La soutane symbole de l`Église triomphante, Jean Lamblot, 2005

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La soutane symbole de l`Église triomphante, Jean Lamblot, 2005
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La soutane symbole de l’Église triomphante, Jean Lamblot, 2005
1 - POURQUOI LA SOUTANE ?
La soutane est un vêtement étrange à plus d’un titre : portée par des hommes, elle est ce long tube noir
à manches descendant jusqu’aux talons mais fendu du haut en bas selon une ouverture étroitement
refermée par une série de boutons. En général, agrémentée d’un col étroit et d’une ceinture, elle fait
partie de la catégorie des vêtements ouverts que les hommes, en général, ne portent plus depuis le
Moyen Âge1. Elle est un uniforme et donc désigne une catégorie bien spécifique de personnages, les
clercs qui la portaient depuis leur entrée dans les institutions de formation, jusqu’à leur mort.
Anachronique, puisqu’elle a ses racines historiques dans l’empire romain2, mal commode puisqu’elle
gène considérablement les activités courantes, nous pouvons nous demander pourquoi la soutane s’est
imposée aux clercs jusqu’au concile Vatican II qui conduit ces derniers à s’en débarrasser prestement ?
Elle n’obéit pas, au moins dans un premier regard, à une logique religieuse.
En opposition à la soutane, les vêtements liturgiques, avec leur chatoiement de couleurs qui toutes
expriment une dimension spécifique de la vie religieuse, avec leurs formes évocatrices de solennités ou
adaptées à un désir de glorification, correspondent à une visée pointant sans cesse dans la direction
sacrée d’un au-delà festif néanmoins nimbé de respect. Il n’est plus rien ici de la sobriété, de la pauvreté
remarquable, de la forme rigoureuse de la soutane pas plus d’ailleurs que de sa couleur noire jadis
réservée, selon l'ordonnancement de la liturgie, aux funérailles.
Les linéaments historiques de la soutane, pour autant qu’on puisse les suivre, nous ramènent, ainsi que
nous aurons l’occasion de le voir, à des figures profanes de la vie civile. Ceux-ci plongent à l'origine de
l'Église dans l'empire romain.
Rien des expressions du contenu de la foi chrétienne, comme de ses fondements, ne vient laisser
entendre la possibilité de l’usage d’un vêtement comme la soutane. S’il est des règles morales exprimées
dans le christianisme concernant la manière de se vêtir, aucune n’implique directement ou indirectement
une forme tubulaire et une couleur noire. Si, par exemple, les textes fondateurs préconisent la pudeur
dans la tenue, selon d’ailleurs des normes purement contingentes, à l’image des recommandations de
saint Paul sur la tenue des femmes dans les assemblées3, aucune n’implique une forme spécifique de
tenue vestimentaire générale pour les responsables et les dirigeants de l’Église naissante. De telles
recommandations n’apparaissent que tardivement dans une Église très institutionnalisée.
La symbolique religieuse, en elle-même, n’explique donc pas la soutane. Si la soutane est un vêtement
religieux, c’est uniquement parce que des religieux la porte et non l’inverse4. C’est pourquoi son
apparition dans l’histoire de l’Église peut très bien être considérée comme purement contingente, liée à
l’histoire et à des volontés particulières de s’exprimer.
S’il ne s’agit pas d’un vêtement obéissant à une symbolique religieuse, il faut rechercher les raisons de
son usage dans d’autres dimensions anthropologiques, qu’elles soient comme pour tout vêtement
fonctionnelles, sociologiques ou psychologiques. Posant la question ainsi, nous analysons la soutane
purement et simplement à la manière d’un vêtement. Nous considérerons qu’elle se comprend à la
lumière des règles qui régissent l’interprétation de l’usage des formes et des couleurs spécifiques des
tissus travaillés par l’homme pour s’en couvrir le corps. C’est pourquoi, avant d’entrer dans une analyse
que nous pourrions qualifier d’historico-critique de la soutane, il nous faut poser les règles qui nous
semblent adéquates pour faire une analyse des raisons de son usage.
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Nous écarterons tout de suite les raisons fonctionnelles non parce qu’elles n’existent pas mais parce
qu’elle ne sont pas intéressantes et ne nous disent rien. Que les Lapons soient recouverts d’un vêtement
chaud et épais en peau alors que les Indiens Bororo ne portent pas grand chose ne nous informe que
sur le climat des régions où ils habitent ce qu’on peut découvrir sans regarder leur tenue. Qu’un
vêtement soit fait de telle ou telle matière parce qu’elle est abondante dans les lieux de son usage ne
nous dit rien sur les raisons sociologiques ou anthropologiques de sa confection. Les explications
fonctionnelles ne nous informent que sur la fonctionnalité et le résultat des analyses est à la mesure des
outils mis en œuvre pour les obtenir.
Ce que nous cherchons se situe à la hauteur des raisons anthropologiques, sociologiques ou
psychologiques, de nature religieuse ou non, mais de telle sorte que nous puissions comprendre
comment un groupe bien spécifique de la société occidentale en vient à adopter une forme
caractéristique de vêtement dont il aurait pu se passer ou qui aurait pu être autre, si on ne se référait
qu’au contenu de ce qu’il exprime, en l’occurrence, les discours sur la religion chrétienne.
Une analyse purement psychologique nous semble également insuffisante pour plusieurs raisons.
D’abord nous sommes en face d’une institution, l’Église, dont bien des actes viennent de ses rapports
avec la société. Une analyse psychologique concerne des individus et leurs réactions à l’environnement,
or la soutane est préconisée, puis imposée, par une institution, elle est portée ou rejetée par des
individus selon les relations qu’ils ont avec cette institution et avec la société dans laquelle ils sont
immergés. Les laïcs réagissent selon leur situation, leurs opinions ou leurs déterminations en face de
cette institution et de ses membres. Ainsi le vêtement s’analyse sociologiquement.
On peut considérer par ailleurs qu’un vêtement est comme une sorte de langage et qu’il parle5. Son
langage peut être vécu de mille manières par ceux qui le perçoivent, affectant leurs désirs, leurs
inhibitions ou leur identité profonde, il touche l’affectif autant que la raison de sorte qu’il peut aussi
s’analyser de manière psychologique mais selon un point de vue qui ne sera que partiel. Si les soldats
portent une tenue spécifique, c’est une décision de l’institution destinée à uniformiser (raison
sociologique) et remplacer les différences de classes sociales par un autre système de différentiation,
mais c’est aussi pour assouplir la volonté des individus et les rendre plus prompts à la discipline (raison
de politique) ce qui ne doit pas être sans effets sur le portrait qu’ils se font d’eux-mêmes et sur leurs
relations à autrui (raison psychologique).
Le vêtement est donc la résultante de raisons sociologiques et psychologiques recherchées par un
groupe ou une institution ayant toutefois des effets qui lui échappent tout en traduisant sur lui quelques
vérités bonnes à entendre. Ces derniers résultats imprévus, qu’on pourrait qualifier de parasites, n’en
sont pas moins essentiels pour comprendre l’avènement d’une manière de se vêtir6. Ils sont souvent
cette part de la réalité qui affecte directement les ressentiments à l’égard des individus.
Une analyse doit être dynamique parce que la recherche sur un vêtement comme la soutane prise à un
temps et dans un lieu ne donne presque rien. Un vêtement est en général porté suite à un ensemble
parfois complexe de réactions à une situation nouvellement créée par des événements n’ayant le plus
souvent pas grand-chose à voir directement avec la tenue vestimentaire. L’analyse des modes montre
largement des phénomènes de différentiation explicables par le passage d’une situation dans une autre.
Autrement dit, il est indispensable de percevoir de manière privilégiée les changements dans les modes
d’habillement plus que les tenues elles-mêmes.
C’est bien parce qu’elles sont des réactions que les modes échappent dans leurs effets à la volonté
collective des groupes qui les promeuvent suscitant des conséquences parfois inattendues. Tel groupe
cherchera par exemple à exprimer son émancipation d’un groupe plus vaste et plus puissant
sociologiquement en se distinguant de manière vestimentaire sans forcément percevoir, qu’au-delà de
cette différentiation, il exprime quelque chose de lui-même qui n’aurait jamais été visible sans cela.
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Quentin Bell7, nous fait découvrir qu'il y a quatre explications de la mode plus une autre qu'il propose
lui-même comme plus pertinente :
• Elle est due à quelques individu et donc le résultat de leur pure simple volonté,
• Elle est l'émanation de la nature humaine (explication de Paul Nystron, The economics of fashion,
1928) comme le désir d'être différent, de s'affirmer, etc.,
• Elle est le reflet des grands changements dans l'histoire, événements, changements d'idées, etc.,
• Enfin, elle peut être prise comme le reflet de l'intervention d'une puissance supérieure.
Mais l'auteur rejette toutes ces explications pour mettre en avant des causes sociales. La mode est la
défense d'une classe sociale contre les efforts d'une autre qui cherche à prendre le pas sur elle. "le
ressort de la mode est le processus d'émulation par lequel les membres d'une classe imitent la mode
d'une autre classe - lesquels sont par là conduits à renouveler constamment la mode…"8 La mode se
comprend donc dans le cadre d'une lutte d'influence entre classes sociales, mais on peut évidemment
très facilement imaginer que la lutte en question n'est pas seulement exprimée dans le champ
vestimentaire mais affecte des sphères plus radicales et tout spécialement celles du pouvoir
économique et politique. Il y a une fonction symbolique du vêtement en rapport à des manifestations
sociales cachées au plus grand nombre.
Ce qui précède montre trois points de vue : celui de l’institution ecclésiale qui promeut un système
vestimentaire, celui des clercs qui sont invités à s’y soumettre et celui des autres qui le perçoivent. Nous
commencerons par parler des clercs non parce qu’ils sont le principe premier ayant gouverné le choix de
la soutane mais parce que leurs réactions sont un facteur sans lequel on ne peut rien comprendre des
évolutions des vêtements ecclésiastiques.
2 - LES CLERCS ET LA SOUTANE
S’il est un fait que le long vêtement talaire de couleur sombre est recommandé, et même parfois exigé,
par l’Église Catholique Romaine depuis l’empire romain, on sait que, depuis Saint Martin de Tour, qui le
premier semble-t-il refusa de s’y plier, ce style de vêtement rencontra très souvent de vives oppositions.
Toute l’histoire de l’Église est jalonnée de mesures prises par des évêques pour essayer de faire porter
par les clercs un vêtement, sinon uniforme, du moins respectant des spécifications qui finalement
aboutirent vers la fin du XVI°s à la soutane laquelle ne fut portée par tous les clercs qu’après la
révolution.
D'après Louis Trichet9, on peut dire qu'à l'origine le vêtement sobre des paysans, adopté par les moines,
est rejeté par l'Église comme vêtement des prêtres. En effet, Dès le IV°s, les moines se distinguent par
un vêtement spécial et, très vite, certains d'entre eux devinrent évêques. Ces derniers comme saint
Martin de Tour (+397) ne changèrent plus de vêtements. On critiqua le saint homme pour la sobriété de
sa tenue. La période suivante est dans la même problématique.
Le 25 juillet 428 le pape Célestin 1° (422-432) adresse des remontrances aux évêques de Vienne et
Narbonne en critiquant la sobriété de leur vêtement. Certains évêques, venus du monachisme, vivaient
de manière ascétique, portaient des habits de moines et faisaient vivre à leur entourage une situation
monacale10. Comme les moines ils portaient effectivement le pallium et la ceinture qui étaient les
vêtements des gens du peuple même si on ne sait pas exactement les décrire. Par ailleurs, d'autres
évêques se conformaient aux usages plus anciens et avaient une pratique différente en s'entourant d'un
décors conforme à la vie civile. Ces derniers semblent avoir eu la préférence de l'autorité supérieure de
l'Église.
Il faut savoir qu'au V°s, les évêques n'ont pas de vêtements particuliers et il en allait certainement de
même pour les prêtres. Ils étaient vêtus à la manière dont se vêtaient les personnes du milieu social dont
ils étaient issus, en général citadins et assez aisés.
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Toutefois, la mode est à cette époque en train de subir un profond changement du fait de la multiplicité
des populations barbares. Le clergé séculier est globalement contre ces transformations et garde le
vêtement traditionnel romain, le grand drapé enveloppant tout le corps. Ils portent également la chasuble
qui leur sert de manteau pour sortir en les protégeant du froid et de la pluie.
Désormais, on commence à interdire aux prêtres de porter des vêtements semblables aux laïcs lesquels
étaient le plus souvent soit des paysans vêtus de manière “indigne”, c'est-à-dire de la tunique courte, ou
encore des soldats en armes.
Tout au long de l'histoire on trouvera désormais très souvent des interdits de porter tel ou tel vêtement
apparaissant comme les dernières découvertes de la mode.
Si on en croit les règles de fonctionnement des modes, il faut comprendre cette situation comme un
conflit entre une volonté ecclésiale de faire des clercs une catégorie sociale spécifique, dans une société
où les autres catégories refusaient de les considérer comme tels, pour les maintenir dans leurs
appartenances natives. La question est de savoir si le prêtre est prêtre-paysan ou paysan-prêtre, si
l’évêque est évêque-prince ou prince-évêque ? La réponse est que, de toute l’histoire de l’Église jusqu’à
l’époque de la soutane (XVIII°-XX°), le curé de base reste d’abord un paysan et l’évêque un prince ou au
moins un aristocrate. Tel est l’enseignement du vêtement ecclésiastique sans cesse recommandé,
jamais vraiment totalement accepté.
L’état de clerc n’a jamais retiré quelqu’un de sa catégorie sociale de sorte qu’il y a sans cesse eu
ambivalence entre deux appartenances, une classe sociale bien précise et un groupe, l'Église, qui se
différenciait par bien autre chose qu’une découpe en tranches de la société et qui, en conséquence, ne
peut pas être considéré comme une classe sociale mais seulement un groupe transversal au sein de la
population. Les oscillations entre acceptation et refus du vêtement ecclésiastique montrent que les clercs
se sentent, soit d’abord des membres de ce groupe, soit membres d’une classe sociale, en fonction des
circonstances, des problèmes qui se posent à eux mais aussi de ce qu’ils reçoivent de la classe à
laquelle ils appartiennent et de sa puissance en face de l’Église.
Ce n’est que dans les périodes de désagrégation des classes sociales que les clercs ont pu se sentir
d’abord clercs et accepter de porter un vêtement typique. Ce fut probablement le cas à la chute de
l’empire romain en ce qui concerne les moines. Les autres clercs, étant autant victimes de la conjoncture
que les laïcs, furent sans doute tellement emportés par la crise qu’ils n’eurent pas même le loisir de
s’appuyer sur leur appartenance ecclésiale pour exister en tant que groupe dans la société11.
A partir du XII°s, les arguments évoqués par l'Église pour justifier un vêtement spécifique pour les clercs
et les encourager à le porter ne sont plus de l'ordre des convenances mais d'ordre éthique. Pour cette
raison, alors que le vêtement de bien des gens comporte une arme, cette dernière est interdite aux
prêtres. On interdit également dans la manière de se vêtir, les tuniques trop courtes, les fentes laissant
apparaître ce qui est sous un vêtement et également les couleurs trop vives dont le prix est, à cette
époque, en proportion de leur éclat. Trois grandes tendances prenant place dans les excès des périodes
allant de l'an 1000 au XIV°s sont ainsi critiquées, d'abord la guerre, ensuite l'exubérance provocatrice ou
l'absence de pudeur et pour finir le luxe, trois traits que dénonce saint Bernard12. En 1130, le concile de
Clermont promulgue un règlement sur le vêtement qui sera complété ensuite en 1148 au concile de
Reims présidé par Eugène III. On condamne l'ouverture des vêtements et leur couleur. Ceux qui
n'obtempèrent pas risquent de perdre leurs bénéfices c'est-à-dire leurs revenus.
Grégoire VIII qui ne régna que 57 jours ordonne aux prêtres de porter un vêtement fermé et interdit les
couleurs rouge ou verte ainsi que les ornements de soie, de même que l'anneau sinon pour ceux qui ont
le droit de les porter en vertu de leur rang dans l'Église. Le couronnement de ces textes fut dans le canon
16 du IV° concile de Latran en 1215.
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Au XIII°s, si les clercs ne portent pas d'uniforme, ils ont néanmoins un vêtement qui les distingue des
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laïcs .Au XIV° et XV°s, les évêques ont fort à faire pour empêcher les clercs de se jeter sur la dernière
mode vestimentaire, si on en croit les remontrances qui leurs sont adressées.
Le vêtement du clergé reste long et fermé. On n'accepte pas les multiples sortes de fentes qui peuvent
émailler les vêtements à la mode pour les rendre plus pratiques. Le décolleté laissant voir la peau est
interdit. Les fentes doivent être lacées ou fermées. On ne doit pas voir le vêtement de dessous. Pour le
reste, les habits cléricaux ne se distinguent pas des laïcs par leur type, ils n'ont pas de nom particulier.
Pratiquement, toutes les innovations de la mode sont interdites ou mal vues, on fait tout pour maintenir
chez les clercs le vêtement traditionnel. On interdit tous les ornements.
A la renaissance (1490-1589), il y a de grands changements en matière de mode. Le vêtement des
catégories sociales aisées devient très riche et beau mais les autorités ecclésiastiques ne cessent
d'empêcher le vêtement des clercs de suivre de telles orientations. Les termes employés sont les mêmes
qu'au XIII°s : décence, honnêteté, caractère clérical, convenable, etc. On doit en tout cas reconnaître les
clercs à leur habit. Le concile de Trente dénonce ceux qui portent des habits de laïcs. Cela veut dire un
refus de la richesse excessive comme de l'austérité trop grande.
La soie sera de nouveau interdite sauf pour le haut clergé au XVI°s14.
Le vêtement doit être talaire15 sauf nécessité, par exemple en voyage, en cas de danger à porter l'habit
clérical. On interdit bien évidemment et comme très souvent dans le passé les vêtements fendus.
La couleur doit être unique pour toute la tenue. Cela n'a d'ailleurs pas un grand pouvoir de différentiation
puisque l'austérité espagnole (cours de Philippe II et Charles quint) faisait la mode, tout était donc noir
pour pratiquement tout le monde.
Les rayures dans les vêtements sont interdites16. Les raisons de cette interdiction semblent d'ailleurs
énigmatiques, à moins de recourir à la symbolique comme nous le verrons plus loin. Lorsque Charles
Borromée propose d'imposer le noir aux ecclésiastiques au concile de Milan en 1565, il sanctionne un
usage déjà répandu. Ce fut une étape importante vers l'uniformisation du costume des clercs.
Il est à noter, pour bien comprendre le moteur de la différentiation du vêtement ecclésiastique dans
l'ancien régime, les privilèges des clercs. Ils tombent quand on ne reconnaît pas visuellement leur statut.
Ainsi le clerc qui est pris les armes à la main perd ses privilèges. L'Évêque de Beauvais prisonnier de
Richard Cœur de Lion, alors qu'il avait les armes à la main, ne put obtenir du pape qu'il lui apporte son
soutien en invoquant des privilèges. Ceci dit, cette remarque vaut pour toutes les situations sociales et
pas seulement le clergé. Jusqu'à la révolution on n'a pratiquement pas de droit le porter le vêtement de
son choix17.
Nous retrouvons cette situation de bouleversement des classes sociales après la Révolution française au
moment où son influence gagne toute l’Europe. La soutane fut adoptée de manière généralisée par ceux
qui purent par ce moyen affirmer leur état de clercs avant de dire leur appartenance à une classe, au
moment où celles-ci disparaissent, où il n’existe plus de paysans, bourgeois ou aristocrates, mais
seulement des citoyens. Les clercs, ayant perdu leur appartenance de classe, se retrouvent
essentiellement des ecclésiastiques.
À cette époque, l’Église est puissante puisqu’elle relève d’un État étranger, le Vatican, et non seulement
des princes très menacés de l’Église de France et les prêtres sont, pour une proportion non négligeable
d’entre eux, obligés de se cacher dans la masse sans distinction possible. Il est dès lors facile à
l’institution de proposer, dès que cela fut possible, une unité centrée sur l’appartenance ecclésiale et non
sur l'appartenance sociale et de signifier cette unité par le port de la soutane. Le siècle qui bénéficia de
cette situation et qui en témoigne le plus ouvertement est sans aucun doute le XIX° siècle.
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Mais, dès que les curés devinrent populaires (moins craints et plus aimés) que leur souci fut moins
d’avoir le soutien de l’autorité ecclésiale que l’oreille de leurs paroissiens, lorsque les prêtres
commencèrent à se dire ouvriers, de monde indépendant ou autre, des pressions fortes surgirent contre
la soutane18. Un seul vêtement pour tous devenait impossible puisque l’appartenance de classe, par
choix ou de naissance, prenait socialement (et pas forcément en vertu d'une idéologie) le pas sur
l’appartenance à l’Église. Pour que l’appartenance à l’Église soit, pour les clercs, une appartenance
sociale, il leur faut se couper du monde et devenir moine (ou moniale), et seules ces derniers gardèrent
le vêtement ecclésiastique en l’adaptant.
Aujourd’hui, nous assistons au renforcement de ce retour des catégories sociales dans l’Église.
L’apparition du col romain, de la soutane dans certains cas, mais aussi du prêtre en costume cravate, du
prêtre en jeans et au col roulé, vêtu en loubard ou autrement, marque la suprématie atteinte de
l’appartenance sociale sur l’appartenance ecclésiale. Le col romain tout spécialement, lequel est souvent
imposé au jeune par sa famille, marque le retour dans l’Église des classes bourgeoises qui veulent se
différentier des autres. Ce vêtement définit moins un système de pensées qu’une appartenance à un
milieu spécifique. Mais, bien évidemment, une appartenance sociale conditionne un système de
pensées.
Tout ceci signifie le retour à une situation ordinaire (si on en juge par les durées) après les perturbations
engendrées en Europe par la révolution et les idées qui la précède dès le XVI° siècle, conjoncture dont
l’Église a profité pour imposer la soutane.
3 - LE COMPORTEMENT DE L’INSTITUTION
Quand nous parlerons d’expression de l’institution ecclésiale, de volonté de l’Église et de ses
représentants les plus hauts placés, nous ne penserons pas aux discours, aux sentences, aux
proclamations, à la pensée explicite mais à la manière dont elle parle à travers ses décrets et incitations
en matière de vêtement.
L’Église demande aux prêtres et aux clercs en général de porter un vêtement digne d’eux.
Sous l’empire romain, le vêtement des clercs est celui des citadins aisés, c’est-à-dire la robe. L’autorité
ecclésiale ne s’exprime sur cette question qu’au moment où un changement prétend se faire lorsque
certains prennent le vêtement des moines, c’est-à-dire des paysans. Il est bien trop marqué socialement
d’une manière qui ne reflète pas le comportement moyen de l’ensemble du clergé c’est-à-dire qu’il
différentie trop certains des autres. Déjà pointe l’idée d’une catégorie spécifique à l’intérieur de la société.
Le refus de la différentiation à l’intérieur d’un groupe est très proche de l’idée d’une identification
spécifique à ce groupe. Ainsi arrivera l’idée d’un vêtement recommandé aux clercs avant qu’il ne soit
bien plus tardivement imposé à eux.
Ce vêtement aura sans cesse les mêmes caractéristiques tout au long de l’histoire de l’Église. C’est un
vêtement qui ne marque pas l’appartenance à une classe sociale et qui n’est pas sexuellement
séducteur. L'idée de pauvreté, souvent répétée, n'est une réalité que pour le bas clergé qui ne peut
d'ailleurs pas faire autrement. Ce n'est donc pas un facteur déterminant dans l'étude du vêtement
ecclésiastique.
Le rejet de l’idée d’une détermination sociale du vêtement s’est exprimé par le refus permanent de toute
adaptation aux expressions vestimentaires d’une classe montante. Cela conduit immanquablement à une
fixité des traits du vêtement et à son indétermination sociale puisque toutes les catégories sociales ont
été un jour dominantes et l’ont exprimé dans des variations de mode (sauf peut-être les classes les plus
pauvres), jeunes nobles, bourgeois des villes, paysannerie enrichie par l’accès à la propriété, etc. À force
de ne plus vouloir être le reflet d’une classe sociale, le vêtement des clercs, dans l’idée des princes de
l’Église, devint spécifique et le clergé fut pensé transversalement aux classes sociales comme un groupe
déterminé ayant des privilèges en propre. Tout du moins en fut-il ainsi dans la volonté des chefs religieux
puisque nous savons que, très souvent, elle ne fut pas respectée par les clercs eux-mêmes comme nous
l’avons exprimé plus haut.
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Au Moyen Age, période où l’Église a représenté, plus qu’à d’autre, un pouvoir dans la société, les prêtres
n’avaient certes pas tous le même costume contrairement à ce qui sera au temps de la soutane, ils n’en
avaient pas moins une tenue suffisamment spécifique pour qu’on les reconnaisse immanquablement.
Contrairement, aussi, à la période de la soutane, cette différenciation ne se fit pas contre la société mais
avec elle de sorte que le vêtement fut le corollaire d’un droit particulier.
L’autorité civile ne pouvait s’adresser aux porteurs du vêtement ecclésiastique de la même manière qu’à
ceux qui ne le portaient pas, qu’ils fussent clercs ou non. Néanmoins, n’en doutons pas, le costume d’un
prêtre d’origine aristocratique, bien doté en terres et richement pourvu en bénéfices n’était pas semblable
à celui d’un vicaire de village vivant dans une masure. Il y a un vêtement ecclésiastique, mais il ne
supprime en rien les signes d’appartenance à une classe sociale. L’unité du groupe des clercs n’existera
qu’avec la soutane, vêtement qui, au sens propre du mot, sera révolutionnaire autant dans l’Église que
dans la société en ce sens qu’il correspond bien à la volonté rêvée de l’institution mais qui n’avait aucune
chance d’exister réellement sinon dans un contexte hors du commun, celui où l’appartenance à l’Église
prenait complètement le pas sur toutes formes d’appartenance sociale.
On pourrait presque dire la même chose en ce qui concerne les caractères sexuels du vêtement
ecclésiastique. Dans l’idée de l’institution, il ne doit pas marquer sexuellement celui qui le porte et cela
au nom de la pudeur, de la réserve et des vertus morales attendues de la part des clercs. Le refus de
toutes les spécificités marquées sexuellement qui purent apparaître successivement dans l’histoire du
vêtement a conduit progressivement vers une forme d’indétermination sexuelle du vêtement en question.
Ce but ne fut effectivement réalisé qu’avec la soutane. Alors, les fantasmes allèrent bon train. Qui n’a
pas le souvenir des moqueries à l’égard d'un tel vêtement, plus d'ailleurs que des prêtres eux-mêmes,
lorsqu’on parlait d’eux avec un humour plus ou moins grinçant comme de personnages sans sexe,
d’espèces d’androgynes ou d’êtres intermédiaires ? Les fantasmes populaires n’étaient pas si loin que
cela de la volonté de l’institution de faire des clercs des êtres sans spécification extérieure de leur sexe.
Il est à noter que, dans la mesure où le XX°s découvrit avec Freud que tout était sexué, les clercs, en
perdant leur expression sexuée, se voyaient ainsi condamnés à perdre une de leur fonction spécifique.
La société n’accepte plus que les clercs s’expriment en matière de morale sexuelle, que les gens disent
dans les confessions leurs lacunes ou leurs peines en ce domaine. Ils sont remplacés en cela par des
professionnels de la sexualité. Un être asexué ne peut rien dire ni rien entendre sur le sexe. Au temps de
la soutane, les femmes, figures du sexe pour les hommes, sont interdites aux prêtres non seulement en
ce qui concerne la chasteté mais aussi en ce qui concerne les relations les plus simples et les plus
courantes. Il y a quelques années, alors que les prêtres étaient encore en soutane, il paraissait du plus
mauvais goût qu’une femme se présente au presbytère pour un entretien, et même simplement pour
offrir aux prêtres un plat de sa confection19.
Aujourd’hui où le symbole de la privation de sexe que fut la soutane pour les clercs a pratiquement
disparu, l’illusion semble tomber.
L'institution ecclésiale a voulu que le prêtre, ou le clerc d'une manière générale, soit un homme
intégralement orienté vers Dieu, à distance de la vie sociale et de la vie familiale, appartenant d'abord à
l'Église. L'entreprise, dont les racines remontent à l'antiquité, s'est déployée sur des siècles et reste
encore d'actualité. Quant à l'exclusion des prêtres de la vie familiale, elle n'a guère réussit avant la
concile de Trente (1545)20.
En ce qui concerne la vie sociale sa réussite coïncide avec le temps de la soutane, s'instaure
progressivement au XVI°s et parvient à son complet succès au XIX°s avant de s'effondrer après Vatican
II. Il aura fallu quelques treize ou quatorze siècles pour que l'Église parvienne à faire prévaloir sa propre
structure comme lieu d'identification sociale contre les classes sociales communes dans la société
occidentale et ce triomphe n'a prévalu que deux siècles environ.
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4 - LE VETEMENT PARLE AU-DELA DE CE QU’ON A VOULU LUI FAIRE DIRE
La soutane ne parle pas seulement en évoquant les relations de l’Église et du monde, de la composante
sociale de l’Église à partir de la volonté de l’institution, de celle de ses dirigeants et de ceux qui leur était
supposé soumis. Elle parle également sans qu’on ait voulu la faire parler, sans qu’une conscience ait eu
le souci d’en faire la promotion. Elle parle parce qu’elle appartient au monde des symboles et pas
seulement des instruments de pouvoir et de contre-pouvoir. Autrement dit, indépendamment de toute
vérification historique, elle révèle quelque chose des intentions, explicitées ou non dans les faits, elle
dénote un état d’esprit réalisé ou non, une manière dont l’histoire s’est vécue sans qu'il soit besoin ni
possible de l'étayer par des faits.
Nous distinguerons d’abord les différents éléments symboliques de la soutane pour nous donner les clés
de l’interprétation.
4.1 - Les éléments symboliques de la soutane
La soutane fait partie des vêtements cylindriques et sa forme est tubulaire. D’une manière générale, le
cylindre exprime une réaction de défense contre un fantasme, la peur de la fente, de la scission, du
dédoublement, de la coupure de soi-même en deux21. L’être humain porte deux jambes et les réunir pour
les rendre solidaires ne peut pas manquer d’avoir le sens de la contradiction de cette dualité. Le
vêtement cylindrique exprime en soi l’unité ou la réunification. Mais la soutane n’est pas qu’un tube.
C’est aussi une fente qui va du haut jusqu’en bas ou l’inverse. Il est tout de même étonnant que l’Église
après avoir interdit les vêtements fendus pendant des siècles en vient à proposer un vêtement portant
bien en évidence cette caractéristique. Il est vrai que la fente n’est pas gérée de la même manière au
Moyen Âge qu'au XIX° siècle. Dans le premier cas, elle faisait entrer le vêtement dans le jeu entre le
voilé et le dévoilé alors que, dans l'autre, la fente de la soutane ne dévoile rien du tout.
En général, dans notre monde, les vêtements cylindriques sont portés par des femmes et la fente est
interprétée comme étant la fente génitale dont le vêtement ouvert désigne l’extrême fragilité ou faiblesse,
à moins qu’il ne désigne le désir de la femme de se donner22. Quoi qu’il en soit, la soutane est portée par
des hommes et sa symbolique est d’un autre ordre, même si l'idée d'une blessure est à garder puisqu'il
s'agit d'une ouverture vers l'intérieur.
La fente gouverne l’ensemble du vêtement dans le sens de la verticalité ce qui souligne la distinction
entre le haut et le bas en les raccordant. D’ailleurs, toutes les fentes des vêtements font cette distinction,
même les fentes latérales des robes ou des jupes des femmes qui, en plus de faciliter la marche, invitent
à voir ou à imaginer ce qui est plus haut. Dans la soutane, la fente va jusqu’en haut et il n’est rien qu’on
puisse imaginer allant plus haut sinon le lieu de la cérébralité. Allant des brodequins jusqu’à l’encolure, la
fente de la soutane oppose le ciel et la terre mais aussi la raison au pragmatisme immédiat, elle désigne
le chemin qui entraîne l’humain de l'horizontalité du sol vers le siège de Dieu.
Mais, comme il s’agit d’une fente et donc d’une coupure selon une logique négative et non affirmative,
elle représente ce qui sépare la terre du ciel, le terre à terre de la raison, mais selon l'image d'une
blessure, d'une souffrance révélant le caractère douloureux du chemin à parcourir entre les pôles. Si le
ciel et la terre peuvent se raccorder, leur situation naturelle ou ordinaire est d'être séparés en
contradiction avec l'image d'unité qu'évoque le caractère tubulaire de la soutane23. La fente de la
soutane, dans une premier regard, est la négation de l'union du divin et de l'humain24.
Contrairement à la plupart des robes fendues des femmes, la fente de la soutane est rigoureusement
fermée dans la totalité de son parcours par une série de trente-trois boutons. La séparation est refermée
de manière volontaire et délibérée dans un acte qu’il faut reproduire longuement chaque matin comme il
faut le défaire tout aussi longuement chaque soir avant de se coucher en comptant le même nombre de
boutons que le nombre d'année de vie de Jésus Christ25. La fente traduit donc la négation méticuleuse
de la séparation qu’elle évoque et non son affirmation.
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On comprend alors pourquoi dans toute l’histoire de l’Église les rayures dans les vêtements de ville sont
interdites aux ecclésiastiques comme indignes d’eux. Verticales, elles ouvrent vers le haut des chemins
qui n’appartiennent pas à la symbolique normale du vêtement ecclésiastique26 puisqu’elle en dit plutôt la
fermeture. La soutane est en fin de compte la négation de la négation du lien entre le ciel et la terre, le
divin et l'humain, le spirituel et le matériel, l'Église et le monde, etc…
On peut ajouter que la verticalité de la forme cylindrique et de la fente qui scinde en deux la soutane
désigne l’abstraction de la dimension historique de la vie au profit des schèmes d’ascension ou de
descente en soi-même et donc d'intériorité. Certes, tout vêtement est vertical puisque l’homme est
bipède, mais en général le vêtement joue sur la négation de la verticalité par des élargissements, des
rayures, des dissymétries, des changements de couleurs, des modulations dans les formes entre le haut
et le bas, dans les jambes, à la taille ou au niveau de la poitrine, mais rien de tel ici sinon la ceinture.
La soutane est en effet portée avec une ceinture qui, lorsqu’elle est apparente, comme dans le cas qui
nous intéresse ici, souligne la division entre le haut du corps, siège des fonctions nobles, cérébrale,
cardiaque et pulmonaire et le bas, siège des fonctions inférieures, digestives, génitales et excrétoires. La
ceinture souligne encore la séparation déjà perceptible dans la fente et exprime son caractère
irrémédiable contrairement à la fente qui sépare en laissant une possibilité d'unité. Le caractère de
séparation domine ainsi sur l'idée d'unité ou de raccordement.
Toutefois la ceinture s’oppose à la fente et à la forme verticale du cylindre en ce qu’elle est horizontale et
donc symbolique de la dimension historique avec la nuance qu’elle est un signe négatif de privation
comme le dit bien l’expression populaire « faire ceinture ».
Le troisième élément important de la soutane est sa couleur noire qui n’a rien de neutre ou d’insignifiant.
Le noir n’est pas une couleur très positive dans l’imaginaire humain. La peur de “l’homme en noir” fait
partie des fantasmes très courants27. Le noir est symbole de la peur, de celle qui est au cœur de
l’homme, irraisonnée, atavique et spontanée28. Le noir est la couleur de la mort et du monde démoniaque
c’est-à-dire du monde sub-terrestre, de ce qui n’affleure pas dans le monde moyen de tous les jours et
encore moins dans celui des sphères élevées. Le noir est le symbole du “sheol” dans le monde biblique,
un monde terme, sans vie et amorphe parce que coupé du monde d’en haut.
Le noir renforce la symbolique de la fente fermée lorsqu’elle évoque ce qui sépare du ciel pour le nier. Il
faut donc imaginer que le noir est également nié dans sa signification, c’est pourquoi on ne peut pas
éviter d’évoquer les rapports entre la soutane et le monde de la couleur vive. Le prêtre n'était l'homme en
noir que pour ceux qui n'entraient pas dans les églises.
La soutane, par sa forme et ses accessoires, symbolise la négation de la négation de la séparation entre
le ciel et la terre ce qui ne se ramène pas à une affirmation pure et simple. Chaque matin et chaque soir,
le prêtre faisait le chemin entre le haut et le bas, le ciel et la terre, ou l'inverse, selon la nécessité inscrite
dans le costume qu'il portait, autrement dit, il niait la séparation de ce qui ne peut pas se rejoindre.
Ensuite, il nouait la ceinture qui exprimait la dimension historique de l'existence avant de rejoindre le
monde pour entretenir ses paroissiens du mal qui empêchait l'accès au ciel, mais tout cela était déjà dit
dans son vêtement. La soutane est le symbole de la négation de la négation du mal, autrement dit
l'expression manifeste de la négation du péché sur laquelle les prêtres centraient bien souvent leurs
discours29.
Dans l’Église, le monde de la couleur vive est celui de la liturgie. On ne peut pas comprendre la soutane
sans la mettre en rapport avec l’autre monde des prêtres qu’est celui où ils vivent dans la gloire.
Dans la liturgie, les clercs portent d’abord un vêtement blanc non fendu, l’aube, mais aussi, et pardessus, des vêtements de couleur verte, rouge, blanche, dorée ou noire mais le noir a ici un sens que
nous préciserons plus loin. La chasuble, la dalmatique, les surplis et autres vêtements forment des
distinctions étagées selon la hauteur qui sont autant de ruptures avec la verticalité. L’étole constitue la
rayure suprême qui défie le refus de la séparation de la soutane et s’y oppose directement en
reproduisant la dualité des jambes que précisément la soutane nie.
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On peut ajouter l'énorme double fente que manifeste la chasuble violon portée au temps de la soutane30.
La soutane est donc l’anti-vêtement liturgique. Mais la soutane ne peut pas se comprendre sans la
liturgie.
Si la soutane est la négation de la négation de ce qui nous sépare du ciel, le vêtement liturgique exprime
le succès de cette négation en mettant l’homme qui célèbre dans la pureté joyeuse du monde céleste et
la gloire promise d'un Royaume éternel. La lutte, que suppose la soutane entre l’homme qui en est vêtu
et le monde, ne se supporte et ne se comprend qu’avec l’expression de la réussite de l’entreprise
exprimée symboliquement dans la liturgie. Autrement dit, avec la soutane, le clerc se révèle être l’homme
de la liturgie au moment où il ne s’y livre pas, au moment où il en est privé, la période sombre de son
emploi du temps, lorsqu’il est dans le monde visible de tous. Expression négative, la soutane peut l’être
au profit de la réalité positive exprimée dans le vêtement liturgique porté dans des lieux et des temps en
principe réservés aux pratiquants, là où le rite met à distance de la vie quotidienne. Porter la soutane,
c’est trouver le sens de sa vie dans la liturgie comme lieu de la transcendance rendue visible, présente et
sensible.
Il est toutefois un endroit où le ciel et la terre se rejoignent en dehors de la liturgie, un événement où
s’exprime le passage de l’en-deçà vers l’au-delà et ce lieu, cet événement, c’est la mort. C’est pourquoi,
exceptionnellement dans les époques où se portait la soutane ou les vêtements noirs qui ont précédé
cette dernière, la liturgie se vêtait de noir, la couleur la plus anti-liturgique qui soit, dans la liturgie des
funérailles31. La célébration des funérailles est la liturgie qui fait cause commune avec le monde en
perdant les privilèges qui la mettent au rang des réalités divines pour l’abaisser dans une nature qui n’est
pas la sienne. La liturgie des morts en ces périodes obéissait à une logique d’incarnation et c’est sans
doute la seule.
On comprend aisément la signification de la soutane comme vêtement riche d'une symbolique religieuse
qu'elle a acquise progressivement en deux mille ans d'histoire alors même qu'il ne s'agissait pas d'un
vêtement religieux. Nous l'avons signalé dès les débuts de ce travail, la soutane n'évoque rien de
religieux au regard des réalités fondatrices et officielles de l'Église. Son caractère religieux était en réalité
caché en raison de la négativité de son expression symbolique, elle essaye d'affirmer en niant.
4.2. La soutane symbolique dans le monde
Il est important maintenant de regarder mieux ce qui est nié par la soutane dans l’ordre de l’humain afin
d’en mieux comprendre les effets dans le monde de ses époques.
La négation de la négation de la séparation portait sur le retrait du monde et donc dénonçait tout ce qui,
dans le monde, pouvait empêcher le passage du monde d’en bas vers le monde d’en haut. Il s’agissait
de la sexualité opposée au cœur c’est-à-dire à l’émotion intérieure, des sens opposés à la raison, du
corps opposé à l’esprit, du monde en face de l’Église, de la terre distincte du ciel, du monde d’en bas
éloigné du monde d’en haut, de l’homme en vis-à-vis de Dieu. Entre ces éléments, il ne s’agit pas
d’affirmer les liens, mais bien de dénoncer ce qui les rompt. C’est fondamentalement différent, on ne
regarde pas d’abord ce qui lie mais ce qui sépare, non ce qui unit mais ce qui divise. À l’époque de la
soutane, et conformément à sa symbolique que nous venons de voir, l’objet des discours, le contenu des
homélies, le sens des enseignements ne portent pas du tout sur les mêmes thèmes qu’à d’autres
époques et notamment à celles qui ont suivies. On parle des péchés plus que des vertus, des interdits
plus que de ce qui est permis, on parle de l’enfer plus que du ciel, on parle du démon plus que de Dieu
puisque l’accès aux vertus se fait en combattant le vice, l’entrée dans le ciel se fait en évitant la porte de
l’enfer et la rencontre de Dieu vient de la lutte contre le diable32.
Est mise en cause ici une bonne part de la dimension relationnelle de la vie, celle qui est concernée par
l’affectivité et les sens au profit de la raison dominante. La tête du clerc est soulignée par un col ou un
rabat blanc signifiant le lieu de l’arrêt de la symbolique de la soutane. Le devenir est mis en retrait au
profit de l’ordre des choses dans lequel le réel doit toujours se trouver, là où, a priori, il a été défini qu’il
doit se tenir. C’est au moment où, dans le monde profane, l’historique cherche à s’exprimer en occident
qu’il se trouve symboliquement supprimé dans l’Église.
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La caractéristique de cette symbolique présente dans la soutane est sa violence. La négation de la
négation est une entrée en guerre, une lutte acharnée pour détruire l’ennemi qui nous nie, pour
supprimer le maître des esclaves, pour repousser l’engeance diabolique. Celui qui s’y livre court sans
cesse le risque de faillir. La soutane exprime une volonté de destruction investie dans l’attente confiante
d’une victoire certaine dont la symbolique est signifiée de son côté dans le vêtement liturgique.
On comprend dès lors pourquoi la soutane a été vécue d’une manière extrêmement négative par les
opposants de l’Église. Elle signifie la lutte contre eux, les adeptes du monde, ceux qui cherchent le
bonheur et les plaisirs de l’existence. Ce combat a pu prendre parfois des formes extrêmes de violence.
On a même voulu en interdire le port au nom de la laïcité de la voie publique33. La couleur noire a été
directement tournée en dérision lorsque certains imitaient le croassement des corbeaux au passage des
clercs en soutane.
Que l'Église en ait été consciente ou non la soutane a été dans la société occidentale mais surtout en
France un instrument de lutte contre toute réalité identifiable au péché dans ses moindres recoins. Dès
son apparition, il est des paroissiens qui, en raison de leur comportement, se sont sentis directement mis
en cause et ceux-ci, au lieu de se rallier, sont entrés en opposition34.
CONCLUSION
La soutane est le symbole de la puissance autonome d’une Église séparée du monde, mais qui lutte
contre cette séparation et l’ensemble de ses agents qui sont la sexualité, les sens, le temps et son
corollaire l’histoire au profit de l’altérité, de la transcendance, de la joie céleste et angélique et de
l’émotion spirituelle exprimée dans la piété. Les victimes de cette lutte, ou les oubliés de la soutane, sont
les joies terrestres, les vertus relationnelles et affectives, l’esprit d’entreprise et le sentiment
d’appartenance à une humanité en marche ou un groupe constituant ses bases sociales, la créativité, le
bonheur et d’une certaine manière la vie telle qu’elle peut s’éprouver ici-bas. Entre le ciel et la terre, le
seul point de contact effectif et non nié, tel qu’il s’exprime dans la symbolique de la soutane, est la mort
sous le signe de la noirceur.
La mort fut familière des hommes en noir parce qu’ils en étaient d’une part les témoins et d’autre part
parce que le XIX° siècle, la grande époque de la soutane fut la période de l’histoire de l’Église où le
nombre de prêtres morts en partance pour les pays de mission, ou peu de temps après leur arrivée, fut si
nombreux qu’il est impossible d’en connaître le nombre. La rumeur veut qu’il fasse partie des secrets les
mieux gardés de l’institution.
La soutane fut le symbole du temps très éphémère d’une puissance indépendante de l’Église au milieu
d’un monde qui acceptait mal de la voir autonome par rapport à ses propres catégories. Ce temps fut très
court au regard des siècles écoulés et d’ors et déjà il fait partie de l’histoire.
Nous pouvons terminer en indiquant quelques traits concernant l’enseignement de la symbolique de ce
vêtement pour la période contemporaine.
Notre monde est très différent de celui du XIX°s, les groupes sont, dans la société, bien plus petits que
les classes sociales traditionnelles. Elles sont traversées et subdivisées par des sous-groupes qui ne
sont pas, à proprement parler, des classes pour lesquelles la composante économique, et ses
caractéristiques dans les échanges marchands, était déterminante. Il y a des groupes religieux
aujourd’hui bien plus diversifiés que jadis, mais il y a aussi des groupes se distinguant par leur sexualité,
leur origine ethnique, leurs lieux d’habitation, et bien d’autres encore qui tous peuvent se différentier
dans leurs habitudes vestimentaires. L’Église est à nouveau inscrite à l’intérieur de cette diversité et non
en opposition à elle. Elle retrouve ainsi une situation qui fut la sienne dans toute son histoire sauf
pendant la période de la soutane.
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Il est désormais pratiquement impossible de se différentier en face de tous les autres groupes en ayant
la prétention de transcender les différences sociales. On est forcément, et d’emblée, ramené à l’état de
sous-groupe au milieu des autres. Faire jouer par leur vêtement aux clercs un rôle de prophètes de
l’ailleurs n’a en réalité plus d’intérêt car dès lors où tous revendiquent un tel titre son efficacité et sa
pertinence tendent à disparaître.
C’est d’autant plus vrai que des sous-groupes apparaissent sans cesse au gré des modes, surtout chez
les jeunes, mais pas seulement. Chaque sous-groupe n’a très souvent de reconnaissance que dans le
groupe dont il est issu de sorte qu’il n’est pas même perçu par les autres. Un signe de cette réalité est
l’incapacité des adultes à suivre et comprendre l’émergence des courants et tendances dans le monde
des jeunes. Si notre monde est parcouru par un tribalisme grandissant, ainsi que le pensent certains
sociologues35, la sphère d’interprétation où parlent les signes tend sans cesse à se restreindre. Les
jeunes prêtres en soutane ne peuvent être compris dans leurs positions que par les autres prêtres ou
Chrétiens engagés, les autres ne voient sans doute en eux pas tellement de différence avec les adeptes
des sectes qui de temps en temps apparaissent vêtus de safran ou de tout autre costume exotique.
C’est que l’Église n’est plus triomphante et pas plus indépendante des milieux sociaux auxquels
appartiennent ses membres et parmi ces derniers, de manière privilégiée, les membres du clergé. De ce
point de vue, la Révolution française a fini d’exercer son influence de séparation entre l’Église catholique
et le monde.
1
Maguelonne TOUSSAINT-SAMAT, Histoire technique et morale du vêtement, Bordas, Paris, 1990, la robe est
féminine à partir du XII°s.
2
Sous l'empire romain les gens portaient des tuniques dont la longueur a varié suivant les époques, suivant
les conditions sociales et sans doute aussi les modes quand ce n'était pas les obligations de la fonction.
Par exemple au VI°s, cette tunique est longue chez les gens de condition aisée et courte (aux genoux) chez
les plus pauvres. Ses formes précises et ses appellations sont très variables.
3
1 Tim 2,9.
4
Il est notable que l’on n’ait jamais avant le XVI° siècle cherché à justifier d'un vêtement spécifique des
prêtres par l'Écriture. Louis TRICHET, Le costume du clergé, Ses origines et son évolution en France d'après
les règlements de l'Église, Cerf, 1986, p. 107-108. Le XVI° siècle est la période où apparaît la soutane.
5
Umberto ECO parle à propos du vêtement d'une syntaxe: « "Les structures syntaxiques du langage
vestimentaire influencent la vision du monde et de façon plus physique que la consecutio temporum* ou
que l'existence du subjonctif." * concordance des temps. D'après une article du “Corriere della sera“ repris
dans son ouvrage: La guerre du faux, Paris, éd. Grasset, 1985.
6
Frédéric MONNEYRON, La frivolité essentielle, PUF, Paris, 2001: « Il me semble possible de reconsidérer le
proverbe à la suite de Lacan mais aussi de Carlyle, pour voir dans le vêtement, non pas une apparence
accessoire et souvent trompeuse, mais un modèle social déterminant des comportements et des manières
d'être et, d'une manière générale, dans la mode ou les modes, avec Patrice BOLLON, (Morale du masque,
Merveilleux, Zazous, Dandys, Punks, etc., Paris, Seuil, 1990 page 184) "comme une sorte de pensée
sauvage" du social. ».
7
Quentin BELL, Mode et société, essai sur la sociologie du vêtement, PUF, Paris, 1992.
8
Ibidem p. 100.
9
Louis TRICHET, Le costume du clergé, Ses origines et son évolution en France d'après les règlements de
l'Église, Cerf, 1986.
10
"Vêtus d'un manteau et une ceinture autour des reins, ils croient obéir à l'écriture, non pas selon l'esprit,
mais selon la lettre." Lettre Cuperemus quidem N°1 PL 50 429-430.
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12
11
C'est à cette époque, nous l'avons vu, que les autorités ecclésiales réclament un vêtement spécifique pour
les prêtres afin de ne point les confondre avec des barbares.
12
Cf. Bernard DE CLAIRVAUX, Œuvres mystiques, Sermon 33 sur le Cantique des cantiques, Seuil 1953, p 409410. Mais également De consideratione, 1, III, c. 20.
13
D'après Mgr. BARBIER DE MONTAULT, Le costume et les usages ecclésiastiques selon la tradition romaine,
Paris, Letouzey et Ané, Paris ; Louis THOMASSIN, oratorien né à Aix en Provence le 28 août 1619, décédé in
Paris le 24 Décembre 1695, dans son ouvrage De veteri et nova Ecclesiae disciplina, Ancienne et nouvelle
discipline de l'Église touchant les bénéfices et les bénéficiers 93 vols. in fol., Paris, 1678-79 », signale que
le vêtement long est devenu spécifique des ecclésiastiques quand vers 1300 les laïques ont pris le
vêtement court.
14
L'exception du haut clergé est notable pour aider à comprendre le refus de l'aristocratie ecclésiale de perdre
ses caractères distinctifs de classe, même si elle impose l'uniformité sociale aux autres.
15
Talaire désigne le caractère d'un vêtement qui va jusqu'au talon.
16
Louis TRICHET, Le costume du clergé, op. cit. P 108.
17
Jacques LE GOFF dans La Civilisation de l'Occident médiéval, Champ Flammarion, 1997, p 441.
18
Ceci correspond à l'avènement de l'action catholique dont la structuration s'est faite par « milieu », la J.O.C.
est fondée en 1924, l'A.C.I. en 1938, la J.I.C.F. en 1935, l'A.C.O. en 1950.
19
Je fais ici allusion à des récits de prêtres ayant vécu l’épisode.
20
La proposition était faite depuis très longtemps avec relativement peu de succès au moins jusqu'au XII°s,
mais le célibat n'est vraiment universel dans l'Église catholique qu'après le concile de Trente et en comptant
les délais de son application.
21
Marc Alain DESCAMPS, Psychosociologie de la mode, PUF, Paris, 1984. Le vêtement cylindrique "est une
réaction de défense contre un fantasme très répandu: la peur de la fente, de la scission, du dédoublement,
de la coupure en deux.".
22
Ibidem p 126.
23
C'est d'autant plus vrai qu'une fente laissant voir ce qui est sous le vêtement désigne une ascension
charnelle plus que spirituelle. La fente strictement supprimée désigne donc un refus du charnel comme
moyen d'accès à la félicité.
24
Du point de vue de la théologie il s'agit d'une négation de l'incarnation.
25
De ce même point de vue il s'agit non de l'affirmation de l'incarnation mais du refus de sa négation ce qui
ne veut pas dire la même chose.
26
Nous ne parlons pas ici des rayures dans les vêtements liturgiques, ce dont nous aurons à parler plus loin.
27
Gilbert DURANT, Les structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 99-100.
28
Marc Alain DESCAMPS, Psychosociologie de la mode, op. Cité, p 102.
29
Jean DELUMEAU, Le péché et la peur, La culpabilisation en Occident, XIII°-XVIII° siècles, Fayard, Paris,
1983. Tout le livre souligne l'importance du péché dans le discours de l'Église auprès du peuple dans la
période concernée mais cela reste encore très vrai pour le XIX° et même les débuts du XX°. Par contre,
c'est à partir du XVIII° siècle que les paroissiens commencent à avoir du mal à accepter ce genre de
discours et qu'une forme de prise de distance par rapport à lui se met en place. On peut consulter sur ces
points l'ouvrage publié sous la direction de Jean DELUMEAU, Histoire vécue du peuple chrétien, Privat,
Toulouse, 1979 et en particulier l'article de Alain MOLINIER, Curés et paroissiens de la Contre-Réforme.
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30
On pourrait ajouter bien d'autres détails concernant les broderies, les décors, dorures et autres expressions
qui toutes disent la glorification.
31
L’abandon du noir pour le violet, couleur très différente, est pratiquement contemporaine de l’abandon de la
soutane.
32
Jean DELUMEAU, Le péché et la peur, op. cité, p.406.
33
Jean BAUBEROT, conférence - débat « Droits humains et laïcité » du 22 juin 2002, site d'Amnesty
international http://www.amnesty.asso.fr/05_amnesty/55_france/554/554_commi_philo.htm «Le Conseil
d’État casse des mesures prises par les maires pour interdire le port de la soutane pour les prêtres, les
maires prétendant que ce déguisement féminin était contraire à la dignité. »
34
Alain MOLINIER, op. cit. p 90 souligne que dès le début du XVIII°s, quand la soutane est sur le point de se
généraliser, le curé commence à perdre de son autorité sur certains qui passent outre ses invectives en
matière de morale.
35
Nous pensons ici particulièrement au sociologue Michel MAFFESOLI. Pour un résumé de ses idées
concernant le tribalisme moderne on peut consulter : http://www.la-science-politique.com/revue
/revue2/papier5.htm, son ouvrage : Le temps des tribus, Le déclin de l'individualisme dans les sociétés
postmodernes, Table ronde, 2000, Paris.
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