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Lire le magazine
Dé
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Invité
un rendement
de niche
Le besoin de
légitime défense
Guy Sorman
Index
ENTRETIEN
Haute
Horlogerie :
12 acteurs
d’influence
Marie-Hélène
Miauton :
La Suisse…
pas si sûre
Marché de l’art
sécurité :
la dissuasion
impossible
15 CHf
Cindy
Sherman et
la photographie
américaine
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Société
en
Immobilier
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Pa
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L e m e d i a s u i s s e d e s hi g h n e t w o r t h i n d i v i d u a l s
Breguet, créateur.
Invention du spiral Breguet, 1795
Le spiral donne le rythme et régule la marche du temps. Il est la clé de
la précision d’une montre. Doté d’innombrables innovations brevetées,
notamment le tourbillon et le balancier en titane, le modèle Tradition
7047PT avec tourbillon à fusée allie aujourd’hui les avantages de la courbe
terminale du spiral Breguet créé en 1795 aux exceptionnelles propriétés
du sili cium, insensible aux champs magnétiques. L’histoire continue ...
B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E + 4 1 2 2 3 1 7 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8
B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 1 5 1 1 8 8 – W W W. B R E G U E T. C O M
ENTRE LES LIGNES
Jorge Vil ad oms Weber *
Que vous inspire cette citation d’Épictète ?
Elena Budnikova
«Savoir écouter est un art »
Jorge Vil adoms Weber, professeur de piano au Conservatoire de Musique
de Lausanne et fondateur de «Crescendo con la Musica »
En musique, il existe une équation qui maintient en équilibre cet art impalpable, le seul art
intangible, qui fait vibrer chaque cellule du
corps. Dans l’équation, 3 acteurs : le compositeur, le public, et l’interprète. Le compositeur,
architecte de sons, construit un monde sonore et
dessine en musique les paroles de l’âme. Le public
reçoit et reconstruit tous ces sons en lui-même :
ces derniers ont la magnifique caractéristique
d’adhérer à nos souvenirs, à nos rêves, au plus
profond de notre humanité.
Les interprètes - un lien entre le compositeur
et le public - essayent de recréer ce message
avec fidélité, mais enveloppé de leur essence et
sensibilité. L’art d’écouter intervient quand la
musique s’arrête...savoir l’écouter quand elle cesse
d’exister dans le monde que nous voyons, pour
qu’elle reste à jamais gravée dans notre mémoire.
*À retrouver le 8 juin au BFM de Genève, en compagnie de
ses amis Gautier Capuçon au violoncelle, les danseurs étoiles
de l’Opéra de Paris : Isabelle Ciaravola et Hervé Moreau.
4
Un vrai chasseur sait
reconnaître sa proie.
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(moyenne de toutes les voitures neuves vendues: 144 g CO2/km), catégorie de rendement énergétique: C. Exemple de leasing: durée: 48 mois, kilométrage: 10 000 km/an, taux annuel effectif:
2,94%, 1er versement plus élevé: CHF 7850.–, versement mensuel à partir du 2e mois: CHF 289.–. Hors assurance des mensualités PPI. Une offre de Mercedes-Benz Financial Services Schweiz AG.
Assurance casco complète obligatoire. L’octroi d’un crédit est interdit s’il est susceptible d’entraîner le surendettement du preneur de leasing. Le rabais flotte de 8% se base sur une taille de parc
totale de 1 à 7 véhicules. Cette offre n’est valable que dans le cas d’une utilisation commerciale. La durée minimale est fixée à 6 mois. Offre valable jusqu’au 30.06.2015. Immatriculation jusqu’au
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c o n t rechamp ( S )
In extremis !
Aux Pays-Bas, deux techniciens
pris au piège sur une éolienne en
feu. Ils s’enlacent, probablement
en pensant qu’ils ne survivront
pas. Quelques minutes plus tard
un hélicoptère viendra les secourir,
in extremis.
6
Cibler des performances
en toutes circonstances
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Information importante : Ce document ne constitue en aucun cas une offre ou une sollicitation à quelque personne que ce soit en vue de la souscription d’actions de Schroder International Selection Fund (la « Société »). Aucune information contenue dans ce document
ne doit être considérée comme un conseil et, par conséquent, comme une recommandation d’acheter ou de vendre des actions. L’offre d’actions peut, sous certaines juridictions, être limitée et, le cas échéant, les personnes peuvent, à la demande de la Société, devoir se
renseigner et observer ces limitations. Les souscriptions des actions de la Société ne peuvent être effectuées que sur la base du dernier prospectus en vigueur, accompagné du dernier rapport annuel audité (ainsi que de tout rapport semestriel non-audité si celui-ci a été
publié ultérieurement). Le prospectus et les informations clés pour l’investisseur pour la Suisse, les statuts, les rapports annuels et semestriels peuvent être obtenus gratuitement auprès des bureaux du représentant en Suisse, Schroder Investment Management (Switzerland)
AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021 Zurich (société agréée et contrôlée par la FINMA) et auprès de l’agent payeur en Suisse, Schroder & Co. Bank AG, Central 2, Postfach 1820, CH-8021 Zurich. La performance passée ne saurait préjuger de l’évolution de valeur
future des placements collectifs de capitaux. Celle-ci dépend de l’évolution des marchés, du revenu des placements et, le cas échéant, des taux de change, ainsi que du succès de la mise en œuvre de la politique d’investissement par le gérant
du portefeuille. Les données de performance ne tiennent pas compte des frais et commissions liés à l’émission et au rachat de parts. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les
investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi initialement. Tout investissement dans la Société comporte des risques, qui sont décrits de manière détaillée dans le prospectus. La Société a son siège au Luxembourg et est sous la surveillance
de la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Ce document est produit par Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021, Zurich. 1Source : Schroders, au 31 décembre 2014.
0215/w46595/CHFR0215
é dit o / impre s s um
éditorial
le contrôle d’un juge, sous réserve que l’exécutif
soupçonne ses activités » à «devons-nous tous
devenir des suspects potentiels pour garantir la
sécurité ? », il y a un large pas, mais qui fait
déjà le beurre frais des idéologues de tous
bords : les mêmes, dithyrambiques, quand
ils vantent les mérites de la troisième révolution industrielle en cours, avec ses nouveaux
modèles économiques fondés sur le partage
d’informations. Mais le débat politique, lui,
restera figé.
Chef d’édition
Amandine Sasso
tél. + 41 22 301 59 12
[email protected]
Directeur commercial
John Hartung
tél. + 41 22 301 59 13
[email protected]
Elena Budnikova
Trois mois après les attaques terroristes qui
ont frappé Charlie Hebdo, le gouvernement
français a émis un projet de loi sur le renseignement considéré comme liberticide. Les
hébergeurs menacent déjà de quitter le pays
en délocalisant tous leurs serveurs. Cependant,
de «n’importe qui pourra être écouté et suivi sans
En Suisse une loi assez proche mais moins
liberticide présentée par Ueli Maurer vient de
passer la rampe du conseil national. On comprend que la menace d’une guerre intérieure
qui ne dit pas son nom fasse l’objet de toutes les
attentions au point de rogner sur les libertés :
à la guerre comme à la guerre. Mais pourquoi
les droits de la victime ne sont-ils pas compensés à due concurrence par plus de légitime
défense face au crime et aux spoliations par
le vol ? Encore une autre guerre qui ne dit pas
son nom… dans la plus grande indifférence, et
dont les seules victimes resteront les citoyens
au comportement exemplaire.
Boris Sakowitsch, Directeur de la publication
Éditeur
Swiss Business Media
49, route des Jeunes
1227 Carouge / Genève
tél. + 41 22 301 59 12
fax. + 41 22 301 59 14
ISSN 1661-934X
Directeur de la publication
Boris Sakowitsch
tél. + 41 22 301 59 12
[email protected]
Directeur des rédactions
Arnaud Dotézac
tél. + 41 22 301 59 16
[email protected]
Rédactrice en Chef
Cahier Patrimoine(s)
Anne Barrat
tél. + 41 78 300 54 64
[email protected]
Rédaction
Franck Belaich
Bertrand Carlier
Benoît Chappuis
Thomas Chapuis
Anton Dombrovsky
Michel Donegani
Alain Freymond
René-Georges Gaultier
Pierre-Emmanuel Iseux
George Iwanicki
Daniel Kohler
Axel Marguet
Céline Moine
Antoine Praz
Jean-Sébastien Robine
François Savary
Loïc Schmid
Christian Staub
Thomas Veillet
Christian Zeitler
Correction
Caroline Gadenne
Marion Piroux
Directeurs de création
Vincent Nicolò
Aurélie Vogt
Direction artistique
Elena Budnikova
[email protected]
Graphiques et Infographies
Vincent Nicolò
service Publicité
tél. + 41 22 301 59 13
[email protected]
Marianne Bechtel-Croze
tél. + 41 79 379 82 71
[email protected]
direction Marketing
Anne-Françoise Hulliger
tél. + 41 76 431 64 76
[email protected]
IT management / market online
Arthur Cattaneo
[email protected]
8
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tél. + 41 22 301 59 12
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SOMMAIRE N° 12 2
04Entre les lignes
06Contrechamp(s)
08éditorial
chronique(s)
26
12Tontine moderne
par Antoine Praz
16 Les promesses du big data
par Stéphane Zrehen
18Psychanalyse de marché
par Christophe Pian
actualité
20Contexte(s)
dossier spécial sécurité (couverture)
26Sécurité : La dissuasion impossible
De la dissuasion des criminels
à celle des victimes
par Arnaud Dotézac
32 La Suisse… Pas si sûre
entretien avec Marie-Hélène Miauton
36 Les limites de la légitime défense
26
cahier patrimoine(s)
80
41Sommaire détaillé
42DOSSIER : Déflation :
les investissements alternatifs
58IMMOSCOPE : Immobilier :
un rendement de niche
66INVESTIR
index
96
10
80 Haute horlogerie :
12 acteurs d’influence
SOMMAIRE N° 12 2
culture(s)
96Invité : Guy Sorman
100
Chronique
: L’art et la déraison
par François Besse
102Marché de l’art : Cindy Sherman
et la photographie américaine
100
106
Culture(elle)
entretien avec Bernadette Elöd
108hédonisme(S)
122Photographe du mois
102
À nos lecteurs
Notre nouvelle section Patrimoine(s), dirigée par Anne Barrat, réunit des experts
des domaines économique et financier, immobilier, juridique, de l’art, pour
une analyse des évolutions majeures qui impactent chacun de ces marchés et
des opportunités d’investissement qu’ils offrent. Une formule inédite qui, pour
sa première édition, regarde d’abord au-delà des frontières puis à proximité de
tout à chacun pour trouver des solutions à une situation sans précédent elle aussi,
celle des taux d’intérêts négatifs. Un sommaire où l’innovation, avec les obligations
des pays émergents et frontières, côtoie la tradition, avec la pierre, le tout avec
des niveaux de risques et des horizons temporels diversifiés.
11
chro niq ue / l a vie de s e n t re pre ne ur s
TONTINE MODERNE
le but de financer des projets d’aide. Suite à des
événements tragiques en Suisse ou à l’étranger,
elle récolte les dons et, lors de grandes catastrophes, appelle à la solidarité par le biais des
télévisions et radios nationales ainsi que des
médias privés.
Elena Budnikova
Notamment, lors du tsunami en Asie du Sud,
la Chaîne du Bonheur récolta CHF 227 758
36.-, pour le séisme en Haïti, CHF 66 208 929.-,
et pour la récolte en cours pour la Syrie, déjà
CHF 18 083 084.-.
Antoine Praz
8 139 631, c’était la population résidente permanente en Suisse au 31 décembre 2013, selon
l’OFPOP (Office fédéral de la population),
et les statistiques publiées par l’OFS (Office
fédéral de la statistique).
Maintenant, imaginez. Si chaque résident
donnait CHF 1.- par jour, cela représenterait,
oui, vous avez trouvé, CHF 8 139 631.-. Si
cette générosité perdurait 1 année complète,
refaites mon calcul, CHF 2 970 965 315.-, soit
près de CHF 3 milliards seraient ainsi disponibles. Soit, l’équivalent de 0,47 % du PIB suisse
2014. Soyons encore plus fous en Suisse, CHF
1.- chaque jour, pour chaque résident, pendant 5 ans. CHF 14 854 826 575.-, CHF 14,85
milliards. Et si maintenant, chaque Suisse
sacrifiait son café ou son thé matinal, qu’il
va payer au moins CHF 3,50 par jour ? Après
1 jour, CHF 28,49 millions, après 1 an, CHF
10,4 milliards, après 5 ans, CHF 52 milliards.
Ces chiffres donnent le tournis.
Maintenant, parlons de générosité, de solidarité et de capacité de mobilisation financière de la Suisse. Créée en 1946, la Chaîne
du Bonheur est une fondation humanitaire
issue de SRG SSR qui collecte des fonds dans
12
vo t re café q uo tidie n
re pré se n te u n p o te n tiel
de fin a nce me n t
de 10,4 milliard s de fr a nc s
s uis se s par a n
La générosité des Suisses est connue et légendaire, mais ces chiffres sont impressionnants
de par leur ampleur, tout cela pour des personnes qui leur sont étrangères, vivant dans
des contrées éloignées qui ne représentent
pour beaucoup que des souvenirs de voyages
ou de reportages vus à la télévision.
Vous voyez où je veux en venir ? Pas vraiment
encore.
Selon les statistiques publiées par la BNS
chaque mois, les limites de crédit octroyées
par les banques aux entreprises en Suisse
s’élevaient selon la statistique de janvier 2015
à CHF 521,36 milliards (dont CHF 222,02
milliards ou 42,59 % de créances hypothécaires), dont 353,68 milliards (67,8 %) étaient
effectivement utilisées.
Les limites de crédit aux entreprises de 10
à 249 personnes, qui constituent une partie
importante des PME les plus dynamiques de
notre pays s’élevaient à 144,15 milliards, soit
environ 27,65 % des limites totales octroyées.
chro niq ue / l a vie de s e n t re pre ne ur s
Reprenons mes chiffres du début, si chaque Suisse investissait son café
ou son thé quotidien pendant 5 ans, ce serait l’équivalent de CHF 52
milliards, soit 10 % des limites de crédit totales octroyées aujourd’hui
ou près d’1/3 des limites octroyées aux entreprises de 10 à 249 employés
qui seraient couvertes par la diminution de notre consommation de
caféine ou de théine.
Venons-en au fait.
Vous connaissez le crowdfunding, le crowdlending ? Un peu beaucoup
passionnément à la folie ? Si ce mode de financement, dit participatif
(par le biais d’une plateforme en ligne donnant la possibilité à tout un
chacun directement et sans intermédiaire, soit de faire un don, d’acheter une part au capital ou d’octroyer un prêt à une société), prend de
l’ampleur dans les pays anglo-saxons, nous n’en sommes, au pays des
banques et du chocolat, qu’au stade de la conception.
si vo t re télé vise ur , vo t re frigo,
vo t re voit ure , vo t re télé pho ne p or table ,
vo t re par a pl uie , e tc., s o n t g ar a n tis
da n s le ur s fo nc tio n n alité s ,
e t bie n vo s pl ace me n t s , il s n ’o n t
q u’u ne se ule g ar a n tie , : celle de
s upp or te r t o u t se ul le s c o n sé q ue nce s
d ’u n mau vais pl ace me n t.
Intéressez-vous à LendingClub Corp (LC.N) (www.lendingclub.com),
l’une des plus importantes plateformes de Crowdfunding aux USA,
dont la mise en bourse en décembre 2014 valorisait la société à US$
8,9 milliards. Dans la foulée de LendingClub, c’était OnDeck Capital
Inc. (www.ondeck.com), une plateforme spécialisée dans le financement des PME qui faisait son entrée en bourse, valorisant la société
à US$ 1,3 milliard.
OnDeck a d’ailleurs publié, en mai 2014, une étude commandée à
Analysis Group (www.analysisgroup.com), qui concluait que :
-US$ 1 milliard de prêts avait généré un impact économique de US$
3,4 milliards
-22 000 emplois avaient été créés
-la majorité des emprunteurs trouvaient la formule du crowdlending
beaucoup plus rapide et efficace que celle du circuit bancaire traditionnel
À l’heure où des initiatives se font jour en Suisse, également au sein
du parlement, pour transformer notre pays en start-up nation, il est
impératif que nous ne répétions pas les errements de l’industrie horlogère des années 70, qui loupa complètement le virage technologique
de l’époque. Si des initiatives pour faciliter le financement des startup
et des entreprises existantes sont impératives, il est encore plus impé14
ratif de ne pas retomber dans les travers du
passé en voulant se limiter aux structures
de financement existantes que ce soit via les
caisses de pension ou les bailleurs de fonds
traditionnels (banques, assurances et autres
institutions financières), qui ont montré leurs
limites en termes d’efficacité, de performance,
et parfois de gouvernance.
Les plateformes de financement, à l’instar
des réseaux sociaux, ont un potentiel et une
puissance de feu nettement plus importants.
Reprenez les chiffres du début, votre café/thé
quotidien représente un potentiel de financement à injecter dans des entreprises de CHF
10,4 milliards par année. De telles plateformes
présentent potentiellement une manière parfaitement démocratique de vous déterminer
sur le sort que vous voulez réserver à votre
épargne en vous sortant des canaux traditionnels obscurs auxquels on vous répète que
vous ne comprenez rien. Et si l’on vous dit que
l’économie de votre café ou thé quotidien est
si précieuse qu’elle ne peut être confiée qu’à
des professionnels aguerris, n’oubliez pas que
l’industrie à qui on veut vous la faire confier
est une des plus règlementées au monde et que
c’est elle qui n’a rien vu venir en 2008, ni lors
des précédentes crises, et qui n’y verra rien
lors de la prochaine.
Souvenez-vous également que si votre téléviseur, votre frigo, votre voiture, votre téléphone
portable, votre parapluie, etc., sont garantis
dans leurs fonctionnalités, et bien vos placements, ils n’ont qu’une seule garantie, celle
de supporter tout seul les conséquences d’un
mauvais placement. Rappelez-vous également
que si vous êtes assez responsable pour prendre
chaque jour votre voiture pour vous rendre
à votre travail, alors que vous ne comprenez
rien ni à la physique, ni à la mécanique, et
bien vous êtes assez grand pour savoir ce que
vous voulez faire de vos CHF 3,50 quotidiens.
Et la tontine alors me direz-vous ? Alors pour
la faire courte, la tontine existe sous diverses
formes, depuis le 17e siècle, et elle peut revêtir
diverses formes. Elle est utilisée de manière
coutumière en Afrique et en Asie et consiste à
verser régulièrement une somme d’argent à un
fonds que chaque donateur peut utiliser à tour
de rôle. Donc après le communisme, bientôt le
capitalisme, et bien place…. au tontinisme. \
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chro niq ue / ve n t ure ca pital
Les promesses du Big Data
utile impraticable. Les nouveaux acteurs du
stockage développent des méthodes qui stockent
les informations sur des serveurs virtuels en
réseau dans le cloud. Ça permet un traitement
parallèle des données, un volume théoriquement
infini et un temps de traitement acceptable. Les
startups les plus en vue du secteur sont :
Elena Budnikova
Cloudera dirigé par Tom Reilly qui avait vendu
ArcSight à Hewlett Packard pour 1,3 Mrd$, et
qui a bouclé l’année dernière un tour de 900
Mlns$, avec Intel Capital et Google Ventures
comme investisseurs.
Stéphane Zrehen, managing partner, Agam Analytics
On parle beaucoup de Big Data depuis quelques
années. La multiplication des informations
récoltées sur la visite de sites web, les produits
achetés où, quand et par qui, de produits promus où et quand, les commentaires sur lesdits
produits, ainsi que les informations provenant
de réseaux de capteurs techniques ou caméras
industriels, administratifs ou environnementaux, imposent un nouveau type de traitement
de ces données. C’est le paradigme du Big Data.
Les entreprises conservent et parfois analysent
ces données d’une part parce qu’elles y sont
légalement obligées, et d’autre part pour essayer
d’en tirer profit. La promesse du Big Data n’est
pas «Gavez-vous de données jusqu’à exploser »
mais plutôt «Venez-en à connaître si bien vos
clients que vous pourrez savoir avant eux quel
produit ils veulent, et où et comment le leur
proposer pour maximiser vos résultats ».
Le premier maillon de la chaîne du big data,
c’est le stockage et l’accès. Les bases de données
relationnelles classiques, telles que celles vendues
par Oracle ou Microsoft, ne fonctionnent plus
avec les volumes continuels qui se déversent sur
elles. Il peut leur falloir plusieurs heures pour
retrouver des données, ce qui rend toute analyse
16
mapR, assez similaire à Cloudera, et qui compte
Amazon comme client, a levé 110 Mlns$ l’année
dernière, auprès notamment de Google Capital,
qui a l’air de ne pas mettre tous ses œufs dans
le même panier mais parie fortement sur le big
data, ce qui se comprend très bien.
Horton Works, une spinoff de Yahoo fondée par
24 ingénieurs atteint en trois ans 125 Mlns$ de
revenus annuels, avec une croissance de 144 %
de leurs clients.
Le deuxième maillon, c’est la transmission. Les
volumes étant importants, il faut assurer de très
grands débits, ce qui est réalisé par les processeurs, les routeurs et les fournisseurs internet.
Annapurna, une société israélienne spécialisée
dans les processeurs à basse consommation et
très grands débits adaptés au processing parallèle,
vient d’être achetée 350 Mlns$ par Amazon.
De son côté, Cisco offre des solutions de plus
en plus verticalisées.
Le troisième maillon, le graal, c’est ce qu’on appelle l’Analytics. C’est à cette étape qu’on regarde
les données et qu’on prédit l’avenir. À l’aide de
méthodes statistiques ou neuro-cybernétiques,
on classifie les profils en fonction de ce qui les
rassemble, et on fait des expériences à la manière
d’une étude clinique. On sépare les clients en deux
groupes, et on teste la promotion d’un produit
d’une manière différente pour chaque groupe.
On retient la méthode qui a généré le plus de
chro niq ue / ve n t ure ca pital
ventes. Et ensuite on raffine les modèles. Ce genre
d’approche est proposée notamment par la société
Lokad à Paris, fondée par des anciens élèves de
l’École normale supérieure qui permet à des
géants de la distribution d’optimiser l’approvisionnement de leurs rayons et de réduire les invendus
et les stocks. Elle compte parmi ses clients Carrefour et Casino et semble avoir été financée par
des business angels. Aux USA, Opera Solutions
se targue d’être la plus grosse société au monde
d’analyse prédictive indépendante, et d’avoir un
chiffre d’affaires dépassant les 100 Mlns$. Elle
s’est spécialisée dans la prédiction de fraudes, de
pannes et de comportements d’achats. Un des
avantages compétitifs que ces sociétés acquièrent
avec le temps, c’est la connaissance des données
qu’elles collectent et analysent. Elles sont ainsi
en mesure de développer des prédicteurs testés
pour différents marchés.
Dans un autre registre, la société californienne
Predpol s’occupe de prévenir les crimes en envoyant la police au bon endroit, avant qu’il ne
s’y passe quelque chose. Elle prétend avoir permis de réduire les crimes
violents et les cambriolages dans des proportions impressionnantes. Leur
algorithme est basé sur les corrélations temporelles entre événements du
même type, ce qui est conforté en Suisse par l’arrestation de bandes de
cambrioleurs qui s’attaquaient toujours au même type de cibles. La police
l a s ocié té califor nie n ne Pre dp ol
s’occ upe de pré ve nir le s crime s
e n e n voya n t l a p olice au b o n e ndroit,
ava n t q u’il ne s’ y pa s se quel q ue cho se
de Stockholm avait déjà fait appel à la société Nordisk Trygghetscentral
pour la même idée, à savoir optimiser les rondes de police et des agents de
sécurité privés sur le logiciel de visualisation Tibco Spotfire™. Grâce à ce
système, les crimes ont quasiment disparu, les factures de sécurité privée
ont fondu et le prix de l’immobilier a augmenté. En d’autres termes, cette
approche analytique a permis de réduire considérablement l’insécurité à
Stockholm. Curieusement, il reste de nombreuses villes à équiper aux USA
et en Europe, pourtant les gains sociétaux attendus justifient certainement
les budgets de mise en œuvre. \
Pics de volatilité, baisse des rendements, taux d’intérêts
au plus bas.
Et si le moment était venu d’appréhender les marchés sous
un angle différent pour mieux répondre à vos besoins ?
Chez Natixis Global Asset Management, c’est précisément
notre ambition.
Le fruit de cette réflexion se nomme Durable Portfolio
Construction®, une toute nouvelle approche destinée à
relever les défis d’aujourd’hui.
Parce que l’environnement actuel exige un autre regard.
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Natixis Global Asset Management définit Durable Portfolio Construction comme une stratégie d’investissement qui vise à produire des rendements réguliers sur le long terme
par la gestion des risques, la gestion de la volatilité et le renforcement de la diversification. Les retours sur investissement ne sont pas garantis.
Distribué en Suisse pour les investisseurs qualifiés par NGAM, Suisse Sàrl. Siège social : Rue du Vieux Collège 10, 1204 Genève, Suisse. NGAM, Suisse Sàrl est une unité de
développement de Natixis Global Asset Management filiale de Natixis et la société holding d’un ensemble mondial de sociétés de gestion et de distribution spécialisées.
17
ADINT613-1114
chro niq ue / re g ard ( S )
Psychanalyse de marché
Elena Budnikova
de moindres ressources. Leur point commun :
la vitesse et la technologie comme éléments
différenciateurs. Examinons quelques cas
cliniques :
Christophe Pian, Swiss TV, www.swisstv.ch
Elisabeth Kübler-Ross aurait
pu écrire un livre sur la stratégie en affaires! Nul doute
qu’en ce moment vous prenez la mesure du propos et
acquiescez d’un air entendu.
Ou vous n’êtes pas féru de psychiatrie helvétique, n’avez
jamais entendu ce nom et dans
ce cas je m’explique : c’est une
pionnière des soins palliatifs notamment connue pour
avoir théorisé les différents
stades émotionnels de la mort
annoncée, à savoir le déni,
la colère, le marchandage,
la dépression et l’acceptation. Qu’aurait-elle eu à dire
sur les effets de la révolution technologique que nous
connaissons ?
En effet, nous avons dernièrement pu observer
des acteurs majeurs et des industries être renversés par des outsiders inattendus, disposant
18
Le déni. Tout le monde connaît aujourd’hui
Netflix comme le leader de la location de films
par internet (VOD) ; peu de monde connaît en
revanche Blockbuster, à l’époque plus grand
loueur de DVD des États-Unis : 9000 magasins
proposant plus de 100 000 titres. Blockbuster
jouit à l’époque d’un quasi-monopole sur son
industrie et écrase quiconque tente de se lancer
sur le marché. Jusqu’en 1998, année où Reed
Hastings lance un service de livraison de
DVD par la poste qui migrera par la suite en
plateforme de streaming : Netflix. Il faudra 6
ans d’immobilisme et d’hybris à Blockbuster
pour se rendre compte qu’ils ont été dépassés
sur tous les plans. Aujourd’hui Blockbuster
compte 300 magasins et étudie la meilleure
manière de les liquider.
La colère. C’est à coups de déprédations de
véhicules et d’intimidations en tout genre que
l’industrie des taxis accueille Uber, le service de
voitures privées, dans la plupart des pays où le
service a l’ignominie de s’installer. L’industrie
des taxis pourrit la vie aux usagers de la route
L a p o s se s sio n fait pl ace
à l a dé maté rialis atio n.
Le s u tilis ate ur s se mble n t
y t ro u ve r le ur c omp te
à coups d’opérations escargot, incapable de se
repenser et d’innover. La compétition n’est
pas la bienvenue dans une industrie qui n’a
pas évolué depuis que les taxis remplacent les
fiacres au début du 20e siècle.
L’industrie hôtelière quant à elle étudie en
ce moment comment imposer des taxes sur
le logement aux privés qui louent leurs biens
à des tiers via AirBnB. Le site permet à quiconque possède un bien immobilier de le louer
chro niq ue / re g ard ( S )
à travers sa plateforme. L’industrie hôtelière, ne sachant comment
juguler cette nouvelle vague de tourisme, souhaite imposer les mêmes
conditions pour opérer à son nouveau concurrent. C’est le nivellement
par le bas. On marchande.
Ta x is : L a c ompé titio n n ’e s t pa s l a
bie n ve n ue da n s u ne ind u s t rie q ui n ’a pa s
é vol ué de p uis q ue le s ta x is re mpl ace n t
le s fiacre s au dé b u t d u 2 0 e siècle
Les industries de la musique ou de l’édition sont déjà passées à l’acceptation
(bien malgré elles) : Apple et Amazon se sont chargés de transformer
en profondeur la manière dont la musique et les livres sont consommés.
La mutation n’est pas terminée. D’autres modèles d’affaires voient le
jour dans la musique, Spotify par exemple propose une nouvelle façon
de la consommer : comme un service. La possession fait place à la dématérialisation. Les
utilisateurs semblent y trouver leur compte.
Demain les institutions majeures telles que les
banques et autres organismes financiers se verront transformés en profondeur, notamment
par l’arrivée de nouvelles technologies, les
monnaies électroniques et des acteurs majeurs
comme Apple, Google ou Samsung.
Après des années de règne sans partage, les mastodontes réalisent qu’ils n’ont pas entièrement
verrouillé leur marché, que se reposer sur ses
lauriers n’est réservé à personne dans un monde
où la technologie bouscule tous les paradigmes.
Il ne tient qu’à eux d’être les acteurs de cette
innovation plutôt que de la subir, et d’ainsi
éviter une mort annoncée ou non. \
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19
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
Contexte(s)
RUSSIE
ESPAGNE /ANDORRE
L’OTAN INVITÉE PAR MOSCOU
Partant du constat que l’OTAN ne peut être le seul garant
de la paix et de la liberté dans le monde, le vice-ministre
russe de la Défense Anatoli Antonov avait confirmé début
mars que tous les États membres de l’OTAN, en particulier
la direction de l’OTAN, restaient invités à participer à la
4ème conférence sur la sécurité internationale de Moscou
(MCIS), se tenant les 16 et 17 avril 2015. 80 pays et organisations internationales y sont représentés. \
LA COPRINCIPAUTÉ D’ANDORRE
DANS LA TOURMENTE
PREMIÈRE SORTIE DU SÉBASTOPOL
À SAINT-NAZAIRE
Joan Pau Miquel Prats
La Banque privée d’Andorre (BPA) et sa filiale à 100 % Banco
de Madrid sont accusées d’avoir blanchi des milliards de
dollars, notamment pour le crime organisé, en particulier
chinois. En 2012 déjà, l’Espagne - qui avait arrêté Gao
Ping accusé d’avoir blanchi 1,2 milliard d’euros - aurait
utilisé les services de la BPA. Des politiciens sont aussi
visés, notamment des proches du défunt président Hugo
Chavez. Pour le seul Venezuela, on parle de 4,2 milliards
de dollars ainsi blanchis. Joan Pau Miquel Prats, CEO de
BPA, a été arrêté à son domicile en pleine nuit et écroué.
Cette affaire est un coup dur porté à la crédibilité de la
place financière d’Andorre dont la monnaie est de facto
l’euro, alors qu’elle ne fait pas partie de la zone euro ni de
l’Union européenne. Autrement dit, si une crise financière grave devait advenir, la BCE n’aurait aucun devoir
d’assistance et ne bougerait pas le petit doigt. La responsabilité d’intervenir reviendrait à l’État et notamment à
François Hollande, coprince en titre. Traditionnellement,
c’est le directeur de cabinet de l’Élysée qui gère l’Andorre,
c’est-à-dire Thierry Lataste depuis janvier 2015, avec luimême un représentant permanent sur place de longue
date : Pascal Escande. \
Première sortie du Sébastopol au large de St-Nazaire
Première sortie en mer du deuxième porte-hélicoptère
russe made in France. Alors que la livraison du «Vladivostok », construit à Saint-Nazaire est toujours suspendue
au feu vert de François Hollande, le second bâtiment
commandé par la Russie «Sébastopol » a fait sa première
sortie en mer le 16 mars 2015, qui s’est achevée quatre
jours plus tard. D’autres essais sont prévus, mais il n’y aura
toujours aucun marin russe à bord. C’est en mai prochain
que la Russie décidera si elle annule ses contrats, comme
l’avait annoncé Anatoly Isaykin, le directeur général de
Rosoboronexport. \
20
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
ITALIE
PIRELLI PASSE À L’EST
La firme de Milan fondée en 1872 va passer sous le contrôle du
géant chinois China National Chemical Corp. (ChemChina).
De son côté, Pirelli va bénéficier d’un accès privilégié au
marché chinois. L’opération devrait être bouclée d’ici l’été
2015, via l’entrée des Chinois dans CAMFIN qui détient
26,2 % de Pirelli. L’opération pourrait profiter au groupe
pétrolier russe Rosneft dont on rappellera que son président,
Igor Setchine, était entré au Conseil d’administration de
Pirelli en juillet dernier. Rosneft réduirait sa part de 50 %
dans CAMFIN, mais a déclaré ne pas vouloir sortir de
Pirelli pour l’instant. \
LA ROYALE COULE LA NAVY
Sous-marin Saphir à Norfolk
USA
Barack Obama a décidé de renforcer temporairement l’armada américaine en Méditerranée en y faisant transiter l’USS
Theodore Roosevelt (surnommé «Big Stick ») Ce bâtiment de
330 mètres de long, transporte jusqu’à 90 avions. Il a passé
le détroit de Gibraltar le 31 mars 2015 avec son escorte. On
rappellera qu’avant de quitter son port d’attache de Norfolk
en Virginie, la flottille avait multiplié les entraînements,
notamment contre un sous-marin nucléaire d’attaque français, Saphir S602 (nom de code de l’exercice : COMPTUEX/
C2X). Bien qu’en service depuis 1984, le Saphir a réussi à
couler fictivement le porte-avion et la majeure partie de
son escorte, tout en évitant la contre-détection américaine.
Une victoire virtuelle qui a valu aux «cols bleus » français
les honneurs bien réels de l’amiral Louis-Michel Guillaume,
commandant la force océanique stratégique (ALFOST), venu
spécialement les féliciter jusqu’à Norfolk. L’information
publiée en fanfare sur le site officiel de la Marine nationale
a cependant vite été supprimée. \
FACEBOOK SE BANCARISE
David Marcus
Au 4e trimestre 2014, les services de paiement proposés par
Facebook représentaient 7 % de son chiffre d’affaires (257
millions de dollars). C’est l’application Messenger qui permet
aux utilisateurs d’envoyer de l’argent. Un projet développé
sous la houlette du talentueux Genevois David Marcus,
ancien président de PayPal et pionnier dans les moyens de
paiement par téléphonie mobile. Le but ? Concurrencer les
majors des cartes de crédit. \
Flotille Roosevelt
21
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
LIMOGEAGE SUR FOND DE FORCES
NUCLÉAIRES US OPÉRATIONNELLES
Klaus Grabowski
CANADA
Bœing E-6B Mercury
Heather E. Cole
CONTRÔLES AUX FRONTIÈRES
ET PLUS SI AFFINITÉS
Depuis le 16 mars 2015, Madame Heather E. Cole, n’est
plus commandant de la Strategic Communications Wing
1 (SCW-1), ni de la Task Force 124 (TF-124), deux unités
opérationnelles relevant de la Navy et installées sur la base
aérienne de Tinker, dans l’Oklahoma. Leur tâche, vitale
pour la dissuasion américaine, est d’assurer en permanence
le relais aérien des ordres d’attaques nucléaires depuis les
airs, aussi bien aux sous-marins, qu’aux missiles et aux
lanceurs terrestres. La Navy utilise notamment pour cela
des Bœing E-6B Mercury. Dès l’annonce de sa mise à pied,
les médias russes ont émis l’hypothèse que la disgrâce de la
«commodore » Heather E. Cole était la conséquence de son
refus d’avoir relayé des ordres visant à vitrifier la Russie et
l’ont promue au rang de héros. En réponse, certains analystes
expliquent que ses unités ne font qu’assurer la logistique
(équipages, avions, équipements de transmission) et n’ont
aucun pouvoir dans la chaîne de commandement, d’autres
sources affirment néanmoins que la TF-124 dispose d’une
capacité technique de blocage. D’autres encore s’étonnent
que l’un des motifs de sa mise à pied subite soit un problème
de «culture » et que la porte-parole de l’AIRFOR Jeannie
Grœneveld, ait été obligée de rendre public ce motif sans
précédent. Toujours est-il qu’en 25 ans de bons et loyaux
services, Madame Heather E. Cole n’avait toujours fait
parler d’elle qu’en bien.
Mieux que Schengen ? La sécurité aux frontières du Canada
et des États-Unis. Les deux grands voisins nord-américains
conservent la maîtrise de leurs frontières tout en s’engageant
à faciliter le flux terrestre des 400 000 voyageurs qui les
traversent chaque jour. Le ministre canadien de la Sécurité publique, Steven Blaney, et le secrétaire américain à la
Sécurité intérieure, Jeh Johnson, viennent en effet de signer
un accord autorisant leurs agents frontaliers respectifs à
procéder à des pré-contrôles et opérer des pré-dédouanements sur le territoire de l’autre pays, tout en conservant
leurs armes et leurs pouvoirs de leur pays d’origine. «Le but
de la législation est de permettre la circulation des citoyens
et des citoyennes honnêtes et des marchandises, pour assurer la prospérité de nos pays respectifs, mais d’être un mur
pour toutes les personnes qui voudraient s’attaquer à nos
populations respectives », a expliqué le ministre Blaney.
Pourquoi n’y avons-nous pas pensé ? \
PAS D’ASILE POUR LE BEAU-FRÈRE DE BEN ALI
Le 16 mars, c’est aussi le jour de la réapparition de Vladimir
Poutine après dix jours d’absence. La dernière fois qu’il était
passé sous les faisceaux radars aussi longtemps, c’était lors
du naufrage du sous-marin nucléaire russe Kourks, dont le
réalisateur Jean-Michel Carré avait démontré pour France 2,
en 2005, qu’il avait été torpillé par le Toledo, un sous-marin
américain, du temps de Clinton. \
Belhassen Trabelsi
Belhassen Trabelsi, beau-frère de Zine el-Abidine Ben Ali,
le président tunisien déchu en janvier 2011, a vu sa demande
d’asile politique rejetée par la Commission de l’Immigration
et du statut de réfugié canadienne. \
22
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
YéMEN
SITUATION TRÈS CRITIQUE AU YéMEN
Alors qu’un accord cadre sur le nucléaire iranien, voulu par
Barack Obama, est annoncé en grande pompe à Lausanne
le 2 avril 2015, le Yémen se fait bombarder sans relâche par
l’Arabie saoudite, depuis le 26 mars, détruisant au passage
le consulat général de Russie à Aden. Cette opération militaire internationale, qui a déjà fait plus de 500 morts à fin
mars, dont de nombreux civils, s’opère sans autorisation
du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle est dite justifiée par
la progression vers le sud de la rébellion des Houthis, qui
a renversé le pouvoir pro-saoudien en septembre 2014.
Les Houthis, d’une obédience chiite marginale (zaydite),
sont soutenus par Téhéran. Au moment où nous mettons
sous presse, ils s’apprêtaient à prendre le contrôle du port
d’Aden, puis celui d’une base militaire surplombant le
détroit stratégique de Bab el-Mandeb, par où transitent
près de 4 millions de barils de pétrole par jour. Comme
toujours dans cette région, la réalité est complexe. L’Iran a
certes ouvert une ligne aérienne quotidienne avec 14 vols
hebdomadaires depuis le 1er mars 2015. Même si on comptait des équipes médicales et humanitaires du Croissant
rouge parmi les premiers passagers, il y a peu de chances
que les autres soient de simples touristes. D’autant que
l’Iran vient officiellement de dépêcher plusieurs navires
de guerre sur la zone. Dans le même temps les saoudiens
interprètent le rapprochement d’Obama avec l’Iran comme
une trahison qui les conduit à s’émanciper du parapluie
militaire américain. Le Yémen a donc valeur de test grandeur nature pour la nouvelle équipe royale d’Arabie. Dans
ce cas de figure, l’Arabie saoudite aurait plus intérêt que
l’Iran à déclencher un conflit au Yémen, notamment afin
de mesurer l’interopérabilité de ses forces avec celles des
autres pays qu’elle a déjà rassemblées ici : Égypte, Soudan,
Émirats Arabes Unis, Koweït, Qatar, Bahreïn. Le Pakistan
nucléaire demeurant, quant à lui, tiraillé entre les intérêts opposés saoudiens et chinois. Tout cela ne serait pas
sans rappeler quelques enjeux militaires préparatoires de
beaucoup plus grande ampleur, comme il y en eut dans
l’histoire, par exemple lors de la guerre d’Espagne. En
attendant, la population manque de tout, en particulier
d’eau, dont on dit que les réserves souterraines pourraient
s’épuiser d’ici 2017. \
Forces en présence hors soutien logistique étranger (Etats-Unis, Royaume-Uni, Iran, etc.)
4,5 MILLIARDS DE DOLLARS
C’est la somme que Total a investi pour la liquéfaction de
gaz dans l’usine Yemen LNG, située dans la région sunnite
de Balhaf et qui en faisait le premier investisseur privé du
pays. La capacité de production de ce complexe est de 6,7
millions de tonnes par an. Le 30 mars, le groupe annonçait
le rapatriement de ses expatriés travaillant dans le pays. \
LISTE DE L’ARMEMENT AMÉRICAIN
ÉGARÉ AU YÉMEN
On en sait un peu plus sur les stocks d’armes «perdus » par
les Américains et évalués au bas mot par le Pentagone, à
500 millions de dollars. Il s’agit de : 1 250 000 packs de
munitions, 200 pistolets Glock 9 mm, 200 fusils d’assaut
M-4, 4 hélicoptères Huey II, 2 avions Cessna 208 dédiés au
transport et au renseignement, 1 avion CN-235 de transport
et surveillance, 2 navires de garde-côtes, 4 drones Raven
et 160 véhicules Humvees. De quoi faire pas mal de dégâts
pour leurs nouveaux propriétaires. \
23
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
INDE
L’INDE ATTIRE LES FONDS
L’incubateur 500 Startups, fondé par Dave McClure (ancien
directeur marketing de Paypal), s’apprête à lever 20 millions
de dollars pour le relancement de son fonds Startupwallah
dédié à l’Inde. \
JAPON
MAUVAIS CALCUL D’AIRBUS AU JAPON ?
DE BOLLYWOOD À BOLL-E-WOOD
Les hôtesses de Skymark
Graphic India
Pour tenter de pénétrer le marché japonais trusté par Bœing,
Airbus avait accepté en juillet 2010, une commande de six
Airbus géants A380 par la compagnie japonaise low cost
Skymark. Un contrat de deux milliards d’euros. Au vu des
pertes faramineuses de Skymark en 2013 (1,4 milliard
d’euros), Airbus annulait la commande dès juillet 2014 et lui
réclame à présent une indemnité de 700 millions de dollars.
Le 28 janvier 2015, la compagnie de Tokyo n’avait plus d’autre
choix que de déposer le bilan. Mais c’était sans compter sur
la solidarité nipponne : le 23 février, la compagnie ANA
(pourtant concurrente) annonçait qu’elle allait soutenir le
renflouement de Skymark, suivant en cela le fonds Integral,
Orix (numéro 1 japonais du leasing et des services financiers) et quelques-unes des plus importantes compagnies de
voyagistes. Rendez-vous le 29 mai prochain pour savoir ce
que le tribunal de district de Tokyo va en dire. \
Le créateur de BD et d’animations indien Graphic India a
levé 2,8 millions de dollars pour développer ses contenus
à destination des mobiles. \
FRONTIÈRE HIMALAYENNE
La tension reste perceptible entre la Chine et l’Inde au sujet
de leur conflit frontalier. Les deux pays n’avaient jamais eu
de frontière commune jusqu’à l’arrivée des troupes de Mao
au Tibet, et jamais de problème. Après la guerre de 1962,
qui n’a encore fait l’objet d’aucun armistice, ils doivent
aujourd’hui gérer au quotidien la contestation des 4057 km
qui les séparent, agrémentés d’escarmouches incessantes. La
délégation chinoise de haut-rang qui s’est rendue en Inde
du 27 février au 2 mars 2015 n’y a pas changé grand-chose,
alors que le Premier ministre Modi sera reçu en visite officielle à Pékin en mai prochain. \
24
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D o s sie r / séc urité
DE LA DISSUASION DES CRIMININELS à CELLE DES VICTIMES
français, par le vocabulaire militaire, pour
désigner la dissuasion nucléaire.
Elena Budnikova
Nos sociétés sont-elles capables aujourd’hui de
dissuader les délinquants ? Si nous prenons le
cas d’États moralisés comme le Bhoutan ou
policiers comme Singapour, la réponse est
certainement positive. En revanche, si l’on se
projette dans les quartiers Nord de Marseille,
ou d’autres zones urbaines d’Europe comme
Husby, dans la banlieue de Stockholm, on
constate que ce sont les forces de l’ordre qui
sont dissuadées d’y faire leur travail. On les
y attend avec de lourds projectiles lancés des
ARNAUD dotézac, Directeur des rédactions
Ce mê me se n time n t
de dis s ua sio n re n ve r sée
e x is te t o u t au ta n t
l or s q u’o n fait cr aindre
de s re pré s aille s
au x vic time s
L’un des meilleurs moyens
de prévenir le crime est certainement de faire en sorte
que son idée-même ne puisse
jamais germer dans l’esprit
du citoyen ou si c’était tout
de même le cas, que le candidat à cet acte en soit dissuadé.
le concept de dissuasion
implique l’idée de générer
suffisamment de dégoût pour
détourner de l’action projetée.
La stimulation efficace d’une
révulsion morale serait ainsi
la clé d’une dissuasion réussie.
derniers étages de hautes barres d’immeubles,
exactement comme on le faisait depuis les
mâchicoulis des forteresses médiévales ; On
déclenche des émeutes en représailles d’une
arrestation, quand on ne tire pas sur la police à
la Kalachnikov. Continuellement on y trafique
des produits illicites et y on brûle des voitures.
Ce même sentiment de dissuasion renversée
existe tout autant lorsqu’on fait craindre des
représailles aux victimes ou qu’on impose
l’autocensure après des attentats.
Les anglophones traduisent quant à eux la
dissuasion par detterence (qui existait en ancien
français sous la forme terrir) qui signifie
cette fois détourner par la terreur. Celle que
devrait inspirer la réaction, nécessairement
supérieurement violente, à toute agression.
C’est cette connotation qui est revenue au
Ces permutations dans l’ordre qui s’imposent
de facto sont plus rares de ce côté-ci des Alpes
ou du Jura et la baisse moyenne de la criminalité d’environ 8-9 % en 2014, rapportée par les
dernières statistiques de l’OFS, peut sembler
rassurante à cet égard. Mais si l’on analyse les
causes du phénomène de ces renversements,
la situation mériterait peut-être de s’en pré-
26
D o s sie r / séc urité
occuper autrement. La Suisse se trouve en
effet bien placée à l’égard de plusieurs d’entre
elles, notamment le laxisme pénal, le taux de
récidive, l’origine étrangère des délinquants
et le déni de l’insécurité.
Le laxisme pénal
La criminologie nous enseigne, depuis son apparition au 19e siècle, que la sévérité des peines n’est
pas un gage de rédemption. En France voisine,
il avait même fallu réinventer le bannissement
par le «transport » (comme on le disait à l’époque),
vers les bagnes d’outremer pour désengorger
les prisons. La sévérité pénale ne réglait pas
le problème mais le déplaçait. A l’inverse une
société totalement permissive tomberait vite
dans le chaos. La bonne mesure ne se situe pas
TYPES DE CRIMES
STUPÉFIANTS
28.26%
VIOLENCES
8.70%
VOLS
63.04%
Typologie des délits en Suisse (2012)
non plus à quelque niveau intermédiaire car le
laxisme pénal ne se résume pas, selon nous, à
un paramètre quantitatif de la sévérité pénitentiaire. Il implique, qualitativement, le type de
réponse sociale qu’on est prêt à imaginer face
au développement de la délinquance.
Le laxisme englobe donc le déni politique de l’inadaptation des moyens
dissuasifs, le refoulement de toute idée innovante dans la modélisation de la dissuasion. De la même façon qu’en matière économique les
entreprises doivent s’adapter en permanence à la concurrence et savoir
innover pour ne pas disparaître, nous pensons que le traitement du crime
doit fonctionner au même niveau d’ajustement voire d’anticipation,
pas seulement en termes de technologie sécuritaire mais également de
scénario légal. Le laxisme pénal s’observe en effet à la source du contrôle
social, dans ce qu’on pourrait nommer une torpeur législative ; dans
l’idée qu’un modèle pénal fondé exclusivement sur la nature objective
du délit et l’étendue du dommage, le tout intégré dans une échelle de
peines pécuniaires non recouvrables ou d’enfermement quasi-hôtelier,
serait l’horizon indépassable de tout traitement de la transgression.
Or, bien que l’on sache que chaque délinquant calcule son propre bilan
coût avantage avant de passer à l’acte, cette équation n’est jamais incorporée dans le traitement judiciaire de l’infraction. Pourquoi ? Qu’estce qui empêcherait la société d’enquêter au cas par cas sur le type de
représailles qui inhiberait avec succès la récidive de tel délinquant ou
type de délinquants. Si pour les uns ce n’est plus la prison, seraient-ce
alors les travaux forcés ? Il faudrait certes repenser leur interdiction de
principe posée par l’article 4 de la convention européenne des droits de
l’homme qui prohibe notamment les activités de rééducation morale
Pl u s u n c o ndamné e s t je u ne ,
pl u s il aur a de ris q ue s de récidive r e t
pl u s il le fe r a r apide me n t
ou l’exploitation commerciale des prisonniers. On comprend que nos
sociétés démocratiques refusent de créer des laogai ou des goulags
mais est-ce une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain ? La prison
ne serait-elle pas le lieu idéal pour amener le prisonnier au dégoût
du crime ? Où en sont les réflexions dans ce domaine ? Quels sont les
modèles de formation et de réhabilitation concomitants aux grandes
réformes pénales ? L’effet dissuasif pourrait aussi s’exercer dans des
formes adéquates de la responsabilité collective. Elle existe en France
sous l’incrimination d’association de malfaiteurs qui vise notamment
la simple «entente en vue de la préparation » matérielle d’un crime ou
d’un délit. On doit d’ailleurs noter que le code pénal français manie
la carotte et le bâton puisque le même texte prévoit l’exemption de
peine en faveur de celui qui aura dénoncé à temps cette entente et ses
participants. Voici un exemple de «technologie » pénale dont on se
prive pour de motifs idéologiques, avec une incidence négative sur les
taux de récidive.
Le taux de récidive
1) http ://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_infostat_127.pdf
Selon une étude de Rémi Josnin, parue en France en avril 2014, «plus
un condamné est jeune (moins de 26 ans), plus il aura de risques de
récidiver et plus il le fera rapidement. De même, un condamné déjà
récidiviste sera aussi plus enclin et plus prompt à récidiver1. » En Suisse,
27
D o s sie r / séc urité
le taux de récidive sur les vols est de l’ordre de 48 %, étant rappelé qu’en
Europe les récidivistes sont le plus souvent des condamnés pour vol,
recel ou dégradations. Les taux moyens peuvent grimper à 60 % dès la
troisième condamnation et ainsi de suite. C’est-à-dire que l’accumulation des peines insensibilise les malfaiteurs et que tous les efforts
pour les enfermer ne serviront qu’à donner un simple sursis à leurs
prochaines victimes, durant leur mise à l’écart. Néanmoins, les plus
dangereux d’entre eux font à présent l’objet d’un suivi particulier dans
le cadre du programme «ROS » (Risiko orientierter Sanktionenvollzug,
pour «Application des sanctions axée sur les risques ») initié à Zurich.
Il s’agit de trier les délinquants dès l’incarcération, sur la base d’un
recensement préalable des facteurs biographiques et psychologiques,
autochtones n’est pas requise ? Voilà le genre de
friche sociale qui entretient la déresponsabilisation politique jusqu’au déni de l’insécurité et
qui aboutit au succès des initiatives comme le
renvoi des délinquants étrangers, adoptée par
le peuple en juin 2010 et dont la loi d’application vient d’être adoptée, le 16 mars 2015. On
rappellera que L’expulsion automatique des
criminels étrangers, pour 5 à 15 ans, sera en
principe réservée aux actes de violence, mais
inclut également les délits de brigandage, trafic
de drogue et abus de prestations sociales.
Le déni d’insécurité
La sécurité est un concept simple. Étymologiquement, on est en sécurité lorsqu’on peut
se permettre l’insouciance ; lorsque rien ne
vient déranger notre tranquillité. Le terme
provient du latin se-cura par contraction de
sine cura («exempté de soin », cf. sinécure) qui
traduit le sentiment qu’aucun souci particulier
n’est à se faire, dans une situation donnée car
arrestations par origine, Vaud en 2012
susceptibles de conditionner une plus ou moins grande dangerosité en
cas de récidive. Le but est ensuite de leur attribuer un suivi thérapeutique
incluant notamment l’apprentissage du contrôle des «pulsions antisociales », évalué à partir d’une check-list personnalisée. Ce programme,
incluant la standardisation des interventions, est très louable dans la
mesure où précisément, il démontre la possibilité d’adapter le pénal à
des profils types plutôt qu’à des délit-types. Pour le reste, notre système
se satisfait encore d’entretenir le «bouillon de culture » que constitue
l’incarcération touristique et indifférenciée, sans égard pour la culture
et la nationalité des détenus.
L’origine étrangère
Il s’agit d’un véritable tabou. La délinquance d’origine étrangère porte
néanmoins un message. Imaginons que la Suisse devienne, ou redevienne
par certains aspects, un modèle achevé d’honnêteté généralisée. Il ne
pourrait être que le fruit d’une éducation très efficace, dès l’enfance,
aux valeurs morales de la probité. L’acte délictueux y serait inconcevable,
sauf pour l’individu n’ayant ni reçu et a fortiori ni internalisé de telles
valeurs. Or, si la proportion de délinquance étrangère est significativement supérieure à celle d’origine indigène, n’est-ce pas exactement cela
qui est dit : la manifestation d’un différentiel de valeurs morales ? Or,
comment traiter le problème dès lors que l’accès au territoire est permis
au délinquant et que la conformité de son comportement à celui des
28
il fau t e nc ore q ue
la victime décide d’actionner
u ne procé d ure pé n ale ;
q u’elle-mê me n ’e n s oit
pa s dis s uadée .
il n’existe aucun trouble, ni endogène (perturbation mentale) ni exogène (délinquance,
guerre). Il y a en chacun de nous un idéal de
paix et de tranquillité que traduit exactement
ce concept. Or, il est devenu politiquement
incorrect d’en faire l’éloge. On sera vite blâmé
de promouvoir un environnement «sécuritaire », confondant ainsi la sérénité qui sied
aux contrées des sages, avec les symptômes de
son exact opposé : l’in-quiétude imposée par
les tyrans. Mais en matière de criminalité, qui
sont les tyrans sinon les délinquants ?
Malheureusement, le quotidien des policiers et
des juges, aussi bien que des armées, nous dit
à quel point les occasions de rupture de cette
sérénité, de cette in-nocence (absence de nuisance) sont nombreuses et en quoi les appétits
de nocence des criminels en tous genres, qui en
sont la cause, sont dynamiques et polymorphes.
D o s sie r / séc urité
C’est là que se situe la nature imparfaite de la
sécurité : elle dépendra toujours de facteurs de
protection adéquats contre le crime, impliquant
donc de s’y ajuster sans cesse. Or, une telle adaptation est par nature lente et sélective, laissant
toujours aux malfaiteurs plusieurs longueurs
d’avance. Lente, car le traitement de la délinquance repose sur le droit, lui-même issu de
processus législatifs complexes, disparates et
nécessairement politisés. C’est le cas par exemple
des vaines interventions parlementaires depuis
2010, visant à améliorer les performances de
l’article 260ter du Code pénal (CP)2 , qui est
censé sanctionner les organisations criminelles
mafieuses. Ce texte a si peu d’efficacité que tous
les acteurs s’en sont plaints (procureur de la
Confédération, directeur de la Fedpol, professeurs de droit, etc.) au point que la Commission
de gestion des Chambres fédérales estime à
présent que le crime organisé échappe tout
simplement au «champ d’application de cette
disposition3 ». Et pourtant, le Conseil fédéral
s’oppose systématiquement à toute réforme,
contraignant ladite Commission (CdG-E) à
déposer une initiative parlementaire4.
La répression du crime est ensuite sélective,
puisque nul ne peut être poursuivi autrement que sur la base d’une loi préalable, qui
distingue les actes répréhensibles et leurs
sanctions correspondantes, de ceux qui ne le
sont pas, même s’ils peuvent être vécus comme
un trouble par la société5.
Sauf cas de flagrant délit ou de saisine d’office
des autorités de poursuite, il faut encore que
la victime décide d’actionner une procédure
pénale ; qu’elle-même n’en soit pas dissuadée. Il lui faudra comprendre et respecter, en
payant parfois cher les services d’un avocat, les
lieux et conditions formelles qui s’imposeront
à son droit éventuel de se plaindre. Avant
même d’avoir réellement ouvert la procédure,
l’autorité de poursuite pourra encore l’estimer
inopportune et classer l’affaire.
Selon l’infraction, le taux d’élucidation, c’està-dire la chance d’identifier et d’arrêter les
auteurs potentiels, sera très variable : de
95,4 % pour les homicides contre 18,4 % pour
les atteintes à la propriété, selon les dernières
statistiques 2015 de l’OFS. C’est-à-dire qu’un
voleur dénoncé a 80 % de chances d’échapper à
Contrôle de police Argovie
la justice. Après quoi, il faudra attendre un jugement définitif (purgé
des voies de recours donc), pour enfin aboutir à une décision de condamnation ou bien… d’acquittement. Là encore, l’éventail sélectif est très
ouvert. La mesure répressive ira de la simple admonestation jusqu’à la
privation temporaire de liberté. Et même en prison, d’autres sélections
pourront s’opérer, notamment par les remises de peine, traitées par
des juges d’application des peines totalement débordés. Par exemple,
dans le canton de Vaud, ils ne sont que 7 pour plus de 700 détenus et
cumulent en outre la fonction de Tribunal des mesures de contraintes,
statuant sur les détentions préventives.
le tau x d ’imp u nité réelle
dé pa s se t rè s l arge me n t le s 8 0 %
A cela s’ajoute l’incarcération impossible faute de place. Selon les dernières statistiques, 720 places d’exécution des peines manquent en Suisse,
pour une population carcérale de près de 7000 détenus. À la prison de
Champ-Dollon (GE), le taux d’occupation a par exemple atteint un pic
de 226 % en août 2014. En France, c’est un stock de 100 000 peines de
prison ferme qui sont en attente d’exécution, dont au moins 25 % ne
seront jamais exécutées. C’est-à-dire que pour le vol, le taux d’impunité
réelle dépasse très largement les 80 %, ce qui entre évidemment dans
l’équation du passage à l’acte.
Quant aux crimes graves, ce n’est pas mieux. Le cas d’Amedy Coulibaly,
assassin parallèle aux meurtres des journalistes de Charlie Hebdo en
janvier 2015, est très symbolique à cet égard.
2) La dernière interpellation en date est celle de Giovani Merlini (25.09.2014).
3)Rapport du 30 janvier 2015.
4)Initiative du 31 janvier 2014.
5)Une dérive majeure a néanmoins été introduite avec les sanctions pénales individuelles
de proscription contre des personnes, prises arbitrairement par des Etats sans procès
(«smart sanctions »). voir market n. 118, notre dossier sur «l’ineptie des sanction économiques
29
D o s sie r / séc urité
Voici le détail édifiant des condamnations
de ce multirécidiviste et de leur exécution :
-2001 : 1 an de prison ferme, auquel s’ajoutent
2 années fermes supplémentaires, pour divers
braquages. Les 2 peines ayant été confondues,
il sortira après moins de 2 ans, au bénéfice
d’une remise de peine.
- 2002 : 12 mois, dont seulement 3 fermes, pour
vol aggravé et recel.
- 2004 : 6 ans fermes pour un vol à main armée
dans une banque.
- 2005 : 3 ans supplémentaires, lors de sa détention, pour une autre affaire de vol aggravé,
recel et usage de fausses plaques d’immatriculation.
- 2007 : 18 mois supplémentaires, lors de sa
détention, pour trafic de stupéfiants.
- 2009 : remise en liberté.
- 15 juillet 2009 : réception à l’Élysée par Nicolas Sarkozy.
- Mai 2010 : mise en détention provisoire pour
son implication dans le projet d’évasion de
Smaïn Ait Ali Belkacem, l’auteur des attentats de 1995 dans le RER parisien, qui firent
8 morts et 117 blessés.
- Décembre 2013 : 5 ans fermes pour ce projet.
- Mars 2014 : libération anticipée automatique
avec bracelet électronique qui lui est retiré
deux mois plus tard.
- 9 janvier 2015 : élimination physique lors d’un
assaut donné par des policiers d’élite (RAID
et BRI), après qu’il ait assassiné une policière
à Montrouge et trois clients du supermarché
casher de la porte de Vincennes. Si la France
pratiquait le cumul des peines, il aurait additionné 29 ans et 9 mois de prison ferme (sans
inclure les révocations de sursis) et n’aurait
donc pas pu commettre ses meurtres.
Il était en outre fiché à l’anti-terrorisme (AT,
avec la mention PJ02 qui impose aux agents
d’obtenir des renseignements, sans attirer l’attention). Bien que contrôlé plusieurs fois, il ne
fut jamais inquiété. À quelle école de vertu
pensait-on former Coulibaly en le traitant de
la sorte ? Lors des débats parlementaires sur
le vote du premier code pénal français du 6
octobre 1791 (celui de 1810 n’étant qu’une
retouche), un orateur résuma l’état d’esprit
du projet en ces termes : «L’avenir recueillera
surtout les fruits de cette éducation nationale qui, douant tous les enfants de la patrie
de connaissances, d’arts, de métiers utiles et
surtout de vertus, formera des hommes libres et bons, et arrachera au
crime jusqu’à la séduction du besoin6 ». On mesure aujourd’hui la profondeur de l’utopie. Pour ramener un peu de réalisme dans la sécurité
quotidienne, les citoyens, ainsi que les entreprises privées (et publiques),
ont du investir massivement dans la prévention dite situationnelle, celle
qui va compliquer un peu la tâche des délinquants ou réduire le succès
de leurs entreprises : caméras de surveillance, alarmes et protections
renforcées du patrimoine, gardiennage, notamment dans les boutiques
et supermarchés, apprentissage de l’autodéfense personnelle .
Malgré la diversité extrême des motivations criminelles, la multiplication
permanente des types et des intensités des actes délictueux, des taux et
des formes de récidives, des étendues géographiques globalisées du crime
organisé, on continue de leur appliquer une logique pénale imaginée au
19e siècle. Une époque où les sociétés étaient toutefois socialement plus
cohérentes que de nos jours, au point de se reconnaître par les costumes,
les spécialités artisanales et gastronomiques, les styles d’habitats, les chants
et les patois. Une époque où la faible densité de population permettait
de repérer l’intrusion de la délinquance et de la nommer comme telle.
Un temps où le contrôle social préventif, répressif et curatif du crime
avait un sens à la hauteur du respect des populations pour elles-mêmes
et pour les autorités en charge, bref, là où l’adaptabilité aux enjeux locaux
était encore chose possible. Les statisticiens ont beau jeu de dire que le
nombre de détenus en Suisse est à peu près le même aujourd’hui qu’en
1890 (entre 6000 et 7000). Cela ne doit pas masquer les profondes diffé-
E n 18 3 0, le tau x de récidive moye n
de l a S uis se ne dé pa s s ait pa s 2 0 %
rences de profils de la population carcérale ni l’ampleur et l’effectivité
du contrôle social qui pouvaient exister, notamment grâce au pragmatisme des Schutzverein et autres «comités de patronage ». Ces organismes,
ancêtres privés des offices publics de réinsertion, faisaient tout pour
réhabiliter socialement les délinquants et les prenaient intégralement
en charge dès leur sortie de prison. Ils les vêtaient, les nourrissaient et
leur trouvaient un emploi mais ils pouvaient aussi les renvoyer illico en
prison en cas de négligence, sens premier du mot délinquance. En 1830,
le taux de récidive moyen de la Suisse ne dépassait pas 20 %7.
Or nos sociétés n’ont plus cette cohérence. Elles ont organisé leur propre
déterritorialisation : celle des sources du droit, des autorités judiciaires
et policières, des critères d’honnêteté et finalement du crime. Ce faisant,
c’est le principe même du contrôle social et de la dissuasion qu’elles
ont pulvérisé, jusqu’à marginaliser les victimes en les détournant, par
dépit, de s’en plaindre. \
6) Citée par Pierre Lascoumes, revue Pouvoirs n. 55, Presses Universitaires de France, Paris, 1990, p. 24
7)Rapport de Louis-Mathurin Moreau-Christophe sur les prisons d’Angleterre, Ecosse, Hollande,
Belgique et Suisse, Imprimeries Royales, Paris, 1839.
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D o s sie r / séc urité
La Suisse… Pas si sûre
Entretien avec Marie-Hélène Miauton 1
Quels sont pour vous les critères d’efficacité
essentiels d’un système pénal moderne ?
Les fonctions d’un système pénal sont multiples et elles donnent lieu à une abondante
littérature. Pourtant, si l’on s’en tient aux
vœux du peuple, au nom duquel la justice
est rendue, ce rôle est double. Tout d’abord,
le système doit être suffisamment dissuasif
pour maintenir la criminalité à son niveau
incompressible. Trop punitif, il attente aux
libertés fondamentales et devient inutilement
contraignant mais, trop laxiste, il encourage
la délinquance. C’est ce qui est arrivé en Suisse
avec une augmentation préoccupante des
« P o ur le s b a nde s
in te r n atio n ale s , l a S uis se
e s t u ne cible at t r aya n te
e n r ais o n d u l a x is me
de s a lé gisl atio n. Da n s
auc u n au t re pay s , le s
camb riole ur s s o n t au s si
r are me n t c o ndamné s à
de s peine s de pris o n
fe rme » ( Mar tin K illia s )
délits et une montée du sentiment d’insécurité
dans la population. Bien sûr, les statistiques
2013 et 2014 montrent une amélioration qui,
toutefois, fait suite au pic des années 2011 et
2012, ayant conduit les responsables politiques
à prendre (enfin) les choses en mains. Voilà qui
vient démontrer aux incrédules que l’action
de la police est bel et bien dissuasive! Ainsi,
les derniers chiffres parus le 23 mars 2015,
ramènent la criminalité au niveau de 2010,
niveau encore très élevé, faut-il le préciser.
L’autre rôle essentiel du système pénal est d’assurer que la justice soit rendue. La population
considère en effet qu’il doit y avoir une forme
ou une autre de châtiment pour celui qui a démérité en enfreignant la
loi. Quand l’infraction reste impunie, c’est le comportement exemplaire
des autres citoyens qui n’est pas reconnu comme tel. Il s’installe alors
un discrédit des valeurs d’ordre et de civisme qui, à la longue, encourage la délinquance. Et lorsque le système judiciaire montre une trop
grande mansuétude pour les prévenus, les victimes ne se sentent plus
reconnues comme telles. Il en résulte un sentiment de révolte qui nuit
profondément à la confiance qui est accordée aux institutions.
Votre ouvrage fait l’addition de ce que coûte la délinquance aux
contribuables de Suisse et qui se chiffre en milliards de francs chaque
année. Le peuple pourrait-il selon vous se saisir de la question et
imposer notamment au Conseil fédéral de respecter des objectifs
parallèles de réduction de la délinquance et des coûts ?
Oui, il le pourrait. Mais les questions liées à l’exercice de la justice sont
si complexes que le peuple peine à en appréhender les enjeux. Dans ce
domaine comme dans d’autres, les spécialistes s’ingénient à utiliser un
jargon ésotérique et à complexifier les structures qui s’apparentent à un
véritable labyrinthe. Tout cela décourage aussi bien le peuple que ses
représentants à empoigner le sujet. On a bien vu, lors des discussions
sur la révision du code pénal (CP) avant son introduction en 2007, que
les Chambres ont laissé passer un texte dont elles n’ont pas mesuré
l’ampleur des conséquences ni la perversité. Il leur a été peu ou prou
dicté par les spécialistes des commissions d’experts et de l’administration
fédérale. C’est pourquoi j’ai écrit mon livre en 2013 afin d’informer le
grand public sur les aspects essentiels de la sécurité en Suisse, dans un
langage le plus accessible possible.
De nombreuses études, essentiellement nord-américaines, démontrent
que la prison reste dissuasive, même si c’est à des degrés divers,
notamment selon le type de délinquants. Comment expliquer qu’on
s’intéresse aussi peu en Suisse à des dispositifs, classiques ou innovants, qui seraient réellement dissuasifs dans le contexte actuel d’un
pays ouvert et pratiquement sans plus de contrôle aux frontières ?
N’ayez crainte, ces études sont connues. Malheureusement, elles n’emportent pas l’adhésion d’un grand nombre de criminologues dits «critiques ». Il y a chez eux une conviction que la prison est contreproductive
pour le condamné et pour la société, et qu’elle satisfait plus le désir de
«vengeance » du peuple qu’à l’administration d’une sanction légitime.
Il faut préciser que la criminologie critique est résolument engagée
politiquement. Ses acteurs recherchent avant tout la protection du
1) Chroniqueuse et essayiste, Marie-Hélène Miauton est
l’auteur de «Criminalité en Suisse, la vérité en face »
paru aux Éditions Favre en 2013
32
D o s sie r / séc urité
Marie-Hélène Miauton
délinquant, un «marginal » d’autant plus intéressant qu’il remet en
cause l’ordre social. Car selon eux, le crime n’est que la transgression
d’un code de conduite établi par les institutions. La notion du maintien
de l’ordre n’est donc pas leur principale préoccupation.
De façon plus générale, ils préconisent un usage réduit de la répression et militent pour un code pénal peu punitif, les plus absolutistes
réclamant même sa suppression pure et simple. C’est cet état d’esprit
qui a porté la réforme du CP introduite en 2007. Elle a vu l’apparition
de nouvelles formes de peines comme les jours amendes, ainsi que
l’élargissement du travail d’intérêt général, la suppression des peines
privatives de liberté dans un grand nombre de cas et l’introduction
du sursis obligatoire pour les primo-délinquants. Il en est résulté un
bouleversement tel que le professeur Martin Killias s’est exclamé : «Pour
les bandes internationales, la Suisse est une cible attrayante en raison
du laxisme de sa législation. Dans aucun autre pays, les cambrioleurs
sont aussi rarement condamnés à des peines de prison ferme ».
Sans craindre la contradiction, les criminologues critiques exigent en
revanche une sévérité accrue envers la criminalité en col blanc et la
répression routière. C’est ainsi que des infractions au code de la route,
autrefois sanctionnées par des amendes, sont devenues des délits relevant
du CP, avec une inflation problématique du nombre des procédures.
33
Mais, pour en revenir à votre question, sachez
que, depuis janvier 2014, le CP est à nouveau
modifié : les peines pécuniaires avec sursis
sont supprimées et les courtes peines de prison
réintroduites, ces mesures correctives ayant
été votées par les Chambres sur demande des
professionnels de la justice. Dans son communiqué à ce sujet, le Conseil fédéral s’est dit
convaincu «qu’une courte peine privative de
liberté dissuade plus efficacement certains
délinquants de récidiver qu’une peine pécuniaire ». Sauf que, au moment d’introduire
le nouveau CP en 2007, il disait exactement
le contraire.
Le fait que la majorité des responsables politiques refusent d’admettre que la majorité de
la population carcérale soit d’origine étrangère, pour éviter d’attiser le populisme, ne
conduit-il pas à l’effet exactement inverse ?
Malheureusement oui! La population sait
qu’on lui cache la vérité. Le silence gêné des
D o s sie r / séc urité
autorités entretient sa méfiance envers l’ensemble des étrangers alors
que la grande majorité d’entre eux se conduit parfaitement. Elle ignore
par exemple que certaines communautés sont responsables de très nombreux méfaits tandis que d’autres présentent des taux de criminalité
aussi bas que celui des Suisses. Évidemment, il y a de multiples causes
au fait que les étrangers soient particulièrement délinquants en Suisse.
Cette population est plus jeune que la moyenne ; sa situation précaire
encourage à la délinquance ; le vécu antérieur de guerre et de violence
a induit des moyens de survie moins policés que les nôtres… Cela ne
doit cependant pas mener à l’aveuglement ni au laxisme.
rappeler, pour faire accessoirement un travail de police. Autant dire que leur nombre
est insuffisant pour cela et que l’entier du
dispositif est donc problématique.
Il faut savoir que les étrangers (ceux du moins qu’il est possible de
recenser) représentent environ le quart de la population suisse mais
qu’ils sont responsables de plus de la moitié des délits relevant du CP. Et
encore, les chiffres de la statistique ne représentent qu’un minimum. En
effet, la criminalité transfrontalière est rarement élucidée alors qu’elle
Il n’est pas inutile de soulever ce problème
et c’est un sujet sur lequel les autorités sont
souvent chatouilleuses. La dégradation de
l’image de la Suisse et de ses villes internationales comme Genève est réelle comme le
prouvent les réactions de certaines organisations ou ambassades et les mises en garde
qu’elles diffusent à leurs ressortissants. Ce
n’est pas si grave concernant les pays d’Europe
qui connaissent le même mal que nous et s’y
sont donc habitués. En revanche, les visiteurs
asiatiques ou provenant du Moyen-Orient, si
importants pour notre tourisme, ne voient pas
les choses comme nos chers criminologues.
Ils s’interrogent sur nos choix sécuritaires
et considèrent que nous faisons fausse route.
Le problè me vie n t d u fait
qu’il y a dé s ormais u ne lib re circ ul atio n
de l a crimin alité e t que n o u s
ne dé pe nd o n s pl u s de n o s se ule s
p olitiq ue s séc uritaire s mais
au s si de celle s de s au t re s me mb re s
de l’e s pace S che n ge n
explique une forte part des cambriolages par exemple. En outre, il est
plus facile de mettre la main sur un Suisse ou un étranger résident que
sur des sans-papiers ou des gens qui passent les frontières. La statistique
sur l’origine des prévenus fait donc la part belle aux nationaux et aux
étrangers en situation légale.
Quand pensez-vous que l’on atteindra le
point où la Suisse sera vue comme un pays
qui n’est plus sûr pour les étrangers (touristes,
investisseurs, étudiants, etc.), et quelles en
seront les conséquences ?
Il est important de rappeler ici que les atouts
de la Suisse sont pour la plupart intangibles. La
sécurité et la qualité de vie en ont longtemps
fait partie lorsqu’il s’agissait de choisir une
destination touristique ou d’installer le siège
d’une entreprise internationale. Si elle les perd,
par quoi les remplacera-t-elle ? \
À ce sujet, il convient d’observer avec un œil critique la progression
des infractions relevant de la loi sur les étrangers : elles sont passées de
29 000 en 2011 à 39 500 en 2014! Il est urgent de prendre le problème
en main.
Pensez-vous que la sortie de Schengen et le rétablissement des
contrôles aux frontières soient de nature à réduire sensiblement
la délinquance ?
C’est malheureusement plus compliqué que cela. Bien sûr, le renoncement à la surveillance des frontières qui a été induit par Schengen
n’a pas arrangé la situation sécuritaire de la Suisse. En revanche, nos
policiers ont pu avoir accès à des outils de suivi et d’arrestation des
délinquants qui sont intéressants. Le problème vient du fait qu’il y a
désormais une libre circulation de la criminalité et que nous ne dépendons plus de nos seules politiques sécuritaires mais aussi de celles des
autres membres de l’espace Schengen. Actuellement, nous comptons
sur notre corps des gardes-frontières, employés des douanes faut-il le
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D o s sie r / séc urité
le besoin de
légitime défense
philippe Kaddouch
Sylvanne Francisco est propriétaire d’un
restaurant connu de Genève. Un soir, elle se
fait agresser dans l’ascenseur de son immeuble
et comprend que personne ne pourra lui venir
en aide. Même si elle est en situation de légitime défense, elle n’a ni l’état d’esprit lui
permettant de réagir ni les connaissances
techniques. Adepte du MPK, discipline de défense
et de contrôle de soi développée par Philippe
Kaddouch, à partir du Krav maga1, elle saura
maintenant réagir à différents types d’agression, comme elle le démontre lors d’un entraînement dans son parking.
Philippe Kaddouch nous explique que les menaces spécifiques des grandes
villes occidentales, telles que le carjacking, les vols en réunion et avec violence, notamment dans les trains, les parkings, les habitations, ne cessent
d’évoluer et qu’il fallait donc trouver un moyen de s’y adapter en permanence.
36
Pour lui « à chaque situation doit correspondre
un scénario de vigilance, d’anticipation et un
usage précis des réflexes, qui permettent une
efficacité optimale en mobilisant un minium
d’efforts, même en état de surprise ».
Pour Sylvanne, qui n’avait pas imaginé devoir
apprendre un jour le combat, «le MPK propose une approche psychologique originale
de confiance en soi qui peut être facilement
transposée dans la vie de tous les jours, hors
de tout affrontement physique ». Philippe
Kaddouch confirme : «Il est fréquent que mes
élèves s’inscrivent à mes cours après avoir fait
la mauvaise expérience de subir une agression.
Il m’appartient de leur ôter tout de suite ce
traumatisme, notamment en les remettant
en situation et en leur donnant la solution
technique qui leur permettra de maîtriser
totalement ce type de situation. Mais cette
Elena Budnikova
D o s sie r / séc urité
Sylvanne Francisco à l’entrainement de MPK dans un parking de Genève
approche vaut aussi pour toute autre circonstance générant des pressions et des stress
importants qu’il s’agisse d’un harcèlement,
d’une rupture conjugale ou dans le travail
ou encore d’une préparation à négociation
difficile ». A voir ses élèves à l’entraînement,
on comprend que l’approche MPK est fondée
sur le réel et ramène systématiquement au
principe de réalité. Dans un tel contexte, il
n’y a effectivement pas de place pour le déni
et la surprise, ni pour les états d’âme comme
la peur et la honte ou l’arrogance et la colère.
Comme le résume Sylvanne : « Il en résulte
effectivement une sérénité non factice, c’està-dire qu’on est entraîné à ne pas vaciller à
la première épreuve ». Mais la question qui
se pose est aussi celle des limites imposées
par le droit.
Cette loi dit que tout moyen est honnête pour sauver nos jours lorsqu’ils
sont exposés aux attaques et aux poignards d’un brigand et d’un ennemi :
car les lois se taisent au milieu des armes ; elles n’ordonnent pas qu’on
les attende, lorsque celui qui les attendrait serait victime d’une violence
injuste avant qu’elles pussent lui prêter une juste assistance2 ».
En Allemagne, la légitime défense (notwehr) repose encore sur cette
idée fondamentale que le droit n’a pas à reculer devant l’injustice. Il
inclut la protection de la vie, du corps, de la liberté, de l’honneur, de la
propriété et de tout autre bien juridique (art. 34 du code pénal allemand).
1)Méthode de combat au corps à corps et d’auto-défense de
l’armée israélienne, longtemps réservée aux militaires
et à une élite des services de renseignement, que Philippe
Kaddouch y a enseignée comme instructeur chef.
La légitime défense est un principe de droit
naturel que l’on retrouve déjà décrit par Cicéron au 1er siècle avant J.-C. en ces termes : « Il
est en effet une loi non écrite, mais innée ; (…)
2)M.T. CICÉRON, œuvres complètes t. 3, Firmin-Didot,
Paris 1927, pp. 215-216.
37
D o s sie r / séc urité
exercice de self-defense féminine au Etats-Unis en 1920
Tel n’est pas exactement le cas en Suisse où son application est très
difficile et mériterait largement d’être réformée. L’article 15 du code
pénal dispose en effet que « Quiconque, de manière contraire au droit,
est attaqué ou menacé d’une attaque imminente a le droit de repousser
l’attaque par des moyens proportionnés aux circonstances ; le même
droit appartient aux tiers ». C’est-à-dire que les biens ne sont pas inclus
dans la protection et que dans tous les cas, la victime devra prouver
sa situation de légitime défense et la proportionnalité dans l’intensité
de sa réaction.
Même si l’article 16 du code pénal suisse prend en compte le degré de
violence auquel la victime est soumise et autorise le juge à lui accorder
un peu de clémence si sa réaction est excessive à raison « d’excitation ou
de saisissement causé par l’attaque », l’appréciation reste subjective. En
France cette prise en compte du degré de violence n’est pas offerte ; en
revanche, dans certains cas, la victime n’aura pas à prouver la légitime
38
défense. Celle-ci est en effet présumée si elle
résulte de vols avec violence avec plus d’un
agresseur ou s’il s’agit de repousser l’intrusion,
de nuit, dans un lieu habité. Ce dernier cas est
connu sous le nom de « doctrine du château »
pour laquelle la demeure est le refuge le plus
sûr : domus sua cuique est tutissimum refugium.
Aux États-Unis, dont la Constitution autorise
la détention d’armes, cette doctrine est en
vigueur dans plus de 30 États, dont la Floride qui se distingue. Il y est en effet permis
d’utiliser son arme par anticipation, du seul
fait qu’on se sente menacé de mort ou craigne
d’être grièvement blessé. \
Quand Marylin remporta le Golden Globe en 1960,
la Banque Bonhôte & Cie SA avait 145 ans.
© C OR B I S
NOTRE
HI S TO I RE
E N S I X ÉTAPES
1936 - 1987
M A RY L I N M O N R O E A F A Ç O N N É L ’ H I S T O I R E D U C I N É M A G R Â C E À
S O N T A L E N T.
Depuis sa fondation en 1815, la Banque Bonhôte & Cie SA s’emploie à façonner l’histoire de la
gestion de fortune en proposant à ses clients des services exclusifs et sur mesure. Dirigée par des
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patrimoine ( s )
42 DOSSIER Déflation :
Les investissements alternatifs
42
Les taux négatifs, un nouvel impôt
par Anne Barrat
Les marchés obligataires à l’heure
de la répression financière
par Mario Geniale
47 Investir au-delà des frontières :
Un rendement potentiel à la hauteur du risque
par Marc Zosso
50 Les opportunités ne manquent
pas au sein des obligations des pays émergents
par Enzo Puntillo
52 Les obligations corporates des pays émergents :
Une autre voie de diversification
entretien avec Flavia Cheong
54 Les obligations souveraines au pays de l’or noir ?
44
Les niches, une stratégie
de diversification
Réponse quasi-unique à la panne de croissance,
la convergence des politiques des banques
centrales européenne, américaine, ou encore
japonaise, vers des taux d’intérêt nuls ou négatifs rebat les cartes des stratégies d’investissement. Entre classes d’actifs d’une part, au
sein d’une même classe d’autre part. Ainsi,
les marchés actions continuent de bénéficier
des reports depuis les marchés obligataires, au
sein desquels l’allocation évolue vers la dette
de pays ou d’entreprises émergentes. Reste
à savoir combien de temps ces opportunités
seront d’actualité. Autrement dit, quand les
États renonceront à la politique actuelle soit
parce qu’elle aura porté les fruits attendus et
relancé la croissance soit parce qu’elle cèdera
le pas à une relance par la dépense budgétaire,
aujourd’hui proscrite. Le calendrier évoluant
«au gré des conditions économiques » aux dires
de la présidente de la Fed, Janet Yallen qui n’en
finit pas de promettre une hausse des taux…
pour le trimestre prochain, les investisseurs
ont devant eux de belles opportunités dans
des niches, qu’il convient de diversifier pour
mitiger le risque et de surveiller de près pour
sortir au bon moment.
ANNE BARRAT
par Koon Chow
La déflation, un phénomène durable,
quelles solutions pour les investisseurs ?
par Edouard Crestin-Billet
56
58IMMOSCOPE : Immobilier : un rendement de niche
58 Heureusement, il reste le rendement immobilier
par Anne Barrat
Est-ce le bon moment pour investir
dans l’immobilier ?
60
par Olivier Paratte
61 Le marché romand,
une mine d’opportunités immobilières
62
par Olivier Paratte
Le point de vue du juriste
Entretien avec Vincent Tattini
66 INVESTIR
66
La chronique du BAS : Le cas Domosafety
par Frank Gerritzen
69
la tribune de l’isag : La nouvelle lutte de 2015
Par John Plassard
72
Idée(s) Business : L’art du détail
entretien avec Joseph Bato
74
Indices BBGI : Les actions suisses rebondissent
par Alain Freymond
Conseil d’administration :
État des lieux de la gouvernance
78
41
entretien avec Vincent Tattini
pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
LES TAUX NéGATIFS, UN NOUVEL IMPôT
par Anne Barrat, Rédactrice en chef – Cahier Patrimoine(s)
Inédite, la politique de la Banque
Nationale Suisse (BNS) imposant
des taux d’intérêt négatifs aux
banques revient à pénaliser la
détention de liquidités.
En effet, la règle du jeu fixée par la banque
centrale prévoit qu’une banque est exonérée
de payer 0,75 % sur ses liquidités jusqu’à vingt
fois ses réserves minimales. Or, les réserves
Le fr a nc re s te
for t e n dé pit
de s tau x d ’in té rê t
né g atif s
consolidées des 259 banques que compte la
Confédération, qui ont plus de 380 milliards
de francs sur des comtes de virement auprès de
la BNS, s’élèvent à quelque 15 milliards (donc
300 milliards exonérés). La facture annuelle
s’élèverait à 675 millions de francs 0.1 % du PIB suisse selon les calculs
des analystes. Une équation où «small is(not) beautiful » puisque les
mastodontes UBS et Credit Suisse, dont les avoirs représentent moins
de dix fois les réserves, sont exonérés, ainsi que la plupart des banques
cantonales. Soit 50 % des actifs financiers suisses.
Paradoxale dans son application, cette politique l’est également dans ses
effets. Alors qu’elle vise à décourager les investisseurs de posséder des
obligations et des liquidités en francs, pour mieux les inciter à sortir
leurs avoirs de la Confédération vers la zone euro ou US par exemple,
et in fine à maintenir à un niveau concurrentiel le franc sur le marché
des devises, elle ne convainc pas. Contrairement au scénario connu en
2011 après le premier abandon du taux plancher euro-franc suisse, la
Suisse ne voit pas ses ressortissants investir massivement hors de la
Confédération, ni cette dernière attirer les flux d’étrangers rassurés
par le «safe heaven ». D’une part parce que le franc reste fort en dépit
des taux d’intérêt négatifs, d’autre part parce que le dollar s’est apprécié,
attirant des flux de capitaux, aux dépens des pays émergents notamment. Même les grandes entreprises internationales suisses tendent à
rapatrier leurs revenus réalisés à l’étranger pour les convertir en francs.
Tout se passe comme si c’était avant tout les Suisses, entreprises et particuliers, qui prisaient leur sécurité financière domestique, renchérissant
la cherté de leur monnaie quels que soient les efforts de la BNS. Or la
Suisse étant peu endettée (30 % du PIB contre 90 % en Allemagne, 95 %
Graphique : Évolution du rendement des obligations de la Confédération à dix ans (2012-2025)
2.5
2
1.5
1
0.5
0
-0.5
31.10.2011
28.6.2013
42
27.2.2015
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
Tableau : Comparaison internationale du
rendement des obligations souveraines
Obligation souveraine
à 10 ans
Pus haut
Plus bas
Rendement
en % à fin
mars 2015
Allemagne
0,32
10,80
0,18
Australie
2,46
16,40
2,27
Brésil
12,43
17,91
9,11
Canada
1,30
12,44
1,15
Chine
3,38
4,85
2,51
Corée du Sud
2,34
7,91
2,18
Espagne
1,32
14,03
1,14
États-Unis
2,00
15,82
1,40
France
0,52
11,84
0,38
Inde
7,72
14,76
4,96
Indonésie
6,90
20,76
4,99
Italie
1,32
14,20
1,13
Japon
0,34
7,59
0,20
Mexique
5,64
12,07
4,42
Pays-Bas
0,36
9,19
0,24
Royaume-Uni
1,78
16,09
1,36
Russie
13,41
16,33
6,26
Suisse
-0,06
5,63
-0,34
Turquie
8,21
11,29
6,02
Zone Euro
-0,03
2,57
-0,09
en France, et… 175 % en Grèce), les emprunts de
la Confédération sont rares, trop pour servir
la demande des investisseurs institutionnels.
Et ce d’autant plus que certains acteurs, les
assureurs notamment, sont obligés de détenir
des placements sécuritaires, de la dette d’État
en particulier.
Dans ce contexte, que reste-t-il aux investisseurs, directs et indirects ? Quelle alternative
pour l’épargnant, pénalisé en dernier ressort
par l’impôt déguisé de la BNS, s’il ne veut pas
payer pour avoir de l’argent ? Le retirer de la
banque et conserver des espèces, un réflexe
qui mettrait à mal la stratégie de la BNS. Ou
bien se tourner vers la dette souveraine étrangère, moins rare et plus rémunératrice (voir
tableau). Ou encore vers des actifs plus risqués
mais aussi plus porteurs. Les marchés actions
sont chers, les obligations souveraines de pays
émergents potentiellement peu liquides… Reste
la pierre, valeur refuge, valeur sûre, valeur
de rendement d’autant plus attractive que les
prix sont orientés à la baisse.
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pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
LES MARCHÉS OBLIGATAIRES A L’HEURE
DE LA RÉPRESSSION FINANCIÈRE
(un déficit public qui ne doit pas dépasser 3 % du PIB et une dette publique
qui n’excède pas 60 % du PIB). Cependant, l’Europe est consciente que
cette accumulation de dettes ne peut se poursuivre indéfiniment.
Ces dernières années, la BCE a pris différentes mesures pour éviter
l’effondrement des marchés financiers, relancer une économie à
la traîne et lutter contre la baisse de l’inflation. Elle a notamment
engagé des programmes d’injection de liquidités à long terme dans le
système bancaire. Parmi eux figuraient les baisses successives du taux
directeur qui se situe à 0,05 % à l’heure actuelle, ainsi que de simples
promesses, comme, en 2012, celle de Mario Draghi assurant que la
BCE «ferait, dans le cadre de son mandat, tout ce qui est nécessaire
pour sauver l’euro ». La mesure la plus récente remonte à janvier 2015
et prévoit un assouplissement quantitatif inédit en Europe, à savoir le
rachat d’emprunts d’une valeur totale de 1140 milliards d’euros d’ici à
septembre 2016. Cette mesure exige un examen critique.
MARIO GENIALE , Chief Investment Officer,
Banque CIC (Suisse)
En janvier 2015, la Banque cent r a l e e u ropé e n n e a dé c i dé
d ’ i n j e c t e r 114 0 m i ll i a r d s
d’ eu ros da ns l’ économ i e , u n
assouplissement quantitatif
sans précédent en Europe . Il
s’agit là d’une première manifestation de la volonté de la
BCE de réduire l’endettement
public par le biais de l’inflation
et de taux d’intérêt bas. Cette
politique se fait aux dépens des
investisseurs car l’inflation
dévore littéralement les placements sûrs.
En Europe, l’endettement a atteint un niveau
insoutenable, sa progression depuis l’automne
2008 étant nettement plus forte que celle des
économies de la région. Aussi, à l’heure actuelle,
rares sont les membres de l’Union monétaire
qui respectent encore les critères de Maastricht
Réduire la dette en toute discrétion
L’assouplissement quantitatif est une première manifestation de la
volonté de la BCE de réduire l’endettement des États par le biais de
l’inflation et de taux bas. La hausse de l’inflation est en effet une mesure
plus discrète qu’une restructuration de la dette, laquelle susciterait des
craintes dans la population. Quant aux taux bas, ils permettent aux pays
de l’UE de se refinancer à long terme à des conditions très avantageuses.
Depuis le premier assouplissement quantitatif, les rendements réels des obligations à 5 ans
ont fortement baissé, jusqu’à devenir négatifs.
44
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
Les taux d’intérêt des emprunts d’État servant au financement de la
dette doivent cependant rester en dessous du taux d’inflation, pour que
cette réduction «discrète » de la dette publique réussisse.
En la matière, l’exemple américain, qui n’est pas unique puisque la
Grande-Bretagne et le Japon ont également pratiqué l’assouplissement
quantitatif, est intéressant. Les trois assouplissements quantitatifs de la
Banque centrale américaine (FED) entre 2008 et 2014 se sont concrétisés
par le rachat par les organismes publics de la majeure partie des titres
de créance américains ce qui a permis de réduire les taux d’intérêt.
Simultanément, l’accroissement de la masse monétaire s’est traduit
par une hausse de l’inflation.
L’État gagne, l’épargnant perd
Cette méthode utilisée par les banques centrales porte également le
nom de «répression financière ». En effet, son impact sur l’inflation
et sur les taux d’intérêt servis sur les marchés financiers est si important que les épargnants subissent une perte de valeur réelle de leurs
dépôts. En effet, les banques ayant la possibilité de se financer à très
bon marché auprès de la BCE, elles tendront à comprimer les intérêts
passifs, à savoir les intérêts accordés aux investisseurs sur leurs avoirs
Le dé se nde t te me n t
de s É tat s e uropée n s se r a d o nc fin a ncé
par le ur s cit oye n s é parg n a n t s
peuvent donc protéger leurs portefeuilles en
y incluant des emprunts à haut rendement,
plus rémunérateurs et moins sensibles aux
variations de taux d’intérêt. En revanche, ces
emprunts présentent un risque de crédit accru
et sont, par conséquent, plus corrélés aux marchés actions. Ceci n’est pas obligatoirement un
désavantage puisque les programmes d’assouplissement quantitatifs sont en principe positifs
pour les marchés actions.
Les obligations indexées sur l’inflation représentent une autre possibilité pour se protéger
contre l’inflation. En effet, le montant des
coupons dégagés par ces obligations dépendant
de l’évolution d’un indice d’inflation, leur pouvoir d’achat n’est pas rongé par cette dernière.
Cela dit, les mesures prises par la BCE ne
suffiront pas à produire une amélioration
substantielle de la situation dans la zone euro.
Une contribution active des États membres est
absolument indispensable. Mais, sachant que
les pays périphériques sont connus pour n’adopter des trains de mesures complets que s’ils se
trouvent dos au mur, on peut se demander si
les mesures de la BCE conduiront vraiment
à une amélioration ou si elles ne servent pas,
une fois de plus, à gagner du temps.
en compte. Et si, simultanément, l’inflation est supérieure à ces taux
d’intérêt, on aboutit alors à des taux d’intérêt réels négatifs. Ce type de
méthode est donc tout bénéfice pour les débiteurs : non seulement leurs
dettes perdent de la valeur, mais en plus elles peuvent être refinancées
à long terme à un taux avantageux.
Le désendettement des États européens sera donc financé par leurs
citoyens épargnants. La réglementation qui impose aux caisses de pension
de respecter des taux d’intérêt minimaux en est un parfait exemple. Pour
satisfaire à cette contrainte de taux dans un contexte de taux d’intérêt
très faibles, les caisses de pension n’ont pas d’autre alternative que celle
d’acheter des obligations à maturité longue. La conséquence directe
en est une augmentation de la duration de leurs portefeuilles. Or ce
risque, porté par tous les bénéficiaires de la prévoyance, les expose à des
variations de cours importantes de leurs obligations en cas de variation
des taux d’intérêt. Par exemple, une hausse de 1 % des taux d’intérêt se
solderait par une baisse de cours d’environ 7 % pour les obligations d’un
portefeuille ayant une duration de sept ans!
Comment se protéger ?
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Potentiel industriel
de haut niveau
PAGE 4
RÉSULTATS ANNUELS DU GROUPE KUONI
Lourds dégagements sur le titre
PAGE 8
PROCÉDURE D’ARBITRAGE INTERNATIONAL
Lalive va défendre la Suisse
PAGE 9
CONCOURS FINANCE CLUB HEC LAUSANNE
La course éclair au rendement
PAGE 14
L’AFRIQUE À GENÈVE (ÉLECTRICITÉ)
Les raisons d’une libéralisation
PAGE 4
COMMODITY TRADING FORUM À GENÈVE
Réglementation et durabilité
PAGE 4
CLAUDE BÉGLÉ ET L’ÉDITEUR PETER LANG
Management buy-out finalisé
PAGE 4
LES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS
De plus en plus orientés Europe
PAGE 13
La réforme
quatre ans après
BAPTISTE HURNI. L’avocat et député socialiste à
Neuchâtel évalue les conséquences de la réforme de la
fiscalité des entreprises quatre ans après son application. Dans la perspective de la troisième révision de
l’imposition des personnes morales sur le plan fédéral.
Le taux unique appliqué à Neuchâtel devrait être selon
lui le plus bas autorisé par la Confédération. Pour éviter
une concurrence fiscale excessive. PAGE 9
La mégafusion prend une
tournure politique difficile
LAFARGE-HOLCIM. L’intervention tardive et subite du gouvernement français était en fait assez prévisible.
CHRISTIAN AFFOLTER
Au départ, il s’agissait d’une fusion entre égaux selon les valorisations. Une opération tout à fait
acceptable pour la France: le nom
Lafarge précédait Holcim, orthographié en un mot. Un classique
permettant de simplifier quelques
années plus tard en supprimant
le second terme. La présidence
exécutive revenait au CEO français. En fait d’égalité, toutes les apparences d’une reprise du groupe
cimentier suisse par son concurrent français. Près d’un an après
le début du processus, les valorisations ont sensiblement évolué
sur les marchés actions en faveur
des Suisses.
L’égalité stricte est aussitôt remise
en cause par les actionnaires
suisses, de même que le futur management (lire en particulier
L’Agefi d’hier). Du coup, les apparences s’inversent. Elles font penser à une reprise du groupe français, et réveillent aussitôt des
hantises nationales. La réaction
quasi immédiate du gouvernement français, lundi, est venue
rappeler qu’il existait encore une
grande différence de culture économique entre la France et la
Suisse. Elle pourrait s’avérer assez
vite décisive.
La France a un historique récent
de projets de fusion où l’Etat est
intervenu pour protéger l’activité
industrielle ou de service nationale (Alstom, SFR). Dans le cas
de Publicis, la simple perspective
d’une intervention a suffi à tout
faire capoter.
Les parallèles avec le cas LafargeHolcim sont évidents, s’agissant
en particulier de la remise en
question de la composition du
management. Le projet aujourd’hui contesté par le conseil
de Holcim a pourtant été soigneusement «équilibré», probablement
pour emporter l’adhésion de
toutes les parties, et éviter ce qui
est tout de même en train de se
produire. SUITE PAGE 7
BOBST ET LE PROBLÈME MONÉTAIRE LA BANQUE MORVAL À GENÈVE
Le programme Pourquoi elle
de réduction s’est retirée de
des charges
l’US Program
Discussions en cours
avec la commission
du personnel.
Pas de licenciement prévu.
«La situation en Suisse est dramatique. Les milieux économiques
et les citoyens doivent se réveiller!» La tension était tangible hier
sur le site de Bobst à LausanneMex, après la présentation des résultats.
La fin du taux plancher et l’appréciation du franc ont profondément marqué le secteur industriel,
selon Jean-Pascal Bobst. Le leader
mondial d’équipements et de services destinés à l’industrie de l’emballage a ainsi prévu une série de
mesures.
En phase de négociations avec la
commission du personnel, la direction envisage de geler le recrutement de personnel et les hausses
salariales, et de réduire les primes
d’encadrements et les acquis sociaux.
Jean-Pascal Bobst a toutefois
écarté la perspecitve de licenciements collectifs ou de délocalisations importantes des structures
en Suisse. Aucune de ses mesures
n’affectera le centre de formation
du groupe.
En Europe, Bobst a aussi pris une
série de mesures. Pour maintenir
ses marges, le groupe va augmenter les achats dans la zone euro et
poursuivre le programme de délocalisation. Le producteur vaudois veut bénéficier du momentum positif européen et de la
bonne activité sectorielle. PAGE 6
En marge de ses résultats annuels,
la banque Morval annonce qu’elle
s’est retirée du programme américain de régularisation. Entrée en
catégorie 2 «par précaution», elle
a conclu de la due diligence que sa
présence ne se justifiait pas. L’épisode aura coûté plusieurs centaines de milliers de francs, mais
moins d’un demi-million, selon
Emanuele Zanon di Valgiurata, le
responsable de la gestion privée en
Suisse, par ailleurs membre de la
famille propriétaire.
Avec deux milliards de francs sous
gestion (+8,9% l’an dernier, dont
65 millions d’afflux nets), l’établissement basé à Genève avec 70 collaborateurs fait face à des coûts
compris entre 500.000 francs et
un million liés aux taux négatifs
de la BNS. Il se dit en revanche
EMANUELE ZANON DI VALGIURATA.
L’entreprise est familiale.
peu impacté par la fin du taux
plancher. Egalement présent à Lugano, en Italie, en Uruguay, à Monaco et au Luxembourg, le petit
groupe Morval veut se développer
sur les clientèles d’Amérique latine
et du Moyen-Orient. Mais il ne
prévoit pas d’acquérir un établissement ou des portefeuilles de
clients pour le moment. PAGE 3
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irlandais autorisée par l’autorité irlandaise de surveillance des marchés financiers. Sa distribution
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sont disponibles gratuitement auprès du représentant. Pour les parts distribuées en Suisse et depuis la
Suisse, le lieu d’exécution et le for juridique sont le siège du représentant. Les investisseurs potentiels
doivent être conscients que les placements alternatifs peuvent comporter des risques importants.
Le présent document n’a qu’un but informatif et ne constitue en aucun cas ni une offre ni une incitation
à investir dans un produit pour lequel une société de Man Group plc fournit des conseils en placement
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recommandation de placement et ne comporte aucune prise de position concernant l’adéquation et
le caractère approprié d’un produit/d’une stratégie. Il ne tient pas non plus compte des circonstances
particulières d’un destinataire spécifique. CH/15/0293-P
Pour en finir avec la génération fantôme
Grâce à Xavier Comtesse et à Elmar Mock (Think
tank horloger du Swiss creative center, en conférence de presse hier à Neuchâtel) le débat sur la
montre connectée entre dans sa vraie dimension:
l’écosystème IT. C’est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant parce que l’horlogerie n’a pour
l’instant rien raté et qu’Apple n’a pas tout fait juste
non plus. Inquiétant pourtant, parce que l’industrie
horlogère suisse ne semble pas prête à passer
l’obstacle. Ce n’est ni définitif ni insurmontable,
puisqu’il suffirait d’intégrer la science IT au sein des
manufactures. La limite tient précisément dans
cette intégration, mais aucun président de marque
n’est allé dans ce sens jusqu’à maintenant. Ni
Hayek, ni Biver, ni aucun autre ne semble considérer la dimension informatique pure et la conception
d’applications autrement que comme un commodity à externaliser au plus vite.
Personne n’ose à l’évidence penser le contraire, par
peur de réveiller la douleur de la génération fantôme, amputée par la crise du quartz. Ce traumatisme n’a d’ailleurs jamais été plus vivant que depuis l’annonce d’Apple, et la réponse jusqu’à aujourd’hui a surtout été de s’accrocher aux acquis.
C’est exactement la critique adressée par Xavier
Comtesse à la nouvelle Swatch connectée, qu’il
considère comme un copié-collé de la Swatch
Access, lancée il y a vingt ans et avec laquelle on
pouvait déjà payer et ouvrir des portes.
La réticence face à l’IT reste difficile à comprendre
alors que l’industrie horlogère suisse est si concentrée sur la montre électronique (quartz), qui représente plus des quatre cinquièmes du volume annuel. En fait de menace, le phénomène smartwatch
devrait surtout être compris comme une occasion
inespérée de valoriser tout un pan dormant de la
production domestique (la croissance sur les dernières quinze années repose entièrement sur le pricing power de la montre mécanique et de la maîtrise du luxe). Qui plus est, il y a toutes les ressources locales pour intégrer cet écosystème IT sur
un mode swiss made et au plus haut niveau de la
spécialité. Ce n’est pas un hasard si Google a son
siège européen à Zurich. On peut penser aussi à la
présence de Logitech, qui compte parmi les leaders
globaux du périphérique intelligent.
Le management en place ne semble pourtant pas
prêt à tenir complètement le pari, malgré la baisse
actuelle de régime. C’est toute la difficulté de ren ouveler un management qui a accompagné près
de deux décennies phénoménales. Paradoxal alors
que le succès de la montre suisse, et sa promesse
d’éternité, s’est aussi construit par contraste avec
la montée de l’obsolescence informatique.n
9HRLEMB*jeiaae+[D\K\K\B\C
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pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
Investir au-delà des frontières :
un rendement potentiel à la hauteur du risque
BM, mais comptent au nombre des marchés émergents de l’indice MSCI
Marchés Emergents (MSCI ME). En revanche, le Qatar et la Corée du Sud
sont qualifiés de «développés » par la BM alors qu’ils sont incorporés dans
le MSCI ME. La jungle et la tyrannie des indices ont donc encore un bel
avenir! D’ailleurs, si la composition du MSCI EM est discutable, celle du
MSCI Frontier Markets (MSCI FM) l’est plus encore dans la mesure où les
ajouts et les suppressions de pays y sont courants. Par conséquent, se baser
sur ses performances historiques pour tirer des projections est totalement
dénué de sens. À titre d’exemple, citons la sortie de l’UAE et du Qatar du
MSCI MF en juin dernier, deux pays qui ont été intégrés à l’indice émergent ;
leur poids, qui était de plus de 34 % dans l’indice frontière, n’est plus que
de 1 % dans l’indice émergent aujourd’hui.
Les pays de l’aube
Marc Zosso, CIO Partner, Prisminvest SA
L es m a rch és f ron t iè r es on t
connu une certaine exubérance
et battu systématiquement leurs
homologues émergents, de 20 %
et 40 % sur cinq et trois ans. La
tendance semble s’accélérer.
Mais que connaît-on de ces pays ?
Est-ce un nouveau paradigme ou
un feu de paille ? Pour tenter d’y
répondre, regardons au-delà des
frontières.
La définition des pays frontières, comme celle
des émergents, est peu claire : alors que la Banque
mondiale (BM) prend comme mesure un critère
purement économique, le salaire disponible en
parité de pouvoir d’achat, les indices MSCI se
fondent uniquement sur les aspects boursiers
(liquidité, capital flottant et accessibilité pour
les investisseurs étrangers). Ces deux définitions
créent des dichotomies. Par exemple, l’Inde
et l’Indonésie sont des pays frontières pour la
La seule définition valable est liée aux étapes de développement. Les marchés
matures croissent en moyenne entre 0 % et 3 % (G7), les marchés établis
entre 3 % et 5 % (Taïwan, Singapour, Corée du Sud), les marchés émergents
entre 5 % et 8 % (Chine, Inde) et les marchés frontières affichent des croissances encore supérieures ou se trouvent en phase de déréglementation.
Ce qui est certain c’est l’énorme potentiel des pays frontières (selon la catégorisation de MSCI) : ils comptent en effet 900 millions d’individus, soit
13 % de la population mondiale dont 60 % âgés de moins de 30 ans. Cette
«partie » du monde ne contribue cependant qu’à 3,7 % du PIB mondial.
Mais ces pays se trouvent au même stade de développement que le furent
la Corée entre 1981 et 1992, Hong Kong entre 1974 et 1981, et Taïwan
entre 1973 et 1981. Autant dire qu’ils se situent à l’aube de leur évolution!
Et, sur le plan macroéconomique, ils se défendent plutôt bien. Ils disposent
de réserves monétaires équivalentes à celles des marchés émergents, soit
environ 30 % de leur PIB. Et, d’ici 2050, 60 % de la population mondiale
vivra dans ces pays. Selon S&P, les plus mauvais ratings de ce groupe de
pays, le Kenya, le Liban et l’Ukraine sont notés B, alors que le meilleur, le
Koweït parvient à un AA.
À grands risques, belles opportunités
Investir sur ces marchés tient cependant de la gageure! Le nombre de
titres investissables dans le MSCI FM s’élève à 127. Le volume moyen
quotidien est, au maximum, de 91 millions de dollars pour le Vietnam
et, au minimum, de 0,3 million de dollars pour la Bulgarie : autant dire
que sortir de ces marchés est aussi aisé que de tenter de passer par le trou
47
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
d’une serrure quand tout le monde panique… En outre, le poids de certains
pays comme le Koweït (25 %) et le Nigeria (20 %) pose un problème majeur
de diversification. Il faut donc investir avec des managers gérant moins
de 300 millions de dollars, qui ne craignent pas de s’éloigner de l’indice
et font un sérieux travail de sélection de titres.
Dans le même temps, ces marchés sont inefficients, couverts en moyenne
par trois analystes contre 14 pour les marchés émergents et 20 pour
les pays développés. Ils sont encore bon marché et contiennent de
véritables pépites, surtout si l’on sort du cadre rigide de l’indice. À cet
égard, l’Arabie saoudite présente un cas d’investissement intéressant,
d’autant plus qu’elle pourrait entrer dans l’indice MSCI FM en 2016.
De même, des sociétés individuelles, parfois cotées à Londres, peuvent
être particulièrement attrayantes, à l’exemple de Bank of Georgia qui
a été un «darling » des investisseurs.
La diversité des pays frontières permet aux investisseurs de tirer parti des opportunités créées
dans l’économie globale. L’Amérique du Sud est
actuellement la partie la plus faible. L’Argentine
continue d’être étranglée par la négociation de
sa dette et sa monnaie a été dévaluée de 30 % en
2014. La décision de Madame Bachelet d’augmenter les taxes au Chili a affecté le marché
des actions et la monnaie qui a perdu 15 % par
rapport au dollar. Les pays andins sont liés aux
matières premières, aussi les cours ne pourrontils pas se reprendre rapidement. Cependant, ils
ont certainement atteint un niveau plancher.
Performances des principaux
indices sur cinq ans en CHF et en USD
L’exception latino-américaine
Les marchés frontières ont fini l’année 2014 avec des évaluations très
favorables et se traitent avec un P/E (15) d’environ 9,2x, contre 11,1x une
année auparavant. Les prix ont chuté lors du 4e trimestre de l’année dernière
essentiellement dans les pays exportateurs de pétrole, mais le marché a peu
discriminé les sociétés. Il y aura donc de la valeur à extraire une fois que la
poussière sera redescendue. Les pays du Golfe ont annoncé des engagements
importants dans l’éducation, les infrastructures et la consommation des
85% DE LA POPULATION REPRÉSENTENT 50% DU PIB MONDIAL
MAIS SEULEMENT 10% DE LA CAPITALISATION BOURSIÈRE MONDIALE
16.63%
12.68%
56.15 %
14.55%
en chf
en usd
MSCI Frontier Markets TR
20,6 %
30,7 %
MSCI Emerging Markets TR
2,3 %
10,8 %
MSCI World TR
52,8 %
65,6 %
MSCI USA TR
82,4 %
97,7 %
MSCI Europe
29,6 %
40,4 %
MSCI Asia ex Japan TR
26,6 %
37,2 %
Source : MSCI
POPULATION
2.94% 5.96%
42.08%
Les pays importateurs nets de pétrole sont les
premiers gagnants. L’Égypte, l’Inde, les Philippines et divers pays du Sud-Est asiatique ayant
réduit leurs subventions à l’essence, ils sont en
mesure d’accroître leurs dépenses d’infrastructure. Nous continuons à être prudents vis-à-vis
de l’Afrique de l’Ouest : par exemple, les élections et la baisse du pétrole pèsent lourdement
sur la situation macroéconomique du Nigeria
cette année.
49.02%
GDP
9.39%
90.23%
MARKET CAP
0%
20%
OTHERS
40%
FRONTIER MARKETS
60%
EMERGING MARKETS
80%
100%
DEVELOPPED MARKET
Sources : FMI, Banque Mondiale, MSCI
ménages. Les réserves très importantes de l’Arabie saoudite en monnaies
étrangères lui permettent de maintenir tous les projets d’infrastructure
pendant des années, même au cours actuel du pétrole. De plus, la dette
gouvernementale ne représentant que 3,7 % du PIB, contre 14 % en 2010,
elle pourrait être accrue si nécessaire.
48
Sachant que depuis cinq ans les pays développés,
États-Unis en tête, ont battu le reste du monde
et ce, y compris les marchés émergents (performances exprimées en francs suisses), en étant
légèrement à contre-courant du consensus, on
peut se positionner sur des marchés frontières
promis à un bel avenir.
pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
Les opportunités ne manquent
pas au sein des obligations des
pays émergents
politique qu’au niveau des fondamentaux, car dans bien des régions
du monde développé, les taux de croissance sont plutôt modérés à bas,
tandis que la situation géopolitique est parfois tendue.
Les emprunts des pays émergents ressentent-ils également cette pression ?
À n’en pas douter, les investisseurs seront à nouveau confrontés à des
défis en 2015. Et la stratégie pour les relever n’a pas beaucoup changé
cette année. Car cette catégorie d’actifs n’est pas un ensemble homogène ;
en réalité, elle englobe tout un éventail de segments et d’expositions
à des facteurs économiques, fiscaux, monétaires et géopolitiques, et
offre la possibilité de choisir entre des emprunts en devises locales ou
en devises fortes. Les emprunts des pays émergents sont un univers
de placement vaste et hétérogène au sein duquel il s’agit, aujourd’hui
plus que jamais, de ne pas placer tous les États dans le même panier.
Les investisseurs qui effectuent leurs placements indépendamment de
l’indice et de manière active devraient par conséquent continuer à le
faire avec succès. Où se trouvent les opportunités ?
Enzo Puntillo, Portfoliomanager de JB EM Opportunities
Strateg y, Swiss & Global Asset Management
Qui regarde du côté des obligations y trouvera un potentiel
de diversification et un profil
risque/rendement intéressant
qu i fa i t act u e ll e me n t ta n t
défaut aux investisseurs sur
de nombreux autres segments.
Depuis la déclaration de la présidente de la Fed
Janet Yellen le 18 mars dernier, le doute n’est
plus permis : à l’avenir, la rémunération des
obligations d’État américaines va à nouveau
augmenter. La Réserve fédérale américaine
devrait certes faire preuve de prudence en la
matière, mais c’est le signe du début de la fin
de l’environnement de taux bas, de l’autre côté
de l’Atlantique du moins. La hausse des taux
aux États-Unis, ainsi qu’au Royaume-Uni,
mettra sous pression les spreads sur de nombreux segments obligataires. L’environnement
macro demeure exigeant, tant du point de vue
Penchons-nous tout d’abord sur l’évaluation économique fondamentale
dans les pays émergents : dans l’ensemble, leur économie continue de
croître plus vigoureusement que celle des pays industriels. Cela étant,
la dynamique de croissance n’est plus uniforme et les pays se trouvent
dans différentes phases économiques. Parmi les pays en plein boom
se trouvent notamment le Mexique et l’Inde, qui se sont récemment
illustrés par leurs réformes. Les pays d’Europe centrale, eux aussi, ont
trouvé un nouvel équilibre ces dernières années et se sont désendettés,
tandis que la Corée du Sud profite de sa position dans le peloton de tête
des pays exportateurs à l’échelle mondiale. Ailleurs, la conjoncture s’est
essoufflée. En Chine, cette évolution devrait s’inscrire dans la durée, le
pays étant rentré dans une nouvelle étape de croissance certes qualitative,
mais plus lente. Le Chili et l’Afrique du Sud, en revanche, souffrent de
faiblesse cyclique. Des pays comme la Russie et le Brésil doivent quant
à eux faire face à des problèmes structurels et à un enlisement de leurs
réformes, sans parler des conséquences économiques découlant des
bas prix du pétrole et de l’évolution du rôle géopolitique de la Russie.
Ces évolutions fondamentales, qui se sont traduites par des politiques
monétaires différenciées sur les marchés des obligations, créent toute
une série de fluctuations divergentes sur les marchés et, ainsi, des
opportunités d’investissement. L’équation simple «pas d’opportunités
de placement en situation de prospérité économique » ne se vérifie pas
toujours. Pour preuve, les obligations brésiliennes sur le marché des
50
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
devises locales affichent actuellement une rémunération intéressante,
tant en termes nominaux que réels, et elles devraient tirer profit de
l’économie en berne, puisque la banque centrale devrait baisser les
taux d’intérêt dans les douze prochains mois. Sur le marché des devises
fortes, la robuste évolution des fondamentaux sert surtout les États
d’Europe centrale.
Des opportunités intéressantes
dans les marchés «frontières »
Le rôle de ces marchés s’apparente aujourd’hui à celui des marchés
émergents il y a dix ans : ce segment obligataire est encore relativement
peu pris en compte et de nombreux analystes ne les maîtrisent pas parfaitement. On voit ainsi naître des évaluations erronées qui peuvent être
utilisées par des investisseurs ingénieux. Une bonne analyse est donc
payante. Des pays tels que le Sri Lanka ou la République dominicaine
offrent d’excellentes opportunités de placement pour les investisseurs
prêts à utiliser le marché dans toute son ampleur.
À n’en pas douter, le dollar fort est dans l’ensemble un frein pour les
devises des pays émergents. Toutefois, des opportunités voient aussi
le jour, même maintenant. À long terme,
les devises faiblement valorisées devraient
s’apprécier, notamment parce qu’elles sont
soutenues par des économies productives et
compétitives affichant un ratio d’endettement
faible. Ce constat se vérifie par exemple déjà
pour le zloty polonais, mais le peso mexicain
et la roupie indienne suivent une évolution
similaire. Le Chili a tiré parti de la morosité
conjoncturelle et de la dévalorisation du peso
qui a fait reculer le déficit de la balance des
opérations courantes, ce qui permet à la devise
d’afficher à nouveau un potentiel haussier.
Pour une approche de placement active et
indépendante de l’indice, les opportunités ne
manquent pas au sein des obligations des pays
émergents. Ces obligations offrent tout à la
fois une rémunération élevée et une protection contre les contractions des spreads. Elles
méritent donc qu’on s’y attarde.
and sometimes we sleep…
SHISEIDO
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pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
Les obligations corporates
des pays émergents :
une autre voie de diversifiation
Entretien avec Fl avia Cheong, responsable du Fixed Income chez Aberdeen
Pensez-vous que les investisseurs institutionnels se tourneront en 2015 vers des marchés
plus risqués, les émergents par exemple, pour
augmenter leurs rendements ?
Même si les risques plus divers qui pèsent sur le
marché ont accentué la volatilité des obligations
corporates émergentes vers la fin 2014, cette
classe d’actifs est soutenue par de solides fondamentaux structurels. Les émetteurs d’obligations corporates émergentes présentent toujours
un moindre levier financier et des bilans plus
sains que les entreprises émettrices des marchés
développés. Ils profitent en outre d’une liquidité
abondante sur leurs marchés locaux.
Après la récente augmentation des spreads,
les valorisations sont devenues très intéressantes. En effet, les spreads des obligations
corporates émergentes (notamment dans le
segment high yield) sont au plus haut depuis
des années par rapport à leurs homologues des
le s s pre a d s de s
oblig atio n s c orp or ate s
é me rge n te s s o n t
au pl u s hau t,
le s val oris atio n s t rè s
in té re s s a n te s
marchés développés. Le processus ascendant
d’Aberdeen et les ressources consacrées aux
marchés émergents nous aident à identifier
les opportunités attrayantes apparues dans le
sillage des récentes turbulences sur les marchés.
Les volumes d’émissions devraient rester modestes cette année et, compte tenu du montant
élevé des remboursements d’obligations/flux
de trésorerie, nous pensons que les marchés resteront dans une configuration technique tout à fait porteuse. Les faibles taux d’intérêt sur les
marchés obligataires traditionnels (avec des rendements négatifs dans
une bonne partie de l’Europe) devraient garantir un afflux de capitaux
substantiel vers la classe d’actifs.
Le marché des obligations corporate émergentes sera sensible aux événements exogènes à la classe d’actifs en 2015. En particulier, les investisseurs
scruteront la manière dont la Réserve fédérale américaine communiquera
aux marchés ses indications prospectives sur la politique monétaire et la
réaction de ces derniers à une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis.
Les obligations corporate émergentes ne sont pas les seules concernées,
c’est l’ensemble de la classe d’actifs obligataire qui est confrontée à ce
changement potentiel de politique monétaire…
Quelles seront les plus belles opportunités en 2015 ? Où irez-vous
faire votre «marché » (devises, obligations, pays) ?
À court terme, nous prévoyons une augmentation des défauts sur les
obligations corporates émergentes car les gouvernements s’attaquent
à la corruption. Par conséquent, la sélection du crédit est encore plus
essentielle. Plus que jamais, nous nous efforçons de connaître les entreprises dans lesquelles nous investissons en rencontrant les dirigeants et
en organisant des visites des sites pour obtenir une vision exhaustive des
entreprises que nous étudions. Et ce, afin de réduire la voilure de nos
positions durant les périodes d’exubérance et d’adopter un positionnement à contre-courant lors des périodes de tensions sur les marchés. Nous
entendons également accroître la valeur du fonds en investissant dans
des sociétés avec une bonne gouvernance d’entreprise, une structure de
direction lisible et de solides fondamentaux.
En tant qu’investisseurs en obligations corporates émergentes, nous
n’investissons pas directement dans les devises. Cela dit, le marché des
changes a un impact sur les obligations que nous détenons, c’est pourquoi
nous surveillons attentivement ce qui se passe sur le Forex. La tendance
à la dépréciation des devises émergentes pourrait être une aubaine pour
les entreprises exportatrices car la majorité de leurs coûts sont en devise
locale tandis que leurs prix sont libellés en dollars américains. Si une
poursuite de la chute des cours du pétrole risque fort de handicaper les
sociétés pétrolières spécialisées dans l’exploration et la production, la
dépréciation de la devise locale permettra de compenser la réduction
52
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
d’investissement draconiens. Nous ne privilégions pas un segment du marché par rapport à
un autre : il se trouve simplement que nous y
avons trouvé davantage d’obligations dans lesquelles il nous semble judicieux d’investir malgré leur note de crédit plus faible. Par exemple,
le Mexique est un pays que nous surpondérons
dans le segment BB et B et Nemak (BB+) est
l’une des entreprises que nous apprécions. Il
s’agit d’un équipementier automobile qui a
connu un redressement spectaculaire en dépit
du fait que ses deux principaux clients, GM et
Chrysler, se sont déclarés en faillite pendant
la crise financière. Au cours des cinq dernières
années, elle a prouvé sa faculté à se désendetter
et à augmenter sensiblement ses marges. La
croissance décevante enregistrée cette année
N o u s ne privilé gio n s
pa s u n se gme n t
d u marché par r a pp or t
à u n au t re
Flavia Cheong
de leur chiffre d’affaires, comme c’est le cas en Russie. Toutefois, une
poursuite de l’appréciation du dollar américain pourrait continuer à
peser sur les actifs risqués à court terme.
Quelle est votre stratégie d’investissement pour le fonds Emerging
Market Corporate Bond Fund ?
Nous surpondérons les obligations notées BB et B car nous avons trouvé
dans ce segment du marché des obligations corporates émergentes un
plus grand nombre d’entreprises intéressantes répondant à nos critères
53
n’a pas eu de répercussions sur la performance
globale des obligations corporates mexicaines.
La grande majorité des entreprises mexicaines
s’attendent désormais à ce que les réformes
énergétiques promulguées par le gouvernement de Peña Nieto au mois d’août dynamisent
la croissance à long terme. Nous apprécions
également les Émirats arabes unis (EAU) dont
les fondamentaux de crédit semblent s’être
améliorés depuis la crise et où les entreprises
se sont efforcées de mieux gérer leurs finances.
La catégorie «Autres » inclut les principales
surpondérations dans de plus petits pays tels que
la République dominicaine, le Guatemala et El
Salvador, où nous sommes convaincus que nos
recherches approfondies peuvent accroître la
valeur, ainsi que la sous-pondération du Qatar,
d’Israël et de la Corée du Sud, des marchés qui
nous semblent surévalués à l’heure actuelle.
Au 28 février 2015, l’encours du fonds AG
Emerging Market Corporate Bond s’élevait à
272.6 millions de dollars.
pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
LES OBLIGATIONS SOUVERAINES
AU PAYS DE L’OR NOIR ?
extérieure au 2e trimestre 2015. Nous tablons sur un rebond des prix du
brut. L’assouplissement monétaire global devrait soutenir la demande
de pétrole, et les prix du brut (WTI) devraient s’inscrire autour d’USD
65 le baril vers la fin 2015. Nous devons néanmoins rester vigilants visà-vis des obligations vénézuéliennes étant donné les risques qui pèsent
sur ces perspectives pétrolières. De plus, le rebond du baril pourrait ne
pas être suffisamment rapide pour aider le Venezuela à résoudre ses
difficultés économiques.
Le pétrole finance le budget du pays
Koon Chow, Stratégiste dette émergente à l’UBP
Le Venezuela affiche des rendements souverains supérieurs
à ceux de la quasi-totalité des
autres marchés émergents, le
pays fa isa n t face à d ’ i m portantes difficultés économiques.
Or, sa capacité à les surmonter
dépend largement de l’évolution des prix du pétrole.
Les obligations des pays émergents exportateurs de pétrole ont été mises à mal par les
fluctuations des prix du brut, et le Venezuela
apparaît comme un cas extrême. De la mi2014 à janvier 2015, les rendements en USD
des obligations souveraines vénézuéliennes
ont crû de 20 points de pourcentage (p. p.),
reflétant la forte chute des prix du pétrole. Les
rendements ont baissé en février sur fond de
stabilisation du cours du brut, et ils s’affichent
en hausse de «seulement » 16 p. p. par rapport
à la mi-2014. Cela étant dit, il existe de fortes
chances que le gouvernement honore sa dette
La plupart des recettes à l’exportation et des revenus budgétaires du
Venezuela sont tirés du pétrole. Plus les prix du brut resteront longtemps proches des niveaux actuels, à USD 50 le baril, plus les pressions
sur le pays seront fortes, plus le risque sera grand qu’il opte pour une
restructuration ou qu’il cesse d’honorer sa dette extérieure souveraine
et quasi souveraine. Si une restructuration venait accompagner un
programme de relance de l’économie, on pourrait aisément s’attendre
à un véritable rebond des prix.
N o u s c o n se rvo n s n o t re e x p o sitio n
au x oblig atio n s d u Ve ne z uel a ,
mais p o urrio n s l a ré d uire si le s prix
d u pé t role ne se re dre s s aie n t pa s
au sec o nd se me s t re
Toutefois, la liste des problèmes économiques est longue. Le premier
défi cette année consiste à honorer les USD 10 milliards de coupons et
de remboursements du principal sur la dette souveraine et la dette extérieure – celle du groupe pétrolier public (PDVSA) détenue à l’étranger.
Et davantage en 2016. Si les prix du pétrole restent proches des niveaux
actuels, le Venezuela peut s’attendre à seulement USD 2-3 milliards
d’afflux provenant de la vente de pétrole, de biens et de services à
l’étranger, ainsi que des entrées de revenus.
Les plus lourdes échéances de paiement sont prévues pour octobre et
novembre 2015. Si, à ce moment-là, les prix du pétrole ne se sont pas
redressés, les autorités devront reconnaître un «new normal » pour les
cours du brut – volatils et déprimés. Le Venezuela devrait alors être en
très mauvaise posture étant donné la faible probabilité d’une inversion
de la tendance baissière des réserves de devises.
54
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
.Même si le Venezuela se trouve dos au mur,
il y a de fortes chances qu’il continue
à remplir ses obligations de remboursement.
L’ancien président Chavez est connu pour avoir toujours honoré
sa dette souveraine, et le gouvernement pourrait en outre prendre
des mesures pour réduire les distorsions économiques du pays. Par
ailleurs, dans le cas d’une restructuration de la dette, les détenteurs
d’emprunts étrangers pourraient éventuellement chercher à saisir les
actifs étrangers de la compagnie pétrolière publique, mettant ainsi en
péril les afflux d’USD à venir. Vu le niveau actuel des actifs de devises
liquides, nous pensons que les remboursements de la dette extérieure
de mars pourront être honorés, ce qui contribuera à stabiliser les
obligations vénézuéliennes. Dans ces conditions, nous continuons
à les détenir en portefeuille.Si une reprise des prix du pétrole se
confirme prochainement, l’afflux de dollars vers le Venezuela devrait
augmenter. Le pays pourrait ainsi être en mesure de recommencer à
émettre de nouvelles dettes, ce qui ferait croître ses réserves de change.
Cependant, si d’ici à la mi-2015 les prix du brut restent proches des
niveaux actuels, l’assèchement des réserves de devises du Venezuela
pourrait encore s’accentuer. Il s’agirait alors
de réduire suffisamment tôt l’exposition au
Venezuela au sein des portefeuilles, avec
même l’éventualité d’une exposition nulle.
Concrètement, avant les remboursements de
la dette d’octobre et de novembre – il pourrait
être très difficile et coûteux de se désengager
de ces positions durant ces périodes.
Notre scénario table sur un prix du brut légèrement plus élevé fin 2015-début 2016, permettant ainsi aux pays exportateurs de pétrole
dotés de politiques macroéconomiques satisfaisantes et d’un solide bilan de se redresser.
En conséquence, nous sommes actuellement
positifs sur certains pays producteurs de pétrole (tels le Mexique, l’Indonésie, la Colombie
et les Émirats arabes unis), et nous sommes
en contrepartie négatifs et sous-pondérés sur
d’autres (comme la Russie et le Nigeria).
Groupe ams,
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pat rimoine ( S )
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
La déflation, un phénomène
durable, quelles solutions
pour les investisseurs ?
manifestées depuis fort longtemps. Les premiers symptômes sont apparus il y a déjà plus de 20 ans à travers la baisse de la productivité et le
vieillissement de la population, tous deux signes avant-coureurs du recul
structurel de la croissance à long terme des économies développées. Après
avoir été affectés par des variations induites par des demandes temporairement excédentaires, les cycles économiques ont été ensuite influencés
par l’émergence d’offres excédentaires stigmatisées par la récession qui a
suivi l’éclatement de la bulle sur les valeurs technologiques, confirmant
contrairement aux attentes la baisse de la rentabilité du capital.
INFLATION
8
1Y % change of CPI-ALL URBAN: ITEMS: United States
1Y % change of CPI-ALL ITEMS: (HARMONISER), NSA: Euro Zone
1Y % change of CPI: Switzerland
CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country)
6
Edouard Crestin-Billet, Head of Institutionnal Asset
Management, 1875 Finance
C onsi dé r é e pa r l a m ajor i t é
des banques centrales comme
objectif prioritaire, la stabilité des prix apparaît de plus
en plus menacée . Après avoir
dû lutter au XX e siècle contre
l’inflation, les autorités monéta i r e s d oi v e n t d or é nava n t
faire face à la déflation. Suite
à la réduction sensible de leur
taux d’expansion au cours des
15 dernières années, les indices
des prix à la consommation ne
progr essen t plus pou r même
reculer dans certains pays.
Incrédules, la majorité des investisseurs apparaissent pétrifiés pour ne pas dire désemparés
par l’ampleur de ce nouveau type d’instabilité,
alors que les prémices de la déflation se sont
4
2
0
2010
2011
2012
2013
2014
Source : Thomson Reuters Datastream
Nouveau paradigme
En novembre 2001, l’adhésion de la Chine à l’OMC entérina la globalisation de l’économie mondiale et la baisse inexorable des coûts salariaux
avec l’arrivée de plus de 600 millions de nouveaux travailleurs. Aux
yeux du président de la Réserve fédérale de l’époque, Alan Greenspan,
nous assistions à la naissance d’un nouveau paradigme, la croissance
sans inflation, justifiant la baisse sensible des rendements obligataires
et le maintien de politiques monétaires historiquement accommodantes.
Le recul très prononcé des taux d’intérêt à long terme observé dès 2003
n’était cependant pas le fruit exclusif d’une réduction des anticipations
inflationnistes, mais résultait aussi de l’accumulation des réserves de
56
d o s sie r / défl atio n : le s in ve s tis se me n t s alte r n atif s
changes par la Banque Populaire de Chine. Le recul trop brutal du
loyer de l’argent par rapport à son niveau d’équilibre fut à l’origine
de la création monétaire excessive responsable tout d’abord de la bulle
immobilière américaine, puis des effets de leviers considérables utilisés
au sein du système bancaire et du niveau d’endettement trop élevé des
États, en Europe notamment.
Sous l’effet du resserrement temporaire des conditions monétaires,
l’économie mondiale dut faire face en 2008 à une crise financière sans
précédent initiée par l’implosion du financement sur la dette hypothécaire
américaine, les «subprimes ». Malgré les mesures exceptionnelles prises à la
fois par les banques centrales et les gouvernements, l’économie mondiale
fut confrontée, sous l’effet de la contraction subite de l’offre de crédit, à
l’une des récessions les plus importantes de son histoire. Nonobstant le
redressement rapide de la croissance sur la zone émergente entre 2009
et 2010, les excédents de ressources productives n’ont pas pu être résorbés
et demeurent à ce jour encore très élevés, les relances budgétaires étant
prohibées par un endettement public excessif.
Baisse de la productivité, recul de la croissance, globalisation, vieillissement de la population, désendettement du secteur privé et public,
sous-utilisation des facteurs de production sont les forces structurelles
déflationnistes auxquelles l’économie mondiale doit désormais faire face.
À travers la baisse des cours des matières premières, le coût de l’ensemble
des ressources productives se réduit à la fois dans les pays développés,
mais aussi dans les nations émergentes. La déflation est désormais un
phénomène global et puissant qui ne peut être que durable.
Pour faire face à ce nouveau déséquilibre représenté par la réduction
inexorable des prix, les banquiers centraux ont été contraints de mettre
en œuvre des politiques dites «non conventionnelles » caractérisées à la
RENDEMENT 10Y GOUVERNEMENTAL
5
GOVERNMENT BOND YELD 10 YEAR: Euro Zone
US TREAS. BENCHMARK BOND 10 YR (DS)
SWITZERLAND BNCHMRK BOND 10YR (DS)
CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country)
4
3
2
1
0
-1
2010
2011
2012
2013
2014
Source : Thomson Reuters Datastream
57
fois par la réduction de leurs taux directeurs à
des niveaux planchers et par l’achat de papiersvaleurs privés ou publics. Leur objectif est de permettre une diminution du loyer de l’argent sur
l’ensemble des types de financement et d’enrayer
les anticipations déflationnistes en favorisant
une augmentation des agrégats monétaires et
une dépréciation des taux de change.
Les investisseurs, qu’ils soient privés ou institutionnels, sont ainsi confrontés à la baisse
séculaire des rendements nominaux de leurs
actifs sans pour autant bénéficier d’une diminution de leur volatilité. Dans un environnement
déflationniste, les processus de désendettement
provoquent des chocs systémiques et les excédents d’offre monétaire induisent des distorsions de valorisation sur les marchés financiers
et de fortes variations sur les devises.
Quelles solutions ?
Quelles solutions peuvent être préconisées aux
investisseurs pour faire face au recul généralisé
de la rentabilité nominale de leurs placements
tout en restant confrontés à des variations
monétaires et boursières importantes ? Pour
permettre à leur portefeuille de conserver une
rentabilité nominale équivalente, il s’agira de
réduire structurellement les expositions sur
les obligations dont les revenus sont devenus
insuffisants et d’augmenter les investissements
offrant des rendements plus élevés, soit en
se diversifiant internationalement, soit en
se positionnant sur des classes d’actifs plus
rémunératrices telles que l’immobilier ou les
actions. Afin de pouvoir effectuer ces arbitrages
sans devoir accroître de façon trop sensible les
probabilités de moins-values, il faudra définir
deux allocations tactiques, l’une permettant de
gérer à la fois les risques sur les actions et les
taux d’intérêt, l’autre de minimiser les pertes
sur les changes. La gestion dynamique des
expositions sur les marchés et les devises pourra
s’effectuer à travers la mise en œuvre d’overlays
(gestions superposées).
pat rimoine ( S )
immo s c ope / c o n jo nc t ure
Heureusement, il reste
le rendement immobilier
L’immobil ier t i t r isé a connu
ce s v i ngt de r n i è r e s a n n é e s
des ni v e au x de perform a nce
de +5 à +7 %. Depuis le début de
l’année, la tendance s’inscrit
dans la continuité de 2014, une
année exceptionnelle avec des
rendements de l’ordre de 14 %.
Pourtant, cette classe d’actifs
reste moins prisée que d’autres
(actions, fonds alternatifs), par
les banques notamment. Elle
offre des opportunités de diversification de portefeuille et de
retour sur investissement qui
méritent une attention toute
particulière à l’heure où les
taux obligataires sont négatifs.
Le marché de l’immobilier indirect se répartit
entre les fonds immobiliaers (cotés ou non),
les sociétés immobilières cotées en bourse, et
les fondations immobilières. Contrairement
à l’investissement dans l’immobilier direct
(terrains et immeubles), ces actifs présentent
l’avantage d’être liquides, étant échangés sur
le marché primaire et secondaire (sauf les fondations). Autre avantage, ils permettent une
plus grande diversification au sein-même du
secteur de l’immobilier. Il faudrait en effet
beaucoup de capital pour investir dans des
immeubles dans plusieurs cantons suisses pour
réduire l’exposition à un canton, alors qu’un seul
fonds immobilier permet d’intégrer la diversité
géographique. Avec, à la clé, une optimisation
de la couverture du risque. Enfin, alors même
qu’ils n’impliquent pas les contraintes de gestion
liées à l’immobilier direct, ils offrent des taux
de rendement plus élevés sur le long terme. Le
rendement immobilier moyen est relativement
stable à long terme et proche de 3 %.
Relative homogénéité des rendements des fonds
Ce sont les sociétés immobilières (un marché de 17 milliards de francs)
qui arrivent en tête des performances du marché immobilier titrisé,
avec quelque 9 % de croissance sur les cinq dernières années, 7 % environ
sur les 25 dernières années. Elles sont suivies par les fonds immobiliers
(un marché de 34 milliards de francs) avec respectivement +7.55 % et
+5.9 %, puis les fondations (un marché de 31 milliards de francs) avec
+5.77 % et +4.97 %. Sur la seule année 2014, les sociétés immobilières ont
affiché un taux de croissance de 14 %, les fonds immobiliers de 13.3 %
et les fondations de 5.1 %. Depuis le début de l’année, le sous-secteur
immobilier du Swiss Performance Index (SPI), le Real Estate Holding
& Development, porté par la chute historique des rendements en francs
suisses, continue de s’apprécier à un rythme plus soutenu (+9.4 % au
11 mars) que le SPI, l’indice de performance le plus suivi de Suisse
(+2.54 %). Cela était déjà le cas en 2014 (+13.64 % versus 13 %) ainsi que
sur les cinq dernières années (+9.07 versus 8.79 %). Rien d’étonnant à ce
que les investisseurs se tournent vers l’immobilier, qui consitute une
alternative crédible aux obligations de la Confédération (voire graphique). Une ruée qui ne se fait pas au détriment des actions, comme
cela a été le cas en 2008, mais des obligations. Les actuels arbitrages
entre actifs se soldent par un transfert de l’obligataire vers les fonds
de placements immobiliers.
PERFORMANCE DES FONDS, FONDATIONS ET SOCIÉTÉS (1999-2015)
300
SXI Real Estate Idsx Tr
Kgast Immo-index Daily 1997-10
275
250
SXI Real Estae Funds Tr
225
200
175
150
125
100
75
50
99
00
58
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
14
immo s c ope / c o n jo nc t ure
Un contexte porteur
Cette tendance devrait durer, estiment les analystes de BBGI Group.
D’une part parce que les indicateurs de risque du marché immobilier
sont en phase d’amélioration. Le secteur montre en effet des signes de
retour à un cycle normal sur chacun des segments qui le composent.
Les taux de vacances dans le locatif, de l’ordre de 0.4 à 0.6 % (un niveau
qui reste favorable), sont au plus haut depuis 2001 ; l’offre de bureaux
excédentaire commence à s’accompagner d’une baisse des prix ; l’offre
de surfaces de vente a atteint son plus bas niveau depuis 1995 tandis que
la production de logement s’est ralentie pour revenir à son niveau de
2001 et s’adapter à la demande depuis 2001. Les conditions sont réunies
pour un atterrissage en douceur des prix dans un contexte où les taux
d’intérêt devraient rester bas. D’autre part parce que les deux décennies
entre 1995 et 2015 montrent que le rendement immobilier est resté
PERFORMANCES COMPARÉES DU SPI ET
DE SON SOUS-SECTEUR IMMOBILIER EN 2014 ET DEPUIS LE 1ER JANVIER 2015
YTD
2104
3%
SPI INDEX
13%
9%
REAL ESTATE HOLDING
&
DEVELOPMENT
14%
Le sous-secteur «Real Estate Holding & Development » de l’indice SPI, composé de 16 sociétés
pour une capitalisation boursière de 16’941 millions de CHF, a surperformé aussi
0% 2%
4%
6%
8% 10% 12% 14% 16%
bien en 2014 que depuis le début de l’année le SPI dont il représente seulement 1.09 %.
indifférent aux cycles de taux longs. Il n’a d’ailleurs pas suivi la baisse
récente des taux d’intérêt et offre aujourd’hui un rendement relatif très
attrayant. Ainsi, si les experts qui valorisent les biens étaient amenés à
baisser les taux de capitalisation provoquant ainsi une hausse des valeurs
et une baisse des agios, la courbe de la prime de risque, qui atteint 2.5 %
actuellement, ne devrait pas s’inverser dans un contexte de hausse
probable des dividendes en 2015. BBGI Group table sur une prime de
risque cumulée de 12.5 % sur un horizon de cinq ans. Les cours des fonds
de placements devraient continuer à monter, les dividendes aussi. Des
perspectives prometteuses et stables particulièrement attirantes pour les
59
investisseurs, privés ou institutionnels, caisses
de pension en tête. Ces dernières profiteront
à n’en pas douter de la possibilité qu’elles ont
de porter la part des investissements dans des
fonds immobiliers, suisses et internationaux
Le diffé re n tiel de
re nde me n t c o n tin ue r a de
s o u te nir l’arbit r age de s
pl ace me n t s oblig ataire s
ve r s l’immobilie r
jusqu’à 30 % de leur patrimoine (contre 20 %
aujourd’hui). Et ce d’autant plus facilement
que le nombre de véhicules de placement est
en constante augmentation sur le marché
de l’immobilier titrisé – dont la taille reste
pourtant modeste, moins de 100 milliards
de francs, soit quelque 4 % de la valeur totale
du marché de l’immobilier (selon Wüest &
Partner) –, un des derniers bastions où les
rendements sont au rendez-vous.
anne barrat
pat rimoine ( S )
IMMOSCOPE / P OINT DE VUE
Est-ce le bon moment pour
investir dans l’immobilier ?
Du côté des résidences secondaires, dans les stations de ski notamment,
de nombreux objets sont sur le marché : d’une part les étrangers, découragés par le franc fort, souhaitent réaliser leur investissement, d’autre
part la loi Weber a freiné les actes de construction et découragé certains
acquéreurs. À cela s’ajoutent d’autres facteurs qui exercent aussi une
pression baissière sur les prix dans les petites et moyennes stations : le
vieillissement de la population suisse et la réduction du nombre de
skieurs, le moindre appétit des acquéreurs étrangers et la vétusté des
remontées mécaniques dans certaines stations.
Olivier Parat te , directeur adjoint,
Banque Pig uet Galland & Cie SA
Le marché immobilier est un marché local
et segmenté, il est difficile de répondre globalement à cette question. Ce qui est sûr, c’est
que l’on a constaté un fléchissement des prix
des logements en propriété individuelle (villas, appartements) depuis plusieurs mois. Il
découle des nouvelles contraintes réglementaires, notamment celle selon laquelle le futur
acquéreur doit apporter au moins 10 % de la
valeur du bien estimée par la banque hors les
avoirs du 2e pilier.
Dans le canton de Vaud et d’autres cantons romands, les nouveaux objets qui arrivent à la vente
permettent de répondre à la demande. Cette
dernière est essentiellement liée à la pression
démographique, or le solde migratoire baisse
- même s’il reste positif (70 000 personnes en
2015). Preuve en est, le taux de vacance augmente,
à Nyon et dans le Chablais notamment. Dans ce
contexte, l’abandon du taux plancher pourrait
encore renforcer la baisse des prix. Cela étant,
une légère correction des prix, couplée à des taux
d’intérêt historiquement bas, rend l’acquisition
d’un logement plus intéressante que la location.
On observe la même tendance baissière sur le segment des villas et
appartements de luxe, qui a subi une correction de 15 à 20 % depuis 12
à 15 mois. Elle s’explique d’abord par les incertitudes sur les évolutions
fiscales en Suisse, relatives notamment au régime des successions et
aux forfaits fiscaux. Par le vieillissement de la population ensuite : de
nombreux propriétaires âgés de luxueuses villas ont tendance à vendre
pour acheter des appartements et se rapprocher des commodités offertes
par un centre urbain. L’abandon du taux plancher a rendu ce type de
bien immobilier encore plus cher pour un éventuel acquéreur étranger
et aura probablement un effet marqué sur ce marché.
Sur le segment de l’immobilier de rendement enfin, force est de constater qu’il a fortement augmenté ces dernières années essentiellement
en raison de la baisse des taux d’intérêt et de l’attrait pour la «pseudo
sécurité » que procure l’investissement dans la pierre. La mise en place
de taux d’intérêt négatifs intervenue après la décision du 15 janvier
dernier devraient probablement pousser encore les prix à la hausse,
faute d’alternatives sur les marchés financiers, et par conséquent les
rendements attendus à la baisse. La plus grande prudence s’impose donc
pour les investisseurs privés, qui ont tout intérêt à faire réaliser un audit
détaillé de l’évolution des revenus locatifs, des frais futurs et cachés, au
regard des normes énergétiques en particulier. Une forte correction des
prix pourrait survenir lorsque les taux d’intérêt partiront à la hausse.
Afin de saisir les meilleures opportunités, tout investisseur, que ce soit
pour l’acquisition de son propre logement ou d’un immeuble de rendement, doit intégrer dans sa réflexion les différents facteurs de risque que
sont l’évolution des taux d’intérêt, des revenus et des charges à moyen et
long terme et comparer méticuleusement les alternatives qui s’offrent à
lui. La rentabilité de l’investissement doit couvrir les risques.
60
pat rimoine ( S )
IMMOSCOPE / e n t re tie n
Le marché romand, une mine
d’opportunités immobilières
Entretien avec Bernard Nicod, 1er promoteur immobilier romand
entre les prix de location et les prix de vente afin que celui qui hésite
entre la location et l’achat bénéficie de critères objectifs de décision. Ce
n’est pas le cas à Genève qui, contrairement au marché vaudois, souffre
d’une pénurie de logements qui entretient des prix élevés. Genève n’a
rien construit pendant dix ans alors que les besoins se chiffraient à près
de 4’000 nouveaux logements par an au moins. Conséquence logique, le
marché genevois engrange moins de quelque 4 milliards de transactions
par an contre 8 milliards dans le canton de Vaud. Il a fallu attendre la
fin de 2014 pour que la situation se débloque. Genève connaît une forte
décorrélation entre les prix à la location et ceux à la vente. Quel rapport
entre une PPE route de Florissant vendue 13 à 14000 francs le m2 et un
appartement à de Malagnou, à une encablure, loué 190 francs le m2 ? Ce
sont de telles distorsions que le marché est fort heureusement en train de
corriger. Dans le domaine commercial, on assiste déjà à un tassement des
prix, lié à une surproduction des surfaces d’activités. Par ailleurs, les taux
de vacance augmentent.
Bernard Nicod
La corrélation entre l’achat et la vente, un must
paroles d’entrepreneur et homme
d’affaires sur les marchés immobiliers genevois et vaudois
Si l’on passe au contexte économique général, force est de constater que
tous les segments du marché immobilier suisse restent chers par rapport
à leurs homologues européens. Et ce, principalement parce que les taux
d’intérêt sont bas. Rappelons que le taux moyen de propriétaire s’élève à
environ 35 % en Suisse, moins de 20 % à Genève. Si cette faiblesse des taux
devait durer, tous les investisseurs en bénéficieront. Les ménages d’une
part, qui arbitreront pour l’achat plutôt que la location dans un contexte où
l’offre s’adapte à la demande après des années de décalage. Les investisseurs
institutionnels d’autre part, qui se féliciteront de rendements de 4 % par an
soit 40 % cumulés sur 10 ans. Il n’y a que là qu’ils trouveront de tel rendement associé à un niveau de risque presque nul dans les prochaines années.
Le marché romand est une mine d’opportunités, il offre des affaires sur
chacun de ses segments pour celui qui sait les saisir et les conclure. Sauf
bien entendu à ce que des évolutions réglementaires ne viennent troubler
les fondamentaux de la solidité du marché suisse Ainsi, si l’initiative sur
les successions passait en juin prochain, ce serait le début de la fin du
miracle suisse qui dure depuis près de 70 ans.
Il faut commencer par dire que le marché romand n’est pas un marché mais des dizaines
de micro-marchés. Rien qu’entre Montreux et
Lausanne, il y a plus de 8 marchés différents. Et
ça, en ne parlant que du segment de la propriété
individuelle. Si l’on ajoute à cette diversité géographique celle liée à la segmentation sectorielle
entre l’immobilier résidentiel (PPE), commercial
(surfaces d’activités), de luxe, de rendement
(location), on est face à une myriade de situations,
que ce soit en termes de prix et de rendement.
Cela étant dit, la conjoncture est différente de
celle de 1996 où le mot d’ordre à tous nos clients
était : «Achetez! ». Pour des raisons intrinsèques
au marché immobilier d’une part, pour des
raisons exogènes d’autre part.
Tout d’abord, le marché romand, genevois en particulier, est aujourd’hui très cher et déséquilibré.
Il devrait y avoir une corrélation permanente
Le groupe Bernard Nicod en chiffres
26 chantiers représentant 325 millions de francs en 2015 – 11 bureaux – 450 à
500 millions de chiffre d’affaires de transactions annuel – 36’000 locataires –
6’500 copropriétaires
61
pat rimoine ( S )
IMMOSCOPE / q ue s tio n de droit
Le point de vue du juriste
Entretien avec Vincent Tat tini, Lalive
Évolution du droit
sur les successions
L’acce p tatio n de ce t te
initiative p or te r a
u ne at tein te fatale
à l a charpe n te d u tis s u
éc o n omiq ue s uis se ,
le s pe tite s PME
l’initiative populaire soit acceptée par le peuple
et les cantons le 14 juin prochain, la rétroactivité, aussi choquante qu’elle puisse paraître,
ne posera pas de difficulté dans la mesure où
elle sera instituée directement par la Constitution fédérale. Les initiants affirment que la
mise en œuvre de ce texte devrait rapporter
un montant de l’ordre de CHF 3 milliards,
ce qui est contesté par le Conseil fédéral ; les
deux tiers de ce montant seraient alloués à
l’AVS et le tiers restant aux cantons. Quatre
conséquences au moins de cette initiative : i)
elle porterait une atteinte à la répartition des
compétences (fiscales) Confédération-cantons,
ces derniers se voyant dépossédés d’une compétence de plus ; ii) elle spolierait les héritiers
en ligne directe, puisqu’à l’heure actuelle,
Elena Budnikova
L’initiative populaire «imposer les successions
de plusieurs millions pour financer notre AVS
(Réforme de la fiscalité successorale) » déposée
en 2011 par les partis de gauche veut diminuer
la concentration des grandes fortunes aux
mains de quelques-uns, ce qui améliorera
l’égalité des chances (mêmes conditions initiales pour tous) et renforcera l’AVS à long
terme. En substance, les auteurs de l’initiative
proposent de taxer à hauteur de 20 % toutes les
successions et donations, sous réserve d’une
franchise, étant entendu que l’initiative prévoit une imputation rétroactive des donations
à partir du 1er janvier 2012. Pour autant que
Vincent Tattini
seuls les autres héritiers sont taxés, de manière quasi généralisée, à des
taux élevés ; iii) nombre de successions de PME seraient sévèrement
compromises ; iv) le transfert des actifs immobiliers souffrira des
mêmes atteintes que le transfert des entreprises. Nombre de successions
deviendraient impossibles et les héritiers devraient se séparer d’un
patrimoine familial souvent transmis depuis des générations. Exemples
pratiques : la succession d’un immeuble ou d’une entreprise évaluée
à CHF 1,9 million net ne sera donc pas taxée alors que celle évaluée à
CHF 2 millions souffrira d’une imposition à 20 %, à savoir CHF 400
000.-. Les héritiers devront souvent s’endetter pour s’acquitter de l’impôt
voire liquider à perte. L’acceptation de cette initiative porterait une
atteinte fatale à la charpente du tissu économique suisse, les petites
PME. Nombre d’entre elles changeront de génération au regard de la
pyramide des âges suisses. En organisant le transfert de richesse vers
l’AVS, cette initiative réduirait l’essentiel de ce tissu économique à une
peau de chagrin, sans améliorer la situation des jeunes.
62
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pat rimoine ( S )
in ve s tir / L a Chro niq ue d u BAS
Le cas Domosafety
Elena Budnikova
mentarité ont permis d’attirer d’autres compétences-clés dans leur sillage,
permettant ainsi de combler les inévitables lacunes d’une jeune équipe.
FRANK Gerritzen, Président Suisse romande, BAS
P ou r nous , m e m br e s de l’a s s o c i at ion Busi n e s s A nge l s
Switzerland1 (BAS), DomoSafety
représente une sorte de «cas
d’école » : né dans les laboratoires fertiles de l’EPFL, ce projet
est à la fois high-tech et très
concret, à la source d’un possible changement de paradigme
dans la façon que la société a
de s’occuper de ses aînés.
DomoSafety (www.domosafety.ch). Ce qui nous
a immédiatement séduits, le critère en fin de
compte le plus important car sine qua non, c’est
l’équipe : Édouard Goupy, jeune diplômé de
l’EPFL et l’inventeur de la technologie, fervent
ambassadeur de son produit, et Guillaume
DuPasquier, l’homme du contact, l’enthousiasme incarné, l’infatigable pourfendeur des
obstacles qui se dressent sur le chemin de toute
jeune entreprise. Deux personnes qui se sont
trouvées et dont la collaboration et la complé-
Ce que DomoSafety fait : l’innovation et la propriété intellectuelle de
l’entreprise résident dans un algorithme «apprenant ». Des capteurs installés au domicile des clients, en général des personnes âgées, enregistrent
les mouvements, les ouvertures de porte, l’utilisation du frigo et de la
cuisinière, même les heures de coucher. Non, ce n’est pas 1984 revisité.
L’algorithme, après quelques semaines d’utilisation, apprend les us et
coutumes de son client. Au fait de ses habitudes, il ne se «réveille » et ne
donne l’alerte que si l’activité de la personne sort du cadre de référence
donné et enregistré (avec une marge de tolérance réglable manuellement).
Ce n’est donc que si quelque chose d’anormal se produit (chute, malaise et
autres) que les proches, les soins à domicile ou les urgences sont avertis.
Le reste du temps, rien n’est détectable et les informations ne sont pas
gardées ou utilisées à d’autres fins. Imaginez-vous que l’algorithme est
donc une personne de compagnie bienveillante, discrète, inexistante et,
généralement, totalement oubliée, jusqu’au jour où…elle donne l’alerte.
La mécanique (les capteurs) qui relaie l’information ne contient pas une
technologie particulièrement innovante. C’est du matériel somme toute
assez standard. Ces capteurs ressemblent furieusement à des détecteurs
de mouvements (ce qu’ils sont) que l’on trouve dans n’importe quel
environnement où le mouvement déclenche ici l’allumage de la lumière
et là une alerte «intrusion ». Là où nos deux compères sont malins, c’est
qu’ils utilisent des produits «off the shelf », donc bon marché, et ayant
prouvé leur fiabilité, pour transmettre une information qui elle est tout,
sauf anodine. Et c’est donc dans la lecture et l’interprétation de cette
information que réside le vrai secret.
Nous avons été séduits car DomoSafety répond à un réel besoin ; la preuve
en est que de nombreux contrats ont déjà été conclus avec plusieurs cantons en Suisse. Quiconque jette un coup d’œil à la pyramide des âges en
Suisse et dans le monde occidental2 (les pays en voie de développement
ne sont d’ailleurs pas loin derrière) prend immédiatement conscience
que la course à la construction de résidences pour personnes âgées est
perdue d’avance : il faudrait en construire à tour de bras pour suivre le
rythme si, et c’est un immense «si », les pouvoirs publics avaient l’argent3.
Ils ne l’ont pas, le savent et ont pris note. Ils cherchent donc à garder les
personnes âgées à la maison le plus longtemps possible. Malheureusement,
les soins à domicile aussi sont sous une forte pression budgétaire. Une
surveillance à distance déclenchant une intervention uniquement en cas
de besoin est donc la parfaite réponse aux divers défis que pose le vieillissement de la population. Nous allons tous, à moins d’un pépin médical
important, passer l’essentiel de nos vieux jours chez nous, ce qui est en
66
in ve s tir / L a Chro niq ue d u BAS
fin de compte réjouissant. Mais nous devons pouvoir être «monitorés »
(le terme «surveillés » a une connotation peu avenante) par notre famille,
par des organismes sociaux déjà débordés et en sous-effectif chronique.
DomoSafety permettra de répondre à cette demande sans surcharger
le système et permettra de se concentrer sur les cas qui en ont besoin.
DomoSafety est donc un service parfaitement en phase avec son temps,
qui utilise la technologie au service de l’humain pour qu’il y ait plus de
temps pour l’humain. Il est le produit de développement de logiciels
complexes et sophistiqués et, en raison de la modestie de ses coûts d’implémentation, abordables par la plupart. Que peut-on rêver de mieux ?
1)
Le BAS (www.businessangels.ch) est une association
dont le but est de soutenir les start-up suisses,
de promouvoir l’entrepreneuriat et de rendre le transfert
de compétences entre personnes expérimentées et entrepreneurs plus efficace.
2)On estime qu’en Europe le nombre de personnes requé rant des soins à domicile va doubler entre 2010 et 2030
3) Les coûts moyens en Suisse pour vivre en EMS sont d’un
peu plus de CHF 9’000, dont la moitié est financée par
la famille et l’autre moitié par les pouvoir publics.
En restant à la maison avec les services DomoSafety, on
estime que les coûts ne dépasseraient pas CHF 5’000, donc
un gain par personne de quelque CHF 50’000 par an.
Quatre questions à Guillaume DuPasquier, associé de Domosafety SA :
important. Un 2e aspect : après nous être plongés dans le monde des
soins à domicile, nous avons constaté que la mobilité est un facteur
important de l’état de santé d’une personne âgée. Donc la mobilité est
un excellent «proxy » de l’état général d’une personne. En étant attentif
à la mobilité, et particulièrement à la diminution de celle-ci, on a une
fenêtre très transparente sur l’état de santé général.
En quoi le BAS a-t-il permis le développement de la société ?
Guill aume DuPasquier
Comment vous est venue l’idée de créer un
algorithme servant à monitorer les déplacementsdes personnes âgées ?
Comme il arrive fréquemment dans la vie, la
genèse de l’idée est étroitement liée à des
expériences personnelles. Édouard (ndlr :
l’initiateur de DomoSafety) et moi avons à
des degrés divers été confrontés avec la
vieillesse de membres de notre famille et
les soins prodigués par les soins à domicile.
Notre expérience nous a aussi montré que ces
organisations, dévouées et pleines de bonne
volonté, ne peuvent pas complètement remplir
tous les besoins d’une personne en détresse.
C’est donc aux proches aidants qu’incombe
énormément de travail de présence et de
surveillance. Or, les proches aidants ont aussi
besoin de prendre du temps pour eux. L’idée
que la famille et les amis puissent sortir de
la maison de la personne âgée sans devoir
se faire de souci était pour nous un objectif
GDP : malgré tous les efforts prodigués par le cadre étatique (CTI, Innovaud, etc.…) il incombe toujours aux start-up de gagner la confiance des
premiers investisseurs, ceux qui sur la base de la confiance et un bout
de papier vont ouvrir leur portefeuille. C’est ce que le BAS a fait, ils ont
pris le risque au moment où il était à son paroxysme : des engagements
financiers avaient été faits par DomoSafety mais on n’avait encore qu’un
prototype. Ils ont cru en nous.
Quel est le plus grand souhait que vous formuleriez sur le développement de l’entrepreneuriat en Suisse ?
Nous sommes dans la phase de commercialisation dans laquelle il est
crucial de prendre rapidement des parts de marché ayant prouvé que nous
avons développé une plus-value pour notre clientèle. La Suisse est un très
bon terreau pour tester le marché mais c’est à l’international qu’il faut se
développer pour faire du volume. La Suisse soutient l’entreprenariat et
l’innovation et nous avons de la chance d’y avoir créé notre entreprise mais
pour grandir il faut pouvoir trouver des fonds plus conséquent ce
qui est paradoxalement plus difficile à trouver en Suisse. Mon souhait serait
qu’un fonds d’investissement «startup » soit créé en collaboration avec
d’autres pays dans le cadre d’accords de libres échanges et des multinationales Suisse afin d’aider les startups à se développer à l’internationale.
Cherchez-vous encore des investisseurs et pourquoi ?
Nous cherchons pour la phase commerciale et de Business Development 1,5 M, dont 25 % ont été sécurisés. Notre objectif, avec ces fonds,
est de rentrer dans les chiffres noirs fin 2016, de nous établir en Allemagne, marché très comparable à celui de la Suisse. Une partie de ces
fonds servira aussi à sécuriser davantage notre propriété intellectuelle.
67
pré se n te n t
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Ve ne z te n te r Vo t re cha nce s ur : w w w.b b gigro up s urVe y.c om
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pat rimoine ( S )
in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag
LA NOUVELLE LUTTE DE 2015
cas durant la période déflationniste de 1930, cela a été aussi le cas plus
récemment en Islande, en Irlande et en Grèce. L’entrée en déflation
est un cercle vicieux puisque, dans un contexte de baisse des prix, les
ménages ont le réflexe de différer leurs dépenses, en misant sur des
prix toujours plus bas. La chute de la demande se répercute alors sur la
production, entraînant des pertes pour les entreprises. Celles-ci sont
alors contraintes de réduire les salaires, puis de licencier.
Pourquoi la déflation n’est-elle pas une bonne nouvelle ?
Si certains économistes vantent la baisse des prix en arguant qu’elle
se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat, leur pari est très
dangereux. En effet, s’il est exact qu’une inflation négative temporaire
est positive pour le panier de la ménagère, ne pas combattre les prémisses d’une déflation est extrêmement risqué. Même temporaire, la
John Plassard, membre de l’ISAG, Directeur adjoint
Mirabaud Securities
Alors qu’en 2014, la lutte contre
le déficit était la priorité absolue des banques centrales, la
lutte contre la déflation sera
le thème économique dominant
en 2015. Entre baisse des taux et
lancement d’assouplissements
quantitatifs sans précédent, le
combat est-il perdu d’avance ?
Analyse sous forme de questions/
réponses.
En quoi consiste la déflation ?
Selon la théorie, la déflation se caractérise par
des anticipations de baisse générale des prix sur
une période de plusieurs trimestres au moins.
Elle est généralement la conséquence d’une
demande globale qui ne suffit pas à absorber
la quantité de biens et services produits par
l’économie. Le problème principal du phénomène de la déflation tient au fait que, lorsqu’il
se produit, il est trop tard pour agir. C’était le
P o ur s or tir de l a s pir ale
défl atio n nis te de 19 3 0,
il a fall u at te ndre Roo se velt e t
u ne p olitiq ue d ’in ve s tis se me n t public.
P o ur a ppliq ue r u ne telle politiq ue
e n z o ne e uro, il faudr ait dé pa s se r
ce tab o u alle ma nd q ui refu se d ’a dme t t re
q u’e n pé riode de crois s a nce at o ne ,
l’É tat d oit s timule r l a de ma nde
e n in ve s tis s a n t dava n tage
déflation a des conséquences négatives pour l’État puisque ses revenus
sont directement liés au niveau des prix affichés : à cet égard, l’exemple
de la baisse du prix de l’essence à la pompe est assez clair! À cela vient
s’ajouter le fait que les États endettés, tout comme les individus, sont
également pénalisés par la déflation. En effet, le taux d’intérêt réel
étant corrigé de l’inflation, dans une période de baisse des prix, cela
se traduit par une valeur de taux effectif plus élevée : soustraire une
inflation négative augmente donc le taux d’intérêt réel.
Quel est le pays déflationniste par excellence ?
Lorsqu’on parle de déflation, plusieurs exemples viennent immédiatement à l’esprit mais la déflation japonaise fait partie des «cas
69
in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag
d’école ». En effet, pour sortir le pays de plus de vingt ans de déflation,
le gouvernement de Shinzo Abe a lancé, depuis avril 2013, des mesures
d’assouplissement monétaire. Mais pour l’instant, on n’observe pas
d’amélioration notoire. Bien que les prix aient augmenté depuis plus
de vingt mois, le rythme de leur progression ne cesse de décroître. La
faible hausse de janvier 2015 s’explique essentiellement par la chute des
prix du pétrole. Quant aux données préliminaires pour février, elles
indiquent une baisse de 0,3 % des prix à Tokyo, hors denrées périssables,
énergie et impact de la hausse de la TVA. Le retour en territoire négatif
avant l’été n’est donc pas exclu.
Quelle est la situation actuelle dans l’Union européenne ?
Les craintes de déflation n’ont jamais été aussi vives en Europe. Les
prix à la consommation ont encore reculé sur un an en mars dans la
zone euro. Ces prix ont baissé de 0,1 % en rythme annuel dans les 19
pays partageant l’euro. L’Europe n’est donc pas loin de rentrer dans
cette fameuse baisse durable et générale des prix. Seuls cinq parmi les
28 membres de l’Union européenne affichent encore une inflation
positive et sur ces cinq, deux seulement, l’Autriche et Malte, font partie
de la zone euro. Pour ce qui est de la Grèce, il faut remonter à février
2013 pour observer une inflation positive!
Comment lutter contre la déflation ?
Il n’y a pas une, mais plusieurs réponses à cette question. La baisse des
taux tout d’abord. Au 1er mars 2015 et depuis le début de l’année, 21
banques centrales avaient déjà baissé leurs taux d’intérêt pour lutter
contre l’absence d’inflation et éviter à tout prix la déflation. Ce nombre,
déjà historique, devrait encore s’accroitre cette année. Mais est-ce réellement la seule solution ?
donc un effet négatif sur la demande. La zone
euro se trouvant déjà au bord de la déflation,
la baisse du prix du baril de pétrole ne serait
donc qu’un facteur aggravant et non un facteur déclencheur.
Le combat est-il perdu d’avance ?
On l’a vu précédemment, l’entrée en déflation de la zone euro serait catastrophique car
elle durerait un certain temps. Le plus gros
risque aujourd’hui réside dans le fait de nier
la réalité d’un risque de déflation structurelle en zone euro car cela conduirait à des
politiques économiques inappropriées. Aux
États-Unis, c’est la peur qui pourrait faire
retomber l’économie mondiale en déflation
en forçant la Réserve fédérale américaine à
remonter ses taux trop rapidement, tuant ainsi
la croissance dans l’œuf.
Si la guerre contre la déflation n’est pas
encore perdue, en zone euro, la première
bataille l’est, du fait du manque de réactivité
de la BCE. Il convient donc de ne pas perdre
davantage de temps et d’agir. Sans aucune
garantie cependant.
Le cas, quoiqu’extrême, de 1930 peut être utilisé à titre d’exemple. Pour
sortir de cette fameuse spirale déflationniste, il avait fallu attendre
Roosevelt et une politique d’investissement public. Pour appliquer
une telle politique en zone euro, il faudrait en premier lieu dépasser
le tabou allemand qui refuse d’admettre qu’en période de croissance
atone, l’État doit stimuler la demande en investissant davantage. Le
débat sur l’investissement devrait donc s’intensifier ces prochains mois.
Si la mise en œuvre de mesures non conventionnelles en zone euro
représente une première avancée, il faut cependant rappeler que l’effet
de richesse est moins sensible qu’en Grande-Bretagne ou aux ÉtatsUnis. La lutte contre la déflation passe aussi par une série de réformes
structurelles (marché du travail, fiscalité, retraites, système éducatif)
qui ont pour but de réduire le poids de la dette.
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La baisse du prix du pétrole est-elle trompeuse ?
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Contrairement à ce que l’on peut penser, cette baisse ne provoque pas
de déflation dans un premier temps. Elle est même plutôt positive.
Cependant, dans un deuxième temps, il peut y avoir un risque de
déflation à travers une hausse anormale des taux d’intérêt réels et
69 chf pour 1 an - 119 chf pour 2 ans
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70
03.07.14 10:27
communiqué
WnG Solutions : un savoir-faire digital
Qu’est-ce que le e-marketing ?
Le e-marketing ou marketing digital regroupe l’ensemble
des méthodes et pratiques marketing sur Internet. Notamment, la communication en ligne, les réseaux sociaux,
l’optimisation du référencement et la création de trafic
sur les supports numériques (ordinateurs, téléphones
mobiles, tablettes, etc.). Ces nouvelles techniques
de marketing changent de façon radicale la manière
d’appréhender la relation avec le consommateur, en
élevant celle-ci à un niveau jamais atteint auparavant.
L’interaction permanente permet d’optimiser la relation
avec ses consommateurs et d’avoir pour objectif avoué
la transformation de leur visite en achat et la fidélisation
à tout prix.
Quid des procédés utilisés ?
Le marketing digital utilise des outils à son image : référencement, lettre d’information, publipostage, publicité
électronique et médias sociaux, mais également des
moyens plus subtils comme les cookies, iptrackers,
géolocalisation. Ces techniques peuvent se résumer
en un acronyme : SoLoMo soit Social, Local, Mobile,
à l’image du réseau So(cial) Facebook, qui est utilisé
le plus souvent sur des téléphones Mo(biles) et qui
utilise la géo-Lo(calisation). L’avenir du e-marketing
se trouverait-il dans ces trois mots ?
La façon de consommer en ligne des clients a fondamentalement changé. C’est pourquoi, les entreprises
sont obligées de faire évoluer leurs stratégies marketing
en ciblant les consommateurs non plus seulement sur
Internet, mais sur l’ensemble des médias numériques.
Il n’est pas évident aujourd’hui de s’y retrouver parmi
toutes ces nouvelles possibilités. En cela, l’agence de
communication digitale WnG Solutions, basée à Genève,
Lausanne, et Martigny, peut vous accompagner grâce
à son expertise dans le marketing digital.
Avec des clients aussi variés que La Halle, l’Opéra de
Lausanne, le Beau-Rivage Palace, les montres Valbray ou
encore Moët&Chandon, l’agence se positionne comme
un leader sur le marché du e-marketing avec de très
bons résultats pour ses clients.
La société propose aux entreprises trois axes pour
entrer dans l’ère du e-marketing. Premièrement, le
«social media » ou l’art d’intégrer les réseaux sociaux
dans la stratégie d’entreprise. En créant un dialogue
avec sa cible, la marque rassemble et engage ses fans.
À l’instar de Facebook, Twitter vient d’étendre son service de publicité - Twitter Ads - à la Suisse. Il permet de
sponsoriser des tweets, afin d’accroître leur diffusion
et leur impact sur les personnes cibles. Aujourd’hui,
ce sont plus de 600 000 Helvètes qui utilisent chaque
mois ce réseau. Une vraie bonne raison d’utiliser cet
outil très prometteur.
Le second axe est le «search marketing » ou SEO/SEA,
ayant pour objectif la visibilité de l’entreprise grâce à un
référencement naturel ou payant, optimisé grâce à l’aide
de spécialistes agréés par Google. Finalement, WnG
Solutions met à disposition de ses clients un logiciel
d’e-mailing novateur, ainsi que ses connaissances
techniques et stratégiques pour gérer des campagnes
de grande envergure.
www.wng.ch
pat rimoine ( S )
in ve s tir / idée ( s ) b u sine s s
L’art du détail
Entretien avec Joseph Bato, Fondateur de BL VISON
BL VISION SA est une entreprise
d’avant-garde qui a fait de la
photolithographie son domaine
de prédilection. Après plus de 20
années d’existence, la société
compte parmi ses clients des
grandes marques comme Breitl ing, H a rry W inston, Globa l
Luxury, Hostettler, Jaeger-Le
Coultre, JeanRichard, Roland
Iten, Scott, Switcher et Tissot.
market s’est entretenu avec son
fondateur Joseph Bato, afin de
découvrir ce qui a fait le succès
d’une entreprise entièrement
dé dié e au se rv ice de l’im age ,
dans ses moindres détails.
Joseph Bato, pouvez-vous nous décrire votre
parcours ?
Arrivé des États-Unis en 1982, j’ai travaillé au
sein de diverses sociétés en Suisse, spécialisées
dans le domaine des arts graphiques et de la
photolithographie notamment. C’est là que je
me suis pris de passion pour cette discipline
tout à fait particulière, exigeante et minutieuse.
Fort de mon expérience professionnelle, c’est
en 1994 que j’ai décidé de fonder la société BL
Vision SA, dont le domaine de prédilection est
précisément la photolithographie.
Comment est née l’idée de BL Vision ?
J’avais envie de prendre en main mon destin,
mais aussi d’être plus indépendant. Le fait de
pouvoir décider et d’agir immédiatement sans
en référer à une quelconque hiérarchie pour
développer de nouvelles idées était important
pour moi. Dans le domaine des arts graphiques,
l’écoute du client et la réactivité sont les clés
de voûte de la réussite. Je suis moi-même exigeant de nature et parfaitement conscient
Joseph Bato
que dans un monde d’images, la perfection du rendu est essentielle.
Pour ça il faut un matériel de pointe, une équipe consciencieuse et
motivée et un respect absolu du travail et des compétences de l’autre
au sein de l’équipe. Il y a dans l’histoire de BL Vision – qui a fêté ses 20
ans en 2014 - un vrai tissu de relations affectives avec les 14 salariés
qui m’accompagnent – pour la plupart d’entre eux - depuis le début.
Au-delà du défi personnel de l’entrepreneur, il y a une belle histoire
humaine, presque une histoire de famille.
La part de technologie doit être très importante dans votre activité ?
Et les investissements financiers pour rester à la pointe doivent
être colossaux ?
Nous travaillons avec des outils informatiques de pointe. Les investissements sont à la hauteur de ce que l’on peut offrir de mieux à nos
clients ; pour ce faire nous veillons à suivre les tendances du marché
et à rester constamment à la pointe de la technologie en investissant
de manière suivie et régulière.
72
in ve s tir / idée ( s ) b u sine s s
Quelle est la clientèle visée ? Pourquoi ?
Nous avons avant tout une clientèle haut de gamme, active notamment
dans le secteur horloger, textile, et même sportif, car notre personnel, très qualifié et performant, est à même de répondre à toutes les
demandes de quelque domaine qu’il s’agisse. L’intérêt est de montrer le
détail des choses avec une minutie extrême : nous nous comparons au
microscope qui doit permettre au lecteur/client/public d’appréhender
le détail de l’infiniment petit. L’horlogerie en cela est, il est vrai, notre
secteur de prédilection car chaque modèle placé sous nos projecteurs
est une constellation de détails techniques.
Quels sont les besoins spécifiques de vos clients ?
Nos clients ont besoin d’une équipe à leur écoute, d’une disponibilité
sans faille, ainsi que d’une connaissance optimale du marché et de la
concurrence. Le suivi du travail, du stade créatif jusqu’à l’impression est
capitale et seul garant d’une qualité optimale dans le rendu des travaux.
Si l’on considère que notre société moderne, c’est avant tout le
triomphe de l’image, pensez-vous que votre secteur d’activité va
encore se développer, ou au contraire vos services resteront-ils des
produits sur mesure destinés aux grandes marques de l’industrie ?
Oui, je pense que notre secteur d’activité va continuer à se développer.
C’est une nécessité absolue car avec le développement continu des
performances techniques, les exigences augmentent.
Marie, photographe
T r availle r l’image e s t u ne forme
de p oé sie q ui u tilise simple me n t au t re
cho se q ue l a magie e t l’ord o n n a nce me n t
de s mo t s : il y a l’omb re e t l a l umiè re ,
l a s ub tilité de s c o ule ur s , e t le maté riel
de p oin te q ui d oit app or te r u ne s or te
de mag nifice nce au x ré s ultat s
Ce que l’œil voit doit être non seulement précis mais parfaitement
conforme à la réalité du produit quel qu’il soit. Le client doit être satisfait et ce, quelle que soit sa demande. Obtenir cette satisfaction est un
défi que nous sommes fiers de relever.
L’aboutissement de tout cela est le retour de ce même client à la faveur
d’une autre campagne. On ne fidélise les gens qu’en essayant – modestement – de tendre vers la perfection.
Travailler l’image est une forme de poésie qui utilise simplement autre
chose que la magie et l’ordonnancement des mots : il y a l’ombre et
la lumière, la subtilité des couleurs, et le matériel de pointe qui doit
apporter une sorte de magnificence aux résultats.
73
Quelle est votre conception du luxe ?
Un produit de luxe est un produit d’une grande
qualité, raffiné, coûteux et rare et, si l’on s’en
tient à la définition du dictionnaire, il y a
aussi un aspect d’inutilité qui nous ramène à
une notion de superflu donc de plaisir. Moi
j’ y ajouterais une notion de rareté. Le luxe à
mon sens se mérite et celui qui est en charge
d’en colporter l’image doit se rapprocher au
maximum de la perfection du résultat.
Selon vous, qu’est-ce qu’une belle image ?
Dans notre société de consommation, une belle
image pourrait être une image qui plaît au
plus grand nombre de personnes. Je pense, pour
ma part, que c’est une image qui suscite une
émotion forte à la fois de par sa qualité que de
par son sujet. L’émotion est le ressenti de l’âme,
c’est ce qui nous rappelle que nous sommes
vivants… et que «même si la vie ne vaut rien…
rien ne vaut la vie ». Les belles images sont des
catalyseurs de ces émotions-là!
pat rimoine ( S )
in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING
CHF : Un mois de mars sans encombre
Elena Budnikova
mique » affichent respectivement +0.82 %, +0.77 % et
+0.72 % sur la période. Les performances observées
pour les trois indices BBGI Private Banking durant
le premier trimestre sont également positives,
avec un avantage assez net pour l’indice au niveau
de risque le moins élevé.
Al ain Freymond, Associé BBGI Group
À l’ e xc e p t io n d e s m at i è r e s
premières, toutes les classes
d ’ac t i fs on t e n r e gis t r é de s
résultats positifs au cours du
mois dernier. En conséquence,
les stratégies «risque faible »,
«risque modéré » et «risque dyna-
En mars, et surtout en première partie de mois, les différents marchés actions ont profité d’un climat d’investissement favorable. En
effet, le stimulus monétaire européen, ainsi que la relative patience
affichée par la Réserve Fédérale américaine dans la mise en place
de sa prochaine remontée des taux d’intérêt, ont contribué aux bons
résultats enregistrés par les actions suisses. Celles-ci ont notamment
effacé leurs pertes causées en janvier par la fin du taux plancher par
la Banque nationale suisse et ainsi progressé de +2.41 % sur le mois. À
l’inverse, les actions internationales bénéficiaient surtout quant à elles
de l’effet de change positif (USD/CHF +1.93 %) et terminaient en hausse
de +0.33 %. Le private equity, avec +0.77 %, enregistrait des résultats
similaires à ceux obtenus par les placements à revenus fixes (+0.93 %
et +0.80 % pour les obligations suisses et internationales). L’immobilier
international affichait une hausse de +1.74 %, tandis que la gestion alternative parvenait à tirer son épingle du jeu (+2.27 %). Enfin, les matières
premières, plombées par la baisse des cours des produits pétroliers ou
encore du nickel, ont perdu -5.01 % malgré l’effet devises. En ce qui
concerne les performances du premier trimestre, les indices BBGI
Private Banking affichent respectivement +1.26 %, +0.97 % et +0.64 %,
Performances du mois de fevrier
0.9%
3%
0.82%
0.77%
0.72%
0.8%
0.80%
2.41%
0.33%
0.77%
2.27%
1.74%
2%
1%
0.7%
0%
0.6%
-0.35%
-1%
0.5%
-2%
0.4%
0.3%
-3%
0.2%
-4%
0.1%
-5%
0%
-6%
PB LOW RISK
PB MEDIUM
RISK
PB DYNAMIC
RISK
-5.01%
OBLIGATIONS
CH
OBLIGATIONS
INT.
74
ACTIONS
CH
ACTIONS
INT.
PRIVATE
EQUITY
GESTION
ALTERN.
IMMOBILIER
INT.
MATIÈRES
PREMIÈRES
in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING
indice «risque faible » en tête. Finalement, après un mois de janvier des
plus mouvementés et l’appréciation brutale de notre devise, il semble
bien que la situation soit en passe de se normaliser. Seules trois classes
d’actifs demeurent en terrain négatif sur le trimestre : les matières
premières (-10.21 %), les obligations internationales (-4.63 %) ainsi que
la gestion alternative (-0.15 %). Les obligations suisses figurent en tête
des résultats positifs (+3.40 %).
Après un mois de février marqué par des performances particulièrement
satisfaisantes pour les indices BBGI Private Banking en CHF, le mois de
mars a été davantage caractérisé par une normalisation des actifs en CHF,
qui s’est traduite par des performances moins affirmées, bien que positives
pour la quasi-totalité des classes d’actifs. En raison d’importantes pertes des
matières premières - impactées par la baisse des cours des produits pétroliers
principalement – l’indice BBGI Private Banking «risque faible » arrive en
tête, celui-ci détenant une part moins importante de cette classe d’actifs.
Il progresse ainsi de +0.82 %, suivi de près des indices «risque modéré »
(+0.77 %) et «risque dynamique » (+0.72 %). Au premier trimestre de l’année
2015, les fonds de placement observés obtiennent des performances peu
affirmées, conséquence des lourdes pertes sur les marchés en janvier, de
l’important effet de rattrapage qui a suivi en février et des résultats peu
affirmés de mars, caractéristiques d’une normalisation des cours. Les
75
fonds de placement présentant un niveau de
risque intermédiaire arrivent en tête avec une
moyenne de +0.98 %, suivi de performances de
+0.84 % pour la catégorie «risque dynamique »
et de +0.22 % pour les fonds de placement les
moins risqués. En hausse de +1.26 %, l’indice
BBGI Private Banking «risque faible » affiche
la plus grande surperformance sur l’univers de
fonds de placement correspondant (104.12 PDB).
Sur dix ans glissants (mars 2005 – mars 2015),
les trois indices BBGI Private Banking obtiennent des performances quasi-similaires
avec +3.77 pour l’indice «risque modéré »,
+3.75 % pour l’indice «risque dynamique »
et +3.70 % pour l’indice «risque faible ». La
moyenne des fonds caractérisés par un niveau de risque faible atteignant un résultat de
+1.78 % sur la période, l’écart de performance
entre les résultats de l’indice «low risk » et la
progression moyenne de ces fonds atteint plus
de 191 points de base.
in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING
Votre portefeuille le mois dernier,
depuis le début de l’année et sur dix ans
Indice BBGI Private Banking « risque faible » (ipbl)
Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBM)
fév.
IPBL
3,05 %
Moyenne des fonds
2,34 %
écarts en PdB
71
YTD
0,44 %
-0,13 %
10 ans
3,74 %
1,78 %
fév.
ipbm
4,56 %
Moyenne des fonds
3,73 %
écarts en PdB
83
57
YTD
0,20 %
0,37 %
-17
196
10 ans
3,85 %
2,45 %
140
fév.
ipbd
6,07 %
Moyenne des fonds
5,10 %
Écarts en PdB
96
YTD
-0,08 %
0,13 %
-22
10 ans
3,86 %
2,73 %
113
Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBD)
*L’univers de fonds suisses est constitué de fonds diversifiés, regroupés
en trois catégories de risques correspondant aux indices BBGI Private
Banking. Ces trois univers ont été constitués sur la base des indications
fournies par les promoteurs des fonds et des allocations d’actifs publiées.
Relevons que, au contraire des fonds, les indices BBGI n’incluent pas
de frais de transactions.
Sans être totalement exhaustifs, ces univers sont représentatifs du marché
suisse des fonds destinés au public. Les compositions détaillées des univers
et des indices sont disponibles auprès du service de recherche de BBGI Group
(022 595 96 11).
76
Ondes
pOsitives
www.onefm.ch · www.facebook.com/onefm.ch
107.0 Genève · 107.2 Lausanne · 107.9 nord-vaudois · 99.3 riviera · 97.0 Yverdon-Les-bains, PaYerne
pat rimoine ( S )
in ve s tir / GOUVERNANCE
Conseil d’administration :
État des lieux de la gouvernance
Entretien avec Vincent Tat tini, Étude Lalive
m a r k e t a l e pl a isi r d ’ ou v r i r u n e nou v e ll e
rubrique dédiée aux conseils d’administration et
leurs meilleures pratiques de gouvernance. À cet
effet, la rédaction a demandé à Maître Vincent
Tattini (Étude Lalive, Genève) de dresser un état
des lieux sur la gestion de compétences des administrateurs de sociétés non cotées, à partir de
l’enquête du Swiss Board Institute 2015.
Maître Tattini, vous avez présenté les résultats de cette enquête le 5
février dernier, combien d’administrateurs y ont pris part ?
280 administrateurs ont pris part à l’enquête. 84,4 % de ceux-ci sont des
hommes, d’une moyenne d’âge de 51 ans. 22,4 % sont membres d’un
seul conseil, 19,2 % de deux et 14,7 % de trois. Les autres assurent plus
de quatre mandats. 50 % des administrateurs siègent dans des conseils
exclusivement composés d’hommes ; 32 % des conseils comprennent un
administrateur indépendant ; 17,4 % deux et 12,5 % trois.
Trois buts principaux étaient visés. En premier lieu mieux comprendre
comment les conseils s’interrogent sur les compétences requises pour leur
bon fonctionnement, ensuite faire l’état des lieux des compétences déjà
présentes et enfin déterminer la dynamique à l’œuvre dans les conseils.
Sur le premier point, on constate que 37,9 % des conseils ne mènent
aucune réflexion à cet égard, alors que 29,7 % s’interrogent exclusivement lors de nouveaux recrutements et 29,7 % mènent une réflexion à
intervalles réguliers (de un à trois ans).
Sur le second point, il s’avère que les administrateurs estiment que les
conseils sont dotés de manière plutôt satisfaisante en matière de gestion
financière (5/6), de connaissance de l’industrie (4,9/6) et de stratégie
(4,5/6). De manière surprenante, lorsque l’on demande de désigner les
compétences qui seront les plus utiles dans les prochaines années, la
stratégie prend le premier rang (45,2 % du premier choix). Viennent
ensuite la connaissance de l’industrie (deuxième choix, 25,9 %) et la
gestion des risques (troisième choix, 27 %). Plusieurs administrateurs
interrogés en tête à tête soulignent l’importance de la stratégie, mais
divergent sur le mode d’acquisition de celle-ci. La tendance est toutefois
78
Elena Budnikova
Quels étaient les principaux objectifs de cette enquête ?
Vincent Tattini
à mettre en avant l’importance primordiale
du choix des administrateurs et la mise à
leur disposition d’outils permettant la prise
de décision.
Enfin, sur le troisième point, il ressort des
résultats que 59,9 % des administrateurs estiment que la dynamique de leur conseil permet à tous les administrateurs d’exercer au
mieux leurs compétences ; 31,7 % partagent cet
avis concernant seulement certains administrateurs et pour 8,4 %, la dynamique de leur
conseil ne permettrait à aucun des membres
du conseil d’exercer leurs compétences à satisfaction. Les administrateurs soulignent
le rôle primordial du président du conseil,
in ve s tir / GOUVERNANCE
des compétences qui doivent être les siennes
pour permettre à chaque membre d’exprimer au mieux ses compétences et ses talents.
L’accent est également mis sur l’importance
de la qualité et de la diversité des membres,
de sorte que le conseil ne fonctionne pas dans
une sorte de zone de confort, mais accepte de
discuter, parfois âprement, les décisions, sous
la conduite éclairée du président.
Avez-vous constaté un souci d’adéquation
entre les compétences que les administrateurs estiment nécessaires pour leur conseil
et les derniers recrutements effectués ?
La composition de 36,1 % des conseils n’a pas été
modifiée au cours des trois dernières années.
Pour les autres, les compétences les plus recherchées lors des derniers recrutements étaient
en premier lieu des compétences juridiques
et de gouvernance (33,8 %), des compétences
financières (28,2 %) et des compétences en
marketing (25,4 %). Ces résultats sont partiellement en contradiction avec les compétences
que les administrateurs ont identifiées comme
nécessaires dans les années à venir (stratégie).
À souligner que dans 27,3 % des cas, un cahier
des charges est défini. Dans 21,4 %, le processus est formalisé et dans 13,6 %, les conseils
recourent à des externes. Ces résultats mettent
en évidence un changement important dans
le processus de recrutement en ce que même
dans les entreprises non cotées, les processus
de recrutement se formalisent à mesure que la
fonction d’administrateur se professionnalise.
Pouvez-vous préciser cette tendance à la
professionnalisation ?
À leur entrée en fonction, 69,9 % des administrateurs n’ont jamais été formés, à savoir
introduits à l’entreprise et à ses spécificités.
Lorsque c’est le cas, c’est la direction qui s’en
charge, généralement lors d’une discussion
(78 %). En cours de mandat, 69,1 % des administrateurs ne bénéficient d’aucun programme
de formation continue ; 28,5 % bénéficient de
programmes de formation continue, mais
sans budget ad hoc et seuls 2,4 % des administrateurs bénéficient d’un programme de
formation formalisé doté d’un budget topique.
Les administrateurs soulignent l’importance
de la formation initiale pour assurer le bon
fonctionnement du conseil. En l’absence de connaissance de l’entreprise, les administrateurs ne peuvent pas participer efficacement au
processus décisionnel.
S’agissant de la formation des conseils et des administrateurs à titre individuel, 41,7 % des administrateurs estiment que les conseils ont d’abord
besoin de clarifications sur le rôle et les obligations de l’administrateur
et sur les attentes dont il fait l’objet. Viennent ensuite les compétences
stratégiques (38,5 %), la connaissance de l’industrie (35,9 %) et les compétences juridiques (25 %). À titre personnel, les administrateurs ont
d’abord soif de formations afférentes aux compétences stratégiques
(20,5 %), puis à la connaissance de l’industrie (17,9 %).
L’enquête révèle-t-elle une composition caractéristique des conseils
d’administration (genre, expérience, compétences) ?
Invités à désigner les changements souhaitables dans la composition
des conseils, une majorité importante des administrateurs, 51,2 %,
appellent à plus de diversité, 20,4 % souhaitent une augmentation du
nombre d’administrateurs indépendants, 10,5 % proposent de diminuer
À le ur e n t rée e n fo nc tio n ,
6 9,9 % de s a dminis t r ate ur s
n ’o n t jamais é té formé s , à s avoir
in t rod uit s à l’e n t re prise
e t à se s s pécificité S
le nombre d’administrateurs et enfin 10,5 % appellent à un changement
de présidence. La majorité des administrateurs appelle à une diversification de la composition de leur conseil.
Et comment les conseils s’évaluent-ils eux-mêmes ?
61,6 % des conseils se fixent des missions clefs et 84,7 % se fixent des
objectifs pour servir ces missions clefs. Ces missions tendent d’abord à
augmenter l’utilité du conseil et sa valeur (71,1 %), ou encore à en améliorer le fonctionnement (30,1 %). Seuls 9,6 % des conseils se fixeraient
d’autres missions clefs, en lien notamment avec l’évolution stratégique,
la croissance et la pérennisation des activités de l’entreprise.
Dans 66,5 % des cas, le conseil n’a pas procédé à son évaluation formelle
au cours des trois dernières années ; dans 8,2 % des cas, il ne l’a pas fait
mais envisage de le faire. Lorsqu’une évaluation est effectuée, elle est
d’abord le résultat d’une discussion plénière (53,7 %). Dans 19,5 % des
cas, un externe conduit l’évaluation ou bien y prend part. Enfin, dans
65 % des cas, elle est suivie de propositions d’actions. Malgré l’absence
d’évaluation presque généralisée, les administrateurs plaident de
manière unanime pour que des évaluations de l’activité du conseil
soient effectuées, même si les enjeux et la sensibilité n’échappent à
personne. Les bénéfices en seraient incalculables.
79
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Haute horlogerie :
12 acteurs
d’influence
«Horloge, Dieu sinistre, effrayant,
impassible/(…) Les minutes, mortel
folâtre, sont des gangues/Q u’il ne faut
pas lâcher sans en extraire l’or! » disait
Baudelaire en évoquant sa condition
de mortel.
maîtres horlogers sont devenus des
«Chronos modernes », détenteurs d’un
savoir inestimable, qu’il est important de transmettre aux générations
futures… ? Il n’y a qu’un pas !
À la fois intemporel et actuel, unique
et authentique, innovant et luxueux,
tels sont les maîtres mots employés
par les acteurs de ce 7e «Index influence » de Market, pour décrire
leurs précieux garde-temps. Il est
donc temps de laisser la parole à ces
«gardiens d’éternité » de la Haute
horlogerie.
À l’origine, un «garde-temps » était
un instrument horloger d’une très
grande précision, qui avait pour but
de mesurer et de conserver le temps.
De nos jours, le terme conserve cette
acception, mais s’est élargi, en prenant également le sens plus général
de «montre ». Est-ce à dire que les
80
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Stanislas De Quercize
CEO et président de Cartier International
Stanislas De Quercize est diplômé de l’École
supérieure de commerce de Rouen. Il rejoint le
groupe Richemont en 1989, comme directeur
général d’Alfred Dunhill et de Montblanc en
France. De 1994 à 1997, il est nommé président
et CEO de Montblanc aux États-Unis, puis il
émigre vers Londres au siège d’Alfred Dunhill
en tant que directeur international du marketing. Mais c’est en 1999, qu’il est sollicité
par Cartier France, pour lequel il assume les
fonctions de directeur général à Paris, puis
président de Cartier à New-York en 2002. Il
succède finalement à Bernard Fornas à la tête
de Cartier International, au début de l’année
2013. «L’influence est aussi omniprésente que difficile à cerner.
Je pense que l’influence, c’est avant tout vouloir convaincre
en donnant envie. J’ai la chance de faire partie d’une Maison
qui donne plus qu’envie : Cartier fait rêver. Je partage avec mes
équipes cette volonté de faire rêver nos clients avec nos créa-
tuent. Or, une signature, c’est une garantie.
Le luxe a cette force de vous connecter avec
plus de sens, plus d’humanité. Il donne accès
à une forme d’éternité. Un véritable objet de
luxe est le fruit d’une activité inscrite dans le
temps, celle qu’imprime la main de l’homme.
Cette aspiration je l’avais en moi depuis longtemps : je suis né à Reims ; jeune homme, je
faisais les vendanges et c’est là que j’ai appris
que pour faire des cuvées exceptionnelles, il
faut garder le vin longtemps. C’est le secret
des grands champagnes et cela m’est resté.
L’audace est à l’origine même de l’histoire
de la Maison, et c’est une valeur à laquelle je
suis particulièrement attaché. Elle a guidé les frères Cartier
dans leur aventure, et leur ambition de conquérir le monde, et
de faire de Cartier le premier joaillier. L’audace, c’est cultiver
un certain panache. C’est ne rien s’interdire, c’est sans cesse
repousser les limites. Ouvrir de nouvelles voies, oser. Je crois
aussi fermement en la force de la générosité : le beau nous
anime, nous porte, nous pousse toujours vers de nouvelles
conquêtes. Mais le beau c’est aussi ce qui se transmet et se
partage. Nos créations sont réalisées pour être transmises.
La générosité se vit au sein même de notre Maison, dans la
transmission des savoir-faire entre les générations pour que
perdurent des gestes uniques, et rares. Aujourd’hui Cartier est
un acteur incontournable de l’horlogerie, et nos efforts reposent
clairement sur la créativité et l’innovation pour surprendre et
garantir la performance et la fiabilité. Pour cela, Cartier s’est
donné les moyens de ses ambitions en investissant largement
dans le domaine de la Haute Horlogerie. Notre Manufacture
intègre aujourd’hui tous les aspects de l’horlogerie, du dessin
de conception à l’assemblage final.
U ne gr a nde mo n t re c ’e s t
u n prol o n ge me n t d ’u ne
pe r s o n n alité , u ne œ u vre q ui
s’a pprécie avec le te mp s .
tions. C’est lorsque nous arrivons à émouvoir nos clients que
je peux, d’une certaine manière, me prévaloir d’une certaine
influence. Aujourd’hui, l’influence acquiert une ampleur
inédite, de par la dimension informationnelle et communicationnelle qui prévaut désormais dans notre monde. Cependant,
la vraie et «bonne » influence est vaste, puissante. Elle est utile,
elle apporte une vision. Ce qui me plaît et me fascine dans
les métiers du luxe, c’est justement cette volonté de toujours
avancer, de toujours progresser dans la création, pour réussir à
partager cette vision de façon pérenne. En ce sens, Cartier est
une Maison magique, capable d’émouvoir, dans la durée. Une
Maison porteuse d’une histoire, d’une mémoire, du caractère
infiniment précieux du temps qui nous est donné pour aimer,
et pour transmettre. De plus en plus, la valeur va devenir indissociable de la signature. Aujourd’hui, la plus grande partie des
pièces de joaillerie achetées ne sont pas signées, et leur valeur
n’excédera pas celle des métaux et des pierres qui les consti-
Nos clients vivent dans toutes les régions du monde. Les marchés dans lesquels ils vivent évoluent, ainsi que leurs habitudes d’achat, mais nous constatons que les clients qui font
l’acquisition de pièces horlogères comprennent et apprécient le
savoir-faire intrinsèque aux créations que nous proposons. Tous
recherchent des pièces porteuses d’un message, d’une histoire,
d’une mémoire. Aujourd’hui, la mesure du temps est partout.
Tout vous donne l’heure : la télévision, le smartphone… Une
grande montre ne sert pas seulement à vous donner l’heure,
elle transcende cette fonction pratique : c’est un prolongement
d’une personnalité, une œuvre qui s’apprécie avec le temps. \
81
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Caroline Scheufele
Co-présidente et directrice artistique de Chopard
C’est en 1963 que la famille Scheufele
rachète la maison Chopard, petite manufacture horlogère située à Genève. Après
ses études, Caroline Scheufele entre dans
la compagnie et poursuit en parallèle des
études en gemmologie et design. En 1985,
elle crée et lance la première collection
de joaillerie intitulée Happy Diamonds,
inspirée de la montre du même nom. La
même année, son frère Karl-Friedrich et
elle-même sont nommés vice-présidents.
L’année 1998 marque le début du partenariat de la Maison avec le Festival de Cannes
et également leur nomination au titre de
co-présidents de Chopard. «À titre personnel,
je crois avoir une certaine forme d’influence
dans mon métier, car il est souvent arrivé
que nous mettions en avant des tendances
qui se sont confirmées par la suite. Il est avéré que la maison
Chopard a un certain ascendant dans ce milieu grâce à sa créativité. D’un point de vue plus général, selon moi, l’influence
est de donner de bons exemples, tant à la jeunesse qu’à nos
employés. Je suis une personne très positive qui voit souvent
«le verre à moitié plein » plutôt que le contraire. C’est pourquoi
je suis persuadée que si l’on croit à certains projets, ceux-ci se
réalisent. Bien sûr, il ne faut pas attendre que cela tombe du ciel,
il faut savoir les provoquer, leur insuffler une énergie positive
afin qu’ils fonctionnent, tout en allant de l’avant. À propos de
projet, j’en ai un qui me tient très à cœur : le projet Green carpet
collection : l’éthique au cœur de l’esthétique, en partenariat
avec la directrice créative d’Eco-Age, Livia Firth. Il s’agit de
bijoux fabriqués avec du «fairmined gold », autrement dit de
l’or équitable provenant de mines communautaires en Amérique du Sud, soutenues par l’ARM (Alliance for Responsable
Mining). Et j’aimerais avoir davantage d’influence, d’abord
sur les consommateurs en les incitant à acheter des produits
équitables. En effet, ceux-ci apprécient de plus en plus de savoir
comment leurs pièces sont produites. Puis dans un second temps,
je souhaiterais qu’il y ait plus de mines qui passent sous le label
«durable, équitable ». Je n’ai pas envie de rester la pionnière en
la matière, mais plutôt qu’il y ait un effet boule de neige, que
ce mouvement prenne de l’ampleur, et pourquoi pas que cela
s’applique à d’autres matières premières. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler dessus (pour les pierres de couleur
notamment). C’est notre autre cheval de bataille. Ce projet
apporte une réelle valeur ajoutée au milieu
du luxe, car nous montrons ici que la notion
de luxe n’est pas incompatible avec celle de
«durable », au contraire. Il existe désormais
de très belles pièces réalisées avec de l’or
équitable. La transmission du savoir-faire
est essentielle. Je considère qu’il est très
important dans notre milieu de former de
jeunes artisans à tous les métiers existants
au sein de notre société, sinon un jour, ce
savoir sera perdu. Il faut arriver à intéresser
et passionner les jeunes générations à ces
différents métiers. Nous disposons pour cela
d’un pôle de formation en interne depuis
1994 et avons des apprentis dans chaque
département. Nous sommes une entreprise
familiale, - une des seules restantes dans
le domaine - avec une grande envergure,
tant d’un point de vue historique, qu’humain. Cette notion de
famille est vraiment essentielle chez Chopard ; d’ailleurs les
employés savent qu’ils peuvent venir nous consulter si besoin.
Lorsque nous organisons un événement quelque part dans le
monde, nous veillons toujours à ce qu’un membre de la famille
soit présent, et nous coordonnons tout nous-mêmes, afin de
créer une atmosphère chaleureuse, intimiste…familiale. Ce n’est
pas une question financière, mais plutôt de détails. J’aime que
les gens se sentent «comme à la maison »! Notre savoir-faire en
horlogerie et en joaillerie au service d’une qualité irréprochable,
notre histoire, notre tradition et notre engagement philanthropique sont également des valeurs qui nous tiennent à cœur. Ce
sont ces valeurs-là que je voudrais transmettre. Les maîtres mots
de Chopard : «passion for excellence ». Je suis confiante quant
au futur de l’industrie horlogère et joaillère. La joaillerie existe
depuis des millénaires : depuis l’Égypte ancienne, les bijoux
ont toujours été présents. C’est un thème à la fois intemporel
et actuel. Nous porterons toujours des bijoux, anthropologiquement cela fait partie de nous. Aujourd’hui, il y a toujours
des collectionneurs de montres, bien que nous ayons l’heure
sur nos téléphones. C’est pour cela que les montres Iphones ne
nous dérangent pas : c’est une autre clientèle. Au contraire, cela
pourrait élargir la diffusion de la connaissance des montres.
Il y a beaucoup de jeunes qui n’achètent pas de montres car ils
ne connaissent pas ce domaine. Grâce à la montre connectée,
ils finiront peut-être par acheter une «vraie » montre, une
montre «traditionnelle »! ». \
82
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
François-Henry Bennahmias
CEO Audemars Piguet
François-Henry Bennahmias, 50
ans, est né à Paris où il entame
une carrière de sportif professionnel. Classé 25e au championnat de France de golf, il développe un sens aigu du challenge
et de l’aventure, une insatiable
quête de l’excellence à laquelle
on reconnaît les grands champions et l’ultime perfection dans
tout métier. Il réalise rapidement
qu’il a besoin de relever de nouveaux défis, capables de canaliser
sa créativité, et choisit l’industrie du luxe. Avant d’embrasser une carrière dans la Haute
Horlogerie, il décide de fourbir
son expérience dans le secteur
du luxe en travaillant auprès
de marques telles que Giorgio
Armani, Gianfranco Ferré, Les
Copains, Reporter, Peter Hadley
et Vilebrequin. Il se lance dans
la Haute Horlogerie en entrant
chez Audemars Piguet en 1994, en France d’abord. En
moins de trois ans, il est promu à la direction des affaires
à Singapour tout en occupant des responsabilités en France,
en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Suisse, au Brunei,
en Australie et en Malaisie. Peu de temps après, on lui pro-
en mai 2012, lorsqu’il renoue
avec les responsabilités de CEO
d’Audemars Piguet.
«L’influence, c’est être capable
d’apposer son sceau sur les projets importants que l’on entreprend dans la vie. Provoquer
l’attente, répondre aux demandes
de conseil. En ai-je ? Ça dépend
sur qui! J’ai de l’influence sur ce
qui a trait à mes passions, à ce
que j’aime vraiment. Plus vous
êtes passionné par quelque chose,
plus cette passion donne de la
force à vos convictions et plus
la portée de votre influence s’en
ressent. J’espère en avoir sur mes
enfants, mes amis et mes collaborateurs, tous les gens qui
comptent. Mais ce n’est pas une
quête. Ça va avec la personne :
on en a, ou pas, dans certains
domaines, mais je ne recherche
pas l’influence. Je ne me pose aucune question à ce sujet.
À quoi la mesure-t-on ? Au résultat bien sûr! Un sourire,
un apaisement, une colère…toute conséquence illustre
parfaitement les différents degrés d’influence.
La transmission des connaissances a toujours fait partie
de ma vie, elle se pratique au quotidien. L’objectif est de
permettre aux gens de progresser, d’être mieux, de se sentir
mieux. C’est toujours au travers des actes que je transmets
mes valeurs à mon équipe, mes clients, et en les faisant vivre,
surtout. Audemars Piguet est une marque créatrice de rêves
et d’émotions : nous laissons la passion de nos collaborateurs
s’exprimer en espérant satisfaire nos fans et ceux qui le
deviendront. La liberté de création est la signature même
de notre marque, c’est dans notre ADN. Nombreux sont
ceux qui utilisent ces mots sans les faire vivre. Ces mots
sont malheureusement galvaudés de nos jours.
L’infl ue nce , c ’e s t ê t re ca pable
d ’a pp o se r s o n s ce au s ur
le s pro je t s imp or ta n t s q ue l’o n
e n t re pre nd da n s l a vie .
pose un nouveau challenge, celui de lancer la marque sur
un nouveau marché et de l’y diriger. En 1999, il accepte le
poste de Président Directeur Général d’Audemars Piguet,
Inc. (Amérique du Nord) tout en exerçant une mission de
conseil auprès du Groupe Audemars Piguet pour développer le marché sud-américain, au Mexique et aux Antilles
notamment. Une fois de plus, il relève un nouveau défi
Pour conclure, je pense que l’industrie horlogère a de nombreuses possibilités à venir, si et seulement si, elle ne s’endort
pas sur ses lauriers ». \
84
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Jean-Christophe Babin
Directeur général et administrateur délégué de Bvlgari
Titulaire d’un MBA de la HEC, JeanChristophe Babin travaille depuis 15 ans
dans le domaine de l’horlogerie de luxe.
Auparavant, il était manager pour Boston
Consulting Group, Directeur général Italie
et Vice-Président mondial de Henkel dans
les années 90. Aujourd’hui, il est le Directeur général et l’administrateur délégué
de Bvlgari.
image plutôt que de créer des tendances. Je
ne regarde pas «dans le jardin du voisin » :
chacun doit trouver son chemin plutôt que
suivre celui des autres. L’innovation est
fondamentale dans le luxe, puisque nous
parlons d’émotions, d’impulsions plus que
de produits ou de fonctionnalités. Par la
créativité nous devons étonner et créer
des «coups de cœur » qui vont rendre nos
créations irrésistibles et excitantes. En cela,
la liberté de création est centrale pour
Bvlgari. C’est le point de départ de tous les
projets et l’acte fondateur de tout succès.
«L’influence est probablement la capacité à
intéresser son environnement à un projet
et des idées, et à stimuler des débats et discussions qui vont les approfondir, puis finalement les rendre encore plus pertinentes
par rapport à des objectifs personnels ou
professionnels. Je pense avoir de l’influence,
car j’émets en général pas mal d’idées que
j’aime débattre pour en tester la valeur et éventuellement me
convaincre si elles doivent être développées ou non. Chemin
faisant elles entraînent souvent une adhésion que l’on peut
qualifier d’influence. Je pense qu’il ne faut pas en avoir trop
non plus pour laisser de l’espace d’expression et de créativité à
son entourage. Je ne la mesure pas scientifiquement car ce n’est
pas une obsession. Par contre c’est toujours satisfaisant de voir
certaines de mes idées entraîner une adhésion enthousiaste, qui
mène à des résultats positifs pour l’entreprise ou mon entourage.
L’horlogerie aujourd’hui est à la croisée des
chemins entre une tradition de plusieurs
siècles qui l’a vue évoluer très lentement
et un monde contemporain au rythme
effréné, fait de technologies de plus en plus pointues. Une
question fondamentale se pose : si l’horlogerie de luxe doit ou
peut intégrer certaines de ses technologies sans y perdre son
âme. C’est tout le débat autour des fameuses «smartwatches »
depuis qu’Apple a décidé de s’y lancer. Je pense que la Bvlgari
Magn@sium présentée à Baselworld 2015 est une première
réponse qui montre que c’est possible, voire souhaitable, à
Je défe nd s arde mme n t l a libe r té
d ’e x pre s sio n e t le droit, voire
le de voir de chaq ue c oll ab or ate ur
(… ) à d o n ne r s o n avis e t
par tage r se s idée s .
La transmission des connaissances dans le monde professionnel est plus la capacité à écouter et prendre son temps pour
expliquer le pourquoi et le comment de certaines initiatives
que des cours théoriques et doctoraux sur des thèmes un peu
ésotériques. C’est passer du temps avec certains collaborateurs,
afin qu’ils comprennent votre mode de travail, votre approche
aux problèmes et votre démarche pour les résoudre. Je crois
beaucoup au «learning/teaching by doing » américain. Je défends
ardemment la liberté d’expression et le droit, voire le devoir de
chaque collaborateur, quel que soit son niveau d’expérience, à
donner son avis et partager ses idées. Je crois au respect et à la
diversité culturelle en donnant l’exemple par des actes simples
et concrets. Je pense que mes collaborateurs me considèrent
honnête et transparent, ainsi qu’éthique et exigeant vis-à-vis
de moi-même. Je travaille avant tout pour une marque qui en
131 années s’est dotée d’un style unique, inspiré par 2700 ans
d’art et de culture romaine, et mon rôle est de renforcer cette
condition bien sûr de faire preuve de beaucoup de créativité
et de partir du consommateur de luxe et de ses besoins, et non
pas des technologies, erreur que font beaucoup de marques. Je
ne crois pas que ma présence médiatique soit indispensable,
mais souvent elle donne plus de résonance et de crédibilité
au message de la marque compte tenu de l’expérience que j’ai
pu développer dans l’industrie horlogère en 15 années. Nous
fonctionnons également beaucoup avec les médias sociaux,
comme Instagram, Facebook, des interviews one-to-one à
quatre yeux ou au téléphone, parfois des emails ». \
85
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
François-Paul Journe
Fondateur de F.P. Journe
François-Paul Journe a commencé à l’école
d’horlogerie de Marseille, alors qu’il n’avait
que 14 ans, et n’a cessé depuis ce jour de
faire des montres. Cela fait donc 44 ans.
Quelques années plus tard à Paris, il a travaillé avec son oncle, éminent restaurateur
d’horlogerie ancienne, et grâce à qui il a
découvert les plus belles créations de l’histoire, puisqu’il s’occupait, entre autres, de
la restauration des montres et pendules du
Musée des arts et métiers. Il a ensuite ouvert
son premier atelier à St-Germain-des-Prés
pour construire des montres à complication destinées aux collectionneurs. Puis il
a reçu des demandes pour la conception et
la réalisation de mouvements à complication pour des marques en Suisse. Il a alors
ouvert un premier atelier en Suisse et, en
1999, il lançait sa propre marque F.P. Journe - Invenit et Fecit
en construisant sa propre manufacture afin de demeurer indépendant. «L’influence pour moi, c’est de créer une horlogerie
authentique, unique, précieuse et innovante, et que d’autres
s’en inspirent. J’ai toujours fabriqué mes mouvements ; or il y a
vingt ans, presque toutes les marques achetaient les leurs, et je
pense que cela les a fortement influencées vers la recherche et
le développement. Je ne souhaite pas particulièrement être plus
influent, car je considère que c’est un vrai métier. Beaucoup
de nouveaux arrivés pensent au marketing et à l’argent, là je
n’ai aucune chance de les influencer. Je prends conscience de
mon influence, à l’aune de l’inspiration que j’ai provoquée :
en regardant toutes ces montres essayant de ressembler aux
miennes. Mais ce qui compte ce n’est pas l’imitation, c’est de
trouver son style. J’essaie au quotidien de transmettre mes
connaissances et mon savoir-faire. Nous avons la chance
d’être une petite manufacture dans laquelle on travaille en
respectant les traditions horlogères : un horloger par montre,
qu’il assemble de A jusqu’à Z sans aucun intervenant externe
- un privilège depuis longtemps perdu dans une horlogerie de
plus en plus industrialisée. Les horlogers savent qu’ils ont une
grande chance, puisqu’ils sont les seuls à pouvoir travailler
de cette manière aujourd’hui. Je suis proche de mes horlogers,
puisque nous sommes dans les mêmes ateliers, je peux donc
leur faire part de mes idées pour qu’ils les comprennent et que
nous puissions continuer à faire des montres rares. Je me bats
au quotidien pour défendre les valeurs fondamentales d’une
horlogerie authentique, qui perdurent
depuis plusieurs siècles, l’importance d’un
mouvement manufacture, de ne faire que
des montres précises et originales... Je rappelle ces valeurs au quotidien, tant à mes
équipes qu’à nos clients. Les valeurs d’une
horlogerie authentique me tiennent particulièrement à cœur. Je ne dirais pas que
j’impose mon style : je crée des montres
mécaniques à mon goût et les personnes
qui les aiment, les achètent. Celui-ci
évolue doucement sans que personne ne
le remarque. Nous n’avons pas de vraie
concurrence, il y a seulement des amateurs
de montres différentes. Je souhaiterais
que davantage de personnes fassent des
montres de véritable horlogerie et non
des marques industrielles employant un
marketing trichant sur la tradition. L’innovation est l’une
des composantes principales de nos montres mécaniques :
quel est l’intérêt de faire une montre si elle ressemble à toutes
les autres et si elle n’apporte pas quelque chose d’innovant à
l’édifice horloger ? J’ai la grande chance d’être indépendant,
enfin c’était un choix depuis le début en créant une manufacture aujourd’hui presque totalement verticalisée. Je crée
les montres dont j’ai envie, pour la beauté de l’art horloger,
en ne rendant des comptes qu’à mes clients. On dirait qu’il y
a un essoufflement au sein de l’industrie horlogère. En ce qui
me concerne, notre savoir-faire est tellement élevé que nous
attendons d’être rattrapés dans le domaine des montres à
Grande Sonnerie. Mais nous sommes toujours en tête depuis
presque 10 ans! Étant le fondateur de la marque, ma présence
médiatique est incontournable, mais j’essaie de plus en plus
de faire vivre la marque sans ma présence constante, et c’est
un des rôles de mes équipes. Le meilleur moyen pour moi de
communiquer avec mes clients, c’est le partage du plaisir, et
c’est pour cela que nous avons créé un réseau de boutiques où
les visiteurs ont en face d’eux des conseillers remarquables.
Nos clients préfèrent des rencontres intimistes où l’on parlera
d’horlogerie, plutôt que d’assister à une soirée fantaisie. Je
m’efforce d’être aussi proche et disponible que possible de nos
clients, et c’est ce que les équipes s’efforcent aussi de faire. Il y a
un gros travail sur l’information car encore aujourd’hui, tant
de gens ne font pas la différence entre une montre industrielle
et une montre artisanale de haute horlogerie ». \
86
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Régis Huguenin
Conservateur-directeur du Musée international
d’horlogerie (MIH)
Dès le 1er juin 2014, Régis Huguenin a pris la tête du Musée international d’horlogerie (MIH), à
La Chaux-de-Fonds, en tant
que conservateur-directeur.
Jusqu’alors responsable du patrimoine de la Manufacture JaegerLeCoultre au Sentier (Richemont),
Régis Huguenin a suivi un cursus
académique spécialisé en histoire
industrielle. Le Musée international d’horlogerie (MIH) a pour
mission de collectionner et de
conserver des objets relatifs au
temps, à sa mesure et à l’horlogerie en général. Au-delà de la collecte et de la conservation des
objets horlogers tels que les montres et les pendules, le musée
s’efforce aujourd’hui de rassembler également des archives et
des documents historiques relatifs au temps, afin de mettre en
évidence non seulement l’histoire technique, mais également
l’histoire artistique, sociale et économique de l’horlogerie.
«Avoir de l’influence, c’est être à l’écoute de son environnement
pour pouvoir le comprendre, l’appréhender et y apporter son
expertise. Ce faisant, c’est réussir à obtenir la confiance de
tiers pour qu’ils vous accompagnent avec conviction dans un
projet ou une idée. La recherche de l’influence n’est pas une
fin en soi et n’est pas non plus un but personnel. À travers
mon travail et celui de mes collaborateurs, c’est avant tout
l’influence que peut acquérir le Musée international d’horlogerie,
comme institution culturelle d’envergure internationale, qui
nous motive, et, in fine, les effets positifs que cette influence
engendre au niveau de la connaissance et de la reconnaissance
de l’horlogerie auprès du public.
l’horlogerie. Souvent considéré
comme tourné vers le passé – du
fait des collections d’objets parfois
très anciens qui m’entourent – je
travaille en réalité le regard sans
cesse tourné vers l’avenir et les
générations futures. Les valeurs
personnelles qui sont les miennes
sont naturellement fortement liées
à la culture de laquelle j’émane. Au
niveau professionnel, les valeurs
que je défends ont pour ambition
d’avoir une portée universelle susceptible de transcender les spécificités culturelles. Elles visent la
protection et la promotion de notre patrimoine. Le meilleur
vecteur de promotion de ces valeurs est la collection du musée
elle-même. Grâce au travail de promotion et de mise en valeur
du patrimoine horloger, le MIH suscite un intérêt constant en
Suisse comme à l’étranger. Il me tient à cœur de faire connaître
ces valeurs ; face aux acteurs de l’industrie horlogère qui évoluent
dans d’autres systèmes de valeurs, par exemple, les occasions
ne manquent pas de faire savoir quelles sont les nôtres. Je ne
considère pas qu’une forte médiatisation personnelle doive être
au centre d’une stratégie de développement ou de communication d’une institution. Bien sûr, comme dans toute entité, la
personnalité du directeur joue un rôle – qu’on espère positif
–, mais à elle seule elle risque de desservir son développement
à long terme. Elle est peut-être nécessaire à une marque pour
« Je t r availle le re g ard s a n s ce s se
t o ur né ve r s l’ave nir e t
le s gé né r atio n s fu t ure s ».
La transmission des connaissances, des savoirs et des savoir-faire
constitue le cœur de la mission des institutions de conservation.
Dans cette perspective, je peux dire que tout mon travail a
pour objectif fondamental de faciliter cette transmission de
connaissances de génération en génération, par l’acquisition,
la conservation, la restauration, l’étude et l’exposition d’objets
horlogers ou, plus largement, en lien avec la mesure du temps.
Pour ce faire, le Musée international d’horlogerie dispose
d’un Centre de restauration en horlogerie ancienne et d’un
Centre d’études, Institut l’Homme et le Temps, qui joue un
rôle de conservatoire de documents et d’archives relatifs à
camoufler une coquille vide, mais une telle médiatisation me
paraît d’un intérêt relativement pauvre pour le musée que je
dirige, en regard de la richesse et de l’épaisseur de l’histoire
que véhiculent ses collections. J’ai la chance de bénéficier d’un
vecteur de communication exceptionnel et spécifique que
sont nos expositions permanentes et temporaires. Davantage
qu’une campagne publicitaire, l’exposition permet d’entrer en
dialogue direct avec le public qui nous fait l’honneur de venir
à notre rencontre ». \
87
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Nicolas Courcoux
Directeur commercial Slyde
C’est au début de ses études d’économie à l’université de Fribourg que Nicolas Courcoux a
été piqué par la passion de l’horlogerie et a
commencé à créer ses propres montres qui
reflétaient son idéal horloger de l’époque : le
sur-mesure! En 2000, il a poursuivi sa carrière à travers trois expériences de fusion. La
première, chez Harry Winston Timepieces
(entre un joaillier et des horlogers créateurs),
puis en 2003 chez Hublot (entre des matériaux
visionnaires et une horlogerie de tradition)
et enfin en 2013, il a rejoint Slyde, où Alain
Nicod – le CEO – et Jorg Hysek (co-fondateur)
l’ont convaincu de leur vision : la fusion de
l’horlogerie suisse et du digital! «Selon moi,
influencer c’est générer un changement. Et notre capacité
d’influencer a deux origines : la passion de l’individu pour un
domaine d’activité et nos compétences (acquises ou innées). Si
vous avez les deux, c’est plus rapide et plus facile d’influencer.
Pour ma part, j’ai eu la chance de découvrir ma passion pour
l’horlogerie au début de mes études. Ceci m’a permis d’apprendre,
comprendre et connaître ce milieu fascinant, depuis 20 ans
maintenant. C’est ainsi que j’ai pu acquérir mon expérience
et mes compétences. Il est évident que j’aimerais avoir plus
d’influence – c’est mon égo qui parle – , mais en revanche,
pour atteindre la fierté, il faut que cette influence soit durable,
donc comprise, acceptée et communicative (transmissible).
Chez Slyde, nous avons la passion de l’horlogerie digitale de
luxe. C’est une nouvelle offre qui doit convaincre qu’il existe
une alternative à l’horlogerie traditionnelle. Nous sommes les
premiers dans ce créneau. L’influence est donc primordiale à
notre pérennité. Nous devons agir en tant que révélateur de
nouvelle(s) tendance(s) et générer la demande pour nos montres.
n’est pas encore une évidence. L’innovation
est également une valeur maîtresse, car sans
innovation, pas d’émotion, pas de rêve donc
pas de luxe, MAIS il faut impérativement
respecter notre devise : «offrir des complications horlogères exceptionnelles, sous forme
digitale, et le tout dans le plus bel habillage
Swiss Made! ».
Mes valeurs proviennent essentiellement de
l’éducation que mes parents m’ont transmise
– même si l’Amour devrait être LA valeur
universelle –, elles se résument en trois valeurs
essentielles : créativité, sans elle pas de progrès ;
opiniâtreté : je n’abandonne jamais! Plus le
défi est difficile à relever, plus le succès sera intense! Et enfin
rigueur : l’ennemi de la réussite est l’approximation. Que ce
soit dans la qualité et le détail de finition de nos montres, dans
la gestion, dans les engagements envers nos partenaires ou
dans la pertinence de nos communications. En tant que précurseurs dans l’horlogerie digitale de luxe, nous nous devons
de communiquer, expliquer, séduire, convaincre… afin que
nos montres s’imposent comme un réel besoin, voire une évidence. Nous ne sommes pas encore assez visibles, par manque
infl ue nce r c ’e s t gé né re r
u n cha n ge me n t
de concurrents et d’une prise de conscience de la branche. En
revanche, depuis l’annonce du lancement de l’Apple Watch,
c’est la «panique » pour une partie de l’horlogerie suisse. Tous
se posent la question : «quelle offre horlogère connectée vais-je
bien pouvoir proposer ? ». La première Slyde fut présentée en
2011 et elle provoqua un bouleversement pour l’establishment
horloger, dont je faisais partie. La petite route que représente
l’horlogerie digitale actuelle va devenir prochainement une
autoroute à plusieurs voies. Notamment auprès du public jeune,
peu ou pas habitué à porter des montres et qui représente la
prochaine génération de consommateurs. Ces derniers sont
adeptes de nouveautés qui se doivent d’être en adéquation
avec leur mode de vie, presque totalement digitalisé. Ceci les
conduira, dans un deuxième temps, à découvrir l’horlogerie
traditionnelle, mécanique… espérons-le! \
Nous sommes la première «manufacture digitale suisse ». En
tant que pionnier, une grande part de mon travail est dédiée
à l’explication de notre concept horloger, de notre vision et
ensuite à la formation. Jusqu’à présent, il y avait deux autoroutes
dans l’horlogerie : la première est celle de la mécanique et la
deuxième, celle du quartz. L’émergence du digital horloger crée
une nouvelle route, qui pourrait bientôt devenir une autoroute,
à son tour. Nous bouleversons la cartographie horlogère et donc
les habitudes (et dérangeons parfois). La manière d’interagir
avec une Slyde est également révolutionnaire. Tout ceci fait
que je dois pouvoir expliquer simplement quelque chose qui
88
atelier-zuppinger.ch
Ancre
Amarrage ou pièce
de haute horlogerie ?
Découvrez l’univers de l’horlogerie d’exception,
sur www.hautehorlogerie.org
Ancre | Organe, en acier ou en laiton, composant l’échappement d’une montre ou d’une
pendule. L’ancre, dont la forme rappelle celle d’une ancre de marine, a un double rôle :
d’une part transmettre la force du ressort par l’intermédiaire du rouage au balancier afin
de faire perdurer les oscillations et, d’autre part, empêcher le déroulement incontrôlé
du rouage remonté.
PARTENAIRES DE LA FONDATION | A. LANGE & SÖHNE | AUDEMARS PIGUET | BAUME & MERCIER | BOVET 1822 | CARTIER | CHANEL | CHOPARD | CHRISTOPHE CLARET
DE BETHUNE | GIRARD-PERREGAUX | GREUBEL FORSEY | HARRY WINSTON | HERMÈS | IWC | JAEGER-LECOULTRE | LOUIS VUITTON | MONTBLANC | OFFICINE PANERAI
PARMIGIANI FLEURIER | PIAGET | RALPH LAUREN | RICHARD MILLE | ROGER DUBUIS | TAG HEUER | VACHERON CONSTANTIN | VAN CLEEF & ARPELS
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Amarildo Pilo Propriétaire de Pilo & Co Genève,
David Van Heim et Louis A. Leuba. Fondateur de l’exposition SIWP
(Swiss Independent Watchmaking Pavilion)
Par contre, je me bats
de p u i s me s déb ut s
pour la différence, la
créativité et la capacité
d’innover des marques
indépendantes. C’est là
où le client trouvera
des produits exclusifs,
lo c au x , hor s é t ude
marketing ou statistiques. C’est pour cette
raison que j’ai créé
l’exposition SIWP, qui
a eu lieu pour la première fois cette année,
du 18 au 23 janvier au
Casino du Lac à Genève. Je suis convaincu
que les petites marques
doivent se mettre ensemble pour pouvoir créer des synergies et faire face aux difficultés du marché actuel. Avec
Pilo & Co, nous présentons à nos clients l’élégance et le
savoir-faire de l’horlogerie suisse. David Van Heim - qui
est une marque plutôt jeune - représente la technique
Amarildo Pilo a commencé sa carrière en
tant que distributeur
de marques su isses
dans les pays de l’Est,
et ce durant 8 ans. Et
c’est au début des années 2000 qu’il crée
sa marque Pilo & Co,
puis suivra David Van
Heim - qui verra le jour
sur le marché en 2010
- et enfin, il dépose la
marque Louis A. Leuba
en 2014. Amarildo Pilo
est également fondateur de l’exposition
SIWP - Swiss Independant Watchmaking
Pavilion. «Vous savez, mon père était diplomate : j’ai donc
tendance à associer l’influence avec la politique. Or, en
ce moment, l’influence et les choix des politiques dans le
monde sont plutôt négatifs… Avoir de l’influence en tant
qu’homme politique, cela représente le pouvoir qu’un
groupe de personnes vous donne à exercer, à changer les
choses et à appliquer la stratégie et la direction vers laquelle
le gouvernement voudrait aller.
N o t re de vise e s t le prod uit,
le prod uit e t le prod uit.
Personnellement, cela fait 24 ans que je baigne dans le
milieu de l’horlogerie et 14 ans pour mes marques propres.
Être indépendant n’est pas facile et cela demande beaucoup d’efforts. J’ai toujours essayé de faire les bons choix
et de trouver les solutions justes, en pensant toujours sur
le long terme. Avec une telle expérience et finalement un
parcours différent à beaucoup d’autres marques horlogères,
un certain respect se crée, et automatiquement vous avez
de l’influence. En même temps, je suis attentif moi-même,
à d’autres sociétés ou partenaires dans le monde horloger
et ceux-ci ont certainement une influence sur moi. Je
pense avoir de l’influence sur mes collaborateurs, puisque
j’essaie de transmettre les valeurs de nos marques et la
passion que j’ai pour l’horlogerie. J’espère que je pourrai
avoir de l’influence sur mes deux enfants et surtout leur
transmettre l’esprit de famille, l’honnêteté et le respect,
qui sont des valeurs importantes à mes yeux.
et l’innovation avec un prix abordable, et la dernière
marque, Louis A. Leuba, fondée en 1908 à Genève, est
en pleine conception pour pouvoir voir le jour à nouveau
l’année prochaine. Avec trois marques, vous pensez bien
que nous avons une liberté et des possibilités de créations
fantastiques.
Je suis connu dans le monde horloger grâce à nos marques
et créations, il est donc normal qu’une présence médiatique
personnelle soit bénéfique, car nos clients attachent une
grande importance à notre histoire, ainsi qu’au créateur
et fondateur des marques. Comme la plupart des marques
indépendantes, notre communication passe par la force
de nos créations. Notre devise est le produit, le produit
et le produit. \
90
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Jessica R. Walther
Directrice générale de DeLaneau
Jessica Walther a travaillé et a gagné
son expérience avec plusieurs marques
nationales et internationales de luxe dans
le passé. Son dernier poste en tant que
partenaire et chef de la Business Unit
de la plus grande entreprise de brand
consulting Suisse lui a enseigné cette
devise «aucun compromis n’est permis ».
sommes une famille et nous partageons
un profond respect pour l’extraordinaire
savoir-faire de nos artisans. Le respect
mutuel et l’intérêt dans les domaines
d’expertise de chacun est le fondement
de notre succès. En travaillant ensemble,
nous garantissons une expérience harmonieuse pour nos clients. Tout ce que nous
faisons est guidé par nos trois valeurs
fondamentales : inspiration, exception
et indépendance. Nous aimons raconter
des histoires inspirantes avec nos montres
et poursuivons des buts ambitieux. Nous
croyons en l’artisanat et encourageons
un esprit libre et indépendant, dans tout
ce que nous faisons. Bien sûr, chacune
de nos créations est une expression de
nos valeurs, et cela sans dire que chaque
membre de l’équipe est un ambassadeur
qui promeut et partage les valeurs communes de DeLaneau.
Nous offrons à nos clients une expérience de marque cohérente
-, de leur première visite à notre boutique, jusqu’à la réalisation
de leur pièce unique et au-delà. Nos clients vivent nos valeurs
de façon immédiate, tout au long du voyage.
«Je crois que lorsque nous faisons ce que
nous aimons dans la vie, nous avons
automatiquement une influence positive sur notre travail et ceux qui nous
entourent. Chez DeLaneau, nos artisans
vivent leurs passions, et dédient leur cœur
et leur âme à leur art, et par extension, à
nos montres. Chaque création faite sur
mesure est l’expression personnelle d’un
rêve, d’une vision unique, avec chacune
sa propre histoire qui est une source d’inspiration. Qu’y a-t-il
de plus gratifiant que de transformer le rêve d’un client en
une œuvre d’art unique ? Quant à ma position de Directrice
générale, je me vois d’abord comme une ambassadrice de DeLaneau et notre équipe extraordinaire. Pour moi, l’influence ne
peut qu’être le résultat de nos propres réalisations : je voudrais
Imposer quelque chose à quelqu’un est contraire à notre éthique :
nous sommes indépendants et notre liberté de création nous est
précieuse. Nos artisans ont maîtrisé les différentes techniques
d’émaillage, de la peinture miniature pour l’email de Genève.
Nous voulons célébrer l’émaillage dans toutes ses formes, après
tout, c’est la clé de notre signature. Nous ne cessons jamais
d’expérimenter avec l’émail, la gravure artistique et l’utilisation
de pierres précieuses exquises. Comme nous croyons en la liberté
de création, nous continuons à explorer de nouvelles possibilités
et techniques. Un exemple probant est notre montre Rondo
Champ de Tulipes, qui introduit un pointillisme impressionniste dans le cadran. Chez DeLaneau, la liberté de création est
essentielle : sans elle, nos artisans ne pourraient pas produire
de telles œuvres d’art. Je me vois comme une ambassadrice
de la marque Delaneau et une représentante de notre équipe
exceptionnelle. En transmettant nos valeurs fondamentales
et le fait-sur-mesure, je pense que je peux contribuer au succès
futur de cette marque unique. Notre entreprise est très personnelle et exclusive de nature, c’est pourquoi nous préférons
entretenir des contacts personnels ». \
Imp o se r q uel q ue cho se
à q uel qu’u n e s t c o n t r aire
à n o t re é thiq ue : n o u s s omme s
indé pe nda n t s e t n o t re
libe r té de cré atio n n o u s
e s t précie u se .
continuer à repousser nos limites. Je suis convaincue que notre
indépendance et notre amour du savoir-faire exceptionnel
continueront à nous inspirer. En 2013, notre montre Rondo
translucide Champagne a été récompensée par le Prix de la
Montre Dame au 13e Grand Prix annuel de l’horlogerie de
Genève. Ceci, bien sûr, est un grand triomphe pour DeLaneau
et un témoignage de l’art de l’émaillage lui-même. Ici, chez
DeLaneau, il est essentiel que nous ayons tous une bonne
compréhension des talents et responsabilités de chacun. Nous
91
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Fabrice Mugnier
Cofondateur de WatchPrint
Watchprint.com Sàrl a été fondée en 2001,
par deux personnes : Suzanne Wettstein,
libraire et Fabrice Mugnier, économiste
d’entreprise. Celui-ci a commencé sa
carrière dans le domaine bancaire, pour
retrouver en 1996, Suzanne Wettstein
au sein du Journal Suisse d’Horlogerie
et ainsi se lancer dans l’édition. C’est au
début des années 2000 qu’ils créent ensemble Watchprint.com, qui se consacre
uniquement à la vente de livres d’horlogerie et de bijouterie. C’est à partir
de 2008 qu’elle commence à éditer des
ouvrages pour compléter son secteur
librairie. Mais avant tout, la société organise la librairie des Salons de Bâle et
du SIHH à Genève, mais aussi du Salon QP à Londres, de
Timecrafter à New-York, de Belles Montres à Paris et de
Watches & Wonders à Hong Kong. Watchprint a également
ouvert une librairie à l’Espace Horloger de la Vallée de Joux
et cette année, au Musée d’horlogerie du Locle.
qui l’entourent. Nous avons plusieurs
projets de livres que nous souhaiterions
éditer, et qui répondraient à l’attente de
nombreux amateurs d’horlogerie. Ceuxci leur permettraient de pouvoir mieux
découvrir et apprécier les formidables
garde-temps qui se créent chaque jour.
Par ailleurs, l’un des aspects passionnants
de notre métier est de convaincre des
Maîtres Horlogers de transmettre leur
savoir-faire et de les aider à le structurer,
afin qu’il soit accessible aux autres. Il est
intéressant de constater que l’industrie
horlogère défend plusieurs valeurs qui
pourraient être universelles (qualité,
précision...), et qu’elle les a fait siennes,
pour les regrouper derrière un label appelé Swiss Made.
Celui-ci représente surtout un ensemble de valeurs typiquement suisses.
Nous aimons à penser qu’un client qui se procure l’un de nos
ouvrages s’attend à une certaine qualité, et que ceux qui nous
approchent pour développer un projet veulent bénéficier
de celle-ci. Or, partager et défendre certaines valeurs, c’est
l’essence même de l’éditeur, tout comme de diffuser celles
de nos auteurs, que nous partageons, à d’autres. Nous avons
récemment sorti un ouvrage pour collectionneurs - sur un
modèle particulier - et nous aimerions décliner ce modèle à
d’autres marques, car les retours positifs nous indiquent que
nous sommes sur la bonne voie. Nos concurrents cherchent
plutôt à satisfaire les marques qui les mandateraient pour
l’édition d’un ouvrage et oublient souvent le but, qui est de
plaire aux lecteurs plutôt qu’à la marque. Nous cherchons
à faire l’inverse.
«Avoir de l’influence pour moi, c’est pouvoir éduquer, instruire, intéresser et transmettre à nos clients les connaissances qu’ils recherchent dans un domaine particulier. En
distribuant et en éditant des livres horlogers, nous pensons
pouvoir guider nos clients - qui sont souvent aussi ceux des
marques horlogères. Nous pensons que notre influence se
« Avoir de l’infl ue nce p o ur moi,
c ’e s t p o u voir é d uq ue r , in s t ruire ,
in té re s se r e t t r a n s me t t re (… )
de s c o n n ais s a nce s »
Dans notre secteur, l’innovation passe surtout par le changement de support et l’arrivée du livre électronique. Il est
important d’analyser chaque projet d’édition afin de savoir
quel support lui conviendra le plus. Mais l’innovation peut
aussi être un mode de distribution plus qualitatif, ce que
nous cherchons aussi à réaliser. Pour cela, notre présence
médiatique est importante, car en tant qu’éditeur nous
sommes effacés derrière l’auteur. Notre rôle passe souvent
inaperçu, quand bien même nous influençons beaucoup nos
auteurs et exigeons d’eux un certain niveau d’excellence ». \
situe dans la transmission du savoir horloger, par l’intermédiaire des livres que nous distribuons ou que nous éditons.
Nous proposons ces livres aussi bien auprès des jeunes horlogers qui veulent approfondir leurs connaissances techniques, qu’aux amateurs et collectionneurs qui souhaitent
parfaire leurs connaissances sur leur modèle ou marque
de prédilection. Bien entendu nous souhaiterions pouvoir
influer encore plus sur ce monde, car nous constatons que
le succès de l’horlogerie suisse provient aussi des histoires
92
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Carlos Rosillo
CEO et cofondateur de Bell&Ross
Diplômé de HEC Paris, Carlos-Antonio Rosillo commence à travailler en tant que consultant en stratégie pour le cabinet de conseil
américain Strategic Planning Associates. C’est
en 1992 que l’aventure Bell&Ross commence.
Un projet de longue date, partagé avec son ami
d’enfance et associé : Bruno Belamich. Carlos
devient alors Président Directeur Général et
cofondateur de la société. Une passion commune, celle de l’horlogerie. Un objectif, celui
de créer des montres parfaitement adaptées à
un usage professionnel. Une volonté : répondre
aux exigences militaires les plus strictes où
chaque détail a son sens, sa fonction, pour
que l’essentiel ne laisse jamais la place au superflu. L’année
1994 marque la concrétisation de ce beau projet avec la commercialisation des premiers modèles Bell&Ross. «Je pense que
les prémisses de l’influence c’est d’avoir des convictions. Chez
Bell&Ross, notre philosophie c’est l’esprit club. Nous préférons
des personnes qui font partie du club, qui partagent nos valeurs,
comprennent nos codes, notre passion. Nous n’avons pas la
vocation d’être prosélytistes envers les masses ; en revanche,
dépasse le savoir-faire de chacun. L’horlogerie
est un travail d’équipe où le designer a une
position-clé : c’est le chef d’orchestre de la
partie création. En termes de transmission de
connaissances, il y a deux niveaux. Le premier,
c’est qu’à titre d’entreprise, nous accueillons
régulièrement des stagiaires – beaucoup de
nos collaborateurs ont commencé par là et
sont devenus responsables d’un secteur par
exemple. À titre personnel, étant diplômé
de HEC, je passe pas mal de temps à faire
des conférences que ce soit dans un milieu
économique ou dans le cadre de HEC, dans
la major du luxe notamment. Je trouve que
c’est un échange intéressant, car les étudiants ont une sagacité
et un œil neuf qui nous aident à avancer. Ce qui est également
important au sein de Bell&Ross, c’est la communication à
l’interne : cela permet d’avoir une cohésion d’entreprise, ainsi
tout le monde regarde dans la même direction, pour atteindre
une vision consensuelle. Nous sommes convaincus que sans
ce partage des valeurs, l’entreprise ne peut pas grandir. On
peut avoir une bonne stratégie, mais si on ne la confronte pas
avec l’entreprise, il vaut mieux rester un simple artisan. Dans
notre entreprise, une place centrale est donnée à l’innovation.
Mon associé est le designer produit. Or le mot «design » signifie
«quelqu’un qui donne du sens aux choses, aux objets, à travers
la création ». Pour moi, la clé de la création est la différence
et la cohérence. L’innovation s’intègre dans la démarche
créative, qui vise à donner du sens aux choses. Marcel Dassault disait : «Un bel avion est un bon avion » ; chez nous, cela
pourrait se traduire par «la fonction crée la forme ». Notre
modèle iconique, la BR01, en est un parfait exemple. Jusqu’à
présent, l’industrie horlogère a connu une période bénie. Ces
trente dernières années, de nouvelles tendances très fortes
sont apparues : technologies, formes différentes, matériaux
nouveaux. Aujourd’hui, il y a un 4e intervenant : le monde
virtuel et les objets connectés. L’univers du digital change la
donne de tous les métiers. Mais, aussi pratique soit-elle, une
montre digitale, connectée, est à l’opposé de ce que peut être
une montre de luxe. La rareté, le temps et l’autonomie sont
des éléments-clés du luxe, mais incompatibles avec les objets
itech. Un dernier point, mais non des moindres : il n’y a pas de
civilisation qui n’ait eu de bijou. Or, je ne pense pas qu’un objet
pratique puisse avoir cette fonction. En cela il est important
d’avoir une stratégie économique ». \
Je pe n se q ue le s pré mis se s
de l’infl ue nce c ’e s t d ’avoir
de s c o n vic tio n s
comme nous avons des convictions, des passions, nous sommes
heureux de les partager avec une communauté de fans, avec
des gens qui s’intéressent au sujet, à notre marque. À l’origine
de notre marque, il y a une passion qui s’exprime à travers un
nom, un symbole. De la même facon que lorsque vous donnez
naissance à un enfant, vous devez choisir son nom, pour une
marque c’est la même chose. Notre logo symbolise une montre
qui est stylisée, avec un symbole qui signifie l’union des compétences entre 4 métiers : designers, ingénieurs, horlogers et
utilisateurs professionnels. Il représente nos valeurs : unir ses
forces pour une même vocation, à savoir créer des montres à
usage professionnel. C’est la deuxième fois, par exemple, que
nous collaborons avec Dassault. La première fois pour les 50 ans
du Falcone et cette fois-ci, nous allons faire la montre officielle
du Rafale. L’union des compétences est une valeur spécifique à
notre marque. Je pense que la synthèse de ces quatre savoir-faire
93
mark e t infl ue nce inde x / Horl o ge rie
Wilfred Zutter
Directeur de Incabloc
Technicien constructeur et mécanicien
de formation, Wilfred Zutter travaille
depuis 25 ans dans le domaine horloger. Il est entré chez Incabloc lors de
son rachat en 1988, puis en a repris la
direction en 1992.
prise comme la nôtre, c’est de l’ordre
du verbal ; lors d’une rencontre, d’un
rendez-vous, on essaye de défendre la
notion d’entreprise familiale, à savoir
d’investir sur le futur, contrairement
à d’autres entreprises appartenant à
des groupes financiers.
«Je ne sais pas si quelqu’un peut se targuer d’avoir une quelconque influence
sur quelque chose… L’influence pour
moi, c’est arriver à changer le cours
des choses. Je sais que je peux avoir
de l’influence sur des personnes qui
me sont proches professionnellement,
par contre sur le marché je ne pense
pas. Éventuellement sur mes clients
et fournisseurs, mais c’est une notion
difficile à mesurer. Il est clair que j’aimerais en avoir
davantage, particulièrement pour pouvoir faire passer
des messages au sein du milieu dans lequel je travaille.
J’ai transmis une grande partie de mes connaissances
à mes collaborateurs, de manière à ce qu’ils soient – en
termes de connaissances techniques – le plus autonomes
possible, afin qu’ils puissent répondre directement à nos
Nos produits sont établis depuis de
très nombreuses années, mais ils sont
purement techniques, c’est pourquoi
on a peu d’influence sur l’esthétique.
Cependant, on propose à nos clients de
faire des choses particulières, mais on
se rend vite compte qu’on est confronté
à des problèmes de coût. L’innovation
n’est pas quelque chose d’essentiel pour
nous, dans le sens où les contraintes techniques de nos
produits nous enferment, en quelque sorte, dans un moule
conventionnel, classique.
Je suis curieux de voir les développements futurs de
l’horlogerie. Par exemple, en ce qui concerne la montre
connectée, le digital, notre positionnement est simple :
nous sommes spectacteurs. Au début des années 70, il y a
eu une révolution horlogère qui a failli faire disparaître
la montre mécanique. Est-ce que nous nous retrouverons
dans le même cas de figure dans quelques années ? Je ne
sais pas, seul l’avenir nous le dira. La seule différence
aujourd’hui, c’est que la montre mécanique suisse – dont
on est acteurs – représente un pourcentage très faible, 2,5 %
du marché mondial en termes de pièces, alors est-ce que
cette nouvelle révolution digitale aura un impact sur ce
pourcentage ? Cela reste à voir…
Ce q ui e s t imp or ta n t à me s ye u x ,
c ’e s t ava n t t o u t de me t t re
e n ava n t le « s wis s ma de ».
clients ou fournisseurs. D’un point de vue externe, lorsque
j’ai l’occasion de rencontrer des clients, j’essaye dans la
mesure du possible de leur faire part des connaissances
que je maîtrise, tout en essayant de les sensibiliser au fait
que ce que l’on fabrique, c’est quelque chose d’assez particulier. Il s’agit parfois de (ré)éduquer un certain nombre
d’utilisateurs à l’horlogerie mécanique.
En termes d’image, j’essaye le plus possible d’être au contact
des clients. Travaillant depuis plus de 25 ans dans le domaine, j’ose espérer que mes connaissances techniques sont
reconnues, et que mon avis arrive à influencer certaines
décisions de mes clients. C’est important d’instaurer un
véritable dialogue avec eux, avec le marché. Mais ce qui
me tient particulièrement à cœur, c’est de faire passer ce
message auprès des grandes maisons. «Ne soyez pas hautains et méprisants envers les acteurs de la sous-traitance,
car nous sommes des acteurs qui comptent ». \
Ce qui est important à mes yeux, c’est avant tout de mettre
en avant le «swissmade », que les personnes que l’on emploie
travaillent dans des conditions «humaines », et de consacrer
du temps à la formation des jeunes, des apprentis, afin de
leur transmettre nos connaissances et nos valeurs. Le meilleur vecteur de promotion de nos valeurs pour une entre94
SIMPLY MAGIC
GRAND-CHÊNE 7-9 > CH-1002 LAUSANNE
T. +41 21 331 31 31 > F. +41 21 323 25 71
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CULTURE ( S ) / INVITé
L’économie entre
rupture
et continuité
Entretien avec Guy Sorman
Guy Sorman
96
CULTURE ( S ) / INVITé
On ne présente plus Guy Sorman. Ancien de l’ENA, il
délaisse la fonction publique pour l’écriture (il a déjà publié
une trentaine d’ouvrages) et l’enseignement de l’économie et
de la philosophie politique, qu’il a professées à Sciences-Po
Paris pendant 30 ans (1970-2000), mais également comme
professeur invité à l’Université de Pékin, à l’Université
Belgrano de Buenos Aires, à l’Université catholique de
Taegu en Corée, à l’Université pontificale de Santiago du
Chili, à l’Institut Hoover, ou encore à l’Université Stanford,
Californie. Ses idées libérales sont connues et assumées,
c’est d’ailleurs son premier livre sur l’arrivée de Ronald
Reagan au pouvoir (La Révolution conservatrice américaine,
Fayard, 1983) qui l’a fait connaître du grand public. Il n’y
a donc rien d’étonnant à le retrouver aux commandes de
sa propre entreprise fondée en 1975 : les éditions Sorman,
qui publient pas moins de 20 hebdomadaires et mensuels
d’information administrative, juridique, économique.
Il est aussi un homme de médias, chroniqueur pour de
nombreux journaux et magazines (Le Figaro, Wall street
journal, Chosun Ilbo, Joong-Ang Ilbo et Dong A de Corée,
L’Économiste du Maroc, La Nación d’Argentine, La Presse
de Montréal, Jornal do Commercio et O Estado du Brésil,
Fakt de Pologne, Asahi Shinbun et Chuo Kuron du Japon,
ABC d’Espagne ou encore l’Hebdo, chez nous, dont il est
aussi éditorialiste) et président du groupe de presse FranceAmérique, basé à New-York et dont le magazine éponyme
fut créé en 1943 à l’initiative du général de Gaulle. Mais
Guy Sorman conserve quelque chose d’inclassable en rapport avec son réalisme et sa capacité de s’immerger dans
les cultures étrangères, dont il parle en connaissance de
cause et même de langue (comme le japonais). Pour market
il a bien voulu répondre aux questions d’Arnaud Dotézac à
l’occasion de la conférence qu’il a donnée, le 18 mars dernier, sur les grandes ruptures, consécutives notamment à
l’innovation. Une très belle manifestation organisée par la
banque Baring & Brothers-Sturdza, à l’initiative de Claude
Gonet, membre de la direction de celle-ci et conseiller de
sa direction générale.
cela ne fonctionnait pas davantage. Maintenant on tente
les politiques monétaires, ce qu’on appelle notamment le
quantitative easing. Nous allons découvrir que non seulement
elles n’auront pas les effets positifs escomptés, mais qu’en
outre ils pourront être négatifs et induire de nouvelles bulles
et crises financières. Donc il s’agit d’une rupture importante
dans la mesure où l’économie est devenue quasiment indépendante des politiques économiques. Il n’en demeure pas
moins que des cadres très importants doivent se maintenir
comme l’état de droit mais à la condition que le droit soit
stable et prévisible, que la justice soit indépendante, etc.
Mais cela dépasse la politique politicienne.
On peut comprendre votre constat quant aux économies
de marché de type occidental. Mais qu’en est-il des pays
émergents et en premier lieu de la Chine, à cet égard ?
La rupture est la même. Le président Xi Jinping, est en train
de constater que le modèle chinois est en fin de course. Nous
savons que la croissance chinoise était de l’ordre du rattrapage
plus que le produit d’une véritable politique économique. À
partir de 1979, Deng Xiaoping décida que les Chinois avaient
le droit de s’enrichir, de sorte que le pays s’est engagé à combler son retard, comme l’avait fait le Japon 100 ans plus tôt,
puis la Corée 50 ans plus tôt. Il n’y avait pas là d’originalité
remarquable. En fait la Chine a profité d’un effet d’aubaine.
Le droit de travailler, restitué aux Chinois dès 1979, a coïncidé avec la mondialisation et un gigantesque progrès de la
consommation, essentiellement aux États-Unis et en Europe.
L’éc o n omie chin oise
n ’e s t pa s u n modèle
La Chine a profité alors d’une ressource naturelle qui n’était
ni le gaz ni le pétrole mais son gisement extraordinaire de
main d’œuvre bon marché. Toute l’énergie de croissance s’est
donc fondée sur cette ressource, en profitant d’un marché
mondial ouvert et très demandeur. Mais aujourd’hui les
choses ont changé. Ce marché de consommation ralentit
tandis qu’on assiste à une ré-industrialisation, en particulier aux États-Unis. Du coup l’attrait de la main d’œuvre
chinoise est beaucoup moins significatif, sans compter les
concurrents comme les Philippines, le Vietnam ou d’une
certaine manière le Mexique. Ce qui est intéressant, c’est que
le gouvernement chinois prend acte de ce ralentissement
et se demande comment passer à un autre modèle, fondé
notamment sur l’innovation. C’est d’ailleurs aussi ce qu’ont
fait la Corée du Sud, Taïwan ou le Japon. Mais pour qu’il y
ait de l’innovation, il faut qu’il y ait de la liberté et comme
cet élément fait défaut, le gouvernement chinois risque de
se retrouver dans une impasse.
L’innovation crée des ruptures sociales avec des métiers
et des industries qui disparaissent. Comment s’articule
le politique à ce phénomène ?
On est en train de découvrir, sans vraiment en prendre
acte, que les gouvernements et les États n’ont plus de réelle
influence sur l’économique. Pourtant, ils continuent de
faire comme s’ils en avaient une, alors qu’on assiste objectivement à la fin du modèle des politiques économiques, dans
lequel on vivait depuis près d’un siècle. Historiquement,
sous l’influence de Keynes, on pensait pouvoir influencer
l’économie par les politiques budgétaires, on s’est aperçu
que ça ne marchait pas. Après cela on imagina d’agir sur
la croissance par les politiques fiscales, on s’est aperçu que
97
CULTURE ( S ) / INVITé
Qu’en est-il alors des autres pays émergents ?
sa part. Et le problème intrinsèque de certains pays à régime
autoritaire, comme la Chine aujourd’hui, c’est que leurs gouvernements ont horreur de la spontanéité, ils la craignent. La
contrepartie de la spontanéité, c’est la place réelle et objective
de l’innovation que l’on mesure grâce à l’indice économique,
à mon avis le plus significatif au monde, qu’est le nombre de
brevets triadiques, c’est-à-dire déposés simultanément aux
USA, au Japon et dans l’Union européenne. Que constate-t-on ?
Les États-Unis sont n°1, suivis du Japon, et de l’UE, y compris
la Suisse. Loin derrière, on trouve la Corée du Sud et encore
plus loin, la Chine. Certes, elle dépose 100 000 brevets par an,
mais il s’agit de dépôts internes, destinés à protéger le marché,
ça n’a donc pas de grande valeur comparative. La place des
États-Unis est encore plus parlante lorsqu’on découvre que sa
place de numéro 1 mondial est acquise avec seulement 5 % de
ses brevets, tous les autres étant cantonnés à une protection
nationale. C’est dire le dynamisme de l’innovation américaine.
En revanche la Belgique et la Suisse déposent 50 % de leurs
brevets à l’international, ce qui démontre que leur économie
est mondialisée.
Il y a dix ans, tout le monde parlait des pays émergents dont la
croissance coïncidait néanmoins avec une énorme bulle (gaz,
pétrole, soja au Brésil et en Argentine). Or, que constate-t-on
aujourd’hui ? Ils n’émergent pas. On pensait qu’un modèle
alternatif était possible, mais on s’est aperçu que dès que les
prix des matières premières qui dopaient cette croissance se
retournaient, ces pays ont périclité, c’est ce qu’on connaît sous le
nom de tragédie des ressources naturelles ou des biens communs.
Il y a quelque chose de très immoral dans l’économie : c’est le
temps long. Si vous n’avez pas démarré au 18e siècle, le retard
sera toujours très difficile à rattraper. La Chine partait d’un
zéro absolu et sa chance a été de s’inscrire dans un ensemble
asiatique lui permettant d’accueillir des investissements de pays
comme le Japon, très innovants et très exportateurs mais avec
des coûts de main d’œuvre élevés et une population en voie de
diminution. C’est ainsi que la Chine est devenue l’atelier du
Japon, et accessoirement de la Corée et de Taïwan. Mais c’est
un modèle qui demeure extrêmement fragile et dépendant,
même s’il a permis à la Chine de faire des progrès remarquables.
D’ailleurs, on ne peut parler de «modèle » car un modèle c’est
universel et reproductible, or le modèle chinois est très local et
non reproductible, ni dans le temps ni dans l’espace. En revanche,
l’économie de marché est bien un modèle reproductible dans
toutes les sociétés. Elle commence à Turin au 13e siècle et se
reproduit partout, jusqu’en Corée du Sud par exemple. Plutôt
qu’invoquer le modèle chinois je préfère parler d’expérience
chinoise. Elle est en toute hypothèse très intéressante, en ce
qu’elle a permis de sortir des millions de gens de la pauvreté,
mais ce n’est pas un modèle.
Cela signifie-t-il que l’innovation est consubstantielle au
modèle occidental ?
Oui, elle en est inséparable. Qu’est-ce que l’Occident ? C’est
l’esprit critique. Or, si on critique l’existant c’est bien pour
aboutir à quelque chose de mieux en remplacement. C’est cela
la fibre intime de ce qu’est l’Occident. On ne peut l’éliminer,
c’est un fait. Quelle est ensuite la conséquence de l’innovation ?
Elle transforme les métiers, les façons de penser, l’industrie,
etc. Certains disparaissent, d’autres apparaissent. Mais les
problèmes d’ajustements qui en découlent ne sont pas toujours
simples à résoudre. On dit par exemple, et de manière assez
Vous aimez rappeler qu’en économie il faut des idées ; quel
est le rôle de l’idée dans l’économie ?
l’in n ovatio n re q uie r t
u n ce r tain re t r ait de l’E tat
La croissance a deux fondements : les institutions et la spontanéité. Si vous n’avez pas d’institutions stables et prévisibles,
vous n’avez pas de développement durable. Des institutions
stables et prévisibles c’est l’état de droit, comme je le disais plus
tôt. J’ajoute que ce n’est pas nécessairement la démocratie. Le
combat pour la démocratie est un combat distinct. On entend
souvent dire qu’il ne peut pas y avoir de développement sans
démocratie et réciproquement. En réalité, le développement
et la démocratie sont deux registres différents. Même si je suis
prêt à me battre pour les deux, je constate que Singapour se
développe sans démocratie, que Taïwan et la Corée du Sud se
sont développées longtemps sans démocratie et qu’il existe une
démocratie majeure, l’Inde, qui ne s’est pas développée. Mais si
l’on arrive à joindre les deux, c’est évidemment mieux. Ensuite,
il faut de la spontanéité, c’est-à-dire qu’il faut permettre à
ceux qui ont de l’imagination de la traduire en innovation
scientifique, technique et en entreprises. Et cela suppose un
certain retrait de l’État, en tout cas une immense tolérance de
théorique, que les emplois nouveaux remplacent les anciens. Il
ne faut pas être innocent : ils ne sont pas forcément remplacés
au même endroit que l’industrie disparue ni à la même vitesse,
sans parler des nouvelles qualifications requises. Autrement
dit, remplacement ne signifie pas nécessairement substitution
et il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître. Par exemple,
j’évoquais plus tôt la ré-industrialisation qu’on voit s’établir
aux États-Unis. Elle ne signifie pas qu’on va embaucher des
ouvriers en grand nombre. Elle s’appuie en effet essentiellement
aujourd’hui sur la robotisation, en tirant parti en outre de la
baisse des coûts de l’énergie. Je pense en particulier à toutes les
perspectives de la 3D, qui s’introduit jusque dans les secteurs
de pointe comme l’aéronautique, chez Safran notamment.
Les modèles antérieurs ne peuvent plus entrer en compétition
98
CULTURE ( S ) / INVITé
avec ces systèmes de reproduction en 3D. Dans un tel schéma,
c’est l’économie d’atelier de la Chine qui risque de disparaître
sauf peut-être pour l’assemblage et le marché intérieur. Mais
sa part de marché va se réduire. Quant à l’Inde, elle ne peut
même plus emprunter la voie chinoise, c’est trop tard. On
peut dire que l’expérience chinoise est historiquement close.
Il faut distinguer entre le discours politique et le ressenti
des peuples. La classe politique est à la recherche de pouvoir et ce dernier s’obtient par le clivage, par l’opposition.
Pendant très longtemps on a fonctionné sur une opposition
du socialisme au capitalisme. Le socialisme ayant disparu
comme référence, il a fallu créer d’autres clivages, donc on a
vu remonter le patriotisme comme forme de clivage. Est-ce
ressenti par les peuples ? Ce n’est pas certain. Je ne pense pas
que la mondialisation, en tant que telle, nuise à l’ancrage, à
l’enracinement et donc à la volonté d’être patriote.
Justement, quelle est la place de l’histoire dans ce mouvement de l’économie que vous décrivez ?
Elle est vitale. Prenez la Suisse qui est leader dans de nombreux domaines dont la chimie et la pharmacie. Il faut
remonter à une histoire d’innovation et de brevets justement
pour comprendre ce leadership. Si vous vous demandez
pourquoi Bâle occupe une telle place aujourd’hui dans ce
secteur, il faut savoir qu’elle est devenue la capitale de la
teinturerie au milieu du 19e siècle et que la chimie est un
dérivé de la teinturerie. Le régime des brevets français sous
Napoléon III avait permis à la société lyonnaise Renard Frères
d’obtenir le quasi monopole sur la couleur dite Fuschine
(un rouge Magenta). Très en vogue à l’époque et très facile
à reproduire, les principaux teinturiers de France capables
de le faire, s’exilèrent dès 1862 en Suisse, qui n’introduira sa
première loi sur les brevets qu’en 1907. Ils s’installèrent plus
précisément à Bâle, en raison des grandes quantités d’eau
qui y sont disponibles. [ndlr : L’un d’eux, Alexandre Clavel
fera partie du noyau qui formera en 1884 la Gesellschaft
für Chemische Industrie in Basel (CIBA)].
Certains voient tout de même dans la mondialisation,
une entreprise d’effacement des mémoires.
Oui, il peut y avoir de cela. Mais dès que vous rentrez dans
les détails, c’est l’inverse qui se présente. Par exemple l’Internet, qui est le symbole de la mondialisation, a permis à
des familles de se reconstituer, même à des langues de se
reconstituer, dont les locuteurs étaient trop peu nombreux
et dispersés pour les faire survivre par eux-mêmes. C’est
grâce à Internet qu’ils ont réussi à se regrouper et préserver
leur héritage. Idem pour les communautés locales réunies
par les blogs, ou mieux encore, la place croissante offerte à
la vente des produits de terroirs, toujours grâce à Internet.
Au-delà d’Internet, c’est bien la mondialisation qui permet
à des produits enracinés dans l’identité de certains pays de
s’exporter comme jamais auparavant, comme les montres
suisses. Cela étant, je comprends fort bien l’attachement de
la Suisse à la spécificité de son état de droit, en particulier à
ses droits politiques et je souhaite que l’Europe s’inspire de la
Suisse. Mais j’aimerais aussi que la Suisse puisse influencer
l’Union européenne de l’intérieur, et donc qu’elle la rejoigne. \
Une autre histoire est celle des peuples. Il existe des revendications identitaires qui s’opposent au modèle américain,
comment l’économie peut traiter cela ?
99
chro niq ue / re g ard ( s )
L’art et la déraison
Elena Budnikova
déménageur ou artiste – auto-proclamé ou non
–, le coffre-fort et le frigidaire empilés n’auront
pas la même valeur, tant s’en faut.
François Besse
L’arithmétique prend parfois des chemins que
la raison ignore. Si de tout temps un et un font
deux, si, dans le domaine quantique, un et un
peuvent parfois faire cinq, il est un domaine
qui échappe à toute logique mathématique, c’est
celui de l’art contemporain. Lorsque Marcel
Duchamp monte une fourche de vélo à l’envers
sur un tabouret en bois, ou lorsque Bertrand
Lavier pose un frigidaire sur un fauteuil en
cuir, et qu’il en fait de même, pour varier les
plaisirs, avec un coffre-fort et un frigidaire, la
logique voudrait que la valeur de l’ensemble
corresponde à la somme, médiocre en l’occurrence, de la valeur de ses composants. C’est un
fait d’expérience que l’enclume que je pose par
hypothèse sur, ou dans, mon frigidaire, n’en
augmente la valeur que de celle de l’enclume.
Or, de nombreux artistes, en particulier Marcel
Duchamp et ses disciples, se sont plus particulièrement spécialisés dans les superpositions,
ou combinaisons, d’objets de la vie courante,
d’une valeur individuelle très relative, en tentant de démontrer, avec succès il est vrai, que
la valeur de l’ensemble dépasse la somme des
valeurs de chacun des objets composant cet
ensemble, au motif qu’il s’agit d’une œuvre
d’art. En d’autres termes, selon que l’on soit
10 0
Ce phénomène questionne à double titre au
moins. Sur le plan de la création de valeur, on
ne peut que s’interroger sur les obscures considérations auxquelles obéit la cote de certaines
œuvres d’art. Le phénomène pose toutefois
également une question juridique, celle de
la limite à donner à la notion d’œuvre. On
peut en effet légitimement se demander, à la
lumière des exemples évoqués plus haut, si l’on
se trouve encore dans un domaine qui peut jouir
d’une protection par le biais des législations sur
le droit d’auteur ou si, au contraire, de telles
constructions échappent à toute protection, avec
toutes les conséquences que cela peut impliquer
en termes de valorisation de telles combinaisons.
Un exemple qui a fait grand bruit dans les
milieux de l’automobile est illustré par le «travail » de Bertrand Lavier intitulé DINO. Lors
de la Foire internationale d’art contemporain
de Paris, au mois d’octobre 2013, ce dernier a
exposé une Ferrari 308 Dino accidentée, posée
sur un socle blanc. La petite histoire enseigne
que cette œuvre serait simplement née d’un
coup de volant malheureux. Le passionné de
Ferrari s’en trouve rassuré!... Pour l’amateur
d’art, cela signifie par contre qu’il n’y a que
de la matière brute, sans aucun travail – on
eût pu concevoir une manière «artistique » de
défoncer la voiture, mais ce ne fut même pas
le cas en l’occurrence.
L’histoire ne s’arrête pas là. Apparemment
fasciné par cette œuvre, un collectionneur
d’origine turque s’est offert le trophée pour un
montant de l’ordre de € 190 000.-, somme qui
est manifestement sans commune mesure avec
la valeur d’une Ferrari 308 Dino non accidentée – on en trouve à partir de € 15 000.- sur le
marché d’occasion –, sans même parler de celle
du socle. Il est piquant de relever que, interrogé
par le journal Auto Recyclage, magazine des
professionnels de l’automobile et de l’écologie,
chro niq ue / re g ard ( s )
La Ferrari 308 Dino accidentée de Bertrand Lavier
la responsable de la communication de l’auteur
a justifié le caractère artistique de l’ouvrage en
soutenant que le talent consistait à avoir posé
l’épave sur un socle et que cette performance
n’était pas à la portée de n’importe quel professionnel de l’automobile. Dont acte!...
Citant cet exemple dans son ouvrage intitulé
«L’innovation destructrice », Luc Ferry souligne
à très juste titre que l’on se trouve en présence
d’une véritable imposture et ceci pour les raisons essentielles suivantes :
- il n’y a aucune innovation véritable ;
- il n’y a aucun savoir-faire, ni métier, ni talent
d’aucune sorte ;
- il n’y a aucune considération esthétique ;
- enfin, il n’y a aucune expression de génie, «pas
le moindre embryon d’intelligence, aucune idée
même un peu plate », pour reprendre les termes
de Luc Ferry.
Il n’en demeure pas moins qu’il s’est trouvé
un acquéreur pour considérer que l’ouvrage
avait valeur d’œuvre d’art et lui fixer une première cote. Est-ce à dire que ce sont les lois du
marché qui permettent d’attribuer la qualité
d’œuvre d’art à une combinaison d’objets a
priori quelconques ?
C’est le moment de placer le débat dans le
contexte juridique. Précisons d’emblée que
le droit n’accorde aucune pertinence à la valeur esthétique, éthique ou
économique de l’œuvre. On peut donc penser tout ce que l’on veut de
la valeur esthétique d’une Ferrari cabossée sur un socle blanc : le droit
n’en a cure. En revanche, il est un critère dont le droit tient compte, c’est
celui de l’originalité, ou de l’individualité pour reprendre les termes
de certaines législations. C’est dire que, pour être qualifiée d’œuvre au
sens de la législation sur le droit d’auteur et bénéficier par conséquent
d’une protection à ce titre, la création doit être le résultat d’un art ou
d’une créativité qui dépasse la banalité. Il faut donc que l’ouvrage soit
le fruit d’une activité intellectuelle particulière, qu’il soit l’expression
d’une idée nouvelle ou la nouvelle expression d’une idée connue. Dans
cet ordre d’idée, les objets ou assemblages d’objets qui résultent d’une
simple activité manuelle non créatrice ne constituent pas des œuvres
au sens de la législation sur les droits d’auteur.
Pour reprendre l’exemple de la combinaison du réfrigérateur et du coffrefort, le déménageur qui empile ces deux objets est donc aussi artiste
que le créateur d’art qui en fait de même, ni l’un ni l’autre ne pouvant
bénéficier d’une protection particulière au titre du droit d’auteur. C’est
évidemment sans conséquence pour le déménageur, et encore! C’est sans
conséquence, à tout le moins immédiate, pour le créateur, qui aura touché
de près l’art de la transmutation en transformant, sinon en or, du moins
en monnaie sonnante et trébuchante une combinaison banale d’objets
tout aussi banaux. Ce sera beaucoup plus contrariant pour le collectionneur, le jour où, découvrant l’imposture, il réalisera que, pour la même
«œuvre », il aurait eu tout intérêt à négocier avec le déménageur plutôt
que de négocier avec l’artiste ou son agent. Quand on aime on ne compte
pas, diront certains. Plaie d’argent n’est pas mortelle diront d’autres.
L’histoire ne dit pas si le collectionneur turc qui s’est porté acquéreur
de la Ferrari 308 Dino de Bertrand Lavier jura, mais un peu tard, que
l’on ne l’y reprendrait plus. \
10 1
c ult ure ( S ) / marché de l’ar t
Envolée de la photographie
américaine :
le cas de Cindy Sherman
par artmarketinsight
Artprice .com
Cindy Shermann, Untitled Film Still #48 (1979)
10 2
c ult ure ( S ) / marché de l’ar t
Cindy Shermann, Untitled Film Still #58 (1980)
Le marché de la photographie se porte bien. Il
ne s’est même jamais si bien porté en termes
de recettes annuelles. Il s’agit pourtant d’un
marché neuf en regard des autres, séculaires,
de la peinture, de la sculpture et de l’estampe.
L’émergence de la photographie sur le marché
de l’art débute timidement dans les années 70
avec des clichés historiques en noir & blanc et
de petits formats. À l’époque déjà, la société
américaine Sotheby’s pressent le potentiel de
ce secteur et lance le premier département
photographique au niveau international (1971).
La création d’un département photographique
dans l’une des plus puissantes sociétés de ventes
du monde ne suffit pas à lancer immédiatement le marché. Il fallu amadouer les collectionneurs, les habituer à ce «nouveau » support,
et attendre quelques années de plus avant que
des enchères importantes ne soient manifestes.
Un cap est franchi dans les années 90, époque
de la première foire exclusivement dédiée à
la photographie, à savoir Paris Photo (1997) ; et époque des premiers
grands formats «tableaux » dans le paysage photographique, notamment
avec l’École de Düsseldorf. La photographie contemporaine prend alors
réellement ses marques, avec des éditions très clairement limitées qui
rassurent les amateurs.
Au même moment, de grandes photographies et de petits Untitled
Film stills («Photographie de plateau sans titre ») de la photographe
américaine Cindy Sherman commencent à passer dans les salles de
ventes new-yorkaises. Certaines se vendent autour de 10 000 $. D’autres
Il s’e s t ve nd u pl u s de 17 5 m $
de pho t o gr a phie s au x e nchè re s da n s
le mo nde e n 2 0 14 , u n chiffre
e n pro gre s sio n de +14 6 % e n 10 a n s
clichés grimpent à plus de 50 000 $... des résultats qui impressionnent
à l’époque1. Les collectionneurs montrent immédiatement leur attachement à des images bien particulières, dont Untitled Film Still #48.
10 3
c ult ure ( S ) / marché de l’ar t
Ce numéro 48 montre une jeune femme vue
de dos, une valise posée à ses pieds, attendant une voiture au détour d’un virage. Cette
image particulière, prise en 1979 lors d’un
voyage de la jeune artiste avec ses parents en
Arizona, est devenue une sorte d’icône de la
photographie contemporaine. Elle a beaucoup circulé et inspiré d’autres artistes, dont
Madonna, qui est investie dans la promotion
de l’œuvre de Cindy Sherman. Cette Untitled
Film Still #48 étant passée plusieurs fois en
salles de ventes, elle révèle l’ascension fulgurante des prix depuis les années 90 : adjugée
58 000 $ en 1996, elle cote 1,3 m$ en 20132.
Ce n’est pas tout, un format plus grand de
cette même photographie (l’artiste a produit
Cindy She rma n incar ne
l a ré u s site de l’ar t
c o n te mp or ain amé ricain
par l a pho to gr a phie . Elle
e s t l a gr a nde él ue d u
marché , l a pho t o gr a phe
l a pl u s re n table p o ur le s
s ocié té s de ve n te s
plusieurs éditions limitées pour répondre à la
demande) s’est récemment vendu 1,85 m$… 3
Il faut dire que Cindy Sherman incarne la
réussite de l’art contemporain américain par
la photographie. Elle est la grande élue du
marché, la photographe la plus rentable pour
les sociétés de ventes. La vente des ses œuvres
en 2014 a généré 18,7 m$ et l’on doit à l’artiste
le plus beau coup de marteau de l’an dernier
en photographie, grâce à la dispersion d’un lot
de 21 tirages argentiques de la fameuse série
Untitled Flim Still. L’ensemble s’est arraché
pour 5,9 m$ ... marquant un nouveau record
d’enchère pour l’artiste.
Cindy Shermann, Untitled Film Still #10 (1977)
les pastiches de tableaux anciens, etc... Au total, une dizaine de séries
photographiques et plus de trente ans de carrière. Or, dans chaque image
de chaque série, si différentes qu’elles soient, c’est toujours Cindy Sherman elle-même qui se grime. Au bout du compte, l’artiste a endossé des
centaines de rôles, qui sont autant de stéréotypes culturels et sociaux
d’époques diverses. Les collectionneurs ont suffisamment de recul pour
afficher clairement leurs préférences : peu enthousiasmés par les séries
organiques ou monstrueuses, ils privilégient les pièces «historiques »,
réalisées entre 1979 et 1989 (Untitled Film Stills et Centerfolds/Horizontals). Les œuvres plus récentes commencent à être bien connues du
grand public, grâce notamment à la rétrospective très visitée organisée
au Museum of Modern Art de New-York il y a deux ans.
Photographe la mieux célébrée et icône américaine de l’art contemporain,
Cindy Sherman a participé à hisser le marché de la photographie au
plus haut niveau de reconnaissance et de valorisation. Bonne nouvelle
pour les amateurs : s’agissant de photographie, l’artiste a décliné certains tirages en des éditions numérotées sur 35, 100 ou 150 exemplaires,
tous dûment numérotés et signés. Ces photographies référencées sont
souvent accessibles entre 1 500 et 5 000 $. On les trouve facilement en
suivant les ventes aux États-Unis (84 % du marché) et parfois en France,
en Espagne, en Italie et en Allemagne. \
L’œuvre de Cindy Sherman se découpe en
plusieurs séries : les Untitled Film Stills (années
1977-1980) qui s’inspirent des photogrammes
de films noir et blanc des années 50 ; les séries
Fairy Tales, Disasters, Horror and Surrealist
Pictures et Masks (années 80 et 90) qui jouent
sur le registre grotesque et de l’horreur, tout
en conservant une mise a distance ironique ;
1)Untitled Film Still #48, 5/10, atteint l’un des meilleurs
prix de Sherman, 58 000 $, le 19 novembre 1996 chez
Sotheby’s New-York.
2)Vente Christie’s New-York, le 12 novembre 2013,
soit 1,565 m$ frais inclus.
3)Vente Sotheby’s New-York, le 11 novembre 2014,
40,6 cm x 50,8 cm, 3/3.
10 4
15-129-CS
EXPOSE
Pawl Carbonaro, Red on Grey, 100 × 80 cm
Julian Tschollar, Knight Riders, 2014, 60 × 70 cm
Thomas Mustaki, Native, 100 × 150 cm
Tina Ausoni, Warrior – Bronze
Jacqueline Dübi, Immersion,
150 × 100 cm
KE115195035
By Sébastien Staub et Claudio Zenger
Tina Ausoni, Pawl Carbonaro, Jacqueline Dübi, Thomas Mustaki,
Julian Tschollar, Claudio Zenger et Sébastien Staub
Vernissage de l’exposition Car’Art
le jeudi 7 mai 2015 de 18h00 à 21h00
Exposition du 7 au 16 mai 2015
Lundi à vendredi de 9h00 à 19h00
Samedi de 9h00 à 17h00
Dimanche 10 mai de 13h30 à 17h30
Présence des artistes les 7 et 10 mai 2015
Car’Art Galerie d’art
Emil Frey SA, Centre Automobile Romand
Chemin de Closalet 19, 1023 Crissier, Tél. 021 631 24 11, Fax 021 631 24 14, www.emilfreycrissier.ch
c ult ure ( S ) / c ult ure ( elle )
Jean-Sébastien Bach
avant tout
Entretien avec Bernadet te ELÖD
Lutry – La 56e édition des Concerts J. S. Bach
se termine le 12 avril 2015. L’occasion pour nous
de rencontrer la directrice artistique de
l’événement, Bernadette ELÖD, et de discuter
avec elle de ce qui lui tient à cœur, de son
amour pour Bach, des grands musiciens et
d’annoncer la prochaine saison qui débutera
le 1er novembre 2015.
long de ces années. D’abord en tant que secrétaire,
puis de plus en plus, Arpàd me confiait la tâche de
la programmation, puis de l’organisation même
et après sa mort, en 1992, j’ai repris la direction
artistique des Concerts J.S. Bach de Lutry.
Vous fêtez cette année la 56 e édition des
Concerts Bach : quel est votre meilleur souvenir ?
Bernadette Elöd, pourriez-vous nous décrire votre parcours ?
Il s’agit d’une série de concerts, soit de 7 concerts
par saison allant de début novembre jusqu’en avril
de l’année suivante. Beaucoup de merveilleux
Dès mon plus jeune âge j’ai commencé la musique, c’était encore à Budapest.
Tout d’abord, le piano, puis le violon - mon instrument de prédilection - que
j’ai poursuivi à mon arrivée en Suisse. Après une scolarité à Lausanne, puis
ma maturité à Fribourg, j’ai continué le violon au Conservatoire de musique
de Lausanne (chez Arpàd Gérecz, chef de l’OCL), puis au Conservatoire de
Genève (chez Corrado Romano).
Côté privé
Un livre préféré ? Christiane Singer : Où courstu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Après l’obtention de mon diplôme, j’ai enseigné le violon, durant de nombreuses années, dans le cadre des collèges lausannois, de même qu’en Hongrie,
où j’enseigne depuis 27 ans, dans le cadre des Jeunesses musicales, spécialement
la musique de chambre. J’ai également fait partie de plusieurs orchestres :
Collegium Academicum de Genève, le Nouvel Orchestre de Montreux, et
encore de plusieurs formations. Parallèlement, pour subvenir financièrement à mes besoins, j’ai également travaillé en tant que secrétaire médicale
durant de nombreuses années en chirurgie pédiatrique, puis en médecine.
Une phrase, une citation qui vous stimule ?
«Avoir la sérénité d’accepter les choses que
je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en
connaître la différence ».
Comment vous est venue cette idée de «concerts de Bach » ?
Un personnage historique ? L’abbé Pierre.
Les Concerts J.S. Bach de Lutry ont été créés par Edgar Shann, hautboïste
réputé, et son ami Arpàd Gérecz - excellent violoniste - dès la fin des années
1960. Shann avait participé régulièrement aux semaines Bach de Ansbach,
petite ville pittoresque de la Bavière, qui voyait se réunir chaque été les
meilleurs interprètes de Bach : citons Karl Richter, Yehudi Menuhin, Aurèle
Nicolet etc. Cette expérience enthousiasmante et les solides amitiés qu’il lia
ainsi avec ses pairs, donnèrent à Shann l’idée de créer, dans ce coin de pays
où il habitait et qu’il aimait tant, dans cette église admirable de Lutry, une
série de concerts dédiés exclusivement à Jean-Sébastien Bach.
Une ville préférée ? Budapest.
Après la mort d’Edgar Shann, en tant qu’ancienne élève d’Arpàd Gérecz,
c’est tout naturellement que je me suis attachée à cette série de concerts au
10 6
Une musique préférée ? La Passion
selon St-Matthieu de J.S. Bach.
Un hôtel ? Hôtel Jungfrau Victoria à Interlaken.
Un musée ? Le Louvre.
Votre mot préféré ? Harmonie.
Votre heure préférée ? L’heure du crépuscule.
Dans une autre vie, qu’auriez-vous rêvé
de faire ? Médecin.
c ult ure ( S ) / c ult ure ( elle )
Michel Corboz et Winfried Toll, chefs de chœur
extraordinaires, qui par leur seule présence et
en un clin d’œil transforment et transmettent
aux musiciens l’essentiel de l’œuvre.
J’avoue me sentir très favorisée en repensant
à tant et tant de grands musiciens que j’ai pu
côtoyer durant toutes ces années. La liste est trop
longue pour pouvoir les énumérer ici.
Vous êtes d’origine hongroise, et êtes arrivée
en Suisse très jeune. Quel a été votre premier
regard sur ce pays et quel est-il aujourd’hui ?
Mon regard d’enfant d’alors était, dans mes
souvenirs, un peu effrayé par ce pays, dont
je ne comprenais pas la langue et qu’il fallait
découvrir petit à petit…, les gens me paraissaient
fermés, distants. Aujourd’hui, je me sens bien
dans ce magnifique pays, bien qu’il ne puisse
y avoir, je crois, jamais une totale intégration…
Qu’est-ce qui vous a marquée ?
La beauté extraordinaire des paysages, des
montagnes. Et puis… La diversité : comme il y
a plusieurs langues, il y a forcément plusieurs
cultures.
Est-ce facile d’organiser un événement culturel en Suisse ?
souvenirs m’assaillent en repensant à ces nombreuses années, mais peut-être
l’un des plus marquants était celui de la venue du violoniste Yehudi Menuhin,
une légende vivante. J’avais rêvé sa rencontre depuis ma tendre enfance!
Quand il entra dans le Temple de Lutry, on entendait presque comme le
public retenait son souffle! Et c’est bien la première fois que le public s’est
levé «avant » un concert! Tellement sa présence imposait l’admiration! Ce fut
juste une année avant sa disparition. Depuis, de très nombreuses rencontres
et des concerts extraordinaires ont suivi.
Non, rien n’est facile et il me semble que cela
devient de plus en plus difficile d’organiser
un événement, mais bien entendu ce n’est pas
qu’un problème concernant la Suisse!
Quels sont vos futurs projets ?
Alors, comme je venais de le citer, Yehudi Menuhin ; encore dans les études,
j’étais persuadée que si je pouvais toucher sa main, je jouerais mieux!
Mes futurs projets ? Ça c’est une grande question! J’ai des tas d’idées, des souhaits très chers
à mon cœur pour faire venir des artistes exceptionnels, tels que, par exemple, Menahem
Pressler, Cecilia Bartoli, William Christie avec
les Arts Florissants, Jordi Savall avec le Concert
des Nations, pour n’en citer que quelques-uns.
Je souhaiterais aussi, depuis longtemps, augmenter le nombre de nos concerts…
György Sebök, l’immense pianiste hongrois, dont j’ai eu le bonheur de
suivre des master-classes et qui est aussi venu à Lutry : c’était des leçons de
vie qu’il nous donnait. La sagesse, la paix qui émanaient de lui étaient tout
à fait exceptionnelles. Un témoin de lumière!
Il est vrai que j’ai créé les «Folles Journées J.S.
Bach de Lutry », dont nous avons eu déjà 3 éditions et préparons la 4e! Elles se passent sur un
week-end avec 6 concerts. \
Dans l’univers de la musique, quelles sont les personnalités qui vous ont
le plus marquée et pourquoi ?
10 7
hé d o nisme ( S ) / age nda
Hayat A. M.
GTG / Wilfried Hösl
Hédonisme(S)
MEDEA
Opéra, mis en scène par Christof Loy
Direction musicale : Marko Letonja
Grand Théâtre de Genève
Du 9 au 24 avril 2015
LOUNIS AÏT MENGUELLET
Chansons et poésie kabyles
Théâtre de Beausobre
Samedi 2 mai 2015
Depuis toujours, l’opéra est marqué par une profonde inclination pour les personnages extrêmes. Et s’il est une figure
de la Grèce antique réputée pour ses passions enflammées
et la violence de ses actes, c’est bien Médée, fille du roi de
Colchide et magicienne vengeresse. Un grand nombre de
compositeurs se sont intéressés à celle qui, pour se venger de
l’infidélité de son mari Jason, n’a pas hésité à assassiner ses
deux enfants et mettre le feu au temple de Junon. Parmi eux,
Luigi Cherubini compose en 1796 une œuvre sans précédent
dans l’histoire du théâtre musical français. Tirant profit des
innovations de Gluck, le compositeur italien que Beethoven
admirait tant conçoit une tragédie en musique qui déploie
toute la frénésie passionnelle et la fureur sanglante que le
mythe antique renferme. Inspirée des tragédies d’Euripide,
Sénèque et de Corneille, sa Médée a été arrangée dans une
version italienne qui fut popularisée par l’interprétation
de Maria Callas dans les années 1950. Medea promet donc
des instants musicaux d’une intensité dramatique que les
spectateurs ne sont pas prêts d’oublier.
Dépaysement musical total! Lounis Aït Menguellet vous
emmène aux confins de l’Algérie. Une voix et des sonorités
musicales inspirées et attachantes qui vous feront voyager. Plus de 40 ans de carrière ont enrichi la poésie de ce
chanteur-poète kabyle né en 1950 au cœur du Djurdjura.
Son style limpide et authentique magnifie des textes tantôt
romantiques, tantôt porteurs de grands débats, de son pays
et de son temps, qui instaurent une complicité certaine
avec le public. Une personnalité tranquille et profonde à
laquelle on s’attache immédiatement et dont les compositions parfois méditatives et abstraites émeuvent par leur
puissance poétique. Découvrez le génie imaginatif de ce
poète aux modes d’expression aussi variés que proverbes
et dictons, légendes et fables. Vous serez surpris par son
souci de la composition musicale et la qualité littéraire
de ses chansons. Un concert à la beauté particulière. En
partenariat avec l’association des Kabyles de Suisse, AKS.
Grand Théâtre de Genève
5, Place Neuve/1204 Genève
Billetterie : + 41 (0) 22 322 50 50/[email protected]
Théâtre de Beausobre
2, avenue de Vertou/1110 Morges
Billetterie : + 41 (0) 21 804 97 16/+ 41 (0) 21 804 15 90
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10 8
hé d o nisme ( S ) / age nda
BIG APPLE
Avec Marianne Basler et Christophe Malavoy
Texte : Isabelle Le Nouvel
Mise en scène : Niels Arestrup
Le Reflet, Théâtre de Vevey
Mardi 5 mai 2015
Qu’est-ce qu’aimer ? Quelle est la mesure ou la démesure de
l’amour ? Qu’est-ce aimer jusqu’au bout ? Brod et Syst – Christophe Malavoy et Marianne Basler, dirigés avec beaucoup
de délicatesse par Niels Arestrup – sont en couple. Policés et
amoureux comme on sait l’être quand tout va bien, ces deuxlà s’aiment dans une douce torpeur qui n’a plus rien à voir
avec les éclats de la passion première. Brod a annoncé une
surprise à sa compagne. Elle s’imagine qu’il a enfin organisé
le voyage à New-York qu’ils planifient depuis longtemps, mais
la vie en a décidé autrement. Une lettre du laboratoire les
rappelle à la réalité. Ainsi, chaque jour, Syst rentre du travail
et s’arrange avec le quotidien, chaque jour Brod compose avec
les circonstances. Se parler de l’essentiel, c’est précisément ce
qu’ils désirent et qu’ils évitent par des non-dits pudiques. Y
parviendront-ils à force d’amour ? Cette tragi-comédie sonde
la vérité de l’être et aborde l’amour comme un miracle du
quotidien. Big Apple est un texte sans pathos, qui sait être
drôle avec un sujet grave, et qui sait aussi décortiquer nos
travers, nos petites lâchetés et nos grands courages…
Le Reflet, Théâtre de Vevey
4, rue du Théâtre/1800 Vevey
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10 9
hé d o nisme ( S ) / age nda
RALLYE DES CAPRICES
Le premier rallye féminin en Suisse,
un caprice singulier!
Du 23 au 25 septembre 2015
Le Rallye des Caprices : un périple ou l’aventure impose
un caractère féminin. Entre monts et vallons, décrochés
et virages, tout ne devient plus que luxe, calme et volupté,
poésie et lignes épurées. La notion du temps modifie son
équilibre et se calque au mouvement du compte-tours. Le
Rallye des Caprices est le premier rallye au féminin Swissmade sur voitures de collection. Un rallye de régularité,
une épreuve TSD Rallying. L’aventure vise à faire découvrir
ici et là des recoins méconnus des cantons de Vaud, Valais
et Berne. Les participantes devront être ambassadrices
d’une élégance certaine, mais aussi de leur passion pour
les automobiles d’exception. Les automobiles éligibles
doivent être d’origine entre le début du siècle et 1985. Le
tracé quotidien ne dépasse pas 200 km par jour, afin de
profiter au maximum du décor helvétique. Le départ aura
lieu dans le bassin lémanique, le mercredi 23 septembre
2015 dans la matinée. Retour le vendredi 25 septembre
avec une soirée de clôture sur les côtes du lac Léman.
LUZ DE LUNA
Violoncelle : Gautier Capucon, piano : Jorge Viladoms
Danseurs Etoiles du Ballet de l’Opéra de Paris :
Isabelle Ciarovola et Hervé Moreau
Bâtiment des Forces Motrices
Lundi 8 juin 2015
La Fondation Crescendo con la Musica a été créée en septembre 2012, sur l’initiative de Jorge Viladoms Weber, musicien professionnel au parcours international et professeur
de piano au Conservatoire de Lausanne, en faveur d’enfants
défavorisés au Mexique - son pays d’origine - afin de leur
apporter instruments de musique, formation musicale
et autres soutiens artistiques. À l’occasion de ce premier
concert à Genève, Jorge Viladoms en contact constant
avec des élèves au Conservatoire de Lausanne, a décidé
d’étendre son action à de jeunes talentueux étudiants suisses,
au moyen de bourses offertes à leur éducation musicale.
Au programme de ce spectacle artistique et poétique des
œuvres de Arvo Pärt, Claude Debussy, Manuel M. Ponce,
Camille Saint-Saëns et Serge Rachmaninov. Ce concert
avec ses amis : le violoncelliste Gautier Capuçon - les
danseurs étoiles de l’Opéra de Paris Isabelle Ciaravola et
Hervé Moreau - sera une première à Genève, après New
York fin 2014, soutenu par la Fondation Rockfeller. Un
cocktail convivial, en soutien à la Fondation est proposé
après le concert soit à 20h30 dans l’espace magique du
BFM, en présence des 4 artistes.
Contacts : Alexandra Bonzon et Nathalie Lepoutre
+ 41 (0) 79 333 75 65, [email protected]
+ 41 (0) 79 107 16 16, [email protected]
Future Photography
WWW.FACEBOOK.COM/RALLYEDESCAPRICES
Service culturel Migros : + 41 (0) 22 319 61 11
Ville de Genève : + 41 (0) 800 418 418
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110
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rencontrer le président,
vous rencontrez
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hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure
ENCORE UN PAS.
ET UN AUTRE.
Auteur : Olivier Toublan
Éditeur : Saint-Augustin 2015
solitude qui se révèle un peu angoissante, mais qui permet de redécouvrir le monde, de se questionner sur ce qui
compte vraiment dans la vie, ce qui est superflu, ce que l’on
pourrait abandonner. Au fil des chapitres, l’auteur décrit la
beauté sauvage des paysages, les lieux visités, les rencontres,
singulières, surprenantes de ce très long périple, comme ce
Français parcourant le chemin en fauteuil roulant.
Encore un livre sur le chemin de Saint-Jacques ? Certes, mais
il y a autant d’histoires à raconter sur le Camino qu’il y a de
pèlerins. Toutes sont différentes, toutes sont passionnantes.
Celles qui sont contées dans cet ouvrage ont l’originalité
d’emmener le lecteur de Constance à Compostelle, en passant par Einsiedeln et Genève, l’Aubrac et le Midi. En tout,
quelque 3000 kilomètres de lassitude, de rencontres étonnantes, d’émerveillements, de petites misères et de longues
méditations. Il y a mille raisons de prendre le chemin de
Compostelle. Chaque pèlerin a la sienne.
Les anecdotes sont nombreuses et croustillantes. Le chemin
de Saint-Jacques, c’est souvent très beau, mais pas toujours
très agréable, écrit O. Toublan. Le fardeau du pèlerin est
parfois bien lourd, mais il faut l’assumer, le porter jusqu’à
Compostelle. Les souffrances de la route sont bien réelles :
les petits matins glauques, le soleil qui cogne, la pluie, le
plus redoutable ennemi du pèlerin, les moustiques qui vous
dévorent, les gîtes inconfortables, surpeuplés. Sans parler
des bobos. Après quelques jours de marche, les premières
ampoules surgissent, malgré les précautions prises. Il faut
percer les cloques, les panser. Mais cela ne sert à rien. La
douleur persiste. Les plaies sont à vif. Chaque pas est une
souffrance. Pourtant, le pèlerin, admirable, continue son
chemin, avec un but unique : atteindre coûte que coûte
Compostelle. Après ces quatre mois de marche, après tant
de joies, de peines, une fois de retour chez soi, que se passet-il ? Rien, répond l’auteur. On n’a plus la tête remplie que de
beaux souvenirs, d’épatantes histoires. Que reste-t-il de ces
promesses, de ces réflexions sur le monde, sur la manière
dont nous vivons notre vie, toujours trop pressés ? Rien. C’est
peut-être triste. (…) Au retour de Compostelle, on retrouve
son appartement, son travail, sa famille, ses amis, ses joies
et ses ennuis. La vie reprend son cours exactement comme
avant. Sauf qu’on se prend à regretter cette sorte de bulle
hors du temps qu’a été le pèlerinage. On se dit qu’il existe
mille chemins qui mènent à Compostelle et que nous n’en
avons parcouru qu’un seul. Le voyage n’est de loin pas fini.
«Encore un pas. Et un autre. ».
Pour l’auteur, c’était de vivre des vacances autrement, l’attrait
de la marche, un peu de tourisme hors des sentiers battus.
Pourtant, la raison d’avancer encore et toujours a rapidement évolué pour notre marcheur impénitent, remplacée
par quelque chose de plus profond : l’attirance pour cette
immense solitude qui enrobe les heures de marche, cette
tranquillité qui s’installe. (…) On se sent petit à petit comme
hors du temps, hors de ce monde qui s’agite sans cesse. Une
Journaliste, Olivier Toublan est aussi un voyageur passionné,
épris de contrées lointaines. Il a passé plus de deux ans en Asie,
pour travailler et explorer la plupart des pays de la région.
Épris de marche, il a aussi arpenté de nombreux sentiers
dans toute l’Europe. Inévitablement, ses pas devaient un jour
ou l’autre l’emmener vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
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112
hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure
LA COMMUNICATION
PROFESSIONNELLE :
LES CLÉS POUR RÉUSSIR
LA CRIMINALITÉ
EN SUISSE
Auteur : Marie-Hélène Miauton
Éditeur : Favre 2013
Auteur : Jérôme Kœchlin
Éditeur : Presses Polytechniques
et universitaires romandes 2015
Après les récents drames impliquant des récidivistes, l’émotion de la population est grande. Ces affaires très médiatisées, qui ne représentent que la pointe de l’iceberg en
matière de criminalité, bouleversent, choquent, et amènent
aussi à s’interroger sur le système judiciaire suisse. Pour la
population, le constat est quotidien : la violence augmente
dans notre pays. Certains experts rétorquent qu’il s’agit
avant tout d’un sentiment d’insécurité! Est-ce bien vrai ?
En passant en revue les différents problèmes de la justice
suisse, Marie-Hélène Miauton tente de répondre à cette
question. Elle s’intéresse notamment aux moyens alloués à
la police, à la perméabilité de nos frontières, à l’apparente
générosité de la justice envers les criminels, à l’utilité
des prisons ou encore à la place des psychiatres dans les
décisions de justice. Pour comprendre l’actualité, il faut
lire ce livre qui dresse un état des lieux, pose les bonnes
questions, répond par des faits, cerne les responsabilités
et, surtout, propose des réformes.
Dans un monde hyper-connecté, la communication est
omniprésente et nécessaire. Mais comment communiquer
de manière efficace ? Comment faire en sorte que le message
perçu par le public soit plus important que le message émis ?
Comment développer des stratégies de communication
percutantes ? Toute stratégie de communication a pour
objectif d’accroître la notoriété de ses produits ou de ses
services, ou de gérer sa réputation ; elle s’appuie pour cela
sur un leadership communicationnel, une communication
intégrée et divers outils permettant d’augmenter l’impact
et l’efficacité du message, tout particulièrement dans le
cadre d’une communication de crise. Mais comment communiquer de manière efficace ? Comment faire en sorte
que le message perçu par le public soit plus important que
le message émis ? Comment développer des stratégies de
communication percutantes ? Ce manuel pratique et captivant propose toutes les réponses à ces questions. Tout particulièrement conçu pour les étudiants en communication,
les chefs d’entreprise, les hommes politiques, les conseillers
en communication et les dirigeants confrontés aux enjeux
de la communication, il montre, sur la base de nombreux
exemples, que tout acteur public se doit, en permanence, de
savoir partager, convaincre et séduire.
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WWW.PPUR.ORG
113
hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure
« MONSIEUR MON AMOUR »
Auteur : Alexandra de Broca
Éditeur : Albin Michel
Princesse vertueuse totalement dévouée à Marie-Antoinette ou conspiratrice et séductrice aux mœurs dépravées ?
Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe,
fut en son temps l’objet des plus folles rumeurs. Au fil d’une
bouleversante correspondance imaginaire, Alexandra de
Broca, l’auteur de La Princesse effacée, se glisse dans la peau
de cette jeune aristocrate turinoise, veuve à dix-neuf ans du
descendant d’un bâtard de Louis XIV, qui lui aura fait subir
les pires affronts. Comme tant d’autres victimes expiatoires
du régime de la Terreur, cette femme fragile, attachée à la
famille royale au point de reprendre ses fonctions après la
fuite du roi, connaîtra une fin atroce. Du fond de la geôle
parisienne où elle attend son jugement, Marie-Thérèse écrit
chaque jour à Philippe d’Orléans, cousin du Roi, mais député
et proche de Robespierre. L’ennemi de Louis XVI. Dans
une longue lettre bouleversante à celui qu’elle surnomme
Monsieur mon Amour, elle évoque les souvenirs d’une époque
dévastée par la Révolution. Pourquoi la plus vertueuse des
princesses s’adresse-t-elle au plus débauché des hommes ?
Parce qu’il est son beau-frère ? Parce qu’il l’a toujours protégée ? Ou parce qu’elle l’aime secrètement depuis plus de
vingt ans ? Un huis-clos intense qui nous entraîne dans une
réflexion sur le sens de la vie, de la justice et de l’Histoire.
Passionnée par l’histoire, et tout particulièrement le XVIIIe
siècle, Alexandra de Broca est romancière (La princesse
effacée, Robert Laffont), scénariste et productrice.
PATRICK AEBISCHER
Auteur : Fabrice Delaye
Éditeur : Favre 2015
Devenu président de l’École polytechnique fédérale de
Lausanne en 2000, Patrick Aebischer l’a hissée dans le top
10 des meilleures universités scientifiques d’Europe. Les
ministres comme les patrons des plus grandes entreprises,
de Google à Samsung, y défilent pour s’en inspirer, quand
ce n’est pas pour y installer des centres de recherche comme
Logitech ou Nestlé. Comment ? Pourquoi ? Bien sûr, il y a
l’aplomb, le charme et le sens politique invraisemblable
du personnage, ainsi que le formidable réseau qu’il a su
réunir, de partenaires politiques, économiques et académiques internationaux. Mais rien n’aurait été possible
sans le contenu scientifique : il n’a jamais abandonné ses
propres recherches à la pointe des neurosciences, ce qui
lui donne la force de mener par l’exemple. Et de deviner
le futur. Au fond, ce qu’a entrepris cet humaniste, c’est
une renaissance de l’université européenne. Alors qu’il
vient d’annoncer son départ pour 2016, ce livre retrace
son parcours et ses accomplissements.
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WWW.EDITIONSFAVRE.COM
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hé d o nis me ( S ) / c oin lec t ure
ARGUMENTATION
ET DIALECTIQUE
EN ISLAM
Auteur : Abdessamad Belhaj
Éditeur : PUL 2011
Un nombre incalculable d’initiatives existe dans le monde,
sur le dialogue inter-religieux avec l’Islam. En revanche, il est
beaucoup plus rare de s’interroger sur les dialogues internes
à l’islam et ses règles argumentatives propres. L’ouvrage
d’Abdessamad Belhaj fait le point sur l’évolution historique
de la rhétorique et de la dialectique islamiques, plus particulièrement dans ses débats théologiques et normatifs. Bien
que destiné à un lectorat spécialisé, il est l’une des trop rares
synthèses disponibles en langue française sur le sujet et mérite
dès lors, d’être connu et lu par toute personne intéressée à
parfaire sa culture de l’Islam. Abdessamad Belhaj est né au
Maroc en 1974. Titulaire d’un doctorat ès lettres (islamologie) à l’Université Mohammed V (Rabat-Maroc) en 2001 et
d’un doctorat en sciences politiques et sociales à l’Université
catholique de Louvain (Belgique) en 2008, l’auteur enseigne
depuis 2005 à l’Université catholique Péter Pázmany (Hongrie).
WWW.PUL.UCLOUVAIN.BE
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hé d o nis me ( S ) / jolis fl ac o n s
8 vins espagnols
à l’honneur
La sélection de market
3.Bodegas Los Astrales
Ribera del Duero 2012
Type : Vin rouge (Tempranillo)
Ce vin a une robe pourpre intense aux reflets rubis. Le nez est
riche et complexe, évoquant à la fois le gâteau à la cerise et le
chocolat aux raisins de Corinthe. Des parfums sous-jacents de
sureau et de délicieux moka se dégagent également. Le palais
est compoté et onctueux, les tanins mœlleux, avec une explosion de fruits noirs en milieu de bouche. Un extraordinaire
équilibre entre la finesse du grain et le gras du vin, la confiture
de cerises, la compote de myrtilles et pain d’épices jusque dans
la finale inoubliable. Un vin de garde idéal, mais à déboucher
une heure avant, si consommé dans ses premières années.
4.Bodegas Condado de Haza
Esperanza 2011
Type : Vin rouge (Tempranillo)
Une robe pourpre impénétrable aux reflets noirs. Un bouquet
fruité à la fine douceur de pain d’épice, de prunes, de grains de
raisin et de poires au vin, le tout mâtiné d’un délicat parfum de
roses et de séduisantes notes pralinées en arrière-nez. Le palais
est velouté aux tanins compacts : dès le début, il séduit par sa
belle harmonie entre la personnalité du Ribera et le charme
du Tempranillo, fruits noirs et rouges, prunes à la cannelle,
sureau et mûres, tendre note de réglisse, fondant agréable
jusque dans la finale soulignée par le fruit. L’Esperanza a
été élevé en barriques pendant 18 mois. Un vin superbe de la
Ribera del Duero, berceau des vins espagnols les plus réputés.
4.
3.
1. Cérvoles Celler
Costers del Segre 2012
Type : Vin blanc
(55 % Macabeo, 45 % Chardonnay)
La robe de ce Costers del Segre est jaune lumineuse. Son
bouquet est fruité et vanillé. En bouche, il est délicat
et crémeux, avec un bel équilibre entre la fraîcheur et
l’ampleur. On distingue des notes de pêche jaune et de
poire Williams bien mûre ; tendrement crémeux et ananas prononcé jusque dans la finale. Toute la finesse du
Bourgogne en terre espagnole!
2.Michel Rolland
& Javier Galarreta
Rioja DOCa 2010
Type : Vin rouge (Tempranillo)
Au nez, des senteurs de mûres à maturité et de cerise suave.
En bouche, il glisse souplement, est velouté, les tanins sont
arrondis et bien structurés ; il se dégage des arômes de cerise
et de café torréfié jusque dans la finale, aux tonalités séveuses.
S’il est consommé jeune, il est préférable de le décanter.
1.
2.
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7.Rolland & Javier Galarreta
Verdejo Rueda 2011
Type : Vin blanc (Verdejo)
Ce Verdejo a un nez envoûtant, qui respire l’ananas frais et la
pêche blanche, mais aussi l’ombellifère et la mirabelle ; de fines
notes de vanille pour ce vin bien fruité, offrant une gamme
aromatique épatante de Chardonnay. La robe est jaune lumineux aux nuances dorées. En bouche, il coule crémeusement
et souplement ; on retrouve des arômes marqués d’ananas, de
fleur d’acacia soulignés d’une minéralité sémillante ; un jeu
plaisant entre la plénitude comme du miel et le fruité rafraîchissant évoquant le melon. En somme, un blanc gourmand
inoubliable jusqu’à la dernière goutte : un Verdejo pas comme
les autres.
7.
5.
5.Pazo de Senorans
Camino del Pelgrino Rias Baixas 2013
Type : Vin blanc (Albariño)
Ce vin frais et fruité, a la robe jaune lumineux aux reflets dorés.
Des groseilles blanches et fleurs de poirier dans un nez fruité
et séduisant, et des arômes de coing, d’ananas frais, souligné
d’une fine minéralité, qui rappelle les amandes blanches. La
bouche de pêche et de mirabelle crée une harmonie agréable
entre la fraîcheur du citron et la douceur de l’ananas. Un pur
Albariño à la fois dansant et flatteur, un vin blanc magnifique
et un vrai délice jusque dans la finale fruitée. Tout un poème
avec des fruits de mer et des plats d’été raffinés.
8.
6.
6.Baigorri Crianza
8.Abadia Retuerta SA
Rioja DOCa Bodegas 2010
Type : Vin rouge (Tempranillo)
Le Domaine Blanco VdT
Castilla y Leon 2013
Type : Vin blanc
(60 % sauvignon blanc, 40 % Verdejo)
La robe est pourpre intense avec des reflets rubis. Le nez est
complexe avec des notes de pruneau sec et de cerise à la cannelle, puis du raisin, de la poire au vin rouge et une touche
de tabac en arrière-plan. Le palais dense avec une texture
veloutée et des tanins typiques et ronds du Tempranillo. Du
jus de pruneau et une chaleur Rioja magnifique dans un
mi-parcours onctueux, et enfin des cerises au chocolat et des
poires sèches, très belle ampleur jusqu’à la dernière goutte.
Il fait un excellent vin de garde jusqu’en 2023 environ.
Une robe jaune lumineux aux reflets dorés. Le nez séduisant
est un poème, avec des fines notes de vanille, beaucoup
d’ananas, pêche et fleurs de sureau. L’attaque est onctueuse,
avec une belle harmonie entre rondeur et fraîcheur, une
saveur très ananas également au palais, avec des notes vanille
et miel. L’intensité fruitée d’un Chardonnay californien et
l’élégance d’un Sancerre : un plaisir jusqu’à la dernière goutte.
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hé d o nisme ( S ) / é pic urie n
LE coin de l’aficionado
par Axel Marguet
Le deuxième module sera produit par Ramon Allones. Un
cigare relativement petit aux dimensions raisonnables. Ce
module légèrement plus gros en diamètre se rapproche de
la production limitée de 2011. Il sera vraisemblablement
disponible en boîte de 10. Nous devrions retrouver une
production de qualité à un prix généralement raisonnable.
www.lecigare.ch
Christine de Loë
Le troisième, dont le nom Maravillas évoque la perfection,
sera quant à lui produit par Hoyo de Monterrey. Pas de
concession pour cette vitole vraiment démesurée : 22 cm de
longueur, preuve du savoir-faire de la marque. Vraisemblablement l’un des plus longs cigares produits par Habanos.
Un cigare qui sera résolument doux et riche en arômes.
Concernant les nouveautés dont la production ne sera pas
limitée, nous retiendrons trois vitoles. Deux productions
de Montecristo. Le media Corona, une petite vitole proche
du No 5 de la marque, idéal comme cigare d’après-midi
ou d’apéritif. La deuxième nouveauté, commémorative,
célèbre le 80 e anniversaire de la création de la marque.
Une double bague sur une grande pièce de 16,5 cm sera
livrée dans une boîte laquée.
La Havane fait son festival
La dernière production trouve sa place dans le catalogue
de Romeo y Julieta. Une petite vitole au nom enchanteur
de Club Kings, identique en format au célèbre Mille Fleurs.
Rencontre annuelle des amateurs de cigares, le festival Habanos s’est tenu à la Havane entre le 23 et le 27 février 2015.
Pour ceux qui ne connaissent pas cet événement, il s’agit de
l’événement annuel des amateurs de cigares, organisé chaque
année durant le mois de février par Habanos. Réunissant
plus de 1200 délégués de 60 pays et plus de 200 journalistes,
l’événement est l’occasion d’échanger entre professionnels
du cigare et se veut surtout un moment opportun pour
Habanos de présenter à ses agents les nouveautés à venir.
L’événement comprend des activités organisées telles que
cocktail de bienvenue, visite des champs de Vuelta Abajo
et des principales usines, soirée de Gala ou encore concours
international du meilleur Habanosommelier.
Dans le cas où vous auriez un budget relativement extensible, vous pourriez vous laisser tenter par la nouvelle
cuvée de Gran Reserva. Pour cette édition 2015, Romeo y
Julieta produit le célèbre Wide Churchill. La production
est limitée à 5 000 boîtes. Le tabac vieilli 5 ans rendra les
fans de ce module prêts à débourser plusieurs centaines
de francs pour une boîte de 15 cigares.
Avant de se délecter de ces merveilleuses créations, pas
d’excitation ni trop d’engouement car le temps d’attente sera
long. Les vitoles présentées en février 2014 ont été mises
sur le marché au compte-goutte ces dernières semaines.
Nous avons découvert les Éditions limitées 2014 en fin
d’année et les premières nouveautés arrivent sur le marché en quantité très restreinte. En attendant, savourons
les vitoles que nous avons eu le temps de laisser vieillir
dans notre humidor et dont le temps a su développer la
plénitude des arômes.
Pour ceux qui souhaitent y participer, l’accès à ces activités
est ouvert presque à tous pour autant que votre porte-monnaie soit bien rempli.
2015, l’année des gros modules :
Pas de doute, les nouveautés 2015 font rêver les passionnés
de havane que nous sommes. Concernant les séries limitées,
trois modules bien alléchants ont été présentés.
H. Upmann présente le Magnum 56 en boîte de 25. Un très
gros module de 2,3 cm de diamètre sur 15 cm de long. Une
certaine nostalgie pour les aficionados à qui ce cigare rappellera le fameux Magnum 50 produit en édition limitée
en 2005 par la même fabrique.
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pho to GRA PHE d u mois
Gérard Krawczyk
On connait Gérard Krawczyk comme scénariste et réalisateur à succès, notamment
pour ses films Taxi, Wasabi ou Fanfan la
Tulipe, écrits et produits par Luc Besson. On
le connait moins comme photographe d’un
immense talent, dont l’œuvre a déjà été plusieurs fois exposée. La photo présentée ici est
issue d’une série entièrement prise au simple
téléphone portable, saisissant des lieux et des
situations dans des couleurs, de la lumière et
des contrastes extrêmement intenses.
L’ambiance d’une densité exceptionnelle qui
en surgit, nous fait deviner qu’au bout, il
y a eu ou il y aura le réel d’une histoire, le
scénario d’un nouveau film, dont ces photos
sont comme la matière essentielle et rare.
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Zum Wohl
Santé !
Cheers
Les Vins du Valais.
Les goûter, c’est les aimer.
lesvinsduvalais.ch