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DCP / Service des Publics et de la Médiation Ultima Vez / Wim Vandekeybus Speak low if you speak love (Du 5 au 9 avril, Grande halle) Dossier pédagogique réalisé par Laure Grandjean, professeur relais 1 DCP / Service des Publics et de la Médiation PISTES DE TRAVAIL, AVANT LA VISITE Disciplines concernées et niveaux Ce spectacle est conseillé aux élèves à partir de la classe de 4ème, plus particulièrement dans les disciplines : - EPS - Lettres : le thème de l’amour et sa représentation poétique et symbolique. Le langage du corps, la communication non verbale, la poésie des corps, la sensualité. - Histoire des arts. - Education musicale – Musique live Thèmes - L’amour, le désir. L’amour poétique. L’amour traduit en danse. La danse contemporaine Lyrisme, poésie « Le vertige de l’amour est la voie royale vers le gouffre… On passe du sublime à la décadence, par ces corps en overdose de torsions et de tremblements qui voltigent dans l’air en trompant la pesanteur du vide. Speak low if you speak love nous happe dans son tourbillon de sensations. Les histoires d’amour se muent en récits mythologiques où le charnel règne en maître dans une polarité masculin/féminin qui dépasse les frontières habituelles. » « Bah, ça a du bon pour un artiste de se jeter toutes les x années sur ce genre de thème universel. L’amour est une force cachée, il est dans toutes les fissures, il est présent partout, mais on ne lui échappe pas si facilement. C’est pour ça : Speak Low. » Repères Mise en scène, chorégraphie, scénographie Wim Vandekeybus Créé avec & interprété par Jamil Attar, Livia Balazova, Chloé Beillevaire, David Ledger, Tomislav English, Nuhacet Guerra Segura, Sandra Geco Mercky, Maria Kolegova Musique originale (live) Mauro Pawlowski, Elko Blijweert, Jeroen Stevens, Tutu Puoane 2 DCP / Service des Publics et de la Médiation Wim Vandekeybus et la compagnie Ultima Vez Wim Vandekeybus est un danseur et chorégraphe né à Herenthout en Belgique en 1963. Il entame des études de psychologie à Louvain. Il prend alors des cours de théâtre et de danse. Sa vie prend un tournant décisif en 1985 quand il passe une audition pour Jan Fabre qui lui donne un rôle dans The Power of Theatrical Madness. Il s’engage alors dans une voie toute nouvelle. Un an plus tard, à Madrid, il fonde la compagnie itinérante Ultima Vez, basée à Bruxelles. Son premier spectacle What the Body Does Not Remember devient un succès international. En 1989, en résidence à Angers, il crée Les Porteuses de mauvaises nouvelles, mène de nombreuses expérimentations artistiques, notamment avec des danseurs aveugles. Dans les années 90, sa compagnie acquiert une renommée mondiale et joue sur les plus grandes scènes. Dans toutes ses productions si différentes, Ultima Vez reste fidèle à son propre langage du mouvement : tensions, conflits, impulsions, corporéité, passion, intuition, instinct, passion, intuition, instinct, sont les maîtres-mots de toutes ses créations. Vandekeybus donne à ces piliers une nouvelle forme, toujours à la recherche de nouveauté et d’innovation. Son art est multidisciplinaire : il collabore avec des danseurs, des circassiens, des acteurs, des musiciens, et d’autres artistes. La musique et le son, souvent créés sur mesure pendant les répétitions, ont une place primordiale. De même pour le texte, et la photographie. En 2012, Vandekeybus reçoit le prix Keizer Karel (Flandre orientale) pour son travail artistique et son engagement auprès des jeunes. En septembre 2015 il sort son premier long métrage Galloping Mind. Ce que dit le titre : « speak low if you speak love » Ce titre est emprunté à Shakespeare dans Beaucoup de bruit pour rien. Il signifie « parlez bas quand vous parlez de l’amour ». >> Susciter un horizon d’attente : Demander aux élèves ce que signifie « parler d’amour », selon eux. On pense tendresse, sentiments, mais aussi sensualité, d’amour physique. Ecrire les mots qui leur viennent à l’esprit. >> Parler d’amour, est-ce seulement parler de « choses tendres » ? C’est ce que laisse entendre l’expression « parlez bas », qui évoque la douceur. « Parler bas », n’est-ce pas aussi « garder secret », se protéger ? >> Demander aux élèves de réfléchir, à l’oral ou à l’écrit, sur cette citation de Roméo et Juliette, prononcée par Roméo au début de la pièce, alors qu’il est éconduit par Rosaline : « L’amour est la fumée qu’exhalent nos soupirs. Purifié, c’est un feu dans les yeux des amants, contrarié, une mer que grossissent leurs larmes. Qu’est-il encore ? Un fiel qui nous étouffe, un baume qui nous sauve. » (Traduction Yves Bonnefoy, Folio Gallimard). Il n’y a pas que « des choses tendres » qui sont exprimées dans cette dernière création de Wim Vandekeybus, même si le titre pourrait le laisser croire. Le chorégraphe et ses huit danseurs et danseuses s’emploient à saisir le plus insaisissable et le plus fantasque de tous les états intérieurs : il déplace des montagnes, crée des sommets et des vallées incommensurables. Il donne de la force, mais provoque des souffrances destructrices quand il se détourne de vous. L’amour inspire la poésie : il est sublimé et maudit. Wim Vandekeybus ne veut pas donner un cadre englobant pour comprendre l’amour, car en soi, il est impossible de saisir l’amour. « C’est l’homme qui donne à l’amour un sens et une charge. C’est une affaire de reconnaissance et d’émotivité. L’amour ne se laisse pas saisir par les mots, la musique, elle, réussit à éveiller le sentiment et à transmettre cette force insensée que connaît l’amour. L’amour est une force cachée, il est dans toutes les fissures, il est présent partout, mais on ne lui échappe pas si facilement. C’est pour ça : speak low ! » 3 DCP / Service des Publics et de la Médiation Qu’est-ce que la danse contemporaine ? >> Questionner les élèves : ont-ils déjà vu un spectacle de danse contemporaine ? Qu’est-ce que la danse contemporaine pour eux ? En quoi est-elle différente de la danse classique ? >> Donner une petite recherche sur la danse contemporaine à partir des sites : http://danseincorti.univ-corse.fr/Histoire-de-la-danse_a4.html http://www.numeridanse.tv/fr/apprendre_et_comprendre Une volonté de renouveau de la danse classique à la danse moderne à la danse contemporaine La danse moderne est un courant apparu quasi simultanément en Allemagne et aux États-Unis aux alentours de 1920. C’est une forme de danse de scène créée par des artistes voulant se libérer du cadre rigide de la danse classique (corps picturaux, légers, mouvements codés, rapport au beau…). La danse moderne a engendré, après la Seconde Guerre mondiale, ce qu’on nomme aujourd’hui la danse contemporaine. Les grandes figures de la danse moderne sont Isadora Duncan, Pina Bausch, Mary Wigman, Rudolf Laban, Valeska Gert, Martha Graham, Yvonne Rainer et Louis Horst. La danse contemporaine est créée à partir de la danse moderne mais la différence entre les deux est subtile. En effet, la danse moderne a voulu complètement s’émanciper de la danse classique et laisse donc une totale liberté aux mouvements (poids des corps, provocation d’émotions complexes…). La danse contemporaine, elle, se ré-inspire de la rigueur classique, même si le danseur contemporain est également chorégraphe. Il établit ses propres conventions et son propre langage, à travers lesquels il s’exprime. De plus, le respect d’un rythme musical n’est pas une nécessité, on peut donc utiliser des bruits, des sons ou même danser sur le silence, d’où des chorégraphies qui peuvent parfois paraître étranges … Parmi les chorégraphes de danse contemporaine, on peut citer : Maguy Marin, Karine Saporta, Jean-Claude Gallota, Philippe Decouflé, Dominique Bagouet, Joëlle Bouvier, Régis Obadia, Mathilde Monnier, Josef Nadj, François Verret, Hideyuki Yano, Sidi Larbi Cherkaoui… L’inspiration des autres arts et les jeux de métissages en danse contemporaine La danse contemporaine mélange souvent plusieurs formes d’expression artistique. Les danseurs ont une formation complète qui les amène souvent à être non seulement d’excellents danseurs, mais aussi de très bons comédiens, chanteurs, musiciens… Cet art joue donc souvent avec ses limites, ses frontières, sa définition. Ainsi, les danseurs de Pina Bausch et Maurice Béjart dansent, parlent et jouent sur le plateau. Le geste de l’acteur devient mouvement de danseur. Les chorégraphes s’intéressent aux autres formes de danse (notamment traditionnelles), au théâtre, au cirque, à la marionnette, à la musique, mais aussi aux arts visuels (architecture, sculpture, peinture, photographie, vidéo, BD, illusions d’optiques…) Ils accordent une grande importance aux recherches scénographiques qui donnent de l’amplitude à leurs chorégraphies. Malgré une musique très présente, Speak low if you speak love… n’est ni un opéra, ni une comédie musicale mais un mélange envoûtant de musique expérimentale et de tradition réunissant des danseurs d’Ultima Vez et d’autres de formation plus classique. 4 DCP / Service des Publics et de la Médiation Photographies du spectacle (© Danny Willems) >> Observer des photographies du spectacle et demander aux élèves de dire chacun un mot, inspiré par l’une ou l’autre photographie. 5 DCP / Service des Publics et de la Médiation >> Demander aux élèves, pendant le spectacle, de repérer comment les danseurs bougent, se déplacent, leurs relations aux autres danseurs, pour étudier ensuite, à l’issue de la pièce, le langage du corps propre à cette troupe et à ce chorégraphe. 6 DCP / Service des Publics et de la Médiation PISTES DE TRAVAIL, APRES LA VISITE La parole aux élèves >> Procéder à une analyse chorale. Demander de commencer leurs phrases par « J’ai vu … », « J’ai entendu … », en commençant par la scénographie, et en poursuivant par étapes : la scénographie, la musique, le geste … et dégager ensuite avec eux le sens connoté. En savoir plus sur la méthode de l’analyse chorale : http://www.anrat.net/tool_cats/2 La scénographie >> Demander aux élèves de décrire ou dessiner la scénographie du spectacle : les dimensions du plateau, le dispositif scénique (frontal, bi-frontal … ?) la place de la vidéo, la place des danseurs quand ils dansent, quand ils ne dansent pas … La scénographie (du grec σκηνη (skene) scène et γραφειν (graphein) écrire) désigne l’organisation de l’espace scénique dans les arts du spectacle vivant. Dans un spectacle de théâtre, de danse, de cirque, les spectateurs rencontrent les artistes, dans une salle, un espace bien particulier où se confrontent deux univers, celui, bien réel, des spectateurs, et celui, relevant de la fiction, de l’imagination, où évoluent les artistes. « La rencontre, la conjonction et l’échange entre ces deux présences s’inscrivent dans un espace. L’art d’organiser cet espace est la scénographie » (Anne Surgers, Scénographie du théâtre occidental, Armand Collin, 2007). Au début, des voiles bordent le plateau que traverse une silhouette qui disparaît derrière un rideau : une sorte de diva-déesse, prêtresse, sorcière. Puis, la scénographie est simple, structurée par la lumière. La place de la musique >> Demander aux élèves de se remémorer les morceaux qu’ils ont entendus. Etait-ce une musique enregistrée ? Jouée en direct ? Quelles influences musicales ont-ils perçues ? Quelle atmosphère est ainsi créée ? En quoi cette musique participe-t-elle à la construction du sens ? La musique est très présente sur le spectacle, mélange de musique expérimentale et de tradition. >> Demander aux élèves de nommer les sentiments qu’ils ont ressentis à l’écoute de musique du spectacle. Tutu Puoane est une chanteuse de jazz sud-africaine née en 1979. Installée en Europe depuis 2004, elle joue dans le monde entier. Elle a travaillé avec le Brussels Jazz Orchestra sur un hommage à Billie Holiday (Writing Billie) et à Nina Simone (Goddamn ! A tribute to…). Elle a sorti deux albums solo, Song (2007) et Quiet Now (2009). Dans Speak low… elle chante les chansons de Mauro Pawlowski. En savoir plus : http://www.tutupuoane.info/ Ecouter sa musique : http://www.tutupuoanemusic.com/discs/ 7 DCP / Service des Publics et de la Médiation Mauro Pawlowski est un chanteur de rock belge, né en 1971. Il débute comme chanteur des Evil Superstar, qu’il quitte en 1998. Il joue dans de nombreux groupes comme EUS. Il joue également en solo, et écrit des poèmes qu’il publie. Il est une figure centrale de la scène musicale rock en Belgique. En savoir plus : http://www.mauroworld.net/é Ecouter sa musique : http://www.mauroworld.net/index.php/discography/index Le geste Vandekeybus Comprendre le mouvement en danse contemporaine : http://www.numeridanse.tv/fr/thematiques/248_techniques-contemporaines >> Pendant l’analyse chorale, demander aux élèves de décrire, de dessiner, ou de réaliser une séquence gestuelle qui les a frappés. >> A quels moments ont-ils eu particulièrement l’impression que le corps des danseurs était au service de la musique ? Quelles sensations, quels sentiments sont alors exprimés ? Au début, les danseurs ont le visage enveloppé dans un drap, en référence à un tableau de Magritte, Les Amants. Wim Vandekeybus est cependant parti de ses propres dessins pour écrire la pièce. Qu’exprime ce tableau selon les élèves ? En savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Amants_(Magritte) 8 DCP / Service des Publics et de la Médiation Les sauts à un mètre du sol, les portés vrillés, les contorsions, le geste exprime la force du désir. Le geste se fait tour à tour sensuel, menaçant, impérieux, rêveur et entraînant, traduisant le côté insaisissable de l’amour, qui peut aussi bien donner des ailes que plonger dans la plus profonde douleur. Cette pièce de groupe réunit 8 danseurs et danseuses d’Ultima Vez et d’autres de formation plus classique. Ils s’attirent, se désirent, se cherchent, se repoussent, dans différents tableaux qui se succèdent à la manière d’une comédie musicale, avec un aspect grandiose et spectaculaire. Moments de douceur, de sensualité succèdent aux moments frénétiques de déchainement, de galopade. Le spectateur est envoûté, mais aussi surpris : le lasso qu’on jette sur lui au début du spectacle, les moments décalés (fanfare, parade de majorettes, couples inattendus…), les costumes (il met des robes à tout le monde, pour aborder la question du genre). L’amour et le mythe Wim Vandekeybus recourt souvent aux mythes les plus anciens pour évoquer les pulsions les plus profondes de l’homme (Œdipe dans Oedipus/Bet Noir par exemple.) >> Pour parler d’amour, quels mythes évoque-t-il ? Quels mythes les élèves ont-ils reconnus ? Demander aux élèves de réaliser une petite recherche sur : Orphée et Euridice : l’amour sombre, compliqué, labyrinthique Cupidon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cupidon Eros : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ros Psyche : https://fr.wikipedia.org/wiki/Psych%C3%A9_(mythologie) 9 DCP / Service des Publics et de la Médiation POUR ALLER PLUS LOIN Des conférences et ateliers au parc de la Villette Ateliers danse contemporaine. Conférence sur les esthétiques de la danse contemporaine : La danse au XXe siècle est riche d'histoires, de filiations et de ruptures. Cette conférence vidéo prépare les élèves à la découverte d'un spectacle en salle et offre un panorama des nombreuses formes qui coexistent : classique, néo-classique, moderne, postmoderne, contemporaine, danse-théâtre, danse abstraite, non danse... Le teaser, des extraits vidéo https://vimeo.com/146392412 Des lectures pour préparer ou prolonger la sortie Histoire de la danse et didactique de la danse Des sites internet : http://danseincorti.univ-corse.fr/ http://www.numeridanse.tv/fr/thematiques/248_techniques-contemporaines Martha Graham, Mémoire de la danse, Actes Sud, 1991 Philippe Noisette, Laurent Philippe, La Danse contemporaine mode d’emploi, Flammarion, 2010. François Frimat, La Danse contemporaine, politiques de l’hybride, PUF, 2011. Joshua Legg, Introduction aux techniques de danse moderne, Gremese, 2014 Sur l’art de la scénographie Anne Surgers, Scénographie du théâtre occidental, Armand Collin, 2007. Claire Lahuerta, Figures de l'art, N° 18 : L'œuvre en scène ou ce que l'art doit à la scénographie. Cette fiche pédagogique a été réalisée par LAURE GRANDJEAN, Professeur relais Service des Publics et de la Médiation Contacts > [email protected] [email protected] 10