Profitez du boom à venir de la public
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Profitez du boom à venir de la public
Investir-Le Journal des Finances N°2085 21 DÉCEMBRE 2013 18 secteur Profitez du boom à venir NUMÉRIQUE Malgré la croissance de l’audience sur le Web et l’envolée des ventes en ligne, les investissements dans la publicité numérique tardent à décoller en France. Il est encore temps de prendre position. A lors que la consommation d’Internet, et le « m-commerce » d e s m é n a g e s b a i s s e (achat via les smartphones) va se d e p u i s d e u x a n s e n développer fortement. Pour l’heure, France, les ventes en ligne selon Médiamétrie, sur 42,9 millions continuent de progresser vivement d’internautes, on compte 25,1 mil(+ 14 %, à 12,3 milliards d’euros, au lions de « mobinautes » (qui surfent troisième trimestre). Selon la Fédé- sur leur smartphone). ration du e-commerce et de la vente Face à ces perspectives alléchanà distance (Fevad), les cyber-ache- tes, les marques et les distributeurs teurs devraient dépenser 10,3 mil- en ligne ne peuvent qu’augmenter liards pour Noël (14 % de plus que encore leurs investissements publil’an passé), et l’année devrait se ter- citaires. D’autant que « le Net est miner par un chiffre d’affaires supé- encore sous-investi par rapport aux rieur à 50 milliards (+ 11 %). médias traditionnels, au regard du Le marché est évidemment très temps qui lui est consacré par les disputé, avec plus de 130.000 sites consommateurs », soulignent Loïc marchands. La concurrence est Wolf et Arnaud Riverain, analystes d’autant plus vive financiers chez que « la prédomiGreensome Finance. nance du leader Pour l’heure, seuls LE NET mondial, l’américain 21 % des investisseEST SOUS-INVESTI Amazon, est moins ments publicitaires PAR RAPPORT nette qu’en Allemas’orientent en AUX MÉDIAS gne ou au RoyaumeFrance vers l’InterTRADITIONNELS, Uni », indique Marc net, contre 30 % en AU REGARD Lolivier, délégué Allemagne et 35 % DU TEMPS PASSÉ général de la Fevad. au Royaume-Uni, PAR LES De plus, le déploieselon la dernière ment de la 4G va étude du cabinet CONSOMMATEURS doper l’usage PwC pour le Syndi- « » cat des régies Internet (SRI). Le retard français est encore plus marqué sur le mobile. Si le marché de la publicité en ligne ne donne pas encore tout son potentiel, c’est en partie en raison des perturbations liées à des changements technologiques rapides, aux effets imprévisibles. Il s’avère actuellement que « les sociétés les mieux placées sont celles qui sont capables d’analyser et d’exploiter de vastes bases de données », estime Ning Godement, analyste financier chez Gilbert Dupont. Reste le risque réglementaire : les business models reposent souvent sur le recours aux cookies (petits logiciels) pour observer en temps réel les comportements de navigation des consommateurs. A cet égard, la recommandation émise mercredi par la Cnil est plutôt rassurante : le consentement implicite prévu par la Criteo, réussite française cotée… aux Etats-Unis REDACTION CORRECTION SR Renvoyé à IDÉ @ @ @@ En millions d’utilisateurs, au 2e trimestre de chaque année (Variation en %) Nasdaq à 31 $, au-dessus de la fourchette initiale de 23 à 26 $, cette société fait référence dans le domaine du ciblage publicitaire sur le Net. Grâce à l’implantation de cookies sur les ordinateurs des internautes, elle est en mesure de leur adresser des bannières choisies selon leur comportement de navigation, et ce en temps réel. L’activité est très internationale, mais avec tout de même 14 % du chiffre d’affaires en France, où se situe le centre de recherche. Criteo a été fondé à Paris, mi-2005, par trois Français, dont le patron, Jean-Baptiste Rudelle, est encore à la tête de 8,5 % du capital (après introduction). La capitalisation atteint 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), sur la base d’un cours récent de 33 $. Parmi les heureux actionnaires français figurent deux sociétés de gestion de fonds d’investissement : Idinvest Partners (19 %) et Elaia Partners (11 %). Point important : tous les salariés détiennent des actions. Lors de l’introduction, les principaux actionnaires se sont engagés à ne pas vendre de titres avant six mois (soit fin avril 2014). L’opération a (+12,6) (+13,3) 2008 2009 2010 308,1 (- 1,88) 45 Chiffre d’affaires en Mds€ (et variation en %) Nombre de sites de e-commerce 20 (+25) (+19) 37,7 (+22) 31 (+24) 25 128.000 117.500 100.400 24,3 (+15) 81.900 (+28) 47.300 2008 2009 2010 2011 2012 2013 (1er semestre) DES RATIOS DE VALORISATION RAISONNABLES 65,6 (+ 4,7) COURS AU 19-12 CAPITALISATION SOCIÉTÉ (MNÉMO) 2011 2011 Nombre d’internautes Nombre de mobinautes 143,6 (+ 6,1) 2010 (+32,1) 64.100 Chiffre d’affaires (résultat net) 271,9 (+ 0,8) 17,7 13,4 11,9 ENVOL DES REVENUS En M€ (+7,9) (+9,3) (+2,4) 10,5 39,5 36,6 33,5 32,7 Source : Fevad. CIBLAGE Introduite fin octobre au DOSSIER RÉALISÉ PAR JEAN-LUC CHAMPETIER L’UTILISATION D’INTERNET EN FRANCE SE GÉNÉRALISE LES VENTES EN LIGNE SONT EN PLEINE CROISSANCE p 18 Criteo loi doit être obtenu par affichage d’une simple bannière avertissant que la poursuite de la navigation vaut accord, et comportant un lien à suivre pour s’y opposer. Après analyse, voici notre sélection de valeurs à acheter pour miser sur le développement de la pub sur le Net. Nous vous présentons aussi Criteo, la vedette cotée au Nasdaq. 2012 2013 (9 mois) permis d’émettre des actions nouvelles pour un montant net de 268,7 millions de dollars (195 millions d’euros). Des investissements ont été engagés, par exemple pour faire face à la contestation des cookies ou pour adapter le système de ciblage aux mobiles et être capable de reconnaître les consommateurs qui passent d’un terminal à l’autre et utilisent une application téléchargée au lieu de surfer sur le Web. Les défis à relever ne manquent donc pas. Compte tenu des risques, l’action de la start-up nous paraît trop chère, à 2,6 fois le chiffre d’affaires 2013 estimé. 1000MERCIS (ALMIL) CONCOURSMANIA (ALGCM) NETBOOSTER (ALNBT) MAKAZI (EX-LEADMEDIA) (ALMKZ) 51.35 14,8 2,01 6,09 160,8 49 29,6 36,5 BNPA EN € PER 2013 (est.) 2014 (est.) 2013 (est.) 2014 (est.) 2012 2,86 0,68 0 0,33 2,92 0,78 0,1 0,17 3,21 1 0,15 0,36 17,6 19 19 35,8 16 14,8 13,4 16 ,9 1000mercis, expert en traitement BANNIÈRES Après les e-mails et SMS, le spécialiste de la communication numérique développe un nouveau canal prometteur : la bannière ciblée. Le traditionnel bandeau publicitaire permet désormais de s’adresser de façon personnalisée aux clients. Le ciblage s’opère grâce aux cookies, en observant les consommateurs qui surfent sur le Web. Le directeur général, Thibaut Munier, se dit « très heureux » d’avoir initié cette diversifi- 1000MERCIS En euros 51,35 .08 .09 .10 .11 .12 .13 cation, qui, dit-il, « se passe vraiment bien ». Il explique que des bases de données de navigation (les DMP, Data Management Platforms) sont créées pour cibler les messages. Elles servent au trading desk Matiro, acquis en juillet, pour acheter via des bourses électroniques (ad-exchange) les espaces mis aux enchères en temps réel. Les informations des DMP ne doivent pas être confondues avec les autres catégories de bases exploitées Investir-Le Journal des Finances N°2085 21 DÉCEMBRE 2013 secteur 19 de la publicité sur Internet Concoursmania, gagnant sur tous les tableaux JEUX La société se développe sur un à la publicité. Des vidéos sont diffusées en début de partie. L’annonceur paie si elles sont vues jusqu’au bout, ou plus d’un certain temps. Ce produit (baptisé « Chilican ») permet de profiter de la bascule de budgets publicitaires de la télévision vers Internet, indique le président, Julien Parrou. Concoursmania s’est aussi implanté sur Facebook en rachetant, créneau bien précis, celui des jeux promotionnels en ligne. Elle édite une trentaine de sites (Jeux.com, Concours.fr…), totalisant 15 millions de visiteurs uniques dédupliqués, pour alimenter ses propres bases de données (sans avoir à les louer) et les exploiter pour le compte des marques. C’est le secret d’une marge d’exploitation élevée, attendue autour de 20 % cette année. Sur les sites, le joueur est concentré, réceptif @@ (+5,7) (+2,8) 25,1 21,4 (+17,3) Source : Médiamétrie. (+20,9) 2012 2013 2008 2.000 2009 2.110 après une prise partielle de bénéfice à 16 € le 20 avril. Une nouvelle acquisition est recherchée et le potentiel de développement est fort à l’international (12 % des revenus seulement, à fin juin). Objectif : 18 €. En euros 16 14 12 2.305 2010 (+9) 2011 2.561 (+11) 2.700 2012 semestre) (+5) 1.398 (+4) Source : SRI/PwC. Autres médias LA PUB RESTE MIEUX ORIENTÉE SUR LE NET QUE SUR LES MÉDIAS « OFFLINE » – 4,5% +5% 2014 – 1,1% (estimation) (estimation) Autres médias 14,8 10 8 2011 2012 2013 Netbooster va se redresser dès 2014 (+6) LA CROISSANCE DU MARCHÉ EN FRANCE POURRAIT S’ACCÉLÉRER RESTRUCTURÉ Dernière agence européenne indépendante de publicité numérique, Netbooster vient encore de remporter un gros contrat face à trois géants du secteur (Publicis, WPP, Havas). Ce nouveau venu rejoindra les principaux clients (Emirates, Accor, Bouygues Telecom, T-Mobile). Parallèlement, la société s’est restructurée. Ses effectifs sont passés de 450 à 420 personnes. En France (30 % des revenus), l’activité a été concentrée sur les 90 clients les plus rentables (au lieu de 250). Objectif : redresser la marge brute d’exploitation, limitée à 9 %, contre 29 % en Allemagne (30 % des revenus également), explique le directeur financier, Vincent Added. Dans les pays nordiques, la restructuration est achevée, avec une rentabilité visée de 15 à 20 % en 2014, contre une perte cette année. Au NETBOOSTER En euros 2,01 .08 .09 .10 .11 .12 .13 Royaume-Uni (10 % des revenus), à l’équilibre, il reste à trouver de nouveaux clients. Enfin, l’activité historique de référencement sur Google, peu rentable, ne pèse plus que 27 % des revenus. NOTRE CONSEIL q ACHETER À TITRE SPÉCULATIF La valeur d’entreprise se limite à 6,6 fois le bénéfice d’exploitation 2014, estimé vers 3,6 millions après une chute à 2 millions en 2013. Objectif : 2,50 €. Source : ZenithOptimedia (Publicis). Part d’Internet Part d’Internet 23,5% 22,4% des « Big Data » par le groupe, très orienté Big Data. Les fichiers clients de certaines entreprises (par exemple Priceminister) sont hébergés au sein d’entrepôts de données dédiés. 1000mercis dispose par ailleurs d’une autre base, cette fois mutualisée. Elle contient les données louées à 80 marques, soit 35 millions de consommateurs (20 millions en France) acceptant de recevoir des publicités de « partenaires » pouvant être des concurrents. ACHETER Nous redevenons positifs, En M€ (et variation en %) 2013 (1 2013 q LES INVESTISSEMENTS PUBLICITAIRES PROGRESSENT SUR LE NET… er +3,6% GROUPE CONCOURSMANIA NOTRE CONSEIL 6 42,9 40,6 il y a un an, la société Telaxo. Elle produit des jeux adaptés au réseau social, qui ne perçoit aucune commission sur les recettes publicitaires au sein des applications. Telaxo est au huitième rang mondial des éditeurs de jeux sociaux, avec plus de 25 millions de visiteurs par mois (devant Playdom, racheté par Disney). NOTRE CONSEIL q ACHETER Nous tablons sur le maintien l’an prochain d’une marge d’exploitation de 30 %. Avec une trésorerie de 37 millions d’euros fin juin, lavaleur d’entreprise ressort à 9,2 fois le bénéfice d’exploitation 2014 estimé (+ 11 %, à 13,3 millions, après une stabilité en 2013 ). Objectif : 60 €. Makazi mise sur l’analyse des données DATA Grâce au rachat de la société Gamned! en juin, l’ex-Leadmedia se pose en concurrent de 1000mercis et permet à ses clients (Lacoste, Mondial Assitance, Casino, Orange…) d’installer chez eux un logiciel de traitement des données sur leurs clients (DMP, Data Management Platform). Lorsqu’ils surfent sur le Net, ce système permet de les identifier et d’analyser leur profil, pour décider de leur adresser ou non une publicité (bandeau), d’en fixer le prix et de personnaliser le message et le contenu du site marchand visité, explique le patron de Makazi, Stéphane Darracq. Le tout de façon quasi instantanée, MAKAZI GROUP 6 l’équilibre en 2014. La forte exposition du groupe au Brésil (de 35 à 40 % des revenus en réals) a pesé sur l’action. Mais le ralentissement y est temporaire et moins prononcé pour la publicité numérique, assure la société. 5 NOTRE CONSEIL En euros 8 6,09 7 4 q ACHETER À TITRE SPÉCULATIF 2011 2012 2013 grâce à un trading desk, courtier connecté aux bourses de mise aux enchères en temps réel d’espaces publicitaires. Cela a nécessité des investissements, mais Gamned! vise Le cours ne dépasse toujours pas son prix d’introduction (7 €, mi-2011). La valeur d’entreprise correspond à 9,5 fois le bénéfice d’exploitation, qui devrait doubler, à 3,2 millions d’euros, en 2014. Objectif 8 €.