LE VEL D`HIV -- 70 ANS DEJA

Transcription

LE VEL D`HIV -- 70 ANS DEJA
LE VEL D’HIV ‐‐ 70 ANS DEJA Merci à vous qui avez fait le choix d’être là aujourd’hui, pour honorer la mémoire de 6 millions de juifs victimes de la Shoah, 70 ans après la rafle du Vel’ d’Hiv et le premier convoi vers Auschwitz au départ de Drancy. Merci aux témoins disparus qui furent présents hier et à ceux qui demain prendront la relève pour que la mémoire et l’humanité demeurent des notions de base. Hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites. Hommage à ces Justes qui, au péril de leur vie sauvèrent tant de juifs, et avec eux l’Humanité toute entière. Nous devons impérativement rappeler le décret du président François Mitterrand du 3 février 1993, et deux ans plus tard, 16 juillet 1995, celui du président Jacques Chirac reconnaissant dans un discours historique que la folie criminelle avait été secondée par l’Etat Français, et que » la France, ce jour là, accomplissait l’irréparable. » Nous devons également nous réjouir à la constatation que tout l’échiquier politique de notre pays se soit associé à ces magnifiques prises de position. Il est cependant très difficile d’évoquer ces moments qui blessent notre mémoire tout comme il est pénible de se faire à l’idée que notre beau pays de France, pays des droits de l’homme et du citoyen, pays des lumières, ait pu contribuer à de tels actes ! Comment expliquer à nos enfants l’inexplicable ? Nous ne saurons jamais trouver les mots appropriés pour décrire l'horreur, pour dire le malheur de celles et ceux qui ont vécu cette abjecte tragédie. Celles et ceux qui ont disparu nous interpellent et nous imposent de ne point les oublier ! Celles et ceux qui restent, rescapés ou enfants cachés, sont à jamais hantés par le souvenir de ces années abominables et indescriptibles. Comment évoquer ces heures noires qui souillent à jamais notre histoire ? Comment oublier qu’en ces pénibles instants la France, sous gouvernement de vichy, commettait l’irréparable et, manquant à sa dignité, livrait ses protégés au piège du bourreau. Ce vécu est une injure à notre passé, à nos traditions et à nos valeurs. Doit‐on le revivre sous d’autres formes sans nous en inquiéter, sans nous révolter ? Oui, il y a exactement soixante dix ans, le 16 juillet 1942, 4500 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, français eux aussi, répondaient aux exigences des nazis et à la folie criminelle de l'occupant, qui lui, n’exigeait pas autant de zèle ! Ce jour‐là, dans la capitale et en région parisienne, 13 152 juifs, majoritairement des femmes et des enfants sont arrêtés comme de vulgaires criminels bien que n’ayant commis le moindre délit. Leur seule faute : être nés juifs ! Qu’ils soient religieux ou laïcs pratiquants ou ne connaissant même pas l’intérieur d’une Synagogue, croyants en D…. ou simplement en l’Homme et en ses vertus. « Zakhor, souviens toi ! » que les nazis ont voulu exterminer un judaïsme florissant, et que ni la culture, ni la science, ni la laïcité, ni l’Europe n’ont été des remparts contre le mal absolu. 25 adultes seulement, reviendront des camps de la mort. Aucun des 4 115 enfants ne survivra à la folie du «vent printanier.» Le monde et le judaïsme ont perdu plus de 6 millions d’âmes, dans l’horreur des chambres à gaz, des fours crématoires, des exécutions sommaires, et ce, sans sépulture ni prière, victimes de tortionnaires qui n’avaient d’humain qu’un physique sans âme. Pourra‐t‐on oublier ces scènes atroces de familles déchirées, de mères séparées de leurs enfants, de personnes valides ou invalides, de vieillards ‐ dont certains, anciens combattants de la grande guerre, avaient versé leur sang pour la France ‐ tous jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la préfecture de police ? Pour toutes ces victimes, conduites au vélodrome d’hiver, commence alors l’horreur, le long et douloureux voyage vers l'enfer : plusieurs jours d’attente dans des conditions inhumaines avant de rejoindre les camps de transit de Drancy, Pithiviers ou Beaune‐la‐Rolande, camps ouverts sur initiative des autorités de vichy. D'autres rafles, d'autres arrestations suivront tant à paris qu’en province. Soixante‐quatorze trains partiront vers Auschwitz. 76.000 déportés juifs de France n'en reviendront jamais. C’était donc le juif, quelque soit sa citoyenneté, quelque soit son statut, que la barbarie nazie voulait retrancher à jamais de l’humanité. Soixante dix ans après, fidèle à sa loi qui impose le souvenir et sa transmission, sans esprit de haine ni de vengeance, pour que soient honorés les six millions de martyrs de la shoah, pour que de telles atrocités ne se reproduisent jamais plus, pour que le sang de l'holocauste devienne, selon le mot de Samuel Pisar, le "sang de l'espoir", la communauté juive se souvient, et toute la France s’associe à elle. A toutes ces malheureuses victimes vers qui convergent nos pensées, nous devons associer toutes celles et ceux grâce à qui de nombreuses vies furent épargnées. Dans cette horrible tourmente, certains policiers et gendarmes, fermeront les yeux et permettront quelques rares évasions. Les aides imaginées et fournies revêtiront divers visages et nous le répétons volontiers : L’un hébergeait, l’autre fournissait des faux papiers, celui‐ci aidait à rejoindre un lieu sur, cet homme de foi délivrait un certificat de baptême, ce dernier allait même jusqu’à l’adoption ! Tout un village, LE CHAMBON SUR LIGNON se mobilisa pour cette noble cause et la citation décorative qui lui fut décernée n’est nullement usurpée. Dans notre belle France, celle qui refusait la bannière nazie, celle qui n’acceptait nullement la collaboration et la compromission, certaines personnes, au péril de leur vie et de celle de leur famille, ont dit non au massacre d’innocents. Elles se sont comportées en sauveurs, sans calcul, avec courage et abnégation, avec pour seul objectif : sauver un maximum de victimes potentielles Toute l’humanité leur en est reconnaissante. Ils sont les JUSTES PARMI LES NATIONS. Cette dénomination trouve son origine dans le talmud, et sert à désigner toute personne non juive ayant manifesté une attitude, une relation positive voire amicale, envers des juifs. Ils sont reconnus officiellement par l’état d’Israël et dignement honorés dans le cadre du mémorial de Yad Vashem crée à cet effet. Cette médaille des justes est la plus haute distinction décernée à titre civil par les autorités Israéliennes. Elie wiesel, prix Nobel de la paix, dit que tout survivant de la shoah, tout juste parmi les nations, devrait écrire ou raconter son histoire. Simone Weil écrit : « en honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l’idéologie nazie, la médaille des justes contribue à rétablir l’histoire dans sa vérité » Un dictionnaire des justes de France existe, il recense environ 3500 noms, notre département en comptant 43. Par leur action et leur courage plus de 200.000 vies Juives, vouées à l’anéantissement ont été sauvées. Vaillants et intrépides citoyens, la main toujours tendue, ces héros conscients et résolus ont toujours œuvré en sauveteurs et ignoré volontairement que, pour le bourreau, l’aide au juif constituait un délit majeur. Il ya 70 ans, la lâcheté a permis l’innommable. Il semble hélas que la leçon de l’histoire n’ait pas été retenue et que se renouvellent certains faits, de manière différente certes, sans qu’aucune réaction ne se manifeste. La tuerie de Toulouse, et tout dernièrement l’attentat de Bulgarie, prouve qu’il existe des zones de non pensée, de non partage, des refus de regarder l’histoire en face et d’en tirer tous les enseignements pour améliorer le vivre ensemble et avancer en paix vers l’avenir. C’est une nouvelle figure de la haine antisémite qui s’est érigée en juge vengeur et qui a pourchassé des petits enfants juifs à l’intérieur d’une école pour les exécuter d’une balle dans la tête. C’est toujours la même haine de l’Humanité qui se cache derrière la haine du juif, quelle que soit l’idéologie meurtrière que celle‐ci adopte pour passer à l’acte. Sentinelles de l’Histoire, le sort des Juifs doit alerter les consciences et inspirer les décisionnaires pour que la haine, quelle qu’elle soit, soit prévenue, endiguée, désamorcée et condamnée sous toutes ses formes, sous tous ses marques, pour que ne soit point bafouée et mise en échec notre devise républicaine de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Le devoir, le travail de mémoire, impose une vigilance de tous les instants et se conçoit ainsi : »CHAMOR VE ZAKHOR Enseignes, prévois, protèges et transmets,» pour empêcher tout horrible renouvellement, dis et répètes inlassablement ce qui a été vécu pour que les générations se souviennent. Exemples de Justice, porteurs des plus hautes valeurs humaines incarnées au quotidien, la mémoire des Justes parmi les nations perpétue l’idée que courage, générosité et altruisme sont plus que des idéaux, ils sont des actes concrets. Les justes ont sauvé d’une mort certaine les deux tiers des juifs de France, pourcentage unique dans les pays occupés qui ont enregistré jusqu’à 95% de disparition de leur population juive périe en fumée. Ces actes totalement gratuits, prouvent qu’il est possible de s’opposer aux forces du mal et d’apporter efficacement aide et remède à toutes ces dérives actuelles. La communauté juive de France est inquiète et bouleversée dans ce climat où se multiplient les actes de haine gratuite et de violence. Le négationnisme, le racisme la xénophobie, l’antisionisme nouvel habit de l’antisémitisme reviennent et s’installent insidieusement. Peu de personnes s’inquiètent de ces agissements odieux, de ces violences, de ces agressions, de ces meurtres, de ces ignobles profanations qui se perpétuent et constituent notre quotidien. En réponse aux synagogues qui brûlaient hier, nous appelons aujourd’hui à la préservation et au respect des lieux de cultes et d’enseignement. Est‐il acceptable qu’un plan « vigie‐pirate » soit maintenu et renforcé devant Synagogues Ecoles et institutions Juives ? Doit‐on admettre que le port de la Kippa puisse correspondre à l’étoile jaune de sinistre mémoire. Méfions‐nous, le bête immonde est aux aguets, prête à bondir ! Où sont donc les défenseurs des libertés et des droits de l’homme ? A quand des manifestations condamnant ces exterminations annoncées sans honte? N’a‐t‐on pas lu et entendu cette monstrueuse annonce « ISRAEL DOIT ETRE RAYE DE LA CARTE DU MONDE ? Faut‐il attendre de sombrer à nouveau dans les affres de la diabolisation ? La France, nous le savons tous, n'est nullement un pays antisémite. Ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c'est tout simplement défendre une idée de l'homme, de sa liberté, de sa dignité. UN SEUL FAIT S’AVERERAI PIRE QU’AUCHWITZ : OUBLIER QUE CE CAUCHEMAR A REELLEMENT EXISTE Cet incessant combat pour la paix sera nôtre si nous le désirons intensément. En cet instant de recueillement et de souvenir, nous voulons faire le choix de l'espoir, car ensemble, nous pouvons donner un coup d'arrêt à toute entreprise qui détruit nos valeurs et qui, de proche en proche risque de menacer l'Europe et le monde. « Les justes, dont les actions constituent des exemples exceptionnels de courage, de générosité et d’humanité sont des phares pour les prochaines générations, justifiant ainsi la devise extraite du talmud et figurant sur la médaille qui leur est délivrée : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier » En hommage à toutes ces victimes de la barbarie, en hommage à tous ces justes, pour le repos de leurs âmes, nous réciterons un kaddish 

Documents pareils