Télécharger au format PDF

Transcription

Télécharger au format PDF
COMPRENDRE
ET
RÉSOUD
ENTRAÎNEURS/ENTRAÎNES
PAR LA PSYCHOSOCIOLOGIE
Quelles solutions
peut apporter une
approche
psychosociologique
aux problèmes
rencontrés par
entraînés et
entraîneurs dans
leurs relations ?
PAR A. NAJA
EP.S № 329 - J A N V I E R - F E V R I E R 2008
« Si l'on considère les contributions potentielles que la psychologie et la sociologie peuvent
apporter à l'entraîneur, cela reste
un mystère qu'elles aient été
négligées jusqu'ici, contrairement aux sciences biologiques »
(DDans une perspective systémique, le rapport entraîneurentraîné n'est qu'un élément
d'un écosystème qui englobe
l'équipe, le club et son environnement.
Pour ne citer que ces quelques
paramètres (2), la nature de la
relation entraîneur/entraîné varie
en fonction :
- du type de sport envisagé,
- de sa logique interne,
- des enjeux du moment,
- du contexte socioculturel dans
lequel il s'inscrit.
De ce tout difficilement dissocia-
ble, il est question de ne retenir
ici que l'aspect suscitant le plus
de débats : le pouvoir (3) de
l'entraîneur sur ses joueurs et
l'intrusion menaçante du psychologue, vécue par l'entraîneur
beaucoup plus comme une
« ingérence » que comme un soutien. Il est paradoxal de noter
qu'au moment même où personne ne nie l'importance du rôle
de la psychologie dans la réussite
sportive (4), rien n'est fait, ou
presque, pour inciter ou faciliter
son insertion pratique sur le terrain.
Comment peut-on expliquer cette
contradiction ?
Un bref historique relatif à la
place de cette science dans
l'évolution de la pratique sportive, est à même de nous aider à
mieux apprécier son rôle actuel
(encadré 1).
LES PARTICULARITÉS
DE LA RELATION
ENTRAÎNEURS/ENTRAÎNÉS
De par sa nature, la relation
entraîneur-entraîné a toujours été
quelque peu ambiguë. Mais avec
les changements profonds que
connaît le sport de haut niveau, la
relative entente d'autrefois de
règle dans les milieux sportifs a
de plus en plus tendance à
céder la place à un perpétuel climat de mésentente, voire même
de conflits.
Si l'équipe est un « tout dynamique, en mouvement et à faire »,
il n'est pas surprenant qu'elle
soit aussi un lieu de conflits. Leur
intensité varie en fonction d'une
multitude de paramètres. Selon
les contextes socioculturels, les
situations et l'importance des
enjeux, on a une sorte de grada-
25
Revue EP.S n°329 Janvier-Février 2008 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
1. Quelques repères historiques
Si la contribution du psychologue
constitue une réalité suffisamment
ancienne dans certains pays comme
les États-Unis, le Canada et les pays
de l'Europe de l'Est, elle est relativement récente en France.
• Selon Marc Lévèque (5). qui rejoint le
laboratoire de psychologie de PINSEP
en 1979, « cette structure novatrice
restait encore indécise sur son orientation, fondamentaliste ou appliquée ; le
statut épistémologique et les perspectives d'application des recherches initiées dans ce laboratoire restaient très
indéfinies. Cette unité, restreinte à
deux personnes n'avait pas encore
opté pour un objet scientifique bien
délimité ».
C'est dans ce sens que J. Salmela
notait que « la psychologie du sport en
France était dans une phase de reconstruction, essayant de secouer les
entraves des orientations antérieures
médicale et philosophique ; et tentait de
cheminer vers la recherche et vers une
approche clinique appliquée » (6).
Si des signes précurseurs étaient perceptibles dès 1975, notamment avec
les travaux de Raymond Thomas et
Edgar Thill et en particulier le test psychologique de ce dernier : le questionnaire de personnalité pour sportifs ; ce
mouvement a pris plus d'ampleur en
étroite liaison avec la profonde mutation que connut le sport dès le début
des années 1980.
tion allant de simples tensions en
passant par de petits accrochages
pour finir avec des conflits
ouverts. Cette gradation n'a rien
de linéaire bien entendu, elle
signifie tout simplement que, si
l'on considère les grandes tendances de l'évolution que connaît
2. La situation au Maroc
Au Maroc, quelques rares tentatives
ont eu lieu, mais elles ont vite avorté.
Juste après la débâcle de notre équipe
nationale de football au mondial de
1994. et la nomination d'une commission provisoire à la tête de la fédération
de football, une équipe d'enseignantschercheurs a été dépêchée au chevet
de l'équipe pour procéder à une évaluation scientifique et proposer des
solutions. Ce fut la première fois que
des responsables fédéraux, au plus
haut niveau, confiaient de façon officielle à des scientifiques, dont plusieurs psychologues du sport, une mission de cette importance.
Cette expérience a mis en exergue un
certain nombre de carences, dont voici
deux exemples.
1. « Quand la cohésion n'est pas bien
développée au sein de l'équipe, on ne
peut pas appliquer correctement les
systèmes de jeux ».
2. « On constate que la dimension psychologique prise en considération dans
26
• Ce nouvel âge du sport (Revue Esprit
1987), marqué par la marchandisation
et la médiatisation, a entraîné une
incroyable inflation des prestations
sportives aux rythmes difficilement
supportables sans le recours à la
médecine et de plus en plus à la psychologie du sport. On est donc passé
d'une situation où cette dernière était le
« parent pauvre » de la recherche en
science des sports, avec un statut
dévalorisé, de science marginale, à
une situation où la psychologie du
sport est de plus en plus sollicitée pour
répondre à une nouvelle exigence : la
quête effrénée de l'optimisation de la
performance que suscite l'intérêt croissant pour le sport de haut niveau. C'est
ainsi qu'au cours des vingt dernières
années, la psychologie a fini par
acquérir, non sans quelques difficultés
d'ailleurs, un statut plus légitime dans
les milieux sportifs.
• Toutefois, on ne peut pas en dire
autant pour ce qui est de la psychosociologie et plus particulièrement la
dynamique du groupe.
En effet, si l'étude scientifique des
groupes a connu une véritable vogue
aux États-Unis dès la fin de la
deuxième guerre mondiale, il a fallu
attendre la fin des années 1960 pour
que ce champ nouveau commence à
être prospecté en France. En dépit de
cette avancée des connaissances, les
travaux effectués sur l'équipe sportive,
ou plus généralement sur les groupes
sportifs apparaissent peu développés.
le sport actuellement, ce qui
frappe le plus c'est la gravité et la
fréquence des situations conflictuelles.
• Les entraîneurs, ces gardiens de
l'unité de la cohésion de l'équipe
comme préalable à l'efficacité
opérationnelle, sont de plus en
divers pays occidentaux pour optimiser
la performance, est pratiquement
inexistante chez nous » (7).
Un an plus tard au mois de juillet 1995,
à l'institut Moulay Rachid, une commission composée de 11 entraîneurs
nationaux de première division et des
enseignants-chercheurs (8) en matière
de sport, dont je faisais partie, fut mise
sur pied en vue d'élaborer un manuel
de référence dans le domaine de l'entraînement. Ainsi pour la première fois
des hommes de terrain allaient travailler en étroite collaboration pendant
toute une semaine avec des universitaires.
Ce fut un échange enrichissant, mais
hélas très vite étouffé dans l'œuf (9),
alors même que tout le monde était
convaincu que ce projet devait être le
premier jalon pour sensibiliser l'ensemble des techniciens, quel que soit leur
niveau, à cette idée simple mais primordiale, à savoir que « l'entraînement
physique et technique est inséparable
de la formation psychologique » (10).
plus appelés à jouer le rôle de
« régulateurs de tension ». Cependant, pris dans l'engrenage sans
fin de la « gagne à tout prix »
(11). ils n'ont ni le temps, ni la
formation requise pour jouer ce
rôle, et encore moins l'envie de
se justifier face au regard attentif
du psychologue. Dans un univers
de plus en plus stressant, leur
angoisse est telle qu'assez souvent, ils ne sont guère prédisposés à répondre aux attentes de
leurs joueurs, d'où les attitudes
d'autoritarisme et de distanciation, qui ne font que perturber
davantage le climat du groupe
(encadré 2).
• Les exigences d'une carrière
professionnelle de plus en plus
courte (12) font que les joueurs
sont eux aussi sur le qui-vive face
à:
- l'inflation des charges d'entraînement,
- la prolifération des stages et des
matchs hors foyer,
- la cadence des matchs (deux
par semaine),
- la fréquence des blessures,
- le nomadisme accéléré de club
en club,
- la cohabitation quasi permanente avec l'entraîneur.
Les joueurs se trouvent dans une
situation de fragilisation continue
(13). Par conséquent l'exacerbation des tensions compétitives
ne fait qu'aiguiser leur besoin de
sécurisation. Or ce besoin se
heurte le plus souvent à un mur
fait au mieux de prescriptions ou
de négligences, au pire de «diktat» ou d'indifférence.
Dans ce contexte, la « dyade »
entraîneurs-entraînés est vécue
de plus en plus comme un véritable duel. Ce qui confine parfois
les joueurs dans une attitude que
l'on peut qualifier « d'individualisme forcené ».
LES POSSIBILITÉS D'INTERVENTION DE LA PSYCHOSOCIOLOGIE
Plusieurs enquêteurs psychosociologues ont montré que la
source de conflit majeur entre les
joueurs et l'entraîneur trouve son
origine dans les problèmes de
composition d'équipe.
Certes ce problème n'est pas
nouveau, mais l'inflation vertigineuse des salaires, leur concentration sur quelques vedettes et
dans une poignée de clubs au
détriment du reste, et surtout la
fièvre des transferts depuis
l'entrée en vigueur de l'arrêt
Bosman le 15 décembre 1995,
déstabilisent les clubs les plus
anciens et les plus solides. Tous
ces éléments n'ont fait que compliquer la tâche de l'entraîneur
dans la sélection de l'équipe.
L'exemple le plus significatif à
cet égard c'est celui du joueur
français N. Anelka. La plus chère
recrue de l'histoire du football
espagnol (220 MF). Cet ancien
buteur de l'Arsenal s'est retrouvé
subitement remplaçant au Réal
de Madrid. Et à force de faire le
banc de touche, il a fini par
dénoncer le choix de jeu de son
entraîneur. Cette question de la
distribution des rôles et son
corollaire dramatique : l'éviction
de l'équipe, ont toujours envenimé le rapport entre l'entraîneur
et les joueurs (14). Or, il a été
démontré que dans de pareilles
situations d'opposition, il y a un
détachement et un désintérêt total
qui aboutissent à la « défaite » de
l'un des protagonistes ou à un
départ (15).
Pour éviter de tels dégâts, utiliser
les outils et les techniques mises
au point, depuis très longtemps.
POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL [email protected]
Revue EP.S n°329 Janvier-Février 2008 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
par la psychosociologie, semble
une solution (tableau ci-dessous).
Il n'est pas question de développer ici toutes les procédures
inventées par la dynamique des
groupes, mais plutôt d'en proposer quelques illustrations.
LES TECHNIQUES DE LA
DYNAMIQUE DES GROUPES
Le test sociométrique
Désormais bien connu dans les
milieux sportifs, le questionnaire
sociométrique a été effectué dès
1966 avec une équipe nationale
de cyclisme qui se préparait pour
les jeux Olympiques de Mexico.
Il révéla au sein de l'équipe
l'existence de deux leaders opposés. Pour préserver la cohésion
de l'équipe, le psychologue n'a
pas hésité à conseiller l'éviction
de l'un des deux leaders à la suite
d'une légère blessure. Ce qui a
permis à l'équipe de remporter
effectivement le titre de champion. Comme on le voit à travers
cet exemple, l'intérêt de ce test
c'est de mesurer de façon objective et chiffrée le statut sociométrique de chaque équipier.
Autrement dit sa cote de popularité ou son rejet, aussi bien sur le
plan technique qu'affectif.
Car, « la cohésion de l'équipe ne
procède pas seulement
de
l'intégration des forces techniques et physiques, elle dépend
aussi de l'équilibre des courants
affectifs qui rapprochent ou éloignent les joueurs » (16).
Les techniques de jeux de rôle
L'exemple évoqué ici, est
emprunté à Marc Lévèque qui,
sollicité par la fédération française de voile pour assurer le
suivi psychologique des équipes
olympiques, a participé pendant
huit ans, aux côtés des régatiers
et de leurs entraîneurs à leurs
plus importantes compétitions, y
compris les jeux Olympiques de
Séoul et de Barcelone.
Dans la pratique vélique, le nonrespect des règles de navigation
entraîne automatiquement des
réclamations plaidées ensuite
devant un jury d'experts qui sanctionne sévèrement l'équipage en
cause. S'étant aperçu de la qualité médiocre des prestations des
régatiers devant les jurys, le psychologue leur a proposé la technique des jeux de rôle : « chaque
régatier fut convié sur un cas fictif à jouer le rôle d'opposant, de
plaignant, de témoin, de jury
selon une mise en scène proche
de la réalité » (17). Cet exercice
d'autoévaluation dans le groupe
et par le biais du groupe a permis
aux régatiers de se libérer d'une
corvée qui avait des incidences
sur leur performance.
Le psychodrame
J.-L. Moreno, inventeur du psychodrame, le définissait comme
« la science qui cherche la vérité
à l'aide de méthodes dramatiques ». Cette méthode a pour
but de libérer le sujet de son rôle
habituel et des sentiments qui y
sont attachés. Pour y parvenir, on
propose à un groupe de personnes réunies dans un lieu prévu
à cet effet, de choisir un thème.
Une fois les rôles définis, on
laisse les membres du groupe
s'exprimer librement, spontanément. A l'issue de la rencontre,
chacun est invité à exprimer ses
sentiments et ses difficultés.
L'animateur peut intervenir, par
Niveaux de pratiques s p o r t i v e s et t y p e s d ' i n t e r v e n t i o n s p s y c h o s o c i o l o g i q u e s
le choix du rôle notamment, pour
faciliter l'ex-pression des conflits
latents. Outre sa fonction thérapeutique de libération, le psychodrame ou sociodrame peut
s'avérer être un outil précieux
pour observer les capacités
d'adaptation des joueurs.
Quand on voit la composition
cosmopolite des équipes sportives
actuelles,
avec
leur
mosaïque de nationalités, de couleurs, de langues et de cultures
différentes, on ne peut qu'être
frappé par l'ampleur de la tâche
de l'entraîneur pour faciliter
l'adaptation et l'intégration de
tout ce monde, et de transformer
un groupe éclaté, sans « esprit de
club » en un groupe plus homogène.
C'est ici que des techniques plus
appropriées s'avèrent indispensables : celles des séances de dynamique de groupe.
La dynamique de groupe
C'est l'aspect méthodologique ou
interventionniste de la dynamique du groupe. Il vise le changement ou la modification d'un
comportement ou d'une habitude.
Autrement dit le « déconditionnement » vis-à-vis des façons
d'être, d'agir ou de penser habituelles à des sujets et ce, par le
biais de discussions en petits
groupes ouvertes et conduites par
un animateur expérimenté.
Pour K. Lewin, fondateur de la
dynamique de groupes, le facteur
déterminant qui rendra possible
le changement sera toujours le
climat de groupe qui y règne.
Or le climat de groupe est toujours déterminé par le type d'autorité qui s'y exerce. Dans cette
optique, modifier les attitudes ou
produire un changement consiste
dans la plupart des cas à introduire un nouveau style d'autorité
ou une nouvelle conception du
pouvoir à l'intérieur du groupe à
E P S № 329 - J A N V I E R - F E V R I E R 2008
27
Revue EP.S n°329 Janvier-Février 2008 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
faire évoluer.
Quelles que soient les variantes
de cette méthode (18), l'essentiel
est que la discussion ouverte soit
provoquée au bon moment et en
présence de tous les intéressés.
Ce qui permet de faire passer les
renoncements pour des victoires
sur soi-même et pour le bien du
groupe. En effet l'une des principales sources de la résistance au
changement, c'est selon Lewin
« la crainte de s'écarter des normes du groupe ». C'est pourquoi,
dit-il, « il est plus facile de modifier les habitudes d'un groupe
que celles d'un individu pris isolément » (19).
En définitive, les quelques applications évoquées très rapidement
ici, ne sont qu'un avant-goût des
larges possibilités qui sont
offertes à l'entraîneur pour
mieux gérer son équipe.
D'une certaine manière, elles
nous interpellent aussi en vue de
voir sous un nouvel éclairage, la
nature de la relation entraîneurentraînés.
VERS
UNE
GESTION
HUMAINE D E L'ÉQUIPE
SPORTIVE (20)
Il n ' y a pas si longtemps,
l'équipe sportive était une sorte
de famille où évoluaient les
jeunes du même quartier. C'était
un lieu convivial et un espace de
socialisation. On y jouait pour le
plaisir et pour l'amour du club.
L'entraîneur dont le comportement variait, suivant les circonstances entre paternalisme et fraternalisme, y était plutôt admiré.
Le flair, l'intuition et les recettes
à caractère empirique suffisaient
à parer aux situations difficiles
(tableau p.27).
Aujourd'hui l'équipe sportive est
une grande entreprise commerciale, cotée en bourse, gérée par
des managers, qui, sous l'emprise
de la logique productiviste, n'hésitent pas à adopter un comportement autoritaire, voire machiavélique (21). Or des recherches
expérimentales en dynamique
28
des groupes ont montré clairement que ce type de conduite ne
génère qu'apathie et agressivité;
et que s'il peut donner parfois de
bons résultats surtout dans des
équipes « immatures ». ce qui est
de moins en moins le cas, il n'est
guère viable à long terme. C'est
dire que l'entraîneur moderne,
« authentique », se doit d'être
avant tout un animateur, un homme de dialogue. Une sorte de
chef d'orchestre convaincu des
vertus de la participation et de la
communication. De ce point de
vue, on ne peut que souscrire à
l'idée selon laquelle « l'autorité
de l'entraîneur doit être ressentie
comme utile et nécessaire à la
promotion individuelle et collective ».
Dans cette perspective, et pourvu
que l'on cesse de ne faire appel
au psychologue que dans les
moments de crise ou pour remplir une fonction d'alibi ou de
caution, la psychosociologie peut
contribuer largement à ce climat
de confiance, de liberté, de disponibilité, de responsabilité et
d'estime réciproque sans lequel
aucune efficacité opérationnelle
ne peut durer.
Il est certain que les entraîneurs
expérimentés peuvent devenir de
fins psychologues. Mais il est
tout aussi vrai que cela ne remplacera jamais le regard exercé et
la démarche spécifique du psychologue. Suffisamment impliqué pour s'imprégner du vécu
des acteurs et de la spécificité du
milieu sportif, il n'en garde pas
moins une certaine distance pour
échapper à la contamination de
l'environnement ambiant et ses
contraintes.
Cette observation-participation et
cette disponibilité-distanciation
font que le rôle du psychologue,
fait
d'écoute,
de soutien,
d'accompagnement et de régulation, est un rôle de catalyseur.
Son positionnement constitue
pour
l'entraîneur
désireux
d'approfondir sa connaissance
des joueurs, un précieux recours.
Essentiellement si une confiance
réciproque s'est installée.
préparation mentale de l'équipe nationale,
mais malheureusement il n'y avait pas eu
de suivi dans ce dossier », Abderrahim
Baria dans Le Maroc aujourd'hui.
n 660
du 10.06.2004.
c
Abdellatif Naja,
Directeur des études à l'IRFCJS,
Docteur en sociologie,
université Bordeaux II
Enseignant-chercheur
Institut national des sports
Moulay Rachid,
Rabat/Salé, Maroc.
Notes bibliographiques
(1) Singer R.N., Coaching, athletics and
psychology. Me Graw Hill Book Company
(1972) p . 5 , cité par J. Crevoisier in
Football et psychologie,
Chiron sports
1985. p.205.
(2) Missoum G., « Psychologie des
groupes sportifs » in « Les relations au sein
des APS », Sports et sciences n°5 1983,
p. 11 : « Tout groupe en tant que système se
définit selon plusieurs critères : la fonction, le degré d'organisation, le mode
d'interaction entre ses membres et les rôles
assumés par chacun d'entre eux ».
(3) Crevoisier J.. « La fonction
d'entraîneur donne un pouvoir de décision
qui influe sur la carrière du joueur ». in
Football et psychologie.
la dynamique
d'une équipe. Chiron sport, 1985, p.71.
(4) M. Hidalgo : « les problèmes les plus
importants à maîtriser sont d'ordre psychologique et humain » in Crevoisier J.,
op. cité, p.43.
(5) Lévèque M.. « Sport et psychologie.
L'apport du psychologue aux acteurs »,
Us cahiers de l'INSEP n°4, 1993. p. 11.
(6) Salmela J.. World Sport
Pychology
Source Book. 1983. cité par M. Lévèque in
Sport et psychologie, op.cité. p. 12.
(10) Chappuis R. et Thomas R.. L'équipe
sportive, PUF 1988. p. 107.
(11) Arsène Wenger, entraîneur d'Arsenal
disait à ce propos : « il y a une pression
immense sur les managers pour qu'ils
continuent à gagner des trophées quand
leur club en a pris l'habitude », in Le Matin
du 20.04.2000.
(12) Christian de Brie : « la durée de vie
professionnelle est passée de 10-12 ans à
5-6 ans en moins de deux décennies ». in
Le marché de la corruption, p.56.
(13) Le grand athlète marocain Hicham El
Gerrouj l'a reconnu publiquement tout
récemment lorsqu'il a mis prématurément
fin à sa carrière professionnelle en déclarant : « Je m'entraîne une fois par jour, j e
suis en forme, mais tous ces sacrifices que
j ' a i consentis pendant plus de 10 ans
m'effraient. Aurai-je le courage de supporter tout ce stress, toutes ces angoisses,
toutes les anxiétés qui accompagnent la
course ? ». in le journal L'opinion du 3
avril 2006.
(14) L'attaquant international italien
Roberto Baggio (inter de Milan) a déclaré
à la Gazzetta dello Sport : « le problème,
c'est que des entraîneurs placent leur système de jeu avant toute chose. Pour moi, il
vaut mieux disposer de 10 joueurs sans
organisation qui savent jouer au foot, plutôt que 10 joueurs organisés qui se contentent de courir ». cité par Libération du
27.04.2000.
(15) C'est le cas de Rivaldo, le brésilien du
Barça qui a toujours eu des disputes avec
son entraîneur Louis Van Gaal, parce que
ce dernier l'obligeait à jouer à l'aile
gauche, poste qu'il n'affectionnait pas du
tout.
(7) Rapport d'évaluation des résultats des
tests physiques réalisés par l'équipe nationale de football le 18.10.1994.
(16) Chappuis R., Thomas R.. op. cité,
p.63.
(8) Entraîneurs
Hmiddouch. Bihi
M'Barek. Chicha Larbi. Taoussi Rachid.
Rafali A h m e d . Louzani Abdelkhalek
(ancien sélectionneur de l'équipe nationale). Akesbi Hassan. Bousseta Abdallah.
Chlih Abderrazak.
Enseignants : Oubahamou Lahcen, Nabli
Hassan. Madami Mohamed. Zougagh
Abdelkader. El Ourtassi Abdelhafid,
Dadouchi Farid. Baria Abderrahim, Naja
Abdellatif.
(18) T-groupe. groupe de diagnostic ou
groupe de créativité.
(9) En 2000, une autre tentative a connu le
m ê m e sort, raconte le président de
l'association marocaine de psychologie du
sport créée la même année : « L'année dernière la fédération royale marocaine de
football m ' a contacté pour m'occuper de la
(17) Lévèque M., op. cité, p.37.
(19) Maisonneuve J., La dvnamique
groupes, PUF. 1980, p . 4 1 .
des
(20) Chappuis R.. Thomas R.. op. cité,
p.82.
(21) « Un modèle du genre est fourni par
un entraîneur polonais de volley-ball en
1975 qui s'est voulu suffisamment tyrannique pour engendrer chez les joueurs une
véritable haine qui. ne pouvant s'exprimer
sur sa personne, se concentrait sur
l'adversaire ». Chappuis R. et Thomas R.,
op. cité p.49.
POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL [email protected]
Revue EP.S n°329 Janvier-Février 2008 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé