Hors série Natura 2000 N°3 - Octobre 2007

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Hors série Natura 2000 N°3 - Octobre 2007
HORS SERIE - OCTOBRE 2007
Hubert DERACHE
André GUINDE
(Sous-préfet d’Aix-en-Provence)
(Président du Grand Site Sainte-Victoire,
Vice-président du Conseil général des Bouches-du-Rhône)
L’application française de la directive européenne Natura 2000 a mis
en avant le volet contractuel de cette politique de protection
dynamique de la nature. Il s’agit notamment de susciter puis
soutenir financièrement des actions réalisées par les acteurs
locaux. Et je souhaite que d’ici la fin de l’année, les premières
signatures de contrats et de conventions suivent la validation du
DOCument d’OBjectifs (DOCOB) par le préfet.
De plus, alors que sur certains sites, nous en sommes à la
phase des réalisations, il est apparu nécessaire d’associer
de nouveaux partenaires susceptibles de modifier ou adapter
certains comportements sans que cela ne revête un enjeu
économique. C’est pourquoi l’État français s’oriente vers
l’élaboration d’une charte Natura 2000 qui vise à reconnaître
l’engagement des signataires en leur attribuant le label Natura
2000.
Natura 2000 est une ambition européenne, mais pour nous, la
priorité est notre territoire. Les inventaires naturalistes ont attesté
un état de conservation des milieux et des espèces tout à fait
satisfaisant. Cela signifie que le mode de gestion de ceux qui font
la vie du site est raisonnable.
Aussi, nous considérons notre rôle d’animation du programme
Natura 2000 comme un appui aux agriculteurs, forestiers, chasseurs,
propriétaires ou autres gestionnaires qui souhaiteront monter
des dossiers afin d’élaborer des projets durables. Il s’agit tout
simplement de poursuivre dans la voie tracée ces dernières
années. Le plan de gestion cynégétique, le programme PIDAF de
gestion forestière pour la prévention des incendies, les schémas de
randonnée ou la charte escalade, les partenariats avec le Centre
régional de la propriété forestière, l’Office national des Forêts ou la
Chambre d’Agriculture, toutes ces actions préfigurent Natura 2000.
Et si on rêvait notre territoire
dans 10, 15 ou 25 ans
Olivier ROUSSET
(Directeur régional délégué de l’Environnement)
Marc VERRECCHIA
(Chargé de mission Natura 2000 - Grand Site Sainte-Victoire)
Après 4 années de travail collectif avec les acteurs de terrain, le
DOCOB est adopté. Il précise la localisation des espèces et des
habitats naturels concernés et rapporte leur état de conservation.
Les objectifs de gestion précautionneuse sont identifiés et
diverses actions pour les atteindre définies.
Je voudrais citer quelques objectifs majeurs sur lesquels nous
sommes collectivement engagés :
• Assurer l’entretien des 2 500 hectares de pelouses
et landes naturelles que leur vaste continuité rend
particulièrement remarquables. Habitats d’espèces parfois
exceptionnelles, depuis les crêtes de Sainte-Victoire elles
se fraient un chemin précaire au milieu des garrigues
jusqu’aux massifs voisins des Ubacs et de Colle Pelade.
Leur pérennité passe par une convergence financière et
technique de toutes nos activités (pastoralisme, prévention
des incendies, exploitation forestière…).
• Accompagner les chasseurs pour un retour naturel des
populations de petit gibier par une politique volontariste
de valorisation biologique et de remise en culture des
parcelles définitivement abandonnées par l’agriculture
moderne.
• Profiter de la récente recolonisation forestière de nos
massifs pour permettre, sur certains secteurs favorables,
le retour naturel d’ambiances de forêt âgée qui sont
la source d’une richesse biologique souvent méconnue
mais que l’on sait importante.
• Veiller à la santé des cours d’eau et de leur ripisylve déjà
menacée par les changements climatiques.
Tous ceux qui ont activement contribué à ce projet savent
qu’il n’est pas question de « mettre la nature sous cloche »
ni de « signer un chèque en blanc ». Tout simplement, nous
voulons éviter les aménagements aux impacts irréversibles et
prévenir les comportements destructeurs.
ro
ch
e
Le périmètre du site Natura 2000 s’inscrivait initialement dans
les massifs Ligourès, Concors, Vautubière, Artigues et SainteVictoire, sur une enveloppe globale de 29 000 hectares. Les études
naturalistes et la concertation locale ont mis en évidence la nécessité
d'ajuster ces limites, d’une part pour intégrer des espaces à enjeu
fort, d’autre part pour affiner certains contours. Cette révision devrait
accroître la superficie totale de 3 500
hectares.
Comme pour tous les sites Natura 2000,
une évaluation sera conduite tous les
6 ans : il s’agira alors d’apprécier comment
aura évolué l’ensemble des richesses
naturelles d’importance communautaire
du site. Cela signifie que, même si des
précautions strictes doivent être prises
sur des zones bien délimitées et pour
des espèces très spécifiques, les
activités ne seront en aucun
cas figées. Il est ainsi tout à
fait possible de concilier le
site classé, la conduite de
travaux et la réalisation
des objectifs du DOCOB.
Les objectifs et mesures
de gestion, formalisés
dans le DOCOB,
vont favoriser la
préservation
des
espèces et habitats
remarquables de ce
territoire de façon
complémentaire
au classement
du Grand Site
Sainte Victoire.
ti
on
M
le
co
de
« Après l’adoption par le comité de pilotage du DOCument
d’OBjectifs et son approbation par le Préfet,
les contrats Natura 2000 sont opérationnels ».
ans nos régions méditerranéennes, depuis des millénaires, l’agriculture, la gestion forestière et le pastoralisme ont marqué le paysage rural. L’apogée des
activités humaines se situe au milieu du XIXe siècle, avec l’exploitation maximale des terres cultivables et la forte présence des troupeaux. Puis, peu à peu,
avec l’exode rural, les activités économiques et sociales traditionnelles diminuent fortement. L’habitat, les grands équipements et la fréquentation marquent de
plus en plus le paysage.
Espèces et milieux naturels sont directement influencés par ces évolutions. La forêt reconquiert l’espace abandonné. L’enjeu principal de la conservation
de la biodiversité, sous toutes ses formes, devient la recherche d’un équilibre dynamique entre maintien de milieux ouverts (cultures, pelouses et
garrigues naturelles), valorisation des peuplements forestiers (gestion raisonnée, îlots forestiers âgés) et protection stricte d’habitats ponctuels
de grande valeur patrimoniale (éboulis, ripisylves et zones humides, grottes et cavités).
Avec Natura 2000, les pouvoirs publics, de l’Europe à la commune, proposent aux propriétaires, publics et privés, forestiers, agriculteurs
et éleveurs, naturalistes, chasseurs et usagers, d’agir ensemble pour offrir aux générations futures une nature riche et diversifiée.
D
Les paysages hérités
Bruand ortolan
Augmenter la superficie des vieilles chênaies
Richesse
Berger et son troupeau
Dans les vieilles chênaies règne une ambiance forestière caractérisée par la
lumière diffuse à cause des frondaisons, l’humus profond du sol qui restitue
une fraîcheur et une humidité bienfaitrices, ou encore le chant des oiseaux
qui vivent dans une diversité de grands arbres. Plus discrètement, des
insectes comme le Lucane et des mammifères comme la genette
s’y abritent.
Enfin, quand les arbres atteignent l’état de sénescence,
ils remplissent les conditions propices aux mousses et
aux lichens dont on sait peu de leur capacité à s’installer.
Pour l’observer, il est envisagé de donner une dimension
expérimentale à ces îlots de maturation forestière.
Lucane Cerf
Pelouses de crêtes (plan de la Crau)
Conserver 2 500 hectares
de pelouses naturelles
et la mosaïque de garrigues
volant
Enjeu
Peu représentés en région méditerranéenne du fait de l’historique exploitation
intensive du bois, ces milieux de forêt âgée pourraient se développer en une
Chênaie (Taulisson)
dizaine de secteurs bien identifiés. Il s’agirait de convertir certains taillis en futaie
et de laisser vieillir quelques peuplements sans intervention sylvicole. Sur un potentiel évalué à 800 hectares,
l’objectif est fixé à 10 % de cette surface.
Richesse
Héritées d’une intense activité pastorale, les
pelouses de crêtes, ou pelouses à brachypode,
sont présentes sur 3 grands secteurs : du Pic
des Mouches au Concors jusqu’à la Sine, sur le
massif de Vautubières, et dans le Var à la Colle
Pelade et montagne d’Artigues. Elles constituent
l’habitat de la plus forte population de Criquets
hérissons qui touche ici à la limite occidentale de
sa répartition mondiale, mais sont aussi le refuge
de nombreuses espèces floristiques et le territoire
de chasse privilégié des rapaces.
Stade intermédiaire entre une période d’exploitation
ou d’incendie et le retour de la forêt, les garrigues
et landes sont des milieux « semi-ouverts » qui, en
mosaïque avec les pelouses et les falaises, servent
de refuge aux passereaux comme l’Alouette lulu,
le Pipit rousseline ou le Bruant ortolan reconnus
d’intérêt communautaire.
Enjeu
Ces habitats sont menacés par la colonisation forestière et ponctuellement par des aménagements.
Pour les pelouses naturelles : il s’agira d’éviter
de morceler les grandes unités existantes, et de
maintenir voire augmenter leur surface.
Au niveau des landes et garrigues : une attention
particulière portera sur les crêtes et le versant sud
de la montagne Sainte-Victoire qui sont vitaux pour
les rapaces et autres oiseaux des falaises.
Mesures
L’objectif prioritaire vise à maintenir et développer l’activité pastorale en aidant l’éleveur à
lutter contre l’embroussaillement, et à améliorer
ses conditions de travail (gardiennage, points
d’eau, parcs…). Le contrat devrait comporter un
plan de gestion pastorale qui fixe les périodes
de pâturage, la rotation des parcours, la charge
en animaux…
Des actions complémentaires de débroussaillement mécanique, de brûlage dirigé, d’arrachage
du buis, de débroussaillement intensif des
corridors écologiques et d’îlots de pelouses très riches seront soutenues.
Mesures
Dans les secteurs économiquement rentables, des mesures financières compensatoires seront délivrées aux
propriétaires de forêts âgées qui renonceraient à les exploiter. Les propriétaires non exploitants pourront
mettre en place volontairement des réserves forestières et prétendre à une labellisation Natura 2000.
Encourager les cultures agricoles et cynégétiques
Richesse
Les parcelles, notamment quand elles sont cultivées dans le cadre d’une gestion
Pie grièche
Perdrix
raisonnée, sont des réservoirs pour de nombreux insectes. Outre leur intérêt
patrimonial, ils constituent la base d’une chaîne alimentaire dans laquelle on retrouve
des oiseaux comme la nocturne Chouette chevêche ou le polygame Bruant proyer, de discrètes chauves-souris comme
le Petit rhinolophe ou les spectaculaires rapaces parmi lesquels le Circaète Jean-le-blanc. Les éléments paysagers
qui accompagnent les espaces agricoles tels que les haies, les bosquets ou les grands arbres en limite de parcelle,
constituent des refuges biologiques. Les terres cultivées sont des milieux qui abritent le plus d'espèces végétales et
animales et dont nombre d’entre elles inféodées.
Enjeu
Du fait de la déprise agricole, les zones cultivées ne sont pas très nombreuses et occupent une faible surface sur le
site. De plus, l’évolution des pratiques, toujours plus intensives, a contribué à fortement diminuer l’intérêt biologique de
ces milieux. De ce fait, certaines populations d’oiseaux qui fréquentent ces espaces telles que la Pie-grièche écorcheur
ou la Huppe fasciée sont en nette régression.
Mesures
Dans la continuité des mesures agro-environnementales, les agriculteurs volontaires pourront bénéficier
d’un appui financier leur permettant de reconquérir certaines parcelles, de limiter l’utilisation des produits
phytosanitaires et des engrais ou d’entretenir les refuges biologiques situés sur leur exploitation.
Les sociétés de chasse seront soutenues dans leur action au profit de l’ensemble de la faune sauvage
quand d’anciennes restanques définitivement abandonnées par l’agriculture sont reconquises et
remises en culture.
Lézard ocellé
Cultures en milieu forestier (Délubre)
“ To u t n a t u r e l l e m e n t , h o r s s é r i e Na t u ra 2 0 0 0 - octo b r e 2 0 0 7 - G ra n d S i te S a i n te - V i c to i r e . ”
Les habitats ponctuels
Favoriser
la dynamique
naturelle de tous
les éboulis
Préserver la qualité des milieux aquatiques
et de leur ripisylve
Richesse
Richesse
Coulées de pierrailles dans les
vallons, les éboulis abritent des
espèces qui se sont adaptées
Éboulis du Garagaï
à cet habitat extrême, comme
la Doradille de Pétrarque qui
résiste à la chaleur en étant capable de
perdre jusqu’à 80 % de son poids en eau.
Milieux instables par définition, leur maintien
réside dans un délicat équilibre entre un trop
fort ravinement qui leur serait fatal, et une trop
grande stabilité qui les transformerait en un
milieu banal.
Enjeu
De nombreux éboulis sont très dégradés par la
descente de marcheurs qui quittent les sentiers,
balisés ou non, et coupent en ligne droite. Néanmoins,
la fréquentation est un élément de la vie de la
montagne et elle doit être prise en compte.
Il s’agit donc de satisfaire à la demande de loisir
tout en proposant des solutions d’aménagement
compatibles avec la dynamique naturelle de
l’éboulis.
f
t
Mesures
Sur les secteurs non balisés, il est
préconisé des mises en défens par
des tas de bois, murets ou tout autre
obstacle. Et lorsqu’un itinéraire de randonnée
concerne un éboulis, le cheminement devra
privilégier les bords et les parties non
actives. Les traversées seront assurées
par un aménagement spécifique qui
délimite parfaitement le passage afin
d’éviter toute divagation.
Sur des éboulis dégradés, des techniques de stabilisation qui n’entravent
pas la mobilité naturelle seront mises en
œuvre. Une évaluation de ces aménagements expérimentaux sera régulièrement
effectuée.
Anthémis
de gérard
Géranium de robert
Les zones humides composées des cours d’eau et de leur végétation riveraine
sont un réservoir biologique exceptionnel. Habitats d’espèces remarquables, elles
hébergent le Cincle plongeur, l’Agrion de Mercure, la Diane, l’Ecrevisse à pattes
blanches ou le Blageon. Chez les mammifères le discret Murin de Bechstein chasse
dans les forêts galeries. Les ripisylves abritent aussi des reptiles et des batraciens
comme la Couleuvre d’Esculape, la Rainette méridionale ou le Crapaud calamite.
Vision paradisiaque, les vasques et sources pétrifiantes localisées au niveau de
ruptures de pente de cours d’eau permettent le développement d’algues et de
mousses originales. Elles constituent des habitats rares dans nos régions.
Enjeu
Crapaud calamite
Ripisylve
Les cours d’eau sont tributaires de leur alimentation superficielle et souterraine.
L’amélioration des connaissances scientifiques sur les 7 cours d’eau présents sur
le site permettra de préciser l’état de conservation de ces milieux et des espèces
aquatiques. Au vu des usages et de leurs impacts, des mesures nouvelles
pourront être envisagées.
Du fait de l’agrandissement de champs, de leur débroussaillement intensif ou de
la réalisation de passages et aménagements, les ripisylves sont souvent détruites
ou réduites à un simple alignement d’arbres insuffisant pour leur fonctionnement
écologique complexe. Les sites spécifiques des sources pétrifiantes du vallon du
Délubre et le long du Bayon, des zones humides le long du Réal et de la Cause
aval, sont particulièrement vulnérables.
Zone humide
Mesures
En complément des études naturalistes, il convient d’assurer des actions
pérennes de protection et de surveillance de ces milieux. Les propriétaires et
les exploitants agricoles sont encouragés à mener une gestion conservatoire
en réduisant les interventions, en adaptant les pratiques d’entretien de la
végétation notamment pour empêcher l’installation d’espèces envahissantes, et
par une limitation de la fréquentation.
Dans certains secteurs, des contrats pourront financer la restauration des
peuplements dégradés : plantations, systèmes de contention en envisageant
l’utilité de mesures de protection réglementaire.
Odonate
Surveiller les grottes
et cavités favorables
aux chauves-souris
Richesse
Si certaines chauves-souris vivent dans les creux
des troncs de vieux arbres, il en est de nombreuses
plutôt cavernicoles. 12 espèces vivent dans les
forêts et les cavités de nos massifs. Toutes
sont protégées du fait de leur déclin
important ces dernières décennies.
Outre les chauves-souris, les grottes
hébergent des rapaces nocturnes
comme la Chevêche d’Athéna.
Enjeu
Ces animaux exigeants ont besoin
de la diversité des milieux pour
se développer : les grottes pour
se reproduire et hiberner, les
milieux ouverts riches en
insectes pour se nourrir,
les cavités dans les vieux
arbres pour se reposer. La
fréquentation historique
Chauve-souris
ou actuelle des grottes
pipistrelle
et cavités du territoire a
conduit à un dérangement des espèces animales
qui y vivent. Dans certains cas, la régression
des populations est préoccupante.
Mesures
d
is
ép
r
C
u fr
es
en
ne
Accenteur
alpin
Les actions prioritaires doivent
concerner les lieux déjà occupés. Leurs propriétaires
sont incités à en limiter,
voire interdire la fréquentation. Ces aménagements devront être
étudiés en concertation
avec les usagers
des sites.
“ To u t n a t u r el l e m e n t , h o r s s é r i e Nat ura 2 0 0 0 - octo b r e 2 0 0 7 - G ra n d S i te S a i n te - V i c to i r e . ”
Acteurs en mouvement
Natura 2000 est une démarche contractuelle de conservation dynamique de la nature. Les propriétaires et acteurs locaux
sont ainsi incités à conduire des actions favorables à la biodiversité du site. Leur engagement est libre et volontaire.
Le Grand Site Sainte-Victoire est chargé de l’animation de Natura 2000. Cela implique qu’il est à la disposition de tout
interlocuteur qui souhaite mener un projet conforme au DOCument d’OBjectifs. Pour le conseiller, l’aider à monter un
dossier et dans certains cas prendre en charge la conduite de travaux.
Les témoignages présentés dans cette lettre illustrent des exemples concrets d’actions.
Pour en savoir
plus
Un classeur de liaison contenant toutes les informations sur la démarche
Natura 2000 est à votre disposition
dans votre mairie.
Site internet
www.paca.ecologie.gouv
www.grandsitesaintevictoire.com
Contact
Marc VERRECCHIA au 04 42 64 60 90
Chargé de mission Natura 2000,
Grand Site Sainte-Victoire.
[email protected]
L’opérateur local
C
ette lettre d’information
est éditée par le Grand Site
Sainte-Victoire, syndicat mixte
départemental réunissant le Département
des Bouches-du- Rhône, la Communauté
du Pays d’Aix (14 communes sont
concernées) et la Région Provence Alpes
Côte d’Azur.
Le Grand Site est l’animateur Natura
2000. Il est soutenu par la Direction
Régionale de l’Environnement et la
Direction Départementale de l’Agriculture
et de la Forêt.
Le Grand Site Sainte-Victoire a pour
missions : la gestion des massifs
forestiers pour la protection contre les
incendies, la préservation des paysages
et du patrimoine naturel, culturel et
bâti, l’accueil du public et le soutien au
développement local durable.
Le territoire du Grand Site
Sainte-Victoire constitue le plus grand
ensemble boisé d’un seul tenant des
Bouches-du-Rhône et son périmètre
d’intervention couvre près de 35 000
hectares (dont 6 500 sont en site
classé). Il s’étend de la plaine
de la Durance au Nord,
à la vallée de l’Arc
au Sud, sa limite Est
jouxte le département
du Var, et à l’Ouest
une partie de
la ville d’Aix en
Provence. n
Bernard GERMAIN
Directeur du Centre Régional de
la Propriété Forestière PACA
En région méditerranéenne et
spécialement en Provence, le
rendement de la filière bois est
globalement faible. Aussi nous avons
veillé à ce que le DOCument d’OBjectifs
reste dans le cadre réglementaire
de la Loi d’orientation forestière du
9 juillet 2001 qui fixe les principes de
l’exploitation forestière et qui s’appuie
sur le schéma régional de gestion
sylvicole que nous avons rédigé.
Les mesures contractuelles, chartes
et contrats Natura 2000, intéressent
les propriétaires forestiers sensibles
à la conservation de leur patrimoine
naturel. De façon générale, on peut
espérer qu’ils seront nombreux à
souscrire à la charte Natura 2000,
qui les exonérera de la taxe foncière
sur le non bâti. Dans certains cas,
par exemple en s’engageant à ne
pas exploiter un peuplement âgé, ils
pourront bénéficier de contrats pour
compenser des pertes de revenus.
> Acteurs : propriétaires forestiers
publics et privés, ASL, Coopérative
Provence Forêt, CRPF, Office
National des Forêts, institutions
publiques…
Bruno SALLE
Berger à Vauvenargues
Sur le territoire du Grand Site, de nombreux professionnels de l’agriculture
et de l’élevage ont choisi des modes
de production de qualité. Par exemple
en n’utilisant aucun produit phytosanitaire et engrais chimique, ou en
maintenant des refuges biologiques
naturels (bosquets, haies, murets).
Nous, bergers, sommes conscients que
l’on attend beaucoup de nous. Garder
des milieux ouverts par le pâturage
comme par leur culture et ainsi limiter
l’uniformisation des paysages, c’est
évidemment très favorable pour la
faune.
Toutefois, ce type d’activités, qui
revêt un caractère d’intérêt général,
implique des contraintes qui limitent
nos revenus. Elles sont compensées
depuis des années par des formes
fluctuantes d’aides aux noms changeants, mais qu’il faut maintenir.
> Acteurs : agriculteur, éleveur,
propriétaire public ou privé bailleur
agricole…
Gilles CHEYLAN
Conservateur – Muséum d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence
Les scientifiques et naturalistes ont un
rôle essentiel à jouer pour accompagner
une revitalisation de l’espace rural qui
soit utile à la biodiversité héritée des
usages passés. Voir des oliveraies,
des champs de céréales ponctués de
bleuets, parsemés de coquelicots ou
éclairés de quelques glaïeuls sauvages.
Constater que l’Aigle de Bonelli se
réapproprie les territoires de chasse du
Délubre depuis les remises en culture.
Faire comprendre que les « mauvaises
herbes » ont aussi un rôle à jouer car
elles sont biologiquement bénéfiques,
que les arbres morts laissés en place
constituent un réservoir de nourriture
pour divers insectes et leurs prédateurs
et que les ripisylves ne doivent pas être
taillées à outrance.
Comme rapporteur Natura 2000 auprès
du Comité Scientifique Régional du
Patrimoine Naturel, je suis en charge
de l’encadrement et de l’évaluation
scientifiques. A ce titre, je veillerai à
ce que toutes mesures, tous contrats,
toutes expérimentations soient accompagnés d’un suivi environnemental. Et
j’appelle les associations à s’engager
dans ce programme en mettant à
disposition leurs connaissances, mais
aussi en portant des opérations de
terrain pour la protection des milieux
naturels.
> Acteurs : associations,
universités et organismes de
recherche, institutions publiques
et propriétaires…
Les communes concernées par la démarche Natura 2000
(35 000 hectares)
- Aix-en-Provence
- Artigues (Var)
- Beaurecueil
- Châteauneuf-le-Rouge
- Esparron (Var)
-
Jean-Marc DUVAL
Administrateur – Fédération
départementale des chasseurs
des Bouches du Rhône
Dans un monde où les activités agricoles ont délaissé tant de parcelles
aujourd’hui reconquises par la forêt,
les chasseurs se positionnent en
acteurs de la diversité biologique, de
la reconstruction des paysages et de
la prévention des incendies. En effet,
nous aspirons à voir prospérer de
nouveau le petit gibier qui se trouve
repoussé par l’homogénéisation du
couvert végétal. En remettant en culture des terres jadis semées, nous
ré ouvrons les milieux pour favoriser
le retour des lapins, des perdrix…
En réintroduisant dans les semences
des plantes messicoles (fleurs qu’on
trouvait dans les champs de céréales),
les insectes viennent les butiner et
on valorise l’intérêt biologique de ces
cultures.
Les sociétés de chasse conduisent
avec le GICF, la Fédération et l’ONCFS
des chantiers dans des zones stratégiques choisies avec le Grand Site
et planifiées dans le schéma local
de gestion cynégétique. Natura 2000
doit leur permettre de poursuivre ces
actions d'entretien des terres cultivées
et de lutte contre l’embroussaillement
des milieux naturels ouverts.
> Acteurs : fédérations des chasseurs
et de pêche, GICF, sociétés locales
de chasse, institutions publiques et
propriétaires…
Jean-François CHABAUD
Délégué du Président – UNICEM
PACA – Société EUROVIA
La carrière de Caugnon, située sur
la commune de Rians dans le Var,
produit des matériaux nécessaires
à la construction de routes dont la
demande va croissant. Pour y
répondre, il était nécessaire d’agrandir
son exploitation. Les études ont révélé
une atteinte au Criquet hérisson,
protégé par la loi française, et à des
pelouses naturelles, habitat reconnu
prioritaire par la directive européenne
Natura 2000.
La solution est passée par le dialogue.
Les pelouses détruites par le projet
représentaient 1 % de cet habitat sur
l’ensemble du site. Il n’y avait pas menace
de destruction majeure. Toutefois, on a
réfléchi à des mesures permettant de
réduire les impacts. L’exploitant va ainsi
restaurer des pelouses voisines en
voie de reconquête forestière, sur une
superficie 2 à 3 fois supérieure à celles
détruites. Un suivi de l’Office National
des Forêts, gestionnaire de ces forêts
communales, veillera à la réalisation
des travaux et évaluera l’impact sur
la pelouse et sur les populations de
Criquet hérisson.
> Acteurs : entreprises,
administrations, associations…
Jean-Paul BOUQUIER
Association Sainte-Victoire
et Mountain Wilderness
Dans nos associations nous nous
efforçons de faire pleinement adhérer
les usagers de la montagne aux
objectifs Natura 2000 qui préconisent
le maintien des activités de pleine
nature traditionnelles sur ce massif,
tout en veillant à ce qu’elles soient
compatibles
avec
les
enjeux
patrimoniaux. Participant de longue
date à diverses commissions, nous
sommes conscients du travail à
accomplir : orienter la fréquentation
vers les zones les moins sensibles,
élaborer des codes de bonne
conduite… l’exemple de la Charte
Escalade signée en juin 2007 par 13
associations avec le Grand Site illustre
parfaitement la voie à suivre.
On peut faire encore plus en menant
en concertation avec le Grand Site, des
opérations qui pourront bénéficier de
contrats Natura 2000 : maîtriser l’accès
à une grotte abritant des chauvessouris, dévier un itinéraire pédestre,
organiser le passage sur éboulis… Sans
oublier de sensibiliser nos adhérents et
les usagers en général sur les bons
comportements en montagne.
> Acteurs : associations de
randonnée, d’escalade, de
parapente, de spéléologie,
institutions publiques et
propriétaires…
Jouques
Le Tholonet
Meyrargues
Peyrolles-en-Provence
Rousset
Puyloubier
Rians (Var)
Saint-Antonin-sur-Bayon
Saint-Marc-Jaumegarde
Saint-Paul-lez-Durance
- Vauvenargues
- Venelles
Périmètre Natura 2000
Cette lettre d’information vous est distribuée avec le concours de votre mairie – « Tout Naturellement » – La lettre du Grand Site Sainte-Victoire – hors série spécial Natura 2000 octobre 2007 – Immeuble Le Derby, 570 avenue du club hippique 13 090 Aix-en-Provence –
Tél. 04 42 64 60 90 – Fax 04 42 64 60 99 – Email : [email protected] – Directeur de publication : A. Guinde – Directeur de rédaction : P. Maigne – Rédaction : M. Verrecchia, C. Capus – Crédit Photos : Grand Site Sainte-Victoire - J. Baret ONF - S. Beillard D. Gorgeon - E. Gousset - M. Magnier - X. Nicolle - J. Romilly - M. Verrecchia – Illustration : Joël Valentin – Coordination : V. Isambert – Conception et Réalisation : Autrement Dit Communication 04 92 33 15 33 – Tirage 20 000 ex – ISSN : 1 770-006X.