l`appel
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“ Le Soir Vendredi 17 juin 2011 Semprun était à lui seul tout un pan de cette Europe de la diversité qu’il appelait de ses vœux, autant comme une réalité à exhumer que comme une utopie à construire » DANIEL COHN-BENDIT REND HOMMAGE DANS « LE NOUVEL OBS » À L’ÉCRIVAIN RÉCEMMENT DISPARU JORGE SEMPRUN. forum 15 David Servan-Schreiber prépare ses adieux VICTIME D’UNE RÉCIDIVE FÉROCE DU CANCER, le neuropsychiatre raconte ce qui ressemble à son dernier combat. Dans son livre « On peut se dire au revoir plusieurs fois ». L e crabe est sur le point d’abattre David Servan-Schreiber. En juin de l’année dernière, le célébrissime neuropsychiatre était victime d’une très méchante récidive du cancer du cerveau contre lequel il se bat depuis 1992. Et dans le Nouvel Observateur de cette semaine, il témoigne de son état. Ses états. De santé : « Je suis atteint d’un glioblastome de stade 4 dont les pronostics sont parmi les plus mauvais de tous les cancers. » Et d’esprit : « La première idée qui console, c’est qu’il n’y a rien d’injuste dans la mort. Dans mon cas, la seule différence, c’est le moment où cela arrive, pas le fait que cela arrive. » C’est en février, il y a quatre mois, que des zones de prolifération cancéreuse, inopérables, sont apparues dans le lobe frontal de David Servan-Schreiber. Depuis, il est paralysé sur toute la partie gauche de son corps. Mais c’est depuis un an que l’auteur à immense succès des livres Guérir – publié en 2003, vendu à 1,3 million d’exemplaires, traduit en 28 langues – et Anticancer – en 2007, vendu à 1,1 million d’exemplaires et traduit en 40 langues – suit un double traitement. Une fois par mois, à Louvain, un vaccin particulier (lire ci-contre) et, tous les quinze jours, un médicament injecté dans l’artère principale du cœur. S’y ajoute, depuis quelques jours, une chimiothérapie. L’aîné des quatre fils de Jean-Jacques Servan-Schreiber publie aujourd’hui un nouveau livre, chez Robert Laffont, de 160 pages : On peut se dire au revoir plusieurs fois. Une fois encore, il témoigne de sa propre maladie. Mais, désormais, façon reddition, même si « la bataille continue » : il y est question de trouver la façon de mourir dignement, de dire les mots justes à ceux qui restent, de préparer les ultimes adieux « Un traitement expérimental belge » A 50 ANS, atteint d’un cancer du cerveau depuis 1992, DSS a fait une rechute grave il y a un an. Aujourd’hui, il veut « d’abord dire au revoir aux gens qu’[il] aime. Ensuite, dire pardon à ceux à qui il faut dire pardon. » © P.-Y. THIENPONT. (Mozart, Shakira, Louis Armstrong, Ray Charles et Mendelssohn joués à ses funérailles)... Il y est question aussi des méthodes qu’il prônait dans Guérir et Anticancer : manger des fruits rouges, avaler des gélules d’oméga-3, lutter contre le stress, pratiquer la luminothérapie... « Ma rechute entame-t-elle la crédibilité de la méthode anticancer ? (...)Les considérations, les recherches, les conclusions, les preuves que j’ai présentées ne sont pas fondées sur mon expérience personnelle mais sur la littérature scientifique. Ensuite (...), tous les traitements, qu’ils soient classiques ou expérimentaux, présentent des taux de réussite et des taux d’échec. Il n’y a pas de “cure miracle” contre le cancer, pas de réussite à 100 %, même en médecine conventionnelle, dont on ne compte plus les prouesses. » A l’hebdo français, DSS dit : « Aujour- d’hui, je suis à poil dans un champ avec des tireurs de chaque côté, mais je suis plus préparé. Cela fait longtemps que je savais que cela allait arriver. » Et encore : « Ce n’est pas comme si quelqu’un disait : ”Toi, tu n’as plus de carte, tu ne peux plus monter.” Ce quelqu’un dit simplement : “Ta carte s’épuise, bientôt, elle ne marchera plus. Profitesen maintenant, fais les choses importantes que tu as à faire”. » ■ THIERRY FIORILLI La technologie de vaccination anti-tumorale dont bénéficie David Servan-Schreiber à l’hôpital universitaire de la KULeuven, dans le service du professeur Stefaan Van Gool, a été développée pour les patients présentant une tumeur du cerveau, mais est aujourd’hui utilisée également pour des cancers du rein, du pancréas ou de l’utérus. Il s’agit d’un traitement personnalisé : certaines cellules sanguines du patient sont traitées en laboratoire afin d’être différenciées en cellules dendritiques. Ces cellules sont ensuite mises en contact avec des protéines extraites du tissu tumoral du patient afin de les « éduquer » à l’attaque de la tumeur. Le produit résultant personnalisé est ensuite injecté sous la peau. Cette équipe a accumulé une expérience approfondie durant les dix dernières années sur des centaines de tumeurs du cerveau. Des patients de 18 pays y sont venus en traitement. Le service de la KUL a obtenu plusieurs cas sans signe de la maladie depuis plusieurs années alors que le taux de décès était auparavant de 100 % pour les récidives. Les quatre premiers vaccins sont hebdomadaires, et les trois suivants sont donnés mensuellement, toujours composés de 2 injections. FRÉDÉRIC SOUMOIS l’appel Un collectif de signataires (*) A Les instances supranationales, près un an de crise politique plongeant la Belgique notamment l’Union européenne dans l’incertitude, nous vou- et le Conseil de l’Europe, ne ceslons affirmer clairement que les ci- sent de s’indigner depuis plutoyens de la périphérie bruxelloise sieurs années des atteintes et menaces faites par les aspirent à des relaautorités de Flantions apaisées, res- L’ESSENTIEL dre à nos droits pectueuses de cha● Le débat sur l’avefondamentaux, cun et ouvertes à nir de l’arrondisse- qu’il s’agisse du la diversité. droit au logement, Nous, soussiment électoral et à l’enseignement, gnés, habitants de judiciaire de Bruxel- à la culture, à la la périphérie, francophones ouverts les-Hal-Vilvorde ne propriété, de nos droits électoraux au dialogue avec concerne pas que et judiciaires, et nos voisins néerles 150.000 franco- des restrictions à landophones, ne l’usage du français pouvons admetphones de la péridans nos rapports tre que notre droit phérie. avec les autorités démocratique ne publiques, locales, soit pas davanta● Les signataires provinciales, régioge pris en compte lancent un appel nales, restrictions par le monde poliqui vont parfois tique belge alors et espèrent que le jusque dans la que pas moins de monde politique sphère privée. 150.000 francobelge les entendra. De même, par phones, habitant leur refus persisparfois à quelques mètres de Bruxelles, région à part tant de donner leur assentiment entière, capitale de l’Europe, capi- et de permettre la ratification de la tale de la Belgique, voient leurs Convention-cadre sur la protecdroits linguistiques, culturels et po- tion des minorités nationales, en litiques remis en cause constam- application des résolutions et rement par les autorités flamandes. commandations des instances du www.lesoir.be 16/06/11 21:36 - LE_SOIR Pour une périphérie pacifiée Conseil de l’Europe, le gouvernement et le parlement flamands acquièrent une réputation peu flatteuse sur la scène internationale. Les habitants de la périphérie demandent, au regard des droits consentis à la minorité néerlandophone vivant en région bruxelloise, le respect de leurs droits fondamentaux tels qu’édictés par l’Union européenne (Traité de Lisbonne, Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne), le Conseil de l’Europe (Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, Convention-cadre sur la protection des minorités nationales), la Constitution belge, les lois sur l’emploi des langues en matière administrative, et la loi relative à l’emploi des langues en matière judiciaire entre autres. Nous appelons donc le monde politique à envisager les réformes institutionnelles de manière à garantir ces droits durablement et le respect des fondements de la démocratie. Le débat sur l’avenir de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, électoral et judiciaire, ne concerne pas que les 150.000 francophones de la périphérie bruxelloi- se. Ce débat porte aussi sur un enjeu fondamental auquel tous les francophones de Bruxelles et de Wallonie – mais pas seulement eux : également tous les néerlandophones démocrates – doivent être sensibilisés : peut-on admettre que la frontière linguistique, en cas de scission de cet arrondissement, devienne la frontière d’un éventuel futur Etat unilingue flamand, lequel absorberait au mépris des principes démocratiques criminé et où chaque citoyen peut disposer de sa liberté d’expression et de ses droits fondamentaux. Qu’apporterait l’application de ce modèle dans les communes à facilités ? La fin de la contestation du régime des facilités par les circulaires Peeters et consorts, des discriminations électorales et surtout judiciaires, la fin des restrictions à l’accès au logement et à la propriété (« Wooncode » et décret « Wonen in eigen streek »), une vie cul- Nous ne pouvons admettre que nos droits ne sont pas davantage pris en compte alors que pas moins de 150.000 francophones, habitant parfois à quelques mètres de Bruxelles, capitale de l’Europe, voient leurs droits constamment remis en cause tant Bruxelles que sa périphérie, et priverait Bruxelles à la fois de son indispensable lien territorial avec la Wallonie et d’un réel équilibre linguistique au sein de la région centrale du pays ? Nous refusons pareille hypothèse et nous voulons une société ouverte à la diversité culturelle, bilingue, plurilingue et cosmopolite. Nous exigeons un respect de nos droits, c’est-à-dire un statut administratif bilingue correspondant au modèle de la Région bruxelloise, au sein de laquelle nul n’est dis- turelle épanouie et un enseignement francophone qui ne soit plus remis en cause. Nous demandons que notre choix soit respecté et entendu par le monde politique. A cette fin, seule l’organisation d’une consultation populaire, à tout le moins dans les six communes périphériques dites à facilités qui pourraient ainsi décider de leur avenir, pourra bâtir un statut institutionnel légitime et durable, source d’une pacification communautaire que l’on peut espérer durable. Les signataires de cet appel invitent les citoyens à faire connaître massivement leur désir de voir une issue à la crise politique belge et leur détermination à encourager le monde politique à consulter les habitants de la périphérie bruxelloise afin de trouver une solution qui consacre respect mutuel, non-discrimination des citoyens, garantie des droits fondamentaux et ouverture à la diversité culturelle. ■ (*) Aline Bigwood, directrice d’école honoraire ; Marcel Bolle De Bal, sociologue, professeur émérite (ULB) ; Bosquet de Thoran, membre de l’Académie de langue et de littérature françaises, Prix Rossel ; André Herchuelz, médecin interniste, professeur de pharmacologie (ULB) ; Myriam Kerkhofs, docteur en psychologie ; Ernest Laurent, professeur Dr Ir en sciences appliquées, retraité ; Jean-Gilles Lowies, politologue ; Jean-Marie Mommens, avocat ; Jean-Jacques Rombouts, médecin, professeur émérite à l’UCL ; Robert Wtterwulghe, professeur en droit et en économie. Nous invitons tous les habitants de périphérie ou d’ailleurs qui partagent notre volonté de pacification à signer la pétition disponible sur le site http://appelcitoyenbxl.be 1NL du 17/06/11 - p. 15