Hilary Hahn

Transcription

Hilary Hahn
Entretien
«Et pourquoi pas
tricoter ?»
Hilary Hahn, artiste associée
Hilary, pouvez-vous nous dire quelques mots de votre
relation à Lyon ?
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— La première fois que j’y suis venue – il y a une
vingtaine d’années, je crois –, j’étais très jeune. Je me
trouvais à Paris et l’on m’a demandé de remplacer
quelqu’un dans un récital : je suis donc venue et j’ai
joué… à l’Opéra ! Lyon est une ville magnifique. Dès
la première fois, j’ai adoré me promener dans les rues,
admirer les sculptures et l’architecture. Tout avait l’air
si somptueux ! Depuis lors, j’ai appris à mieux connaître
et apprécier la cuisine et la culture lyonnaises, et je dois
avouer que c’est un très grand plaisir !
On dit que vous êtes musicalement très proche de
Leonard Slatkin…
— Je travaille avec Leonard depuis très longtemps et
j’en suis ravie. C’est un partenaire exceptionnel et un
musicien hors du commun. La première fois que nous
avons joué ensemble, c’était au Blossom Music Festival,
dans l’Ohio ; je devais avoir quatorze ou quinze ans.
C’est une personne formidable et un grand ami.
Vous donnerez avec l’ONL le concerto de Max Bruch,
et nous aurons également l’immense plaisir de vous
entendre dans celui de Tchaïkovski.
— Le Bruch est une œuvre magnifique, romantique,
lyrique, emplie d’un bout à l’autre d’une incroyable
énergie… Il est très agréable à jouer, tombe
parfaitement sous les doigts et l’archet. La tessiture
est formidablement utilisée, et cela explique sans
doute pourquoi il sonne aussi bien. Le concerto
pour violon de Tchaïkovski est très différent, d’une
invention extraordinaire, tout à la fois un peu excessif
et capable de dégager une douceur, une sorte de
mélancolie intérieure… une dimension plus intime à
l’intérieur d’un ensemble majestueux. J’aime le jouer
sans coupures, de manière à ce que l’élaboration et la
répétition des thèmes principaux apportent beaucoup
plus d’énergie aux dernières mesures.
Vous réfléchissez beaucoup à l’expérience musicale du
public, n’est-ce pas ?
— Oui, je suis persuadée que la salle de concert est
LE lieu où les gens doivent faire l’expérience de la
musique. N’oublions pas que notre musique se joue
sans amplification ; la salle doit donc posséder une
acoustique parfaite… et également être confortable. Ce
sont ces qualités qui font les grandes salles de concert.
Mais j’aime faire des expériences avec la manière dont
le public écoute la musique. Il y a des règles à respecter
dans une salle de concert, des choses à faire, à ne pas
faire… il ne faut pas faire de bruit, ni distraire les
autres auditeurs. J’ai commencé à mener une réflexion
profonde sur la concentration et l’écoute du public
pendant un concert. Je crois bien entendu en la valeur
auditive de l’expérience musicale, mais écouter ne se
limite pas forcément à regarder les musiciens jouer !
Il ne faut pas oublier que la musique vivante est une
expérience si exceptionnelle et si personnelle qu’elle
autorise de multiples chemins. Je me plais à imaginer,
par exemple, que les gens pourraient dessiner, regarder
autre chose… et pourquoi pas tricoter ?!
Propos recueillis par Christian Thompson,
conseiller artistique
Hilary Hahn © Michael Patrick O’Leary

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