ENERGY MUTODI: HERITIER SPIRITUEL DU GRAND KALLE

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ENERGY MUTODI: HERITIER SPIRITUEL DU GRAND KALLE
ENERGY MUTODI: HERITIER SPIRITUEL DU GRAND KALLE
Écrit par Alain MATUNDU VANGU /NOAH BEN ADAM
Vendredi, 20 Janvier 2012 17:23 - Mis à jour Samedi, 08 Juin 2013 15:55
Depuis le début de l’an passé la scène musicale zimbabwéenne est en
train de basculer grâce à la naissance d’une nouvelle étoile : Energy
Mutodi, alias Tatu Muluba. Ce qui étonne beaucoup de mélomanes, c’est
son ascension météorique, juste après la sortie de son premier album
Simbi Yam Dhara en février 2011, en provenance de la carrière
académique et du monde des affaires.
La montée insolite de ce jeune
homme—que bon nombre de chroniqueurs de la musique considèrent comme
venu du néant—a une justification : Tatu Muluba est un héritier
spirituel d’une longue et riche tradition musicale tirant ses origines
de l’un des pionniers et colosses de la musique africaine
contemporaine, à savoir Joseph Kabasele Tshiamala, alias le Grand
Kalle ou Kalle Jeff. C’est la tradition de la rumba congolaise vieille
de soixante ans, qui domine l’echiquier musical africain.
En effet, le génie d’Energy Mutodi, qui a ressuscité la rumbamanie au
Zimbabwe et a ainsi généré le phénomène Tatu Muluba, est un carrefour
de diverses apports ayant enrichi la rumba et dont les agents
archétypes, conformément à la succession des générations, sont le
Grand Kalle, Rochereau Tabu Ley et Koffi Olomide.
Le parallélisme entre Kalle Jeff et Tatu Muluba est frappant :
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(1) Tous les deux sont éduqués et bureaucrates : ce qui non seulement a
ouvert leur esprit aux rythmes musicaux étrangers et les a prédisposés
à un succès global, mais leur a permis de gérer professionnellement de
larges orchestres, respectivement African Jazz et The Real Sounds of
Africa.
(2) Comme conséquence de l’éducation et de la bureaucratie,
tous se sont réapproprié la rumba, le rythme le plus puissant
d’Afrique à cause de son évocation de la sexualité et de la fécondité
(valeurs africaines millénaires) et de sa génération de la chaleur
tropicale caractérisant le psyche des Africains ; le premier a
converti la rumba afro-cubaine en rumba congolaise, tandis que le
second, la rumba congolaise en rumba zimbabweenne. (3) Tous sont
politiquement engagés et nationalistes, le premier étant un père de
l’Indépendance du Congo-Kinshasa (1960) et le second aspirant à être
un père du développement du Zimbabwe grâce à son dynamisme dans la
construction de logis pour les nécessiteux à travers sa companie, le
Trust National du Développement du Logement au Zimbabwe (NHDTZ).
(4)Tous sont panafricanistes : le premier le prouve dans la composition
de l’African Jazz (au moins six nationalités africaines d’artistes, y
compris le saxophoniste Zimbabween Isaac Musekiwa, le guitariste et
chanteur centre-africain Zacharie « Jhimmy » Elenga, le guitariste
Angolais Antoine Armando Brazzos, le saxophoniste camerounais Manu
Dibango, et beaucoup de musiciens du RD Congo et du Congo-Brazzaville)
et des chansons communiquant le rêve d’une Afrique unie et libre
(Independance Cha Cha, Afrika mokili mobimba, etc.) de manière à
devenir un des pères de l’Organisation de l ‘unité africaine (OUA),
ainsi que dans le fait de chanter en anglais et en espagnole en plus
du lingala et du francais, qui sont parlés au Congo ; tandis que le second le
révèle dans la composition, bien qu’à parfaire, de Real Sounds of
Africa (artistes zimbabwéens et congolais), ainsi que dans le fait de
chanter en shona (sa langue maternelle), en lingala et en swahili (qui sont
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des langues nationales du Congo et grands véhicules de la rumba) ;
par ailleurs un tube du premier album est intitule Tozosangana, qui
non seulement signifie « nous nous rassemblons » en lingala et en
shona, mais aussi appelle à l’unité des Africains.
Enfin (5) ils sont
animés par l’ambition de libérer la musique locale du ghetto : Kalle
Jeff, grâce aux tubes arrangés par le très talenteux saxophoniste
belge, Fud Candrix—comme Para Fifi et Kalle Kato (1953)—fut la
première star dont le succès avait traversé l’océan Atlantique
jusqu’aux Amériques, après avoir conquis l’Afrique et l’Europe ;
tandis que le jeune Mutodi, dont le premier album a déjà conquis tout
le Zimbabwe, aspire à devenir une superstar transcontinentale (adulée
dans chaque pays africain, du nord au sud, de l’est à l’ouest, au
point que le reste d’Afrique lutte pour parler le shona) et même
mondiale ; c’est pourquoi il a pris contact avec PROMEDIAS, une
célèbre companie de filmage et vidéo dirigée par Mr. Venant Mambomina,
et AMAGEP, une companie de marketing d’influence internationale gérée
par Alain Matundu Vangu—toutes les deux basées en Afrique du Sud.
En plus de cet héritage du Grand Kalle, Tatu Muluba a bénéficie de
l’apport de Rochereau Tabu Ley, le fils spirituel de ce dernier et le
porte-étendard de l’école African Jazz après l’éclipse du boss. Son
apport dans l’évolution de la rumba consiste dans l’introduction de la
fanfare, de vifs arrangements chargés de changements dynamiques du
mouvement, des pas chorégraphiés des musiciens et une troupe de
danseuses. Il est l’auteur du rythme à deux étapes : la première étant
celle du chant et la seconde (point culminant) celle plus animée de la
danse.
Koffi Olomide, auto-proclammé descendant direct de Rochereau, a
combiné les contributions de celui-ci (richesse et profondeur du
lyrisme, sentimentalité, fécondité de la composition, douceur du
tempo, et observance des deux phases du tube : chant et danse) avec
les innovations de Zaiko Langa Langa, l’ochestre mère de sa génération
: une hauteur et une intensité inégalées du tempo ; des vocales
évocatives (atalaku) assaisonnant la phase de la danse (muée en
sébène) et catapultant l’audience dans la trance ; le showmanship ; et
l’inauguration de l’ère des concerts de masses équivalant le rock en
Occident des années 1960. Ces innovations ont poussé les chroniqueurs
de la musique africaine en Occident à nommer cette forme
de la rumba « soukous ».
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Toutefois, en plus de cette combinaison—qui lui fut facilitée par son
évolution artistique dans Viva La Musica de Papa Wemba, lui-même
produit à la fois de Zaiko et de Rochereau—Koffi a innove la rumba en
lui apportant les éléments suivants : la perfection des compositions
romantiques et mélancoliques au point d’être le meilleur à toucher les
coeurs sensibles, specialement les femmes ; ceci s’observe dans les
tubes à grand succès, tels que Ngobila (1986), Petit frere ya Yesu
(1987), Henriquet (1988), Elle et moi et Coucou (1989), Bambula et Zéro
faute (1991), Koweit rive gauche (1992), Stéphanie (1993), Fouta
Djalon et Aspirine (1995), SOS et Airways (1997), Sans anaesthesie
(2000), Effervescent, Gros Bébé, Choc et Babou (2002) et Diabolos
(2008).
L’on peut ajouter l’introduction du show biz et des stratégies
de marketing (à la fois positives et négatives) dans la musique
congolaise contemporaine, la combinaison de tâches au studio et sur
scène (Koffi à la fois chanteur, guitariste et atalaku [animateur]),
et l’aiguisement de la flamboyance, du penchant vers l’authenticité
d’Afrique précolonial dans le clip et le goût du luxe hérité de Wemba.
Le génie artistique de Tatu Muluba révèle la convergence de toutes
ces valeurs de la rumba congolaise sous l’influence considérable de
Koffi Olomide et, à travers celui-ci, Rochereau et Kalle Jeff, et les
drape de la langue et de la culture shona au grand plaisir des
Zimbabwéens et de tous les Africains amoureux de la diversité
culturelle.
Les deux phases de la chanson (vocales suivies des
mélodies envoûtantes du sébène), typifiées dans Niko du Grand Mopao,
sont observées dans les tubes comme Pershie. Les mélodies douces
exemplifiées dans Fouta Djalon, sont décélées dans Tisasiyane.
L’extravagance et la flamboyance de Koffi
(cfr. Ultimatum, Washington,Affaire d’Etat)
se retrouvent dans Parwendo.Le recours à l’authenticité
précoloniale dont Koffi a hérité de Wemba
(cfr. la chanson Bilan dans Effrakata)se retrouve dans Chigorodanda.
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L’autre influence de Koffi, qui est la
combinaison des tâches de chanteur et d’animateur (atalaku) au studio
et sur scène, est observée également dans Chigorodanda, Pershie et
Tozosangana.
Etant déterminé à conquérir cette fois-ci l’Afrique et le monde, Tatu
Muluba a sorti son deuxième album intitulé Kumasese le 7 décembre
2011. Dès sa sortie cet opus de sept chansons jouît d’un énorme
succès. Le tube Angelina 2, jouissant du featuring du « roi du sungura »,
Aleck « Extrabasso » Macheso, est simplement magique. En plus, dans le
cadre de la promotion de l’opus, Tatu Muluba a causé un séisme
artistique en venant prester, avec quelques chanteurs et danseuses de
son groupe, comme invité d’Aleck Macheso dans un concert à Harare, le
25 décembre 2011.
Tout le public voulait le toucher et se faire
prendre des poses avec lui au point qu’il n’aurait pas chanté n’eût
été la protection de Blanchard Losembo Mbongo Valor, son chef
d’orchestre, et de ses gardes du corps. En tout cas, Energie Mutodi a
tous les atouts de devenir dans l’avenir proche le futur patron de la
musique zimbawéenne et une superstar transcontinentale, dans les pas
de son idôle, Koffi Olomide.
Son programme immédiat comprend la réalisation á la fin du mois
janvier 2012 des clips de Kumasese par PROMEDIAS, ainsi que la
préparation d’un concert devant avoir lieu au mois de mars, a
Johannesbourg, en Afrique du Sud. Ce concert sera rehaussé de la
prestation d’Aleck Macheso comme invité d’honneur.
Enfin, Simbi Yam Dhara, le premier opus d’Energy Mutodi, le Grand
Baron, est nominé dans la catégorie de la video de l’an 2011 par la
ZBC, la chaîne de télévision nationale du Zimbabwe. Nous invitons les
mélomanes à travers le Zimbabwe, l’Afrique et le monde entier de voter
le tube Chigorodanda dont le clip se trouve en bas de cet article.
Veuillez envoyer votre vote à travers l’adresse e-mail suivante :
[email protected]
Pour en savoir plus sur Energy Mutodi AMAGEP va publier un magazine et
un documentaire à la fin du mois de janvier.
{fcomment}
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