La Provence, 06/07/2015

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C’est non!
RÉSULTATS
Les Grecs disent massivement
non (61,29 %) aux créanciers
ANALYSE
Pour Olivier Mazerolle,
un accord reste possible
RÉACTIONS
Les Grecs de Provence
entre joie et angoisse
RÉGIONALES
Marion Le Pen
lance sa campagne
P.I
FESTIVAL
Le pacte d’Avignon
de Fleur Pellerin
P.I
ISÈRE
La montagne
tombera-t-elle?
84276
P.III
OM
Marcelo Bielsa
est de retour!
Sports
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AIX-EN-PROVENCE
Emmanuel Macron
lance le nouveau
campus high-tech
Le ministre de l’Économie a profité de sa venue aux Rencontres économiques pour
lancer "TheCamp", projet phare de la French tech qui devrait voir le jour en 2017.
75 millions d’euros seront investis dans ce campus, initiative public-privé, qui
s’installera sur 7 hectares au Technopôle de l’Arbois. / PHOTOS NICOLAS VALLAURI P.3
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Aix-en-Provence
Lundi 6 Juillet 2015
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3
Emmanuel Macron lance TheCamp
Le ministre de l’Économie a participé, hier à Aix, à l’acte fondateur du projet phare de la French Tech
I
nnover, anticiper, accélérer,
ensemble et pour réussir" : ce
sont les mots inscrits par
Emmanuel Macron sur
l’immense affiche aux couleurs
de TheCamp installée hier dans
la salle des Actes de l’Université
à Aix-en-Provence. L’ensemble
des partenaires de ce projet
phare de la French Tech a apposé symboliquement sa signature sous l’image de synthèse préfigurant ce campus futuriste
qui prendra forme d’ici à 2017
dans un espace naturel de 7hectares sur le Technopôle de
l’environnement Arbois Méditerranée (lire ci-dessous).
La venue du ministre de
l’Économie, dans le cadre des
Rencontres économiques, a permis de marquer très officiellement l’acte fondateur de cet ambitieux projet, doté d’un budget
d’amorçage de 75 M¤ et issu
d’un partenariat public-privé.
"La France et l’Europe sont malades de la difficulté à aborder
les changements avec optimisme et confiance", résumait Frédéric Chevalier, président fondateur du groupe de communication HighCo qui porte TheCamp avec toute une équipe.
Ce campus d’innovation dédié à la ville intelligente et durable se propose donc de rapprocher étudiants, start-up, grands
groupes, accélérateurs... Pour
L’ensemble des partenaires réunis hier autour du ministre et de Frédéric Chevalier pour lancer officiellement TheCamp. / PHOTO NICOLAS VALLAURI
Un campus d’innovation dédié à la ville intelligente
De l’IUT Tech de Co d’Aix-en- Provence promo 1985 au lancement officiel du projet TheCamp, hier
après-midi, lors des Rencontres économiques, du jeune diplômé ambitieux au chef d’entreprise innovant,
trente ans séparent ces deux dates
et le parcours ascensionnel de Frédéric Chevalier, président fondateur du groupe de communication
HighCo. Né à Marseille, formé à Aix,
cet entrepreneur d’envergure internationale avait donc le profil idéal
en 2007 pour prendre la tête du
Club Top 20, puissant lobby réunissant les 60 patrons des plus grosses
sociétés de la métropole, avec pour
objectif de propulser
l’agglomération marseillaise parmi
les 20 premières métropoles européennes.
Mais ce costume de chef
d’entreprise était finalement devenu presque trop étroit pour cet ancien sportif de haut niveau. Et c’est
donc une nouvelle fois avec passion
et énergie qu’il se lance, il y a plus
d’un an dans l’aventure TheCamp,
un campus d’innovation dédié à la
ville intelligente et durable. En
84276
2050, plus de 70 % de la population
mondiale sera devenue urbaine,
contre 50 % aujourd’hui, ce qui entraînera une mutation profonde des
sociétés. De ce constat est née l’idée
de créer TheCamp, un écosystème
hors norme réunissant "les talents
du monde entier, qu’ils soient experts, entrepreneurs, dirigeants ou
étudiants où les savoirs et savoir-faire vont se transmettre, se partager et
se confronter", bref, un campus dédié à "la formation, l’acculturation,
l’innovation et l’expérimentation",
un lieu de vie où l’on imaginera "les
villes intelligentes, humaines et durables de demain".
"J’ai eu l’occasion de visiter des
campus américains, explique Frédéric Chevalier, et j’avais ce projet
dans la tête depuis une quinzaine
d’années de faire un campus dédié à
l’entreprenariat pour donner aux
jeunes le goût d’innover. Mais cela
ne s’est pas fait tout de suite, j’étais
pris par le développement de HighCo et par d’autres engagements
comme le Top 20. J’ai pensé que
c’était le bon moment pour me lancer."
Frédéric Chevalier a multiplié,
ces derniers mois, voyages et rendez-vous pour trouver des partenaires et lever des fonds. Il affiche
aujourd’hui une belle fierté, "une
certaine sérénité" et ressent "un réel
75M¤ VONT ÊTRE INVESTIS DANS CE CAMPUS
TheCamp, c’est une initiative privé-public dotée d’un budget de 75 M¤ sur
une superficie de 7 hectares (12 000 m2 de bâtiments, 250 chambres, deux
restaurants). 2 500 managers et 150 étudiants (en master class de quatre
mois) seront formés la première année ; 150 experts et conférenciers devraient intervenir chaque année et 350 jeunes de 9 à 18 ans seront accueillis en summer camp. Près de 2 500 emplois devraient être générés
par les start-up en cinq ans et 100 emplois indirects d’ici à l’ouverture.
Geneviève VAN LEDE
15e rencontres, c’est aussi celle
du choc entre l’économie classique, réglementée et
"l’uberisation". Pour le ministre, il faut à la fois compenser la
perte enregistrée par les chauffeurs de taxis, et récompenser
"l’uberisation", porteuse
d’innovation... Mais la problématique du travail n’est pas la
même dans tous les pays ; Ngozi Okonjo-Iweala rappelait que
le débat sur "l’uberisation"
était surtout européen. "En Afrique, le travail, c’est le filet de sécurité, une question de dignité,
de vie, on ne doit pas dévaloriser
le travail", soulignait la ministre des Finances pour qui "les
institutions mondiales doivent
déplacer les ressources pour
créer des emplois là où il y en a
Bouillon de culture
Ils s’y sont mis à deux ministres, Emmanuel Macron et Fleur Pellerin, hier à Avignon, en pleine effervescence festivalière, pour lancer la French Tech
culture, "Métropole culturelle numérique de l’aire
avignonnaise". Au côté d’un homme de théâtre, Olivier Py, d’un capitaine d’industrie, Paul Hermelin,
et d’un universitaire de haute volée, Emmanuel
Ethys, totalement à l’origine de l’association qui a
porté la petite dernière des French Tech, les deux
représentants du gouvernement ont découvert ce
que celle-ci a déjà mis en œuvre pour accélérer le
développement de produits numériques innovants
destiné au monde de la culture. Emmanuel Macron
et Fleur Pellerin ont ainsi pu tester des lunettes
d’un autre monde qui offrent un surtitrage simultané multilingue de pièces de théâtre, visionner des
captages drone de reportages culturels très haut de
gamme ou encore découvrir un "géolocalisateur
d’expériences et émotions". Si, si, comme on vous le
narre. Chaque été, le Festival d’Avignon sera ainsi
le cadre d’un living lab estival qui permettra à des
start-up d’enrichir et préciser leurs concepts, de les
déployer auprès d’un large public et, s’il le faut, de
rechercher des marchés. Et lorsque l’on sait
qu’Orange, Microsoft, ou le Crédit agricole ont décidé de mettre leur expérience dans la balance, on
peut penser que la réussite de cette French Tech
pourrait ressembler celle de la French Touch. J.Bn.
Instaurer un revenu socle
Et si le travail
se transformait
en pluriactivité?
"Quand on est un progressiste, on aime le travail." La formule est d’Emmanuel Macron qui
participait, hier matin, à
l’ultime session des Rencontres
économiques d’Aix-en-Provence, sur le thème "Le travail, richesse du monde" au côté de la
ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala et Tidjane Thiam, directeur général
du Crédit suisse. Pour le ministre de l’Économie, la vraie question est "est-ce qu’on préfère
beaucoup de chômage et une
bonne protection pour ceux qui
ont un emploi ou moins de chômage et un système avec des jobs
moins bien payés et beaucoup
de pluriactivité ?".
L’autre question, longuement débattue pendant ces
M.-C.B.
À AVIGNON
engagement" vis-à-vis de ceux (partenaires et investisseurs) qui lui ont
fait confiance. "On ouvre
aujourd’hui, poursuit-il, une nouvelle phase du projet. Les travaux de
construction devraient débuter courant septembre sur le Technopôle de
d’environnement Arbois Méditerranée à Aix." TheCamp devrait aussi
ouvrir ses portes, chaque année, à
une soixantaine de start-up et PME
de croissance "pour les assister dans
leur développement". Pourquoi
la Provence et Aix ? "Nous avons ici
tout pour réussir : le cadre, les compétences et le savoir-faire. On peut faire venir les meilleurs experts et on a
tout pour les accueillir, soutient le
patron de HighCo. Le site est à 20 minutes de la gare TGV et 15 minutes de
l’aéroport." En 2014, les Rencontres
économiques, qui avaient permis à
l’équipe de TheCamp de prendre
des contacts, s’étaient conclues sur
la nécessité de développer pour
réussir des partenariats public-privé. Un an après, le projet TheCamp
est officiellement lancé lors de ce petit Davos. Un signe !
RENCONTRES ÉCONOMIQUES D’AIX
faire naître plus facilement les
innovations. "On a besoin de
lieux physiques, d’endroits ancrés sur un territoire réel", expliquait ainsi Pierre-René Lemas,
directeur général de la Caisse
des dépôts et consignations,
partenaire du projet au côté de
différents investisseurs privés,
tels que la Caisse d’épargne, le
Crédit agricole, Vinci... Sans
oublier les collectivités, toutes
représentées hier, comme l’a
souligné Emmanuel Macron.
"Cela donne une formidable
image de l’énergie que met ce territoire à vos côtés", notait le ministre de l’Économie, rappelant
la nécessité de "décloisonner" et
"faire tomber les barrières" incarnée par ce projet en rapprochant étudiants, start-up et
grands groupes. "Le député Castaner le sait bien qui
m’accompagne dans l’aventure
de la loi sur la croissance et
l’activité."
Une volonté d’accélération
déjà en œuvre, puisque Frédéric Chevalier ne manquait pas
de souligner, devant le maire
d’Aix, Maryse Joissains, que le
permis de construire avait été
délivré en quatre mois seulement. De quoi tenir la promesse d’inaugurer le projet en
2017, après une pose de première pierre, dès octobre prochain.
Emmanuel Macron au côté de Ngozi Okonjo-Iweala hier dans
l’amphithéâtre Portalis de la faculté de droit d’Aix.
/ PHOTO N.V.
besoin" et faire face au milliard
de personnes en dessous du
seuil de pauvreté dans le monde. Tidjane Thiam croyait, lui
aussi, en la possibilité de concilier utilité sociale et rentabilité
financière, en investissant au
bon endroit. "La clé, c’est mettre
en capacité les outsiders du système", résumait Emmanuel Macron. "On est tous des insiders
mais comment le système respire et laisse la place aux autres ?"
M.-C.B.
DEMAIN DANS
Deux pages:
Emmanuel
Macron face
à la rédaction
À l’issue de trois jours de débats, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, a énoncé la fameuse conclusion des Rencontres économiques d’Aix, destinée à inspirer des
politiques publiques. Le Cercle propose ainsi 12 mesures pour
réhabiliter le travail et faire face, notamment, à l’émergence
de l’économie numérique. "Il faut adapter notre contrat social
à la croissance du statut d’indépendant, en refondant un régime de sécurité sociale des indépendants, qui financerait séparément une sécurité sociale de base et obéirait à des règles de
recouvrement strictes", note le document qui prévoit aussi de
replacer le débat syndical au niveau de l’entreprise. "Nous souhaitons que l’État se limite à fixer les normes fondamentales."
Autre mesure, celle portant sur la formation professionnelle,
en faisant de l’apprentissage un grand projet européen et en
soutenant le projet Erasmus Pro. Les économistes estiment également qu’il faut encourager la mobilité du travail intra-européenne, assurer la portabilité des droits dans l’Union et créer
une assurance-chômage commune.
L’Europe doit aussi aux yeux du Cercle, coordonner les politiques migratoires, et "ne plus considérer les migrants économiques comme un coût". Lors de l’ultime table ronde, Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des Finances du Nigeria, rappelait d’ailleurs
que les migrants qui travaillent en Europe envoient 33 milliards
de dollars en Afrique, dont 22 millions pour le seul Nigeria.
Enfin, la délicate question du contrat de travail est également
abordée dans les conclusions qui préconisent de constituer un
revenu socle en fusionnant aides personnelles au logement,
RSA et prime d’activité. Elles plaident pour un nouveau contrat
de travail progressif et protecteur, aux droits croissants avec
l’ancienneté.
M.-C.B.