Parcours des églises romanes.
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Parcours des églises romanes.
Églises romanes dans les Gorges du Tarn. Parcours d’Ispagnac au Rozier L’architecture romane s'est développée en France au cours des XIe et XIIe siècles. En Lozère, la nature des sols déterminera toujours la construction de ces édifices. Le secteur des Causse et des Gorges est une région calcaire et l’utilisation de la pierre locale est de rigueur. Sauf exception, les églises sont toujours orientées (le chevet* à l’Est) et adoptent un plan très simple : une nef* unique prolongée par la travée* de chœur et terminée par une abside*. Le volume de ces églises, plutôt modeste, correspond aux besoins liturgiques des ces territoires ruraux. L’abside et la travée de chœur demeurent strictement réservés aux religieux. L’emploi de la voûte en berceau plein cintre* devient systématique ainsi que l’abside voûtée en culde-four*. Autour de ces principaux éléments, l’emploi du berceau brisé*, et la multiplication de chapelles ou collatéraux, est souvent dû à des adjonctions ultérieures. Les clochers sont le plus souvent remaniés et déplacés de leur emplacement primitif. La sculpture romane se manifeste par l’emploi de chapiteaux* et de modillons* sculptés mais vous ne rencontrerez aucun tympan* sculpté sur ce territoire. La peinture murale est absente ou plus probablement disparue. À l’époque romane, la région des Gorges et des Causses sera principalement influencée par les abbayes d’Aniane (fondée en 777), de Saint-Chaffre-du-Monastier (VIe siècle) et de Saint-Victorde-Marseille (fondée en 910). [* les astérisques renvoient à un lexique page : 9] Nous vous proposons ici d’apprécier six églises caractéristiques de cette architecture. En chemin, vous pourrez également découvrir de petites églises ou chapelles d’un style moins typique (cf plan ci-dessous et page 8). Informations pratiques : D’Ispagnac au Rozier il y a 54 kms. Ces églises ne sont pas toujours ouvertes. Se renseigner auprès des offices de tourisme. Plan des Gorges et des Causses : Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 1/9 Ispagnac Église Saint-Pierre d’Ispagnac : Un des plus beaux exemples d’architecture romane en Gévaudan, malgré les multiples remaniements au cours des siècles, dédiée à Saint-Pierre et à Saint-Paul, datant du XIIe siècle. Classée Monument Historique depuis 1920, et construite en calcaire doré. D’une architecture très sobre pour la façade extérieure comportant un portail simple à trois voussures* en plein cintre surmonté d’une rose qui éclaire la nef*, l’ensemble paraît massif par l’avant-corps de part et d’autre de l’entrée. Mais une fois à l’intérieur vous découvrirez une architecture simple et aérée. (Un son et lumière à l’intérieur vous invite à la découverte). L’église se compose d’une nef de trois travées, couverte d’une voûte en berceau brisé, flanquée de deux collatéraux moins élevés, d’un transept* peu saillant (agrandi au XIXe siècle (1853)) et se termine par une abside en cul-de-four ornée d’arcs en plein cintre reposant sur des colonnes engagées à chapiteaux sculptés et entourée de deux absidioles*. L’atout majeur de cette église est la coupole qui surmonte le chœur. Une coupole de base octogonale, sur trompes qui reposent sur quatre grandes arcades en plein cintre et qui retombent sur des colonnes à chapiteaux ornés d’entrelacs. La coupole est décorée de nervures plates qui convergent vers un oculus central destiné à laisser passer la lumière (aujourd’hui fermé). Le tout est surmonté à l’extérieur par un clocher à tour-lanterne octogonal. Afin d’apprécier au mieux cette architecture, il vous faut sortir de l’édifice et le contourner pour découvrir le chevet et le décor qui le compose. Abside et absidioles sont décorées de bandes lombardes*, de dents d’engrenage et de modillons sculptés, caractéristiques du premier Art Roman Méridional. Le clocher octogonal dont chaque pan est percé d’une baie surmonte l’ensemble. Au XIVe siècle, l’église (et le monastère du village) sera rattachée à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Une moitié de cippe* gallo-romain a servi de support au bénitier de l’église. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 2/9 Sainte-Enimie Eglise Notre-Dame-du-Gourg : La légende de Sainte-Enimie : Enimie, chaste princesse Mérovingienne aussi belle que pieuse, a trouvé dans les eaux de la source de Burle remède à la terrible lèpre qui la dévore. Elle s’installe à proximité de cette bienfaisante fontaine, fonde une abbaye qui est à l’origine de l’actuel village. Sa légende nous est parvenue grâce à un poème en occitan médiéval : « La vida de Santa Enimia », composé au XIIIe siècle par Bertran de Marseilha, moine érudit dudit monastère. L’église Notre-Dame-du-Gourg construite au XIIe siècle en dehors de l’enceinte du monastère était destinée aux paroissiens. Elle sera remaniée au XIVe mais présente toutefois des formules architecturales typiques des édifices romans du Gévaudan. Le portail en plein cintre à deux voussures s’ouvre dans la façade occidentale. (L’entrée primitive se trouvait sur la façade sud) La nef de trois travées est voûtée en berceau plein cintre et se termine par une abside voûtée en cul-de-four et porte un décor d’arcs en plein cintre dont trois d’entre eux possèdent des ouvertures. Plusieurs chapelles ont été rajoutées au cours des siècles. Dans l’une d’elles vous pourrez admirer une représentation en céramique de la vie de sainte Enimie. Une œuvre d’Henri Constant représente à gauche sainte Enimie atteinte de la lèpre, au centre la sainte combattant le Drac et enfin Enimie sacrée abbesse par l’évêque Ilère. L’édifice possède trois sculptures majeures, une Vierge en bois doré du XIVe siècle, une sainte Anne et une Pietà, toutes deux du XVe siècle. (À 20 minutes à pied du bourg) Adossé au flan du Causse de Sauveterre, vous pouvez admirer l’ermitage, lieu de recueillement de la sainte où fut bâti cette chapelle. Construit au Xe et au XVe siècle. L’Esplanade de l’ermitage offre une vue panoramique sur le village. À découvrir également dans le village : la chapelle Sainte-Madeleine et « Lou Refectou » dit « salle capitulaire ». Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 3/9 Saint-Chély du Tarn À Saint-Chély du Tarn, vous pourrez visiter l’église Notre-Dame-de-l’Assomption ainsi que la très discrète chapelle dite « La Cénarète ». « saint Chély » vient du latin « Hilarius, Hilaire... ». Saint Hilaire (où Ilère) fut évêque du Gévaudan au VIe siècle. Église Notre-Dame-de-l’Assomption : Ce bel édifice roman devait dépendre du monastère de Sainte-Enimie. Il est classé Monument Historique depuis 1984. La première mention de cette église date de 1155. Bâtie en pierre calcaire et tuf de couleur ocre, cette église se compose d’une nef unique prolongée d’une abside pentagonale, et de trois travées. Des chapiteaux d’inspiration antique ornent l’abside et la travée de chœur. Un décor peint, composé de motifs floraux agrémente les pans de l’abside et le cul-de-four. D’après les sondages ce décor daterait du XVIIIe siècle. Le clocher est une construction récente qui a remplacé le clocher situé à l’origine sur l’arc triomphal*. Situé à l’entrée, au dessus du portail, vous pouvez admirer un très beau chapiteau roman, qui devait provenir du premier édifice, représentant la Tentation d’Adam et Ève. De là vous pouvez rejoindre la chapelle Notre-Dame ou Sainte-Marie, dite « La Cénarète ». Cette petite chapelle pourrait dater du XIIIe siècle, elle ferme l’entrée de la grotte dans laquelle une résurgence forme un petit lac. D’architecture très simple, elle se compose d’une nef unique à deux travées couvertes en berceau plein cintre et se termine par un chevet plat. Le clocher mur est moderne. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 4/9 La Malène Église Saint-Jean-Baptiste : Dédiée à Saint-Jean-Baptiste, l’église de la Malène est un édifice de pur style roman, bâti certainement au XIIe siècle par les religieux de Sainte-Enimie. Classée Monument Historique depuis 1928, elle a été très peu modifiée et conserve donc un plan type de cette architecture romane. La façade d’entrée a été remaniée et ajourée par l’adjonction de baies de part et d’autre du puissant contrefort dans lequel s’ouvre le portail : portail à voussures surmonté d’un arc en plein cintre et outrepassé. L’ensemble se compose d’une nef flanquée de collatéraux, se terminant par une abside semicirculaire flanquée de deux absidioles. L’abside et les absidioles communiquent par un étroit passage. La nef de trois travées est voûtée en berceau plein cintre. Sa voûte surbaissée est soutenue par quatre imposants piliers. Un très beau vitrail surmonte le maître-autel. Vers 1859 a été rajoutée une « chapelle expiatoire », au collatéral nord. Elle renferme les restes des 21 Malènais pris sur le Causse de Sauveterre à la Révolution et exécutés. À l’extérieur, l’ensemble reste très sobre. Les murs sont renforcés par de puissantes arcades en plein cintre. Le clocher carré surmonte l’ensemble sur la première travée de la nef. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 5/9 Les Vignes Église Saint-Préjet-du-Tarn : Sur la rive gauche du Tarn, se trouve l’église Saint-Préjet-du-Tarn. Elle fut rattachée à l’abbaye de Saint-Victor-de-Marseille à partir de 1155. Le portail roman est décoré d’une voussure en plein cintre et de colonnettes à chapiteaux sculptés, protégé par un porche d’époque moderne. Une haute fenêtre, surplombe le portail et éclaire la nef. Elle est ornée d’un arc en plein cintre qui repose sur des colonnettes romanes à chapiteaux sculptés. La nef voûtée en berceau plein cintre se termine pas une abside en cul-de-four ornée d’un décor de cinq arcs en plein cintre reposant sur des colonnettes dont seuls deux chapiteaux sont sculptés. Deux chapelles ont été rajoutées sur la deuxième travée au XIXe siècle. Une belle peinture murale découverte en 1910 sur la voûte de chœur représentait « l’apothéose de saint Préjet ». Elle a totalement disparu aujourd’hui. Afin d’admirer au mieux ce type d’architecture, il vous faut contourner l’édifice pour contempler le magnifique chevet semi-circulaire décoré de bandes lombardes, ou lésènes. La richesse de ce décor repose sur les magnifiques modillons sculptés de têtes humaines (tirant la langue), de rosaces (etc.), qui ornent les arcs de ce chevet. Cette église n’a pas subi beaucoup de transformations et garde donc un caractère vraiment typique du premier Art Roman. Elle est particulièrement bien conservée. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 6/9 Le Rozier Église Saint-Sauveur : Ce prieuré dépendait de l’abbaye d’Aniane et l’église est dédiée au saint Sauveur comme Aniane et Gellone. L’église n’est pas classée Monument Historique mais inscrite à l’Inventaire Supplémentaire. Seul le chevet conserve des caractéristiques romanes. Vraisemblablement édifiée au XIe siècle. Elle est composée d’une nef flanquée de collatéraux. Vaste ensemble correspondant bien aux besoins liturgiques de cet édifice, accueillant les pèlerins se rendant vers les sanctuaires méditerranéens d’Aniane, Gellone (Saint-Guillem) où encore Saint-Gilles. À l’intérieur, six imposantes piles circulaires supportent la voûte. Il est vraisemblable de penser qu’à l’origine cet édifice possédait une charpente en bois qui fut transformée en voûte en plein cintre probablement au XIIe siècle. Abside et absidioles parachèvent la nef et les collatéraux. Toutes trois sont pentagonales. Chaque pan de l’abside axiale possède une ouverture, avec un décor soigné d’arc en plein cintre retombant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. Deux chapelles furent ajoutées au XVe siècle. Le clocher fut bâti en 1696 puis détruit à la Révolution. Cette église fut fortement endommagée par les guerres de religions, elle fut restaurée en 1633 puis à nouveau au XIXe siècle et ensuite vers 1950, 1960 et 1963 et encore récemment. Cet édifice n’est ouvert que pendant les offices religieux, un panneau explicatif est situé devant l’entrée. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 7/9 En chemin Quézac Église Notre-Dame à Quézac Architecture Gothique La naissance de cette église provient d’une légende. La légende du laboureur. On suppose qu’une main pieuse avait enterré Notre-Dame de Quézac (statue de Vierge à l’enfant) pour la sauver des invasions barbares sarrasines entre les VIIIe et Xe siècles. Début XIe, elle est retrouvée par un laboureur. Après plusieurs essais infructueux pour déplacer la statue, on édifiera une église sur le lieu de la découverte. Cet édifice sera consacré par l’évêque de Mende, Aldebert I de Peyre et deviendra église paroissiale. Le porche a été classé en 1930. Le pont a été classé en 1931. Il daterait du XIVe siècle. Rebâti à l’identique au XVIIe siècle. Montbrun L’église Saint-Pierre-de-Montbrun se situe tout en haut du village. Montbrun est un petit village perché. La première mention de l’église date de 1053, elle dépendait du monastère de Sainte-Enimie à l’époque romane et le restera jusqu’au XIVe siècle. L’édifice a été remanié et le clocher à peigne qui surmonte l’entrée est moderne. Elle se compose d’une nef unique, à laquelle ont été rajoutées deux petites chapelles. Récemment restaurée. Blajoux L’église de Blajoux se situe dans le bas du village. Bien qu’impressionnante en façade par son imposant clocher, cette petite chapelle possède une nef unique, à laquelle ont été rajoutées deux petites chapelles. Son chevet, particulièrement simple, ressemble plus à un moulin qu’aux chevets traditionnellement rencontrés dans ce parcours. Prades L’église se situe tout en bas du village, en contrebas de l’imposant château. Elle renfermait autrefois une très belle croix de procession du XIIIe siècle. Cirque des Baumes La chapelle de Saint-Ilère au Cirque des Baumes : Au cœur de ce magnifique site, auquel on accède par un sentier, se niche la chapelle de Saint-Ilère (ou Hilaire). Le sanctuaire était un lieu de pèlerinage, où l’on venait demander la guérison des maladies des yeux en se baignant dans la source. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 8/9 Lexique : Abside (/absidiole) : l'abside est la partie qui termine le chœur d'une église, soit par un hémicycle, soit par des pans coupés, soit par un mur plat. L'abside, située à l'arrière du chœur, est généralement orientée vers l'est. Une absidiole est une petite abside. Arc en berceau plein cintre (/ Brisé) : lorsqu'il forme un demi-cercle parfait, il est nommé arc en berceau plein-cintre ; lorsque le sommet de la courbe forme un angle aigu, il est dit en berceau brisé. Arc triomphal : dans l'architecture religieuse, un arc triomphal est un arc qui sépare la nef et le chœur d'une église. Bandes lombardes : elles sont composées de pilastres de faible saillie (également appelés lésènes), répétés à intervalles réguliers sur les murs des façades ou des absides, et reliés à leur sommet par une frise d'arcatures en plein-cintre. Par leur léger relief et leur simplicité, les bandes lombardes sont surtout un élément de décoration. Cippe : un cippe est un monument funéraire sous la forme d'un pilier bas qui signalait l'emplacement d'une tombe et portait une inscription funéraire. D’autres cippes peuvent être des bornes indicatrices du tracé d'un aqueduc romain, portant le nom de l'auteur de l'ouvrage, ainsi que d'autres indications. Chapiteau : en architecture, un chapiteau est un élément de forme évasée qui couronne une colonne. Chevet : le chevet désigne généralement l'extrémité postérieure d'une église. C'est-à-dire l'ensemble des murs, fenêtres et toiture du chœur et de l'abside, vus de l'extérieur. Cul-de-four : un cul-de-four est une voûte en forme de quart de sphère, utilisée dès l'Antiquité et jusqu'à la fin de la période romane pour couvrir les absides. Collatéral (/aux) : vaisseau latéral de part et d’autre du vaisseau central de la nef. Nef : la nef est la partie d'une église allant du portail à la croisée du transept et qui est comprise entre les deux murs latéraux. C'est le lieu principal où se tiennent les fidèles lors des célébrations et des offices. Modillon :petit support placé sous une corniche. Oculus : petite baie sans fermeture, de forme circulaire, ovale ou polygonale, pratiquée dans un mur, un toit ou située au sommet d'une coupole. Prieuré : le prieuré est généralement un établissement religieux créé par une abbaye plus importante sur un domaine foncier qui lui a été donné; il est desservi par des moines de cette abbaye qui en gèrent le temporel sur place et envoient les revenus à leur abbaye. Les prieurés sont dotés d'églises construites et entretenues par l'abbaye mère. Tympan : espace entre la partie verticale d'un portail, comprise entre le linteau et un arc plein cintre ou une voûte d'ogive. Il est souvent utilisé pour présenter un bas-relief. Transept : vaisseau transversal séparant la nef et le chœur et formant les bras d’une croix. Travée : dans un édifice, espace compris entre deux piliers, deux colonnes, etc. Voussure : arcs concentriques en retrait les uns par rapport aux autres au-dessus d'un portail ou d'une fenêtre. Office de tourisme Gorges du Tarn – Grands Causses 48210 Ste Enimie - www.gorgesdutarn.net 9/9