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Dossier pédagogique Désamorcer la radicalisation religieuse par l’éducation et la formation. Proposition de formations et de supports pédagogiques à des fins préventives à l’adresse des directeurs, enseignants, médiateurs et équipes mobiles Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour le Ministère de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance. Le mot du directeur Bienvenue à ces deux journées de travail en commun. Nous espérons pouvoir offrir les éclairages nécessaires à vos attentes. C’est par des exposés très pratiques, des débats et des échanges continus que nous aspirons à relever ce défi commun. De l’utilité d’une formation à l’islam et à la prévention pour le corps éducatif De nos jours, la formation revêt une place centrale dans les priorités d’accompagnement des enseignants et de leurs questionnements à vif. Ces derniers, qui sont au plus près des publics sensibles aux questions du radicalisme, attendent des réponses adéquates et des grilles de compréhension des réalités de l’islam européen. La formation des accompagnateurs de première ligne des jeunes générations apparaît donc comme cruciale, surtout au regard des attitudes et des risques des discours extrêmes en circulation. Deux journées de conférences et de séminaires réflexifs sur l’islam et sur la prévention à la radicalisation pourront ainsi contribuer à répondre de façon pertinente aux plus grandes questions posées. L’expérience de ces deux journées se veut un espace de formation bref et rigoureux interagissant aussi bien avec la sociologie de l’islam, l’histoire des religions et des radicalismes, l’islamologie que les questions liées à la géopolitique globale. emridNetwork european muslim research on Islamic development Les défis que pose la présence musulmane en Belgique sont importants et touchent de nombreux pôles de la société qu’il est désormais urgent de mener avec les enseignants : une palette de réflexions qui touchent aussi bien aux pratiques religieuses qui interrogent les limites de la neutralité dans l’espace public, jusqu’aux expressions plus radicales du religieux nécessitent un pas de côté utile. L’enseignement public possédant en son sein une population de confession musulmane importante, souffre notamment d’une carence de pistes concrètes et constructives pour avancer sereinement dans l’avenir et ceci passe par des offres de grilles de compréhensions pratiques. Le décodage des réalités et des discours musulmans fait défaut, autant que les apports pragmatiques permettant de dépasser les climats de méfiances réciproques et les controverses stériles. Les analyses et pistes menées au travers de formations-débats réflexifs sont entendues ici comme un service à la société. Au travers de deux journées de formations-débats réflexifs nous comptons aborder des thématiques différentes qui nous semblent centrales et qui répondent à des interpellations significatives. Une foire aux questions ainsi que divers support seront également proposés à l’issue de chaque rencontre, ainsi que sur site emridnetwork.org dans la rubrique dédiée à l’enseignement Bonne expérience à tous, Farid El Asri Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 3 Radicalisation : quelques généralités Radicalisation : quelques généralités S’il est un phénomène constamment évoqué, mais dont les ressorts sont souvent méconnus, c’est bien la radicalisation. En effet, l’engouement médiatique et politique récent autour de l’ « engagement radical » est hors de proportion avec l’intérêt que ce dernier a suscité dans les sciences sociales, et notamment dans la sociologie des mouvements sociaux à ses débuts. Isabelle Sommier, une des pionnières dans l’analyse de la radicalisation en sciences politiques, la définit de la façon suivante : « A partir d’une posture de rupture vis-à-vis de la société d’appartenance, l’engagement radical accepte au moins en théorie le recours à des formes non conventionnelles d’action politique éventuellement illégales voire non violente ». L’engagement radical renvoie, pour la politologue Isabelle Sommier, à l’usage de la violence mais ne s’y épuise pas : ainsi, l’individu « radicalisé » ne passe pas directement à la violence, même s’il est disposé à le faire. Dans nos sociétés contemporaines, l’engagement radical- et la violence qui en est parfois la conséquence constituent un tabou, une déviance. Parce qu’elles se sont édifiées sur la maîtrise des pulsions violentes1 , la radicalisation est largement réprouvée, voire diabolisée. Aussi, comment expliquer qu’un individu opte pour ce type d’engagement et puisse envisager le recours à l’action violente, alors même que ce dernier constitue dans les sociétés où il se déploie un interdit moral et même légal ? Et inversement, comment se peut-il qu’un individu se désengage et se « déradicalise » après avoir consenti à prendre des risques aussi élevés ? I. La quête sans fin des origines de l’engagement violent L’approche psychologique Les premières recherches sur la radicalisation ont d’abord cherché à élucider les causes du phénomène. Très tôt, c’est la perspective psychologique, voire psychiatrique qui a prévalu : selon cette approche, le passage à la violence ou, du moins, l’acceptation théorique de celle-ci, est à imputer à une instabilité psychologique qui serait elle-même le résultat d’une trajectoire biographique « chaotique ». Dans les années 1970, une étude conduite par le psychiatre Lorenz Böllinger sur la Fraction Armée Rouge (A) évoque les prédispositions à l’agressivité et à la violence des militants du mouvement du 2 juin inscrites dans une enfance et des parcours « accidentés ». Après Böllinger, les analyses psychologiques de la radicalisation se multiplient pour rendre compte, cette fois, de la violence des groupes d’extrême-gauche, puis basques et irlandais. Toutefois, ces analyses psychologiques de la radicalisation ont fait l’objet de vives critiques, car les profils psychologiques des « radicaux » sont souvent plus hétérogènes et plus variés que Böllinger et ses épigones ne l’ont prétendu. De plus, les résultats desdites enquêtes reposent sur des présupposés qui n’ont pas été démontrés scientifiquement. Par exemple, si trouble mental il y avait, dans quelle mesure ne serait-il pas plus la résultante d’une incarcération longue que d’une enfance difficile ? 1. C’est la thèse développée par Norbert Elias: le processus de civilisation s’accompagne d’une maîtrise de la violence dans la sphère publique (et de son refoulement dans la sphère privée). emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 5 Radicalisation : quelques généralités La Fraction Armée Rouge (A) La Fraction Armée Rouge, également connue sous le nom de « bande à Baader » (du nom d’un de ses fondateurs) est un groupe d’extrême-gauche communiste qui entra, à partir des années 1970, dans la clandestinité et la lutte armée dirigée contre les institutions de la République Fédérale Allemande, l’armée américaine et le patronat. Dans un contexte d’apogée de la société de la consommation (Trente Glorieuses), de guerre contre le Vietnam et d’interdiction du parti communiste en RFA, la Fraction Armée Rouge croit à « l’exemplarité d’une action qui révélerait le caractère fasciste de l’Etat en le poussant à l’extrême ». Contrairement à une idée très répandue, les membres de la FAR n’étaient pas des « outsiders » : à la fin des années 1960, les fondateurs – Ulrike Meinhof, Holger Meins, Horst Mahler- étaient respectivement journaliste, réalisateur et avocat. L’approche par les déterminismes socio-économiques Face aux limites de l’approche psychologique, l’engagement radical a été appréhendé suivant d’autres grilles de lecture, notamment la grille « matérialiste ». Selon celle-ci, la radicalisation doit être lue comme une exacerbation de la frustration (deprivation) ressentie par les acteurs sociaux, dont l’amélioration des conditions socio-économiques figure parmi les principales motivations à s’engager dans la violence. Ainsi, la marginalisation économique des Tamouls au Sri Lanka, mais aussi celle des catholiques en Ulster, a pu motiver leur passage à la violence. Toutefois, l’explication de la radicalisation par les conditions socio-économiques butte sur une double réalité : d’une part, la relation entre frustration économique, agressivité et violence n’est pas mécanique (tous les « pauvres » n’ont pas recours à la violence pour faire valoir leurs revendications) ; d’autre part, ceux qui se livrent à la lutte armée ne sont pas nécessairement issus des franges paupérisées de la société – loin s’en faut. Aussi, le modèle matérialiste a été affiné en incluant la notion de frustration relative (relative deprivation) : c’est le fossé entre les attentes d’un groupe et la réalité sociale qui provoque chez ce dernier un sentiment d’indignation au principe de l’engagement violent, telle est l’idée avancée par Tedd Gurr dans son ouvrage Why Men Rebel (1970). De nombreux travaux en sociologie sont venus confirmer la logique de frustration relative : Christine Fair observe ainsi que les combattants islamistes au Pakistan ont un niveau d’éducation bien supérieur à la moyenne nationale2 . Confrontés à une réalité économique difficile – chômage, népotisme etc.-, ces diplômés, souligne-t-elle, sont de surcroît encouragés à s’investir dans la cause djihadiste par leur famille qui voit dans la lutte armée un moyen de convertir un investissement coûteux (l’éducation) et d’économiser une bouche à nourrir. 2. Christine Fair, Fighting to the End. The Pakistan Army’s Way of War, Oxford University Press, 2014. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 6 Radicalisation : quelques généralités Les approches stratégiques Mais ce modèle de la radicalisation, bien que révisé, ne fait pas toujours l’unanimité. Dans les sciences politiques, on lui préfère volontiers celui du choix rationnel : selon cette conception, les individus « choisissent » de devenir violents après examen des coûts et des avantages qu’ils pourraient en tirer ; après avoir essayé et envisagé toutes les options possibles (négociations, etc.) ; et, enfin, pour marquer les esprits par le biais d’une action spectaculaire. Cette approche est confortée par les rétributions matérielles et symboliques promises ou acquises dans l’engagement radical. En effet, l’entrée dans la violence a pu constituer pour certains une promotion sociale ou un enrichissement personnel. Dans son ouvrage intitulé Une saison de machettes, Jean Hatzfeld montre ainsi que, derrière le vernis identitaire du génocide rwandais, la violence était également motivée par l’appât du gain et la perspective d’agrandir sa propriété par le vol. La propagande de Daesh (B) table également sur l’image d’un eldorado économique (à travers des photos de vacances, des clichés heureux de vie de famille etc.). B. Daesh (acronyme de « Dawla al-Islamiya fi Irak wa ash-Shâm » : Etat islamique en Irak et au Levant) est né suite à l’invasion américaine en Irak en 2003, lorsqu’une poignée de vétérans de la guerre d’Afghanistan décident de mettre sur pied une franchise locale d’al-Qaïda. Daesh prend cependant ses distances vis-à-vis de l’organisation-mère : ils donnent la priorité à l’ennemi proche plutôt qu’à l’ennemi lointain que peuvent représenter les Etats-Unis. Tirant parti du sentiment d’injustice et de frustration latent au sein de la population sunnite irakienne qui a été marginalisée après la refonte du système politique, Daesh se livre à des exactions contre les chiites, mais vise également son propre camp qu’il purge des traîtres supposés. La répression à son égard l’oblige à s’extraire dans les confins du désert irakien. C’est la crise syrienne qui permettra à l’organisation de revenir sur le devant de la scène. La radicalisation, un processus lent et continu Mais, à l’instar des modèles précédents, le modèle stratégique pêche également par son caractère généralisant qui fait fi de l’individu et de son intériorité. En effet, le passage à la violence ne se décide pas toujours consciemment et en toute connaissance de causes. Bien souvent, il n’est pas « planifié ». Plus généralement, la quête des origines du phénomène radical a conduit les analystes à énoncer des lois souvent contredites par la réalité. C’est la raison pour laquelle on a progressivement privilégié les trajectoires, les processus de radicalisation à la recherche des facteurs et des causes3. 3. Horgan, J., ‘From Profiles to Pathways and Roots to Routes: Perspectives from Psychology on Radicalization into Terrorism,’ ANNALS, American Association of Political and Social Sciences, 618, July 2008. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 7 Radicalisation : quelques généralités L’approche par les déterminismes socio-économiques Dans cette perspective, la radicalisation se fait par degrés, par paliers successifs- et ces changements échappent le plus souvent aux individus eux-mêmes. De façon similaire à l’addiction et à la consommation de stupéfiants, le processus de radicalisation une fois enclenché est difficilement réversible : plus on avance dans le processus, plus le « retour en arrière » requiert des efforts sur soi plus intenses, et donc plus la perspective de désescalade est perçue comme compromise. Aussi, l’étude de la radicalisation se sert aujourd’hui volontiers des biographies et des « récits de vie ». Selon I. Sommier, l’attention doit être portée sur trois temps : le temps social, le temps biographique et le temps de l’organisation « radicale ». En effet, le sens de l’affiliation à un groupe radical est différent selon que ce dernier a fait ou non son apparition sur la scène publique. Ainsi, intégrer les Brigades Rouges après l’assassinat d’Aldo Moro revient ipso facto à légitimer la mise à mort comme moyen de pression sur l’Etat. Autre intérêt des récits de vie : ils montrent que les « radicaux » ne se perçoivent jamais comme des « terroristes », terme qu’ils récusent et auquel ils préfèrent celui de « résistants » ou de « guérilleros ». Or, le terrorisme et la guérilla se distinguent pourtant par leur modus operandi : la guérilla cible les infrastructures (gendarmerie, armée etc.) et les cadres politico-administratifs en recourant à des tactiques diverses (embuscades, sabotages, enlèvement) tandis que le terrorisme pratique l’attentat dit aveugle ou indiscriminé. De fait, ils n’ont seulement en commun que le caractère asymétrique du conflit qui les oppose aux Etats et, partant de ce rapport de force qui leur est défavorable, terroristes et guérilleros évitent le face-à-face avec les forces de l’ordre. L’enjeu de la lutte n’est pas militaire, mais bien psychologique, puisqu’il s’agit d’influencer des opinions publiques tenues délibérément en haleine par la forte théâtralisation de l’action radicale. Les médias sont donc au cœur du dispositif des radicalisés puisqu’ils leur permettent d’interagir avec la société et de s’assurer une emprise sur les esprits en rendant la menace omniprésente et toujours susceptible de se concrétiser. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 8 Radicalisation : quelques généralités La chaîne qatarie al-Jazeera diffuse un message d’Oussama Ben Laden le 26 Décembre 2001. Crédits thesundaytimes.co.uk. La radicalisation : tendances historiques Dans la polémologie (l’étude des conflits), on distingue généralement trois périodes de l’action radicale : 1) La première période court du XIXème siècle à la Première Guerre Mondiale : un siècle marqué par le développement du capitalisme industriel avec son lot de laissés-pour-compte et d’inégalités sociales. Les attentats anarchistes tiennent alors le haut du pavé (1881 : assassinat du tsar Alexandre II en Russie ; 1884 : assassinat de Sadi Carnot en France). 2) La deuxième période s’étale des années 1930 à la fin de la Guerre Froide : elle se caractérise par la montée en puissance de mouvements radicaux d’orientation indépendantiste et nationaliste. Ainsi, en Europe Centrale, le mouvement des oustaschis (« insurgés ») croates, nationaliste, fasciste et antisémite, est fondé en janvier 1929 par Anté Palévic et commence une série d’attentats contre la monarchie yougoslave. Ils administreront jusqu’en 1945 le nouvel Etat croate avec l’aide des troupes hitlériennes. Au Moyen-Orient, le mouvement sioniste radical « Irgoun » (« organisation » en hébreu) se dissocie de l’ « Haganah » (« défense ») en 1931 et se livre à une extrême violence à l’égard des arabes de la Palestine mandataire. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 9 Radicalisation : quelques généralités 3)Après la Guerre Froide, le radicalisme se coule dans un langage identitaire et religieux : ce changement exprime une profonde ethnicisation des rapports sociaux et une confessionnalisation des relations internationales. L’attentat de la secte Aum, dans le métro de Tokyo en 1995, en est un exemple. Sortie de rôle et « déradicalisation » Enfin, si l’entrée dans l’engagement radical suscite bien des questions et des modèles pour y répondre, la sortie de ce processus peut tout autant étonner. Pourtant, ce qu’on a appelé ces dernières années la « déradicalisation » n’est pas seulement le fait d’individus qui prennent conscience de façon autonome de la nécessité de quitter le milieu radical : elle est également motivée et encouragée dans le cadre de programmes dits de « déradicalisation » qui visent à minimiser les risques de récidives et de réengagement. Ces programmes s’articulent principalement sur deux niveaux : 1/ la « remobilisation sociale » : consiste à intégrer socialement les individus, notamment par le travail et les activités de bienfaisances (associatives, humanitaires). En somme, la remobilisation substitue l’utopie radicale par une « nouvelle cause ». 2/ la « démobilisation culturelle » : consiste à déconditionner les individus qui se sont endurcis au contact de la violence et de la brutalisation. Toutefois, ces programmes s’avèrent d’une relative efficacité parce que, comme le souligne Sommier, l’engagement radical exerce, contrairement à d’autres formes d’engagement, des effets biographiques plus importants sur l’individu au point de rendre sa sortie plus difficile. Autrement dit, l’engagement radical est à l’origine de nouvelles ruptures biographiques : il rend vulnérable l’individu en accentuant sa dépendance matérielle et affective vis-à-vis du groupe. Le rôle des sociabilités au sein du groupe radical est ici central : le groupe offre un support émotionnel et affectif, et promet une « renaissance » de l’individu à l’écart des espaces qui l’ont initialement socialisé. Cet effet de groupe a pour conséquence de réduire la « dissonance cognitive » (C) et de maintenir l’individu dans le milieu radical, quand bien même les idéaux du groupe sont indiscutablement démentis par la réalité. C. Radicalisation, utopie et dissonance cognitive La dissonance cognitive est une notion bien connue de la psychologie sociale : elle désigne l’écart entre nos croyances et le réel – ou, pour reprendre des termes freudiens, le conflit entre le principe de désir et le principe de réalité. En 1956, Léon Festinger et ses collègues publient When Prophecy Fails: A Social and Psychological Study of a Modern Group. Cet ouvrage soulève un paradoxe majeur sur le comportement des individus. En effet, Léon Festinguer observe que le démenti d’une croyance ne suffit pas toujours à l’invalider. Il prend pour exemple les membres d’une secte dont le credo reposait sur l’imminence de la fin du monde. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 10 Radicalisation : quelques généralités Bien évidemment, ces derniers sont désarçonnés quand l’utopie est infirmée par les faits. Toutefois, ils persistent à croire en la véracité de ce que la secte affirme, et pour causes : d’une part, il s’avère que ses membres avaient tout sacrifié (quitté leur famille, leur travail, vendu tous leurs biens) dans l’optique d’une fin du monde. Il leur est à présent presque impossible de faire « machine arrière » tant les sacrifices consentis ont été élevés. D’autre part, la secte favorise l’isolement cognitif en condamnant (voire en excluant) les membres qui tisseraient des réseaux de sociabilité autres que la secte ellemême. Elle crée les conditions propices à l’absence de dissonance, puisque ses membres ne sont pas confrontés à des avis et des opinions divergentes des leurs. Conclusion : la répression est-elle un remède efficace ? La répression, ou du moins, l’isolement social du groupe radical, a-t-elle un effet démobilisant ? En d’autres termes, permet-elle de refaire émerger la dissonance cognitive que les sectes/groupes radicaux s’évertuent à éteindre et à supprimer ? Cette question complexe appelle une réponse nuancée. Ainsi, la répression – concrètement, la torture, l’incarcération, voire l’élimination physique- n’exerce pas dans l’absolu d’effet sur la radicalisation. Elle peut, dans certains cas, avoir un effet inhibiteur, mais elle peut s’avérer, dans d’autres, avoir un rôle moteur et mobilisant. Lorsqu’elle est ciblée et vise les organisations, ses effets sont en général démobilisants ; à l’inverse, lorsque la répression est indiscriminée et vise indistinctement radicaux/ non radicaux, elle peut générer un choc moral incitant ceux qui ne se seraient pas engagés à le faire. CoPour aller plus loin Articles, ouvrages • « La Corse, l’adieu aux armes » http://www.monde-diplomatique.fr/2014/10/POGGIOLI/50847 • « La Fraction Armée Rouge : retour sur une génération » http://blog.mondediplo.net/2009-03-25-La-Fraction-Armee-Rouge-retour-sur-une-generation • Isabelle Sommier, La violence révolutionnaire, Presses de Sciences Po, 2008. Films, documentaires • « Ils étaient les Brigades Rouges » 1969-1978, Editions Arte 2011. • « Une jeunesse allemande », de Jean-gabriel Périot, à venir, 2015. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 11 L’islam rebelle, des origines à nos jours. Quelques repères historiques et conceptuels. L’islam rebelle, des origines à nos jours. Quelques repères historiques et conceptuels. Depuis les attentats du 11 Septembre 2001 à New York, les vitrines et les rayons de librairies regorgent d’ouvrages sur l’« islam radical », l’ « islamisme », le « salafisme », le « djihadisme » etc. Bien qu’elles soient peu représentatives de l’islam, ces expressions politiques de la religion tiennent le haut du pavé par leur omniprésence médiatique, mais également par leur aptitude à polariser les débats politiques sur de nouveaux enjeux. Si cette politisation de l’islam est aujourd’hui incontournable, ses origines historiques sont, quant à elles, méconnues et font l’objet d’instrumentalisations diverses. En effet, certains estiment que l’islamisme est l’héritier d’une longue tradition de violence au sein de l’islam, tandis que d’autres y voient un « accident » dans le développement des sociétés dites musulmanes. Où et quand est né l’islamisme ? A quelles attentes sociales et politiques répond-t-il ? Sur quoi fonde-t-il son autorité religieuse ? N’est-il dans le fond que l’expression la plus authentique d’un islam qui serait une religion violente et conquérante par nature, ou bien est-il, au contraire, une trahison du message coranique ? Pour répondre à ces questions, il nous faut d’emblée sortir d’une vision téléologique de l’histoire, et de l’histoire de l’islam en particulier. Les guerres et les révoltes menées par le passé au nom de l’islam ne présagent, en effet, rien des évolutions actuelles et du devenir des mouvements politiques qui se réclament de l’islam. Toutefois, les hommes peuvent se référer à un âge d’or fantasmé pour mobiliser et galvaniser les foules autour d’un objectif commun : c’est ce que Jacques Berque appelait l’ « utopie rétroactive ». Nous dresserons ici les traits généraux de l’islamisme, idéologie politique qui prône l’avènement d’un Etat (islamique) dans lequel la religion engloberait tous les aspects de la vie sociale. Il s’agit bien d’un islam rebelle, non parce qu’il romprait avec les modèles interprétatifs traditionnels, mais parce qu’il s’inscrit en porte-à-faux visà-vis d’un processus de sécularisation amorcé au XIXème siècle et perçu comme un modèle sociétal imposé par l’Occident. L’islam, une réalité multiforme Avant d’entrer plus dans le détail de l’islamisme, il faut ici rappeler ce qui définit la religion musulmane dont il prétend s’inspirer. L’islam se définit par son corpus théologique et juridique : le Coran et la Sunna du prophète Mahomet, c’està-dire les dires et les traditions que l’on rapporte à son sujet. Pour autant, ce corpus ne suffit pas en tant que tel à définir un système juridique achevé. Aussi, des traditions interprétatives se sont constituées et systématisées autour de quatre écoles dans le monde sunnite et de trois écoles chiites. Au XIXème siècle, des courants dits de réforme remettent en cause la tendance à l’imitation (: « taqlid ») qui prévaut au sein desdites écoles juridiques. Ils appellent à une relecture des textes fondamentaux de l’islam, libérée des scories et des rigidités qui dénatureraient le sens profond du message coranique. Prenant acte du retard (économique) qu’accusent les sociétés musulmanes vis-à-vis de l’Occident, les réformistes voient dans cet approfondissement de l’identité musulmane une solution au déclin de l’Empire ottoman. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 13 L’islam rebelle, des origines à nos jours. Quelques repères historiques et conceptuels. L’islam rebelle : deux moments fondateurs a. 1928 La crise économique, le réveil des nationalismes arabes et turc et, enfin, la défaite face aux puissances occidentales durant la Première Guerre Mondiale, achèvent l’Empire ottoman qui tombe en discrédit, puis est aboli en 1924. L’islam comme idéologie politique naît quelques années plus tard, en 1928 en Egypte, sous la plume de Hassan al-Banna, un instituteur égyptien originaire d’Ismaïlia, une petite ville située au nord-est du Caire sur les rives du canal de Suez. L’organisation politique qu’il fonde, la confrérie des Frères musulmans, se fixe deux objectifs : libérer le pays du joug britannique (symbolisé par le contrôle du canal de Suez) et établir un Etat « véritablement » islamique en Egypte. Progressivement, la confrérie tisse un réseau important d’organisations caritatives qui maillent le territoire. Autre auteur de référence dans le corpus islamiste initial : Abu Ala Maududi. Né dans le sous-continent indien, Maududi fonde en 1941 la Jama’at islami (« parti islamique »). Comme Hassan al-Banna, Maududi considère que l’islamisme est une troisième voie entre le capitalisme et le socialisme, mais introduit des concepts plus radicaux que son prédécesseur en caractérisant son époque de « société pré-islamique » (« djahiliya »), c’est-à-dire ignorant tout de l’islam. L’islamisme reste, jusque dans les années 1970, un courant relativement marginal, et ce pour plusieurs raisons : 1. Les idéologies nationalistes et de gauche sont à leur apogée et offrent un horizon politique et social aux pays issus de la décolonisation ; 2. L’organisation des Frères musulmans est interdite en 1948, puis dissoute en 1954. Sous Nasser, la répression de la confrérie s’accentue et contribue à produire chez les Frères musulmans un intense sentiment victimaire. Ainsi, en 1966, Sayyed Qutb, un des disciples de Hassan al-Banna, meurt exécuté en prison1. b. 1979 1979 signe la mort symbolique de la gauche au Moyen-Orient. Deux évènements contribuent à jeter ainsi le discrédit sur la lutte anti-impérialiste et la gauche. Tout d’abord, les accords de Camp David signés entre l’Egypte et Israël enterrent un des symboles de la lutte anti-impérialiste dans le monde arabe : la défense de la Palestine. Autre onde choc qui bouleverse les paradigmes politiques et fait indirectement la part belle à l’islamisme : l’Union soviétique envahit l’Afghanistan et renvoie l’image d’une puissance colonisatrice qui méprise tout autant le libre-arbitre des peuples que les puissances occidentales. 1. Dans Signes de piste et à l’Ombre du Coran, Sayyed Qutb lève l’interdit du recours à la violence au sein des Frères musulmans. Cette dernière contre un régime qualifié d’impie. Ce faisant, il fait abondamment référence à la notion de martyr qui, selon lui, n’est pas synonyme de mort, mais de changement de vie. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 14 L’islam rebelle, des origines à nos jours. Quelques repères historiques et conceptuels. Un rapport nouveau à l’altérité et à l’Occident se construit à ce moment charnière. Les islamistes reviennent sur le devant de la scène politique et certains, comme en Iran sous le chef de l’ayatollah Khomeyni, parviennent à concrétiser par les urnes leur rêve d’un Etat islamique. D’autres s’engagent vers la voie de la radicalisation violente, en Arabie Saoudite lors de la prise de la Grande Mosquée de la Mecque ; en Afghanistan où la lutte prend les allures d’une guerre sainte contre l’ennemi athée soviétique ; à l’occasion de la guerre au Liban, d’où surgit le Hezbollah (« parti de Dieu ») en tant que mouvement de résistance à Israël ; enfin, en Algérie, où l’annulation des élections législatives remportées par le FIS (« Front islamique du Salut) en décembre 1991 plonge le pays dans une guerre civile sanglante et longue de plusieurs années. Essoufflement de l’islamisme et réorientations stratégiques Les décennies 1980-1990 constituent un échec aux yeux des islamistes : les guérillas n’aboutissent pas aux résultats escomptés et le soutien de la population est relatif. Progressivement, l’utopie islamiste, s’accordent les politistes (Kepel, Roy), cesse d’être une option sociétale et politique crédible. Les islamistes se tournent, dès lors, vers d’autres types de stratégies. a. Des stratégies nationales Un nombre croissant de militants se normalisent d’un point de vue politique en acceptant les règles du pluralisme démocratique. Ce faisant, ils renoncent à une partie de leurs principes idéologiques, dont l’édification de l’Etat islamique et la violence comme mode d’accès au pouvoir.. Les exemples sont nombreux : au Maroc, l’actuel chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane, est membre du Parti de la Justice et du Développement ; en Turquie, le président, Recep Tayyip Erdogan, est Président de la République turque. Un exemple d’intégration au jeu politique national : le Hezbollah Né après l’invasion israélienne du Liban par Israël, le Hezbollah réunit des composantes de la société libanaise sur une base qui, dès les débuts (1982), n’est pas toujours confessionnelle : des anciens militants du mouvement chiite al Amal, peu religieux, et d’anciens membres de la gauche libanaise proche de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine). Le Hezbollah est un exemple typique de normalisation politique : usant tout d’abord de la violence comme moyen de pression (attentat contre l’ambassade américaine à Beyrouth, enlèvement d’occidentaux etc.), il se constitue également en structure politique et participe aujourd’hui à la vie politique libanaise. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 15 L’islam rebelle, des origines à nos jours. Quelques repères historiques et conceptuels. L’islam rebelle : deux moments fondateurs b. Désengagement et « réislamisation par-le-bas » D’autres militants islamistes ont converti leur engagement religieux en engagement politique. Puisque la « réislamisation par-le-haut » (par les institutions politiques) est infructueuse, il faut quitter le champ politique et s’investir sans relâche dans la prédication. Les Tablighs et les salafistes d’inspiration quiétistes sont représentatifs de cette stratégie de « réislamisation par-le-bas ». 1. Tabligh Association fondée en 1926 en Inde pour ramener à une pratique stricte de l’islam les musulmans jugés dévoyés, le Tabligh s’est internationalisé et est devenu une des principales organisations de prédication. Missionnaire et convertionniste, ce mouvement incite ses membres à aller à la rencontre des futurs fidèles en pratiquant le porte-à-porte ou la prédication de rue. Son contenu religieux simple le rend accessible au grand nombre. 2. Salafisme d’inspiration quiétiste Le Tabligh est, cependant, de plus en plus concurrencé par le salafisme qui, dans sa forme quiétiste, s’inspire très largement du wahhabisme, courant rigoriste fondé par Ibn Abd-el Wahhab qui s’allia à la tribu des Saoud pour conquérir une grande part de la péninsule (1924 : naissance de l’Etat saoudien). Le salafisme se caractérise son insistance sur l’unicité de Dieu (tawhid) ; il refuse tout procédé d’intercession et fustige à ce titre le soufisme et l’islam populaire ; ils (s’) interdisent le culte des saints et condamne tout un ensemble de pratiques sociales et culturelles (musique, poésie etc.). Il se veut très strict et puritain. c. Radicalisation et terrorisme Enfin, une troisième voie du « post-islamisme » a consisté, quant à elle, à promouvoir non pas l’édification d’un Etat islamique, mais une violence tournée vers les symboles de l’ennemi lointain que représentent les Etats-Unis et les puissances occidentales. Organisés, entre autres, autour de l’organisation « al-Qaïda » (« la base »), des vétérans de la guerre d’Afghanistan développent une idéologie s’appuyant, en partie, sur les enseignements de Sayyed Qutb (notamment, sur la dimension sacrificielle de la mort et l’impiété des gouverneurs) pour galvaniser des militants d’origines diverses (Ayman al-Zawahiri est égyptien, médecin de formation ; Ousama Ben Laden, saoudien, etc). emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 16 Chronologie de l’islam contemporain Chronologie de l’islam contemporain 1917 : Déclaration Balfour 1924 : Fin du Califat Ottoman. 1928 : Fondation de la confrérie des Frères musulmans par Hassan al-Banna 1932 : Création de l’Arabie Saoudite 1941 : Création de la Jama’at al-Islami 1944 : Création de la branche syrienne des FM 1945 : Création de la Ligue des Etats arabes 1948 : Création d’Israël 1953 : Création du Parti de la Libération islamique, branche FM en Palestine 1957 : Création du Parti de la Prédication en Iran (clandestin) 1962 : Création de la Conférence Islamique Mondiale à la Mecque 1966 : Exécution de Sayyed Qutb 1967 : Guerre des Six Jours 1969 : Création de l’Organisation de la Conférence Islamique 1971 : Premier choc pétrolier 1973 : Guerre du Yom Kippour 1979 : Révolution islamique (Iran) 1980-1988 : Guerre Iran-Irak 1987 : Fondation du Hamas sous dir. du cheykh Ahmed Yasin 1987-1988 : Première Intifada 1990 : Invasion du Koweït par l’Irak 1991 : Intervention internationale et défaite de l’Irak – embargo sur l’Irak 1991 : annulation des élections législatives en Algérie. Début de la guerre civile. 1993 : Accords d’Oslo 1994 : Attentats du GIA à Marrakech emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 18 Chronologie de l’islam contemporain 2000 : Relance de la colonisation en Cisjordanie et début de la deuxième Intifada 2001 : Attentat contre le World Trade Center/ Début de l’intervention internationale en Afghanistan 2002 : Attentats de Bali (Indonésie) 2003 : Début de la guerre d’Irak – création de la franchise irakienne d’al-Qaïda 2003 : Attentats à Casablanca 2004 : Attentats à Madrid 2005 : Attentats à Londres 2006 : Exécution de Saddam Hussein 2008 : Attentats à Bombay 2010 (octobre) : immolation de Mohamed Bouazizi en Tunisie Elargissement de la contestation en Algérie et au Yémen (décembre) 2011 : (janvier) Mobilisations en Egypte (avril) Attentats au Maroc (août) Intervention de la coalition en Lybie (octobre) Mort de Kadhafi 2012 : La Turquie ouvre ses frontières aux rebelles syriens (juin) Election de M. Morsi 2013 : (juillet) mouvement Tamarrod – destitution de Morsi (septembre) Résolution ONU sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie 2014 (été) : Opération « Bordures protectrices » d’israël sur la bande Gaza emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 19 Cartographie de l’islam contemporain Affaiblissement des Etats, diffusion du djihadisme, Monde Diplomatique, octobre 2013 emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 20 Cartographie de l’islam contemporain Irak-Syrie : la nouvelle carte d’une zone de guerre, Courrier International/NYTimes. Juin 2014 Accumulation de crises et de troupes étrangères, Atlas 2012 du Monde diplomatique, « Mondes émergents » emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 21 A propos d’emridNetwork Quel islam pour nos sociétés ? Au sein des contextes européens et belges notamment, le défi se veut particulièrement pertinent. Il en va de l’avenir du vivre-ensemble au sein de nos pays et des possibilités de dialogues sereins et tout aussi critiques et constructifs avec l’islam, les musulmans et tous les citoyens européens. A propos d’emridNetwork La structure associative emridNetwork est une plateforme européenne de rencontre et d’échange de savoirs et de savoir-faire sur l’islam. Elle se donne pour principale ambition de promouvoir la transmission, la circulation et le partage des savoirs théologiques en phase avec le contexte belge et européen. Le canal de la formation (sous diverses formes) nous semble une priorité qui s’inscrit comme une contribution urgente au champ de la connaissance religieuse islamique en Europe depuis Bruxelles. Nos principaux objectifs • Vitaliser un laboratoire de la connaissance sur les finalités et les sources de l’islam au cœur de l’Europe; • Mettre en exercice la diversité des rapports aux référentiels religieux par l’ouverture de débats critiques et exigeants, sans tomber dans l’anathémisation ni dans le consensuel mou. • Explorer sociologiquement et théologiquement les discours de Musulmans européens, • Engager des rencontres thématiques régulières sur les enjeux de l’islam en contexte belge et européen. • Susciter l’intérêt pour l’étude et la découverte de la tradition coranique et prophétique. emridNetwork european muslim research on Islamic development Réseau de recherche, de formation et d'étude sur l'islam européen. emridnetwork.org | facebook.com/emridnetwork | twitter.com/emridNetwork 22 « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde. » M. Gandhi