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Par
frederic
machabert
-
photos
frank
paul
Aix-en-Provence - Tour de la Sainte-Victoire
Réserve naturelle
de plaisir !
Surplombant la bonne ville d’Aix-en-Provence,
la Sainte-Victoire grouille de sentiers et regorge
de mille plaisirs sur deux roues. Nous avons suivi
l’itinéraire qui borde la montagne de Cézanne.
En route.
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Tour
de
la
U
n passage en dehors
du temps. Un délicieux retour bien des
années en arrière. Le
centre d’Aix-en-Provence commence à peine à s’agiter. Et
nous traversons la ville sans un
bruit. Avec encore en tête (et
dans l’estomac) les rencontres
de la veille. Notre première
étape a débuté dans une épicerie de l’après-guerre. A l’extérieur, une façade d’immeuble
presque anodine. A l’intérieur,
comme la douce impression de
vivre dans un monde sans horloge. Sans prise sur le temps qui
passe. Cette chambre d’hôtes en
plein cœur de la ville respire la
douceur de vivre. Et les plaisirs
de la vie. De la table, aussi. Elle
incite à laisser son esprit vagabonder. Dans le jardin, un vélo
rouillé coule une retraite paisible. Notre périple peut attendre
On se tire la bourre à
la fin de la première
journée ! La fin approche,
et l’apéro aussi !
Malin, on trouve des arrêts pour les navettes qui partent du centre de la ville.
un peu. Le temps de profiter
encore de cet endroit. Avec la
ferme intention d’y revenir un
jour. Juste un peu plus longtemps. Pour vraiment apprécier.
Aix n’a rien d’une ville comme
les autres. Marseille et son agitation ne sont pourtant qu’à
quelques kilomètres, mais la
ville semble vivre sur un autre
rythme.
Pierre-Yves, notre
guide, installé dans cette « réserve naturelle de belles filles », explique qu’il ne faudra pas longtemps pour aborder les premiers
sentiers. Et à peine dix minutes
après avoir dépassé certains
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Le plateau de RoquesHautes. Bientôt, on attaque
les choses sérieuses.
Sainte-Victoire
repères nocturnes de Brigand
(nom d’un bar à Aix), les premiers sentiers apparaissent sous
nos roues. Aix, ou la ville aux
portes des plaisirs vététistes. Et
pour un début, autant être bien
chaud et avoir les yeux bien
ouverts.
Géométrie
variable…
Un petit sentier escarpé et bien
technique débute aux portes de
la ville pour nous acheminer sur
le plateau de la Sainte-Victoire.
Son petit nom ? « On est sur
Des pilotes perdus dans la pampa aixoise, ou l’impression d’être au bout du monde.
Escrachtopeou et bien malin
celui qui arrivera en haut sur le
vélo », explique Pierre-Yves.
Pas de doute, vu le nom on est
bien au cœur de la Provence. Et
le bonhomme n’a pas tort. Personne ne parviendra à se hisser
en vélo sur le sommet de cette
mise en bouche. Si certains imaginent le Sud entièrement pavé
de caillasses dures comme un
colonel et de sentiers arides, la
première partie de notre périple
leur donnera raison. Dès les
premières heures, nous longeons cette imposante montagne, repère des parapentistes
Le tour de la Sainte-Victoire, c’est
du vrai VTT aux portes d’Aix !
par beau temps (les locaux, en
toute bonne foi, expliqueront
qu’il ne pleut jamais). Et finalement, le vélo d’enduro avec la
tige de selle télescopique n’apparaît pas comme une hérésie.
Certes, cela n’empêchera pas de
s’en coller une ou deux bonnes
comme de vrais sangliers parisiens ! On privilégie le confort
sur des descentes où, certes,
aucun passage n’est insurmontable, mais le plaisir est partout.
Autant dans les sentiers empruntés que dans la beauté des lieux.
Et finalement, à rouler toute la
journée sans trop se poser de
questions, on oublierait presque
les plaisirs de la chair que l’on a
connus la veille. Dans une
région parfois dévastée par les
promoteurs immobiliers, on
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Des singles à perte de vue...
Bienvenue à Aix-en-Provence !
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Le petit groupe attaque une longue ascension. On serre les dents
pendant quelques minutes avant
de dévaler à nouveau !
Tour
Pierre-Yves mène le groupe sur les hauteurs des Bouches-du-Rhône...
découvre certains lieux vierges
de toute construction à cinq
minutes en bagnole de la ville.
Roques-Hautes cache une
esplanade avec vue directe sur
l’imposante Sainte-Victoire. Et
hormis quelques touristes pédalant et des marcheurs, la quiétude des lieux se savoure sans
modération. Une bonne centaine de mètres plus loin, on fait
beaucoup moins les malins…
Direction le refuge de Cézanne
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pour la pause déjeuner en plein
soleil. Mais avant, ça grimpe !
Certes, la montée est large et
roulante, mais un brin de condition physique est quand même
conseillé. Michel, notre quinquagénaire fringant, dicte l’allure dans la bosse, mais à la
Sudiste, quoi ! Cool… Il faut
avouer que nous débarquions
dans les Bouches-du-Rhône un
peu dans l’inconnu. On connaissait le point de départ, pas vrai-
de
la
Sainte-Victoire
... pendant que le brave Michel tente de réparer son pneu !
ment la date d’arrivée ni le
nombre de kilomètres au programme. Pierre-Yves rassure :
« On peut adapter le tour de la
Sainte-Victoire en fonction des
niveaux. On peut aller de 80 kilomètres à plus d’une centaine de
bornes. Avec des pilotes bien
entraînés, on peut faire ça en une
journée, en partant tôt le matin. »
Nous choisirons l’option deux
jours, plus sûre pour nos physiques de champions !
La quiétude des lieux se
savoure sans modération !
«Le
Nooooord»
Nous surplombons une vallée.
Notre guide nous apprend que
des vestiges préhistoriques y ont
été retrouvés, mais aussi - et
plus important - : « Vous apercevez la maison en contrebas?
C’est ici qu’a été tournée la scène
de Bienvenue chez les Ch’tis,
quand Kad Merad rend visite à
Michel Galabru. » Un studio de
cinéma à ciel ouvert, ils sont
trop forts dans le Sud ! Le Sud
justement, où les locaux ont le
don de (légèrement) exagérer.
Avant de boucler notre pre-
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Sainte-Victoire pratique
mière journée, nous traversons
un pré humide. La remarque de
Michel ne tarde pas : « Oh, les
gars, on s’est mis minables ! »
Jura
provençal…
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Le lendemain, au petit matin,
on repart pour une étape d’une
soixantaine de bornes. Et quelle
n’est pas notre surprise de
découvrir des sentiers aux antipodes de ceux de la veille. Des
forêts denses et vertes, des petits
chalets... on se croirait presque
sur les pistes de la Forestière !
Et il faut avouer qu’une telle
variété de terrains est plutôt
inhabituelle. Et carrément
appréciable ! La partie la plus
technique est derrière nous, on
emprunte même parfois des
chemins larges, mais les difficultés physiques ont aussi laissé
leur place à de vrais sentiers
ludiques, et plutôt typés enduro,
en plus ! Alors, que demande le
peuple ? Mais forcément, à
force de prendre des sentiers à
profil descendant, il faut bien
s’attendre à une belle ascension.
Et avant de retrouver les toits
aixois, on affronte la dernière
grosse difficulté. Là, bizarrement, on se verrait bien rouler
sur un semi-rigide de 8 kilos...
Histoire de s’offrir un dernier
plaisir, on longe le barrage de
Bimond et de Zola, aux eaux
vertes caractéristiques. Pour
prolonger un peu, on se permet
de traverser la ville sur des sentiers. Aix, ou la ville à la campagne. Aix, ou le bastion d’une
pratique sans limite sur des chemins qui laisseront des souvenirs impérissables. Aix, réservoir de plaisir. Et finalement, ce
tour de la Sainte-Victoire nous
est apparu comme une douce
récompense pour des vététistes
en quête de plaisirs de la vie.
Pour de simples passionnés. On
aura passé deux jours à en prendre plein la vue. Des paysages
de dingue. Des sentiers passant
de la caillasse aux étendues
forestières. Et finalement, tout
sera passé bien trop vite. l
Où ? Aix-en-Provence, cité de peintres célèbres, comme Cézanne, est
située à 28 km de Marseille, 182 km de Nice
(1 h 50 en voiture), 299 km de Lyon (2 h 50)
et 761 km de Paris (7 h).
Comment ? La gare TGV est à 15 mn du
centre. En train, Lyon est à 1h30, Paris à 3 h.
L’aéroport de Marignane n’est qu’à 28 km
du centre-ville (www.marseille.aeroport.fr)
Avec quoi ? Au choix ! Lors de notre randonnée, on retrouvait tous les styles de vélo, et
chacun s’est fait plaisir ! Mais un vélo entre
100 et 120 mm de débattement sera l’idéal
sur les pistes caillouteuses des Bouches-duRhône. N’oubliez pas qu’il faut compter une
centaine de kilomètres pour faire le tour de
la montagne.
Avec qui ? Pour vous accompagner, faites
appel à Pierre-Yves Marc, www.alternativebike.fr ou au 06 50 82 21 70. Le moniteur possède une large palette de parcours en fonction des niveaux. Il propose également des
stages en plein hiver.
A ne pas oublier La réglementation liée à la protection du site (zone
d’accès réglementé) et au respect des règles incendies. Il n’est pas
possible de rouler sur la Sainte-Victoire durant les mois d’été en raison des risques d’incendie.
Où manger ? Aix regorge de bonnes tables, mais vous pouvez par
exemple filer au café Le Verdun à deux pas du palais de Justice,
la carte y est sympa. 04 42 27 03 24.
Où dormir ? A l’Epicerie, chambre d’hôtes en plein centre-ville et au
cadre bucolique, au 12, rue du Cancel. Dépaysement garanti.
Contact : www.unechambreenville.eu ou 06 08 85 38 68. Notre
deuxième nuit s’est déroulée dans la quiétude du relais de Saint-Ser
à Puyloubier. Un hôtel authentique et sympa avec une bonne table :
www.relaisdesaintser.com ou 04 42 66 37 26.
Se détendre ? Passez faire un tour à la maison de la Sainte-Victoire
pour découvrir les attraits de cette région. Saint-Antonin-sur-Bayon,
04 42 66 84 40.
Pour les amateurs des bonnes choses de la vie, on vous conseille de
filer boire une bière au Brigand, en plein centre-ville (04 42 12 46 81).
Si vous avez le temps, réservez une soirée aux Racines du Vin, à Aixles-Milles (www.oenoconcept.fr). Vous pourrez y déguster 70 vins différents.