Cap-3_Resumes-Abstracts

Transcription

Cap-3_Resumes-Abstracts
RÉSUMÉS
Marta Amico
Trajectoires d’exil et tradition touarègue en création
au Sahara malien
Depuis sa création en 1960, le Mali est frappé par des conflits chroniques sous forme de rebellions
de mouvements à majorité touarègue contre l’État central. En 1990 et en 2012, ces événements ont
causé l’exil des populations vers les pays voisins. La production musicale touarègue accompagne
ces bouleversements politiques. Dans les années 1980-1990, l’ensemble Tinariwen crée un nouveau
répertoire à la guitare et introduit une forme de diffusion sur cassette de la voix des résistants à
l’intérieur du Sahara. En 1995, le groupe Tartit se forme dans un camp de réfugiés, et se lance dans
une carrière qui porte la « tradition » sur les scènes internationales. Retracer les trajectoires des
deux groupes sur plus de trente ans, des années 1980 à 2014, permet d’interroger les modalités et
les récits de la création d’une « tradition » touarègue et les enjeux d’une patrimonialisation musicale qui se produit dans un contexte d’exil et de conflit armé. Suivant ces deux groupes, il s’agit
de reconstruire un morceau de l’histoire culturelle du nord du Mali et d’analyser des formes de
mondialisation musicale qui s’activent dans une époque de bouleversements politiques coïncidant
avec l’ouverture d’un réseau de production occidentale dédié aux sons sahariens.
Mots-clés : Touareg, Mali, musique, création, conflit, exil, mondialisation, tradition
Altaïr Despres
Ce que la mondialisation fait au terrain.
Pratiques et relations d’enquête Nord-Sud
Les travaux méthodologiques consacrés à l’étude de la mondialisation se sont souvent focalisés
sur les problèmes soulevés par l’articulation du « local » et du « global », laissant de côté les enjeux
concrets qui pèsent sur l’ethnographe engagé-e sur des terrains mondialisés. À partir d’un travail
portant sur les artistes africains du spectacle vivant (danse contemporaine et théâtre), cet article
revient sur la redéfinition des sites et modalités d’enquête qu’implique la circulation des enquêtés
dans un espace transnational. Il resitue également la pratique ethnographique au sein des rapports
de pouvoir qui structurent pour partie l’économie artistique internationale. La manière dont sont
mises en jeu dans la relation d’enquête l’identité de genre, l’appartenance ethnique et de classe de
l’ethnographe actualise les rapports de domination Nord-Sud qui traversent la pratique artistique
mondialisée.
Mots-clés : mondialisation, ethnographie, Afrique, art contemporain, relations Nord-Sud
231
f i c t i o n s e t f r i c t i o n s c u l t u re l le s : a r t e t p a t r i m o i n e e n a c t i o n
Anne-Julie Etter
La conservation des monuments en Inde.
Variations à partir du Company Raj (fin du xviiie siècle - années 1850)
Cet article offre une réflexion sur la conservation des monuments en Inde à partir du cas du premier siècle colonial, aussi appelé Company Raj. Les travaux sur ce thème traitent principalement
de la fin du xixe siècle et du xxe siècle, examinés sous l’angle de la genèse et de la mise en œuvre de
la législation sur les monuments historiques. Prenant le contre-pied de ce type d’analyse, l’article
étudie les mesures de conservation au début de la période coloniale et montre qu’elles s’inscrivent
en continuité avec les pratiques antérieures relevant d’un entretien régulier des édifices et impliquant le pouvoir souverain et les populations, dans le cadre plus général d’une étroite relation
entre pouvoir politique et institutions religieuses. L’examen du Company Raj participe d’un élargissement chronologique et thématique des études sur la conservation en Inde, qui met en avant
les cadres de pensée et les pratiques indigènes, tout en explorant les effets de leur confrontation
avec la conception promue en Europe à partir du xixe siècle.
Mots-clés : Inde, colonisation, East India Company, conservation, patrimoine, patronage
Julien Bondaz
Masques passeports et antiquaires migrants.
La marchandisation de l’art africain en Afrique de l’Ouest
Les antiquaires africains sont des acteurs incontournables — mais souvent occultés — du marché de
l’art africain. Étudier leurs pratiques et leurs discours permet de mieux comprendre comment ils
transforment des objets proches, sinon familiers, en œuvres d’art présentées comme authentiques
et exotiques, en mobilisant conjointement des valeurs culturelles et marchandes, des récits de
soi et des discours esthétiques universellement appropriables. Une telle démarche invite en outre
à décentrer les analyses consacrées à la construction historique et culturelle du primitivisme,
considéré comme spécificité de la modernité occidentale. Basé sur les résultats d’enquêtes
ethnographiques conduites au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso, cet article interroge ainsi
l’imbrication des processus de marchandisation et d’artification à l’œuvre dans le travail des
antiquaires ouest-africains et la manière dont ils se retrouvent contraints, sur place, de composer
avec l’ambivalence du statut des objets et les regards que porte la population locale sur leur travail.
Mots-clés : art africain, antiquaire, marchandise, magico-rituel, authenticité, Afrique
de l’Ouest
232
ré s u m é s
Ariela Epstein
Le quartier Anglo ou les contrechamps d’un paysage patrimonial
Cet article s’intéresse à une ancienne enclave ouvrière uruguayenne : avant-garde du développement industriel national durant plus d’un siècle, l’usine Anglo del Uruguay ferme en 1979. Bien plus
tard, le site, incluant la zone de production comme la compagny town, est réinvesti pour ses atouts
patrimoniaux et touristiques et devient, en 2015, patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.
L’article interroge différents régimes d’historicité, construisant plusieurs communautés d’expériences, à l’œuvre dans le quartier actuel. Son ethnographie amène en effet à « reprendre » l’histoire
du quartier, à partir de la dictature militaire qui correspond, juste après la fermeture de l’usine,
à l’expulsion de presque tous les habitants du quartier Anglo. La non-écriture de cette partie de
l’histoire semble induire, ou maintenir, un « trouble » perceptible chez une partie des habitants, que
l’auteur chercher à cerner. Ce qui entre ou n’entre pas dans l’ordre du patrimoine étant délimité par
la ligne qui sépare les discours légitimes des autres, les récits du passé cristallisent un ensemble
de problématiques politiques qui peinent à se faire entendre comme telles. Posant un regard pragmatique sur le processus de labélisation en cours, il s’agit d’interroger un conflit toujours présent,
bien que latent, autour du droit à la ville.
Mots-clés : patrimonialisation, régimes d’historicité, conflit mémoriel, Uruguay, paysage urbain
Marion Duquerroy
A sense of place ou le devenir familier des paysages industriels
en Grande-Bretagne
Entre utopie et dystopie, le paysage industriel anglais cherche à se réinventer. Longtemps rejeté
au profit d’un modèle arcadien, il s’inscrit aujourd’hui, de plus en plus nettement, comme partie
prenante du patrimoine national. Cette évolution n’est cependant possible que grâce à des actions
politiques et plus particulièrement celles initiées par les régions sinistrées. Fortes de leurs
balafres usinières et profitant du renouveau du genre ruiniste en vogue, ces zones, aujourd’hui
désindustrialisées, deviennent les terrains d’expérimentation des artistes. En s’intéressant
à deux projets artistiques commissionnés par des institutions que sont les deux volets de
l’exposition Futureland (1989) et Futureland Now (2003), montrant les clichés de John Kippin
et Chris Wainwright, et A Free and Anonymous Monument (2003) de Jane et Louise Wilson, cet
article montre l’importance des commandes pour la réévaluation des friches et sites industriels.
C’est alors par le prisme de l’esthétique que ces lieux peuvent revivre, raconter leur histoire et en
inventer de nouvelles. Cependant, cette esthétisation, parfois excessive, détache, selon certains,
ces paysages de leur rôle mémoriel complexe. Ils viendraient ainsi servir l’appétence actuelle du
public pour le motif de la ruine et deviendraient le paradis du ruin porn.
Mots-clés : Grande-Bretagne, art anglais, paysage postindustriel, commande, patrimoine
industriel, ruin porn, Old and Merry England, ruines
233
f i c t i o n s e t f r i c t i o n s c u l t u re l le s : a r t e t p a t r i m o i n e e n a c t i o n
Thomas Guindeuil
Les années « Hoy ». Stanislaw Chojnacki et la mise en musée
de la culture éthiopienne (Addis-Abeba, 1950-1975)
Cet article interroge la fabrique du musée ethnographique universitaire (le musée de l’Institute
of Ethiopian Studies) d’Addis-Abeba, en Éthiopie, en insistant notamment sur l’articulation des
actions d’un homme, un étranger, Stanislaw Chojnacki, le conservateur du musée, dont le parcours
éthiopien des années 1950 aux années 1970 est indissociable de l’histoire de la notion de patrimoine culturel dans ce pays. En transformant la culture matérielle éthiopienne rurale et les objets
liturgiques chrétiens en pièces de musée, en définissant ces artefacts comme des biens menacés
de disparition, à conserver pour l’étude et à exposer de façon rationnelle et pédagogique pour les
prochaines générations, le conservateur a participé, sous le regard attentif des autorités impériales
de l’époque, à mettre à distance la « tradition » dans une période marquée par une volonté affichée
de modernisation politique et institutionnelle.
Mots-clés : patrimoine, musée, Éthiopie, tradition, culture, conservation
Nathan Réra
Les chantiers de la mémoire.
Quelles archives audiovisuelles pour le Rwanda ?
Au Rwanda, plus de vingt ans après le génocide contre la minorité tutsi, l’urgence est à la préservation du patrimoine audiovisuel du pays. En dépit de pillages et de destructions massives durant les
événements de 1994, beaucoup d’archives demeurent intactes ; beaucoup d’autres, détenues par des
institutions occidentales, sont pour l’heure inaccessibles aux Rwandais. Afin d’engager une étape
nécessaire dans la sauvegarde de ce riche patrimoine, menacé de diverses manières, plusieurs
programmes sont actuellement menés par des structures rwandaises publiques ou privées, avec le
concours d’institutions ou de fondations étrangères. Le Genocide Archive Rwanda, premier centre
de documentation basé dans l’enceinte du mémorial de Gisozi à Kigali, a ainsi lancé un ambitieux
projet de collecte et de préservation des archives des procès Gacaca ; dans le même temps le centre
IRIBA pour le patrimoine multimédia tente péniblement d’abriter et de rendre accessible plus d’un
siècle d’archives audiovisuelles. L’étude de ces deux projets permet d’engager une réflexion sur
l’état de la mémoire au Rwanda, la sauvegarde des archives audiovisuelles relevant d’enjeux politiques, économiques et symboliques forts.
Mots-clés : patrimoine, archives audiovisuelles, Rwanda, génocide, postconflit, mémoire,
histoire
234
ABSTRACTS
Marta Amico
Trajectories of exile and creation of a Tuareg tradition
in the Malian Sahara
Since Mali’s formation in 1960, the country has been chronically subject to conflict in the shape of
Tuareg-majority uprisings against the central government. In 1990 and 2012, these caused mass
exile into neighbouring countries. Tuareg music production has reflected these political upheavals.
In the 1980s and 1990s, the Tinariwen group created a new guitar repertory and distributed the
insurgents’ voices via cassette throughout the Sahara. In 1995, the Tartit group was formed in a
refugee camp and began a career that brought their “tradition” onto the international stage.
Marta Amico describes in this article the trajectories of the two groups over a thirty-year period
from the 1980s to 2014. She examines the forms, narratives and importance of the creation of a
Tuareg “tradition” and musical heritage against a backdrop of exile and armed conflict. On the
basis of these groups she reconstitutes a fragment of the cultural history of Northern Mali and
analyses the forms of musical globalisation operating during a period of political upheaval that
coincides with the opening up of a Western production network devoted to sounds from the Sahara.
Keywords: Tuareg, Mali, Music, Creation, Conflict, Exile, Globalisation, Tradition
Altaïr Despres
What globalisation is doing to the field. North-South research
practices and relationships
Methodological studies of globalisation have often focused on the issues raised by the connection
between the “local” and the “global”, neglecting the practical challenges confronting the engaged
ethnographer in globalised territories. Starting from a study of African performing artists (contemporary dance and theatre), this paper first redefines research sites and modalities as required by
the movement of the respondents across borders. It also resituates ethnographical practice within
the power relationships that to some extent structure the international artist economy. The way
the research relationship involves the ethnographer’s gender identity and ethnic and class membership is a contemporary example of the relationship of North-South dominance that underpins
globalised artist practices.
Keywords: Globalisation, Ethnography, Africa, Contemporary Arts, North-South Relations
235
f i c t i o n s e t f r i c t i o n s c u l t u re l le s : a r t e t p a t r i m o i n e e n a c t i o n
Anne-Julie Etter
The conservation of monuments in India: Variations beginning
under the Company Raj (late 18th century—1850s)
This article examines the conservation of monuments in India, focusing on the first century of
British colonialism, known as the Company Raj. Research on this topic mainly deals with the late
19th and 20th centuries, studied in terms of the origin and implementation of the legislation on
historical monuments. Taking an opposite tack, the article examines conservation measures taken
during the early colonial period, showing that they followed on from previous practice of regular
maintenance of buildings involving sovereign authorities and communities within a wider framework of close relations between political power and religious institutions. This study of the Company Raj is part of a chronological and thematic widening of research into conservation in India,
emphasising indigenous frames of thought and practice and exploring the effects of their confrontation with the concepts promoted in Europe from the 19th century on.
Keywords: India, Colonisation, East India Company, Conservation, Heritage, Patronage
Julien Bondaz
Passport masks and migrant antique dealers.
The commodification of African art in West Africa
African antique dealers are crucial (but often ignored) players in the market for African art. Close
study of their practices and discourse reveals how they turn everyday, familiar objects into works
of art presented as authentic and exotic, applying both cultural and commercial values, personal
narrative and aesthetic discourse of universal appeal. It suggests shifting the focus of our analyses of the historical and cultural construction of Primitivism, seen as a typical feature of Western
modernity. On the basis of ethnographic surveys conducted in Mali, Senegal and Burkina Faso, this
article examines the interaction of the commodification and “artification” processes operating in
the work of West African antique dealers and how these dealers are forced, in their own countries,
to handle the ambivalent status of these objects and the views local people have of their work.
Keywords: African Art, Antique Dealer, Commodity, Magic/Ritual, Authenticity, West Africa
Ariela Epstein
The Barrio Anglo, or new approaches to a heritage district
Ariela Epstein examines a former working-class district in Uruguay. After more than a century of pioneering the country’s industrialisation, the Frigorífico Anglo del Uruguay meatpacking plant closed
down in 1979. Much later the site, comprising both the factory and the company town, was rediscovered
for its heritage and tourist attractions and in 2015 was declared a Unesco World Heritage site. The
article examines various “regimes of historicity”, constructing various communities of experience
operating in the present-day barrio. Its ethnography requires the district’s history to be “retold”, starting with the military dictatorship which coincided, just after the plant closure, with the expulsion of
almost all the residents of the Barrio Anglo. The unwritten nature of this part of its history appears to
236
abstracts
induce, or maintain, a perceptible “disquiet” among some of its current residents, which the author
attempts to pin down. The line between what is and what is not heritage is the line between legitimate
and other discourse, so that accounts of the past crystallise a set of political issues that may only be
expressed with difficulty. Taking a pragmatic view of the current heritage labelling process, the article
examines a conflict that is latent but always present concerning whose city it is.
Keywords: Heritagisation, Regimes of Historicity, Conflicting Memories, Uruguay, Urban
Landscape
Marion Duquerroy
A Sense of Place, or the familiarisation of industrial landscapes
in Britain
From utopia to dystopia, British industrial landscapes are being reinvented. Once rejected by supporters of an Arcadian model, they are increasingly seen as a genuine part of national heritage.
This has only been made possible by policy action, particularly in crisis-hit regions. Sporting the
scars of their factory past and benefiting from the current fad for ruins photography, these now
deindustrialised areas have become experimental grounds for artists. This article focuses on two
art projects commissioned by official bodies, namely the two-part exhibition Futureland (1989)
and Futureland Now (2003), with photographs by John Kippin and Chris Wainwright, and A Free
and Anonymous Monument (2003) by the Wilson sisters, showing the importance of commissions
in revaluing industrial wasteland and sites. Aesthetics can bring new life to these places, tell their
stories and invent new ones. But some observers believe that this sometimes excessive aestheticisation separates these landscapes from their complex role in memory. The sites, it is claimed, serve
the public’s lust for ruins as a motif and are heaven for “ruin porn”.
Keywords: Britain, English Art, Post-industrial Landscape, Commission, Industrial Heritage,
Ruin Porn, Old and Merry England, Ruins
Thomas Guindeuil
The Janhoy years. Stanislaw Chojnacki and putting
Ethiopian culture into museums (Addis Ababa, 1950-1975)
This article examines the construction of the university ethnographical museum (Museum of the
Institute of Ethiopian Studies) in Addis Ababa, focusing on the actions of one man, a foreigner,
Stanislaw Chojnacki, the university’s chief librarian, whose career in Ethiopia from the 1950s to
the 1970s is inseparable from the history of the concept of cultural heritage in that country. By
turning the material culture of rural Ethiopia and Christian liturgical objects into museum exhibits, and defining them as an endangered heritage to be preserved for study and displayed in a
rational and educational manner for future generations, Chojnacki, under the close attention of the
imperial authorities of the period, helped to place “tradition” at a distance, at a time when stated
policy was political and institutional modernisation.
Keywords: Ethiopia, Museography, Contemporary History, Heritage, Memory
237
f i c t i o n s e t f r i c t i o n s c u l t u re l le s : a r t e t p a t r i m o i n e e n a c t i o n
Nathan Réra
Work in progress on memory.
What audiovisual archives should Rwanda have?
More than twenty years after the genocide of the Tutsi minority in Rwanda, it is a matter of urgency
to preserve the country’s audiovisual heritage. Despite massive looting and destruction during
the 1994 events, many archives remain untouched; many more, held by Western institutions, are
currently inaccessible for Rwandans. To advance in safeguarding this rich heritage, under threat
in many ways, a number of programmes are currently being conducted by public and private bodies
in Rwanda, with the support of international institutions and foundations. The Genocide Archive
of Rwanda, the main documentation centre, housed in the Gisozi Memorial in Kigali, has launched
an ambitious project to collect and preserve the archives of the Gacaca courts; and the IRIBA centre
for multimedia heritage is striving to store and make available more than a century of audiovisual archives. The study of these two projects leads to an examination of the state of memory in
Rwanda, because the preservation of audiovisual archives involves powerful political, economic
and symbolic questions.
Keywords: Heritage, Audiovisual Archives, Rwanda, Genocide, Post-conflict, Memory,
History
238