Hope Shepard Fairey - Collège Roger Martin DU Gard
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Hope Shepard Fairey - Collège Roger Martin DU Gard
HOPE Frank Shepard Fairey "Je veux toucher les gens par le maximum de moyens possible. Le street art permet de le faire sans passer par les circuits officiels, mais il y a aussi les t-shirts, les stickers, la publicité, internet...autant de moyens qui me servent à montrer mon travail aux gens". Biographie: Shepard Fairey, né en 1970 à Charleston en Caroline du Sud, est l’un des artistes américains les plus connus du mouvement street art. Issu de la scène du skateboard, il s'est d'abord fait connaître dans les années 90, en disséminant ses autocollants et posters géants dans toutes les villes des États-Unis. Chacun de ses collages est inspiré des codes visuels de la publicité, de la propagande politique et de l’industrie musicale ; codes dont il se joue allègrement en appelant à la désobéissance visuelle. En utilisant dans ses œuvres, le slogan « The Medium is the Message » emprunté à Marshall McLuhan, Fairey est devenu l'un des artistes les plus connus des années 2000. Son travail a acquis sa pleine célébrité lors de la campagne présidentielle américaine de 2008, avec la création du poster HOPE de Barack Obama qui deviendra une image-icône de la campagne. Son travail est présent dans les collections du Smithsonian, du Los Angeles County Museum of Art, du Musée d'Art Moderne de New York et du Victoria and Albert Museum de Londres. Sa première rétrospective muséale « Supply & Demand » (du même nom que son livre) a eu lieu à l’Institute of Contemporary Art de Boston, en 2009. Une grande majorité des posters réalisés et collés dans la rue par Shepard Fairey sont publiés dans son livre "Supply & Demand" publié en 2009. Portrait de Shepard Fairey devant l'un de ses collages Série d'autocollants Obey réalisés par Shepard Fairey et conçus pour être collés dans l'espace public LE STREET ART La ville comme support : Si l’art urbain est réalisé dans la rue à proprement dit, c’est pour que le message soit lisible par tous et pour que tout le monde puisse avoir une réflexion, une opinion, un avis dessus. La ville devient un support artistique comme les autres qui offre l'avantage de toucher directement la population urbaine, les passants. Un art polymorphe : né il y a une trentaine d'années, le Street Art est un mouvement artistique subversif (contestataire) qui s'exprime sous différentes formes : graffiti, tag et lettrage, pochoir, intervention, sculpture urbaine, collage, projection vidéo, affiche, anamorphose, autocollant, mosaïque.... Un art éphémère : cette pratique généralement illégale connaît bien des aléas. Un collage peut être arraché, un pochoir volé et, avec le temps, un graffiti se voit effacé ou recouvert par celui d'un "collègue". Un engagement physique : l'engagement physique fait partie intégrante du street art, avec, pour corolaire, la cote de popularité grandissante des artistes réussissant les exploits les plus fous (lutte pour le territoire, performance physique d'atteindre des espaces difficiles…). Un jeu éminemment dangereux et un engagement idéologique : "avoir quelque chose à dire et le dire", voilà une définition qui colle au monde du street art et, a fortiori, aux artistes qui s'engagent politiquement. Cette volonté n'est pas nécessaire dans l'art, mais la rue ayant toujours été, par essence, l'endroit de l'expression populaire, nombre de street artiste prendront position dans leur travail. Entre une phrase poétique inscrite sur le mur d'un jardin public et un message délivré frontalement sur un lieu symbolique, les street artistes ont un large éventail de possibilités dans la manière de transmettre une idée. INFLUENCES Le travail de Shepard Fairey est influencé par Andy Warhol, Alexander Rodtchenko, Barbara Kruger, Robbie Conal ou encore Diego Rivera. Sa campagne Obey est en partie inspirée du film de John Carpenter Invasion Los Angeles. Il en récupère plusieurs slogans, comme Obey, ou encore This is Your God. Esthétique de la propagande soviétique constructiviste: Shepard Fairey crée un déplacement subtil en jouant avec des registres iconiques propres à ceux de la propagande. Il reprend l'imagerie désuète des affiches de propagande russes, ses couleurs, sa composition, ses signes et se sert de la stratégie ou de l'iconographie médiatique actuelle pour les diffuser. Fairey simule le processus de propagande pour le révéler et le retourner au service d'un discours contestataire. Exemples de "motifs" anti-américain : la musique et ses "anti-stars", les figures issues du punk ou du Heavy-metal, la scène underground… l'autoproclamation, l'anarchie et ses personnages emblématiques ( le sous-commandant Marcos), affiche anti-guerre, anti-armes, anti-prisons (guantanamo est associé aux camps de concentration), les emblèmes de la nation américaine et des nations ennemies passées et actuelles, les signes en général : blason, sigles, logo…, la libération sexuelle, le militantisme, les abus de pouvoir gouvernementaux, l'incarcération de personnes innocentes, le racisme sous toutes ses formes. Alexander Rodchenko, Affiche publicitaire pour une série de journaux filmés de Dziga Vertov, 1924 Shepard Fairey, OBEY EYE (NEVER TRUST) METAL, sérigraphie sur métal, Printed MattersL.A. , 45.7 x 61 cm, 2010 Shepard Fairey, 10 YEARS GUANTANAMO BAY, 2012 OF SHAME IN Shepard Fairey, PAY UP OR SHUT UP, Sérigraphie, 45.7 x 61 cm, tirée à 450 exemplaires, 2015 Filiations avec Alexander Rodtchenko: Alexandre Mikhaïlovitch Rodtchenko (1891-1956) est un artiste russe à la fois peintre, sculpteur, photographe et designer. Il est l'un des fondateurs du constructivisme russe et a beaucoup influencé le design russe et la photographie par ses travaux. Shepard Fairey s'inspire des talents graphiques de Rodtchenko pour en faire la base de sa grammaire visuelle : Forces des lignes, géométrisation, composition, usage réduit des couleurs (bleu, rouge, jaune), reprise, citation… Alexander Rodchenko, Affiche publicitaire pour l'éditeur Lenguiz, 1925 Shepard Fairey, Say Yes! 18X24 inches, Sérigraphie, tirée à 150 exemplaires, 2008 L'image d'une campagne présidentielle: l'affiche HOPE en soutien à Barack Obama Shepard Fairey crée une série d' affiches en soutien à la candidature de Barack Obama lors de l'élection présidentielle de 2008, ainsi qu'un design pour la campagne Rock the Vote. L'artiste imagine d’abord un poster représentant le visage du candidat avec le slogan « Progress ». Mais l’équipe de campagne de Barack Obama le contacte pour lui demander de réaliser une autre version, avec « Hope », plus en phase selon eux avec le message de campagne : « Parfois, on croit que j’ai été engagé par son équipe de campagne, mais non. Je l’ai fait parce que c'était simplement celui qui me semblait le mieux défendre mes valeurs. » L’image devient rapidement une icône. Fairey distribue à ses frais 300 000 autocollants et 500 000 affiches pendant la campagne, se finançant par la vente d'affiches et de produits dérivés. Le 5 novembre 2008, la ville de Chicago installe des bandeaux avec le portrait « HOPE » au centre-ville, avec la mention « Félicitations au Chicagoans Barack Obama, président-élu des États-Unis d'Amérique ». Au lendemain de sa victoire, Obama lui écrit : « Je veux vous remercier d’avoir utilisé votre talent au service de ma campagne. Vos messages politiques ont encouragé les Américains à croire qu’ils pouvaient changer le statu quo. Vos images ont un effet profond sur les gens, qu’elles soient vues dans une galerie (espace muséal) ou sur un panneau indicateur (espace public). C’est un privilège pour moi d’avoir été l’objet de votre travail d’artiste et une fierté d’avoir eu votre soutien». « J’ai trouvé ça progressiste », commente Fairey, « C’est polémique : honorer le street art pour le président des Etats-Unis, car ça reste un acte illégal, souvent conçu comme du vandalisme. » "Le street art est un moyen de participer au dialogue. Dans la rue, tout le monde peut prendre la parole. Au final, peu importe ce qui s’est passé avec Obama. Peu importe que je sois content ou pas. La seule chose qui importe c’est qu’un graphisme, une simple image a fait la différence. La leçon va au-delà du fait d’avoir à voter ou non. Ce qui compte, c’est d’utiliser les outils qu’on a pour imposer son point de vue.» Dans la foulée de l’élection, le portrait d’Obama inspire à Time Magazine une variation du travail de Shepard Fairey pour son numéro sur Obama, « personnage de l’année ». Fairey est désormais un artiste « mondialement reconnu ». L’année suivante, l’Institut d’art contemporain de Boston lui offre sa première rétrospective. Mais le Californien est arrêté alors qu’il se rend à l’exposition. « Je collais des autocollants. Ça a été assez grave. Ils ont présenté 34 chefs d’inculpation. Je risquais jusqu’à huit ans de prison. J’ai finalement écopé d’une peine avec sursis. Je sors tout juste de ma période de probation. Mais si je suis repris, ce sera la prison ferme. » Fairey a déjà connu seize arrestations, mais Boston l’échaude pour de bon. « Ça fait partie du street art, mais je n’aime pas ça. J’essaie maintenant de bien mesurer les risques que je prends. » Businessman et infatigable colleur, aujourd’hui, à 40 ans passés, la vie de Shepard Fairey se partage entre business (des pochoirs à la vente de produits dérivés), sa famille et la réalisation d’immenses fresques à travers le monde. « Depuis Boston, je me concentre sur des choses plus substantielles. » En janvier 2009, l' US National Portrait Gallery achète l'image originale HOPE pour sa collection permanente. Analyse de l'oeuvre Hope de Shepard Fairey : de la rue à la Maison Blanche. 1/ Analyse de PROGRESS de Shepard Fairey, première version de l'oeuvre L'artiste Shepard Fairey colle son affiche PROGRESS sur un mur de la ville de Washington (Etats-Unis). Octobre 2008. Format de l'oeuvre: environ 240cm x 180cm. Analyse iconique: Cette photographie documentaire montre Shepard Fairey au travail dans les rues de la ville de Washington en octobre 2008. La scène se passe de nuit. Muni d'une brosse enduite de colle et montée sur une perche, l'artiste maroufle son oeuvre à même le mur. L'affiche réalisée par Shepard Fairey montre le portrait du candidat démocrate: Barack Obama. Son regard est orienté dans une diagonale haute, vers le hors-champ. Au bas de l'affiche, sous forme de bandeau, est apposée le mot "PROGRESS" ("progrès"en anglais). On distingue, au-dessus de ce même bandeau le logo (créé par Sol Sender) du candidat Obama: un "O" figurant un soleil levant et symbolisant l'espoir d'un jour nouveau. A l'intérieur du "O" figure le logo de Shepard Fairey. Analyse plastique: L'image originale est le fruit d'un travail en infographie (logiciel de retouche d'image), une fois l'image réalisée, celle-ci est imprimée en quadrichromie (bleu cyan, rouge magenta, jaune, noir). L'affiche se compose de trois bandes de papier assemblées par collage. Les motifs imprimés sur la première bande de papier (à gauche de l'affiche) sont caractéristiques du travail de Fairey. Le portrait d'Obama montre un point de vue en légère contre-plongée et est constitué de larges aplats de couleurs rappelant en partie les couleurs du drapeau américain. Les couleurs traduisent les contrastes de lumière, le visage est partagé en plusieurs zones d’ombre et de lumière: les valeurs claires seront retranscrites dans un bleu clair, les valeurs moyennes dans un bleu plus soutenu et les valeurs foncées par le rouge et le noir. L'artiste utilise les stratégies de communication visuelle que l'on retrouve dans la publicité: -Une image (portrait d'Obama) -Un logo (celui d'Obama et de Fairey) -Un slogan (Progress) -Des couleurs contrastées -Lisibilité et visibilté de l'affiche Analyse iconologique: Cette photographie documentaire permet de rendre compte de l'engagement politique de l'artiste lors de la campagne présidentielle américaine de 2008. Celui-ci n'hésite pas à prendre des risques en collant sur le murs de la ville de Washington, et ce, en toute illégalité, des portraits du futur président des Etats-Unis. L'affiche réalisée par Fairey utilise les codes de l'affiche de propagande soviétique: aplats de couleur rouge symbolisant la révolution, point de vue en contre-plongée donnant un sentiment de supériorité du sujet, de grandeur, regard visionnaire du portrait, slogan laissant entrevoir des jours meilleurs. Enfin, l'emploi des couleurs rappelant celles du drapeau américain semble vouloir dire que Barack Obama n'est pas le représentant d'une communauté (celle des noirs américains) mais celui d'une nation (les Etats-Unis d'Amérique). 2/ Analyse de HOPE de Shepard Fairey, deuxième version de l'oeuvre L'artiste Shepard Fairey pose à côté du portrait du président Barack Obama exposé au National Portrait Gallery, à Washington, 2009. Hope, Shepard Fairey. Pochoir, collage et acrylique sur papier. 176cm x 117cm. National Portrait Gallery, Washington, 2009. Analyse iconique: On remarque deux principaux changements dans la deuxième version de l'oeuvre: le slogan n'est plus "PROGRESS" mais "HOPE", le logo de Shepard Fairey n'est plus imbriqué dans celui d'Obama. D'autre part, on remarque que les aplats de couleurs sont bien moins homogènes que dans la première version de l'oeuvre. On distingue ainsi, par transparence, la matérialité de l'oeuvre (collage de papiers journaux). Un certain nombre de motifs géométriques et décoratifs caractéristiques de l'oeuvre de Fairey apparaissent dans cette deuxième version. L'artiste a signé sa création au dessus de l'épaule droite du portrait. Analyse plastique: Si la première version de l'oeuvre est imprimée, la deuxième version est entièrement réalisée à la main. L'artiste utilise différentes techniques: -Collage -Peinture acrylique et peinture en bombe aérosol (spray) -Pochoir L'alternance d'aplats de couleurs opaques et transparents permet de cacher ou faire apparaître la matérialité de l'oeuvre: celle-ci est faite de papiers journaux marouflés (collage) servant de support à la peinture, on les distingue très nettement dans les zones les plus claires de l'oeuvre. L'utilisation de la bombe aérosol (spray) permet à l'artiste de diffuser la peinture à sa guise et de jouer sur l'opacité et la transparence des aplats de couleur. Shepard Fairey utilise de nombreux pochoirs qui, utilisés successivement, lui permettent de transférer motifs, logos, slogan, et grandes lignes du portrait sur le support papier. On remarque la présence de trame (surface composée de lignes horizontales) dans les zones bleues claires du visage et du cou, effet plastique rappelant les oeuvres des artistes "Pop Art" tels Andy Warhol ou Roy Lichtenstein. Analyse iconologique: Il est important de relever que cette deuxième version de l'oeuvre a été réalisée dans le cadre d'une commande de la très officielle National Portrait Gallery (Washington). Il s'agit donc d'une oeuvre de commande. Cette oeuvre devient ainsi l'image officielle du président Obama, une véritable icône que Shepard Fairey signe de sa main afin de souligner son caractère unique. La reconnaissance de cette image par la plus haute représentation de l'Etat américain modifie sont statut et fait de celle-ci une oeuvre majeur du streetart. Quelques questions que peut poser l'oeuvre: -N'y a-t-il pas un paradoxe à faire entrer une oeuvre conçue pour être exposée dans la rue dans l'espace de la galerie ou du musée? -Peut-on encore parler de street-art (art de la rue) lorsque celui-ci est exposé au musée? -Les artistes représentants du street-art exposés en galerie ou au musée, ne remettent-ils pas en question l'aspect éphémère de leurs oeuvres lorsque l'on sait que le musée est un espace d'exposition et de conservation des oeuvres? -Comment concilier actions artistiques illégales et reconnaissance officielle de son travail? -Shepard Fairey ne fait-il pas oeuvre de propagande dans son soutien apporté au candidat Obama? Dossier iconique Shepard Fairey Séquence d'images montrant Shepard Fairey réalisant un collage dans les rues de Washington, 2008. Shepard Fairey montrant la Une du Time Magazine Shepard Fairey dans son atelier, transférant des motifs à l'aide d'un pochoir et d'un rouleau pour sérigraphie. Quelques artistes emblématiques du Pop Art Roy Lichtenstein, Sunrise, 1964, huile et magna sur toile, 91 x 172 cm Andy WARHOL, Marilyn Monroe, 1967. 91,5 x 91,5 cm chacune, collection particulière Andy Warhol (1928-1987), Colored Mona Lisa, sérigraphie et graphite sur toile, 125 7/8 x 82 1/8 in. (319.7 x 208.6 cm.), 1963. Quelques artistes emblématiques du Street Art: Banksy, collage et peinture sur la façade de l'ambassade française à Londres, 2016. The Wrinkles of the City, collage de l'artiste français JR dans la ville de Berlin (Allemagne), 2013. Le graffeur new-yorkais DONDI, peignant un train dans les années 1970. L'ATLAS, collage sur le parvis du Centre Pompidou, Paris 2008 L'artiste SPACE INVADER au travail, Londres, 2006 Ernest Pignon-Ernest, Naples, 1990 Pour approfondir ses connaissances de l'oeuvre et de l'artiste: Shepard Fairey, De la rue à la maison Blanche, par le journal en ligne Médiapart: http://www.dailymotion.com/video/xi9f9u_shepard-fairey-from-street-to-white-house_creation?start=11#.USdQGaXXea4 Le site internet officiel de Shepard Fairey: https://obeygiant.com/ Shepard Fairey dans son atelier: https://vimeo.com/5148749 Shepard Fairey, #sprayforparis http://www.konbini.com/fr/tendances-2/shepard-fairey-obey-art/