Cancer de la prostate: la boule au ventre

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Cancer de la prostate: la boule au ventre
SANTE
Cancer de la prostate:
la boule au ventre
Par Dr Olubiyi Adesina
Il a emporté des rois, des indigents, des riches et des puissants. Il continue de
décimer les rangs des pauvres. Il lui suffit que vous soyez un homo sapiens mâle,
de race noire surtout!
Ce que des années d’insurrection n’étaient pas
parvenues à faire à Mobutu Sese Seko, l’ancien
dirigeant zaïrois (République démocratique du
Congo), le cancer de la prostate l’a fait. Le célèbre
musicien nigérian et combattant de la liberté Sunny
Okosun y a également succombé, tout comme
l’ancien président français François Mitterrand.
S’il est détecté tôt, le cancer de la prostate peut
être traité. De nombreux exemples sont là pour le
rappeler, dont celui de l’ancien chef d’État-Major
des armées et secrétaire d’État américain, Colin
Powell. Après une opération chirurgicale réussie
en 2003, qui a permis de lui ôter une glande prostatique cancéreuse, ce rescapé du cancer a fait de
la maladie son cheval de bataille. En 1993, c’est
le plus célèbre des James Bond, Sir Roger Moore,
qui a eu la peur de sa vie lorsqu’il a dû subir une
opération similaire importante. Des télégrammes
diplomatiques américains publiés par Wikileaks
ont révélé que le président du Zimbabwe, Robert
Mugabe, était également atteint par ce fléau.
De la taille d’une noix et d’un poids équivalent
à environ onze grammes, la glande prostatique se
situe entre la vessie et la base du pénis. Sa fonction
principale consiste à produire le fluide blanc, laiteux
et sucré qui nourrit le sperme masculin. Au cours
du processus d’éjaculation, elle libère ce fluide,
qui se mélange alors au sperme dans l’urètre. Pour
fonctionner convenablement, elle a besoin de testostérone, l’hormone mâle.
La glande prostatique peut devenir cancéreuse.
On sait que le cancer de la prostate est le type de
cancer le plus courant chez les hommes. Le risque
est plus élevé chez les hommes noirs que chez les
hommes de race caucasienne: un quart d’entre eux
contractent la maladie à un moment de leur vie.
Des taux plus élevés du cancer de la prostate ont
été relevés chez les hommes d’ascendance africaine
dans les Caraïbes, aux États-Unis, au Royaume-Uni
et en Afrique de l’Ouest. La Prostate Cancer Foundation (www.pcf.org) note que la mortalité est 2,5
fois supérieure chez les hommes de race noire. Les
causes peuvent être d’ordre génétique, ou liées à des
différences de mode de vie, d’habitudes alimentaires
ou d’accès aux soins médicaux.
Isla Garraway, chercheuse spécialisée dans le
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domaine du cancer de la prostate, avance que «les
Noirs américains en particulier courent davantage le
risque de développer le cancer de la prostate et d’en
mourir que les hommes d’autres origines ethniques.
Le risque d’un diagnostic du cancer de la prostate
est plus élevé chez les hommes noirs que chez les
hommes blancs, et la probabilité qu’ils y laissent
la vie est deux fois plus importante dès lors que la
maladie s’est propagée dans le corps. En plus des
milliers d’hommes que la maladie emporte chaque
année, bien d’autres doivent apprendre à vivre avec
les séquelles débilitantes qu’elle entraîne lorsqu’elle
gagne d’autres parties du corps (comme les os
souvent), telles que douleurs intenses, fractures et
autres complications médicales graves.»
Ce type de cancer touche généralement les
hommes de plus de 50 ans. Il est toutefois possible
de détecter bien plus tôt une prostate dont le volume
a augmenté et pour laquelle un traitement peut
être prescrit afin de réduire la taille de la glande.
Malheureusement, nombreux sont les hommes
qui ignorent être atteints du cancer de la prostate
jusqu’à ce que celui-ci s’étende à d’autres organes
vitaux, devenant alors incontrôlable et incurable.
Il est important que les hommes connaissent les
symptômes révélateurs d’une présence possible du
cancer de la prostate.
Les difficultés à uriner en sont l’un des principaux signes. L’individu en éprouve l’envie pressante,
mais l’urine ne s’écoule pas comme elle le devrait.
Après la miction, il ressentira le besoin urgent
d’uriner de nouveau, car sa vessie ne s’est pas totalement vidée la fois précédente. Il s’agit aussi de ce
qu’on appelle les «gouttes retardataires», c’est-à-dire
l’écoulement de quelques gouttes d’urine pendant
une période prolongée après que l’individu pense
avoir vidé sa vessie. Les symptômes susmentionnés
sont causés par l’augmentation du volume de la
prostate qui gêne l’urètre, c’est-à-dire le conduit
d’évacuation de l’urine dans le pénis.
La présence de sang dans l’urine est un autre
symptôme. Il est important de signaler ici que
la présence de sang dans l’urine et de nombreux
autres symptômes du cancer de la prostate ne sont
pas l’apanage de ce seul cancer; ils peuvent être
causés par d’autres maladies. De la même façon,
l’incapacité à atteindre et maintenir une érection
adéquate lors des rapports sexuels peut être due à
une tumeur prostatique.
Du fait que la glande prostatique se situe devant le
rectum qui stocke les matières fécales, le cancer de la
prostate, lorsqu’il se répand au-delà de celle-ci, peut
entraîner une constipation chronique et de fréquentes
douleurs dans la région lombaire, les hanches et le
haut des cuisses.
Mais ces symptômes ne se manifestent pas
nécessairement chez tous les individus. Il est donc
conseillé aux hommes de plus de 45 ans d’effectuer
des tests sanguins de dépistage, tels que celui de
l’APS (antigène prostatique spécifique), substance
fabriquée par la glande prostatique. Des niveaux
élevés d’APS peuvent signifier la présence du cancer
de la prostate. Prescrit par les urologues, ce test est
d’une utilité toutefois controversée. Mais le patient
peut en faire d’autres. Les urologues se livrent également à un examen de la glande prostatique par
le rectum. Au cours de cet examen, ils insèrent un
doigt ganté et lubrifié dans le rectum par l’anus, pour
contrôler la présence éventuelle de tumeurs dans la
prostate. L’échographie est un autre examen utile.
On fait pénétrer un instrument lubrifié dans l’anus
du patient, ce qui permet au technicien de visualiser
non seulement le volume de la glande, mais aussi toute
autre anomalie possible. En plus de cet instrument,
il utilise une caméra pour étudier les mouvements
de la région rectale pendant environ deux minutes,
mesurant le volume de la prostate à chacun d’entre
eux. Avant cet examen, on demande au patient de
boire deux litres d’eau et de ne pas uriner, En effet,
la vessie doit être bien remplie pour que les résultats
obtenus soient probants. Le patient doit ensuite vider
sa vessie après la première série de tests.
Certains éléments sont considérés comme des
facteurs de risque pour les personnes atteintes du
cancer. Les plus courants sont l’hérédité, le surpoids
ou l’obésité, un régime alimentaire trop gras, et
l’appartenance à la race noire.
Le tabagisme peut également en être un. Par
ailleurs, il est possible que des antécédents familiaux
de cancer du sein (chez les femmes) impliquent pour
les membres masculins de la famille la possibilité de
développer un cancer de la prostate.
Quand on le détecte tôt, c’est-à-dire lorsqu’il est
encore localisé dans la glande prostatique, l’issue
est généralement favorable. On sait aussi qu’une alimentation faible en gras, riche en fruits et légumes,
la consommation de poisson, une consommation
modérée de lait et de yaourt, et le maintien d’un poids
normal contribuent à limiter le risque de cancer de
la prostate. Ceci, bien sûr, en plus des traitements
et de visites médicales régulières, c’est-à-dire tous
les six mois.
July/August 2015
HE ALTH
Before Your Prostate
Lies You Prostrate!
By Dr Olubiyi Adesina
It has killed kings, paupers, the rich and the powerful. It continues to decimate the ranks of the poor. All it needs is for you to be a male homo sapien,
especially if you are of the black race!
What years of insurgency could not do to
former Zairean (Democratic Republic of the
Congo) leader, Mobutu Sese Seko Prostate did
to him. The famous Nigerian musician and freedom fighter, Sunny Okosuns also succumbed to
it as did the former French President, Francois
Mitterand.
If detected early, prostate could be treated.
There have been many such cases with one
notable example being that of the former United
States Joint Chief of Staff and Secretary of State,
General Colin Powell. He successfully underwent
a surgery in 2003 that removed a cancerous prostate gland and has since become an advocate for
the disease as a prostate cancer survivor. The most
famous 007 James Bond of them all, Sir Roger
Moore, had the scare of his life in 1993 when he
had to undergo an extensive surgery to remove a
cancerous prostate gland. Leaked United States
diplomatic cables published in Wikileaks show
that President Robert Mugabe of Zimbabwe has
also been affected by the scourge.
The prostate gland is the size of a walnut
weighing just about 11 grams that lies between
the bladder and the base of the penis. Its primary
function is to produce the milky-white sugary
fluid that nourishes the sperm produced by men.
During the process of ejaculation, the prostate
gland releases this fluid which then mixes with
the sperm in the urethra. To function properly,
the prostate gland needs the male hormone;
testosterone.
The prostate gland can become cancerous.
Prostate cancer is known to be the most common
cancer that affects men. Compared to Caucasian
men, black men are known to carry a higher risk
as it is known that about one in four black men
will develop prostate cancer at some point in their
life. Higher rates of prostate cancer have been
documented in men of African ancestry across
the Caribbean Islands, United States, United
Kingdom and West Africa. The Prostate Cancer
foundation, www.pcf.org noted that in comparison to Caucasian men, black men are nearly 2.5
times likely to die from this disease perhaps as a
result of genetic differences, lifestyle, nutritional
July/August 2015
habits and access to medical care.
Isla Garraway, a prostate cancer researcher
posits that ‘’ African-American men, in particular, display increased risk of suffering and death
from prostate cancer, compared to men of other
ancestral backgrounds. Black men are more likely
to be diagnosed with prostate cancer, and are
more than twice likely to die from prostate cancer
that has spread throughout the body than white
males. In addition to the thousands of men that
die from the disease each year, many more have
to deal with the debilitating consequences that
occur when the cancer spreads to other areas of
the body, most commonly the bone, resulting in
severe pain, fractures and other serious medical
complications’’.
This cancer is known to affect men above 50
years. An enlarged prostate could be detected
much earlier in for which sole treatment could
be prescribed to help reduce the gland. It is a
disheartening fact that a lot of men do not know
that they have prostate cancer until it spreads to
other vital organs within the body thus becoming
uncontrollable and incurable.
It is important for men to be aware of the
symptoms they may be having that may suggest
the development of prostate cancer.
One key sign to look for is the ability to urinate without difficulty. The individual will feel
the urge to urinate but the urine is not flowing as
it ought to. After having urinated, the individual
will shortly have the urge to urinate again simply
because the bladder was not fully emptied during
the previous act. There is also what is referred
to as terminal dribbling which is dribbling of
urine for an extended period of time after the
individual thinks he has emptied his bladder. All
the above occurs because the enlarging prostate
has now compromised the urethra, which is the
outlet for urine within the penis.
Blood passage in the urine is another symptom. It is good to serve a note of warning here
that passage of blood in the urine and many
other symptoms of prostate cancer are not unique
to prostate cancer alone as they may be caused
by other conditions. Similarly, the inability to
achieve and maintain adequate erection of the
penis for sexual intercourse may be due to a
prostate tumour.
Since the prostate gland lies just in front of
the rectum that stores faeces, prostate cancer,
when spread beyond the prostate gland, can lead
to chronic constipation and frequent pain in the
lower back, hips and upper thighs.
But these symptoms do not necessarily show
up in all individuals. It is therefore advisable for
every man above 45 to do screening blood tests
like the PSA (prostate specific antigen) which is a
substance produced by the prostate gland. High
levels of PSA may be indicative of prostate cancer.
This test will be prescribed by a urologist. There is
some controversy about the usefulness of this test.
This is not the only test a patient needs to do. His
urologist will also practice an examination of the
prostate gland via the rectum. During this examination, a gloved and lubricated finger is inserted
through the anus into the rectum to feel if there
are lumps within the prostate. Another useful
examination is ultrasound. A well lubricated instrument is inserted into the patient’s anus which
will enable the technician to visualise not only
the volume but also any other anomaly within
the gland. With that instrument in the rectum,
the technician also uses another camera to see
the movement of the rectum area for a couple of
minutes and at each turn measuring the volume
of the prostate. Before this examination is done
the patient is advised to drink two litres of water
and should not urinate before the examination.
This is to enable the bladder to be well filled for
proper results. The patient will be asked to empty
his bladder after the first set of tests.
There are certain factors that could be considered risks for cancer patients. The most current
risks are hereditary, overweight or obese, high fat
diet and being of the black race.
Smoking could also be a contributing risk
factor. There are also suggestions that a family
with a history of breast cancer (in females) may
also place the males in such family at the risk of
prostate cancer.
When detected early while still localized within the prostate gland, the outcome is known to
be good. It is also known that a diet low in fat,
high in fruits and vegetables, consumption of fish,
and moderation in consumption of milk, yogurt
and maintenance of a healthy weight may reduce
an individual’s risk of developing prostate cancer.
This is, of course, in addition to medications and
a regular medical visits. Such visits should be once
every six months.
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