Hilary Hahn
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Hilary Hahn
Entretien «Et pourquoi pas tricoter ?» Hilary Hahn, artiste associée Hilary, pouvez-vous nous dire quelques mots de votre relation à Lyon ? 58 — La première fois que j’y suis venue – il y a une vingtaine d’années, je crois –, j’étais très jeune. Je me trouvais à Paris et l’on m’a demandé de remplacer quelqu’un dans un récital : je suis donc venue et j’ai joué… à l’Opéra ! Lyon est une ville magnifique. Dès la première fois, j’ai adoré me promener dans les rues, admirer les sculptures et l’architecture. Tout avait l’air si somptueux ! Depuis lors, j’ai appris à mieux connaître et apprécier la cuisine et la culture lyonnaises, et je dois avouer que c’est un très grand plaisir ! On dit que vous êtes musicalement très proche de Leonard Slatkin… — Je travaille avec Leonard depuis très longtemps et j’en suis ravie. C’est un partenaire exceptionnel et un musicien hors du commun. La première fois que nous avons joué ensemble, c’était au Blossom Music Festival, dans l’Ohio ; je devais avoir quatorze ou quinze ans. C’est une personne formidable et un grand ami. Vous donnerez avec l’ONL le concerto de Max Bruch, et nous aurons également l’immense plaisir de vous entendre dans celui de Tchaïkovski. — Le Bruch est une œuvre magnifique, romantique, lyrique, emplie d’un bout à l’autre d’une incroyable énergie… Il est très agréable à jouer, tombe parfaitement sous les doigts et l’archet. La tessiture est formidablement utilisée, et cela explique sans doute pourquoi il sonne aussi bien. Le concerto pour violon de Tchaïkovski est très différent, d’une invention extraordinaire, tout à la fois un peu excessif et capable de dégager une douceur, une sorte de mélancolie intérieure… une dimension plus intime à l’intérieur d’un ensemble majestueux. J’aime le jouer sans coupures, de manière à ce que l’élaboration et la répétition des thèmes principaux apportent beaucoup plus d’énergie aux dernières mesures. Vous réfléchissez beaucoup à l’expérience musicale du public, n’est-ce pas ? — Oui, je suis persuadée que la salle de concert est LE lieu où les gens doivent faire l’expérience de la musique. N’oublions pas que notre musique se joue sans amplification ; la salle doit donc posséder une acoustique parfaite… et également être confortable. Ce sont ces qualités qui font les grandes salles de concert. Mais j’aime faire des expériences avec la manière dont le public écoute la musique. Il y a des règles à respecter dans une salle de concert, des choses à faire, à ne pas faire… il ne faut pas faire de bruit, ni distraire les autres auditeurs. J’ai commencé à mener une réflexion profonde sur la concentration et l’écoute du public pendant un concert. Je crois bien entendu en la valeur auditive de l’expérience musicale, mais écouter ne se limite pas forcément à regarder les musiciens jouer ! Il ne faut pas oublier que la musique vivante est une expérience si exceptionnelle et si personnelle qu’elle autorise de multiples chemins. Je me plais à imaginer, par exemple, que les gens pourraient dessiner, regarder autre chose… et pourquoi pas tricoter ?! Propos recueillis par Christian Thompson, conseiller artistique Hilary Hahn © Michael Patrick O’Leary