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decouvrir Par frederic machabert - photos frank paul Aix-en-Provence - Tour de la Sainte-Victoire Réserve naturelle de plaisir ! Surplombant la bonne ville d’Aix-en-Provence, la Sainte-Victoire grouille de sentiers et regorge de mille plaisirs sur deux roues. Nous avons suivi l’itinéraire qui borde la montagne de Cézanne. En route. 36 37 Tour de la U n passage en dehors du temps. Un délicieux retour bien des années en arrière. Le centre d’Aix-en-Provence commence à peine à s’agiter. Et nous traversons la ville sans un bruit. Avec encore en tête (et dans l’estomac) les rencontres de la veille. Notre première étape a débuté dans une épicerie de l’après-guerre. A l’extérieur, une façade d’immeuble presque anodine. A l’intérieur, comme la douce impression de vivre dans un monde sans horloge. Sans prise sur le temps qui passe. Cette chambre d’hôtes en plein cœur de la ville respire la douceur de vivre. Et les plaisirs de la vie. De la table, aussi. Elle incite à laisser son esprit vagabonder. Dans le jardin, un vélo rouillé coule une retraite paisible. Notre périple peut attendre On se tire la bourre à la fin de la première journée ! La fin approche, et l’apéro aussi ! Malin, on trouve des arrêts pour les navettes qui partent du centre de la ville. un peu. Le temps de profiter encore de cet endroit. Avec la ferme intention d’y revenir un jour. Juste un peu plus longtemps. Pour vraiment apprécier. Aix n’a rien d’une ville comme les autres. Marseille et son agitation ne sont pourtant qu’à quelques kilomètres, mais la ville semble vivre sur un autre rythme. Pierre-Yves, notre guide, installé dans cette « réserve naturelle de belles filles », explique qu’il ne faudra pas longtemps pour aborder les premiers sentiers. Et à peine dix minutes après avoir dépassé certains 38 Le plateau de RoquesHautes. Bientôt, on attaque les choses sérieuses. Sainte-Victoire repères nocturnes de Brigand (nom d’un bar à Aix), les premiers sentiers apparaissent sous nos roues. Aix, ou la ville aux portes des plaisirs vététistes. Et pour un début, autant être bien chaud et avoir les yeux bien ouverts. Géométrie variable… Un petit sentier escarpé et bien technique débute aux portes de la ville pour nous acheminer sur le plateau de la Sainte-Victoire. Son petit nom ? « On est sur Des pilotes perdus dans la pampa aixoise, ou l’impression d’être au bout du monde. Escrachtopeou et bien malin celui qui arrivera en haut sur le vélo », explique Pierre-Yves. Pas de doute, vu le nom on est bien au cœur de la Provence. Et le bonhomme n’a pas tort. Personne ne parviendra à se hisser en vélo sur le sommet de cette mise en bouche. Si certains imaginent le Sud entièrement pavé de caillasses dures comme un colonel et de sentiers arides, la première partie de notre périple leur donnera raison. Dès les premières heures, nous longeons cette imposante montagne, repère des parapentistes Le tour de la Sainte-Victoire, c’est du vrai VTT aux portes d’Aix ! par beau temps (les locaux, en toute bonne foi, expliqueront qu’il ne pleut jamais). Et finalement, le vélo d’enduro avec la tige de selle télescopique n’apparaît pas comme une hérésie. Certes, cela n’empêchera pas de s’en coller une ou deux bonnes comme de vrais sangliers parisiens ! On privilégie le confort sur des descentes où, certes, aucun passage n’est insurmontable, mais le plaisir est partout. Autant dans les sentiers empruntés que dans la beauté des lieux. Et finalement, à rouler toute la journée sans trop se poser de questions, on oublierait presque les plaisirs de la chair que l’on a connus la veille. Dans une région parfois dévastée par les promoteurs immobiliers, on 39 Des singles à perte de vue... Bienvenue à Aix-en-Provence ! 40 41 Le petit groupe attaque une longue ascension. On serre les dents pendant quelques minutes avant de dévaler à nouveau ! Tour Pierre-Yves mène le groupe sur les hauteurs des Bouches-du-Rhône... découvre certains lieux vierges de toute construction à cinq minutes en bagnole de la ville. Roques-Hautes cache une esplanade avec vue directe sur l’imposante Sainte-Victoire. Et hormis quelques touristes pédalant et des marcheurs, la quiétude des lieux se savoure sans modération. Une bonne centaine de mètres plus loin, on fait beaucoup moins les malins… Direction le refuge de Cézanne 42 pour la pause déjeuner en plein soleil. Mais avant, ça grimpe ! Certes, la montée est large et roulante, mais un brin de condition physique est quand même conseillé. Michel, notre quinquagénaire fringant, dicte l’allure dans la bosse, mais à la Sudiste, quoi ! Cool… Il faut avouer que nous débarquions dans les Bouches-du-Rhône un peu dans l’inconnu. On connaissait le point de départ, pas vrai- de la Sainte-Victoire ... pendant que le brave Michel tente de réparer son pneu ! ment la date d’arrivée ni le nombre de kilomètres au programme. Pierre-Yves rassure : « On peut adapter le tour de la Sainte-Victoire en fonction des niveaux. On peut aller de 80 kilomètres à plus d’une centaine de bornes. Avec des pilotes bien entraînés, on peut faire ça en une journée, en partant tôt le matin. » Nous choisirons l’option deux jours, plus sûre pour nos physiques de champions ! La quiétude des lieux se savoure sans modération ! «Le Nooooord» Nous surplombons une vallée. Notre guide nous apprend que des vestiges préhistoriques y ont été retrouvés, mais aussi - et plus important - : « Vous apercevez la maison en contrebas? C’est ici qu’a été tournée la scène de Bienvenue chez les Ch’tis, quand Kad Merad rend visite à Michel Galabru. » Un studio de cinéma à ciel ouvert, ils sont trop forts dans le Sud ! Le Sud justement, où les locaux ont le don de (légèrement) exagérer. Avant de boucler notre pre- 43 Sainte-Victoire pratique mière journée, nous traversons un pré humide. La remarque de Michel ne tarde pas : « Oh, les gars, on s’est mis minables ! » Jura provençal… 44 Le lendemain, au petit matin, on repart pour une étape d’une soixantaine de bornes. Et quelle n’est pas notre surprise de découvrir des sentiers aux antipodes de ceux de la veille. Des forêts denses et vertes, des petits chalets... on se croirait presque sur les pistes de la Forestière ! Et il faut avouer qu’une telle variété de terrains est plutôt inhabituelle. Et carrément appréciable ! La partie la plus technique est derrière nous, on emprunte même parfois des chemins larges, mais les difficultés physiques ont aussi laissé leur place à de vrais sentiers ludiques, et plutôt typés enduro, en plus ! Alors, que demande le peuple ? Mais forcément, à force de prendre des sentiers à profil descendant, il faut bien s’attendre à une belle ascension. Et avant de retrouver les toits aixois, on affronte la dernière grosse difficulté. Là, bizarrement, on se verrait bien rouler sur un semi-rigide de 8 kilos... Histoire de s’offrir un dernier plaisir, on longe le barrage de Bimond et de Zola, aux eaux vertes caractéristiques. Pour prolonger un peu, on se permet de traverser la ville sur des sentiers. Aix, ou la ville à la campagne. Aix, ou le bastion d’une pratique sans limite sur des chemins qui laisseront des souvenirs impérissables. Aix, réservoir de plaisir. Et finalement, ce tour de la Sainte-Victoire nous est apparu comme une douce récompense pour des vététistes en quête de plaisirs de la vie. Pour de simples passionnés. On aura passé deux jours à en prendre plein la vue. Des paysages de dingue. Des sentiers passant de la caillasse aux étendues forestières. Et finalement, tout sera passé bien trop vite. l Où ? Aix-en-Provence, cité de peintres célèbres, comme Cézanne, est située à 28 km de Marseille, 182 km de Nice (1 h 50 en voiture), 299 km de Lyon (2 h 50) et 761 km de Paris (7 h). Comment ? La gare TGV est à 15 mn du centre. En train, Lyon est à 1h30, Paris à 3 h. L’aéroport de Marignane n’est qu’à 28 km du centre-ville (www.marseille.aeroport.fr) Avec quoi ? Au choix ! Lors de notre randonnée, on retrouvait tous les styles de vélo, et chacun s’est fait plaisir ! Mais un vélo entre 100 et 120 mm de débattement sera l’idéal sur les pistes caillouteuses des Bouches-duRhône. N’oubliez pas qu’il faut compter une centaine de kilomètres pour faire le tour de la montagne. Avec qui ? Pour vous accompagner, faites appel à Pierre-Yves Marc, www.alternativebike.fr ou au 06 50 82 21 70. Le moniteur possède une large palette de parcours en fonction des niveaux. Il propose également des stages en plein hiver. A ne pas oublier La réglementation liée à la protection du site (zone d’accès réglementé) et au respect des règles incendies. Il n’est pas possible de rouler sur la Sainte-Victoire durant les mois d’été en raison des risques d’incendie. Où manger ? Aix regorge de bonnes tables, mais vous pouvez par exemple filer au café Le Verdun à deux pas du palais de Justice, la carte y est sympa. 04 42 27 03 24. Où dormir ? A l’Epicerie, chambre d’hôtes en plein centre-ville et au cadre bucolique, au 12, rue du Cancel. Dépaysement garanti. Contact : www.unechambreenville.eu ou 06 08 85 38 68. Notre deuxième nuit s’est déroulée dans la quiétude du relais de Saint-Ser à Puyloubier. Un hôtel authentique et sympa avec une bonne table : www.relaisdesaintser.com ou 04 42 66 37 26. Se détendre ? Passez faire un tour à la maison de la Sainte-Victoire pour découvrir les attraits de cette région. Saint-Antonin-sur-Bayon, 04 42 66 84 40. Pour les amateurs des bonnes choses de la vie, on vous conseille de filer boire une bière au Brigand, en plein centre-ville (04 42 12 46 81). Si vous avez le temps, réservez une soirée aux Racines du Vin, à Aixles-Milles (www.oenoconcept.fr). Vous pourrez y déguster 70 vins différents.