n°113 Lyon-Mariste 2ème trimestre 2015 - Sainte
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n°113 Lyon-Mariste 2ème trimestre 2015 - Sainte
LYON SAINT-PAUL LES MISSIONS LA SOLITUDE LA VERPILLIERE 113 2 som mai re Refe Re ren flexi ce ons 12 22 LE BEAU ET L’UTILE Jean-Michel GARDE Pourquoi enseigner le grec ? 15 LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS NOS ENSEIGNEMENTS Hélène CARION, Anne GORLIER Intervention au conseil de maison L’INFORMATIQUE À L’ÉCOLE Olivier GOSSET Contre la numérisation des consciences 28 LA GUERRE EST DÉCLARÉE Emmanuel JAUSSOIN À propos du journal d’un poilu Re flexi ons LES YEUX FERTI LES 40 LES ANGES DANS (PRESQUE) TOUS LEURS ETATS Didier PERCEVEAUX De Suétone à Wim Wenders, considérations intempor…ailes COL LEGE 54 74 SE DONNER, SE REPRENDRE Vincent RICARD Intervention lors de la retraite des professeurs 62 CinÉ-club A PROPOS D’ELLY TRAVAUX D’ÉLÈVES TEXTES, DESSINS 82 Voyages GRÈCE ALLEMAGNE PARIS NOU VEL LES 94 101 Lyon La Verpillière 107 Carnet En cette fin d’année, le dialogue sur les orientations peut se tendre. Les ambitions légitimes des élèves et de leurs parents peuvent être dévoyées par un appétit démesuré, un calcul compliqué1 ; les professeurs, soucieux de la réussite de leurs élèves, font parfois preuve de pusillanimité dans leurs conseils ou au contraire font miroiter des cursus, mais inadéquats avec le niveau réel de leur élève. Notre dialogue devrait être nourri de la certitude que la vérité d’un être n’est entièrement cernable par personne. Pères et mères savent, de la chair de leur chair, quelques merveilles ; finalement si peu. Les enseignants, les éducateurs, révèlent d’autres aspects, sans nécessairement savoir lesquels, tant les mûrissements sont secrets et les bourgeonnements imprévisibles. L’élève lui-même en a-t-il une perception plus complète ? L’accouchement de cet effort de connaissance de lui-même prendra bien toute une vie. Personne n’est Dieu : La parole n’est pas encore sur ma langue, Et voici, Yahvé, tu la sais tout entière […] Mon âme, tu la connaissais bien, Mes os n’étaient point cachés de toi, Quand je fus façonné dans le secret […] Mais pour moi, que tes pensées sont difficiles […] Ai-je fini, je suis encore avec toi.2 Edi to rial Le renoncement de sa toute puissance à définir l’identité de l’autre est la marque d’un amour respectueux, d’un amour qui ne l’étouffe pas à partir de son passé (chronos), qui ne l’affaiblit pas en rêvant une destinée toute faite (aïon). Le grec, cette langue « morte » que d’aucuns veulent encore tuer, distingue en effet « chronos », le temps mesuré, passé, présent et avenir, flot qui s’écoule sans qu’on puisse le retenir, « aïon », le temps en soi, l’existence dans son ensemble, la destinée, et, comme entre les deux, pour les unir, « kairos », le moment de la décision, l’opportunité à saisir dans l’instant. Comment laisser le petit dieu ailé kairos se poser pour des enfants si, par un peu de dépossession, n’a pas été préparée dans nos cœurs et nos intelligences, dans les leurs surtout, la rencontre désirée entre ce qu’ils ont su construire et l’élan d’un choix posé dans l’espérance ? La merveille qu’est un enfant se révélera d’autant plus qu’on n’aura pas rêvé une improbable merveille, pas ouvert une fausse piste. Pour éviter les déceptions, conformons-nous à ce qui est dit de la Vierge Marie : devant les bergers à la crèche « elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Luc 2, 19) ; après l’escapade de Jésus au temple : « Et sa mère gardait toutes ces choses en son cœur » (Luc 2, 51). Ce n’est pas passivité de sa part ; son magnificat 8 a bien été travaillé par la longue histoire d’Israël qui a fait son œuvre profonde en son sein ; elle a rencontré des témoins de ce chronos en Zacharie, en Elisabeth, en Siméon et Anne. Elle est prête à voir, au-delà de l’épée qui lui transpercera le cœur, le salut et la vie. Notre propre attente, notre méditation pour éviter de désespérer devant le mystère d’un enfant, sera active, faite de dialogue nourri, vif s’il le faut, respectueux de ce que chacun est, pour lui laisser, un jour, le temps et la force de décider de son devenir. Que souhaiter, en cette fin d’année, si ce n’est que notre dialogue soit rempli de cette attente-là, de cette liberté-là, de cette soif de voir Dieu à l’œuvre dans sa vie ? […] Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable3. M arc Bouchacourt 9 Lors de la procédure APB (=admission post-bac) on voit des élèves qui ne font qu’un choix, celui de la plus grande classe préparatoire de France, alors que leur dossier est plus que médiocre, au risque de se retrouver sans inscription ; d’autres vont jusqu’au maximum de trente choix dans tous les horizons, manifestant qu’ils n’ont nullement mûri une orientation ; et ils seront encore frustrés d’avoir à renoncer aux vingtneuf autres possibilités au dernier clic ; d’autres enfin n’oseront pas tenter une école prestigieuse pourtant possible pour eux. 1 NO TES Psaume 139, versets 4, 5, 14-16, 17, 19 ; traduction de la Bible de Jérusalem. 2 3 Le Prophète, Khalil Gibran, édition Casterman, 1956, p. 19-20 LE BEAU ET L’UTILE… NOUVELLES TECHNOLOGIES LA GUERRE EST DÉCLARÉE Les ANGES... ré flex ions LE BEAU et L’UTILE Dans cette rubrique Lyon-Mariste propose à votre réflexion un texte ayant trait à la conduite scolaire. Nous voudrions simplement dissiper quelques malentendus touchant l’inutilité ou le peu d’utilité de l’étude du grec […]. Il y a sans doute chez certains une sorte de dédain pour des études comportant une part de gratuité. A vrai dire, tout travail intellectuel authentique, qui est désir de découverte, nécessite une attitude désintéressée ; et il ne semble pas que dans les préoccupations de notre époque le sens du gratuit soit à ce point envahissant qu’il faille tout faire pour en réduire la place dans l’enseignement et dans l’éducation. Cela dit, jusqu’à quel point peut-on prétendre que le grec soit de peu d’utilité ? […] Laissons de côté tout ce qui est découverte d’une civilisation et d’une culture exceptionnelle dont nous sommes les héritiers – aspect non négligeable ! – et considérons pour le moment ce seul point : l’étude du grec peut-elle aider les élèves à mieux s’exprimer dans leur langue maternelle ? refe13 ren ce La réponse est simple : l’étude du grec développe dans tous les domaines, notamment dans l’expression, dans le choix des mots et des tours, des qualités de clarté, de précision et de rigueur dont tous les élèves ont le plus grand besoin. Le Grec a l’amour de la lumière. Pour un Grec ne plus pouvoir jouir de la lumière est une privation plus difficile à supporter que celle de la vie. Pensons aux lamentations d’Œdipe devenu aveugle, aux adieux d’Alceste à la lumière. Ce qui est vrai dans l’ordre du sensible l’est aussi dans celui de l’’intelligence : le Grec cherche à faire la lumière sur les moindres obscurités où sa pensée pourrait se perdre quelque peu. Il a la passion de comprendre et d’expliquer et il parle pour s’expliquer ; aussi découvre-t-il à plaisir les articulations de sa pensée, même les plus menues : toutes les phrases d’un texte grec et tous les membres d’une phrase sont reliés les uns aux autres par des particules précises et variées, fines comme des traits de plume, qui mettent en évidence tous les rapports logiques que les éléments du discours entretiennent les uns avec les autres. Quant au vocabulaire, il est prodigieusement riche, grâce en particulier à l’emploi fréquent de préfixes de composition, tant il est vrai que ce peuple de penseurs avait le sens du concret, l’amour de l’un et du multiple. Paul Valéry, poète méditerranéen, très grec d’esprit et d’art, fait dire à l’un de ses personnages dans Eupalinos ou l’Architecte, dialogue entre Socrate et Phèdre à la manière de Platon : « J’ai cherché la justesse dans les pensées. Ce grand art exige de nous un langage admirablement exact. Le nom même qui le désigne 14 est aussi le nom, parmi nous, de la raison et du calcul ; un seul mot dit ces trois choses1. Car qu’est-ce, la raison, sinon le discours lui-même, quand les significations des termes sont bien limitées et assurées de leur permanence, et quand ces significations immuables s’ajustent les unes avec les autres, et se composent clairement ? Et c’est là une même chose avec le calcul ». Mais jamais ce souci de logique et de rigueur n’aboutit à la raideur. Tel art, telle langue : voyez le Parthénon, comme il est solidement campé, rigoureusement équilibré, et pourtant si léger ! Ici encore l’on songe à Valéry et à son Cantique des colonnes : - Que portez-vous si haut, Egales radieuses ? - Au désir sans défaut Nos grâces studieuses ! On dirait volontiers de la langue grecque ce que Platon disait du poète : « C’est chose légère, ailée ». La phrase grecque est claire et souple, ciselée comme un chapiteau dont le soleil illumine la fine géométrie. Pour un Grec, on le voit, l’amour de la lumière se conjugue à l’amour de la raison et de la beauté : ce qui est beau est éclairant, ce qui est éclairant est beau, et le mot « idéa » signifie d’abord « force visible, distincte ». Voilà donc le superflu dont la plupart des élèves devraient être privés ! Qui oserait prétendre que le grec doit être réservé aux seuls « littéraires » ? […] Jean-Michel GARDE Extrait d’un article paru dans Lyon-Maristes, n°18, mars 1974 1 En grec le même mot « logos » désigne à la fois le langage, la raison et le calcul. Les nouvelles technologies dans nos enseignements « Tradition et curiosité passionnée de son temps portent toute vraie modernité.» Marc Perrot, sm Une révolution en cours Le rapport Assouline, « Les nouveaux médias : des jeunes libérés ou abandonnés ? », publié en 2008, est éloquent : chez les 12-17 ans, 94 % sont équipés d’un ordinateur, 53 % des adolescents se disent auteurs d’un blog ou d’un site ; enfants et adolescents passent environ 800 heures par an à l’école, 1500 heures par an devant un écran ! D’une manière générale l’évolution numérique de ces dernières années a été très rapide et induit nécessairement un nouveau rapport au temps et aux savoirs, une nouvelle forme de pensée, de nouvelles façons de travailler à tous les niveaux de la société. Elle a des conséquences sur les pratiques et les modes de vie, sur l’économie : télétravail, e-commerce... L’école est forcément touchée. 16 Un mouvement auquel nous nous adaptons Progressivement, les nouvelles technologies ont pris leur place dans notre quotidien scolaire, que ce soit le badge qui nous ouvre l’accès à la cantine aussi bien qu’aux photocopies, la saisie des notes et du cahier de texte sous Ecole directe, la procédure Admission Post Bac dont la saisie de notes en ligne est obligatoire, les informations multiples envoyées par courriels. Par ailleurs, l’usage quasi généralisé de l’ordinateur permet un archivage ordonné et peu volumineux : avec une clé USB, on transporte l’équivalent de plusieurs livres et classeurs. Ces nouvelles technologies influent aussi sur notre façon d’enseigner. Quelques exemples de l’usage qui en est déjà fait : • par le professeur en classe La présence d’un vidéoprojecteur dans la majorité des salles de cours est unanimement appréciée. Grâce à lui, sans perte de temps, on montre une image, une photo, un graphique illustrant un cours : stylo posé et livre fermé, les élèves se concentrent mieux sur le tableau, on peut faire passer une notion compliquée, la rendre plus accessible. Son utilisation n’exclut aucun niveau. En primaire, l’utilisation du Tableau Blanc Interactif favorise une pédagogie concrète adaptée aux écoliers. Elle n’exclut non plus aucune matière. Si on pense immédiatement aux mathématiques, aux sciences, à l’économie, à l’histoire-géographie, à l’histoire de l’art, les disciplines littéraires, voire la religion peuvent aussi en tirer parti. Ainsi, en mathématiques, on apprend le fonctionnement de la calculatrice en utilisant l’émulateur qui la projette sur l’écran avec une simulation de son fonctionnement (touches et affichage). Le logiciel Geogebra permet la construction de figures de géométrie ou de courbes, Algobox l’élaboration et l’exécution d’algorithmes. En géographie, 17 un montage « powerpoint » révèle de façon progressive les éléments que les élèves doivent positionner sur une carte. En histoire, il rend possible la projection d’un film documentaire, d’extraits de journaux, de pièces diverses liées aux événements étudiés. En langues, l’utilisation d’une vidéo ou d’une bande sonore est fondamentale. En art, on visite, sans se déplacer, sites et musées, on commente une œuvre, on rapproche des tableaux d’un même artiste ou d’artistes différents. Même les disciplines littéraires y trouvent leur compte. Rien n’interdit en effet de projeter un texte de français ou de latin pour mettre en évidence sa structure, faire apparaître des occurrences, le développement d’un argument ou d’une figure de style. Rien n’interdit non plus, grâce à sa projection, d’étudier une pièce de théâtre en analysant le jeu de tel ou tel acteur, la pertinence de telle ou telle mise en scène. Ce ne sont là que des pistes et des exemples… Du point de vue de la communication, le videoprojecteur apporte aussi efficacité et gain de temps, que ce soit pour les consignes ou informations diverses données aux élèves, l’élaboration et la diffusion d’un corrigé, l’analyse d’une copie, et ce avec l’assurance encore une fois de mieux capter l’attention de la classe, de mieux garantir la juste réception de ce qui est dit et lu, en même temps que vu. La projection du plan d’un cours aide grandement à l’apprentissage de la prise de notes. • par les élèves, En salle informatique, l’accès à internet facilite l’obtention des informations, ce qui est très utile pour les TPE par exemple ; en salle de TP, c’est le travail sur des logiciels spécifiques qui est rendu possible : c’est ce qui se passe en sciences, mais aussi lors de certaines activités en gestion et mathématiques. En langues, les élèves peuvent non seulement entendre, mais aussi s’enregistrer et s’écouter pour se corriger. 18 A la maison, grâce à une plateforme numérique (Moodle, Spiral), ils récupèrent ou transmettent divers éléments : corrigés de devoir, documents complémentaires, travail à rendre au professeur. A cela s’ajoute la consultation du cahier de textes numérique et de ses documents joints (avec l’inconvénient toutefois qu’ils sont sur un jour précis). Une conséquence annexe, mais non négligeable, de ces pratiques est une moindre consommation de papier. Ce que l’on pourrait faire d’autre Nous pourrions utiliser davantage et mieux : - les TBI - les manuels numériques : cela permettrait d’alléger les cartables, de ne pas « se battre » avec les élèves qui n’ont pas leur livre, de faire en sorte qu’ils regardent tous la même page en même temps - les plateformes dans toutes leurs fonctionnalités : remise de devoirs en ligne, QCM ou exercices préparatoires ou d’application directe d’une notion … Nous pourrions également : - mutualiser nos préparations, d’un professeur à un autre - pratiquer, plus que nous le faisons, l’« école inversée » en envoyant aux élèves les documents pour étudier seuls au préalable une notion qui est ensuite reprise en classe par des exercices - autoriser des ordinateurs personnels dans certains cours, pour la prise des notes, pour se filmer ou s’enregistrer, pour consulter des documents ou le manuel numérique. Cela est sans doute à adapter à l’âge des élèves et aux cours concernés, mais il importe de « dédiaboliser » la présence de l’ordinateur en classe : son utilisation fréquente dans un contexte de travail en normalise la présence, ce qui limite tout naturellement la tentation de l’utiliser à d’autres fins. 19 Freins et réticences • pour les professeurs Le temps de préparation est en général plus long au moins au commencement. De plus les compétences respectives en la matière sont très diverses. L’utilisation de Moodle par exemple nécessite en début d’année un paramétrage important de chaque cours et des ses utilisateurs : aussi le système peutil sembler lourd. A cet inconvénient s’ajoutent des incidents matériels qui peuvent « gâcher » un cours et provoquer un certain flottement chez les élèves, d’où la nécessité de prévoir une solution de rechange : fils de connectique sectionnés ou abîmés empêchant le fonctionnement du vidéo projecteur, dysfonctionnement de casque, de micro ou de poste dans la salle informatique, logiciel qui n’est pas installé ou avec une autre version … • pour les élèves Le manque d’homogénéité des outils utilisés par les enseignants fait que les élèves ont du mal à s’y retrouver et rechignent à s’en servir. Dans la classe, la lecture sur écran du texte projeté pour le groupe (distance, taille des caractères, lecture silencieuse…) n’est pas forcément plus aisée que celle d’un document individuel. Par ailleurs, si elles facilitent la communication et le transfert d’informations, ces nouvelles technologies créent chez les élèves une habitude de l’immédiat : on ne sait pas attendre la réponse à un courriel, on refuse parfois de passer du temps à résoudre un exercice alors qu’on peut trouver la réponse sur internet. On préfère « facebook » à un cahier de textes en ligne, on voudrait recevoir les corrigés sur sa messagerie plutôt que de faire l’effort d’aller les chercher sur une plateforme numérique. 20 • pour les parents Il existe aussi chez eux une certaine réticence : elle tient à la difficulté qu’ils ont de contrôler à la maison si l’usage de l’ordinateur est lié ou non au travail scolaire. C’est d’ailleurs souvent les deux à la fois. Défis et ouverture : choc ou métissage entre la culture du livre et la culture numérique ? Des questions nous sont posées par l’existence de l’outil informatique : - peut-on se passer d’un livre papier en classe ? - faut-il conserver l’idée d’un cahier contenant l’intégrité des notions alors qu’elles existent de manière peut-être plus claire et plus propre dans le manuel ? Faut-il envisager un cahier de notes personnelles complémentaire ? - comment lutter contre les plagiats si faciles par copier-coller ? - une trop grande utilisation de ces technologies ne risque-telle pas de blaser les élèves, de les rendre spectateurs ? - ne les incitent-elles pas à négliger la rédaction, l’écriture alors que la majorité des évaluations aux examens et concours demande toujours un écrit structuré plutôt qu’un QCM, alors qu’on sait bien qu’écrire aide à mémoriser et à comprendre, qu’il faut du temps pour l’appropriation, une certaine lenteur pour la relecture et la construction d’un esprit critique ? Pour aller plus loin, quelle est l’incidence de ces nouvelles technologies sur : - la formation de l’identité (facebook) - le rapport au temps (tout tout de suite) - la relation aux autres (être toujours joignable) - le rapport au vrai (quelle fiabilité ?) - le rapport à l’autorité (découvrir par ses propres moyens, méfiance) 21 - le rapport au travail (personnel et en équipe) - le développement d’une imagination créatrice, d’une intériorité profonde ? Ces questions restent en suspens. Bien sûr, les écrans ne remplaceront jamais la présence physique du professeur qui explique et accompagne, initie à l’observation ; ils ne remplaceront jamais le contact avec le réel, celui d’une manipulation en chimie, d’une sortie sur le terrain en géologie ou la visite d’un site en histoire. Cela ne signifie pas que les outils numériques ne doivent pas trouver de place dans nos enseignements ; la variété de la présentation et du support enrichit notre pédagogie, mais il faut procéder avec pertinence et en fonction de l’âge des élèves. Nous devons trouver les structures qui permettent un vrai travail où chacun grandit. Sans jamais confondre éducation et soumission à l’air du temps, sachons rendre nos élèves curieux et autonomes, capables de s’adapter aux changements et d’affronter l’avenir avec lucidité. Hélène CARION, A nne GORLIER L’informatique à l’école ou la numérisation des consciences Madame Vallaud-Belkacem l’avait annoncé dès sa prise de fonction, le développement du numérique à l’école serait une priorité de son mandat. Ainsi, pour la rentrée scolaire 2014-2015, l’Éducation nationale annonçait que, « pour éviter de creuser la fracture sociale », le ministère se dotait « d’une stratégie ambitieuse visant à faire du numérique un facteur de réduction des inégalités ».1 Forte de ce principe, la rue de Grenelle a conçu un véritable plan qui s’est décliné comme suit : le « très haut débit pour tous » fut promis à la rentrée 2014, une « concertation » nationale a été enclenchée le 20 janvier 2015 et s’est achevée le 9 mars, une « conférence nationale » aura lieu en avril 2015 et le « plan numérique » sera mis en œuvre à la rentrée 2016.2 On le voit donc, c’est une démarche de grande envergure qui est entreprise par le Ministère. Quelle est alors l’origine de ce projet, qui en sont les concepteurs, quel impact est-il destiné à avoir sur le monde de l’école ? 1 2 www.education.gouv.fr/cid81791/rentree-scolaire-2014-2015 www.gouvernement.fr/action/l-ecole-numerique 23 Un projet d’enseignement conçu sans les enseignants Pour orienter les décisions à venir, un rapport a été conçu par le Conseil National du Numérique, intitulé Jules Ferry 3.03. Recommandé par le Ministère, cet opus fut rédigé par 13 personnes, scientifiques, philosophes ou cadres de haut niveau. Au cœur de cet aréopage, on ne compte que deux enseignants, exerçant dans un cadre universitaire. Confirmation de cette mise à l’écart, la question même de la participation enseignante n’est que peu évoquée par le rapport. Ainsi, parmi les quarante propositions esquissées, il faut attendre la « recommandation 27 » pour que soit émise l’idée de « mettre en place des programmes de rechercheaction transdisciplinaire». Fruit de cette négligence, les dernières recommandations imposent d’ « accepter les nouvelles industries de la formation » dans le but d’« organiser et encadrer l’industrie française des data de l’éducation ». Véritable informatisation de l’instruction, le plan numérique envisagé par le gouvernement se traduit par une évacuation du personnel enseignant. www.cnnumerique.fr/wp-content/uploads/2014/10/ Rapport_CNNum_Education_oct14.pdf 3 24 La poursuite d’une chimère égalitaire La question de l’enseignement étant seconde, c’est un autre objectif que celui de la transmission des connaissances qui semble alors en vue. Comme le signale le sous-titre du rapport, il s’agit, pour les concepteurs de ce dernier, de « bâtir une école créative et juste dans un monde numérique ». Justifiant cet idéal égalitaire, le texte multiplie les raccourcis où les poncifs se mêlent aux sophismes. Ainsi, assure la page 15 du document, « quand l’ascenseur social ne fonctionne plus, l’ascenseur numérique peut prendre le relais». De même, peut-on lire plus loin, la « société numérique » étant une « société en réseau, moins hiérarchisée, plus horizontale », les élèves, imprégnés de cette culture, « seront plus à l’aise, plus responsables et auront davantage confiance en eux». Par un singulier transfert de compétences, on demande à l’informatique de réaliser ce que ni l’école ni l’État n’ont pu effectuer jusque là : édifier un monde sans heurt, sans différence et sans écart. Simple technique au service de la connaissance, le numérique devient ici l’instrument d’une rédemption sociale. De l’enseignement du numérique à la numérisation de l’enseignement L’ampleur d’une telle ambition appelle alors à modifier les contours mêmes de l’enseignement. Explicitement affiché, le but est d’appliquer la structure du numérique au monde de l’école. Voulant « redessiner le tissu éducatif », le rapport entend vouloir « transformer la vie à l’école » pour initier les jeunes à une sociabilité du réseau et de l’interface. Dès lors, c’est une pédagogie de l’illimitation qui se met en place et redéfinit l’espace scolaire. On demande alors, pour « vivre l’école en réseau », d’« ouvrir dans les villes des espaces de 25 travail connectés pour les professeurs ». On envisage aussi de « passer de l’espace numérique de travail réservé au travail scolaire à un espace numérique d’échange plaçant les élèves au cœur d’un écosystème ». Il est même question de créer un « espace communautaire d’expérience, d’animation citoyenne pour parler d’éducation, de rendez-vous avec les parents et d’organisation d’événements. » Délirantes et prolifiques, ces propositions transforment le territoire scolaire en un champ virtuel où les professeurs se font prestataires de logiciels et les élèves consommateurs d’écran. En cette invasion à peine dissimulée, l’école devient l’enjeu d’une conquête que met en œuvre une sorte de colonialisme numérique. Rappel de quelques évidences Technocrates et experts semblent avoir oublié en leur rapport quelques évidences qu’il semble bon de rappeler ici. Comme simple technique, l’informatique n’est qu’un moyen, qui peut certes perfectionner un processus mais non pas le transformer. En outre, placer l’ordinateur au cœur de l’espace éducatif est dénaturer la relation enseignante autant que leurrer les élèves. Un réseau ne remplacera jamais une relation. L’accès illimité à l’information ne garantit pas la juste acquisition de connaissances. L’interactivité, que permet la stimulation informatique, n’est pas le gage certain d’une activité durable. Voir le monde par le prisme d’un écran n’est pas s’ouvrir à la réalité de ce dernier. Bien au contraire, l’école ferait mieux, en son ambition numérique, de regarder du côté des neurosciences pour évaluer les risques que court une génération qu’on embarque dans le tout informatique. De récentes études ont montré comme la consultation des écrans stimule le cortex préfrontal, siège des émotions premières, au détriment des parties plus antérieures du 26 cerveau, lesquelles sont sollicitées pour mûrir une décision4. De la même manière, on sait que le fréquent usage de l’ordinateur empêche les jeunes de s’endormir : un individu ayant quatre appareils numériques a statistiquement trois fois plus de risques de dormir moins de cinq heures par nuit5. Il est fort à parier alors que, gavant ses élèves d’écrans et de logiciels, l’école de demain ne parvienne qu’à fabriquer des individus pulsionnels et noctambules. On ne guérit pas d’effets indésirables en reproduisant à l’identique les causes qui les engendrent. Prétendument novatrice et adaptée, cette édification d’une école sauvée par le numérique ne semble donc ni réaliste ni efficace. Et ce messianisme cybernétique montre à quel degré l’institution scolaire se trouve abaissée désormais. N’ayant plus rien à dire au monde, l’école française, jadis réservoir de tant propositions et de nouveautés, ne peut que s’y conformer. Incapable d’emplir le bel espace d’un tableau vierge, le maître se réfugie derrière les attractions faciles d’un écran multicolore. Originellement pourtant, l’école est ce lieu qui, séparé du monde pour le temps de l’apprentissage, permet de comprendre ce dernier et de le transformer par le fait d’idées neuves. Vouloir numériser l’enseignement, c’est aligner celui-ci sur des normes préétablies, ôter le sel de l’aventure éducative. Ce n’est pas une technique qui sauvera un édifice en crise mais la redécouverte de ce qui présida à sa construction. 4 Cette analyse, empruntée à Olivier Houdé, est consultable au lien qui suit : www.sciencesetavenir.fr/sante/20150212.OBS2324/generation-z-le-cerveau-desenfants-du-numerique.html 5 Ce chiffre vient d’une enquête norvégienne, que l’on peut trouver au lien suivant : www.sciencesetavenir.fr/sante/20150203.OBS1553/dans-quelle-mesure-lesecrans-nuisent-ils-au-sommeil-des-ados.html 6 Discours de Jules Ferry à la Sorbonne, prononcé lors de la séance d’ouverture des cours de formation des professeurs, le 20 novembre 1892. 27 L’école ne fut pas fondée pour faire entrer les enfants de plainpied dans le monde de l’illimité et du provisoire. Au contraire, Jules Ferry rappelle qu’elle fut faite pour enseigner, « en un temps où tant de passions et d’utopies font appel aux vains rêves », « cette idée qu’il y a, dans les choses humaines, des réalités plus fortes que les volontés humaines, des nécessités qui tiennent à la nature même des choses6». Découverte de ce qui est, apprentissage de ce qui demeure, l’estrade permet d’envisager ce qui change. Remplacer celle-ci par les séductions d’une technique multiforme, c’est condamner une jeunesse à subir les avanies du monde plutôt qu’à pouvoir les saisir. Un ordinateur, si puissant soit-il, ne saurait faire office de conscience. Olivier GOSSET La Guerre est déclarée Henri Tissot en 1918 1 29 Commémorant de belle manière le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, Sophie Arnaud, professeur d’économie-gestion à Lyon, a publié en 2014 La Guerre est déclarée. Journal du sous-lieutenant Henri Tissot pendant la Grande Guerre. Ce journal a été découvert à Saint-Jean-le-Vieux (Ain) dans la maison familiale de son auteur, Henri Tissot1. L’ouvrage publié ne reproduit pas le texte original dans son intégralité2 mais lui adjoint une quarantaine de photographies3 prises pendant la guerre et plusieurs documents complémentaires en annexe4. Ce journal de guerre présente un triple intérêt. Le premier concerne la période chronologique couverte : le journal débute le 30 juillet 1914, avant même l’ordre de mobilisation générale du 1er août, et se termine le 25 novembre 1918, plusieurs jours après l’armistice. Ce sont donc quatre longues années « de misère, de souffrances et de gloire » qui sont données à voir au lecteur. 1 Dont la fille, Anne-Marie Tissot, était la marraine de Stéphane Arnaud, le mari de notre collègue. 2 Des coupes ont été opérées, notamment les journées passées au dépôt divisionnaire ou en permission. 3 Parmi les cent cinquante clichés retrouvés avec le journal. 4 Entre autres une notice biographique du diariste, un de ses poèmes écrits au front, son parcours pendant la guerre ou encore un lexique des termes militaires utilisés. 30 L’intérêt réside aussi dans la personnalité même de l’auteur et sa qualité littéraire indéniable. L’expression soignée peut s’expliquer par le fait qu’Henri Tissot a rédigé son journal a posteriori, en se servant des notes griffonnées en pleine action sur des agendas de poche et des lettres écrites presque quotidiennement à sa mère. Ce récit est donc le fruit d’un véritable travail d’écriture expliqué par l’auteur dans l’introduction. Tantôt narratif, tantôt descriptif, parfois emphatique, souvent poétique, il permet d’entrer dans l’intimité d’un homme qui nous livre sa vision de la guerre et son expérience des combats en tant que sous-officier puis officier. Comme tout témoignage de poilus, il comporte une part de subjectivité et de singularité, mais exprime aussi un vécu commun à l’ensemble de cette génération sacrifiée. Difficultés et horreurs de la guerre Comme pour beaucoup de soldats de la Première Guerre mondiale, l’écriture a d’abord constitué un exutoire et a permis de raconter les difficultés et atrocités vécues. Si, d’après l’auteur, la déclaration de guerre est accueillie dans « l’enthousiasme » général par une foule pleine « de confiance et de courage », les sentiments évoluent vite au contact des premiers combats. C’est en novembre 1914 qu’Henri Tissot se retrouve en première ligne, inévitablement confronté à la réalité de la guerre, « sans grand enthousiasme et tout plein de noirs pressentiments5 ». Il se rend alors vite compte des maux qu’il va devoir affronter au quotidien, en plus des ennemis humains, « brouillard, froid, inaction pénible », boue, rats qui prolifèrent, « ces bêtes effrontées [qui] se permettent de mordiller nez ou oreilles des dormeurs6 ». Les premiers jours au front sont surtout une occasion de côtoyer la mort, l’auteur 5 6 22 novembre 1914. 17 juin 1915. 31 décrivant çà et là des cadavres d’animaux et d’hommes, voyant les premiers camarades tomber à ses côtés : « Vivrais-je cent ans, je ne pourrais oublier ce moment où ce mourant me râlait l’aveu de ses fautes, tandis que le canon rythmait cette confession7 ». Ce sont les premiers d’une longue série, neuf cents Français et mille trois cents Allemands mourant en moyenne chaque jour sur le champ de bataille entre 1914 et 1918. Ce témoignage, comme tant d’autres, souligne l’importance tenue par l’artillerie dans cette première guerre de l’âge industriel, nous laissant imaginer le « chahut monstre » des « marmites8 », obus et fusillades. Le diariste explique bien ces moments où l’on se retrouve sous le feu ennemi, où l’ « on se fait tout petit », où l’on voudrait « pouvoir rentrer dans la terre », où l’on retient sa respiration « comme si le moindre souffle pouvait influencer la trajectoire des projectiles », où l’on n’oublie jamais que l’abri peut, à tout instant, se transformer en tombeau. Il est aussi confronté en octobre 1915 aux premières attaques au gaz : « Bientôt nous nous sentons la gorge prise, le nez coule, les yeux larmoient. Ce sont des obus à gaz9 ». Henri Tissot est d’ailleurs sévèrement gazé à l’ypérite, le 24 août 1918, ce qui lui vaut une hospitalisation, puis une permission jusqu’au 13 octobre, date à laquelle il réintègre son régiment. Consentement et foi patriotique Malgré les difficultés inhérentes à la guerre, on ne saurait réduire ce journal à un cahier de doléances. Bien au contraire, l’auteur analyse cette période de sa vie sans rancune ni animosité, avouant même qu’il s’agit des « heures les plus passionnantes et les plus remplies de [son] existence10 ». 24 novembre 1914. Marmite / Marmitage : projectiles allemands de toute nature. 9 2 octobre 1915. 10 Introduction. 7 8 32 Il exprime à maintes reprises son adhésion pleine et entière au combat mené pour « la défense du territoire » et la patrie en danger. Il s’inscrit dans une logique de revanche vis-à-vis de l’Allemagne et entend bien laver l’affront de 1870. La haine enracinée du « Boche » n’empêche pas de rares instants où l’humanité reprend ses droits, où un contact pacifique s’établit avec « ces messieurs d’en face », comme lorsqu’un camarade d’Henri Tissot tend son bidon à un ennemi blessé, assoiffé et brûlant de fièvre. C’est bien de sa foi patriotique dont l’auteur témoigne encore lorsqu’il évoque l’émotion ressentie à la vue de « l’étamine sacrée », du drapeau tricolore, ou lorsqu’il affirme son amour quasi charnel pour la « terre remuée », « violée par l’envahisseur », « qu’on aurait parfois envie de baiser affectueusement ». Le journal s’achève d’ailleurs sur la libération de l’Alsace, décrivant les scènes de liesse auxquelles se livre la population au passage des soldats français, « émouvant hommage d’une race fidèle à la patrie toujours chérie11 ». Henri Tissot (ill.1) affirme aussi sans ambages son attachement à l’armée et à ses valeurs. La guerre est d’ailleurs pour lui l’occasion d’une ascension hiérarchique. Débutant en 1914 dans la cavalerie en tant que brigadier12 puis maréchal des logis, ce sous-officier suit une formation entre juin et août 1916 pour être promu officier et détaché dans l’infanterie. Il réussit l’examen de sous-lieutenant et est affecté au 14e Régiment d’Infanterie. Il a dès lors une haute opinion de sa fonction et une vive conscience de la « terrible et magnifique responsabilité » qui lui incombe : « Nous devons, nous officiers, donner l’exemple en tout : être plus résistants à la fatigue, les plus durs marcheurs […]. Etre un chef, c’est savoir être devant en tout et partout13 ». 11 12 13 18 novembre 1918. Grade de cavalerie correspondant à celui de caporal dans l’infanterie. 10 décembre 1916. 33 Le 14 juillet 1917, Henri Tissot est décoré de la croix de guerre avec pour motif de citation : « Officier d’un moral élevé et d’un courage éprouvé. A, le 30 avril 1917, entraîné ses hommes à l’assaut d’une tranchée ennemie très fortifiée dont il s’est emparé, réussissant à faire une vingtaine de prisonniers ». Il a visiblement donné satisfaction à ses supérieurs14. Le sous-lieutenant n’oublie pas de rendre hommage à l’héroïsme et à la ténacité de ses frères d’armes, faisant par exemple référence aux « admirables soldats qui ont tenu tête à l’orage, sans broncher, sous balles et obus, prêts à tout pour garder intact ce morceau de patrie. Quelle réponse à ceux qui osaient blasphémer, ridiculiser ou nier autrefois l’idée de patrie ! Il a suffi d’un geste de l’ennemi pour renverser toutes les fausses idoles du pacifisme, de l’antipatriotisme15 ». Il dresse un portrait élogieux sinon hagiographique des poilus, de leur force de caractère et du « génie de leur race », portrait qui tranche avec la description qu’il donne des autres nationalités rencontrées. A propos des tirailleurs marocains, il note qu’ils sont « parfaits pour attaquer » mais « paresseux comme des loirs » lorsqu’il s’agit de creuser des tranchées. L’auteur fait surtout preuve d’une anglophobie prononcée, dénonçant le « sans-gêne des Britanniques se conduisant comme en pays conquis », par ailleurs piètres combattants « nerveux et peu rassurés ». Seuls les Américains trouvent grâce à ses yeux, ces buveurs de whisky et joueurs de poker admirablement outillés et équipés, à qui l’on peut laisser sans appréhension la garde d’un coin de France. 14 15 Voir les extraits de son dossier militaire cités page 282. 18 février 1916. 34 La messe en plein air en 1916 Foi religieuse et logique sacrificielle A la foi patriotique de l’auteur se mêle une intense foi chrétienne, vivifiée elle aussi par les circonstances. Dieu, qui apparaît dès la première phrase de l’introduction, accompagne Henri Tissot tout au long du conflit. Au matin du 2 août 1914, ce dernier monte communier à Fourvière afin de « mettre cette phase tragique de sa vie sous la protection de la Sainte Vierge ». De même, au front, dès qu’il en aura l’occasion, il assistera à la messe, souvent en plein air (ill. 2). Dans les moments de grands périls, la foi devient une force et la prière un refuge. Ainsi, le 14 avril 1918, alors que sa troupe avance sous les obus, l’auteur note : « Mon chapelet ne quitte pas ma main et je récite fiévreusement les Ave d’un rosaire interminable qui s’égrène sous mes doigts ». Il va même jusqu’à présenter la guerre comme « une croisade contre l’Allemagne luthérienne et contre le croissant turc16 ». 16 2 février 1917. 2 35 Pour lui, la guerre menée est quasiment une guerre sainte et la France, Fille aînée de l’Eglise, aimée de Dieu, ne peut que triompher ou plutôt qu’être sauvée. Si la guerre est une croisade, les combattants sont des pénitents et les morts des martyrs : « Mon Dieu, je fais volontiers et de mon plein gré le sacrifice entier de ma vie pour le rachat de mes fautes, le salut de mon âme et la juste victoire de notre France !17 ». Foi dans la patrie et foi en Dieu se rejoignent ici et sont indissociables. La croyance inébranlable en la vie éternelle permet aussi à l’auteur de donner du sens à la mort de ses camarades, idée longuement exprimée dans son poème publié en annexe : « Je crois qu’il serait fou de limiter la vie Au prétendu néant infâme de la mort, Que de jours plus cléments l’existence est suivie, Je crois que nos défunts, ailleurs vivent encor, Je crois à la Justice immanente, infinie D’un Dieu qui m’a créé trop parfait pour ce sort […] Mon âme espère en Vous ; entendez ma prière : Accordez à nos morts la douce paix des Cieux Et l’éternel repos. Je sais, je crois, j’espère. » Les autres moyens de tenir au front Outre la foi, le journal d’Henri Tissot énumère différents éléments qui ont permis aux soldats de tenir bon, à commencer par la camaraderie. Il évoque par exemple « le plaisir de se retrouver avec des amis, pour prendre le copieux ou frugal repas suivant l’inspiration du cuistot ou les caprices de l’approvisionnement18 ». Durant ces moments de décompression, on rit, on plaisante, comme lorsqu’Henri Tissot et son cuisinier s’amusent à donner 17 18 14 avril 1918. 21 décembre 1916. 36 à leurs camarades du corbeau à la place du perdreau. Le sous-lieutenant explique également que le meilleur moyen d’entretenir son moral est de « remonter celui du voisin » et que la guerre peut être un « magnifique professeur d’altruisme et de désintéressement19 ». Il aime se dépeindre en officier attentionné, proche de ses hommes et soucieux de leur moral. Il se montre aussi conscient du profond brassage social dans les tranchées et estime qu’il s’agit d’une chance pour la France : « Ce contact forcé a permis aux uns et aux autres de se deviner, de se savoir mutuellement […]. De ce que le paysan ou l’ouvrier aura trouvé chez un bourgeois ou chez un aristo qu’il a rencontré dans la tranchée, que tous rentrés au foyer aillent avec plus de confiance les uns vers les autres […]. Dieu a permis que dans cette guerre tous sentissent le besoin mutuel qu’ils avaient l’un de l’autre. Espérons qu’à la paix la camaraderie de la tranchée ou du trou d’obus ne disparaîtra pas avec le geste de dépouiller l’uniforme20 ». La consommation d’alcool a aussi indiscutablement participé au renforcement de ces logiques de sociabilité. Vin, champagne et « gnôle » sont omniprésents dans le journal. La consommation excessive peut d’ailleurs être synonyme de dérives et de comportements fragilisant l’ordre militaire, impliquant la réaction des autorités. Ainsi, lorsqu’Henri Tissot est désigné juge au conseil de guerre en octobre 1916, il doit se prononcer sur le cas d’un soldat ivre qui a insulté et frappé son chef de bataillon. L’accusé échappe finalement de peu à la mort, le commandant en question étant lui-même « buveur jusqu’à l’ivresse ». Par ailleurs, l’importance des relèves et la nécessité vitale d’alterner phases de combat en première ligne et phases de repos dans des tranchées moins exposées ou à l’arrière du front sont bien expliquées : « Quelle douceur de se sentir un peu loin de la tourmente, de pouvoir se promener en toute 19 20 2 février 1917. 9 mai 1917. 37 3 Les restes d’un bois - Turin - Ravin de France 38 tranquillité, de ne pas avoir sans cesse l’esprit tendu, de respirer un air plus pur qui n’empeste pas la poudre !21 ». Ces moments privilégiés permettent aux soldats de refaire leurs forces et de s’adonner à divers loisirs comme les parties de chasse racontées par Tissot. Le courrier a aussi joué un rôle primordial pour conserver le moral et maintenir les liens familiaux : « Les jours et les nuits semblent interminables lorsqu’on ignore ce que deviennent les siens. On sent le cerveau travailler à vide et s’épuiser sur de vieilles nouvelles. Une lettre, c’est une provision de force morale pour vingt-quatre ou quarante-huit heures. On l’absorbe avidement d’abord puis on la relit avec soin, en pesant chaque mot, en essayant de deviner entre les lignes, par derrière la pensée exprimée, ce qu’il peut y avoir à découvrir22 ». On estime ainsi que près de dix milliards de lettres ont été échangées en France durant le conflit. Enfin, grand amoureux de la nature, Henri Tissot s’octroie quelques moments de communion avec elle : « Au milieu des arbres et des champs, j’oublie tout, et la guerre, et les soucis de l’heure présente, et les dangers des jours passés, et ceux des jours à venir ; je me livre tout entier à l’action bienfaisante de la terre23 ». Il se montre particulièrement attentif aux arbres24 : « Tel grand chêne noueux et tordume parle du pays là-bas. Tel frêne ou tel sapin me conte sa ressemblance avec l’un de ceux de nos coteaux ». Il ne peut que déplorer le délabrement de la nature causé par les combats, épouvanté à la vue de ces « squelettes aux branches suppliantes tendues vers le ciel » (ill. 3). Notre soldat-poète se montre aussi très sensible au paysage sonore qui l’entoure, évoquant la dure privation des bruits quotidiens de l’existence 5 mai 1917. 7 mai 1917. 23 6 septembre 1915. 24 Rappelant au passage le beau livre d’Alain Corbin, La Douceur de l’ombre. L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours, éd. Fayard, 2013. 21 22 39 ancienne, tel « le son des cloches des autrefois tintant l’angélus de midi25 », ému aux larmes par le chant du rossignol apportant « un souvenir de notre chez nous à chacun ». On le voit, la relation particulière de l’auteur avec la nature est souvent l’occasion d’une réminiscence, d’un rattachement à la terre natale, comme pour ne pas oublier qui l’on est et d’où l’on vient. Emmanuel JAUSSOIN Là encore, ce passage rappelle un autre livre du même historien, Les Cloches de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe s., éd. Albin Michel, 1994. 25 les anges LES YEUX FERTI LES dans (presque) tous leurs états 42 Suétone, dans sa Vie de Tibère, nous apprend que l’empereur aimait à embarrasser ses convives (surtout les grammairiens) en leur posant des questions insolubles : « Quelle était la mère d’Hécube ? quel nom portait Achille au milieu des jeunes filles ? quels étaient les chants des sirènes ? » Sir Thomas Browne, médecin érudit et passablement excentrique du XVIIe siècle, glose avec humour sur ce passage dans son curieux ouvrage Discours sur les urnes funéraires : « Quel fut le chant des Sirènes, ou quel nom prit Achille lorsqu’il se cacha parmi les femmes, la question, pour difficile qu’elle soit, laisse place à la conjecture. » Edgar Poe, fasciné par cette phrase, la mettra en exergue de son conte Double assassinat dans la rue Morgue. Jouons un peu notre Tibère en nous interrogeant sur des créatures tout aussi énigmatiques que les Sirènes : les Anges. Êtres que personne n’a vus, sinon en rêve ou en extase (mais les extases se font rares de nos jours), sur lesquels on possède pourtant une foule de renseignements contradictoires, et dans la représentation desquels chaque époque a versé ses fantasmes, ses rêves, ses peurs. Et posons-nous les questions indispensables : Pourquoi les anges ont-ils des ailes ? Volent-ils debout ou couchés ? Sont-ils mâles ou femelles ? Vieillissent-ils ? Que mangent-ils ? Quelles sont leurs fonctions ? On n’imagine pas les anges sans ailes ; pourtant, ce n’est qu’à partir du IVe siècle qu’ils sont représentés ainsi. Dans les fresques des catacombes, ils ont l’apparence humaine et sont revêtus des habits liturgiques : étole et dalmatique. Mais puisqu’ils servent d’intermédiaires entre Dieu et les hommes, comme Hermès chez les Grecs, il faut bien supposer qu’ils volent. Certains même vont être affublés de trois paires 43 d’ailes : les Séraphins et les Chérubins, dont une seule leur sert à voler, les deux autres étant utilisées pour se couvrir le visage et les pieds. De surcroît, les ailes des Séraphins sont rouges, celles des Chérubins ocellées comme la queue du paon : c’est du moins ce qu’affirme péremptoirement Isaïe. Les peintres de la Renaissance, perplexes, se demandent : à quoi bon avoir un corps si c’est pour le cacher ? – et, d’autorité, ils réduisent les Chérubins (qui, entre-temps, ont absorbé les Séraphins) à de petites têtes munies d’une ravissante collerette de plumes et d’une unique paire d’ailes, comme dans le tableau de Mantegna La Madone des chérubins (ill. 1) 1 2 44 3 4 5 45 Comment volent-ils ? La question est plus épineuse. D’après les témoignages les plus dignes de foi, ils semblent qu’ils volent debout, un peu comme se déplacent les hippocampes – encore que Giotto les représente plutôt comme nageant dans l’air. D’ailleurs, on les voit le plus souvent au repos, les ailes repliées, et on se demande parfois à quoi leur servent ces appendices encombrants. Jacob, dans son songe, les voit grimper et descendre une échelle, comme s’ils ne savaient plus voler de leurs propres ailes (ill. 2). Ont-ils un sexe ? Quel âge ont-ils ? On a failli s’étriper sur cette question à Byzance. Hormis quelques barbus égarés dans les catacombes, ils apparaissent d’abord sous les traits d’hommes adultes et imberbes, mais, progressivement, ils se féminisent pour prendre, à partir de la Renaissance, une apparence androgyne : belles créatures d’une douceur ambiguë, et d’ailleurs de plus en plus déshabillées : les anges du Caravage (ill. 3) ou de Serpotta à Palerme (ill. 4), qui montrent leurs cuisses avec naturel, n’incitent guère à de pieuses pensées. L’époque baroque et surtout rococo va multiplier les putti, ces angelots dodus qui folâtrent sur les piliers, les chaires et les autels, s’accrochent aux plis des tentures et aux nuages (ill. 5), et ressemblent de plus en plus aux Amours facétieux des Grecs – moins le carquois… Dans leurs acrobaties, ils ont d’ailleurs perdu leurs ailes, à moins qu’elles n’aient pas encore poussé : mais alors, les anges grandissent donc ? On s’est peu intéressé à ce que mangent les anges, créatures immatérielles, mais je m’en voudrais de passer sous silence un passage de Balzac dans Splendeurs et misères des courtisanes. Voulant vanter les mérites d’une cuisinière, il fait dire à son héros, Carlos Herrera alias Vautrin, cette phrase ahurissante : 46 6 7 « Elle vous accommodera un simple plat de haricots à vous mettre en doute si les anges ne sont pas descendus pour y ajouter des herbes du ciel ». Malheureusement, on n’a pas plus retrouvé la recette de ces haricots aux herbes du ciel que celles du nectar et de l’ambroisie des Olympiens. Balzac en a emporté le secret dans sa tombe. Que font les anges ? D’après leur nom, ce sont les messagers du ciel. Mais on n’a pas tous les jours une annonce solennelle à faire, et à part Gabriel annonçant à Marie qu’elle va concevoir un dieu, ou les anges soufflant dans leurs trompettes pour annoncer le jugement dernier, il faut trouver à occuper ces phalanges célestes. Et on doit bien reconnaître qu’ils font souvent de la figuration : escortant Dieu le père ou la Vierge, rangés en cohortes étincelantes, ils jouent, à peu de choses près, le rôle de la Garde républicaine lors des cérémonies officielles. Et on conçoit que les angelots de Raphaël, lassés de ce rôle de figurants en lisière du tableau, s’ennuient ostensiblement comme des enfants à un banquet de communion (ill. 6). Fort heureusement, quand on s’ennuie, on peut toujours faire la guerre : on n’a encore rien trouvé de mieux pour occuper les hommes et les anges, et les cohortes célestes, affrontant, sous le commandement de saint Michel, les anges 47 rebelles, s’en donnent à cœur joie : Bruegel peint une mêlée indescriptible, digne des combats de l’Iliade (ill. 7). Enfin, les anges, dans leur fonction d’intermédiaires entre Dieu et les hommes, doivent leur porter assistance, les assister dans leurs extases, les soutenir dans leurs combats contre les tentations, et ils sont parfois contraints de s’acquitter de tâches triviales : saint Diego d’Alcala, frère lai, était chargé de la cuisine pour toute la communauté religieuse ; un jour qu’il entre en extase et en lévitation, les anges viennent préparer le repas à sa place et accomplir toutes les autres tâches domestiques, ce qui nous vaut l’invraisemblable Cuisine des Anges de Murillo (ill. 8). On partage la stupéfaction du frère qui, dans le fond du tableau, découvre le spectacle. 8 48 Cette familiarité avec l’homme s’épanouit à partir du XVIIe siècle avec la figure de l’ange gardien, qui va connaître une fortune singulière dans la dévotion populaire. Même Milou a son ange gardien, et le pauvre a fort à faire pour contenir le penchant irrésistible de son protégé pour le whisky (ill. 9). Dans l’histoire complexe des rapports entre l’homme et l’ange, il arrive que les positions s’inversent, et que l’ange envie l’homme et soit saisi du désir de connaître ses joies et ses misères, de sentir son poids sur la terre : on se lasse d’être aérien et immatériel. Dans le film de Wim Wenders Les ailes du désir, l’un des deux anges qui hantent le ciel de Berlin (ill. 10) troque son immortalité et son univers en noir et blanc contre les couleurs chaleureuses de la vie et l’amour d’une jolie trapéziste. 9 49 10 Romanciers, poètes et cinéastes, lorsqu’ils mettent en scène les anges, le font avec une plus grande distance que les peintres. Ce peut être une ironie bon enfant lorsque, humanisant cette créature impressionnante, ils s’amusent à prendre comme héros des anges de seconde zone, pleins de bonne volonté mais désespérément patauds, qui tâchent à se dépêtrer de situations inextricables : Alix de Saint-André dans son roman policier L’ange et le réservoir de liquide à frein, le romancier finlandais Arto Paasilinna dans son roman Les mille et une gaffes de l’ange gardien Ariel Auvinen, ou le cinéaste Franck Capra dans son film La vie est belle. Plus excentrique, Michael Powell et son inséparable scénariste Emeric Pressburger imaginent, dans Une question de vie et de mort, qu’un aviateur américain, survolant les côtes d’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale, doit s’éjecter de son avion en flammes : sans parachute, il est promis à une mort certaine ; or, il se retrouve au matin sur la grève, vivant. L’explication est limpide : l’ange qui devait le réceptionner pour conduire son âme au ciel (c’était déjà une des fonctions d’Hermès psychopompe chez les Grecs) n’a pu 50 le trouver à cause du brouillard ! Lorsqu’on connaît le climat anglais, on se dit que le D.R.H. des cohortes célestes n’a pas vraiment choisi l’employé le plus compétent. Sa bévue sera d’ailleurs lourde de conséquences, puisque, lorsqu’il revient quelques jours plus tard récupérer « son » défunt vivant par erreur, celui-ci se rebiffe : entre-temps, il est tombé amoureux et argue qu’il n’est plus l’homme résigné à mourir qu’il était auparavant. S’ensuit un long procès... Mais c’est là une autre histoire, celle du film précisément. Plus subtilement (et plus méchamment), Milan Kundera, dans son chef-d’œuvre Le livre du rire et de l’oubli, démythifie le fameux rire angélique, le rire radieux du bonheur de vivre, piteuse parodie, selon lui, du seul vrai rire, le rire diabolique. « Quand l’ange a entendu pour la première fois le rire du Malin, il a été frappé de stupeur. Ça se passait pendant un festin, la salle était pleine de monde et les gens ont été l’un après l’autre gagnés par le rire du diable, qui est horriblement contagieux. L’ange comprenait clairement que ce rire était dirigé contre Dieu et contre la dignité de son œuvre. […] Ne pouvant rien inventer lui-même, il a singé son adversaire. […] Tandis que le rire du diable désignait l’absurdité des choses, l’ange voulait au contraire que tout fût ici-bas bien ordonné, sagement conçu et plein de bon sens. » Mais l’ange, au lieu d’être un être compatissant et amical, peut aussi être une figure effrayante. Dans l’admirable incipit de sa première élégie de Duino, Rilke souligne la distance incommensurable entre l’homme et l’ange : « Qui donc, si je criais, m’entendrait parmi les hiérarchies des anges ? et, en supposant que l’un d’eux soudain me prenne sur son cœur, je succomberais, mort de son existence plus forte. Car le beau n’est rien que le premier degré du terrible ; à peine le supportons-nous, et, si nous l’admirons ainsi, c’est qu’il néglige avec dédain de nous détruire. Tout ange est effrayant. » (traduction de J.-F. Angelloz) 51 11 C’est une vision analogue, quoique plus matérielle, qu’en donne Nabokov dans sa nouvelle Un coup d’aile : l’ange devient une sorte d’animal vivant dans les hautes solitudes glacées, qui s’exprime par des sortes de jappements et vient visiter, la nuit, une jeune championne de ski. Cette lecture m’a toujours procuré un profond malaise : l’ange est dévalorisé, animalisé, vaguement répugnant, tout en conservant sa puissance destructrice. Je voudrais enfin parler d’une église parisienne, celle du Sacré-Cœur : non pas le gros fromage blanc qui déshonore la colline de Montmartre, mais l’église du même nom, sur la commune de Gentilly. Primitivement bâtie pour être la paroisse de la Cité Universitaire, elle a été cédée, au début des années 70, à la communauté portugaise. Elle se dresse dans un étrange no man’s land, coincée entre l’autoroute et le périphérique. Lorsqu’on arrive de Lyon, la nuit, en voiture, au moment où l’on s’engouffre sous la trémie pour rejoindre la Porte d’Orléans, l’église lumineuse surgit soudain, vous surplombant à une hauteur vertigineuse, et quatre anges de marbre de six mètres de haut, hiératiques, aux quatre coins du clocher (ill. 11), vous regardent vous enfoncer dans la nuit. C’est une vision proprement infernale, que Poe n’aurait pas désavouée. On l’aura compris : j’ai peur des anges. Didier PERCEVEAUX Se donner, se reprendre ciné-club TRAVAUX D’éLèVES voyages . collè ge Se donner, se reprendre. Intervention de Vincent Ricard lors de la retraite des personnels de Sainte-Marie au sanctuaire d’Ars, octobre 2014. Je vais vous demander de bien vouloir me prêter une oreille attentive. Non, non, soyez sans crainte, je vous la rendrai ! – Quand ? – Disons dans un délai raisonnable ! – Dans quel état ? – Alors là, c’est autre chose. Mais enfin aussi, dans quel état me la prêtez-vous ? Non, parce que vous avez l’air de partir du principe que vous me la prêtez en parfait état ; en quelque sorte une oreille de première main ; mais enfin à peine me l’avez-vous prêtée, que vous parlez déjà de la récupérer ; qu’est-ce que ça cache ? Vous me la prêtez parce que la situation s’y prête ; c’est une oreille d’occasion, que vous me prêtez, voilà tout. Vous n’êtes pas très honnêtes, hein ! Vous me prêtez une oreille d’occasion, et vous voudriez que j’y déverse quelque chose de neuf : ça s’appelle de la spéculation. Enfin, vous m’avez prêté une oreille, c’est déjà bien beau : après tout, même Van Gogh a voulu récupérer la sienne. Pourtant, il n’y était pas allé de main morte ! Ça, ça s’appelle se donner corps et âme ! Heureusement, il s’est repris ! Et qui va dire qu’il a eu tort ? 55 On peut se donner corps et âme quand il y a moyen de se reprendre. Alors j’entends une voix qui dit (une seule, hein, Jeanne d’Arc, c’était plusieurs), j’entends une voix qui dit : « Mais tu te rends compte, si le Christ avait raisonné comme ça ? » – Oui, eh bien moi, je ne suis pas le Christ ! Je veux bien me donner, mais à condition d’avoir une chance de me récupérer : je me mets au clou, en quelque sorte ; et ce n’est déjà pas si mal, parce qu’après, c’est la croix et la bannière, pour se reprendre. D’ailleurs, pour se reprendre, on a besoin de récupérer. Mais de récupérer quoi ? Eh oui, c’est la question : quand on s’est donné à fond, qu’est-ce qui peut bien rester à récupérer ? A moins qu’il n’y ait un double fond. Ça, ça change tout ! Ça permet de se donner à fond tout en en gardant sous le pied ! A condition, évidemment, de savoir où est le fond et d’avoir pied. J’en entends qui froncent le sourcil. Quoi ? j’en vois bien qui prêtent l’oreille ! J’en entends qui froncent le sourcil ; je suis sûr que c’est le sourcil de la voix de tout à l’heure ; c’était une voix sourcilleuse. – Et alors, voix sourcilleuses ? ça ne vous arrive jamais, à vous, de vous garder un double fond, 56 pour la forme ? – Si, mais nous, notre double fond, c’est la prière. – Eh bien, ce n’est pas parce que c’est indécelable au contrôle anti-dopage qu’il y a de quoi se vanter. – Et qu’est-ce que ça peut faire qu’il n’y ait pas de quoi se vanter ? Ce n’est quand même pas le but qu’il y ait de quoi se vanter ! – Alors là, non seulement je ne suis pas sûr que ce ne soit pas un peu le mien, mais je ne suis pas sûr non plus que ce ne soit pas un peu le vôtre. Non, parce que des gens qui disent à tout bout de champ qu’ils carburent à la prière, tout le monde en connaît : ou bien ils se la jouent faussement modeste, avec l’air de s’étonner que vous ne marchiez pas au même carburant, ce qui vous donne la certitude instantanée d’être un minable, même pas foutu de prier ce qu’il faut pour être un minimum exaucé, ou bien alors ils se la jouent sans aucune modestie, ni fausse ni vraie, style : « Qu’est-ce que tu veux, bébé, faut savoir faire ; faut avoir de la bouteille, avec pas mal d’années de futaille par-derrière ; t’as pas idée des trucs de ouf que tu peux obtenir par la prière, si tu t’y prends pas comme une cloche ; seulement c’est pas à la portée du premier chrétien de fond d’église venu, ça se saurait. Allez, les caves, débarrassez le plancher et laissez faire les cadors ; ouvrez grand vos mirettes et restez pas trop près, ça éclabousse ». En tout cas, qu’ils se la jouent d’une façon ou d’une autre, c’est toujours se la jouer. Des gens qui prient vraiment, moi, je suis sûr que j’en connais plein ; mais je ne le sais pas, et je ne le saurai jamais. Inconnus, ils sont, et comme cachés dans le monde. – Mais alors, si on ne peut pas les repérer, comment fait-on pour savoir à qui faire confiance ? Si on se met à faire confiance à n’importe qui, c’est le début de la fin ! – Mais non, ce n’est pas le début de la fin, c’est le début de la foi ! 57 Et si le premier pas dans le Don, comme disent les Cosaques, c’était un peu de confiance à celui qui en demande, et même à celui qui n’ose pas en demander parce qu’il est sûr qu’on ne lui en donnera pas ? Si on commençait par donner sa confiance, au lieu de commencer par réclamer une assurance tous risques ? D’autant plus que les assurances tous risques, on sait comment ça marche : la seule chose dont on puisse être assuré, c’est que c’est la plus chère ; en grosses lettres et en bon français, il y a écrit ce pour quoi on paye, et puis en toutes petites lettres et dans une autre langue : pourquoi on n’aura rien en échange. Ah oui, je sais, c’est un cliché ! Les assureurs honnêtes, ça existe : inconnus et comme cachés, eux aussi. En tout cas, donner sa confiance, ce n’est pas fatigant ! Ah, c’est même la planque ! On donne sa confiance, et dès l’instant où quelqu’un en veut, c’est à lui de faire ! Il n’y a plus qu’à s’asseoir et à regarder. Et ça marche ! Le problème, c’est que si ça marche, c’est qu’on est tombé sur des gens honnêtes ; et si on tombe sur des gens honnêtes, quand on leur donne sa confiance, ils vous la rendent. Vous me direz, ça fait toujours quelque chose à récupérer. On peut donner sa confiance sans la perdre, puisqu’on vous la rend. On se met au clou gratis ! ça rappellerait presque quelqu’un ; et en plus, on se récupère, augmenté de la confiance qu’on vous a faite : ça s’appelle de la spéculation. On vous rend la monnaie de votre pièce, avec les intérêts, comme dans la parabole des talents ; sauf que la confiance, ce n’est pas comme la monnaie, on ne peut pas l’enfouir au fond de son portefeuille ; si on ne la rend pas, on peut faire une croix dessus. Alors on la redonne, on vous la rend, on la redonne encore… on vous la… alors on la... Assez ! As-sez ! A force de se donner, on finit par avoir envie de se rendre ; une bonne fois, qu’on en finisse. 58 Seulement se rendre à qui ? A soi-même ; oui, à soimême, seulement à force de se donner et de se redonner, on finit par se perdre de vue. – Aucune importance, c’est Dieu qui travaille en toi. – Peut-être, mais si, en moi, je ne vois plus que Dieu, je vais finir par me prendre pour Dieu. Et là, il y a maldonne. Si je veux pouvoir continuer de me donner, moi, à Dieu, il faut que « moi », ça continue de vouloir dire quelque chose ; et que « Dieu », ça continue de vouloir dire quelque chose d’autre. Il n’y a rien à faire, se donner, ça n’a de sens que si on s’appartient ; et pour continuer à s’appartenir, de temps en temps il faut se reprendre. Donner, c’est donner, mais reprendre, ce n’est pas voler, c’est assurer la maintenance. – Comment ? Mais est-ce que nous n’appartenons pas tous à Dieu ? – Si, mais en matière de don, en voilà un qui s’y connaît autrement que nous autres. La preuve, c’est qu’il a inventé le pardon. Le pardon, c’est un don fait à celui qui s’est rendu. On en a marre, on ne veut plus entendre parler de rien, on a fermé boutique, et puis on entend tapoter sur le rideau de fer : – Pardonnez-moi de vous importuner… – J’ai déjà donné ! – Justement, je vous apporte le reçu. – Ah ! Ça, ça m’intéresse. On ouvre, c’est Dieu. Il vous tend un petit bout de papier : trois lignes, mal écrites, avec des fautes d’orthographe. – C’est tout ? – Ben oui ; c’est ce qui est dû à ceux qui ont donné. Je crois que ça donne droit à un abattement. – Ça, c’est rien de le dire ! Mais où est-ce que je peux le toucher ? – Ah, pour toucher, il faut se déplacer ; si vous restez derrière votre rideau de fer, vous n’avez droit qu’à l’abattement. – Mais où est-ce qu’il faut aller ? – Si vous voulez, je vous emmène. Bon, il a l’air de savoir ce qu’il dit… On lui fait confiance. Et où est-ce qu’il vous emmène ? Justement vers ceux à qui on s’était dérobé. Là, on est touché. Pas eux ! ils sont furax : « Ah, te voilà, toi ! On comptait sur toi ! » Comment voulez-vous leur répondre : « Moi, je comptais, tout court » ? Alors, mi-furieux, 59 mi-perplexe, on se retourne vers Dieu : « Tu m’as bien eu avec ton reçu à toucher ; moi, je comptais sur toi… » Et là on le voit qui se marre… mais qui se marre ! Comme on n’a jamais vu personne se marrer ; un rire homérique ! Et on comprend qu’on a touché le gros lot : des gens qui attendent quelque chose de nous. Et voilà comment, après avoir pensé se reprendre en se dérobant, on finit par se ressaisir en se restituant ; oh, ça ne marche pas toujours du premier coup, on a tout de même sa fierté ; mais le problème, avec Dieu, c’est qu’il a l’éternité devant lui. Je sais : pas vous ; je vais vous rendre vos oreilles. Je vous remercie infiniment de me les avoir prêtées : c’était des oreilles d’occasion, mais elles étaient comme neuves ; elles démarrent au quart de tour et elles ne débrayent pas à tout bout de champ. Vous me pardonnerez d’avoir douté de votre honnêteté au premier abord : je reconnais que c’est parfaitement déplacé de la part d’un type qui prétend parler de se donner, et puis qui ne parle finalement que de se rendre, de se reprendre et de récupérer. Vous m’avez prêté votre oreille, vous me l’avez confiée : je vous la rends, la confiance avec. Comme ça, vous pourrez dormir sur vos deux oreilles, du sommeil du juste ! Merci pour tout. Vincent RICARD 60 ATELIER CINEMA 61 Sous le contrôle de leur professeur de français, aidé de Pierre Germain, animateur, les élèves de 4e1 de La Verpillière se sont lancés dans la réalisation d’un film de court-métrage : de l’écriture du scénario au montage, en passant par le casting, le découpage des séquences, la prise de son et d’ images. Deux mois de théorie ont précédé le tournage. Un thème a fait l’unanimité : la violence et l’exclusion à l’école. Chacun y est allé de son idée, a donné son exemple, pris dans sa vie quotidienne ou dans les médias, pour mettre en place l’assemblage final, puis déclencher la caméra. Ce type d’atelier favorise l’apprentissage du travail en équipe, l’échange et la mutualisation des idées, il développe l’ouverture d’esprit et peut éveiller des choix d’orientation. Film à voir en fin d’année. M arie-P ierre Matray Petits mensonges entre amis 63 CIneclub Au hasard d’une rencontre avec le cinéma Bordé d’un côté par le cinéma commercial et de l’autre par le cinéma d’auteur, le cinéma iranien n’échappe guère aux clivages inhérents aux genres qui produisent des murs de séparation entre les spectateurs. Un cinéaste pourtant semble défier la règle des genres. En effet, Asghar Farhadi déborde les marges et repousse avec gravité1 ces frontières trop habilement érigées par des intérêts commerciaux pour aborder le lieu du drame social qu’il filme pour ceux de son pays et bien au-delà. Initié jeune aux ressources de l’art cinématographique2, l’auteur d’Une Séparation connaît un « coup de dés » administratif qui décide de son sort, en confondant son inscription à la faculté de cinéma avec celle d’un autre étudiant qui avait opté pour l’art dramatique. En construisant un lien d’intelligence entre ce coup du sort et ses désirs, il comprend que cette erreur ne sera pas un accident, bien au contraire, le hasard paraissant curieusement s’abolir. En effet, dans les ressources du dialogue théâtral, de la mise en scène, du jeu des personnages, le futur réalisateur puise ce qui sera le cœur de son travail, défiant le propos du critique Béla Balazs selon lequel le « cinéma dramatique est l’opium du peuple ». Parallèlement à la mise en scène, il réalise des épisodes pour la télévision ainsi que des pièces radiophoniques dont le succès appelle à lui des producteurs du monde du cinéma. 1 2 Son genre de prédilection étant le drame, voire le mélodrame. Il réalise ses premiers films vers l’âge de treize ans. 64 L’art de Farhadi ou comment « broder à partir d’un bouton » Alfred Hitchcock et Asghar Farhadi ont en commun de fonder leur poétique sur une péripétie vécue dans l’enfance. Si pour l’auteur de The Wrong man, l’emprisonnement inexpliqué à la demande de son père, à l’âge de cinq ans, est le terreau fertile de ses personnages de faux coupables, pour Asghar Farhadi le motif de l’ouverture in medias res3 s’origine dans le début manqué du premier film qu’il a vu. Son imaginaire d’enfant s’est mis à réécrire le début. Ce trait persiste encore aujourd’hui dans sa mise en scène qui prévoit que le film se poursuive dans l’esprit du spectateur. Ouverte, la fin ne signe pas son achèvement par le mot « fin ». Tout le monde brode dans les films de Farhadi : l’auteur depuis l’image manquante initiale, le spectateur depuis la fin du film, tant l’art cinématographique est art de la couture selon le cinéaste qui se compare à un tailleur imaginant, coupant et montant un costume ... à partir de l’obsession d’un bouton ! Ainsi la plupart de ses films naissent d’un détail, insignifiant mais évocateur. A propos d’Elly est né de deux images séparées : les côtes de la mer Caspienne où Farhadi se rendait le weekend avec ses amis et un homme, les vêtements mouillés au bord de l’eau, semblant y chercher quelque chose. Synopsis : Une voiture surgit d’un tunnel, pleine des cris de joie d’hommes et de femmes quittant Téhéran pour passer le week-end au bord de la mer Caspienne. Ces trois couples d’amis et leurs enfants se réjouissent de retrouver pour la semaine leur ami Ahmad tout juste divorcé et de retour d’Allemagne. Afin que cet ami ne se désespère trop longtemps 3 Le spectateur a l’impression de prendre les événements en cours. 65 de son célibat, Sepideh, une femme virevoltante qui a des idées sur l’amour, invite Elly, l’institutrice de ses enfants, à se joindre à eux pour le week-end. Le lendemain de leur arrivée, le drame survient : un enfant manque de se noyer alors qu’il était sous la surveillance d’Elly. L’institutrice ne peut répondre de sa défaillance : elle a disparu ! Partir à sa recherche dans la mer et sur terre ébranle les certitudes des uns et des autres sur l’identité de la jeune femme : Qui était Elly ? Qui est Elly ? Les questions hésitent sur le temps à conjuguer pour parler d’elle. À l’origine est le mensonge A propos d’Elly est un film tout en tension. Le spectateur est entraîné sans cesse dans une trame narrative qui se complexifie de plus en plus. De la disparition d’Elly découlent plusieurs rebondissements. Le premier concerne le personnage de l’institutrice, énigmatique et secret, puisque personne ne sait rien d’elle ; même son vrai nom – Elham, Elnaz, Elmira ...? – est inconnu du groupe. Ces ignorances semblent suspectes aux policiers venus récolter des informations sur la jeune femme. Chacun laisse libre cours à son imagination et raconte sa version de la disparition : serait-elle partie parce qu’elle se sentait offensée ? Aurait-elle quitté la maison pour téléphoner ? L’espoir des personnages et du spectateur connaît rapidement une déception : son sac et son portable qui avaient disparu sont retrouvés. Sepideh les avaient cachés afin qu’Elly ne parte pas de la maison comme elle en avait manifesté l’intention. Un autre drame s’ouvre alors : celui du mensonge. Ce sont les conséquences du premier mensonge de Sepideh qui se déploient. Afin de louer la maison, elle a prétendu qu’Elly et son ami étaient jeunes mariés alors que des fiançailles engageaient l’institutrice avec un autre homme. Dès lors, 66 l’intrigue se noue autour de la vérité et du mensonge. Que dire au fiancé ? Faut-il lui apprendre que sa fiancée a accepté une invitation avec un homme tout juste divorcé ? Jusqu’où la vérité est-elle bonne à dire ? Quel camp convient-il de choisir entre le déshonneur de la femme et celui de l’homme ? Amir, l’époux de Sepideh, la prévient que le fiancé « n’est pas un homme à qui [on] peut tout dire ». Sepideh a menti mais elle n’est pas la seule. Ahmad ment à son tour au fiancé pour sauvegarder l’honneur de Sepideh, puis c’est à Nazy de mentir au fiancé pour l’apaiser, le fiancé ayant lui-même dissimulé son identité en se faisant passer pour le frère d’Elly ... Un peu à la manière des voitures enlisées dans le sable à la fin du film, tout le monde s’enfonce dans des mensonges, jusqu’à en perdre pied. Un monde entre complicité et complexité Si l’on considère les quatre films d’Asghar Farhadi Les Enfants de Belle Ville (2004), A propos d’Elly (2009), Une Séparation (2011) et Le Passé (2013), la perception de l’espace et de la scène de la parole montre une évolution vers le huis-clos dramatique où l’extérieur, les rues de Téhéran, les cours des maisons se raréfient, laissant l’oeil du spectateur observer des personnages enfermés dans des appartements, modèles agrandis de la scène dramatique. Les Enfants de Belle Ville s’ouvre sur une prison pour mineurs dont deux adolescents sortent et, avec eux, la caméra qui cadre sur une maison de Téhéran, au bord d’une voie ferrée. Cette même voie ferrée, qui borde la maison de Marie (Bérénice Béjo) dans Le Passé, signifie la séparation des espaces et s’élève à une dimension métaphorique quand le roulement du train laisse entendre les bruits du monde de l’autre côté des murs, bruits du départ, bruits de l’impossible échappée. 67 Le départ dans A propos d’Elly, contrairement à celui des Enfants de Belle Ville, n’emprunte pas le transport commun mais la voiture individuelle, signe qu’Asghar Farhadi met en scène des personnages de la classe moyenne iranienne et non plus ceux de la classe ouvrière. Le film s’ouvre classiquement sur une échappée de la ville pour rejoindre un lieu et un temps de plaisir, un week-end au bord de la mer. Les impressions de la première partie du film évoluent d’un paysage baigné de soleil à une lumière plus froide mais non encore hostile. La maison grise, froide et ouverte à tout vent, se métamorphose sous les doigts de chacun. Presque chaleureuse, elle s’anime aux jeux du soir. Le drame survient à l’extérieur, dans la mer. Et visuellement, ce que nous montre Asghar Farhadi, c’est un espace teinté d’un gris dont les nuances entre l’eau et le ciel sont à peine perceptibles. Le monde est devenu gris, et l’hostilité du monde extérieur a vaincu les bouts de carton et autres ficelles de fortune dressés pour empêcher le froid d’entrer. Paradoxal, l’espace de la crise tragique tente de se fermer, tout en ne pouvant supporter ce repli sur ce qui apparaît, après la disparition d’Elly, comme un semblant de maison. Ainsi, la deuxième partie du film fait se tenir les personnages dans des espaces qui se réduisent de plus en plus (la voiture, symbole d’échappée belle au début devient retraite et refuge après le drame) : la caméra fixe des portes qui s’ouvrent, claquent et se ferment, comme si l’oeil d’Asghar Farhadi enregistrait la panique et la peur dans leurs mouvements contradictoires : il est impossible d’échapper au monde derrière la porte tout autant qu’il est impossible de le rencontrer. Un univers de chambres obscures se loge dans le hors-champ. La poétique des espaces qui se tisse au fil de l’œuvre du cinéaste – les vitres, les portes sont comme des rimes 68 en écho à l’intérieur du film et dans sa filmographie – dévoile une manière de voir le monde. Le spectateur est obligé de se tenir à distance tout comme les personnages. Il ne sait ce qu’il y a derrière la porte, il ne sait ce que se disent les êtres qui parlent derrière la vitre. La transparence et l’obstacle érigent un modus videndi : voir serait se tenir à distance respectueuse, ne juger ni le monde ni les êtres, ne pas forcer le verrou de la boîte à secrets. Une femme disparaît et brouille les frontières Une femme qui disparaît est un motif récurrent dans l’histoire du cinéma. Au cœur de The Lady vanishes4 d’Alfred Hitchcock, de L’Avventura de Michelangelo Antonioni est la disparition d’une femme. Ces deux œuvres, à l’instar d’Elly, empruntent la trame narrative du film à suspense – l’événement, les traces de la présence, les recherches, la police ... – pour faire vaciller les repères des personnages et du spectateur. La disparition crée ainsi un manque autour duquel les yeux des autres personnages et de la caméra scrutent, fouillent et les voix tentent de cerner l’insaisissable. Le titre prend alors tous ses sens : Qui était Elly ? Que savent d’elle Sepideh, son fiancé, sa mère ? Le nœud de l’intrigue est un blanc ou plutôt un pan de ciel gris. Elly disparaît dans une ellipse – Elly, ellipse ? – qui n’est pas sans rappeler la plus longue de l’histoire du cinéma quand un os lancé en l’air par un primate devient un satellite5. 4 Dans The Lady vanishes, rêve et réalité s’interpénètrent dans l’esprit d’Iris – dont le prénom est tout un programme pour percer le mensonge des faux-semblants. Dans un compartiment de train une vieille dame disparaît sous les yeux d’une jeune femme hébétée encore d’un pot de fleurs qu’elle a reçu sur la tête et endormie au moment clé. Face à elle à son réveil, une autre vieille femme revêtue des mêmes habits que la première. L’initiation d’Iris commence : l’art d’observer, de démêler le vrai du faux et de résister aux atteintes portées à la clarté de sa conscience. 5 2001, L’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick 69 70 Reprenant le procédé longtemps délaissé du jump-cut consistant à opérer une coupe entre deux plans et à raccorder ces derniers selon une distance et un angle de prise de vue insuffisants, Asghar Farhadi semble accélèrer le temps de l’intrigue et rendre sensible, par des plans rapprochés, la joie qui gagne la jeune femme. A la vision d’Elly jouant sur la plage avec un cerf-volant succède le vertige du plan suivant. Le jouet s’abîme dans le ciel comme une vision de la disparition. Ce tableau contraste violemment avec la scène suivante – l’annonce de la noyade d’Arash – dans laquelle le spectateur chute littéralement. Du ciel à la terre : l’oeil retombe, et avec lui la sensation d’élévation de ce moment de grâce cinématographique. On peut oser une autre interprétation du jump-cut, moins évidente celle-ci en ce qu’elle prend sa source à la spécificité même de l’image cinématographique. Les plans successifs du visage d’Elly sur la plage répètent un mouvement à l’intérieur d’une séquence, laquelle est une pause dans le récit. Le panoramique ascendant sur le cerf-volant matérialise l’arrachement d’un monde pour en aborder un autre. Le fil est rompu qui le reliait à la jeune femme. Le doute peut alors s’intaller et le cinéaste nous donne à entendre, pour reprendre la définition du poème par Valéry, « une hésitation prolongée entre le son et le sens ». Farhadi manifeste, par sa caméra, son hésitation dans la non-coïncidence des plans entre eux. Si « le cinéma – du moins un certain cinéma – est une hésitation prolongée entre l’image et le sens »6, alors A propos d’Elly est un film tout entier à voir à l’aune de cette hésitation. La disparition de la jeune femme est un arrêt, un point de suspension qui défait le fil du sens. 6 Giorgio Agamben, Image et mémoire (2004) 71 Elly, symptôme des fractures de la société iranienne « L’admirable tremblement du temps »7 surgit et la vie bascule chez les personnages, provoquant, sourdement d’abord puis ouvertement, un tremblement des certitudes. Le mouvement sismographique qui les agite prend forme à la vision de leur visage hébété. La caméra suit leur désarroi et leur peur ; elle les accompagne dans leur recherche, quand elle est tenue à l’épaule et se place derrière eux. Elle se déplace d’un personnage à un autre pour montrer les ressources de chacun dans la catastrophe et les stratégies pour s’en sortir. L’une d’entre elles est la recherche d’un coupable. Une scène majeure du film est en effet celle où les personnages, dans un huis-clos étouffant, réécrivent l’histoire de leur soirée pour trouver et accuser celui qui aurait le plus offensé Elly. Chacun y va de son reproche et de sa pique. Ceux qui, la veille, dansaient ensemble s’accusent d’avoir été légers. Ainsi ce groupe si complice au début voit ses liens se déliter à partir du moment où Elly a disparu. Les scènes de groupe s’amenuisent pour montrer des personnages seuls sur la scène du drame. Les divisions se multiplient : hommes et femmes s’affrontent. Le couple le plus mature, Sepideh et Amir, vacille au point que le mari porte la main sur sa femme. La violence des hommes est au cœur du cinéma d’Asghar Farhadi : que ce soit Firouzeh, obligée de divorcer de son mari drogué et maltraitant dans Les Enfants de Belle Ville, Razieh poussée dans les escaliers par Nader dans Une Séparation, les femmes subissent la loi d’une société qui reconnaît à l’homme un pouvoir sur la femme. Amir, Nader, tous deux cultivés, sont rattrapés par des gestes qui font tellement corps avec leur place d’homme qu’ils n’en mesurent les conséquences que 7 L’expression est de Chateaubriand 72 trop tard. La soumission des femmes est renchérie par la mise en scène : alors qu’elles ne sont pas voilées à l’intérieur des maisons en Iran, le réalisateur les fait se couvrir d’un voile de couleur terne qui devient noir en signe de deuil. A l’image, l’enfermement se donne à voir dans des plans qui surcadrent. Fenêtres, montants de portes, piliers séparent et oppressent. Les protagonistes tremblent d’avoir manqué de respect à Elly. On ne badine pas avec les mœurs en Iran : les danses des hommes, les rires gentiment taquins au sujet de l’institutrice et d’Ahmad prennent un tour grave quand l’engagement de cette dernière avec un autre homme est connu. C’est la deuxième péripétie du film : Elly était fiancée à Alireza. Le manque de respect s’étend désormais à la sphère morale et sociale et la panique qui s’empare de chacun n’est pas à considérer comme exagérée. Car les lois religieuses qui régissent la société iranienne interdisent à une femme engagée avec un homme de passer du temps avec des étrangers, en particulier de la gent masculine. Une question se pose au groupe d’amis à la fin du film : faut-il dire la vérité au fiancé d’Elly ? La caméra balaie chaque visage intimé de répondre. Tous votent pour la décision qui leur semble la plus raisonnable : mentir au fiancé. Seule Sepideh s’élève, la voix brisée, contre le déshonneur que ce mensonge porte à la mémoire d’Elly. Le jeu alterné du champ / contre-champ signifie sans détours les deux points de vue qui s’affrontent dans cette scène. Ne pas mentir conduirait à condamner Ahmad à payer le prix de la mort d’Elly ; mentir fait d’Elly une femme sans vertu. Sauver l’honneur d’Elly est peine perdue pour Sepideh dans une société qui établit que le prix du sang d’une femme n’équivaut qu’à la moitié de celui d’un homme8. Ainsi, ces Iraniens de la classe moyenne, prétendument libres, sont à l’image d’une société qui prend le parti de la réputation d’un homme contre celle d’une femme. 8 C’est là l’enjeu du film Les Enfants de Belle Ville 73 Ce mensonge apparaît comme un choix égoïste : on préserve son « rang » au prix d’une tromperie collective. C’est pourquoi les dernières images du film offrent au spectateur un moment de vérité : celle du chagrin d’un amoureux pleurant la femme qu’il a perdue. La morale du secret La justesse du cinéma d’Asghar Farhadi tient dans cette réserve, dans un mouvement tacite de la caméra qui clôt le film sur des questions plutôt que sur des réponses. Nulle thèse n’est affirmée. Aucun personnage n’est le porte-parole privilégié du cinéaste. Le film dépose des « interrogations indirectes9 » pour laisser au spectateur le soin d’y répondre avec « son histoire, son langage, sa liberté », avec son pays aussi. Asghar Farhadi renvoie le spectateur à la liberté de son exercice critique. Le plan final, ce regard jeté dans le rétroviseur sur le sac posé à l’arrière, poétise le mystère de l’être. Nouvel Orphée, l’homme amoureux interroge la boîte à secrets de celle qu’il a définitivement perdue. Dès lors s’éclaire aussi l’énigme du plan qui ouvre le film : la caméra, placée à l’intérieur d’une boîte de charité10 se fait plus suggestive que démonstrative. Le jeu d’ombre et de lumière opéré par la fente laisse deviner des billets, puis un objet entouré d’un halo lumineux, mais que l’on peine à identifier. Serait-ce là une forme d’art poétique du film ? La caméra – chambre obscure de la conscience – enregistre les gestes, les dépôts sans expliquer ni juger. La légère contre-plongée de ce plan inaugural semble dire que, face à l’énigme, il semble sage de se montrer généreux pour comprendre un peu. Julie AUCAGNE 9 Les expressions entre guillemets dans ce paragraphe sont empruntées à Sur Racine de Roland Barthes. 10 Boîte recueillant les aumônes destinées aux pauvres. C’est Tina Hassannia dans son livre Asghar Farhadi, Life and cinéma qui m’a aidée à voir clair dans cette boîte ! De l’Agora L’équipe du journal des Maristes a envoyé son reporter Maxime Léoni en Grèce, plus particulièrement à Athènes. Voici ses impressions. « C’était mon premier voyage en Grèce. Lorsque nous sommes arrivés à Athènes, il nous a semblé que cette ville n’était ni belle, ni accueillante, sûrement à cause de la crise. Les immeubles sont en effet en piteux état, sauf ceux des quartiers plus ou moins chics. Mais revenons au sujet principal : la découverte des sites antiques de l’Agora et de l’Acropole. Notre guide, fort sympathique, débordait de savoir sur ses ancêtres qui foulaient ces terres il y a bien longtemps de cela. Par ailleurs, il nous a agréablement surpris par le fait qu’il maîtrisait avec aisance notre langue. L’Agora, au pied de l’Acropole, est un lieu agréable et verdoyant. On distingue très nettement où se situaient autrefois les places, marchés et temples, celui d’Héphaïstos par exemple, pratiquement intact. L’ascension jusqu’à l’Acropole n’est pas de tout repos, sauf pour les habitués des montées du tra vaux à l’Acropole quartier Saint-Paul ! Ce plateau rocheux domine la ville de ses 148 m de haut, ses 300 m de long d’est en ouest et ses 85 m de large du nord au sud. Au sommet, on est giflé par le vent froid de février qui souffle en rafales, mais quel spectacle ! Vue panoramique assez fantastique sur l’Agora, la ville d’Athènes et ses environs ! Et, devant soi, les ruines antiques : l’ancien sanctuaire de la déesse Athéna, les temples d’autres dieux parmi lesquels se dresse toujours le Parthénon, le temple parfait, le plus beau, le plus grand, le plus majestueux des lieux de culte grecs, « le seigneur des temples » avec ses 8 colonnes de marbre en largeur et 17 en longueur, soit 69,51 m sur 30,88 m et 10 m de haut. Cet édifice majestueux a connu une vie pleine de changements, il fut même transformé en église ! L’Acropole, je m’en souviendrai toujours. » M axime LEONI, 3e 4 Lyon 76 meurtre Μευρτρε α Μψχ⎝νεσ Au retour de la prise d’Ilios par les Achéens, Agamemnon, roi de Mycènes et héros de la guerre de Troie, a été assassiné. Hier soir, il a été retrouvé mort dans le mégaron, la grande salle au cœur du palais royal. Sa captive, Cassandre, ainsi que tous les soldats partis avec lui combattre l’armée de Priam, ont également été tués. Selon les enquêteurs, ces derniers auraient été exécutés par des invités du banquet donné pour fêter leur retour. Egisthe, son principal rival, et Clytemnestre pourraient être les auteurs de ce meurtre atroce. Durant la longue absence d’Agamemnon, Clytemnestre, sa femme, était en effet devenue la maîtresse d’Egisthe et tous deux avaient pris le pouvoir sur la cité de Mycènes. Le retour d’Agamemnon leur posant problème, il est possible qu’ils aient décidé de le tuer. Du moins, c’est ce que supposent les enquêteurs, car après la découverte des corps, le couple a été emprisonné. Ce crime attriste le peuple de Mycènes. En l’honneur de leur roi, les Mycéniens ont construit une imposante tombe 77 à mycenes à Tholos (une tombe à coupole dédiée à la famille royale). Elle est d’une hauteur de quatorze mètres et est accessible par un grand dromos, un couloir à ciel ouvert. La porte du tombeau est surmontée par un énorme linteau avec un triangle en encorbellement. Si vous souhaitez assister aux funérailles du roi, vous pouvez prendre le καρ (le car) qui est un moyen de transport rapide et révolutionnaire pour accéder au palais ! Mais prenez garde à ce que votre conducteur ne se perde pas en route : s’il arrive à la porte des Lionnes trop tard, cette entrée légendaire du palais sera peut être fermée en raison de l’enquête menée. Alors, vous ne pourrez pas pénétrer dans l’enceinte cyclopéenne et encore moins voir les cercles de tombes ! Cependant, si vous avez la chance de parvenir en haut de la colline, vous pourrez contempler la superbe vue sur toute la vallée qui vous laisse le souvenir d’un palais mythique ! Jeanne Groleau, 3e 3 Lyon Arts plAstiques Vincent ARCHENAULT Margot MARTINET > > Classe de TS de La Verpillière, crayon de papier > Marion LAMBERT > Pauline ROMANSKI 80 Printemps des Poètes Parce que la vie est précieuse ! Je vote contre l’acharnement, la violence et le mépris qui nous ont envahis Je vote pour tout ce qui fait que l’on sourit Je manifeste pour que l’environnement soit protégé Je manifeste avec honneur et fierté Je m’indigne à cause de l’amour qui ne nous est pas offert tous les jours Je m’indigne pour que le sourire nous accompagne toujours Je consacre ma vie à être joyeux et à créer un monde heureux Je consacre ma vie à la folie mais aussi au service car il en faut un peu Avec le mot «anneau» j’invente la bague que tu auras au doigt Et avec le mot « toi » je t’invente une histoire avec moi. Hortense BUISSON, 6e5 L a Verpillière 81 Petits chaNteurS Les Petits Chanteurs de La Verpillière ont créé un instant musical et humain de qualité, lors d’un concert à l’invitation de la paroisse Saint-Pierre du Pays des Couleurs. Quarante filles et garçons, élèves de CE2 au CM2, ont animé la messe des Rameaux, avant de se produire en concert avec un répertoire mixte, religieux et profane, au profit de l’association « Congo-Kinshasa ». Le chœur a séduit un auditoire très fourni qui avait répondu présent. Sous la direction de Thomas Clerc-Renaud, chef authentique dévoué à sa mission, et accompagnés par Nicolas Bottazzi au piano, les choristes ont su installer un moment de paix, de détente et de bonne humeur avec des chants comme Je n’aurai pas le temps de Michel Fugain, ou l’Ave Maria de Caccini. M arie-Louise ducarroz Paris La classe de 1ère S 3 de Lyon, décembre 2014 83 voya ges 84 Werne Professeurs et collégiens de La Solitude devant la mairie de Werne avec le maire de la ville. 85 GRENADE Les lycéens de Lyon devant l’Alhambra, avril 2015 86 FRIBOURG 87 Le voyage des sixièmes bilangues a lieu chaque année depuis 2001, c’est donc la quinzième fois que les germanistes de 6e 6 de La Solitude font un voyage de découverte à Fribourg et dans le sud de la Forêt-Noire. Depuis sa création, le voyage a évolué. Dans les premières éditions, nous allions à Fribourg avant Noël, et le moment fort de ce séjour était la visite du «Weihnachtsmarkt», le marché de Noël. Depuis quelques années, c’est au printemps que nous partons, pour quatre jours afin que les élèves aient un bain linguistique un peu plus important. Cette année, ce fut du 7 au 10 avril. Nous logeons toujours à l’auberge de jeunesse. Les visites, qui se succèdent au fil du séjour, sont préparées par des cours dispensés par les différents professeurs qui accompagnent la classe. Cours sur l’architecture religieuse pour préparer la visite de la cathédrale et de l’église baroque de Sankt Peter. Cours d’allemand, bien sûr, et cours donné par le professeur de SVT sur le quartier écologique de la ville, ou cette année, sur la flore et la faune dans le sud de la Forêt-Noire, avant la randonnée botanique qui nous a menés jusqu’à un lac d’origine glaciaire, le « Titisee ». Joëlle RAVISTRE 88 Heidelberg Les élèves bilangues de 6e 8 en Allemagne 89 Après une halte à Fribourg, nous sommes arrivés à Heidelberg, où nous avons passé trois nuits à l’auberge de jeunesse. Nous avons pris le « chemin des philosophes » pour admirer depuis les hauteurs la vue splendide sur la ville et le Neckar avant de découvrir le château. Points forts de cette visite : l’apothicairerie (d’ailleurs, « pharmacie » se dit « Apotheke » en allemand) et un tonneau de sept mètres de haut ! Après une descente en funiculaire, nous avons vu un lieu étonnant : la prison des étudiants, où les jeunes gens qui avaient un peu trop fait la fête tuaient le temps en recouvrant les murs de graffiti. Le vieux pont (alte Brücke) a également attiré notre attention. Le troisième jour, une classe de collégiens allemands, avec lesquels nous avions correspondu, nous attendait au Bunsen Gymnasium. Les professeurs de français avaient organisé un accueil amusant : nous changions d’interlocuteur toutes les minutes pour nous présenter les uns aux autres. Nous étions tous un peu timides, mais l’alarme incendie s’est déclenchée : nous avons marché avec tout le collège jusqu’à la rivière et cela a beaucoup détendu l’atmosphère entre nous ! Avec plaisir nous avons pris le bateau tous ensemble pour découvrir la ville depuis la rivière. Ensuite, ce fut une longue promenade le long du Neckar pour rentrer. Nous nous sommes quittés au Kaffee Frisch, après avoir dégusté un jus de fruit et une énorme part de gâteau (beaucoup avaient choisi la fameuse « forêt-noire »). Que dire de plus ? Nous avons aussi visité trois églises de styles très différents, baroque et gothique. Ce fut un beau voyage. Merci à Mmes Dubost-Gaulot et Ménart ! Les germanistes de 6 e 8, Lyon Sortie géologie Des élèves de terminale S Lyon sur la route de Bourg-d’Oisans lyon la verpillière carnet nou . vel les 94 A.P.E.L.-Association familiale 3 février-19 mai Réunion des parents correspondants du primaire 7 mars Réunion des parents correspondants du collège Animation spirituelle 26-28 novembre Retraite des élèves d’ECE à l’abbaye de Sénanque ; des élèves d’ECS 2 à l’abbaye de Tamié 19-21 décembre Retraite des élèves d’hypokhâgne à l’abbaye d’Aiguebelle 17-18 janvier Retraite pour les confirmands ; pour les secondes, weekend avec la communauté du Chemin Neuf : « Oser vivre, oser croire » 6-8 février Retraite des élèves de khâgne au couvent de Saint-Jodard 25-28 février Pèlerinage des 5e à Lourdes 28 février Marche des pères de famille de l’établissement, depuis les maternités catholiques de Bourgoin-Jallieu jusqu’à La Verpillière ; thème de l’année : être père selon la Bible 7-8 mars Retraites spirituelles proposées aux garçons et filles de 4e 14-15 mars Retraites des garçons et filles de 3e préparant la Profession de foi 19 mars Journée de Témoignages chrétiens et réconciliation 26-28 mars Rencontres « Maristes en éducation » à Belley 2-3 avril Célébrations des Jeudi et Vendredi saints ; chemin de croix, opération Bol de riz au profit de l’association « Enfants du Népal » 95 LYON 9 avril Célébration de Pâques pour les classes de maternelle, 11e et 10e 2 mai Célébration de la Confirmation 6 mai Retraite pour les élèves du primaire préparant la Première communion 9 mai Célébration de la Première communion en l’église Saint-Paul 12-17 mai Pèlerinage des 3e à Assise 30-31 mai Pèlerinage des 6e à La Salette 1-6 juin Pèlerinage à Lourdes au service des malades pour les élèves de seconde 13 juin Profession de foi des 3e 23-24 juin Chantier de service pour les ECE 1 à l’abbaye d’Hautecombe, aux Missions africaines de Chaponost pour les ECS 2 Conférences, interventions, réunions 15 janvier Réunion d’information sur l’orientation pour les élèves et parents de seconde 21 janvier Conférence de Mgr. Barbarin, en dialogue avec Joseph Yacoub, de l’Eglise chaldéenne 28 janvier Réunion d’information sur l’orientation en fin de 3e 3 février Réunion d’information sur le choix des langues en fin de 5e 24 février Pour les élèves et parents du primaire réunion d’information sur l’entrée en 6e 30 avril Réunion d’information pour les élèves et parents de première 18 mai Conférence de Tony Meloko, président fondateur de l’ONG Gawad Kalinga « Prendre soin », sur les moyens de lutter ensemble contre la pauvreté 96 Echanges internationaux Allemagne avec Berlin 13-22 mars : séjour des lycéens français en Allemagne avec Bochum 5-13 mars : accueil des Allemands à Lyon ; séjour des collégiens français à Bochum du 27 avril au 6 mai avec Werne 28 février - 9 mars : collégiens français en Allemagne ; accueil des Allemands du 17 au 27 mars Angleterre 30 janvier - 7 février : accueil des Anglais à Lyon ; séjour des Français à Chorleywood du 18 au 26 juin Australie 10 juillet- 2 août : séjour des lycéens français à Brisbane Espagne avec Grenade 23-31 mars : accueil des lycéens espagnols ; séjour des Français à Grenade du 11 au 19 avril avec Madrid 27 février-13 mars : Espagnols à Lyon ; collégiens français à Madrid du 29 avril au 11 mai Etats-Unis avec Atlanta 8-25 avril : départ des lycéens français ; accueil des Américains en juin avec Boston 15 février-8 mars : accueil des Américains ; lycéens français à Boston du 8 au 25 avril avec Indiana 8-25 avril : départ des lycéens français ; accueil des Américains en juin avec Toledo 8-25 avril : départ des lycéens français Irlande 14-28 février : accueil des Irlandais à Lyon ; séjour des lycéens français à Dublin du 3 au 18 avril 97 Etablissement 14 janvier Conseil de maison : les DS et l’évaluation 23-24 janvier Soirées des talents au profit de l’école Sainte-Christine de Kinshasa 31 janvier Matinée portes ouvertes en primaire et au collège à La Solitude 31 janvier - 1er février « Sens de l’école, école du sens », colloque du Collège supérieur 28 février Journée portes ouvertes des classes supérieures 2 mars Réunion des professeurs de La Solitude 3 mars Réunion des professeurs de Saint-Paul et des Missions 11 mars Conseil de maison : « Quelle place pour les nouvelles technologies ? » 21 mars Forum des métiers pour les élèves de première. Matinée portes ouvertes pour l’entrée en seconde 10-11 avril La Bohème de Puccini au théâtre de La Solitude avec le Pôle Lyrique d’Excellence au profit du projet Kinshasa 7 mai Mise en espace de textes sur Don Juan par les 1e L de l’atelier théâtre au profit du projet Kinshasa 20 mai Conseil de maison : « L’emprise de la psychologie dans l’enseignement » 6 juin Fête de l’établissement ; « soirée terrasse » au profit du jumelage avec Sainte-Christine de Kinshasa 30 juin Bourse aux livres en primaire 2 juillet Réunion de fin d’année 98 Sorties, visites, voyages 2-3 décembre Voyage à Paris des 1e S3 avec B. Chorain, L.M. Pupat et T. Willaume ; au programme : l’Assemblée Nationale, les Invalides, le Palais de la Découverte, la maison de V. Hugo et, au théâtre, La Cantatrice chauve 19-23 janvier Classe de neige à Bessans pour les 8e 2, 7e 2 et 7e 3 16-20 février Voyage commun en Grèce pour 39 hellénistes de Lyon et La Verpillière avec S. Loubet, A. Bouffard, P. Berthelot et D. Perceveaux 26 février Visite de l’exposition Giotto pour les classes de 7e 23-27 mars Classe de découverte sur le Moyen-Age à Saint-Nectaire pour les 8e 1 27-29 mars Voyage culturel des hypokhâgneux à Marseille et Aix-en-Provence 30 mars-3 avril Classe de neige à Courchevel pour les 11e 1, 9e 2 et 8e 3 7-10 avril Voyage des germanistes de 6e 6 à Fribourg 27-28 avril, 4-5 mai Sortie géologie des classes de 1ère S dans l’Oisans 27-30 avril Voyage des germanistes de 6e 8 en Allemagne avec S. Dubost et I. Charbonnet : Freiburg, Heildeberg et l’église baroque de Sankt-Peter 7 mai Visite d’une ferme pédagogique pour les classes maternelles 16 juin Sortie au Parc A. Gruss à Orange pour les 11e 2, 10e 1 et 10e 2 99 Ciné-club, théâtre Pour les élèves de première, terminale, classe préparatoire, parents, professeurs, anciens et amis 22 janvier Gran Torino de Clint Eastwood 5 mars A propos d’Elly d’Asghar Farhadi 9 avril La Fille du 14 Juillet d’Antonin Peretjatko Pour les élèves de seconde Pour les élèves de 3e 2-3 mars Les 39 Marches d’Alfred Hitchcock 1-2 juin Le Mirage de la vie de Douglas Sirk Pour les élèves de 4e 5-6 janvier Les Diaboliques d’H.G. Clouzot 27-28 avril Le Kid de Charlie Chaplin 9 mars Alexandrie-New-York de Youssef Chahine 31 mars Représentation de cirque pour les 11e 2, 10e 2 et 10e 1 8 juin Hugo Cabret de Martin Scorsese 19 juin L’Arbre de vie, représentation pour les classes primaires Chorale, concerts 16 juin Concert de fin d’année des classes musicales du primaire 24 juin Concert à la cathédrale Saint-Jean pour les 7e 100 Activités sportives Résultats Athlétisme Nicolas Ginot 1ère S5 : 4e au Championnat de France Juniors Badminton Championnats nationaux 2015 Individuel Benjamin : E. Large 4e 8 : 7e Individuel Minime : H. Saint-Olive 4e2 : 2e Équipe Minime : 9e Qualifications aux Championnats de France Cross-country : 12 élèves qualifiées au Cross National 1000 m indoor Escalade : 8 élèves qualifiés Gymnastique : 17 gymnastes et 3 juges qualifiés Tennis de table : 2 équipes (Benjamin et Minime) qualifiées Trisport : qualification des filles Lyon urban trail 2015 Juniors garçons Pierre-Antoine Biscarrat TS3 : 2e Amaury Steinhausser TS3 : 3e Juniors filles Gabrielle Sénée TS3 : 3e 3 juillet Finale du tournoi de badminton pour les classes de 9e, 8e et 7e 101 la verpil liere A.P.E.L.-Association familiale 12 décembre Réunion des parents correspondants de 4e-3e 6 juin Réunion des parents correspondants : bilan de l’année Animation spirituelle 20 janvier Réunion du groupe « Maristes en éducation » 4-6 avril Temps fort pour les élèves préparant la Confirmation 28 février Marche des pères de famille, depuis les maternités catholiques de Bourgoin jusqu’à La Verpillière ; thème de l’année : être père selon la Bible 10 avril Ecole des parents 7 mars Ecole des parents 18-19 mars Retraite de Profession de foi 22 mars Célébration de la Profession de foi à l’église de l’Isle-d’Abeau 24 mars Réunion du groupe « Maristes en éducation » 2-3 avril Célébrations des Jeudi et Vendredi saints 8 mai Sortie du groupe « Maristes en éducation » à La Tour-du-Pin 18 mai Rencontre des parents d’élèves du primaire préparant la Première communion 19 mai Réunion du groupe « Maristes en éducation » 26 mai Rencontre pour les parents des élèves se préparant au baptême 27 mai Retraite pour les futurs communiants du primaire 102 28 mai Rencontre des parents des futurs confirmands 30 mai Célébration de la Première communion des primaires 1-6 juin Pèlerinage à Lourdes au service des malades pour les élèves de seconde 7 juin Célébration de la Confirmation 13 juin Célébration du baptême 20 juin Première communion des collégiens 24 juin Sortie pour les servants de messe 30 juin Fête de la foi pour les élèves du primaire 8 juin Rencontre des parents d’élèves du collège préparant la Première communion Conférences, interventions, réunions 24 janvier Réunion d’information sur l’orientation pour les élèves et parents de 3e 27 mars Réunion d’information sur l’orientation pour les élèves et parents de seconde 31 janvier - 1er février « Sens de l’école, école du sens », colloque du Collège supérieur 9 juin Conférence sur l’éducation sexuelle et affective pour les élèves de terminale 21 mars Présentation de la classe de 4e pour les élèves et parents de 5e 103 Echanges internationaux Allemagne 4-18 avril Séjour de collégiens français à Heusenstamm ; accueil des Allemands du 14 au 28 février Angleterre avec Londres séjour de collégiens français du 22 au 29 avril avec Ealing séjour de collégiens français du 22 au 29 avril ; accueil des Anglais du 21 au 28 mai Espagne 22-29 avril : séjour de collégiens français à Salamanque ; accueil des correspondants espagnols du 20 au 27 mars Etats-Unis 9 au 30 avril : séjour de lycéens français à Portland ; accueil des Américains du 7 au 27 mars Etablissement 10 janvier Forum des métiers pour les élèves de seconde 14 janvier Conseil de maison : « Les DS et l’évaluation » 16 janvier Repas philo : au menu, « la Liberté» 6 mars Réunion des professeurs 11 mars Conseil de maison : « Quelle place pour les nouvelles technologies ? » 104 13-20 mars Dans le cadre du Printemps des poètes, intervention de Magali Misperlare, récitante, auprès d’élèves de 2de 3 et 2de 5 ; récital de textes entrecoupés de chants (M.L. Ducarroz, R. de Thé) et de musique (G. Genin, viole de gambe) 13 mars-30 avril Ateliers « CV, lettre de motivation » et « Préparation aux entretiens » pour les terminales 27 mars Soirée portes ouvertes collège 7 mai Repas philo sur le thème : « Désir et choix » 20 mai Conseil de maison : « L’emprise de la psychologie dans l’enseignement » 21 mai Réunion des professeurs 12 juin Soirée de fin d’année pour les élèves de première et terminale 14 juin Opération vide grenier 16 juin Olympiades des secondes 20 juin Kermesse 27 juin Bourse aux livres du primaire Sorties, visites, voyages 15-18 décembre Voyage à Freiburg pour les germanistes de 5e et 4e LV2 avec les 4e LV2 de La Solitude, sous la tutelle de F. Delorme et S. Dubost-Gaulot 16-20 février Voyage commun en Grèce pour 39 hellénistes de Lyon et La Verpillière avec S. Loubet, A. Bouffard, P. Berthelot et D. Perceveaux 105 26-28 mars Voyage des 1ère L et TL à Paris avec P. Berthelot, N. Pic, R. Garrigue et D. Perceveaux : au programme, des musées (Art Moderne, Arts Premiers), l’Assemblée Nationale et Notre-Dame, le Père-Lachaise et Maxim’s ; voyage des 1ère ES à Freiburg dans le cadre du projet Comenius 8-10 avril Sortie géologie des 1ère S : utilisation des ressources géologiques dans la ville de Lyon 22-29 avril Voyage des 4e 5 à Ealing avec J.M. Lacote 12-16 mai Voyage des 5e 1, 5e 5 et 5e 7 à Rome sous la tutelle de T. Clerc-Renaud ; voyage des 5e 3 et 5e 6 à Venise avec F. Delorme ; voyage à Londres des élèves de 2de européenne avec A. Schooling et J.M. Lacote 18-21 mai Courses d’orientation des classes de 5e en Chartreuse 8-9 juin Sortie des classes de 4e à Vulcania Ciné-club, théâtre Pour les élèves de première et terminale 26-27 janvier La Religieuse de Jacques Rivette 23-26 février L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman 6 mai Nos amis les humains, représentation donnée par l’atelier théâtre, salle des fêtes de La Verpillière 106 Chorale, concerts 20 janvier Concert à Chamagnieu pour l’association des « Amis du patrimoine » 14 juin Participation au rassemblement régional des Pueri Cantores à Lyon 29 mars A Courtenay, messe des Rameaux et concert au profit de l’association « Fraternité Congo-Kinshasa » organisé par M. L. Ducarroz 20 juin Animation de la messe de la fête de l’école 26 juin Concert de fin d’année à l’église de La Verpillière 30 mai Animation de la messe de Première communion Activités sportives 4 mars Championnat régional de badminton : Juniors : A. Petitjean 1ère S2 : 3e Cadets filles E. Birkel 2e 2 : 3e Cadets garçons T. Geysen 2e 3 : 2e P. Ulysse 1ère STMG : 3e Benjamins filles B. Peronnet 5e 1 : 1ère 8 - 10 avril Championnats nationaux Individuel open : B. Peronnet 5e 1 : 5e / 8 T. Geysen 2e 3 : 4e / 22 Equipes Cadets / juniors : 10e Benjamins : 5e 107 car net Naissances Titouan, fils de Mélissa Camicel, professeur des écoles à La Verpillière, le 29 novembre Nathan, fils de Valérie Delorme, professeur des écoles à La Verpillière, le 7 décembre Baptiste, fils de Marie-Agnès Ryumeko, infirmière à La Verpillière, le 5 mars Mayna, fille d’Habiba M’Babi, membre du personnel d’entretien à Saint-Paul, le 13 mars Simon, fils de Nathalie Zimpfer, professeur d’anglais à Saint-Paul, le 10 avril Mila, fille de Monica Mourrejeau, professeur de français à La Verpillière, le 26 février Guillaume, fils d’Arnaud Pautet, professeur d’histoiregéographie à Saint-Paul, le 25 avril Mariage Annick Bechade, ATSEM à La Verpillière avec Jean-Pierre Defarges, le 14 février Félicitations Gersande Gourdin reçue à l’agrégation de SVT Anne Reynaud reçue à l’agrégation de lettres classiques Jean-Paul Pointet, professeur d’histoire-géographie à La Verpillière, prix du meilleur roman historique organisé par la revue Ça m’intéresse/histoire 2014 et prix des lecteurs 2015 de la revue Téléloisirs pour son ouvrage Vengeance dans les tranchées Alain Fayette, ancien professeur de mathématiques, et Michel Lavialle, ancien préfet et professeur de lettres, ont reçu les Palmes académiques 108 Départs Lyon Joëlle Ravistre, professeur d’allemand, entrée en 1976 Christian Lhôpital, professeur d’arts plastiques, entré en 1980 Claire Norvez, professeur de mathématiques, entrée en 1983 Michel Demurger, du service entretien à Lyon, entré en 1993 La Verpillière Françoise Delorme, professeur de SVT, ancienne responsable des 6e-5e, entrée en 1978 Didier Perceveaux, professeur de lettres, entré en 1980 Michelle Lépine, professeur de mathématiques, entrée en 2007 Muriel Seytier, professeur de SVT, entrée en 1995 Henri Rivière, du service entretien à Lyon, entré en 2008 Décès Nous participons à la douleur de Elisabeth Desmottes, AVS en classe Ulis à La Verpillière, qui a perdu son père, le 1er décembre Nicolas Bottazzi, responsable des Petits Chanteurs à La Verpillière, qui a perdu son frère Hervé, le 12 décembre Valérie Fournol, professeur des écoles à La Solitude, qui a perdu son père, le 14 janvier Jean-Paul et Marie-Christine Pointet, respectivement professeurs d’histoiregéographie et français à La Verpillière, qui ont perdu leur sœur et belle-sœur, le 23 janvier 109 Nathalie Teulade, éducatrice en 1ère à Lyon, qui a perdu sa mère, le 25 janvier la communauté mariste et de la famille du père Philippe Dealberto, sm. ancien aumônier à La Solitude, décédé le 29 janvier Solange Dubost-Gaulot, professeur d’allemand à La Solitude, qui a perdu son père, le 7 février Christiane et Philippe Paturel, respectivement ancienne infirmière à Saint-Paul et ancien responsable de La Verpillière, qui ont perdu leur frère et beau-frère, le 8 février, puis leur père et beau-père, le 17 Jean-Claude Beuret, éducateur en 1ère à Saint-Paul, qui a perdu son père, le 13 février Caroline Lavigne, institutrice à La Solitude, qui a perdu son frère, le 15 février Catherine et Vincent Repellin, respectivement secrétaire de direction à Saint-Paul et professeur d’histoiregéographie à La Solitude, qui ont perdu leur père et beau-père, le 15 février Marie-Constance et Daniel Vidal, respectivement aidematernelle et membre du personnel d’entretien à La Verpillière, qui ont perdu leur mère et belle-mère, le 22 mars Laurie Balagna, élève de 4e 4 à La Verpillière, qui a perdu son père, le 27 mars la communauté mariste et de la famille du père Roger Dumortier, sm. ancien supérieur général, décédé le 26 avril Crédit photos : Raphaël Klucker 1ère ES 2, photo primée Concours 2014 : page 10 H.Tissot : pages 29, 34, 37 P. Huet : pages 40-41 Rosalie Bouche 2e 2, photo primée Concours 2014 : page 52 A. Ulrich 4e 1 : : page 60 M. Léoni 3e 4 : page 74 J. Groleau 3e 3 : page 76 C. Clerc-Renaud : page 81 B. Chorain : pages 82-83 Photo presse : page 84 T. Tordoir : page 85 J. Ravistre : page 86 S. Dubost-Gaulot : page 88 M. Salerno : pages 90-91 Camille Vilotitch 2e 2, photo primée Concours 2014 : page 92 113 113 2 e TRIMESTRE 2015 SAINTE-MARIE LYON 4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY 69005 LYON TÉL. 04 78 28 38 34 www.sainte-marie-lyon.fr DIRECTEUR DE PUBLICATION Michel Lavialle CONCEPTION fa.rémila IMPRESSION ?????? 2015 2 e TRIMESTRE SAINTE-MARIE LYON 4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY 69005 LYON TÉL. 04 78 28 38 34 www.sainte-marie-lyon.fr DIRECTEUR DE PUBLICATION Michel Lavialle CONCEPTION fa.rémila IMPRESSION ??????