n°113 Lyon-Mariste 2ème trimestre 2015 - Sainte

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n°113 Lyon-Mariste 2ème trimestre 2015 - Sainte
LYON
SAINT-PAUL
LES MISSIONS
LA SOLITUDE
LA VERPILLIERE
113
2
som
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12 22
LE BEAU ET L’UTILE
Jean-Michel GARDE
Pourquoi enseigner le grec ?
15
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
DANS NOS ENSEIGNEMENTS
Hélène CARION, Anne GORLIER
Intervention au conseil de maison
L’INFORMATIQUE À L’ÉCOLE
Olivier GOSSET
Contre la numérisation
des consciences
28
LA GUERRE EST DÉCLARÉE
Emmanuel JAUSSOIN
À propos du journal d’un poilu
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LES
YEUX
FERTI
LES
40
LES ANGES DANS (PRESQUE)
TOUS LEURS ETATS
Didier PERCEVEAUX
De Suétone à Wim Wenders,
considérations intempor…ailes
COL
LEGE
54 74
SE DONNER,
SE REPRENDRE
Vincent RICARD
Intervention lors de la
retraite des professeurs
62
CinÉ-club
A PROPOS D’ELLY
TRAVAUX D’ÉLÈVES
TEXTES, DESSINS
82
Voyages
GRÈCE
ALLEMAGNE
PARIS
NOU
VEL
LES
94 101
Lyon
La Verpillière
107
Carnet
En cette fin d’année, le dialogue sur les
orientations peut se tendre. Les ambitions légitimes des
élèves et de leurs parents peuvent être dévoyées par un appétit
démesuré, un calcul compliqué1 ; les professeurs, soucieux de
la réussite de leurs élèves, font parfois preuve de pusillanimité
dans leurs conseils ou au contraire font miroiter des cursus,
mais inadéquats avec le niveau réel de leur élève.
Notre dialogue devrait être nourri de la certitude que
la vérité d’un être n’est entièrement cernable par personne.
Pères et mères savent, de la chair de leur chair, quelques
merveilles ; finalement si peu. Les enseignants, les éducateurs,
révèlent d’autres aspects, sans nécessairement savoir lesquels,
tant les mûrissements sont secrets et les bourgeonnements
imprévisibles. L’élève lui-même en a-t-il une perception plus
complète ? L’accouchement de cet effort de connaissance de
lui-même prendra bien toute une vie. Personne n’est Dieu :
La parole n’est pas encore sur ma langue,
Et voici, Yahvé, tu la sais tout entière […]
Mon âme, tu la connaissais bien,
Mes os n’étaient point cachés de toi,
Quand je fus façonné dans le secret […]
Mais pour moi, que tes pensées sont difficiles […]
Ai-je fini, je suis encore avec toi.2
Edi
to
rial
Le renoncement de sa toute puissance à définir
l’identité de l’autre est la marque d’un amour respectueux,
d’un amour qui ne l’étouffe pas à partir de son passé (chronos),
qui ne l’affaiblit pas en rêvant une destinée toute faite (aïon).
Le grec, cette langue « morte » que d’aucuns veulent
encore tuer, distingue en effet « chronos », le temps mesuré,
passé, présent et avenir, flot qui s’écoule sans qu’on puisse le
retenir, « aïon », le temps en soi, l’existence dans son ensemble,
la destinée, et, comme entre les deux, pour les unir, « kairos »,
le moment de la décision, l’opportunité à saisir dans l’instant.
Comment laisser le petit dieu ailé kairos se poser pour des
enfants si, par un peu de dépossession, n’a pas été préparée
dans nos cœurs et nos intelligences, dans les leurs surtout,
la rencontre désirée entre ce qu’ils ont su construire et l’élan
d’un choix posé dans l’espérance ?
La merveille qu’est un enfant se révélera d’autant plus
qu’on n’aura pas rêvé une improbable merveille, pas ouvert
une fausse piste.
Pour éviter les déceptions, conformons-nous à ce
qui est dit de la Vierge Marie : devant les bergers à la crèche
« elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant
en son cœur » (Luc 2, 19) ; après l’escapade de Jésus au
temple : « Et sa mère gardait toutes ces choses en son cœur »
(Luc 2, 51). Ce n’est pas passivité de sa part ; son magnificat
8
a bien été travaillé par la longue histoire d’Israël qui a fait
son œuvre profonde en son sein ; elle a rencontré des témoins
de ce chronos en Zacharie, en Elisabeth, en Siméon et Anne.
Elle est prête à voir, au-delà de l’épée qui lui transpercera le
cœur, le salut et la vie.
Notre propre attente, notre méditation pour éviter de
désespérer devant le mystère d’un enfant, sera active, faite de
dialogue nourri, vif s’il le faut, respectueux de ce que chacun
est, pour lui laisser, un jour, le temps et la force de décider de
son devenir.
Que souhaiter, en cette fin d’année, si ce n’est
que notre dialogue soit rempli de cette attente-là, de cette
liberté-là, de cette soif de voir Dieu à l’œuvre dans sa vie ?
[…] Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes,
sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de
Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est
stable3.
M arc Bouchacourt
9
Lors de la procédure APB (=admission
post-bac) on voit des élèves qui ne font
qu’un choix, celui de la plus grande
classe préparatoire de France, alors que
leur dossier est plus que médiocre, au
risque de se retrouver sans inscription ;
d’autres vont jusqu’au maximum de
trente choix dans tous les horizons,
manifestant qu’ils n’ont nullement mûri
une orientation ; et ils seront encore
frustrés d’avoir à renoncer aux vingtneuf autres possibilités au dernier clic ;
d’autres enfin n’oseront pas tenter une
école prestigieuse pourtant possible
pour eux.
1
NO
TES
Psaume 139, versets 4, 5, 14-16,
17, 19 ; traduction de la Bible de
Jérusalem.
2
3
Le Prophète, Khalil Gibran,
édition Casterman, 1956, p. 19-20
LE BEAU ET L’UTILE…
NOUVELLES
TECHNOLOGIES
LA GUERRE
EST DÉCLARÉE
Les ANGES...
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flex
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LE BEAU et L’UTILE
Dans cette rubrique Lyon-Mariste propose à votre
réflexion un texte ayant trait à la conduite scolaire.
Nous voudrions simplement dissiper quelques
malentendus touchant l’inutilité ou le peu d’utilité de l’étude
du grec […].
Il y a sans doute chez certains une sorte de dédain pour
des études comportant une part de gratuité. A vrai dire, tout
travail intellectuel authentique, qui est désir de découverte,
nécessite une attitude désintéressée ; et il ne semble pas que
dans les préoccupations de notre époque le sens du gratuit soit
à ce point envahissant qu’il faille tout faire pour en réduire la
place dans l’enseignement et dans l’éducation.
Cela dit, jusqu’à quel point peut-on prétendre que le
grec soit de peu d’utilité ? […] Laissons de côté tout ce qui est
découverte d’une civilisation et d’une culture exceptionnelle
dont nous sommes les héritiers – aspect non négligeable ! – et
considérons pour le moment ce seul point : l’étude du grec
peut-elle aider les élèves à mieux s’exprimer dans leur langue
maternelle ?
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La réponse est simple : l’étude du grec développe
dans tous les domaines, notamment dans l’expression, dans
le choix des mots et des tours, des qualités de clarté, de
précision et de rigueur dont tous les élèves ont le plus grand
besoin. Le Grec a l’amour de la lumière. Pour un Grec ne plus
pouvoir jouir de la lumière est une privation plus difficile
à supporter que celle de la vie. Pensons aux lamentations
d’Œdipe devenu aveugle, aux adieux d’Alceste à la lumière.
Ce qui est vrai dans l’ordre du sensible l’est aussi dans celui
de l’’intelligence : le Grec cherche à faire la lumière sur les
moindres obscurités où sa pensée pourrait se perdre quelque
peu. Il a la passion de comprendre et d’expliquer et il parle
pour s’expliquer ; aussi découvre-t-il à plaisir les articulations
de sa pensée, même les plus menues : toutes les phrases d’un
texte grec et tous les membres d’une phrase sont reliés les uns
aux autres par des particules précises et variées, fines comme
des traits de plume, qui mettent en évidence tous les rapports
logiques que les éléments du discours entretiennent les uns
avec les autres. Quant au vocabulaire, il est prodigieusement
riche, grâce en particulier à l’emploi fréquent de préfixes de
composition, tant il est vrai que ce peuple de penseurs avait
le sens du concret, l’amour de l’un et du multiple. Paul Valéry,
poète méditerranéen, très grec d’esprit et d’art, fait dire à l’un
de ses personnages dans Eupalinos ou l’Architecte, dialogue
entre Socrate et Phèdre à la manière de Platon : « J’ai cherché
la justesse dans les pensées. Ce grand art exige de nous un
langage admirablement exact. Le nom même qui le désigne
14
est aussi le nom, parmi nous, de la raison et du calcul ; un
seul mot dit ces trois choses1. Car qu’est-ce, la raison, sinon
le discours lui-même, quand les significations des termes sont
bien limitées et assurées de leur permanence, et quand ces
significations immuables s’ajustent les unes avec les autres,
et se composent clairement ? Et c’est là une même chose avec
le calcul ». Mais jamais ce souci de logique et de rigueur
n’aboutit à la raideur. Tel art, telle langue : voyez le Parthénon,
comme il est solidement campé, rigoureusement équilibré,
et pourtant si léger ! Ici encore l’on songe à Valéry et à son
Cantique des colonnes :
- Que portez-vous si haut,
Egales radieuses ?
- Au désir sans défaut
Nos grâces studieuses !
On dirait volontiers de la langue grecque ce que
Platon disait du poète : « C’est chose légère, ailée ». La phrase
grecque est claire et souple, ciselée comme un chapiteau dont
le soleil illumine la fine géométrie. Pour un Grec, on le voit,
l’amour de la lumière se conjugue à l’amour de la raison et de
la beauté : ce qui est beau est éclairant, ce qui est éclairant
est beau, et le mot « idéa » signifie d’abord « force visible,
distincte ».
Voilà donc le superflu dont la plupart des élèves
devraient être privés ! Qui oserait prétendre que le grec doit
être réservé aux seuls « littéraires » ? […]
Jean-Michel GARDE
Extrait d’un article paru dans Lyon-Maristes, n°18, mars 1974
1
En grec le même mot « logos » désigne à la fois le langage, la raison et le calcul.
Les
nouvelles
technologies
dans nos enseignements
« Tradition et curiosité passionnée de son temps
portent toute vraie modernité.» Marc Perrot, sm
Une révolution en cours
Le rapport Assouline, « Les nouveaux médias : des
jeunes libérés ou abandonnés ? », publié en 2008, est éloquent :
chez les 12-17 ans, 94 % sont équipés d’un ordinateur,
53 % des adolescents se disent auteurs d’un blog ou d’un site ;
enfants et adolescents passent environ 800 heures par an à
l’école, 1500 heures par an devant un écran !
D’une manière générale l’évolution numérique de ces
dernières années a été très rapide et induit nécessairement un
nouveau rapport au temps et aux savoirs, une nouvelle forme
de pensée, de nouvelles façons de travailler à tous les niveaux
de la société. Elle a des conséquences sur les pratiques et
les modes de vie, sur l’économie : télétravail, e-commerce...
L’école est forcément touchée.
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Un mouvement auquel nous nous adaptons
Progressivement, les nouvelles technologies ont
pris leur place dans notre quotidien scolaire, que ce soit le
badge qui nous ouvre l’accès à la cantine aussi bien qu’aux
photocopies, la saisie des notes et du cahier de texte sous
Ecole directe, la procédure Admission Post Bac dont la saisie
de notes en ligne est obligatoire, les informations multiples
envoyées par courriels.
Par ailleurs, l’usage quasi généralisé de l’ordinateur
permet un archivage ordonné et peu volumineux : avec une clé
USB, on transporte l’équivalent de plusieurs livres et classeurs.
Ces nouvelles technologies influent aussi sur notre
façon d’enseigner. Quelques exemples de l’usage qui en est
déjà fait :
• par le professeur en classe
La présence d’un vidéoprojecteur dans la majorité des
salles de cours est unanimement appréciée. Grâce à lui, sans
perte de temps, on montre une image, une photo, un graphique
illustrant un cours : stylo posé et livre fermé, les élèves se
concentrent mieux sur le tableau, on peut faire passer une
notion compliquée, la rendre plus accessible.
Son utilisation n’exclut aucun niveau. En primaire,
l’utilisation du Tableau Blanc Interactif favorise une pédagogie
concrète adaptée aux écoliers. Elle n’exclut non plus aucune
matière. Si on pense immédiatement aux mathématiques, aux
sciences, à l’économie, à l’histoire-géographie, à l’histoire
de l’art, les disciplines littéraires, voire la religion peuvent
aussi en tirer parti. Ainsi, en mathématiques, on apprend le
fonctionnement de la calculatrice en utilisant l’émulateur qui la
projette sur l’écran avec une simulation de son fonctionnement
(touches et affichage). Le logiciel Geogebra permet la
construction de figures de géométrie ou de courbes, Algobox
l’élaboration et l’exécution d’algorithmes. En géographie,
17
un montage « powerpoint » révèle de façon progressive les
éléments que les élèves doivent positionner sur une carte. En
histoire, il rend possible la projection d’un film documentaire,
d’extraits de journaux, de pièces diverses liées aux événements
étudiés. En langues, l’utilisation d’une vidéo ou d’une bande
sonore est fondamentale. En art, on visite, sans se déplacer,
sites et musées, on commente une œuvre, on rapproche des
tableaux d’un même artiste ou d’artistes différents. Même les
disciplines littéraires y trouvent leur compte. Rien n’interdit
en effet de projeter un texte de français ou de latin pour mettre
en évidence sa structure, faire apparaître des occurrences, le
développement d’un argument ou d’une figure de style. Rien
n’interdit non plus, grâce à sa projection, d’étudier une pièce
de théâtre en analysant le jeu de tel ou tel acteur, la pertinence
de telle ou telle mise en scène. Ce ne sont là que des pistes et
des exemples…
Du point de vue de la communication, le videoprojecteur apporte aussi efficacité et gain de temps, que ce
soit pour les consignes ou informations diverses données aux
élèves, l’élaboration et la diffusion d’un corrigé, l’analyse d’une
copie, et ce avec l’assurance encore une fois de mieux capter
l’attention de la classe, de mieux garantir la juste réception de
ce qui est dit et lu, en même temps que vu. La projection du
plan d’un cours aide grandement à l’apprentissage de la prise
de notes.
• par les élèves,
En salle informatique, l’accès à internet facilite
l’obtention des informations, ce qui est très utile pour les
TPE par exemple ; en salle de TP, c’est le travail sur des
logiciels spécifiques qui est rendu possible : c’est ce qui se
passe en sciences, mais aussi lors de certaines activités en
gestion et mathématiques. En langues, les élèves peuvent non
seulement entendre, mais aussi s’enregistrer et s’écouter pour
se corriger.
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A la maison, grâce à une plateforme numérique
(Moodle, Spiral), ils récupèrent ou transmettent divers
éléments : corrigés de devoir, documents complémentaires,
travail à rendre au professeur. A cela s’ajoute la consultation
du cahier de textes numérique et de ses documents joints (avec
l’inconvénient toutefois qu’ils sont sur un jour précis). Une
conséquence annexe, mais non négligeable, de ces pratiques
est une moindre consommation de papier.
Ce que l’on pourrait faire d’autre
Nous pourrions utiliser davantage et mieux :
- les TBI
-
les manuels numériques : cela permettrait d’alléger les
cartables, de ne pas « se battre » avec les élèves qui n’ont
pas leur livre, de faire en sorte qu’ils regardent tous la même
page en même temps
- les plateformes dans toutes leurs fonctionnalités : remise
de devoirs en ligne, QCM ou exercices préparatoires ou
d’application directe d’une notion …
Nous pourrions également :
- mutualiser nos préparations, d’un professeur à un autre
- pratiquer, plus que nous le faisons, l’« école inversée » en
envoyant aux élèves les documents pour étudier seuls au
préalable une notion qui est ensuite reprise en classe par des
exercices
- autoriser des ordinateurs personnels dans certains cours,
pour la prise des notes, pour se filmer ou s’enregistrer, pour
consulter des documents ou le manuel numérique. Cela
est sans doute à adapter à l’âge des élèves et aux cours
concernés, mais il importe de « dédiaboliser » la présence
de l’ordinateur en classe : son utilisation fréquente dans un
contexte de travail en normalise la présence, ce qui limite
tout naturellement la tentation de l’utiliser à d’autres fins.
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Freins et réticences
• pour les professeurs
Le temps de préparation est en général plus long au
moins au commencement. De plus les compétences respectives
en la matière sont très diverses. L’utilisation de Moodle par
exemple nécessite en début d’année un paramétrage important
de chaque cours et des ses utilisateurs : aussi le système peutil sembler lourd. A cet inconvénient s’ajoutent des incidents
matériels qui peuvent « gâcher » un cours et provoquer un
certain flottement chez les élèves, d’où la nécessité de prévoir
une solution de rechange : fils de connectique sectionnés ou
abîmés empêchant le fonctionnement du vidéo projecteur,
dysfonctionnement de casque, de micro ou de poste dans la
salle informatique, logiciel qui n’est pas installé ou avec une
autre version …
• pour les élèves
Le manque d’homogénéité des outils utilisés par les
enseignants fait que les élèves ont du mal à s’y retrouver et
rechignent à s’en servir. Dans la classe, la lecture sur écran
du texte projeté pour le groupe (distance, taille des caractères,
lecture silencieuse…) n’est pas forcément plus aisée que celle
d’un document individuel.
Par ailleurs, si elles facilitent la communication et
le transfert d’informations, ces nouvelles technologies créent
chez les élèves une habitude de l’immédiat : on ne sait pas
attendre la réponse à un courriel, on refuse parfois de passer
du temps à résoudre un exercice alors qu’on peut trouver la
réponse sur internet. On préfère « facebook » à un cahier
de textes en ligne, on voudrait recevoir les corrigés sur sa
messagerie plutôt que de faire l’effort d’aller les chercher sur
une plateforme numérique.
20
• pour les parents
Il existe aussi chez eux une certaine réticence : elle
tient à la difficulté qu’ils ont de contrôler à la maison si l’usage
de l’ordinateur est lié ou non au travail scolaire. C’est d’ailleurs
souvent les deux à la fois.
Défis et ouverture : choc ou métissage entre
la culture du livre et la culture numérique ?
Des questions nous sont posées par l’existence de
l’outil informatique :
- peut-on se passer d’un livre papier en classe ?
- faut-il conserver l’idée d’un cahier contenant l’intégrité des
notions alors qu’elles existent de manière peut-être plus
claire et plus propre dans le manuel ? Faut-il envisager un
cahier de notes personnelles complémentaire ?
- comment lutter contre les plagiats si faciles par copier-coller ?
- une trop grande utilisation de ces technologies ne risque-telle pas de blaser les élèves, de les rendre spectateurs ?
- ne les incitent-elles pas à négliger la rédaction, l’écriture
alors que la majorité des évaluations aux examens et concours
demande toujours un écrit structuré plutôt qu’un QCM, alors
qu’on sait bien qu’écrire aide à mémoriser et à comprendre,
qu’il faut du temps pour l’appropriation, une certaine lenteur
pour la relecture et la construction d’un esprit critique ?
Pour aller plus loin, quelle est l’incidence de ces
nouvelles technologies sur :
- la formation de l’identité (facebook)
- le rapport au temps (tout tout de suite)
- la relation aux autres (être toujours joignable)
- le rapport au vrai (quelle fiabilité ?)
- le rapport à l’autorité (découvrir par ses propres moyens,
méfiance)
21
- le rapport au travail (personnel et en équipe)
- le développement d’une imagination créatrice,
d’une intériorité profonde ?
Ces questions restent en suspens. Bien sûr, les écrans
ne remplaceront jamais la présence physique du professeur
qui explique et accompagne, initie à l’observation ; ils ne
remplaceront jamais le contact avec le réel, celui d’une
manipulation en chimie, d’une sortie sur le terrain en géologie
ou la visite d’un site en histoire. Cela ne signifie pas que les
outils numériques ne doivent pas trouver de place dans nos
enseignements ; la variété de la présentation et du support
enrichit notre pédagogie, mais il faut procéder avec pertinence
et en fonction de l’âge des élèves. Nous devons trouver les
structures qui permettent un vrai travail où chacun grandit.
Sans jamais confondre éducation et soumission à l’air du temps,
sachons rendre nos élèves curieux et autonomes, capables de
s’adapter aux changements et d’affronter l’avenir avec lucidité.
Hélène CARION, A nne GORLIER
L’informatique
à l’école
ou la numérisation des consciences
Madame Vallaud-Belkacem l’avait annoncé dès sa
prise de fonction, le développement du numérique à l’école
serait une priorité de son mandat. Ainsi, pour la rentrée
scolaire 2014-2015, l’Éducation nationale annonçait que,
« pour éviter de creuser la fracture sociale », le ministère se
dotait « d’une stratégie ambitieuse visant à faire du numérique
un facteur de réduction des inégalités ».1 Forte de ce principe,
la rue de Grenelle a conçu un véritable plan qui s’est décliné
comme suit : le « très haut débit pour tous » fut promis à la
rentrée 2014, une « concertation » nationale a été enclenchée
le 20 janvier 2015 et s’est achevée le 9 mars, une « conférence
nationale » aura lieu en avril 2015 et le « plan numérique »
sera mis en œuvre à la rentrée 2016.2 On le voit donc, c’est
une démarche de grande envergure qui est entreprise par le
Ministère. Quelle est alors l’origine de ce projet, qui en sont
les concepteurs, quel impact est-il destiné à avoir sur le monde
de l’école ?
1
2
www.education.gouv.fr/cid81791/rentree-scolaire-2014-2015
www.gouvernement.fr/action/l-ecole-numerique
23
Un projet d’enseignement conçu
sans les enseignants
Pour orienter les décisions à venir, un rapport a
été conçu par le Conseil National du Numérique, intitulé
Jules Ferry 3.03. Recommandé par le Ministère, cet opus fut
rédigé par 13 personnes, scientifiques, philosophes ou cadres
de haut niveau. Au cœur de cet aréopage, on ne compte que
deux enseignants, exerçant dans un cadre universitaire.
Confirmation de cette mise à l’écart, la question même de
la participation enseignante n’est que peu évoquée par le
rapport. Ainsi, parmi les quarante propositions esquissées, il
faut attendre la « recommandation 27 » pour que soit émise
l’idée de « mettre en place des programmes de rechercheaction transdisciplinaire». Fruit de cette négligence,
les dernières recommandations imposent d’ « accepter les
nouvelles industries de la formation » dans le but d’« organiser
et encadrer l’industrie française des data de l’éducation ».
Véritable informatisation de l’instruction, le plan numérique
envisagé par le gouvernement se traduit par une évacuation du
personnel enseignant.
www.cnnumerique.fr/wp-content/uploads/2014/10/
Rapport_CNNum_Education_oct14.pdf
3
24
La poursuite d’une chimère égalitaire
La question de l’enseignement étant seconde, c’est un
autre objectif que celui de la transmission des connaissances
qui semble alors en vue. Comme le signale le sous-titre du
rapport, il s’agit, pour les concepteurs de ce dernier, de « bâtir
une école créative et juste dans un monde numérique ».
Justifiant cet idéal égalitaire, le texte multiplie les raccourcis
où les poncifs se mêlent aux sophismes.
Ainsi, assure la page 15 du document, « quand
l’ascenseur social ne fonctionne plus, l’ascenseur numérique
peut prendre le relais». De même, peut-on lire plus loin, la
« société numérique » étant une « société en réseau, moins
hiérarchisée, plus horizontale », les élèves, imprégnés de cette
culture, « seront plus à l’aise, plus responsables et auront
davantage confiance en eux». Par un singulier transfert de
compétences, on demande à l’informatique de réaliser ce
que ni l’école ni l’État n’ont pu effectuer jusque là : édifier
un monde sans heurt, sans différence et sans écart. Simple
technique au service de la connaissance, le numérique devient
ici l’instrument d’une rédemption sociale.
De l’enseignement du numérique
à la numérisation de l’enseignement
L’ampleur d’une telle ambition appelle alors à modifier
les contours mêmes de l’enseignement. Explicitement affiché,
le but est d’appliquer la structure du numérique au monde
de l’école. Voulant « redessiner le tissu éducatif », le rapport
entend vouloir « transformer la vie à l’école » pour initier les
jeunes à une sociabilité du réseau et de l’interface. Dès lors,
c’est une pédagogie de l’illimitation qui se met en place et
redéfinit l’espace scolaire. On demande alors, pour « vivre
l’école en réseau », d’« ouvrir dans les villes des espaces de
25
travail connectés pour les professeurs ». On envisage aussi de
« passer de l’espace numérique de travail réservé au travail
scolaire à un espace numérique d’échange plaçant les élèves
au cœur d’un écosystème ». Il est même question de créer un
« espace communautaire d’expérience, d’animation citoyenne
pour parler d’éducation, de rendez-vous avec les parents et
d’organisation d’événements. » Délirantes et prolifiques, ces
propositions transforment le territoire scolaire en un champ
virtuel où les professeurs se font prestataires de logiciels et
les élèves consommateurs d’écran. En cette invasion à peine
dissimulée, l’école devient l’enjeu d’une conquête que met en
œuvre une sorte de colonialisme numérique.
Rappel de quelques évidences
Technocrates et experts semblent avoir oublié en
leur rapport quelques évidences qu’il semble bon de rappeler
ici. Comme simple technique, l’informatique n’est qu’un
moyen, qui peut certes perfectionner un processus mais non
pas le transformer. En outre, placer l’ordinateur au cœur de
l’espace éducatif est dénaturer la relation enseignante autant
que leurrer les élèves. Un réseau ne remplacera jamais une
relation. L’accès illimité à l’information ne garantit pas la
juste acquisition de connaissances. L’interactivité, que permet
la stimulation informatique, n’est pas le gage certain d’une
activité durable. Voir le monde par le prisme d’un écran
n’est pas s’ouvrir à la réalité de ce dernier. Bien au contraire,
l’école ferait mieux, en son ambition numérique, de regarder
du côté des neurosciences pour évaluer les risques que court
une génération qu’on embarque dans le tout informatique.
De récentes études ont montré comme la consultation
des écrans stimule le cortex préfrontal, siège des émotions
premières, au détriment des parties plus antérieures du
26
cerveau, lesquelles sont sollicitées pour mûrir une décision4.
De la même manière, on sait que le fréquent usage de
l’ordinateur empêche les jeunes de s’endormir : un individu
ayant quatre appareils numériques a statistiquement trois
fois plus de risques de dormir moins de cinq heures par nuit5.
Il est fort à parier alors que, gavant ses élèves d’écrans et
de logiciels, l’école de demain ne parvienne qu’à fabriquer
des individus pulsionnels et noctambules. On ne guérit pas
d’effets indésirables en reproduisant à l’identique les causes
qui les engendrent. Prétendument novatrice et adaptée, cette
édification d’une école sauvée par le numérique ne semble
donc ni réaliste ni efficace.
Et ce messianisme cybernétique montre à quel degré
l’institution scolaire se trouve abaissée désormais. N’ayant
plus rien à dire au monde, l’école française, jadis réservoir de
tant propositions et de nouveautés, ne peut que s’y conformer.
Incapable d’emplir le bel espace d’un tableau vierge, le
maître se réfugie derrière les attractions faciles d’un écran
multicolore. Originellement pourtant, l’école est ce lieu qui,
séparé du monde pour le temps de l’apprentissage, permet de
comprendre ce dernier et de le transformer par le fait d’idées
neuves. Vouloir numériser l’enseignement, c’est aligner
celui-ci sur des normes préétablies, ôter le sel de l’aventure
éducative. Ce n’est pas une technique qui sauvera un édifice en
crise mais la redécouverte de ce qui présida à sa construction.
4
Cette analyse, empruntée à Olivier Houdé, est consultable au lien qui suit :
www.sciencesetavenir.fr/sante/20150212.OBS2324/generation-z-le-cerveau-desenfants-du-numerique.html
5
Ce chiffre vient d’une enquête norvégienne, que l’on peut trouver au lien suivant :
www.sciencesetavenir.fr/sante/20150203.OBS1553/dans-quelle-mesure-lesecrans-nuisent-ils-au-sommeil-des-ados.html
6
Discours de Jules Ferry à la Sorbonne, prononcé lors de la séance d’ouverture des
cours de formation des professeurs, le 20 novembre 1892.
27
L’école ne fut pas fondée pour faire entrer les enfants de plainpied dans le monde de l’illimité et du provisoire. Au contraire,
Jules Ferry rappelle qu’elle fut faite pour enseigner, « en un
temps où tant de passions et d’utopies font appel aux vains
rêves », « cette idée qu’il y a, dans les choses humaines, des
réalités plus fortes que les volontés humaines, des nécessités
qui tiennent à la nature même des choses6». Découverte
de ce qui est, apprentissage de ce qui demeure, l’estrade
permet d’envisager ce qui change. Remplacer celle-ci par les
séductions d’une technique multiforme, c’est condamner une
jeunesse à subir les avanies du monde plutôt qu’à pouvoir les
saisir. Un ordinateur, si puissant soit-il, ne saurait faire office
de conscience.
Olivier GOSSET
La Guerre est
déclarée
Henri Tissot en 1918
1
29
Commémorant de belle manière le centenaire
du début de la Première Guerre mondiale, Sophie Arnaud,
professeur d’économie-gestion à Lyon, a publié en 2014
La Guerre est déclarée. Journal du sous-lieutenant Henri
Tissot pendant la Grande Guerre. Ce journal a été découvert
à Saint-Jean-le-Vieux (Ain) dans la maison familiale de
son auteur, Henri Tissot1. L’ouvrage publié ne reproduit pas
le texte original dans son intégralité2 mais lui adjoint une
quarantaine de photographies3 prises pendant la guerre et
plusieurs documents complémentaires en annexe4. Ce journal
de guerre présente un triple intérêt. Le premier concerne la
période chronologique couverte : le journal débute le 30 juillet
1914, avant même l’ordre de mobilisation générale du 1er août,
et se termine le 25 novembre 1918, plusieurs jours après
l’armistice. Ce sont donc quatre longues années « de misère,
de souffrances et de gloire » qui sont données à voir au lecteur.
1
Dont la fille, Anne-Marie Tissot, était la marraine de Stéphane Arnaud, le mari
de notre collègue.
2
Des coupes ont été opérées, notamment les journées passées au dépôt divisionnaire
ou en permission.
3
Parmi les cent cinquante clichés retrouvés avec le journal.
4
Entre autres une notice biographique du diariste, un de ses poèmes écrits au
front, son parcours pendant la guerre ou encore un lexique des termes militaires
utilisés.
30
L’intérêt réside aussi dans la personnalité même
de l’auteur et sa qualité littéraire indéniable. L’expression
soignée peut s’expliquer par le fait qu’Henri Tissot a rédigé
son journal a posteriori, en se servant des notes griffonnées
en pleine action sur des agendas de poche et des lettres
écrites presque quotidiennement à sa mère. Ce récit est
donc le fruit d’un véritable travail d’écriture expliqué par
l’auteur dans l’introduction. Tantôt narratif, tantôt descriptif,
parfois emphatique, souvent poétique, il permet d’entrer dans
l’intimité d’un homme qui nous livre sa vision de la guerre
et son expérience des combats en tant que sous-officier puis
officier. Comme tout témoignage de poilus, il comporte une
part de subjectivité et de singularité, mais exprime aussi un
vécu commun à l’ensemble de cette génération sacrifiée.
Difficultés et horreurs de la guerre
Comme pour beaucoup de soldats de la Première
Guerre mondiale, l’écriture a d’abord constitué un exutoire
et a permis de raconter les difficultés et atrocités vécues. Si,
d’après l’auteur, la déclaration de guerre est accueillie dans
« l’enthousiasme » général par une foule pleine « de confiance
et de courage », les sentiments évoluent vite au contact des
premiers combats. C’est en novembre 1914 qu’Henri Tissot
se retrouve en première ligne, inévitablement confronté à la
réalité de la guerre, « sans grand enthousiasme et tout plein de
noirs pressentiments5 ». Il se rend alors vite compte des maux
qu’il va devoir affronter au quotidien, en plus des ennemis
humains, « brouillard, froid, inaction pénible », boue, rats
qui prolifèrent, « ces bêtes effrontées [qui] se permettent de
mordiller nez ou oreilles des dormeurs6 ». Les premiers jours
au front sont surtout une occasion de côtoyer la mort, l’auteur
5
6
22 novembre 1914.
17 juin 1915.
31
décrivant çà et là des cadavres d’animaux et d’hommes, voyant
les premiers camarades tomber à ses côtés : « Vivrais-je cent ans,
je ne pourrais oublier ce moment où ce mourant me râlait l’aveu
de ses fautes, tandis que le canon rythmait cette confession7 ».
Ce sont les premiers d’une longue série, neuf cents Français et
mille trois cents Allemands mourant en moyenne chaque jour
sur le champ de bataille entre 1914 et 1918.
Ce témoignage, comme tant d’autres, souligne
l’importance tenue par l’artillerie dans cette première guerre de
l’âge industriel, nous laissant imaginer le « chahut monstre »
des « marmites8 », obus et fusillades. Le diariste explique bien
ces moments où l’on se retrouve sous le feu ennemi, où l’ « on
se fait tout petit », où l’on voudrait « pouvoir rentrer dans la
terre », où l’on retient sa respiration « comme si le moindre
souffle pouvait influencer la trajectoire des projectiles », où l’on
n’oublie jamais que l’abri peut, à tout instant, se transformer en
tombeau. Il est aussi confronté en octobre 1915 aux premières
attaques au gaz : « Bientôt nous nous sentons la gorge prise,
le nez coule, les yeux larmoient. Ce sont des obus à gaz9 ».
Henri Tissot est d’ailleurs sévèrement gazé à l’ypérite, le
24 août 1918, ce qui lui vaut une hospitalisation, puis une
permission jusqu’au 13 octobre, date à laquelle il réintègre
son régiment.
Consentement et foi patriotique
Malgré les difficultés inhérentes à la guerre, on ne
saurait réduire ce journal à un cahier de doléances. Bien au
contraire, l’auteur analyse cette période de sa vie sans rancune
ni animosité, avouant même qu’il s’agit des « heures les plus
passionnantes et les plus remplies de [son] existence10 ».
24 novembre 1914.
Marmite / Marmitage : projectiles allemands de toute nature.
9
2 octobre 1915.
10
Introduction.
7
8
32
Il exprime à maintes reprises son adhésion pleine et entière au
combat mené pour « la défense du territoire » et la patrie en
danger. Il s’inscrit dans une logique de revanche vis-à-vis de
l’Allemagne et entend bien laver l’affront de 1870. La haine
enracinée du « Boche » n’empêche pas de rares instants où
l’humanité reprend ses droits, où un contact pacifique s’établit
avec « ces messieurs d’en face », comme lorsqu’un camarade
d’Henri Tissot tend son bidon à un ennemi blessé, assoiffé et
brûlant de fièvre. C’est bien de sa foi patriotique dont l’auteur
témoigne encore lorsqu’il évoque l’émotion ressentie à la vue
de « l’étamine sacrée », du drapeau tricolore, ou lorsqu’il
affirme son amour quasi charnel pour la « terre remuée »,
« violée par l’envahisseur », « qu’on aurait parfois envie de
baiser affectueusement ». Le journal s’achève d’ailleurs
sur la libération de l’Alsace, décrivant les scènes de liesse
auxquelles se livre la population au passage des soldats
français, « émouvant hommage d’une race fidèle à la patrie
toujours chérie11 ».
Henri Tissot (ill.1) affirme aussi sans ambages
son attachement à l’armée et à ses valeurs. La guerre est
d’ailleurs pour lui l’occasion d’une ascension hiérarchique.
Débutant en 1914 dans la cavalerie en tant que brigadier12
puis maréchal des logis, ce sous-officier suit une formation
entre juin et août 1916 pour être promu officier et détaché
dans l’infanterie. Il réussit l’examen de sous-lieutenant et
est affecté au 14e Régiment d’Infanterie. Il a dès lors une
haute opinion de sa fonction et une vive conscience de la
« terrible et magnifique responsabilité » qui lui incombe :
« Nous devons, nous officiers, donner l’exemple en tout :
être plus résistants à la fatigue, les plus durs marcheurs […].
Etre un chef, c’est savoir être devant en tout et partout13 ».
11
12
13
18 novembre 1918.
Grade de cavalerie correspondant à celui de caporal dans l’infanterie.
10 décembre 1916.
33
Le 14 juillet 1917, Henri Tissot est décoré de la croix de guerre
avec pour motif de citation : « Officier d’un moral élevé et d’un
courage éprouvé. A, le 30 avril 1917, entraîné ses hommes
à l’assaut d’une tranchée ennemie très fortifiée dont il s’est
emparé, réussissant à faire une vingtaine de prisonniers ». Il a
visiblement donné satisfaction à ses supérieurs14.
Le sous-lieutenant n’oublie pas de rendre hommage
à l’héroïsme et à la ténacité de ses frères d’armes, faisant par
exemple référence aux « admirables soldats qui ont tenu tête
à l’orage, sans broncher, sous balles et obus, prêts à tout pour
garder intact ce morceau de patrie. Quelle réponse à ceux
qui osaient blasphémer, ridiculiser ou nier autrefois l’idée de
patrie ! Il a suffi d’un geste de l’ennemi pour renverser toutes les
fausses idoles du pacifisme, de l’antipatriotisme15 ». Il dresse
un portrait élogieux sinon hagiographique des poilus, de leur
force de caractère et du « génie de leur race », portrait qui
tranche avec la description qu’il donne des autres nationalités
rencontrées. A propos des tirailleurs marocains, il note qu’ils
sont « parfaits pour attaquer » mais « paresseux comme des
loirs » lorsqu’il s’agit de creuser des tranchées. L’auteur fait
surtout preuve d’une anglophobie prononcée, dénonçant le
« sans-gêne des Britanniques se conduisant comme en pays
conquis », par ailleurs piètres combattants « nerveux et peu
rassurés ». Seuls les Américains trouvent grâce à ses yeux, ces
buveurs de whisky et joueurs de poker admirablement outillés
et équipés, à qui l’on peut laisser sans appréhension la garde
d’un coin de France.
14
15
Voir les extraits de son dossier militaire cités page 282.
18 février 1916.
34
La messe en plein air en 1916
Foi religieuse et logique sacrificielle
A la foi patriotique de l’auteur se mêle une intense
foi chrétienne, vivifiée elle aussi par les circonstances.
Dieu, qui apparaît dès la première phrase de l’introduction,
accompagne Henri Tissot tout au long du conflit. Au matin
du 2 août 1914, ce dernier monte communier à Fourvière afin
de « mettre cette phase tragique de sa vie sous la protection
de la Sainte Vierge ». De même, au front, dès qu’il en aura
l’occasion, il assistera à la messe, souvent en plein air (ill. 2).
Dans les moments de grands périls, la foi devient une force
et la prière un refuge. Ainsi, le 14 avril 1918, alors que sa
troupe avance sous les obus, l’auteur note : « Mon chapelet
ne quitte pas ma main et je récite fiévreusement les Ave
d’un rosaire interminable qui s’égrène sous mes doigts ». Il
va même jusqu’à présenter la guerre comme « une croisade
contre l’Allemagne luthérienne et contre le croissant turc16 ».
16
2 février 1917.
2
35
Pour lui, la guerre menée est quasiment une guerre sainte
et la France, Fille aînée de l’Eglise, aimée de Dieu, ne peut
que triompher ou plutôt qu’être sauvée. Si la guerre est une
croisade, les combattants sont des pénitents et les morts des
martyrs : « Mon Dieu, je fais volontiers et de mon plein gré le
sacrifice entier de ma vie pour le rachat de mes fautes, le salut
de mon âme et la juste victoire de notre France !17 ». Foi dans
la patrie et foi en Dieu se rejoignent ici et sont indissociables.
La croyance inébranlable en la vie éternelle permet aussi à
l’auteur de donner du sens à la mort de ses camarades, idée
longuement exprimée dans son poème publié en annexe :
« Je crois qu’il serait fou de limiter la vie
Au prétendu néant infâme de la mort,
Que de jours plus cléments l’existence est suivie,
Je crois que nos défunts, ailleurs vivent encor,
Je crois à la Justice immanente, infinie
D’un Dieu qui m’a créé trop parfait pour ce sort […]
Mon âme espère en Vous ; entendez ma prière :
Accordez à nos morts la douce paix des Cieux
Et l’éternel repos. Je sais, je crois, j’espère. »
Les autres moyens de tenir au front
Outre la foi, le journal d’Henri Tissot énumère
différents éléments qui ont permis aux soldats de tenir bon,
à commencer par la camaraderie. Il évoque par exemple
« le plaisir de se retrouver avec des amis, pour prendre
le copieux ou frugal repas suivant l’inspiration du cuistot
ou les caprices de l’approvisionnement18 ». Durant ces
moments de décompression, on rit, on plaisante, comme
lorsqu’Henri Tissot et son cuisinier s’amusent à donner
17
18
14 avril 1918.
21 décembre 1916.
36
à leurs camarades du corbeau à la place du perdreau. Le
sous-lieutenant explique également que le meilleur moyen
d’entretenir son moral est de « remonter celui du voisin » et
que la guerre peut être un « magnifique professeur d’altruisme
et de désintéressement19 ». Il aime se dépeindre en officier
attentionné, proche de ses hommes et soucieux de leur moral.
Il se montre aussi conscient du profond brassage social dans
les tranchées et estime qu’il s’agit d’une chance pour la
France : « Ce contact forcé a permis aux uns et aux autres
de se deviner, de se savoir mutuellement […]. De ce que le
paysan ou l’ouvrier aura trouvé chez un bourgeois ou chez un
aristo qu’il a rencontré dans la tranchée, que tous rentrés au
foyer aillent avec plus de confiance les uns vers les autres […].
Dieu a permis que dans cette guerre tous sentissent le besoin
mutuel qu’ils avaient l’un de l’autre. Espérons qu’à la paix la
camaraderie de la tranchée ou du trou d’obus ne disparaîtra pas
avec le geste de dépouiller l’uniforme20 ». La consommation
d’alcool a aussi indiscutablement participé au renforcement
de ces logiques de sociabilité. Vin, champagne et « gnôle »
sont omniprésents dans le journal. La consommation excessive
peut d’ailleurs être synonyme de dérives et de comportements
fragilisant l’ordre militaire, impliquant la réaction des autorités.
Ainsi, lorsqu’Henri Tissot est désigné juge au conseil de guerre
en octobre 1916, il doit se prononcer sur le cas d’un soldat ivre
qui a insulté et frappé son chef de bataillon. L’accusé échappe
finalement de peu à la mort, le commandant en question étant
lui-même « buveur jusqu’à l’ivresse ».
Par ailleurs, l’importance des relèves et la nécessité
vitale d’alterner phases de combat en première ligne et phases
de repos dans des tranchées moins exposées ou à l’arrière du
front sont bien expliquées : « Quelle douceur de se sentir un
peu loin de la tourmente, de pouvoir se promener en toute
19
20
2 février 1917.
9 mai 1917.
37
3
Les restes d’un bois - Turin - Ravin de France 38
tranquillité, de ne pas avoir sans cesse l’esprit tendu, de respirer
un air plus pur qui n’empeste pas la poudre !21 ». Ces moments
privilégiés permettent aux soldats de refaire leurs forces et
de s’adonner à divers loisirs comme les parties de chasse
racontées par Tissot. Le courrier a aussi joué un rôle primordial
pour conserver le moral et maintenir les liens familiaux :
« Les jours et les nuits semblent interminables lorsqu’on ignore
ce que deviennent les siens. On sent le cerveau travailler à
vide et s’épuiser sur de vieilles nouvelles. Une lettre, c’est une
provision de force morale pour vingt-quatre ou quarante-huit
heures. On l’absorbe avidement d’abord puis on la relit avec
soin, en pesant chaque mot, en essayant de deviner entre les
lignes, par derrière la pensée exprimée, ce qu’il peut y avoir
à découvrir22 ». On estime ainsi que près de dix milliards de
lettres ont été échangées en France durant le conflit.
Enfin, grand amoureux de la nature, Henri Tissot
s’octroie quelques moments de communion avec elle : « Au
milieu des arbres et des champs, j’oublie tout, et la guerre, et
les soucis de l’heure présente, et les dangers des jours passés,
et ceux des jours à venir ; je me livre tout entier à l’action
bienfaisante de la terre23 ». Il se montre particulièrement
attentif aux arbres24 : « Tel grand chêne noueux et tordume
parle du pays là-bas. Tel frêne ou tel sapin me conte sa
ressemblance avec l’un de ceux de nos coteaux ». Il ne peut
que déplorer le délabrement de la nature causé par les
combats, épouvanté à la vue de ces « squelettes aux branches
suppliantes tendues vers le ciel » (ill. 3). Notre soldat-poète
se montre aussi très sensible au paysage sonore qui l’entoure,
évoquant la dure privation des bruits quotidiens de l’existence
5 mai 1917.
7 mai 1917.
23
6 septembre 1915.
24
Rappelant au passage le beau livre d’Alain Corbin, La Douceur de l’ombre.
L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours, éd. Fayard, 2013.
21
22
39
ancienne, tel « le son des cloches des autrefois tintant l’angélus
de midi25 », ému aux larmes par le chant du rossignol apportant
« un souvenir de notre chez nous à chacun ». On le voit, la
relation particulière de l’auteur avec la nature est souvent
l’occasion d’une réminiscence, d’un rattachement à la terre
natale, comme pour ne pas oublier qui l’on est et d’où l’on
vient.
Emmanuel JAUSSOIN
Là encore, ce passage rappelle un autre livre du même historien, Les Cloches
de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe s.,
éd. Albin Michel, 1994.
25
les
anges
LES
YEUX
FERTI
LES
dans (presque) tous
leurs
états
42
Suétone, dans sa Vie de Tibère, nous apprend
que l’empereur aimait à embarrasser ses convives (surtout les
grammairiens) en leur posant des questions insolubles :
« Quelle était la mère d’Hécube ? quel nom portait
Achille au milieu des jeunes filles ? quels étaient les chants
des sirènes ? »
Sir Thomas Browne, médecin érudit et passablement
excentrique du XVIIe siècle, glose avec humour sur ce passage
dans son curieux ouvrage Discours sur les urnes funéraires :
« Quel fut le chant des Sirènes, ou quel nom prit
Achille lorsqu’il se cacha parmi les femmes, la question, pour
difficile qu’elle soit, laisse place à la conjecture. »
Edgar Poe, fasciné par cette phrase, la mettra en
exergue de son conte Double assassinat dans la rue Morgue.
Jouons un peu notre Tibère en nous interrogeant sur
des créatures tout aussi énigmatiques que les Sirènes : les
Anges. Êtres que personne n’a vus, sinon en rêve ou en extase
(mais les extases se font rares de nos jours), sur lesquels on
possède pourtant une foule de renseignements contradictoires,
et dans la représentation desquels chaque époque a versé ses
fantasmes, ses rêves, ses peurs.
Et posons-nous les questions indispensables :
Pourquoi les anges ont-ils des ailes ? Volent-ils debout ou
couchés ? Sont-ils mâles ou femelles ? Vieillissent-ils ? Que
mangent-ils ? Quelles sont leurs fonctions ?
On n’imagine pas les anges sans ailes ; pourtant, ce
n’est qu’à partir du IVe siècle qu’ils sont représentés ainsi.
Dans les fresques des catacombes, ils ont l’apparence humaine
et sont revêtus des habits liturgiques : étole et dalmatique.
Mais puisqu’ils servent d’intermédiaires entre Dieu et les
hommes, comme Hermès chez les Grecs, il faut bien supposer
qu’ils volent. Certains même vont être affublés de trois paires
43
d’ailes : les Séraphins et les Chérubins, dont une seule leur
sert à voler, les deux autres étant utilisées pour se couvrir le
visage et les pieds. De surcroît, les ailes des Séraphins sont
rouges, celles des Chérubins ocellées comme la queue du
paon : c’est du moins ce qu’affirme péremptoirement Isaïe. Les
peintres de la Renaissance, perplexes, se demandent : à quoi
bon avoir un corps si c’est pour le cacher ? – et, d’autorité,
ils réduisent les Chérubins (qui, entre-temps, ont absorbé les
Séraphins) à de petites têtes munies d’une ravissante collerette
de plumes et d’une unique paire d’ailes, comme dans le tableau
de Mantegna La Madone des chérubins (ill. 1)
1
2
44
3
4
5
45
Comment volent-ils ? La question est plus épineuse.
D’après les témoignages les plus dignes de foi, ils semblent
qu’ils volent debout, un peu comme se déplacent les
hippocampes – encore que Giotto les représente plutôt comme
nageant dans l’air. D’ailleurs, on les voit le plus souvent au
repos, les ailes repliées, et on se demande parfois à quoi leur
servent ces appendices encombrants. Jacob, dans son songe,
les voit grimper et descendre une échelle, comme s’ils ne
savaient plus voler de leurs propres ailes (ill. 2).
Ont-ils un sexe ? Quel âge ont-ils ? On a failli s’étriper
sur cette question à Byzance. Hormis quelques barbus égarés
dans les catacombes, ils apparaissent d’abord sous les traits
d’hommes adultes et imberbes, mais, progressivement, ils
se féminisent pour prendre, à partir de la Renaissance,
une apparence androgyne : belles créatures d’une douceur
ambiguë, et d’ailleurs de plus en plus déshabillées : les
anges du Caravage (ill. 3) ou de Serpotta à Palerme (ill. 4),
qui montrent leurs cuisses avec naturel, n’incitent guère à de
pieuses pensées.
L’époque baroque et surtout rococo va multiplier les
putti, ces angelots dodus qui folâtrent sur les piliers, les chaires
et les autels, s’accrochent aux plis des tentures et aux nuages
(ill. 5), et ressemblent de plus en plus aux Amours facétieux
des Grecs – moins le carquois… Dans leurs acrobaties, ils ont
d’ailleurs perdu leurs ailes, à moins qu’elles n’aient pas encore
poussé : mais alors, les anges grandissent donc ?
On s’est peu intéressé à ce que mangent les anges,
créatures immatérielles, mais je m’en voudrais de passer sous
silence un passage de Balzac dans Splendeurs et misères des
courtisanes. Voulant vanter les mérites d’une cuisinière, il fait
dire à son héros, Carlos Herrera alias Vautrin, cette phrase
ahurissante :
46
6
7
« Elle vous accommodera un simple plat de haricots à
vous mettre en doute si les anges ne sont pas descendus pour
y ajouter des herbes du ciel ».
Malheureusement, on n’a pas plus retrouvé la recette
de ces haricots aux herbes du ciel que celles du nectar et de
l’ambroisie des Olympiens. Balzac en a emporté le secret dans
sa tombe.
Que font les anges ? D’après leur nom, ce sont les
messagers du ciel. Mais on n’a pas tous les jours une annonce
solennelle à faire, et à part Gabriel annonçant à Marie qu’elle
va concevoir un dieu, ou les anges soufflant dans leurs
trompettes pour annoncer le jugement dernier, il faut trouver
à occuper ces phalanges célestes. Et on doit bien reconnaître
qu’ils font souvent de la figuration : escortant Dieu le père
ou la Vierge, rangés en cohortes étincelantes, ils jouent,
à peu de choses près, le rôle de la Garde républicaine lors
des cérémonies officielles. Et on conçoit que les angelots de
Raphaël, lassés de ce rôle de figurants en lisière du tableau,
s’ennuient ostensiblement comme des enfants à un banquet de
communion (ill. 6).
Fort heureusement, quand on s’ennuie, on peut
toujours faire la guerre : on n’a encore rien trouvé de mieux
pour occuper les hommes et les anges, et les cohortes célestes,
affrontant, sous le commandement de saint Michel, les anges
47
rebelles, s’en donnent à cœur joie : Bruegel peint une mêlée
indescriptible, digne des combats de l’Iliade (ill. 7).
Enfin, les anges, dans leur fonction d’intermédiaires
entre Dieu et les hommes, doivent leur porter assistance, les
assister dans leurs extases, les soutenir dans leurs combats
contre les tentations, et ils sont parfois contraints de s’acquitter
de tâches triviales : saint Diego d’Alcala, frère lai, était chargé
de la cuisine pour toute la communauté religieuse ; un jour qu’il
entre en extase et en lévitation, les anges viennent préparer
le repas à sa place et accomplir toutes les autres tâches
domestiques, ce qui nous vaut l’invraisemblable Cuisine des
Anges de Murillo (ill. 8). On partage la stupéfaction du frère
qui, dans le fond du tableau, découvre le spectacle.
8
48
Cette familiarité avec l’homme s’épanouit à partir du
XVIIe siècle avec la figure de l’ange gardien, qui va connaître
une fortune singulière dans la dévotion populaire. Même Milou
a son ange gardien, et le pauvre a fort à faire pour contenir le
penchant irrésistible de son protégé pour le whisky (ill. 9).
Dans l’histoire complexe des rapports entre l’homme
et l’ange, il arrive que les positions s’inversent, et que l’ange
envie l’homme et soit saisi du désir de connaître ses joies et
ses misères, de sentir son poids sur la terre : on se lasse d’être
aérien et immatériel. Dans le film de Wim Wenders Les ailes du
désir, l’un des deux anges qui hantent le ciel de Berlin (ill. 10)
troque son immortalité et son univers en noir et blanc contre
les couleurs chaleureuses de la vie et l’amour d’une jolie
trapéziste.
9
49
10
Romanciers, poètes et cinéastes, lorsqu’ils mettent
en scène les anges, le font avec une plus grande distance
que les peintres. Ce peut être une ironie bon enfant lorsque,
humanisant cette créature impressionnante, ils s’amusent à
prendre comme héros des anges de seconde zone, pleins de
bonne volonté mais désespérément patauds, qui tâchent à se
dépêtrer de situations inextricables : Alix de Saint-André dans
son roman policier L’ange et le réservoir de liquide à frein, le
romancier finlandais Arto Paasilinna dans son roman Les mille
et une gaffes de l’ange gardien Ariel Auvinen, ou le cinéaste
Franck Capra dans son film La vie est belle.
Plus excentrique, Michael Powell et son inséparable
scénariste Emeric Pressburger imaginent, dans Une question
de vie et de mort, qu’un aviateur américain, survolant les
côtes d’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale,
doit s’éjecter de son avion en flammes : sans parachute, il est
promis à une mort certaine ; or, il se retrouve au matin sur la
grève, vivant. L’explication est limpide : l’ange qui devait le
réceptionner pour conduire son âme au ciel (c’était déjà une
des fonctions d’Hermès psychopompe chez les Grecs) n’a pu
50
le trouver à cause du brouillard ! Lorsqu’on connaît le climat
anglais, on se dit que le D.R.H. des cohortes célestes n’a pas
vraiment choisi l’employé le plus compétent. Sa bévue sera
d’ailleurs lourde de conséquences, puisque, lorsqu’il revient
quelques jours plus tard récupérer « son » défunt vivant par
erreur, celui-ci se rebiffe : entre-temps, il est tombé amoureux
et argue qu’il n’est plus l’homme résigné à mourir qu’il était
auparavant. S’ensuit un long procès... Mais c’est là une autre
histoire, celle du film précisément.
Plus subtilement (et plus méchamment), Milan
Kundera, dans son chef-d’œuvre Le livre du rire et de l’oubli,
démythifie le fameux rire angélique, le rire radieux du bonheur
de vivre, piteuse parodie, selon lui, du seul vrai rire, le rire
diabolique. « Quand l’ange a entendu pour la première fois le
rire du Malin, il a été frappé de stupeur. Ça se passait pendant
un festin, la salle était pleine de monde et les gens ont été l’un
après l’autre gagnés par le rire du diable, qui est horriblement
contagieux. L’ange comprenait clairement que ce rire était
dirigé contre Dieu et contre la dignité de son œuvre. […] Ne
pouvant rien inventer lui-même, il a singé son adversaire. […]
Tandis que le rire du diable désignait l’absurdité des choses,
l’ange voulait au contraire que tout fût ici-bas bien ordonné,
sagement conçu et plein de bon sens. »
Mais l’ange, au lieu d’être un être compatissant et
amical, peut aussi être une figure effrayante. Dans l’admirable
incipit de sa première élégie de Duino, Rilke souligne la
distance incommensurable entre l’homme et l’ange : « Qui
donc, si je criais, m’entendrait parmi les hiérarchies des
anges ? et, en supposant que l’un d’eux soudain me prenne
sur son cœur, je succomberais, mort de son existence plus
forte. Car le beau n’est rien que le premier degré du terrible ;
à peine le supportons-nous, et, si nous l’admirons ainsi, c’est
qu’il néglige avec dédain de nous détruire. Tout ange est
effrayant. » (traduction de J.-F. Angelloz)
51
11
C’est une vision analogue, quoique plus matérielle,
qu’en donne Nabokov dans sa nouvelle Un coup d’aile : l’ange
devient une sorte d’animal vivant dans les hautes solitudes
glacées, qui s’exprime par des sortes de jappements et vient
visiter, la nuit, une jeune championne de ski. Cette lecture
m’a toujours procuré un profond malaise : l’ange est dévalorisé,
animalisé, vaguement répugnant, tout en conservant sa
puissance destructrice.
Je voudrais enfin parler d’une église parisienne, celle du
Sacré-Cœur : non pas le gros fromage blanc qui déshonore
la colline de Montmartre, mais l’église du même nom, sur
la commune de Gentilly. Primitivement bâtie pour être la
paroisse de la Cité Universitaire, elle a été cédée, au début
des années 70, à la communauté portugaise. Elle se dresse
dans un étrange no man’s land, coincée entre l’autoroute et
le périphérique. Lorsqu’on arrive de Lyon, la nuit, en voiture,
au moment où l’on s’engouffre sous la trémie pour rejoindre
la Porte d’Orléans, l’église lumineuse surgit soudain, vous
surplombant à une hauteur vertigineuse, et quatre anges de
marbre de six mètres de haut, hiératiques, aux quatre coins
du clocher (ill. 11), vous regardent vous enfoncer dans la nuit.
C’est une vision proprement infernale, que Poe n’aurait pas
désavouée. On l’aura compris : j’ai peur des anges.
Didier PERCEVEAUX
Se donner,
se reprendre
ciné-club
TRAVAUX D’éLèVES
voyages
.
collè
ge
Se donner,
se reprendre.
Intervention de Vincent Ricard lors de la retraite des personnels
de Sainte-Marie au sanctuaire d’Ars, octobre 2014.
Je vais vous demander de bien vouloir me prêter
une oreille attentive. Non, non, soyez sans crainte, je vous la
rendrai ! – Quand ? – Disons dans un délai raisonnable ! –
Dans quel état ? – Alors là, c’est autre chose. Mais enfin aussi,
dans quel état me la prêtez-vous ?
Non, parce que vous avez l’air de partir du principe
que vous me la prêtez en parfait état ; en quelque sorte une
oreille de première main ; mais enfin à peine me l’avez-vous
prêtée, que vous parlez déjà de la récupérer ; qu’est-ce que
ça cache ? Vous me la prêtez parce que la situation s’y prête ;
c’est une oreille d’occasion, que vous me prêtez, voilà tout.
Vous n’êtes pas très honnêtes, hein ! Vous me prêtez
une oreille d’occasion, et vous voudriez que j’y déverse
quelque chose de neuf : ça s’appelle de la spéculation. Enfin,
vous m’avez prêté une oreille, c’est déjà bien beau : après tout,
même Van Gogh a voulu récupérer la sienne. Pourtant, il n’y
était pas allé de main morte ! Ça, ça s’appelle se donner corps
et âme ! Heureusement, il s’est repris ! Et qui va dire qu’il a
eu tort ?
55
On peut se donner corps et âme quand il y a moyen
de se reprendre. Alors j’entends une voix qui dit (une seule,
hein, Jeanne d’Arc, c’était plusieurs), j’entends une voix qui
dit : « Mais tu te rends compte, si le Christ avait raisonné
comme ça ? » – Oui, eh bien moi, je ne suis pas le Christ !
Je veux bien me donner, mais à condition d’avoir une chance
de me récupérer : je me mets au clou, en quelque sorte ; et
ce n’est déjà pas si mal, parce qu’après, c’est la croix et la
bannière, pour se reprendre. D’ailleurs, pour se reprendre, on
a besoin de récupérer. Mais de récupérer quoi ? Eh oui, c’est
la question : quand on s’est donné à fond, qu’est-ce qui peut
bien rester à récupérer ? A moins qu’il n’y ait un double fond.
Ça, ça change tout ! Ça permet de se donner à fond tout en en
gardant sous le pied ! A condition, évidemment, de savoir où
est le fond et d’avoir pied.
J’en entends qui froncent le sourcil. Quoi ? j’en vois
bien qui prêtent l’oreille ! J’en entends qui froncent le sourcil ;
je suis sûr que c’est le sourcil de la voix de tout à l’heure ;
c’était une voix sourcilleuse. – Et alors, voix sourcilleuses ? ça
ne vous arrive jamais, à vous, de vous garder un double fond,
56
pour la forme ? – Si, mais nous, notre double fond, c’est la
prière. – Eh bien, ce n’est pas parce que c’est indécelable au
contrôle anti-dopage qu’il y a de quoi se vanter. – Et qu’est-ce
que ça peut faire qu’il n’y ait pas de quoi se vanter ? Ce n’est
quand même pas le but qu’il y ait de quoi se vanter ! – Alors
là, non seulement je ne suis pas sûr que ce ne soit pas un peu
le mien, mais je ne suis pas sûr non plus que ce ne soit pas
un peu le vôtre.
Non, parce que des gens qui disent à tout bout de
champ qu’ils carburent à la prière, tout le monde en connaît :
ou bien ils se la jouent faussement modeste, avec l’air de
s’étonner que vous ne marchiez pas au même carburant, ce qui
vous donne la certitude instantanée d’être un minable, même
pas foutu de prier ce qu’il faut pour être un minimum exaucé,
ou bien alors ils se la jouent sans aucune modestie, ni fausse
ni vraie, style : « Qu’est-ce que tu veux, bébé, faut savoir
faire ; faut avoir de la bouteille, avec pas mal d’années de
futaille par-derrière ; t’as pas idée des trucs de ouf que tu peux
obtenir par la prière, si tu t’y prends pas comme une cloche ;
seulement c’est pas à la portée du premier chrétien de fond
d’église venu, ça se saurait. Allez, les caves, débarrassez le
plancher et laissez faire les cadors ; ouvrez grand vos mirettes
et restez pas trop près, ça éclabousse ».
En tout cas, qu’ils se la jouent d’une façon ou d’une
autre, c’est toujours se la jouer. Des gens qui prient vraiment,
moi, je suis sûr que j’en connais plein ; mais je ne le sais
pas, et je ne le saurai jamais. Inconnus, ils sont, et comme
cachés dans le monde. – Mais alors, si on ne peut pas les
repérer, comment fait-on pour savoir à qui faire confiance ?
Si on se met à faire confiance à n’importe qui, c’est le début
de la fin ! – Mais non, ce n’est pas le début de la fin, c’est le
début de la foi !
57
Et si le premier pas dans le Don, comme disent les
Cosaques, c’était un peu de confiance à celui qui en demande,
et même à celui qui n’ose pas en demander parce qu’il est sûr
qu’on ne lui en donnera pas ? Si on commençait par donner sa
confiance, au lieu de commencer par réclamer une assurance
tous risques ? D’autant plus que les assurances tous risques,
on sait comment ça marche : la seule chose dont on puisse être
assuré, c’est que c’est la plus chère ; en grosses lettres et en
bon français, il y a écrit ce pour quoi on paye, et puis en toutes
petites lettres et dans une autre langue : pourquoi on n’aura
rien en échange. Ah oui, je sais, c’est un cliché ! Les assureurs
honnêtes, ça existe : inconnus et comme cachés, eux aussi.
En tout cas, donner sa confiance, ce n’est pas fatigant !
Ah, c’est même la planque ! On donne sa confiance, et dès
l’instant où quelqu’un en veut, c’est à lui de faire ! Il n’y a plus
qu’à s’asseoir et à regarder. Et ça marche ! Le problème, c’est
que si ça marche, c’est qu’on est tombé sur des gens honnêtes ;
et si on tombe sur des gens honnêtes, quand on leur donne sa
confiance, ils vous la rendent.
Vous me direz, ça fait toujours quelque chose à
récupérer. On peut donner sa confiance sans la perdre,
puisqu’on vous la rend. On se met au clou gratis ! ça rappellerait
presque quelqu’un ; et en plus, on se récupère, augmenté de la
confiance qu’on vous a faite : ça s’appelle de la spéculation. On
vous rend la monnaie de votre pièce, avec les intérêts, comme
dans la parabole des talents ; sauf que la confiance, ce n’est
pas comme la monnaie, on ne peut pas l’enfouir au fond de
son portefeuille ; si on ne la rend pas, on peut faire une croix
dessus. Alors on la redonne, on vous la rend, on la redonne
encore… on vous la… alors on la... Assez ! As-sez ! A force
de se donner, on finit par avoir envie de se rendre ; une bonne
fois, qu’on en finisse.
58
Seulement se rendre à qui ? A soi-même ; oui, à soimême, seulement à force de se donner et de se redonner, on
finit par se perdre de vue. – Aucune importance, c’est Dieu qui
travaille en toi. – Peut-être, mais si, en moi, je ne vois plus
que Dieu, je vais finir par me prendre pour Dieu. Et là, il y a
maldonne. Si je veux pouvoir continuer de me donner, moi, à
Dieu, il faut que « moi », ça continue de vouloir dire quelque
chose ; et que « Dieu », ça continue de vouloir dire quelque
chose d’autre. Il n’y a rien à faire, se donner, ça n’a de sens
que si on s’appartient ; et pour continuer à s’appartenir, de
temps en temps il faut se reprendre. Donner, c’est donner, mais
reprendre, ce n’est pas voler, c’est assurer la maintenance.
– Comment ? Mais est-ce que nous n’appartenons pas
tous à Dieu ? – Si, mais en matière de don, en voilà un qui
s’y connaît autrement que nous autres. La preuve, c’est qu’il a
inventé le pardon. Le pardon, c’est un don fait à celui qui s’est
rendu. On en a marre, on ne veut plus entendre parler de rien,
on a fermé boutique, et puis on entend tapoter sur le rideau de
fer : – Pardonnez-moi de vous importuner… – J’ai déjà donné ! – Justement, je vous apporte le reçu. – Ah ! Ça, ça m’intéresse.
On ouvre, c’est Dieu. Il vous tend un petit bout de papier :
trois lignes, mal écrites, avec des fautes d’orthographe. – C’est
tout ? – Ben oui ; c’est ce qui est dû à ceux qui ont donné.
Je crois que ça donne droit à un abattement. – Ça, c’est rien
de le dire ! Mais où est-ce que je peux le toucher ? – Ah,
pour toucher, il faut se déplacer ; si vous restez derrière votre
rideau de fer, vous n’avez droit qu’à l’abattement. – Mais où
est-ce qu’il faut aller ? – Si vous voulez, je vous emmène.
Bon, il a l’air de savoir ce qu’il dit… On lui fait confiance. Et
où est-ce qu’il vous emmène ? Justement vers ceux à qui on
s’était dérobé. Là, on est touché. Pas eux ! ils sont furax : « Ah,
te voilà, toi ! On comptait sur toi ! » Comment voulez-vous leur
répondre : « Moi, je comptais, tout court » ? Alors, mi-furieux,
59
mi-perplexe, on se retourne vers Dieu : « Tu m’as bien eu avec
ton reçu à toucher ; moi, je comptais sur toi… » Et là on le voit
qui se marre… mais qui se marre ! Comme on n’a jamais vu
personne se marrer ; un rire homérique ! Et on comprend qu’on
a touché le gros lot : des gens qui attendent quelque chose
de nous. Et voilà comment, après avoir pensé se reprendre en
se dérobant, on finit par se ressaisir en se restituant ; oh, ça
ne marche pas toujours du premier coup, on a tout de même
sa fierté ; mais le problème, avec Dieu, c’est qu’il a l’éternité
devant lui.
Je sais : pas vous ; je vais vous rendre vos oreilles.
Je vous remercie infiniment de me les avoir prêtées : c’était
des oreilles d’occasion, mais elles étaient comme neuves ;
elles démarrent au quart de tour et elles ne débrayent pas à
tout bout de champ. Vous me pardonnerez d’avoir douté de
votre honnêteté au premier abord : je reconnais que c’est
parfaitement déplacé de la part d’un type qui prétend parler
de se donner, et puis qui ne parle finalement que de se rendre,
de se reprendre et de récupérer. Vous m’avez prêté votre
oreille, vous me l’avez confiée : je vous la rends, la confiance
avec. Comme ça, vous pourrez dormir sur vos deux oreilles, du
sommeil du juste !
Merci pour tout.
Vincent RICARD
60
ATELIER CINEMA
61
Sous le contrôle de leur
professeur de français, aidé de Pierre
Germain, animateur, les élèves de 4e1
de La Verpillière se sont lancés dans la
réalisation d’un film de court-métrage :
de l’écriture du scénario au montage, en
passant par le casting, le découpage des
séquences, la prise de son et d’ images.
Deux mois de théorie ont précédé le
tournage. Un thème a fait l’unanimité :
la violence et l’exclusion à l’école.
Chacun y est allé de son idée, a donné son
exemple, pris dans sa vie quotidienne ou
dans les médias, pour mettre en place
l’assemblage final, puis déclencher la
caméra.
Ce type d’atelier favorise l’apprentissage
du travail en équipe, l’échange et la
mutualisation des idées, il développe
l’ouverture d’esprit et peut éveiller des
choix d’orientation.
Film à voir en fin d’année.
M arie-P ierre Matray
Petits mensonges
entre amis
63
CIneclub
Au hasard d’une rencontre avec le cinéma
Bordé d’un côté par le cinéma commercial et de l’autre
par le cinéma d’auteur, le cinéma iranien n’échappe guère
aux clivages inhérents aux genres qui produisent des murs de
séparation entre les spectateurs. Un cinéaste pourtant semble
défier la règle des genres. En effet, Asghar Farhadi déborde les
marges et repousse avec gravité1 ces frontières trop habilement
érigées par des intérêts commerciaux pour aborder le lieu du
drame social qu’il filme pour ceux de son pays et bien au-delà.
Initié jeune aux ressources de l’art cinématographique2, l’auteur d’Une Séparation connaît un « coup de
dés » administratif qui décide de son sort, en confondant
son inscription à la faculté de cinéma avec celle d’un autre
étudiant qui avait opté pour l’art dramatique. En construisant
un lien d’intelligence entre ce coup du sort et ses désirs, il
comprend que cette erreur ne sera pas un accident, bien au
contraire, le hasard paraissant curieusement s’abolir. En effet,
dans les ressources du dialogue théâtral, de la mise en scène,
du jeu des personnages, le futur réalisateur puise ce qui sera le
cœur de son travail, défiant le propos du critique Béla Balazs
selon lequel le « cinéma dramatique est l’opium du peuple ».
Parallèlement à la mise en scène, il réalise des épisodes pour
la télévision ainsi que des pièces radiophoniques dont le
succès appelle à lui des producteurs du monde du cinéma.
1
2
Son genre de prédilection étant le drame, voire le mélodrame.
Il réalise ses premiers films vers l’âge de treize ans.
64
L’art de Farhadi
ou comment « broder à partir d’un bouton »
Alfred Hitchcock et Asghar Farhadi ont en commun de
fonder leur poétique sur une péripétie vécue dans l’enfance. Si
pour l’auteur de The Wrong man, l’emprisonnement inexpliqué
à la demande de son père, à l’âge de cinq ans, est le terreau
fertile de ses personnages de faux coupables, pour Asghar
Farhadi le motif de l’ouverture in medias res3 s’origine dans
le début manqué du premier film qu’il a vu. Son imaginaire
d’enfant s’est mis à réécrire le début. Ce trait persiste encore
aujourd’hui dans sa mise en scène qui prévoit que le film se
poursuive dans l’esprit du spectateur. Ouverte, la fin ne signe
pas son achèvement par le mot « fin ».
Tout le monde brode dans les films de Farhadi : l’auteur
depuis l’image manquante initiale, le spectateur depuis la fin
du film, tant l’art cinématographique est art de la couture selon
le cinéaste qui se compare à un tailleur imaginant, coupant et
montant un costume ... à partir de l’obsession d’un bouton !
Ainsi la plupart de ses films naissent d’un détail, insignifiant
mais évocateur. A propos d’Elly est né de deux images séparées :
les côtes de la mer Caspienne où Farhadi se rendait le weekend avec ses amis et un homme, les vêtements mouillés au
bord de l’eau, semblant y chercher quelque chose.
Synopsis : Une voiture surgit d’un tunnel, pleine des
cris de joie d’hommes et de femmes quittant Téhéran pour
passer le week-end au bord de la mer Caspienne. Ces trois
couples d’amis et leurs enfants se réjouissent de retrouver
pour la semaine leur ami Ahmad tout juste divorcé et de retour
d’Allemagne. Afin que cet ami ne se désespère trop longtemps
3
Le spectateur a l’impression de prendre les événements en cours.
65
de son célibat, Sepideh, une femme virevoltante qui a des
idées sur l’amour, invite Elly, l’institutrice de ses enfants, à se
joindre à eux pour le week-end. Le lendemain de leur arrivée,
le drame survient : un enfant manque de se noyer alors qu’il
était sous la surveillance d’Elly. L’institutrice ne peut répondre
de sa défaillance : elle a disparu ! Partir à sa recherche dans
la mer et sur terre ébranle les certitudes des uns et des autres
sur l’identité de la jeune femme : Qui était Elly ? Qui est Elly ?
Les questions hésitent sur le temps à conjuguer pour parler
d’elle.
À l’origine est le mensonge
A propos d’Elly est un film tout en tension. Le
spectateur est entraîné sans cesse dans une trame narrative
qui se complexifie de plus en plus. De la disparition d’Elly
découlent plusieurs rebondissements. Le premier concerne le
personnage de l’institutrice, énigmatique et secret, puisque
personne ne sait rien d’elle ; même son vrai nom – Elham, Elnaz,
Elmira ...? – est inconnu du groupe. Ces ignorances semblent
suspectes aux policiers venus récolter des informations sur la
jeune femme. Chacun laisse libre cours à son imagination et
raconte sa version de la disparition : serait-elle partie parce
qu’elle se sentait offensée ? Aurait-elle quitté la maison pour
téléphoner ? L’espoir des personnages et du spectateur connaît
rapidement une déception : son sac et son portable qui avaient
disparu sont retrouvés. Sepideh les avaient cachés afin qu’Elly
ne parte pas de la maison comme elle en avait manifesté
l’intention.
Un autre drame s’ouvre alors : celui du mensonge. Ce
sont les conséquences du premier mensonge de Sepideh qui
se déploient. Afin de louer la maison, elle a prétendu qu’Elly
et son ami étaient jeunes mariés alors que des fiançailles
engageaient l’institutrice avec un autre homme. Dès lors,
66
l’intrigue se noue autour de la vérité et du mensonge. Que
dire au fiancé ? Faut-il lui apprendre que sa fiancée a accepté
une invitation avec un homme tout juste divorcé ? Jusqu’où
la vérité est-elle bonne à dire ? Quel camp convient-il de
choisir entre le déshonneur de la femme et celui de l’homme ?
Amir, l’époux de Sepideh, la prévient que le fiancé « n’est pas
un homme à qui [on] peut tout dire ». Sepideh a menti mais
elle n’est pas la seule. Ahmad ment à son tour au fiancé pour
sauvegarder l’honneur de Sepideh, puis c’est à Nazy de mentir
au fiancé pour l’apaiser, le fiancé ayant lui-même dissimulé
son identité en se faisant passer pour le frère d’Elly ... Un peu
à la manière des voitures enlisées dans le sable à la fin du
film, tout le monde s’enfonce dans des mensonges, jusqu’à en
perdre pied.
Un monde entre complicité et complexité
Si l’on considère les quatre films d’Asghar Farhadi
Les Enfants de Belle Ville (2004), A propos d’Elly (2009),
Une Séparation (2011) et Le Passé (2013), la perception de
l’espace et de la scène de la parole montre une évolution vers
le huis-clos dramatique où l’extérieur, les rues de Téhéran, les
cours des maisons se raréfient, laissant l’oeil du spectateur
observer des personnages enfermés dans des appartements,
modèles agrandis de la scène dramatique. Les Enfants de
Belle Ville s’ouvre sur une prison pour mineurs dont deux
adolescents sortent et, avec eux, la caméra qui cadre sur une
maison de Téhéran, au bord d’une voie ferrée. Cette même
voie ferrée, qui borde la maison de Marie (Bérénice Béjo) dans
Le Passé, signifie la séparation des espaces et s’élève à une
dimension métaphorique quand le roulement du train laisse
entendre les bruits du monde de l’autre côté des murs, bruits
du départ, bruits de l’impossible échappée.
67
Le départ dans A propos d’Elly, contrairement à celui
des Enfants de Belle Ville, n’emprunte pas le transport commun
mais la voiture individuelle, signe qu’Asghar Farhadi met en
scène des personnages de la classe moyenne iranienne et non
plus ceux de la classe ouvrière. Le film s’ouvre classiquement
sur une échappée de la ville pour rejoindre un lieu et un temps
de plaisir, un week-end au bord de la mer. Les impressions
de la première partie du film évoluent d’un paysage baigné de
soleil à une lumière plus froide mais non encore hostile. La
maison grise, froide et ouverte à tout vent, se métamorphose
sous les doigts de chacun. Presque chaleureuse, elle s’anime
aux jeux du soir.
Le drame survient à l’extérieur, dans la mer. Et
visuellement, ce que nous montre Asghar Farhadi, c’est
un espace teinté d’un gris dont les nuances entre l’eau et le
ciel sont à peine perceptibles. Le monde est devenu gris, et
l’hostilité du monde extérieur a vaincu les bouts de carton
et autres ficelles de fortune dressés pour empêcher le froid
d’entrer.
Paradoxal, l’espace de la crise tragique tente de
se fermer, tout en ne pouvant supporter ce repli sur ce qui
apparaît, après la disparition d’Elly, comme un semblant
de maison. Ainsi, la deuxième partie du film fait se tenir
les personnages dans des espaces qui se réduisent de plus
en plus (la voiture, symbole d’échappée belle au début
devient retraite et refuge après le drame) : la caméra fixe des
portes qui s’ouvrent, claquent et se ferment, comme si l’oeil
d’Asghar Farhadi enregistrait la panique et la peur dans leurs
mouvements contradictoires : il est impossible d’échapper au
monde derrière la porte tout autant qu’il est impossible de le
rencontrer. Un univers de chambres obscures se loge dans le
hors-champ. La poétique des espaces qui se tisse au fil de
l’œuvre du cinéaste – les vitres, les portes sont comme des rimes
68
en écho à l’intérieur du film et dans sa filmographie – dévoile
une manière de voir le monde. Le spectateur est obligé de se
tenir à distance tout comme les personnages. Il ne sait ce qu’il
y a derrière la porte, il ne sait ce que se disent les êtres qui
parlent derrière la vitre. La transparence et l’obstacle érigent
un modus videndi : voir serait se tenir à distance respectueuse,
ne juger ni le monde ni les êtres, ne pas forcer le verrou de la
boîte à secrets.
Une femme disparaît et brouille les frontières
Une femme qui disparaît est un motif récurrent dans
l’histoire du cinéma. Au cœur de The Lady vanishes4 d’Alfred
Hitchcock, de L’Avventura de Michelangelo Antonioni est la
disparition d’une femme. Ces deux œuvres, à l’instar d’Elly,
empruntent la trame narrative du film à suspense – l’événement,
les traces de la présence, les recherches, la police ... – pour
faire vaciller les repères des personnages et du spectateur.
La disparition crée ainsi un manque autour duquel les yeux
des autres personnages et de la caméra scrutent, fouillent et
les voix tentent de cerner l’insaisissable. Le titre prend alors
tous ses sens : Qui était Elly ? Que savent d’elle Sepideh, son
fiancé, sa mère ?
Le nœud de l’intrigue est un blanc ou plutôt un pan de
ciel gris. Elly disparaît dans une ellipse – Elly, ellipse ? – qui
n’est pas sans rappeler la plus longue de l’histoire du cinéma
quand un os lancé en l’air par un primate devient un satellite5.
4
Dans The Lady vanishes, rêve et réalité s’interpénètrent dans l’esprit d’Iris – dont
le prénom est tout un programme pour percer le mensonge des faux-semblants.
Dans un compartiment de train une vieille dame disparaît sous les yeux d’une
jeune femme hébétée encore d’un pot de fleurs qu’elle a reçu sur la tête et endormie
au moment clé. Face à elle à son réveil, une autre vieille femme revêtue des mêmes
habits que la première. L’initiation d’Iris commence : l’art d’observer, de démêler
le vrai du faux et de résister aux atteintes portées à la clarté de sa conscience.
5
2001, L’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick
69
70
Reprenant le procédé longtemps délaissé du jump-cut
consistant à opérer une coupe entre deux plans et à raccorder
ces derniers selon une distance et un angle de prise de vue
insuffisants, Asghar Farhadi semble accélèrer le temps de
l’intrigue et rendre sensible, par des plans rapprochés,
la joie qui gagne la jeune femme. A la vision d’Elly jouant
sur la plage avec un cerf-volant succède le vertige du plan
suivant. Le jouet s’abîme dans le ciel comme une vision de
la disparition. Ce tableau contraste violemment avec la scène
suivante – l’annonce de la noyade d’Arash – dans laquelle
le spectateur chute littéralement. Du ciel à la terre : l’oeil
retombe, et avec lui la sensation d’élévation de ce moment de
grâce cinématographique.
On peut oser une autre interprétation du jump-cut,
moins évidente celle-ci en ce qu’elle prend sa source à la
spécificité même de l’image cinématographique. Les plans
successifs du visage d’Elly sur la plage répètent un mouvement
à l’intérieur d’une séquence, laquelle est une pause dans le
récit. Le panoramique ascendant sur le cerf-volant matérialise
l’arrachement d’un monde pour en aborder un autre. Le fil
est rompu qui le reliait à la jeune femme. Le doute peut alors
s’intaller et le cinéaste nous donne à entendre, pour reprendre
la définition du poème par Valéry, « une hésitation prolongée
entre le son et le sens ». Farhadi manifeste, par sa caméra,
son hésitation dans la non-coïncidence des plans entre eux.
Si « le cinéma – du moins un certain cinéma – est une
hésitation prolongée entre l’image et le sens »6, alors A propos
d’Elly est un film tout entier à voir à l’aune de cette hésitation.
La disparition de la jeune femme est un arrêt, un point de
suspension qui défait le fil du sens.
6
Giorgio Agamben, Image et mémoire (2004)
71
Elly, symptôme des fractures
de la société iranienne
« L’admirable tremblement du temps »7 surgit
et la vie bascule chez les personnages, provoquant,
sourdement d’abord puis ouvertement, un tremblement
des certitudes. Le mouvement sismographique qui les
agite prend forme à la vision de leur visage hébété.
La caméra suit leur désarroi et leur peur ; elle les
accompagne dans leur recherche, quand elle est tenue
à l’épaule et se place derrière eux. Elle se déplace d’un
personnage à un autre pour montrer les ressources de chacun
dans la catastrophe et les stratégies pour s’en sortir. L’une
d’entre elles est la recherche d’un coupable. Une scène
majeure du film est en effet celle où les personnages, dans un
huis-clos étouffant, réécrivent l’histoire de leur soirée pour
trouver et accuser celui qui aurait le plus offensé Elly. Chacun
y va de son reproche et de sa pique. Ceux qui, la veille,
dansaient ensemble s’accusent d’avoir été légers.
Ainsi ce groupe si complice au début voit ses liens
se déliter à partir du moment où Elly a disparu. Les scènes
de groupe s’amenuisent pour montrer des personnages seuls
sur la scène du drame. Les divisions se multiplient : hommes
et femmes s’affrontent. Le couple le plus mature, Sepideh et
Amir, vacille au point que le mari porte la main sur sa femme.
La violence des hommes est au cœur du cinéma d’Asghar
Farhadi : que ce soit Firouzeh, obligée de divorcer de son mari
drogué et maltraitant dans Les Enfants de Belle Ville, Razieh
poussée dans les escaliers par Nader dans Une Séparation, les
femmes subissent la loi d’une société qui reconnaît à l’homme
un pouvoir sur la femme. Amir, Nader, tous deux cultivés, sont
rattrapés par des gestes qui font tellement corps avec leur
place d’homme qu’ils n’en mesurent les conséquences que
7
L’expression est de Chateaubriand
72
trop tard. La soumission des femmes est renchérie par la mise
en scène : alors qu’elles ne sont pas voilées à l’intérieur des
maisons en Iran, le réalisateur les fait se couvrir d’un voile de
couleur terne qui devient noir en signe de deuil. A l’image,
l’enfermement se donne à voir dans des plans qui surcadrent.
Fenêtres, montants de portes, piliers séparent et oppressent.
Les protagonistes tremblent d’avoir manqué de
respect à Elly. On ne badine pas avec les mœurs en Iran :
les danses des hommes, les rires gentiment taquins au sujet
de l’institutrice et d’Ahmad prennent un tour grave quand
l’engagement de cette dernière avec un autre homme est
connu. C’est la deuxième péripétie du film : Elly était fiancée
à Alireza. Le manque de respect s’étend désormais à la sphère
morale et sociale et la panique qui s’empare de chacun n’est
pas à considérer comme exagérée. Car les lois religieuses qui
régissent la société iranienne interdisent à une femme engagée
avec un homme de passer du temps avec des étrangers, en
particulier de la gent masculine.
Une question se pose au groupe d’amis à la fin du
film : faut-il dire la vérité au fiancé d’Elly ? La caméra balaie
chaque visage intimé de répondre. Tous votent pour la décision
qui leur semble la plus raisonnable : mentir au fiancé. Seule
Sepideh s’élève, la voix brisée, contre le déshonneur que ce
mensonge porte à la mémoire d’Elly. Le jeu alterné du champ
/ contre-champ signifie sans détours les deux points de vue
qui s’affrontent dans cette scène. Ne pas mentir conduirait à
condamner Ahmad à payer le prix de la mort d’Elly ; mentir
fait d’Elly une femme sans vertu. Sauver l’honneur d’Elly
est peine perdue pour Sepideh dans une société qui établit
que le prix du sang d’une femme n’équivaut qu’à la moitié de
celui d’un homme8. Ainsi, ces Iraniens de la classe moyenne,
prétendument libres, sont à l’image d’une société qui prend le
parti de la réputation d’un homme contre celle d’une femme.
8
C’est là l’enjeu du film Les Enfants de Belle Ville
73
Ce mensonge apparaît comme un choix égoïste : on préserve
son « rang » au prix d’une tromperie collective. C’est pourquoi
les dernières images du film offrent au spectateur un moment
de vérité : celle du chagrin d’un amoureux pleurant la femme
qu’il a perdue.
La morale du secret
La justesse du cinéma d’Asghar Farhadi tient dans
cette réserve, dans un mouvement tacite de la caméra qui clôt
le film sur des questions plutôt que sur des réponses. Nulle
thèse n’est affirmée. Aucun personnage n’est le porte-parole
privilégié du cinéaste. Le film dépose des « interrogations
indirectes9 » pour laisser au spectateur le soin d’y répondre
avec « son histoire, son langage, sa liberté », avec son pays
aussi. Asghar Farhadi renvoie le spectateur à la liberté de
son exercice critique. Le plan final, ce regard jeté dans le
rétroviseur sur le sac posé à l’arrière, poétise le mystère de
l’être. Nouvel Orphée, l’homme amoureux interroge la boîte à
secrets de celle qu’il a définitivement perdue. Dès lors s’éclaire
aussi l’énigme du plan qui ouvre le film : la caméra, placée
à l’intérieur d’une boîte de charité10 se fait plus suggestive
que démonstrative. Le jeu d’ombre et de lumière opéré par
la fente laisse deviner des billets, puis un objet entouré d’un
halo lumineux, mais que l’on peine à identifier. Serait-ce
là une forme d’art poétique du film ? La caméra – chambre
obscure de la conscience – enregistre les gestes, les dépôts
sans expliquer ni juger. La légère contre-plongée de ce plan
inaugural semble dire que, face à l’énigme, il semble sage de
se montrer généreux pour comprendre un peu.
Julie AUCAGNE
9
Les expressions entre guillemets dans ce paragraphe sont empruntées à
Sur Racine de Roland Barthes.
10
Boîte recueillant les aumônes destinées aux pauvres. C’est Tina Hassannia dans
son livre Asghar Farhadi, Life and cinéma qui m’a aidée à voir clair dans cette boîte !
De l’Agora L’équipe du journal des Maristes a envoyé son reporter
Maxime Léoni en Grèce, plus particulièrement à Athènes.
Voici ses impressions.
« C’était mon premier voyage en Grèce. Lorsque
nous sommes arrivés à Athènes, il nous a semblé que cette
ville n’était ni belle, ni accueillante, sûrement à cause de la
crise. Les immeubles sont en effet en piteux état, sauf ceux
des quartiers plus ou moins chics. Mais revenons au sujet
principal : la découverte des sites antiques de l’Agora et de
l’Acropole. Notre guide, fort sympathique, débordait de savoir
sur ses ancêtres qui foulaient ces terres il y a bien longtemps
de cela. Par ailleurs, il nous a agréablement surpris par le fait
qu’il maîtrisait avec aisance notre langue.
L’Agora, au pied de l’Acropole, est un lieu agréable
et verdoyant. On distingue très nettement où se situaient
autrefois les places, marchés et temples, celui d’Héphaïstos par
exemple, pratiquement intact. L’ascension jusqu’à l’Acropole
n’est pas de tout repos, sauf pour les habitués des montées du
tra
vaux
à l’Acropole
quartier Saint-Paul ! Ce plateau rocheux domine la ville de ses
148 m de haut, ses 300 m de long d’est en ouest et ses 85 m
de large du nord au sud. Au sommet, on est giflé par le vent
froid de février qui souffle en rafales, mais quel spectacle ! Vue
panoramique assez fantastique sur l’Agora, la ville d’Athènes
et ses environs ! Et, devant soi, les ruines antiques : l’ancien
sanctuaire de la déesse Athéna, les temples d’autres dieux
parmi lesquels se dresse toujours le Parthénon, le temple
parfait, le plus beau, le plus grand, le plus majestueux des
lieux de culte grecs, « le seigneur des temples » avec ses
8 colonnes de marbre en largeur et 17 en longueur, soit
69,51 m sur 30,88 m et 10 m de haut. Cet édifice majestueux a
connu une vie pleine de changements, il fut même transformé
en église !
L’Acropole, je m’en souviendrai toujours. »
M axime LEONI, 3e 4 Lyon
76
meurtre
Μευρτρε α Μψχ⎝νεσ
Au retour de la prise d’Ilios par les Achéens,
Agamemnon, roi de Mycènes et héros de la guerre de Troie, a
été assassiné. Hier soir, il a été retrouvé mort dans le mégaron,
la grande salle au cœur du palais royal. Sa captive, Cassandre,
ainsi que tous les soldats partis avec lui combattre l’armée
de Priam, ont également été tués. Selon les enquêteurs, ces
derniers auraient été exécutés par des invités du banquet
donné pour fêter leur retour. Egisthe, son principal rival, et
Clytemnestre pourraient être les auteurs de ce meurtre atroce.
Durant la longue absence d’Agamemnon, Clytemnestre, sa
femme, était en effet devenue la maîtresse d’Egisthe et tous
deux avaient pris le pouvoir sur la cité de Mycènes. Le retour
d’Agamemnon leur posant problème, il est possible qu’ils
aient décidé de le tuer. Du moins, c’est ce que supposent les
enquêteurs, car après la découverte des corps, le couple a été
emprisonné.
Ce crime attriste le peuple de Mycènes. En l’honneur
de leur roi, les Mycéniens ont construit une imposante tombe
77
à mycenes
à Tholos (une tombe à coupole dédiée à la famille royale).
Elle est d’une hauteur de quatorze mètres et est accessible
par un grand dromos, un couloir à ciel ouvert. La porte du
tombeau est surmontée par un énorme linteau avec un triangle
en encorbellement.
Si vous souhaitez assister aux funérailles du roi, vous
pouvez prendre le καρ (le car) qui est un moyen de transport
rapide et révolutionnaire pour accéder au palais ! Mais prenez
garde à ce que votre conducteur ne se perde pas en route : s’il
arrive à la porte des Lionnes trop tard, cette entrée légendaire
du palais sera peut être fermée en raison de l’enquête
menée. Alors, vous ne pourrez pas pénétrer dans l’enceinte
cyclopéenne et encore moins voir les cercles de tombes !
Cependant, si vous avez la chance de parvenir en haut
de la colline, vous pourrez contempler la superbe vue sur toute
la vallée qui vous laisse le souvenir d’un palais mythique !
Jeanne Groleau, 3e 3 Lyon
Arts plAstiques
Vincent ARCHENAULT
Margot MARTINET
>
>
Classe de TS de La Verpillière, crayon de papier
>
Marion LAMBERT
>
Pauline ROMANSKI
80
Printemps
des Poètes
Parce que la vie est précieuse !
Je vote contre l’acharnement, la violence
et le mépris qui nous ont envahis
Je vote pour tout ce qui fait que l’on sourit
Je manifeste pour que l’environnement soit protégé
Je manifeste avec honneur et fierté
Je m’indigne à cause de l’amour
qui ne nous est pas offert tous les jours
Je m’indigne pour que le sourire nous accompagne toujours
Je consacre ma vie à être joyeux et à créer un monde heureux
Je consacre ma vie à la folie mais aussi au service car il en faut un peu
Avec le mot «anneau» j’invente la bague que tu auras au doigt
Et avec le mot « toi » je t’invente une histoire avec moi.
Hortense BUISSON, 6e5 L a Verpillière
81
Petits chaNteurS
Les Petits Chanteurs de La Verpillière ont créé un
instant musical et humain de qualité, lors d’un concert à
l’invitation de la paroisse Saint-Pierre du Pays des Couleurs.
Quarante filles et garçons, élèves de CE2 au CM2, ont animé la
messe des Rameaux, avant de se produire en concert avec un
répertoire mixte, religieux et profane, au profit de l’association
« Congo-Kinshasa ».
Le chœur a séduit un auditoire très fourni qui avait
répondu présent. Sous la direction de Thomas Clerc-Renaud,
chef authentique dévoué à sa mission, et accompagnés par
Nicolas Bottazzi au piano, les choristes ont su installer un
moment de paix, de détente et de bonne humeur avec des
chants comme Je n’aurai pas le temps de Michel Fugain, ou
l’Ave Maria de Caccini.
M arie-Louise ducarroz
Paris
La classe de 1ère S 3 de Lyon, décembre 2014
83
voya
ges
84
Werne
Professeurs et collégiens de La Solitude devant la mairie
de Werne avec le maire de la ville.
85
GRENADE
Les lycéens de Lyon devant l’Alhambra, avril 2015
86
FRIBOURG
87
Le voyage des sixièmes bilangues a
lieu chaque année depuis 2001, c’est donc la
quinzième fois que les germanistes de 6e 6 de La
Solitude font un voyage de découverte à Fribourg
et dans le sud de la Forêt-Noire.
Depuis sa création, le voyage a évolué.
Dans les premières éditions, nous allions à
Fribourg avant Noël, et le moment fort de ce séjour
était la visite du «Weihnachtsmarkt», le marché
de Noël.
Depuis quelques années, c’est au
printemps que nous partons, pour quatre jours afin
que les élèves aient un bain linguistique un peu
plus important. Cette année, ce fut du 7 au 10 avril.
Nous logeons toujours à l’auberge de jeunesse.
Les visites, qui se succèdent au fil du
séjour, sont préparées par des cours dispensés
par les différents professeurs qui accompagnent
la classe. Cours sur l’architecture religieuse pour
préparer la visite de la cathédrale et de l’église
baroque de Sankt Peter. Cours d’allemand, bien
sûr, et cours donné par le professeur de SVT sur le
quartier écologique de la ville, ou cette année, sur
la flore et la faune dans le sud de la Forêt-Noire,
avant la randonnée botanique qui nous a menés
jusqu’à un lac d’origine glaciaire, le « Titisee ».
Joëlle RAVISTRE
88
Heidelberg
Les élèves bilangues de 6e 8 en Allemagne
89
Après une halte à Fribourg, nous sommes arrivés à
Heidelberg, où nous avons passé trois nuits à l’auberge de
jeunesse. Nous avons pris le « chemin des philosophes »
pour admirer depuis les hauteurs la vue splendide sur la ville
et le Neckar avant de découvrir le château. Points forts de
cette visite : l’apothicairerie (d’ailleurs, « pharmacie » se dit
« Apotheke » en allemand) et un tonneau de sept mètres de
haut ! Après une descente en funiculaire, nous avons vu un
lieu étonnant : la prison des étudiants, où les jeunes gens qui
avaient un peu trop fait la fête tuaient le temps en recouvrant
les murs de graffiti. Le vieux pont (alte Brücke) a également
attiré notre attention.
Le troisième jour, une classe de collégiens allemands,
avec lesquels nous avions correspondu, nous attendait au
Bunsen Gymnasium. Les professeurs de français avaient
organisé un accueil amusant : nous changions d’interlocuteur
toutes les minutes pour nous présenter les uns aux autres.
Nous étions tous un peu timides, mais l’alarme incendie s’est
déclenchée : nous avons marché avec tout le collège jusqu’à la
rivière et cela a beaucoup détendu l’atmosphère entre nous !
Avec plaisir nous avons pris le bateau tous ensemble
pour découvrir la ville depuis la rivière. Ensuite, ce fut une
longue promenade le long du Neckar pour rentrer. Nous nous
sommes quittés au Kaffee Frisch, après avoir dégusté un jus de
fruit et une énorme part de gâteau (beaucoup avaient choisi la
fameuse « forêt-noire »).
Que dire de plus ? Nous avons aussi visité trois églises
de styles très différents, baroque et gothique.
Ce fut un beau voyage. Merci à Mmes Dubost-Gaulot
et Ménart !
Les
germanistes de
6 e 8, Lyon
Sortie géologie
Des élèves de terminale S Lyon sur la route de Bourg-d’Oisans
lyon
la verpillière
carnet
nou
.
vel
les
94
A.P.E.L.-Association familiale
3 février-19 mai
Réunion des parents
correspondants du primaire
7 mars
Réunion des parents
correspondants du collège
Animation spirituelle
26-28 novembre
Retraite des élèves d’ECE à
l’abbaye de Sénanque ;
des élèves d’ECS 2 à l’abbaye
de Tamié
19-21 décembre
Retraite des élèves
d’hypokhâgne à l’abbaye
d’Aiguebelle
17-18 janvier
Retraite pour les confirmands ;
pour les secondes, weekend avec la communauté du
Chemin Neuf : « Oser vivre,
oser croire »
6-8 février
Retraite des élèves de khâgne
au couvent de Saint-Jodard
25-28 février
Pèlerinage des 5e à Lourdes
28 février
Marche des pères de famille
de l’établissement, depuis
les maternités catholiques de
Bourgoin-Jallieu jusqu’à
La Verpillière ; thème de l’année :
être père selon la Bible
7-8 mars
Retraites spirituelles proposées
aux garçons et filles de 4e
14-15 mars
Retraites des garçons et filles
de 3e préparant la Profession
de foi
19 mars
Journée de Témoignages
chrétiens et réconciliation
26-28 mars
Rencontres « Maristes en
éducation » à Belley
2-3 avril
Célébrations des Jeudi et
Vendredi saints ; chemin
de croix, opération Bol de
riz au profit de l’association
« Enfants du Népal »
95
LYON
9 avril
Célébration de Pâques pour
les classes de maternelle, 11e
et 10e
2 mai
Célébration de la Confirmation
6 mai
Retraite pour les élèves
du primaire préparant la
Première communion
9 mai
Célébration de la Première
communion en l’église Saint-Paul
12-17 mai
Pèlerinage des 3e à Assise
30-31 mai
Pèlerinage des 6e à La Salette
1-6 juin
Pèlerinage à Lourdes au
service des malades pour
les élèves de seconde
13 juin
Profession de foi des 3e
23-24 juin
Chantier de service pour
les ECE 1 à l’abbaye
d’Hautecombe, aux Missions
africaines de Chaponost pour
les ECS 2
Conférences, interventions, réunions
15 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation pour les élèves
et parents de seconde
21 janvier
Conférence de
Mgr. Barbarin, en dialogue
avec Joseph Yacoub, de
l’Eglise chaldéenne
28 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation en fin de 3e
3 février
Réunion d’information sur le
choix des langues en fin de 5e
24 février
Pour les élèves et parents du
primaire réunion d’information
sur l’entrée en 6e
30 avril
Réunion d’information pour
les élèves et parents de
première
18 mai
Conférence de Tony Meloko,
président fondateur de l’ONG
Gawad Kalinga « Prendre
soin », sur les moyens de lutter
ensemble contre la pauvreté
96
Echanges internationaux
Allemagne
avec Berlin
13-22 mars : séjour des
lycéens français en Allemagne
avec Bochum
5-13 mars : accueil des
Allemands à Lyon ; séjour des
collégiens français à Bochum
du 27 avril au 6 mai
avec Werne
28 février - 9 mars : collégiens
français en Allemagne ;
accueil des Allemands
du 17 au 27 mars
Angleterre
30 janvier - 7 février : accueil
des Anglais à Lyon ; séjour
des Français à Chorleywood
du 18 au 26 juin
Australie
10 juillet- 2 août : séjour des
lycéens français à Brisbane
Espagne
avec Grenade
23-31 mars : accueil des
lycéens espagnols ; séjour des
Français à Grenade
du 11 au 19 avril
avec Madrid
27 février-13 mars : Espagnols
à Lyon ; collégiens français à
Madrid du 29 avril au 11 mai
Etats-Unis
avec Atlanta
8-25 avril : départ des
lycéens français ; accueil des
Américains en juin
avec Boston
15 février-8 mars : accueil des
Américains ; lycéens français
à Boston du 8 au 25 avril
avec Indiana
8-25 avril : départ des
lycéens français ; accueil des
Américains en juin
avec Toledo
8-25 avril : départ des lycéens
français
Irlande
14-28 février : accueil des
Irlandais à Lyon ; séjour
des lycéens français à Dublin
du 3 au 18 avril
97
Etablissement
14 janvier
Conseil de maison : les DS et
l’évaluation
23-24 janvier
Soirées des talents au profit de
l’école Sainte-Christine
de Kinshasa
31 janvier
Matinée portes ouvertes
en primaire et au collège
à La Solitude
31 janvier - 1er février
« Sens de l’école, école du
sens », colloque du Collège
supérieur
28 février
Journée portes ouvertes des
classes supérieures
2 mars
Réunion des professeurs de
La Solitude
3 mars
Réunion des professeurs de
Saint-Paul et des Missions
11 mars
Conseil de maison : « Quelle
place pour les nouvelles
technologies ? »
21 mars
Forum des métiers pour les
élèves de première. Matinée
portes ouvertes pour l’entrée
en seconde
10-11 avril
La Bohème de Puccini au
théâtre de La Solitude avec le
Pôle Lyrique d’Excellence au
profit du projet Kinshasa
7 mai
Mise en espace de textes sur
Don Juan par les 1e L
de l’atelier théâtre au profit
du projet Kinshasa
20 mai
Conseil de maison :
« L’emprise de la psychologie
dans l’enseignement »
6 juin
Fête de l’établissement ;
« soirée terrasse » au profit
du jumelage avec
Sainte-Christine de Kinshasa
30 juin
Bourse aux livres en primaire
2 juillet
Réunion de fin d’année
98
Sorties, visites, voyages
2-3 décembre
Voyage à Paris des 1e S3 avec
B. Chorain, L.M. Pupat et
T. Willaume ; au programme :
l’Assemblée Nationale,
les Invalides, le Palais de
la Découverte, la maison
de V. Hugo et, au théâtre,
La Cantatrice chauve
19-23 janvier
Classe de neige à Bessans
pour les 8e 2, 7e 2 et 7e 3
16-20 février
Voyage commun en Grèce
pour 39 hellénistes de Lyon et
La Verpillière avec S. Loubet,
A. Bouffard, P. Berthelot
et D. Perceveaux
26 février
Visite de l’exposition Giotto
pour les classes de 7e
23-27 mars
Classe de découverte sur le
Moyen-Age à Saint-Nectaire
pour les 8e 1
27-29 mars
Voyage culturel des
hypokhâgneux à Marseille
et Aix-en-Provence
30 mars-3 avril
Classe de neige à Courchevel
pour les 11e 1, 9e 2 et 8e 3
7-10 avril
Voyage des germanistes de 6e 6
à Fribourg
27-28 avril, 4-5 mai
Sortie géologie des classes de
1ère S dans l’Oisans
27-30 avril
Voyage des germanistes de 6e 8
en Allemagne avec S. Dubost
et I. Charbonnet : Freiburg,
Heildeberg et l’église baroque
de Sankt-Peter
7 mai
Visite d’une ferme
pédagogique pour les classes
maternelles
16 juin
Sortie au Parc A. Gruss à
Orange pour les 11e 2, 10e 1
et 10e 2
99
Ciné-club, théâtre
Pour les élèves de
première, terminale,
classe préparatoire,
parents, professeurs,
anciens et amis
22 janvier
Gran Torino
de Clint Eastwood
5 mars
A propos d’Elly
d’Asghar Farhadi
9 avril
La Fille du 14 Juillet
d’Antonin Peretjatko
Pour les élèves de seconde
Pour les élèves de 3e
2-3 mars
Les 39 Marches
d’Alfred Hitchcock
1-2 juin
Le Mirage de la vie
de Douglas Sirk
Pour les élèves de 4e
5-6 janvier
Les Diaboliques
d’H.G. Clouzot
27-28 avril
Le Kid
de Charlie Chaplin
9 mars
Alexandrie-New-York
de Youssef Chahine
31 mars
Représentation de cirque pour
les 11e 2, 10e 2 et 10e 1
8 juin
Hugo Cabret
de Martin Scorsese
19 juin
L’Arbre de vie, représentation
pour les classes primaires
Chorale, concerts
16 juin
Concert de fin d’année des
classes musicales du primaire
24 juin
Concert à la cathédrale
Saint-Jean pour les 7e
100
Activités sportives
Résultats
Athlétisme
Nicolas Ginot 1ère S5 : 4e au
Championnat de France Juniors
Badminton
Championnats nationaux 2015
Individuel Benjamin :
E. Large 4e 8 : 7e
Individuel Minime :
H. Saint-Olive 4e2 : 2e
Équipe Minime : 9e
Qualifications aux
Championnats de France
Cross-country : 12 élèves
qualifiées au Cross National
1000 m indoor
Escalade : 8 élèves qualifiés
Gymnastique : 17 gymnastes
et 3 juges qualifiés
Tennis de table : 2 équipes
(Benjamin et Minime) qualifiées
Trisport : qualification des filles
Lyon urban trail 2015
Juniors garçons
Pierre-Antoine Biscarrat TS3 : 2e
Amaury Steinhausser TS3 : 3e
Juniors filles
Gabrielle Sénée TS3 : 3e
3 juillet
Finale du tournoi de badminton
pour les classes de 9e, 8e et 7e
101
la
verpil
liere
A.P.E.L.-Association familiale
12 décembre
Réunion des parents
correspondants de 4e-3e
6 juin
Réunion des parents
correspondants : bilan de
l’année
Animation spirituelle
20 janvier
Réunion du groupe « Maristes
en éducation »
4-6 avril
Temps fort pour les élèves
préparant la Confirmation
28 février
Marche des pères de famille,
depuis les maternités
catholiques de Bourgoin
jusqu’à La Verpillière ; thème
de l’année : être père selon la
Bible
10 avril
Ecole des parents
7 mars
Ecole des parents
18-19 mars
Retraite de Profession de foi
22 mars
Célébration de la Profession
de foi à l’église de l’Isle-d’Abeau
24 mars
Réunion du groupe « Maristes
en éducation »
2-3 avril
Célébrations des Jeudi et
Vendredi saints
8 mai
Sortie du groupe « Maristes en
éducation » à La Tour-du-Pin
18 mai
Rencontre des parents
d’élèves du primaire préparant
la Première communion
19 mai
Réunion du groupe « Maristes
en éducation »
26 mai
Rencontre pour les parents
des élèves se préparant au
baptême
27 mai
Retraite pour les futurs
communiants du primaire
102
28 mai
Rencontre des parents des
futurs confirmands
30 mai
Célébration de la Première
communion des primaires
1-6 juin
Pèlerinage à Lourdes au
service des malades pour les
élèves de seconde
7 juin
Célébration de la Confirmation
13 juin
Célébration du baptême
20 juin
Première communion des
collégiens
24 juin
Sortie pour les servants de
messe
30 juin
Fête de la foi pour les élèves
du primaire
8 juin
Rencontre des parents
d’élèves du collège préparant
la Première communion
Conférences, interventions, réunions
24 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation pour les élèves et
parents de 3e
27 mars
Réunion d’information sur
l’orientation pour les élèves
et parents de seconde
31 janvier - 1er février
« Sens de l’école, école du
sens », colloque du Collège
supérieur
9 juin
Conférence sur l’éducation
sexuelle et affective pour les
élèves de terminale
21 mars
Présentation de la classe de 4e
pour les élèves et parents de 5e
103
Echanges internationaux
Allemagne
4-18 avril
Séjour de collégiens français
à Heusenstamm ; accueil des
Allemands du 14 au 28 février
Angleterre
avec Londres
séjour de collégiens français
du 22 au 29 avril
avec Ealing
séjour de collégiens français
du 22 au 29 avril ; accueil des
Anglais du 21 au 28 mai
Espagne
22-29 avril : séjour de
collégiens français à
Salamanque ; accueil des
correspondants espagnols
du 20 au 27 mars
Etats-Unis
9 au 30 avril : séjour de
lycéens français à Portland ;
accueil des Américains
du 7 au 27 mars
Etablissement
10 janvier
Forum des métiers pour
les élèves de seconde
14 janvier
Conseil de maison :
« Les DS et l’évaluation »
16 janvier
Repas philo : au menu,
« la Liberté»
6 mars
Réunion des professeurs
11 mars
Conseil de maison :
« Quelle place pour les
nouvelles technologies ? »
104
13-20 mars
Dans le cadre du Printemps
des poètes, intervention de
Magali Misperlare, récitante,
auprès d’élèves de 2de 3
et 2de 5 ; récital de textes
entrecoupés de chants
(M.L. Ducarroz, R. de Thé) et
de musique (G. Genin, viole
de gambe)
13 mars-30 avril
Ateliers « CV, lettre de
motivation » et « Préparation
aux entretiens » pour les
terminales
27 mars
Soirée portes ouvertes collège
7 mai
Repas philo sur le thème :
« Désir et choix »
20 mai
Conseil de maison :
« L’emprise de la psychologie
dans l’enseignement »
21 mai
Réunion des professeurs
12 juin
Soirée de fin d’année pour
les élèves de première et
terminale
14 juin
Opération vide grenier
16 juin
Olympiades des secondes
20 juin
Kermesse
27 juin
Bourse aux livres du primaire
Sorties, visites, voyages
15-18 décembre
Voyage à Freiburg pour
les germanistes de 5e et 4e
LV2 avec les 4e LV2 de La
Solitude, sous la tutelle de F.
Delorme et S. Dubost-Gaulot
16-20 février
Voyage commun en Grèce
pour 39 hellénistes de Lyon
et La Verpillière avec
S. Loubet, A. Bouffard,
P. Berthelot et D. Perceveaux
105
26-28 mars
Voyage des 1ère L et TL à Paris
avec P. Berthelot, N. Pic,
R. Garrigue et D. Perceveaux :
au programme, des musées
(Art Moderne, Arts Premiers),
l’Assemblée Nationale et
Notre-Dame, le Père-Lachaise
et Maxim’s ; voyage des 1ère ES
à Freiburg dans le cadre du
projet Comenius
8-10 avril
Sortie géologie des 1ère S :
utilisation des ressources
géologiques dans la ville
de Lyon
22-29 avril
Voyage des 4e 5 à Ealing avec
J.M. Lacote
12-16 mai
Voyage des 5e 1, 5e 5 et 5e 7
à Rome sous la tutelle de
T. Clerc-Renaud ; voyage
des 5e 3 et 5e 6 à Venise avec
F. Delorme ; voyage à Londres
des élèves de 2de européenne
avec A. Schooling et
J.M. Lacote
18-21 mai
Courses d’orientation des
classes de 5e en Chartreuse
8-9 juin
Sortie des classes de 4e
à Vulcania
Ciné-club, théâtre
Pour les élèves de
première et terminale
26-27 janvier
La Religieuse
de Jacques Rivette
23-26 février
L’Invasion des profanateurs
de Philip Kaufman
6 mai
Nos amis les humains,
représentation donnée par
l’atelier théâtre, salle des fêtes
de La Verpillière
106
Chorale, concerts
20 janvier
Concert à Chamagnieu pour
l’association des
« Amis du patrimoine »
14 juin
Participation au
rassemblement régional
des Pueri Cantores à Lyon
29 mars
A Courtenay, messe des
Rameaux et concert au profit
de l’association « Fraternité
Congo-Kinshasa » organisé
par M. L. Ducarroz
20 juin
Animation de la messe
de la fête de l’école
26 juin
Concert de fin d’année à
l’église de La Verpillière
30 mai
Animation de la messe de
Première communion
Activités sportives
4 mars
Championnat régional de
badminton :
Juniors :
A. Petitjean 1ère S2 : 3e
Cadets filles
E. Birkel 2e 2 : 3e
Cadets garçons
T. Geysen 2e 3 : 2e
P. Ulysse 1ère STMG : 3e
Benjamins filles
B. Peronnet 5e 1 : 1ère
8 - 10 avril
Championnats nationaux
Individuel open :
B. Peronnet 5e 1 : 5e / 8
T. Geysen 2e 3 : 4e / 22
Equipes
Cadets / juniors : 10e
Benjamins : 5e
107
car
net
Naissances
Titouan, fils de Mélissa
Camicel, professeur des écoles
à La Verpillière,
le 29 novembre
Nathan, fils de Valérie
Delorme, professeur des
écoles à La Verpillière,
le 7 décembre
Baptiste, fils de Marie-Agnès
Ryumeko, infirmière
à La Verpillière, le 5 mars
Mayna, fille d’Habiba M’Babi,
membre du personnel
d’entretien à Saint-Paul,
le 13 mars
Simon, fils de Nathalie
Zimpfer, professeur d’anglais
à Saint-Paul, le 10 avril
Mila, fille de Monica
Mourrejeau, professeur de
français à La Verpillière,
le 26 février
Guillaume, fils d’Arnaud
Pautet, professeur d’histoiregéographie à Saint-Paul,
le 25 avril
Mariage
Annick Bechade, ATSEM
à La Verpillière avec
Jean-Pierre Defarges,
le 14 février
Félicitations
Gersande Gourdin reçue à
l’agrégation de SVT
Anne Reynaud reçue à
l’agrégation de lettres
classiques
Jean-Paul Pointet, professeur
d’histoire-géographie à La
Verpillière, prix du meilleur
roman historique organisé par
la revue Ça m’intéresse/histoire
2014 et prix des lecteurs 2015
de la revue Téléloisirs pour
son ouvrage Vengeance dans
les tranchées
Alain Fayette, ancien
professeur de mathématiques,
et Michel Lavialle, ancien
préfet et professeur de
lettres, ont reçu les Palmes
académiques
108
Départs
Lyon
Joëlle Ravistre, professeur
d’allemand, entrée en 1976
Christian Lhôpital, professeur
d’arts plastiques, entré en 1980
Claire Norvez, professeur de
mathématiques, entrée en 1983
Michel Demurger, du service
entretien à Lyon, entré en
1993
La Verpillière
Françoise Delorme, professeur
de SVT, ancienne responsable
des 6e-5e, entrée en 1978
Didier Perceveaux, professeur
de lettres, entré en 1980
Michelle Lépine, professeur
de mathématiques, entrée en
2007
Muriel Seytier, professeur de
SVT, entrée en 1995
Henri Rivière, du service
entretien à Lyon, entré en 2008
Décès
Nous participons à la douleur de
Elisabeth Desmottes, AVS en
classe Ulis à La Verpillière,
qui a perdu son père,
le 1er décembre
Nicolas Bottazzi, responsable
des Petits Chanteurs à
La Verpillière, qui a perdu son
frère Hervé, le 12 décembre
Valérie Fournol, professeur
des écoles à La Solitude, qui a
perdu son père, le 14 janvier
Jean-Paul et Marie-Christine
Pointet, respectivement
professeurs d’histoiregéographie et français à
La Verpillière, qui ont perdu
leur sœur et belle-sœur,
le 23 janvier
109
Nathalie Teulade, éducatrice
en 1ère à Lyon, qui a perdu sa
mère, le 25 janvier
la communauté mariste et de
la famille du père Philippe
Dealberto, sm. ancien
aumônier à La Solitude,
décédé le 29 janvier
Solange Dubost-Gaulot,
professeur d’allemand à La
Solitude, qui a perdu son père,
le 7 février
Christiane et Philippe Paturel,
respectivement ancienne
infirmière à Saint-Paul et
ancien responsable de
La Verpillière, qui ont perdu
leur frère et beau-frère,
le 8 février, puis leur père et
beau-père, le 17
Jean-Claude Beuret,
éducateur en 1ère à Saint-Paul,
qui a perdu son père,
le 13 février
Caroline Lavigne, institutrice
à La Solitude, qui a perdu son
frère, le 15 février
Catherine et Vincent Repellin,
respectivement secrétaire
de direction à Saint-Paul
et professeur d’histoiregéographie à La Solitude,
qui ont perdu leur père et
beau-père, le 15 février
Marie-Constance et Daniel
Vidal, respectivement aidematernelle et membre du
personnel d’entretien à
La Verpillière, qui ont perdu
leur mère et belle-mère,
le 22 mars
Laurie Balagna, élève de 4e 4
à La Verpillière, qui a perdu
son père, le 27 mars
la communauté mariste et
de la famille du père Roger
Dumortier, sm. ancien
supérieur général, décédé le
26 avril
Crédit photos :
Raphaël Klucker 1ère ES 2, photo primée Concours 2014 : page 10
H.Tissot : pages 29, 34, 37
P. Huet : pages 40-41
Rosalie Bouche 2e 2, photo primée Concours 2014 : page 52
A. Ulrich 4e 1 : : page 60
M. Léoni 3e 4 : page 74
J. Groleau 3e 3 : page 76
C. Clerc-Renaud : page 81
B. Chorain : pages 82-83
Photo presse : page 84
T. Tordoir : page 85
J. Ravistre : page 86
S. Dubost-Gaulot : page 88
M. Salerno : pages 90-91
Camille Vilotitch 2e 2, photo primée Concours 2014 : page 92
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2 e TRIMESTRE 2015
SAINTE-MARIE LYON
4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY
69005 LYON
TÉL. 04 78 28 38 34
www.sainte-marie-lyon.fr
DIRECTEUR DE PUBLICATION
Michel Lavialle
CONCEPTION fa.rémila
IMPRESSION
?????? 2015
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