Torrents et al., P2T, 2012 - observation des pharmacodépendances
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Torrents et al., P2T, 2012 - observation des pharmacodépendances
Etude des consommations détournées de substances psychoactives par voies intraveineuse, nasale et inhalée, à partir de l’enquête OPPIDUM 2009 Romain Torrents1 , Elisabeth Frauger1,2, Christophe Moracchini1,3, Sandra Nordmann1,2, Vanessa Pauly3, Xavier Thirion3, Joëlle Micallef1,2 et le réseau des CEIP-Addictovigilance4 1 Centre d’Addictovigilance PACA Corse. Pharmacologie clinique, Hôpitaux de la Timone – Assistance Publique Hôpitaux de Marseille 2 CNRS – INT, Aix-Marseille Université 3 Centre d’Addictovigilance PACA Corse, centre associé. Laboratoire de santé publique, Faculté de Médecine, EA 3279, Aix-Marseille Université 4 Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance et d’Addictovigilance situés à Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Paris, Poitiers et Toulouse. INTRODUCTION : Certaines substances psychoactives peuvent être consommées par une autre voie d’administration que la voie orale. L’objectif de cette étude est d’évaluer quelles sont les substances psychoactives (SPA) qui sont consommées par voies intraveineuse (IV) et/ou nasale et/ou inhalée parmi les consommations de sujets sous Traitement de Substitution aux Opiacés (TSO) et/ou présentant un abus ou une dépendance. Le profil de ces usagers sera également évalué. METHODES : Le programme OPPIDUM (pour « Observation des Produits Psychotropes Illicites ou Détournés de leur Utilisation Médicamenteuse ») repose sur des enquêtes transversales annuelles, nationales depuis 1995, développées par le réseau des CEIPAddictovigilance. Ces enquêtes sont réalisées auprès de patients présentant un abus, une dépendance à des SPA ou sous TSO vus dans des centres spécialisés dans la prise en charge des addictions. Les données recueillies concernent principalement la situation sociodémographique du patient et les modalités de consommation des SPA consommées dans la semaine précédent leur inclusion. Cette étude va s’intéresser plus particulièrement aux différentes voies d’administration dans l’enquête OPPIDUM 2009. Pour chaque SPA une ou plusieurs voies sont renseignées (orale/sublinguale, nasale, inhalée, IV ou autre). Ensuite, à partir de ces données, il va être calculé une variable rapportée au profil du sujet (sujets usagers de SPA par voie orale exclusive, nasale, IV, inhalée, ou plusieurs voies hors orale). A noter : les données concernant les consommations de cannabis n’ont pas été retenues dans cette analyse. RESULTATS : 4254 sujets ont été inclus et ont décrit la consommation de 7669 SPA. Parmi elles, 6,5% ont été consommées par voie IV, 14,6% par voie nasale, et 4,2% par voie inhalée. Tableau 2 : Comparaison des caractéristiques des sujets selon leurs modes de consommations Tableau 1 : Répartition des voies d’administration pour les SPA ayant au moins eu un signalement d’usage par voie intraveineuse ,nasale, ou inhalée* Méthadone BHD Héroïne Cocaïne Diazépam Bromazépam Clonazépam Zopiclone Clorazépate Zolpidem Morphine Crack Flunitrazépam Ecstasy LSD Lorazépam Amphétamines Kétamine Speedball Nordazépam Méthylphénidate Oxycodone N IV nasale inhalée orale/sub. fiches N (%) N (%) N (%) N (%) 2310 1388 857 466 170 161 114 110 95 74 63 46 44 34 30 20 19 18 6 5 3 1 2 (0,1%) 105 (8%) 186 (22%) 126 (27%) 2 (1%) 0 3 (3%) 1 (0,9%) 1 (1%) 1 (1%) 39 (62%) 1 (2%) 0 1 (3%) 0 0 5 (26%) 2 (11%) 1 (17%) 0 2 (67%) 1 (100%) 0 141 (10%) 598 (70%) 326 (70%) 2 (1%) 1 (0,6%) 1 (0,9%) 0 0 1 (1%) 2 (3%) 1 (2%) 2 (5%) 3 (9%) 1(3%) 1(5%) 12 (63%) 15 (83%) 6 (100%) 1 (20%) 0 0 1 (0,04%) 6 (0,4%) 178 (21%) 84 (18%) 0 0 0 0 0 0 0 45 (98%) 0 0 0 0 1 (5%) 0 0 0 0 0 2308 (99,9%) 1268 (91%) 9 (1%) 4 (0,9%) 167 (98%) 161 (100%) 111 (98%) 110 (100%) 94 (99%) 73 (99%) 27 (43%) 0 43 (98%) 33 (98%) 29 (97%) 20 (100%) 5 (26%) 1 (6%) 0 5 (100%) 2(67%) 0 Usagers Usagers voie voie IV nasale seule seule N sujets = 4214 Usagers voie inhalée seule Usagers Usagers plusieurs voie voies orale seule p 261 701 153 218 2881 Age (m±et) 33,1 ± 8,2 31,7 ± 8,1 32,7 ± 8,4 30,9 ± 8 34,5 ± 8,7 <0,01 Sexe masculin 207 (79%) 529 (76%) 125 (82%) 172 (79%) 2184 (76%) 0,3 Niveau d’études primaire 20 (8%) 67 (10%) 22 (14%) 24 (11%) 243 (8%) 0,07 Vie en couple 77 (29%) 280 (39%) 52 (34%) 54 (25%) 1040 (36%) <0,01 Logement stable 185 (71%) 572 (82%) 125 (82%) 148 (68%) 2440 (85%) <0,01 Activité professionnelle 77 (29%) 291 (41%) 53 (35%) 65 (30%) 1228 (43%) <0,01 Ressources économiques : Grande précarité 38 (15%) Compensation sociale 127 (51%) Revenus réguliers 86 (34%) 49 (7%) 234 (34%) 403 (59%) 17 (11%) 59 (40%) 72 (49%) 34 (16%) 97 (45%) 82 (38%) 145 (5%) <0,01 1107 (39%) 1558 (55%) Dépendance alcoolique 65(25%) 131(19%) 30(20%) 52(24%) 519(18%) 0,025 >3 produits consommés 61(23%) 115(16%) 16(10%) 78(36%) 250(9%) <0,01 Sous TSO 235(90%) 446(64%) 116(76%) 133(61%) 2650(92%) <0,01 * Σ > 100%, plusieurs réponses étant possible. DISCUSSION-CONCLUSION : Cette étude permet de voir la part des voies d’administrations pour les produits illicites comme la voie nasale (70% de signalement pour l’héroïne ou la cocaïne) et la voie IV (26% pour amphétamines). Elle permet de mettre en évidence le détournement de la voie d’administration de certains médicaments, comme par exemple la kétamine (83% par voie nasale), la morphine (62% par voie IV), le méthylphénidate (n=2 injections sur 3) et plusieurs benzodiazépines. Cette étude montre également que les usagers de la voie IV sont plus précaires. La connaissance des SPA qui présentent les risques les plus élevés de détournement de la voie d’usage est utile en terme d’addictovigilance, mais aussi de santé publique (mieux cibler l’accompagnement et le soin).
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