Guide d`achat : les moteurs électriques haut rendement

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Guide d`achat : les moteurs électriques haut rendement
G uide d’achat
SYST È M E S D ’ E N T R A Î N E M E N T
Les moteurs électriques haut rendement
L
e message sonne comme une rengaine : les moteurs électriques utilisés dans l’industrie consomment
trop. Beaucoup trop. A eux seuls,
ils engloutissent plus des deux tiers de la
consommation énergétique du secteur, contre un tiers pour le tertiaire. Les domaines les
plus gourmands sont pointés du doigt : la
compression, qui compte pour 30 % de la
consommation industrielle, le pompage
(20 %) et la ventilation (13 %). En réponse,
les constructeurs se font les avocats de l’efficacité énergétique et prônent l’utilisation de
moteurs haut rendement. « La prise en compte
de l’efficacité énergétique des systèmes d’entraînement devient un enjeu mondial », indique-t-on
chez Weg. « Les applications motorisées constituent
un important gisement d’économies potentielles »,
ajoute-t-on chez Leroy-Somer. « Les moteurs à
haut rendement énergétique consomment moins et
s’échauffent moins,
L’essentiel
prolongeant la durée de vie
des roulements et du bobi Seuls les moteurs triphasés
nage », précise-t-on
à cage sont concernés par
chez ABB. Pour étoffer
le règlement du 22 juillet 2009.
leur propos, nom Il s’appuie sur une norme
breux
sont ceux qui
qui définit 3 classes
mettent en ligne sur
de moteurs (IE1, IE2, IE3) en
leur site Internet des
fonction de leur rendement.
simulateurs pour cal Pour atteindre la classe IE4,
culer le retour sur inles constructeurs misent
vestissement de l’achat
sur les moteurs synchrones
d’un moteur à haut
à aimants permanents.
rendement. Selon les
74
applications, il peut aller d’un peu moins
d’un an à quelques années. Suffisamment,
selon eux, pour justifier l’investissement.
Après tout, sur 10 ans, le coût à l’achat ne
représente de quelques pourcents du coût
global d’un tel équipement, tout comme la
maintenance. Les 95 % restants sont à imputer à la consommation énergétique.
Mais jusqu’à l’année dernière encore, les
industriels pouvaient faire la sourde oreille
devant ces arguments : aucune réglementation ne les contraignait à suivre leurs conseils. Mais récemment, un vent d’écologie a
soufflé sur le secteur et a changé la donne
(cf. encadré page ???). Impossible de reculer :
de gré ou de force, à court ou moyen terme,
les moteurs employés dans le futur devront
être à haut rendement.
Puissance, vitesse
et environnement
Aussi, autant se tenir prêt. Evidemment,
parmi les critères de choix d’un tel engin,
on retrouvera les mêmes caractéristiques
qu’un moteur classique. La puissance, par
exemple, qui est naturellement dictée par
l’application. Notons au passage que les fortes puissances offrent par nature de meilleurs
rendements que les petites. « Calculer le rendement d’un moteur revient à calculer les pertes. Or,
un certain nombre d’entre elles sont indépendantes
de la taille de la machine », explique Christian
Sibileau, responsable commercial chez SewUsocome France. La hauteur d’axe, qui condi-
tionne la puissance nominale d’entraînement, peut aussi être un critère déterminant,
surtout lorsqu’il s’agit de remplacer un moteur dans une installation que l’on ne souhaite pas modifier. Certains moteurs proposent toutefois des hauteurs d’axe réduites
(ou des puissances augmentées, ce qui revient au même). « Dans mon catalogue, j’ai par
exemple un moteur de hauteur d’axe de 200 mm
qui offre en puissance augmentée 37 kW, contre
30 kW en format standard », illustre Michel
Metzger, responsable marketing moteur, variateur, basse tension chez Siemens. Le nombre de pôles intéressera l’acheteur. Plus il
augmente, plus la vitesse nominale du moteur diminue. Si la demande du marché
s’oriente largement vers les 4 pôles, certaines
applications ont des exigences plus particulières, comme la ventilation qui a de plus en
plus besoin de 8 pôles.
Autre critère de choix : l’environnement
dans lequel le moteur peut travailler. Il est
défini par les indices de protection IP, par la
température ambiante ou par la sévérité de
l’environnement qui peut aller d’un degré
d’humidité élevé à la nécessité de respecter
une classification ATEX. Cela aura donc une
influence sur l’échauffement de la machine
et requerra une attention particulière à la
classe d’isolation du bobinage.. Attention
toutefois : plus le moteur monte en indice
B
AB
Pour les moteurs haut rendement comme pour leurs confrères
classiques, la puissance, la vitesse et l’environnement restent
les principaux critères de choix, dictés par l’application visée.
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de protection, plus il chauffera vite car la
chaleur sera moins bien évacuée. Jetez aussi
un œil à l’indice d’isolation du bobinage. Il
indique la température qu’il peut supporter
(120 °C : classe E, 130 °C : B, 155 °C : F ou
180 °C : H pour les classes les plus courantes). S’il est mal adapté et que l’isolant fond
entre deux enroulements, il y a risque de
courts-circuits et de destruction du moteur.
Certaines applications demanderont aussi
que l’on se penche sur les températures que
peut supporter la machine. Mais pour ces
utilisations particulières, le rendement sera
souvent relégué au bas de la liste des critères
de choix. « Cela tient à la nature des applications
concernées. Prenons les moteurs de désenfumage,
auxquels on demande de tenir pendant un temps
donné à des températures de plusieurs centaines de
degrés ; ce sont eux que l’on retrouve, par exemple La compression, le pompage et la ventilation sont les plus gros consommateurs d’électricité de l’industrie. Mais les attitudes
dans le tunnel du Mont Blanc pour entraîner les face au haut rendement sont inégales : si les arguments économiques et écologiques semblent avoir convaincu les spécialistes
extracteurs d’air. Dans ce cas, l’efficacité énergétique du pompage, le secteur de la ventilation peine encore à devancer les exigences du règlement européen du 22 juillet 2009.
n’est clairement pas la priorité majeure ! », illustre
Michel Metzger (Siemens).
couple qui finit par le mettre en mouvement. sion” pour ABB France.
Dans les applications de puissance, les asyn- Pour tous les appareils à cage, la plupart des
Classes IE
chrones sont généralement alimentés par des constructeurs qui proposent d’ores et déjà
Pour ceux qui, justement, s’intéressent à l’ef- courants triphasés. Un moteur est dit “à de l’IE2 ou de l’IE3 ont pris le parti de n’inficacité énergétique, c’est cette notion de haut cage” lorsque le rotor prend la forme d’une diquer que le rendement minimal exigé par
rendement en elle-même qui demandera le cage d’écureuil.
la norme. Mais, le règlement européen du
plus d’attention. Car elle n’a été définie pré- Dans ce cas, pas de problème pour identifier 22 juillet 2009 qui fixe les échéances pour
cisément par la norme CEI 60034-30 que les moteurs à haut rendement : ils correspon- les commercialisations des différentes classes
pour un certain type de moteurs à courant dent aux classes IE2 et IE3 définis par la est encore récent. Du coup, certains consalternatif : les triphasés à cage, qui consti- norme CEI 60034-30. Il faut toutefois noter tructeurs, à l’instar de Bonfiglioni, attendront
tuent le gros du parc industriel européen. Ce que certains moteurs triphasés à cage ne sont l’année prochaine pour proposer des gamsont des moteurs asynchrones : la vitesse de pas couverts par la norme, comme ceux mes en IE2, IE3 ou IE4. On trouve donc enla machine n’est pas forcément proportion- conçus spécifiquement pour la vitesse varia- core bien souvent dans les catalogues les
nelle à la fréquence des courants qui la par- ble (soumis à la norme EN/CEI 60034-25). classes EFF du label CEMEP. Notons aussi,
courent. Comme tous leurs confrères, les « D’autres moteurs de cette catégorie entrent dans que même soumis à la norme CEI 60034asynchrones sont constitués d’une partie son champ d’application sans qu’il soit exigé qu’ils 30, tous les triphasés à cage ne sont pas logés
fixe, le stator, et d’une partie mobile, le rotor. atteignent l’IE3 : c’est le cas des moteurs de zone à la même enseigne en matière de recherche
Le stator est composé d’enroulements, qui dangereuse, à carcasses réduites ou encore conçus et de développement. « Les 2 et 4 pôles ont
parcourus par des courants, créent un champ pour être utilisés dans des conditions environnemen- longtemps concentré les efforts de recherche et dévemagnétique. Sous cette influence, le rotor est tales exigeantes : altitude élevée, haute ou basse tem- loppement, ce qui facilite l’optimisation de leurs
soumis à une force électromotrice qui pro- pérature par exemple » rappelle Régis Buchmann, rendements et le passage à l’IE3. Pour les 6 pôles,
duit à son tour des courants : ils créent le responsable de l’activité “moteurs basse ten- qui représentent toutefois moins de 10 % du ➜
Leroy-Somer
Surdimensionné, trop souvent à bas rendement, le parc européen de moteurs
électriques est bien trop gourmand en énergie. Pour juguler le gaspillage, le règlement du 22 juillet 2009 impose que la plupart des moteurs commercialisés à partir
de 2011 soient à haut rendement. Dès lors, comment faire son choix ? En se penchant sur les caractéristiques classiques de ce genre d’appareils, bien sûr, comme
la puissance ou le nombre de pôles, mais surtout en restant attentif aux différentes
définitions qui sont encore données au haut rendement.
Nord

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Guide d’achat
Guide d’achat
Aperçu de l’offre en moteurs électriques haut rendement*
Fabricant
Modèle
Classe* (*classe CEMEP EFF
ou code IE si soumis à la norme
CEI 60034-30) ou rendement
Puissance (kW)
Vitesse (nbre de pôles ou tr/
min)
Environnement
Observations
ABB
M3BP
IE2
0.25 à 1 000
2,4,6,8 pôles
IP55
Carcasse fonte. Une ou deux vitesses
M4BP
IE3
11 à 250
2,4,6,8 pôles
Flameproof LV Motors 80-710
IE2
0.55 à 630
2,4,6,8 pôles
Sinochron
ABM
Greiffenberger
>IE3
0,12 à 9
1 500/3 000 tr/min
Moteur synchrone à excitation permanente. Existe en versions
ventilées ou non ventilées.
Baldor
Super-E Metric
IE3
4 à 375
1 150 à 3 450 tr/min
Standard : bâti en acier moulé, nombreuses options
de protection pour utilisation intensive et pour l’industrie
chimique (ex : moteurs lavables en acier inoxydable)
Ecofit
I08-A0
70 %
0,084
1 200 tr/min
IP44
Moteur à commutation électronique pour ventilateur.
Débit de 885m3/h, paramètres réglables par logiciel
I07-A5
70 %
0,084
2 735 tr/min
IP44
Moteur à commutation électronique pour ventilateur.
Débit de 965m3/h, paramètres réglables par logiciel
SEE 355
IE2
0,55 à 315
2,4,6,8 pôles
IP55
Une vitesse. Carcasse fonte
Sh355 à Sh500
IE2
Jusqu’à 1 500
2,4,6,8 pôles
IP55
Une vitesse. Carcasse fonte
GE
X$D Ultra
IE3
0,75 à 300
2,4,6,8 pôles
Hitachi
Super Power Serie
IE2
0,4 à 15
4 pôles
IP55
Classe isolation F
Lafert
Moteurs High efficency
IE2
0,75 à 200
2,4 pôles
IP55 ou plus
Classe isolation B. Disponible aussi sans ventilateur
ABMY et ABMZ
IE2
0,12 à 22
2,4 pôles
IP54
Moteur avec frein. Classe isolation F. IP55 sur demande
L-force avec motec efficacité accrue
IE2
0,75 à 45
4 pôles
IP54
Convertisseur de fréquence 8 200 motec intégré
L-force efficacité accrue
IE2
0,75 à 7,5
4 pôles
IP54
LSES
IE2
0,75 à 375
2,4,8 pôles
IP55
Existe aussi en version fonte FLSES ou en version ATEX
LSES
IE3
0,75 à 375
2,4 pôles
IP55
Autres polarités et finitions sur demande
PLSES
IE2
15 à 375
2,4 pôles
IP23
Applications : réfrigération, marine, suppression et compression
d’air, pompage
Dyneo série LSRPM
Future IE4
1 à 400
750/1 500/1 800/2 400/3 000/3 600/
4 500/5 500
IP55
Disponible sur demande en version fonte FLSRPM ou ouverte
PLSRPM
MGM
SM
EFF1 sur demande
0,04 à 90
2,4,6,8 pôles
IP55
Classe isolation F, H sur demande
Motive
Delphi
EFF1
0,75 à 355
2,4,6,8 pôles
IP55
IP56,66,67 et 68 sur demande. Classe isolation F, H sur demande.
Certains modèles IE3
Nord
80-180 LH/4
IE2
0,75 à 22
4 pôles
Sermes
ALMO série QH
EFF1
1,1 à 55
2,4 pôles
IP55
Classe isolation F. Carcasse aluminium
VEM série WER1
EFF1
1,1 à 90
2,4 pôles
IP55
Classe isolation F. Carcasse fonte
DR E
IE2
0,75 à 200
2,4,6 pôles
DR P
IE3
0,75 à 160
2,4,6 pôles
1LE1/1PC1
IE2
0,75 à 18
2,4,6,8 pôles
IP55
Existent en version puissance augmentée 2,2 à 22 kW et
en version sans ventilateur extérieur ni capot de ventilateur
à rendement.
1LA9
IE2
0,06 à 37
2,4,6 pôles
IP55
Carcasse aluminium
1LG6
IE2
75 à 200
2,4,6 pôles
IP55
Carcasse fonte. Certains modèles disponibles en IE3
W21
IE2
0,75 à 250
2,4,6,8 pôles
ATEX Exd, Exde, ExnA, zone 21, zone 22
W22
IE2, IE3
0,12 à 400
2,4,6,8 pôles
IP55
Wmagnet
Future IE4
11 à 150
2,4 pôles
IP55, IP66
Large plage de fonctionnement permettant la suppression
de la transmission mécanique. Puissance massique élevée.
Offre système moteur synchrone à aimants permanents, associé
au variateur de vitesse CFW1 pour répondre à la future classe IE4
Wquattro
Future IE4
0,37 à 7,5
4,6 pôles
IP55
Moteur synchrone à démarrage direct en ligne (utilisation possible
avec ou sans variateur de vitesse CFW11), rendement correspondant
à la future classe IE4*
Emit
Lenze
Leroy-Somer
Sew Usocome
Siemens
Weg
Carcasse fonte
IP55, ATEX Exd, Exde zone 1 ou 2, T1-T4
Taux de vibration bas
Cage rotor aluminium ou cuivre
Cage rotor aluminium ou cuivre
* Liste non exhaustive
76
La norme CEI 60034-30
• Accord volontaire du CEMEP (Comité euros’appuyant sur
péen des constructeurs de machines
le règlement européen
électriques et d’électronique de puissance) :
du 22 juillet 2009 définit
trois classes : IE1, IE2 et
entré en vigueur en 1998. Il définit trois classes
IE3. La définition
de rendement : EFF3 (rendement faible), EFF2
d’une classe IE4 est
(rendement moyen) et EFF1 (rendement élevé).
à l’étude, mais certains
• Norme CEI 60034-30 : adoptée en 2009 par
fabricants proposent déjà
des moteurs permettant
le CENELEC (Comité européen de la normalisad’atteindre
tion électrotechnique). Elle définit trois nouvelles
les rendements qu’elle
classes de rendement (IE1 : rendement standard
exigera.
qui correspond à l’EFF2 ; IE2 :
haut rendement, qui correspond à l’EFF1 ; IE3 :
rendement premium) pour les moteurs de ce type
dont la puissance varie de 0,75 à 375 kW. Elle a été
imaginée pour harmoniser les différentes classes
utilisées de par le monde.
• Directive 2005/32/CE du Parlement européen : adoptée en 2005. Elle établit
un cadre pour fixer les exigences en matière d’écoconception des produits consommateurs d’énergie, dont les moteurs.
• Règlement européen du 22 juillet 2009. Il s’appuie sur la norme CEI 60034-30 pour
définir les classes qui devront obligatoirement être utilisées dans le futur. A partir
du 16 juin 2011, seuls les moteurs de classe IE2 ou supérieure pourront être commercialisés. A partir de 2015, les applications de forte puissance devront adopter l’IE3 et elles
seront rejointes en 2017 par les faibles puissances. Bémol : les IE2 pourront encore être
vendus après 2015, s’ils sont équipés d’un variateur de vitesse.
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➜ marché, ce sera plus difficile », explique Régis
Giraud, responsable commercial et marketing moteur chez Leroy-Somer.
Et pour les autres moteurs qui ne sont pas
couverts par la norme ? Il faudra se pencher
attentivement sur les indications fournies par
les constructeurs et surtout se demander
comment les rendements mentionnés ont été
calculés. Car le mode et le nombre d’heures
de service influencent significativement les
performances énergétiques d’un engin : un
rendement calculé pour une utilisation à
pleine charge pendant 8 000 heures par an ne
rendra pas compte d’une activité plus occasionnelle et loin de la valeur nominale du
moteur. Il est aussi bon de se souvenir que les
rendements peuvent varier grandement d’une
technologie à une autre et selon l’utilisation
que l’on en fait. Prenons l’exemple des moteurs à courant continu. A l’intérieur, se cachent toujours un rotor et un stator. Comme
pour les moteurs asynchrones, le stator crée
un champ magnétique grâce à ses enroulements. Le rotor prend de son côté la forme
d’un châssis métallique mobile à encoches,
sur lesquelles sont placés des bobinages.
Lorsqu’on alimente ceux-ci, un second
champ magnétique est créé. Son interaction
avec le champ du stator produit un couple
dans le bobinage qui met le rotor en mouve-
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Leroy-Somer
Des textes pour les triphasés à cages
ment. Pour maintenir le couple au maximum,
un collecteur rotatif est utilisé afin d’alimenter
les différentes bobines grâce à des balais.
Les moteurs à courant continu présentent des
avantages certains : ils permettent en particulier de régler facilement la vitesse de rotation
à l’aide d’un graduateur. Ils peuvent aussi
convenir aux applications qui nécessitent un
couple de démarrage élevé, car ils sont capables, par nature, de vaincre un couple résistant élevé. Mais, leur robustesse est limitée.
En effet, pour garder le contact entre le collecteur et les balais, la pression exercée doit
être importante surtout à des vitesses élevées.
Et, lorsque le contact n’est plus assuré, des
arcs électriques apparaissent. Ce qui limite
grandement la durée de vie des balais. Autre
inconvénient : le défrettage, qui endommage
le système de fixation des bobinages au rotor.
Il survient à cause de la force centrifuge créée
lorsque le moteur tourne à vitesse trop élevée.
Au final, les moteurs à courant continu, presque toujours accompagnés de variateur de
vitesse – ce qui permet alors d’optimiser leur
efficacité énergétique –, s’adaptent encore
bien aux applications de forte puissance : métallurgie, enroulage ou levage par exemple.
Pour éviter les inconvénients inhérents à la
présence de balais, les constructeurs ont aussi
développé des moteurs dits “brushless” ➜
77
Guide d’achat
tion doivent cependant être adaptées continuellement, pour que le champ reste en
avance sur la position du rotor et ainsi produire un couple moteur. La durée de vie de
ce type de moteur s’est largement améliorée
par rapport aux moteurs à courant continu.
Il faut, toutefois, noter que ces moteurs sont
un peu délicats au démarrage, car le rotor ne
peut pas atteindre instantanément la vitesse
de rotation du champ. Le système de contrôle
électronique doit donc assurer un démarrage
progressif. Pas très pratique pour les applications qui ont besoin instantanément de toute
la puissance du moteur, comme le levage, par
exemple.
La vitesse variable
Impossible de parler d’efficacité énergétique sans la mentionner ! Elle est, avec
l’augmentation du rendement, la principale source d’économie d’électricité.
Les variateurs de vitesse, comme leur nom l’indique, adaptent la vitesse de rotation
du moteur en agissant directement sur la puissance qui lui est fournie. Ils sont particulièrement adaptés aux applications du type compression, pompage ou ventilation, car leur
consommation est proportionnelle au cube de la vitesse. « Evidemment, quand
le moteur est utilisé en service permanent à 100 % de sa capacité, la vitesse variable
ne peut pas se justifier. Elle devient intéressante quand il faut faire varier la vitesse
d’au moins 5 ou 10 % », décrypte Michel Metzger (Siemens). Dans la pratique, il arrive
souvent que les installateurs associent entraînement direct et vitesse variable. « Dans
le domaine de la distribution d’eau, par exemple, si l’utilisateur sait qu’il a besoin de fournir
au moins 300 m3 tout en variant le débit, il installera une pompe équipée d’un variateur
de vitesse et en cascade, deux pompes à entraînement direct évoluant à vitesse constante »,
ajoute Michel Metzger. La souplesse offerte par les variateurs de vitesse n’est pas leur
seul avantage. Lors des freinages, ils peuvent réinjecter l’énergie sur le réseau électrique :
moins de chaleur dissipée, moins d’énergie consommée ! Un plus qui intéresse
particulièrement les applications du type levage ou enroulage. Pas parfaits non plus,
les variateurs tendent malgré tout à échauffer l’ensemble de la chaîne et produisent
des perturbations harmoniques qui limitent les effets bénéfiques de leur utilisation.
Les constructeurs ont donc développé des technologies générant de très faibles taux
d’harmoniques, comme les variateurs redresseurs à modulation de largeur d’impulsion.
Vers l’IE4
Des pompes boostées avec des moteurs IE3
ABB
Contrairement au secteur de la ventilation qui,
dans l’ensemble, traîne encore un peu la patte,
les spécialistes du pompage ont, pour la plupart,
intégré le réflexe haut rendement. C’est le cas, par
exemple, de ABS qui propose toute une gamme
(EffeX) de pompes pour l’assainissement, équipées
de moteurs IE3 pour des puissances allant de 1,3 à
110 kW. « Le trou dans la gamme de 12 à 20 kW sera
comblé par des nouveaux moteurs d’ici à la fin
de l’année et la limite haute de puissance sera étendue »,
ajoute Michel Leromain, responsable SAV chez ABS.
Certains fabricants ont choisi
Ces moteurs, fabriqués par ABS ou ses sous-traitants,
de devancer les exigences du règlement
du 22 juillet 2009 et d’équiper d’ores
présentent, selon la société, bien des avantages :
et déjà leurs machines (ici des pompes
réduction de la facture énergétique, bien sûr,
submersibles pour l’assainissement)
mais aussi économies de maintenance.
de moteurs de classe IE2 ou IE3.
Car, les engins ont été conçus avec une classe
d’échauffement A. Ils ne dépassent donc jamais une température de 100 °C.
Plus froids, ils sollicitent moins les roulements, et les étanchéités sont mieux maîtrisées.
Faut-il compter un surcoût à l’achat ? « Nos pompes EffeX sont parfois moins chères
que les anciennes… Mais dans l’ensemble, le surcoût pour le client final est de l’ordre
de 5 à 10 % du prix d’achat », explique Michel Leromain. ABS compte déjà parmi
ses clients les grands acteurs du domaine de l’eau comme Veolia, Suez, Saur ou Vinci.
Même si, comme l’indique Michel Leromain, les cahiers des charges sont toujours
réalisés majoritairement avec les vieilles classes européennes de rendements.
« Mais la nouvelle norme internationale devrait progressivement gagner du terrain ».
➜ (sans balais). Ils sont composés des mêmes
éléments que les moteurs à courant continu,
un rotor et un stator, mais se passent de collecteur. De plus, l’emplacement des bobines
et des aimants permanents est inversé : le
rotor est alors équipé d’un ou plusieurs
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aimants permanents et le stator de plusieurs
bobinages. Ces dernières sont alimentées de
façon séquentielle afin de produire un champ
magnétique tournant. L’aimant permanent
du rotor cherchant à s’orienter dans le sens
du champ, tourne. Les tensions d’alimenta-
Les années à venir devraient aussi apporter
leur lot de nouveaux moteurs. « La directive
EuP le mentionne d’ores et déjà dans son texte : elle
est appelée à évoluer. A l’avenir elle définira ainsi de
nouvelles classes de rendement. D’ailleurs, il existe
déjà une définition officieuse d’une classe IE4. Mais,
cette classe ne pourra être atteinte que ponctuellement par les moteurs triphasés à cage. Pour obtenir
les rendements qu’elle fixera, il faudra, dans la
grande majorité des cas, passer à une technologie
synchrone à aimants permanents », confirme
Régis Giraud, (Leroy-Somer). Si les rendements de ces moteurs-là sont si bons, c’est
que les pertes liées au rotor sont en théorie
nulles pour ces appareils. Ce qui permet aussi
d’améliorer la puissance massique par rapport aux autres technologies : à puissance
égale, le moteur sera moins volumineux et
moins lourd. Leroy-Somer, à l’instar de Weg
avec son WMagnet, s’est lancée dans l’aventure de l’IE4 (ou super premium) avec sa
gamme de motovariateurs Dynéo. Mais il y a
un prix à payer pour les excellents rendements promis. « Les moteurs synchrones contiennent des terres rares qui coûtent cher. De plus, ils ne
peuvent démarrer tous seuls : il faut donc leur associer une électronique complexe. Leur utilisation ne
se justifiera pas dans toutes les applications », pondère Yves Jamet, responsable du service affaires projets pour Weg France. Pour autoriser
un démarrage en ligne, la société propose
donc un moteur hybride, nommé WQuattro
qui possède une cage asynchrone assurant la
phase de démarrage, et un moteur à aimants
permanents sur lequel bascule la machine
lorsqu’il est proche du régime nominal. Les
grands du secteur montrent le chemin : nul
doute que dans les années à venir, des systèmes originaux estampillés “rendement premium”, “super premium”, et – qui sait ? –
d’une classe encore supérieure fleuriront
dans les catalogues des fabricants.
Anne Orliac
MESURES 826 - JUIN 2010 - www.mesures.com

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