L`exploitation de l`image ou de la représentation à caractère
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L`exploitation de l`image ou de la représentation à caractère
L’EXPLOITATION DE L’IMAGE OU DE LA REPRESENTATION A CARACTERE PORNOGRAPHIQUE D’UN MINEUR Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique. Le fait d’offrir, de rendre disponible ou de diffuser une telle image ou représentation, par quelque moyen que ce soit, de l’importer ou de l’exporter, de la faire importer ou de la faire exporter. Le fait de consulter habituellement un service de communication au public en ligne mettant à disposition une telle image ou représentation ou de détenir une telle image ou représentation par quelque moyen que ce soit. I - ELEMENT LEGAL L’article 227-23 alinéa 1 du C.P. prévoit et réprime le fait en vue de sa diffusion de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique. L’article 227-23 alinéa 2 du C.P. prévoit et réprime le fait d’offrir, de rendre disponible ou de diffuser une telle image ou représentation par quelque moyen que ce soit, de l’importer ou de l’exporter, de la faire importer ou exporter. L’article 227-23 alinéa 5 du C.P. prévoit et réprime le fait de consulter habituellement un service de communication au public en ligne mettant à disposition une telle image ou représentation. Version au 01/11/2010 © INFPN – Tous droits réservés Page 1 II - ELEMENT MATERIEL UNE IMAGE OU UNE REPRESENTATION PORNOGRAPHIQUE D’UN MINEUR A CARACTERE Une image ou une représentation Le but de cette incrimination est de lutter contre la pédophilie, celle-ci s’alimente aussi bien d’une image réelle que d’une représentation fictive. Dans l’esprit du législateur, le terme « image » correspond aux photographies ou films pris in vivo. Toutefois, ce terme peut également s’appliquer à un dessin ou à une sculpture. Pour renforcer cette idée, au terme « image » a été ajouté celui de « représentation ». L’image peut donc être non réelle représentant un mineur imaginaire (dessins, images résultant de la transformation d’une image réelle, photo montage, « morphing », etc.). « Le délit est constitué dès lors que le personnage mis en scène, réel, virtuel ou imaginaire, présente les traits d’un mineur ou sa représentation, dans une situation pornographique » (cass. crim., 12 septembre 2007). Cette image ou représentation peut se trouver sur tout support : négatif de photographie, pellicule de film, affiche, catalogue, clip vidéo, film de montage, etc.. Jurisprudence : . Infraction constituée pour un personnage de manga ayant les traits d’un jeune enfant représenté comme ayant des relations sexuelles avec des femmes adultes (Cass. crim., 12 septembre 2007). Le caractère pornographique de l’image ou de la représentation L’article 227-23 du C.P. n’incrimine que le caractère pornographique de l’image ou de la représentation du mineur. Sont donc visées les images ou représentations de mineurs illustrant des comportements en relation avec l’activité sexuelle. La simple nudité du mineur, en dehors de toute attitude particulière, seul ou avec d’autres personnes, n’entre pas dans le champ de l’incrimination. S’agissant d’œuvres artistiques, tels que tableaux ou gravures, il appartient au juge d’apprécier au cas par cas, et d’indiquer si ces œuvres relèvent de l’art ou de la pornographie. UNE EXPLOITATION DE L’IMAGE OU DE LA REPRESENTATION Fixer, enregistrer ou transmettre en vue de la diffusion L’article 227-23 alinéa 1 du C.P. punit la réalisation d’images ou de représentations pornographiques d’un mineur lorsqu’elles ont été faites en vue de leur diffusion. Les actions de fixer et enregistrer s’appliquent notamment aux activités liées à la photographie, au cinéma, à la vidéo, au dessin. La transmission peut se concevoir comme la livraison à un nombre déterminé de clients avec une publicité restreinte (exemple : transmettre des images à un diffuseur de presse qui en assurera une large distribution). Lorsque les mineurs sont utilisés pour de tels travaux en dehors de toute diffusion, d’autres qualifications peuvent être retenues (corruption de mineurs, atteintes sexuelles, etc.). Version au 01/11/2010 © INFPN – Tous droits réservés Page 2 Offrir, rendre disponible ou diffuser, importer, exporter, faire importer ou faire exporter Le second alinéa de l’article 227-23 du C.P. vise à réprimer la diffusion de l’image pornographique d’un mineur que l’auteur n’a pas lui-même fabriquée. La notion de diffusion doit être entendue au sens large. Elle comprend la vente, la mise en vente, l’offre, la location, le prêt, l’affichage et le transport du moment que le mis en cause avait connaissance de la nature des choses qu’il transportait. Elle suppose plusieurs destinataires, et cela quel que soit l’habillage qui lui a été donné. A contrario, une lettre adressée à une seule personne, qui aurait le caractère d’une correspondance personnelle, ne peut être qualifiée de diffusion. Les supports utilisés sont divers (photos, revues, magazines, cassettes vidéo, etc.). Pour être incriminée la diffusion ne doit pas nécessairement recouvrir un caractère public (exemple : l’affichage de scènes pornographiques dans un salon privé est incriminable). L’offre s’entend au sens de la mise à disposition d’autrui, même à titre gratuit mais de façon consciente, d’une image ou d’une représentation pornographique d’un mineur. Cela permet d’incriminer des faits sans que les caractéristiques liées à la diffusion soient exigées. L’offre n’implique pas nécessairement une pluralité de destinataires. Le fait de rendre disponible une image ou une représentation pornographique d’un mineur, correspond à la situation d’une personne qui laisse des fichiers pédophiles sur son ordinateur accessibles par Internet, sans pour autant les diffuser lui-même à autrui. L’importation et l’exportation de tels documents sont incriminés spécifiquement et ce, même lorsqu’ils ne font que transiter sur le territoire national pour être ensuite réexpédiés dans des pays tiers. Consulter de façon habituelle un site pornographique réalisé avec des mineurs L’article 227-23 alinéa 5 incrimine le fait pour une personne de consulter de façon habituelle un service de communication en ligne mettant à disposition des images ou représentations pornographiques de mineurs. L’application de ce texte devrait être restreinte car dans la majorité des cas la consultation se fait sur un ordinateur personnel dans un lieu privé. Or, une enquête ne peut être ouverte que sur un soupçon d’infraction dont on voit mal quelle pourrait être la source. De plus, la Cour de cassation estime que relève de la provocation interdite le fait de créer un site pornographique pour identifier ceux qui s’y connectent (Cass. crim., 11 mai 2006 et Cass. crim., 07 février 2007). Détention d’images ou de représentations pornographiques avec des mineurs L’article 227-23 alinéa 5 incrimine également le fait de détenir du matériel pornographique réalisé avec des mineurs. L’infraction est caractérisée par la seule présence au domicile ou sur le matériel utilisé par l’agent d’images ou représentations pornographiques avec des mineurs dès lors qu’il ne peut établir qu’il en ignorait l’existence. Jurisprudence : . Infraction retenue à l’encontre d’une personne qui détenait ce genre de documents dans son système informatique, alors qu’il soutenait sans le prouver qu’ils avaient été introduits par un réparateur (C.A. Douai, 02 mai 2007). Le délit existe également dès que l’on peut prouver que de tels fichiers ont été détenus même s’ils ont été détruits ultérieurement, le repentir étant sans influence (C.A. Douai, 01 mars 2006). L'infraction est aussi constituée lorsque l'on est en présence d'images pornographiques d'une personne dont l'aspect physique est celui d'un mineur, sauf s'il est établi que cette personne était âgée de 18 ans au moment de la fixation ou de l'enregistrement de son image. Version au 01/11/2010 © INFPN – Tous droits réservés Page 3 III - ELEMENT MORAL CONSCIENCE DE L’AUTEUR QUE L’IMAGE OU LA REPRESENTATION EST CONTRAIRE AUX BONNES MOEURS Le délit d’exploitation de l’image ou de la représentation pornographique d’un mineur est une infraction intentionnelle. L’élément moral est établi directement à l’égard de tous ceux qui sont informés de la nature contraire aux bonnes mœurs des images fabriquées et diffusées. Le mobile qui a animé l’auteur importe peu (sadisme, prétendue vocation artistique, etc.). La connaissance par le prévenu de la minorité du sujet représenté est présumée. IV - CIRCONSTANCES AGGRAVANTES Article 227-23 alinéa 3 du code pénal Lorsqu’il a été utilisé, pour la diffusion de l’image ou de la représentation du mineur à destination d’un public non déterminé, un réseau de communications électroniques. Article 227-23 alinéa 5 du code pénal Lorsque la fabrication en vue de la diffusion, la diffusion, la consultation ou la détention prévues au même article ont été commises en bande organisée. V - REPRESSION LES PEINES ENCOURUES Personnes physiques QUALIFICATION CLASSIFICATION FABRICATION SIMPLE CIRCONSTANCES AGGRAVANTES 227-23 al.1 du C.P. DIFFUSION SIMPLE 227-23 al.5 du C.P. DELIT FABRICATION, DIFFUSION (2° DEGRE) CONSULTATION OU DETENTION AGGRAVEE PEINES PRINCIPALES PEINES COMPLEMENTAIRES - 5 ans d’emprisonnement - 75 000 € d’amende 227-23 al.2 du C.P. CONSULTATION OU DETENTION SIMPLE DIFFUSION AGGRAVEE (1° DEGRE) ARTICLE - 2 ans d’emprisonnement - 30 000 € d’amende 227-23 al.3 du C.P. Circonstance prévue au présent alinéa - 7 ans d’emprisonnement - 100 000 € d’amende 227-23 al.6 du C.P. Circonstance prévue au présent alinéa - 10 ans d’emprisonnement - 500 000 € d’amende Articles 227-29 et 227-31 du C.P. Nota : . L’article 227-28 du C.P. dispose que lorsque le présent délit est commis par voie de presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables. . L’article 227-27-1 du C.P. dispose que lorsque l’infraction est commise à l’étranger par un français ou par une personne résidant habituellement sur le territoire national, la loi française s’applique même en l’absence de plainte de la victime ou de dénonciation officielle du pays où l’infraction a été commise. Version au 01/11/2010 © INFPN – Tous droits réservés Page 4 Personnes morales L’article 227-28-1 prévoit la responsabilité des personnes morales. TENTATIVE : OUI L’article 227-23 alinéa 4 du C.P. prévoit la tentative punissable pour les infractions de fabrication en vue de la diffusion et la diffusion d’images ou de représentations d’un mineur à caractère pornographique. COMPLICITE : OUI La complicité est applicable en la matière conformément aux dispositions de l’article 121-7 du C.P.. Elle suppose un des faits constitutifs de complicité prévus par la loi, à savoir : aide et assistance, provocation ou instructions données. IMMUNITE FAMILIALE : NON EXEMPTION ET REDUCTION DE PEINE : OUI Version au 01/11/2010 © INFPN – Tous droits réservés Page 5