dont nous vivons notre vie, toujours trop pressés ? Rien. C’est peut-être triste. (…) Au retour de Compostelle, on retrouve son appartement, son travail, sa famille, ses amis, ses joies et ses ennuis. La vie reprend son cours exactement comme avant. Sauf qu’on se prend à regretter cette sorte de bulle hors du temps qu’a été le pèlerinage. On se dit qu’il existe mille chemins qui mènent à Compostelle et que nous n’en avons parcouru qu’un seul. Le voyage n’est de loin pas fini. «Encore un pas. Et un autre. ». Pour l’auteur, c’était de vivre des vacances autrement, l’attrait de la marche, un peu de tourisme hors des sentiers battus. Pourtant, la raison d’avancer encore et toujours a rapidement évolué pour notre marcheur impénitent, remplacée par quelque chose de plus profond : l’attirance pour cette immense solitude qui enrobe les heures de marche, cette tranquillité qui s’installe. (…) On se sent petit à petit comme hors du temps, hors de ce monde qui s’agite sans cesse. Une Journaliste, Olivier Toublan est aussi un voyageur passionné, épris de contrées lointaines. Il a passé plus de deux ans en Asie, pour travailler et explorer la plupart des pays de la région. Épris de marche, il a aussi arpenté de nombreux sentiers dans toute l’Europe. Inévitablement, ses pas devaient un jour ou l’autre l’emmener vers Saint-Jacques-de-Compostelle. WWW.ST-AUGUSTIN.CH 112 hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure LA COMMUNICATION PROFESSIONNELLE : LES CLÉS POUR RÉUSSIR LA CRIMINALITÉ EN SUISSE Auteur : Marie-Hélène Miauton Éditeur : Favre 2013 Auteur : Jérôme Kœchlin Éditeur : Presses Polytechniques et universitaires romandes 2015 Après les récents drames impliquant des récidivistes, l’émotion de la population est grande. Ces affaires très médiatisées, qui ne représentent que la pointe de l’iceberg en matière de criminalité, bouleversent, choquent, et amènent aussi à s’interroger sur le système judiciaire suisse. Pour la population, le constat est quotidien : la violence augmente dans notre pays. Certains experts rétorquent qu’il s’agit avant tout d’un sentiment d’insécurité! Est-ce bien vrai ? En passant en revue les différents problèmes de la justice suisse, Marie-Hélène Miauton tente de répondre à cette question. Elle s’intéresse notamment aux moyens alloués à la police, à la perméabilité de nos frontières, à l’apparente générosité de la justice envers les criminels, à l’utilité des prisons ou encore à la place des psychiatres dans les décisions de justice. Pour comprendre l’actualité, il faut lire ce livre qui dresse un état des lieux, pose les bonnes questions, répond par des faits, cerne les responsabilités et, surtout, propose des réformes. Dans un monde hyper-connecté, la communication est omniprésente et nécessaire. Mais comment communiquer de manière efficace ? Comment faire en sorte que le message perçu par le public soit plus important que le message émis ? Comment développer des stratégies de communication percutantes ? Toute stratégie de communication a pour objectif d’accroître la notoriété de ses produits ou de ses services, ou de gérer sa réputation ; elle s’appuie pour cela sur un leadership communicationnel, une communication intégrée et divers outils permettant d’augmenter l’impact et l’efficacité du message, tout particulièrement dans le cadre d’une communication de crise. Mais comment communiquer de manière efficace ? Comment faire en sorte que le message perçu par le public soit plus important que le message émis ? Comment développer des stratégies de communication percutantes ? Ce manuel pratique et captivant propose toutes les réponses à ces questions. Tout particulièrement conçu pour les étudiants en communication, les chefs d’entreprise, les hommes politiques, les conseillers en communication et les dirigeants confrontés aux enjeux de la communication, il montre, sur la base de nombreux exemples, que tout acteur public se doit, en permanence, de savoir partager, convaincre et séduire. WWW.EDITIONSFAVRE.COM WWW.PPUR.ORG 113 hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure « MONSIEUR MON AMOUR » Auteur : Alexandra de Broca Éditeur : Albin Michel Princesse vertueuse totalement dévouée à Marie-Antoinette ou conspiratrice et séductrice aux mœurs dépravées ? Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, fut en son temps l’objet des plus folles rumeurs. Au fil d’une bouleversante correspondance imaginaire, Alexandra de Broca, l’auteur de La Princesse effacée, se glisse dans la peau de cette jeune aristocrate turinoise, veuve à dix-neuf ans du descendant d’un bâtard de Louis XIV, qui lui aura fait subir les pires affronts. Comme tant d’autres victimes expiatoires du régime de la Terreur, cette femme fragile, attachée à la famille royale au point de reprendre ses fonctions après la fuite du roi, connaîtra une fin atroce. Du fond de la geôle parisienne où elle attend son jugement, Marie-Thérèse écrit chaque jour à Philippe d’Orléans, cousin du Roi, mais député et proche de Robespierre. L’ennemi de Louis XVI. Dans une longue lettre bouleversante à celui qu’elle surnomme Monsieur mon Amour, elle évoque les souvenirs d’une époque dévastée par la Révolution. Pourquoi la plus vertueuse des princesses s’adresse-t-elle au plus débauché des hommes ? Parce qu’il est son beau-frère ? Parce qu’il l’a toujours protégée ? Ou parce qu’elle l’aime secrètement depuis plus de vingt ans ? Un huis-clos intense qui nous entraîne dans une réflexion sur le sens de la vie, de la justice et de l’Histoire. Passionnée par l’histoire, et tout particulièrement le XVIIIe siècle, Alexandra de Broca est romancière (La princesse effacée, Robert Laffont), scénariste et productrice. PATRICK AEBISCHER Auteur : Fabrice Delaye Éditeur : Favre 2015 Devenu président de l’École polytechnique fédérale de Lausanne en 2000, Patrick Aebischer l’a hissée dans le top 10 des meilleures universités scientifiques d’Europe. Les ministres comme les patrons des plus grandes entreprises, de Google à Samsung, y défilent pour s’en inspirer, quand ce n’est pas pour y installer des centres de recherche comme Logitech ou Nestlé. Comment ? Pourquoi ? Bien sûr, il y a l’aplomb, le charme et le sens politique invraisemblable du personnage, ainsi que le formidable réseau qu’il a su réunir, de partenaires politiques, économiques et académiques internationaux. Mais rien n’aurait été possible sans le contenu scientifique : il n’a jamais abandonné ses propres recherches à la pointe des neurosciences, ce qui lui donne la force de mener par l’exemple. Et de deviner le futur. Au fond, ce qu’a entrepris cet humaniste, c’est une renaissance de l’université européenne. Alors qu’il vient d’annoncer son départ pour 2016, ce livre retrace son parcours et ses accomplissements. WWW.ALBIN-MICHEL.FR WWW.EDITIONSFAVRE.COM 114 hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure ARGUMENTATION ET DIALECTIQUE EN ISLAM Auteur : Abdessamad Belhaj Éditeur : PUL 2011 Un nombre incalculable d’initiatives existe dans le monde, sur le dialogue inter-religieux avec l’Islam. En revanche, il est beaucoup plus rare de s’interroger sur les dialogues internes à l’islam et ses règles argumentatives propres. L’ouvrage d’Abdessamad Belhaj fait le point sur l’évolution historique de la rhétorique et de la dialectique islamiques, plus particulièrement dans ses débats théologiques et normatifs. Bien que destiné à un lectorat spécialisé, il est l’une des trop rares synthèses disponibles en langue française sur le sujet et mérite dès lors, d’être connu et lu par toute personne intéressée à parfaire sa culture de l’Islam. Abdessamad Belhaj est né au Maroc en 1974. Titulaire d’un doctorat ès lettres (islamologie) à l’Université Mohammed V (Rabat-Maroc) en 2001 et d’un doctorat en sciences politiques et sociales à l’Université catholique de Louvain (Belgique) en 2008, l’auteur enseigne depuis 2005 à l’Université catholique Péter Pázmany (Hongrie). WWW.PUL.UCLOUVAIN.BE 115 hé d o nis me ( S ) / jolis fl ac o n s 8 vins espagnols à l’honneur La sélection de market 3.Bodegas Los Astrales Ribera del Duero 2012 Type : Vin rouge (Tempranillo) Ce vin a une robe pourpre intense aux reflets rubis. Le nez est riche et complexe, évoquant à la fois le gâteau à la cerise et le chocolat aux raisins de Corinthe. Des parfums sous-jacents de sureau et de délicieux moka se dégagent également. Le palais est compoté et onctueux, les tanins mœlleux, avec une explosion de fruits noirs en milieu de bouche. Un extraordinaire équilibre entre la finesse du grain et le gras du vin, la confiture de cerises, la compote de myrtilles et pain d’épices jusque dans la finale inoubliable. Un vin de garde idéal, mais à déboucher une heure avant, si consommé dans ses premières années. 4.Bodegas Condado de Haza Esperanza 2011 Type : Vin rouge (Tempranillo) Une robe pourpre impénétrable aux reflets noirs. Un bouquet fruité à la fine douceur de pain d’épice, de prunes, de grains de raisin et de poires au vin, le tout mâtiné d’un délicat parfum de roses et de séduisantes notes pralinées en arrière-nez. Le palais est velouté aux tanins compacts : dès le début, il séduit par sa belle harmonie entre la personnalité du Ribera et le charme du Tempranillo, fruits noirs et rouges, prunes à la cannelle, sureau et mûres, tendre note de réglisse, fondant agréable jusque dans la finale soulignée par le fruit. L’Esperanza a été élevé en barriques pendant 18 mois. Un vin superbe de la Ribera del Duero, berceau des vins espagnols les plus réputés. 4. 3. 1. Cérvoles Celler Costers del Segre 2012 Type : Vin blanc (55 % Macabeo, 45 % Chardonnay) La robe de ce Costers del Segre est jaune lumineuse. Son bouquet est fruité et vanillé. En bouche, il est délicat et crémeux, avec un bel équilibre entre la fraîcheur et l’ampleur. On distingue des notes de pêche jaune et de poire Williams bien mûre ; tendrement crémeux et ananas prononcé jusque dans la finale. Toute la finesse du Bourgogne en terre espagnole! 2.Michel Rolland & Javier Galarreta Rioja DOCa 2010 Type : Vin rouge (Tempranillo) Au nez, des senteurs de mûres à maturité et de cerise suave. En bouche, il glisse souplement, est velouté, les tanins sont arrondis et bien structurés ; il se dégage des arômes de cerise et de café torréfié jusque dans la finale, aux tonalités séveuses. S’il est consommé jeune, il est préférable de le décanter. 1. 2. 116 WNG SOLUTIONS EST FIÈRE D’APPORTER SON SAVOIR-FAIRE DIGITAL À MARKET. NOUVEAU SITE Lausanne | Genève | Martigny www.wn g.ch la invité Culture(s) Le nOn COté a La COte Jérôme Lambert : CeO de mOntbLanC L’art de La méChanCeté index pHilantHropie(s) marCHé de l’art 10 gérants de fOrtune d’infLuenCe mieux traiter Le CanCer des enfants L’expansiOn du mOyen-Orient Géopolitique(s) L’ineptie des sanctions économiques 20 9 771661 934966 19 9 771661 934966 9 771661 934966 18 17 9 771661 934966 9 771661 934966 15 16 9 771661 934966 14 9 771661 934966 13 9 771661 934966 12 9 771661 934966 9 771661 934966 9 771661 934966 11 10 8 CHf : se is Ce su e an f in Ce èl an od oy m év op pr n t u investir hé d o nis me ( S ) / jolis fl ac o n s 7.Rolland & Javier Galarreta Verdejo Rueda 2011 Type : Vin blanc (Verdejo) Ce Verdejo a un nez envoûtant, qui respire l’ananas frais et la pêche blanche, mais aussi l’ombellifère et la mirabelle ; de fines notes de vanille pour ce vin bien fruité, offrant une gamme aromatique épatante de Chardonnay. La robe est jaune lumineux aux nuances dorées. En bouche, il coule crémeusement et souplement ; on retrouve des arômes marqués d’ananas, de fleur d’acacia soulignés d’une minéralité sémillante ; un jeu plaisant entre la plénitude comme du miel et le fruité rafraîchissant évoquant le melon. En somme, un blanc gourmand inoubliable jusqu’à la dernière goutte : un Verdejo pas comme les autres. 7. 5. 5.Pazo de Senorans Camino del Pelgrino Rias Baixas 2013 Type : Vin blanc (Albariño) Ce vin frais et fruité, a la robe jaune lumineux aux reflets dorés. Des groseilles blanches et fleurs de poirier dans un nez fruité et séduisant, et des arômes de coing, d’ananas frais, souligné d’une fine minéralité, qui rappelle les amandes blanches. La bouche de pêche et de mirabelle crée une harmonie agréable entre la fraîcheur du citron et la douceur de l’ananas. Un pur Albariño à la fois dansant et flatteur, un vin blanc magnifique et un vrai délice jusque dans la finale fruitée. Tout un poème avec des fruits de mer et des plats d’été raffinés. 8. 6. 6.Baigorri Crianza 8.Abadia Retuerta SA Rioja DOCa Bodegas 2010 Type : Vin rouge (Tempranillo) Le Domaine Blanco VdT Castilla y Leon 2013 Type : Vin blanc (60 % sauvignon blanc, 40 % Verdejo) La robe est pourpre intense avec des reflets rubis. Le nez est complexe avec des notes de pruneau sec et de cerise à la cannelle, puis du raisin, de la poire au vin rouge et une touche de tabac en arrière-plan. Le palais dense avec une texture veloutée et des tanins typiques et ronds du Tempranillo. Du jus de pruneau et une chaleur Rioja magnifique dans un mi-parcours onctueux, et enfin des cerises au chocolat et des poires sèches, très belle ampleur jusqu’à la dernière goutte. Il fait un excellent vin de garde jusqu’en 2023 environ. Une robe jaune lumineux aux reflets dorés. Le nez séduisant est un poème, avec des fines notes de vanille, beaucoup d’ananas, pêche et fleurs de sureau. L’attaque est onctueuse, avec une belle harmonie entre rondeur et fraîcheur, une saveur très ananas également au palais, avec des notes vanille et miel. L’intensité fruitée d’un Chardonnay californien et l’élégance d’un Sancerre : un plaisir jusqu’à la dernière goutte. 119 hé d o nisme ( S ) / é pic urie n LE coin de l’aficionado par Axel Marguet Le deuxième module sera produit par Ramon Allones. Un cigare relativement petit aux dimensions raisonnables. Ce module légèrement plus gros en diamètre se rapproche de la production limitée de 2011. Il sera vraisemblablement disponible en boîte de 10. Nous devrions retrouver une production de qualité à un prix généralement raisonnable. www.lecigare.ch Christine de Loë Le troisième, dont le nom Maravillas évoque la perfection, sera quant à lui produit par Hoyo de Monterrey. Pas de concession pour cette vitole vraiment démesurée : 22 cm de longueur, preuve du savoir-faire de la marque. Vraisemblablement l’un des plus longs cigares produits par Habanos. Un cigare qui sera résolument doux et riche en arômes. Concernant les nouveautés dont la production ne sera pas limitée, nous retiendrons trois vitoles. Deux productions de Montecristo. Le media Corona, une petite vitole proche du No 5 de la marque, idéal comme cigare d’après-midi ou d’apéritif. La deuxième nouveauté, commémorative, célèbre le 80 e anniversaire de la création de la marque. Une double bague sur une grande pièce de 16,5 cm sera livrée dans une boîte laquée. La Havane fait son festival La dernière production trouve sa place dans le catalogue de Romeo y Julieta. Une petite vitole au nom enchanteur de Club Kings, identique en format au célèbre Mille Fleurs. Rencontre annuelle des amateurs de cigares, le festival Habanos s’est tenu à la Havane entre le 23 et le 27 février 2015. Pour ceux qui ne connaissent pas cet événement, il s’agit de l’événement annuel des amateurs de cigares, organisé chaque année durant le mois de février par Habanos. Réunissant plus de 1200 délégués de 60 pays et plus de 200 journalistes, l’événement est l’occasion d’échanger entre professionnels du cigare et se veut surtout un moment opportun pour Habanos de présenter à ses agents les nouveautés à venir. L’événement comprend des activités organisées telles que cocktail de bienvenue, visite des champs de Vuelta Abajo et des principales usines, soirée de Gala ou encore concours international du meilleur Habanosommelier. Dans le cas où vous auriez un budget relativement extensible, vous pourriez vous laisser tenter par la nouvelle cuvée de Gran Reserva. Pour cette édition 2015, Romeo y Julieta produit le célèbre Wide Churchill. La production est limitée à 5 000 boîtes. Le tabac vieilli 5 ans rendra les fans de ce module prêts à débourser plusieurs centaines de francs pour une boîte de 15 cigares. Avant de se délecter de ces merveilleuses créations, pas d’excitation ni trop d’engouement car le temps d’attente sera long. Les vitoles présentées en février 2014 ont été mises sur le marché au compte-goutte ces dernières semaines. Nous avons découvert les Éditions limitées 2014 en fin d’année et les premières nouveautés arrivent sur le marché en quantité très restreinte. En attendant, savourons les vitoles que nous avons eu le temps de laisser vieillir dans notre humidor et dont le temps a su développer la plénitude des arômes. Pour ceux qui souhaitent y participer, l’accès à ces activités est ouvert presque à tous pour autant que votre porte-monnaie soit bien rempli. 2015, l’année des gros modules : Pas de doute, les nouveautés 2015 font rêver les passionnés de havane que nous sommes. Concernant les séries limitées, trois modules bien alléchants ont été présentés. H. Upmann présente le Magnum 56 en boîte de 25. Un très gros module de 2,3 cm de diamètre sur 15 cm de long. Une certaine nostalgie pour les aficionados à qui ce cigare rappellera le fameux Magnum 50 produit en édition limitée en 2005 par la même fabrique. 12 0 Club desLeaders GENEVA GSTAAD MONACO LUXEMBOURG LONDON www.clubdesleaders.com pho to GRA PHE d u mois Gérard Krawczyk On connait Gérard Krawczyk comme scénariste et réalisateur à succès, notamment pour ses films Taxi, Wasabi ou Fanfan la Tulipe, écrits et produits par Luc Besson. On le connait moins comme photographe d’un immense talent, dont l’œuvre a déjà été plusieurs fois exposée. La photo présentée ici est issue d’une série entièrement prise au simple téléphone portable, saisissant des lieux et des situations dans des couleurs, de la lumière et des contrastes extrêmement intenses. L’ambiance d’une densité exceptionnelle qui en surgit, nous fait deviner qu’au bout, il y a eu ou il y aura le réel d’une histoire, le scénario d’un nouveau film, dont ces photos sont comme la matière essentielle et rare. 12 2 Zum Wohl Santé ! Cheers Les Vins du Valais. Les goûter, c’est les aimer. lesvinsduvalais.ch