Guide d`achat : les moteurs électriques haut rendement
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Guide d`achat : les moteurs électriques haut rendement
G uide d’achat SYST È M E S D ’ E N T R A Î N E M E N T Les moteurs électriques haut rendement L e message sonne comme une rengaine : les moteurs électriques utilisés dans l’industrie consomment trop. Beaucoup trop. A eux seuls, ils engloutissent plus des deux tiers de la consommation énergétique du secteur, contre un tiers pour le tertiaire. Les domaines les plus gourmands sont pointés du doigt : la compression, qui compte pour 30 % de la consommation industrielle, le pompage (20 %) et la ventilation (13 %). En réponse, les constructeurs se font les avocats de l’efficacité énergétique et prônent l’utilisation de moteurs haut rendement. « La prise en compte de l’efficacité énergétique des systèmes d’entraînement devient un enjeu mondial », indique-t-on chez Weg. « Les applications motorisées constituent un important gisement d’économies potentielles », ajoute-t-on chez Leroy-Somer. « Les moteurs à haut rendement énergétique consomment moins et s’échauffent moins, L’essentiel prolongeant la durée de vie des roulements et du bobi Seuls les moteurs triphasés nage », précise-t-on à cage sont concernés par chez ABB. Pour étoffer le règlement du 22 juillet 2009. leur propos, nom Il s’appuie sur une norme breux sont ceux qui qui définit 3 classes mettent en ligne sur de moteurs (IE1, IE2, IE3) en leur site Internet des fonction de leur rendement. simulateurs pour cal Pour atteindre la classe IE4, culer le retour sur inles constructeurs misent vestissement de l’achat sur les moteurs synchrones d’un moteur à haut à aimants permanents. rendement. Selon les 74 applications, il peut aller d’un peu moins d’un an à quelques années. Suffisamment, selon eux, pour justifier l’investissement. Après tout, sur 10 ans, le coût à l’achat ne représente de quelques pourcents du coût global d’un tel équipement, tout comme la maintenance. Les 95 % restants sont à imputer à la consommation énergétique. Mais jusqu’à l’année dernière encore, les industriels pouvaient faire la sourde oreille devant ces arguments : aucune réglementation ne les contraignait à suivre leurs conseils. Mais récemment, un vent d’écologie a soufflé sur le secteur et a changé la donne (cf. encadré page ???). Impossible de reculer : de gré ou de force, à court ou moyen terme, les moteurs employés dans le futur devront être à haut rendement. Puissance, vitesse et environnement Aussi, autant se tenir prêt. Evidemment, parmi les critères de choix d’un tel engin, on retrouvera les mêmes caractéristiques qu’un moteur classique. La puissance, par exemple, qui est naturellement dictée par l’application. Notons au passage que les fortes puissances offrent par nature de meilleurs rendements que les petites. « Calculer le rendement d’un moteur revient à calculer les pertes. Or, un certain nombre d’entre elles sont indépendantes de la taille de la machine », explique Christian Sibileau, responsable commercial chez SewUsocome France. La hauteur d’axe, qui condi- tionne la puissance nominale d’entraînement, peut aussi être un critère déterminant, surtout lorsqu’il s’agit de remplacer un moteur dans une installation que l’on ne souhaite pas modifier. Certains moteurs proposent toutefois des hauteurs d’axe réduites (ou des puissances augmentées, ce qui revient au même). « Dans mon catalogue, j’ai par exemple un moteur de hauteur d’axe de 200 mm qui offre en puissance augmentée 37 kW, contre 30 kW en format standard », illustre Michel Metzger, responsable marketing moteur, variateur, basse tension chez Siemens. Le nombre de pôles intéressera l’acheteur. Plus il augmente, plus la vitesse nominale du moteur diminue. Si la demande du marché s’oriente largement vers les 4 pôles, certaines applications ont des exigences plus particulières, comme la ventilation qui a de plus en plus besoin de 8 pôles. Autre critère de choix : l’environnement dans lequel le moteur peut travailler. Il est défini par les indices de protection IP, par la température ambiante ou par la sévérité de l’environnement qui peut aller d’un degré d’humidité élevé à la nécessité de respecter une classification ATEX. Cela aura donc une influence sur l’échauffement de la machine et requerra une attention particulière à la classe d’isolation du bobinage.. Attention toutefois : plus le moteur monte en indice B AB Pour les moteurs haut rendement comme pour leurs confrères classiques, la puissance, la vitesse et l’environnement restent les principaux critères de choix, dictés par l’application visée. MESURES 826 - JUIN 2010 - www.mesures.com de protection, plus il chauffera vite car la chaleur sera moins bien évacuée. Jetez aussi un œil à l’indice d’isolation du bobinage. Il indique la température qu’il peut supporter (120 °C : classe E, 130 °C : B, 155 °C : F ou 180 °C : H pour les classes les plus courantes). S’il est mal adapté et que l’isolant fond entre deux enroulements, il y a risque de courts-circuits et de destruction du moteur. Certaines applications demanderont aussi que l’on se penche sur les températures que peut supporter la machine. Mais pour ces utilisations particulières, le rendement sera souvent relégué au bas de la liste des critères de choix. « Cela tient à la nature des applications concernées. Prenons les moteurs de désenfumage, auxquels on demande de tenir pendant un temps donné à des températures de plusieurs centaines de degrés ; ce sont eux que l’on retrouve, par exemple La compression, le pompage et la ventilation sont les plus gros consommateurs d’électricité de l’industrie. Mais les attitudes dans le tunnel du Mont Blanc pour entraîner les face au haut rendement sont inégales : si les arguments économiques et écologiques semblent avoir convaincu les spécialistes extracteurs d’air. Dans ce cas, l’efficacité énergétique du pompage, le secteur de la ventilation peine encore à devancer les exigences du règlement européen du 22 juillet 2009. n’est clairement pas la priorité majeure ! », illustre Michel Metzger (Siemens). couple qui finit par le mettre en mouvement. sion” pour ABB France. Dans les applications de puissance, les asyn- Pour tous les appareils à cage, la plupart des Classes IE chrones sont généralement alimentés par des constructeurs qui proposent d’ores et déjà Pour ceux qui, justement, s’intéressent à l’ef- courants triphasés. Un moteur est dit “à de l’IE2 ou de l’IE3 ont pris le parti de n’inficacité énergétique, c’est cette notion de haut cage” lorsque le rotor prend la forme d’une diquer que le rendement minimal exigé par rendement en elle-même qui demandera le cage d’écureuil. la norme. Mais, le règlement européen du plus d’attention. Car elle n’a été définie pré- Dans ce cas, pas de problème pour identifier 22 juillet 2009 qui fixe les échéances pour cisément par la norme CEI 60034-30 que les moteurs à haut rendement : ils correspon- les commercialisations des différentes classes pour un certain type de moteurs à courant dent aux classes IE2 et IE3 définis par la est encore récent. Du coup, certains consalternatif : les triphasés à cage, qui consti- norme CEI 60034-30. Il faut toutefois noter tructeurs, à l’instar de Bonfiglioni, attendront tuent le gros du parc industriel européen. Ce que certains moteurs triphasés à cage ne sont l’année prochaine pour proposer des gamsont des moteurs asynchrones : la vitesse de pas couverts par la norme, comme ceux mes en IE2, IE3 ou IE4. On trouve donc enla machine n’est pas forcément proportion- conçus spécifiquement pour la vitesse varia- core bien souvent dans les catalogues les nelle à la fréquence des courants qui la par- ble (soumis à la norme EN/CEI 60034-25). classes EFF du label CEMEP. Notons aussi, courent. Comme tous leurs confrères, les « D’autres moteurs de cette catégorie entrent dans que même soumis à la norme CEI 60034asynchrones sont constitués d’une partie son champ d’application sans qu’il soit exigé qu’ils 30, tous les triphasés à cage ne sont pas logés fixe, le stator, et d’une partie mobile, le rotor. atteignent l’IE3 : c’est le cas des moteurs de zone à la même enseigne en matière de recherche Le stator est composé d’enroulements, qui dangereuse, à carcasses réduites ou encore conçus et de développement. « Les 2 et 4 pôles ont parcourus par des courants, créent un champ pour être utilisés dans des conditions environnemen- longtemps concentré les efforts de recherche et dévemagnétique. Sous cette influence, le rotor est tales exigeantes : altitude élevée, haute ou basse tem- loppement, ce qui facilite l’optimisation de leurs soumis à une force électromotrice qui pro- pérature par exemple » rappelle Régis Buchmann, rendements et le passage à l’IE3. Pour les 6 pôles, duit à son tour des courants : ils créent le responsable de l’activité “moteurs basse ten- qui représentent toutefois moins de 10 % du ➜ Leroy-Somer Surdimensionné, trop souvent à bas rendement, le parc européen de moteurs électriques est bien trop gourmand en énergie. Pour juguler le gaspillage, le règlement du 22 juillet 2009 impose que la plupart des moteurs commercialisés à partir de 2011 soient à haut rendement. Dès lors, comment faire son choix ? En se penchant sur les caractéristiques classiques de ce genre d’appareils, bien sûr, comme la puissance ou le nombre de pôles, mais surtout en restant attentif aux différentes définitions qui sont encore données au haut rendement. Nord MESURES 826 - JUIN 2010 - www.mesures.com 75 Guide d’achat Guide d’achat Aperçu de l’offre en moteurs électriques haut rendement* Fabricant Modèle Classe* (*classe CEMEP EFF ou code IE si soumis à la norme CEI 60034-30) ou rendement Puissance (kW) Vitesse (nbre de pôles ou tr/ min) Environnement Observations ABB M3BP IE2 0.25 à 1 000 2,4,6,8 pôles IP55 Carcasse fonte. Une ou deux vitesses M4BP IE3 11 à 250 2,4,6,8 pôles Flameproof LV Motors 80-710 IE2 0.55 à 630 2,4,6,8 pôles Sinochron ABM Greiffenberger >IE3 0,12 à 9 1 500/3 000 tr/min Moteur synchrone à excitation permanente. Existe en versions ventilées ou non ventilées. Baldor Super-E Metric IE3 4 à 375 1 150 à 3 450 tr/min Standard : bâti en acier moulé, nombreuses options de protection pour utilisation intensive et pour l’industrie chimique (ex : moteurs lavables en acier inoxydable) Ecofit I08-A0 70 % 0,084 1 200 tr/min IP44 Moteur à commutation électronique pour ventilateur. Débit de 885m3/h, paramètres réglables par logiciel I07-A5 70 % 0,084 2 735 tr/min IP44 Moteur à commutation électronique pour ventilateur. Débit de 965m3/h, paramètres réglables par logiciel SEE 355 IE2 0,55 à 315 2,4,6,8 pôles IP55 Une vitesse. Carcasse fonte Sh355 à Sh500 IE2 Jusqu’à 1 500 2,4,6,8 pôles IP55 Une vitesse. Carcasse fonte GE X$D Ultra IE3 0,75 à 300 2,4,6,8 pôles Hitachi Super Power Serie IE2 0,4 à 15 4 pôles IP55 Classe isolation F Lafert Moteurs High efficency IE2 0,75 à 200 2,4 pôles IP55 ou plus Classe isolation B. Disponible aussi sans ventilateur ABMY et ABMZ IE2 0,12 à 22 2,4 pôles IP54 Moteur avec frein. Classe isolation F. IP55 sur demande L-force avec motec efficacité accrue IE2 0,75 à 45 4 pôles IP54 Convertisseur de fréquence 8 200 motec intégré L-force efficacité accrue IE2 0,75 à 7,5 4 pôles IP54 LSES IE2 0,75 à 375 2,4,8 pôles IP55 Existe aussi en version fonte FLSES ou en version ATEX LSES IE3 0,75 à 375 2,4 pôles IP55 Autres polarités et finitions sur demande PLSES IE2 15 à 375 2,4 pôles IP23 Applications : réfrigération, marine, suppression et compression d’air, pompage Dyneo série LSRPM Future IE4 1 à 400 750/1 500/1 800/2 400/3 000/3 600/ 4 500/5 500 IP55 Disponible sur demande en version fonte FLSRPM ou ouverte PLSRPM MGM SM EFF1 sur demande 0,04 à 90 2,4,6,8 pôles IP55 Classe isolation F, H sur demande Motive Delphi EFF1 0,75 à 355 2,4,6,8 pôles IP55 IP56,66,67 et 68 sur demande. Classe isolation F, H sur demande. Certains modèles IE3 Nord 80-180 LH/4 IE2 0,75 à 22 4 pôles Sermes ALMO série QH EFF1 1,1 à 55 2,4 pôles IP55 Classe isolation F. Carcasse aluminium VEM série WER1 EFF1 1,1 à 90 2,4 pôles IP55 Classe isolation F. Carcasse fonte DR E IE2 0,75 à 200 2,4,6 pôles DR P IE3 0,75 à 160 2,4,6 pôles 1LE1/1PC1 IE2 0,75 à 18 2,4,6,8 pôles IP55 Existent en version puissance augmentée 2,2 à 22 kW et en version sans ventilateur extérieur ni capot de ventilateur à rendement. 1LA9 IE2 0,06 à 37 2,4,6 pôles IP55 Carcasse aluminium 1LG6 IE2 75 à 200 2,4,6 pôles IP55 Carcasse fonte. Certains modèles disponibles en IE3 W21 IE2 0,75 à 250 2,4,6,8 pôles ATEX Exd, Exde, ExnA, zone 21, zone 22 W22 IE2, IE3 0,12 à 400 2,4,6,8 pôles IP55 Wmagnet Future IE4 11 à 150 2,4 pôles IP55, IP66 Large plage de fonctionnement permettant la suppression de la transmission mécanique. Puissance massique élevée. Offre système moteur synchrone à aimants permanents, associé au variateur de vitesse CFW1 pour répondre à la future classe IE4 Wquattro Future IE4 0,37 à 7,5 4,6 pôles IP55 Moteur synchrone à démarrage direct en ligne (utilisation possible avec ou sans variateur de vitesse CFW11), rendement correspondant à la future classe IE4* Emit Lenze Leroy-Somer Sew Usocome Siemens Weg Carcasse fonte IP55, ATEX Exd, Exde zone 1 ou 2, T1-T4 Taux de vibration bas Cage rotor aluminium ou cuivre Cage rotor aluminium ou cuivre * Liste non exhaustive 76 La norme CEI 60034-30 • Accord volontaire du CEMEP (Comité euros’appuyant sur péen des constructeurs de machines le règlement européen électriques et d’électronique de puissance) : du 22 juillet 2009 définit trois classes : IE1, IE2 et entré en vigueur en 1998. Il définit trois classes IE3. La définition de rendement : EFF3 (rendement faible), EFF2 d’une classe IE4 est (rendement moyen) et EFF1 (rendement élevé). à l’étude, mais certains • Norme CEI 60034-30 : adoptée en 2009 par fabricants proposent déjà des moteurs permettant le CENELEC (Comité européen de la normalisad’atteindre tion électrotechnique). Elle définit trois nouvelles les rendements qu’elle classes de rendement (IE1 : rendement standard exigera. qui correspond à l’EFF2 ; IE2 : haut rendement, qui correspond à l’EFF1 ; IE3 : rendement premium) pour les moteurs de ce type dont la puissance varie de 0,75 à 375 kW. Elle a été imaginée pour harmoniser les différentes classes utilisées de par le monde. • Directive 2005/32/CE du Parlement européen : adoptée en 2005. Elle établit un cadre pour fixer les exigences en matière d’écoconception des produits consommateurs d’énergie, dont les moteurs. • Règlement européen du 22 juillet 2009. Il s’appuie sur la norme CEI 60034-30 pour définir les classes qui devront obligatoirement être utilisées dans le futur. A partir du 16 juin 2011, seuls les moteurs de classe IE2 ou supérieure pourront être commercialisés. A partir de 2015, les applications de forte puissance devront adopter l’IE3 et elles seront rejointes en 2017 par les faibles puissances. Bémol : les IE2 pourront encore être vendus après 2015, s’ils sont équipés d’un variateur de vitesse. MESURES 826 - JUIN 2010 - www.mesures.com ➜ marché, ce sera plus difficile », explique Régis Giraud, responsable commercial et marketing moteur chez Leroy-Somer. Et pour les autres moteurs qui ne sont pas couverts par la norme ? Il faudra se pencher attentivement sur les indications fournies par les constructeurs et surtout se demander comment les rendements mentionnés ont été calculés. Car le mode et le nombre d’heures de service influencent significativement les performances énergétiques d’un engin : un rendement calculé pour une utilisation à pleine charge pendant 8 000 heures par an ne rendra pas compte d’une activité plus occasionnelle et loin de la valeur nominale du moteur. Il est aussi bon de se souvenir que les rendements peuvent varier grandement d’une technologie à une autre et selon l’utilisation que l’on en fait. Prenons l’exemple des moteurs à courant continu. A l’intérieur, se cachent toujours un rotor et un stator. Comme pour les moteurs asynchrones, le stator crée un champ magnétique grâce à ses enroulements. Le rotor prend de son côté la forme d’un châssis métallique mobile à encoches, sur lesquelles sont placés des bobinages. Lorsqu’on alimente ceux-ci, un second champ magnétique est créé. Son interaction avec le champ du stator produit un couple dans le bobinage qui met le rotor en mouve- MESURES 826 - JUIN 2010 - www.mesures.com Leroy-Somer Des textes pour les triphasés à cages ment. Pour maintenir le couple au maximum, un collecteur rotatif est utilisé afin d’alimenter les différentes bobines grâce à des balais. Les moteurs à courant continu présentent des avantages certains : ils permettent en particulier de régler facilement la vitesse de rotation à l’aide d’un graduateur. Ils peuvent aussi convenir aux applications qui nécessitent un couple de démarrage élevé, car ils sont capables, par nature, de vaincre un couple résistant élevé. Mais, leur robustesse est limitée. En effet, pour garder le contact entre le collecteur et les balais, la pression exercée doit être importante surtout à des vitesses élevées. Et, lorsque le contact n’est plus assuré, des arcs électriques apparaissent. Ce qui limite grandement la durée de vie des balais. Autre inconvénient : le défrettage, qui endommage le système de fixation des bobinages au rotor. Il survient à cause de la force centrifuge créée lorsque le moteur tourne à vitesse trop élevée. Au final, les moteurs à courant continu, presque toujours accompagnés de variateur de vitesse – ce qui permet alors d’optimiser leur efficacité énergétique –, s’adaptent encore bien aux applications de forte puissance : métallurgie, enroulage ou levage par exemple. Pour éviter les inconvénients inhérents à la présence de balais, les constructeurs ont aussi développé des moteurs dits “brushless” ➜ 77 Guide d’achat tion doivent cependant être adaptées continuellement, pour que le champ reste en avance sur la position du rotor et ainsi produire un couple moteur. La durée de vie de ce type de moteur s’est largement améliorée par rapport aux moteurs à courant continu. Il faut, toutefois, noter que ces moteurs sont un peu délicats au démarrage, car le rotor ne peut pas atteindre instantanément la vitesse de rotation du champ. Le système de contrôle électronique doit donc assurer un démarrage progressif. Pas très pratique pour les applications qui ont besoin instantanément de toute la puissance du moteur, comme le levage, par exemple. La vitesse variable Impossible de parler d’efficacité énergétique sans la mentionner ! Elle est, avec l’augmentation du rendement, la principale source d’économie d’électricité. Les variateurs de vitesse, comme leur nom l’indique, adaptent la vitesse de rotation du moteur en agissant directement sur la puissance qui lui est fournie. Ils sont particulièrement adaptés aux applications du type compression, pompage ou ventilation, car leur consommation est proportionnelle au cube de la vitesse. « Evidemment, quand le moteur est utilisé en service permanent à 100 % de sa capacité, la vitesse variable ne peut pas se justifier. Elle devient intéressante quand il faut faire varier la vitesse d’au moins 5 ou 10 % », décrypte Michel Metzger (Siemens). Dans la pratique, il arrive souvent que les installateurs associent entraînement direct et vitesse variable. « Dans le domaine de la distribution d’eau, par exemple, si l’utilisateur sait qu’il a besoin de fournir au moins 300 m3 tout en variant le débit, il installera une pompe équipée d’un variateur de vitesse et en cascade, deux pompes à entraînement direct évoluant à vitesse constante », ajoute Michel Metzger. La souplesse offerte par les variateurs de vitesse n’est pas leur seul avantage. Lors des freinages, ils peuvent réinjecter l’énergie sur le réseau électrique : moins de chaleur dissipée, moins d’énergie consommée ! Un plus qui intéresse particulièrement les applications du type levage ou enroulage. Pas parfaits non plus, les variateurs tendent malgré tout à échauffer l’ensemble de la chaîne et produisent des perturbations harmoniques qui limitent les effets bénéfiques de leur utilisation. Les constructeurs ont donc développé des technologies générant de très faibles taux d’harmoniques, comme les variateurs redresseurs à modulation de largeur d’impulsion. Vers l’IE4 Des pompes boostées avec des moteurs IE3 ABB Contrairement au secteur de la ventilation qui, dans l’ensemble, traîne encore un peu la patte, les spécialistes du pompage ont, pour la plupart, intégré le réflexe haut rendement. C’est le cas, par exemple, de ABS qui propose toute une gamme (EffeX) de pompes pour l’assainissement, équipées de moteurs IE3 pour des puissances allant de 1,3 à 110 kW. « Le trou dans la gamme de 12 à 20 kW sera comblé par des nouveaux moteurs d’ici à la fin de l’année et la limite haute de puissance sera étendue », ajoute Michel Leromain, responsable SAV chez ABS. Certains fabricants ont choisi Ces moteurs, fabriqués par ABS ou ses sous-traitants, de devancer les exigences du règlement du 22 juillet 2009 et d’équiper d’ores présentent, selon la société, bien des avantages : et déjà leurs machines (ici des pompes réduction de la facture énergétique, bien sûr, submersibles pour l’assainissement) mais aussi économies de maintenance. de moteurs de classe IE2 ou IE3. Car, les engins ont été conçus avec une classe d’échauffement A. Ils ne dépassent donc jamais une température de 100 °C. Plus froids, ils sollicitent moins les roulements, et les étanchéités sont mieux maîtrisées. Faut-il compter un surcoût à l’achat ? « Nos pompes EffeX sont parfois moins chères que les anciennes… Mais dans l’ensemble, le surcoût pour le client final est de l’ordre de 5 à 10 % du prix d’achat », explique Michel Leromain. ABS compte déjà parmi ses clients les grands acteurs du domaine de l’eau comme Veolia, Suez, Saur ou Vinci. Même si, comme l’indique Michel Leromain, les cahiers des charges sont toujours réalisés majoritairement avec les vieilles classes européennes de rendements. « Mais la nouvelle norme internationale devrait progressivement gagner du terrain ». ➜ (sans balais). Ils sont composés des mêmes éléments que les moteurs à courant continu, un rotor et un stator, mais se passent de collecteur. De plus, l’emplacement des bobines et des aimants permanents est inversé : le rotor est alors équipé d’un ou plusieurs 78 aimants permanents et le stator de plusieurs bobinages. Ces dernières sont alimentées de façon séquentielle afin de produire un champ magnétique tournant. L’aimant permanent du rotor cherchant à s’orienter dans le sens du champ, tourne. Les tensions d’alimenta- Les années à venir devraient aussi apporter leur lot de nouveaux moteurs. « La directive EuP le mentionne d’ores et déjà dans son texte : elle est appelée à évoluer. A l’avenir elle définira ainsi de nouvelles classes de rendement. D’ailleurs, il existe déjà une définition officieuse d’une classe IE4. Mais, cette classe ne pourra être atteinte que ponctuellement par les moteurs triphasés à cage. Pour obtenir les rendements qu’elle fixera, il faudra, dans la grande majorité des cas, passer à une technologie synchrone à aimants permanents », confirme Régis Giraud, (Leroy-Somer). Si les rendements de ces moteurs-là sont si bons, c’est que les pertes liées au rotor sont en théorie nulles pour ces appareils. Ce qui permet aussi d’améliorer la puissance massique par rapport aux autres technologies : à puissance égale, le moteur sera moins volumineux et moins lourd. Leroy-Somer, à l’instar de Weg avec son WMagnet, s’est lancée dans l’aventure de l’IE4 (ou super premium) avec sa gamme de motovariateurs Dynéo. Mais il y a un prix à payer pour les excellents rendements promis. « Les moteurs synchrones contiennent des terres rares qui coûtent cher. De plus, ils ne peuvent démarrer tous seuls : il faut donc leur associer une électronique complexe. Leur utilisation ne se justifiera pas dans toutes les applications », pondère Yves Jamet, responsable du service affaires projets pour Weg France. Pour autoriser un démarrage en ligne, la société propose donc un moteur hybride, nommé WQuattro qui possède une cage asynchrone assurant la phase de démarrage, et un moteur à aimants permanents sur lequel bascule la machine lorsqu’il est proche du régime nominal. Les grands du secteur montrent le chemin : nul doute que dans les années à venir, des systèmes originaux estampillés “rendement premium”, “super premium”, et – qui sait ? – d’une classe encore supérieure fleuriront dans les catalogues des fabricants. Anne Orliac MESURES 826 - JUIN 2010 - www.mesures.com