Récit de Grigny à Grigny 2014

Transcription

Récit de Grigny à Grigny 2014
Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
De Grigny, dans le Rhône, à Grigny, dans l’Essonne.
Journal de voyage.
 Dimanche 27 avril
Nous avons d’abord joué les « vedettes » car nous avons rendez-vous avec
Christophe, le correspondant du Progrès devant la mairie à 9h30. Photo, court
interview. Le maire, Xavier Odot arrive, s’enquiert de notre voyage et s’en va.
Grigny. Vernaison. Irigny. Et là, rencontre improbable ! Antoine s’arrête net à la
vue d’un groupe de scouts ou, plus précisément d’un scout. Ils viennent de la
Croix-Rousse à vélo, sac au dos et vont à Vienne, en Isère. Ils jettent tous les
deux leur vélo à terre et tombent dans les bras l’un de l’autre ! Emus, contents,
surpris, étonnés… Ils étaient ensemble en Irlande l’été dernier. Nous repartons,
chacun dans la direction opposée. Antoine en est tout remué. Il ne se
rappellera le prénom de ce bon copain que plus tard : Martin ! Pierre Bénite.
Oullins.
A sa fenêtre, un rastafari nous salue d’un grand signe de bras ! Il aurait aimé ce
banc du canal de Bourgogne !
Entrée de Lyon côté Aquarium et confluence. Je connais ce parcours par coeur.
C’est celui que je fais pour aller au travail.
Pour la suite, j’ai demandé à Bernard, un
copain de vélo de me tracer le circuit pour
Lyon intramuros et pour sortir de la ville ;
c’est un vrai gone je savais que je pouvais
compter sur lui ! Nous faisons d’abord
notre première halte, à l’île Barbe, la faim
se faisant déjà sentir. Je n’y étais jamais
allée. Elle est vite visitée !
Du haut du pont nous sommes observés par de nombreux passants pendant
que nous mangeons nos oeufs, nos céréales cuites et notre pomme.
Nous suivons ensuite à la lettre les indications que Bernard m’a envoyé par
texto et nous traversons la Saône à plusieurs reprises. Après Collonges nous
suivons la rive droite sur la bande cyclable, puis nous traversons le pont de
Fontaines à Neuville.
Voilà que mon compteur est en panne ! Quelle chance ! Il a fonctionné jusqu’à
Saint-Germain-au-Mont-D'or. Il nous manque les kilomètres de l’Ile Barbe
jusqu’à Saint-Germain-au-Mont-D'or. Soit 14 kilomètres
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Ensuite, à Neuville nous repassons sur l’autre rive. S’inspirant de l’histoire et de
la topographie des lieux, Tadashi Kawamata a réalise une installation
métamorphosant la configuration et l’architecture des lieux.
Une tour qu’il a construite à partir de
planches de bois propose de nouvelles
connections et une perception modifiée de
l’architecture et de l’espace.
Cet artiste a participé à de grandes
manifestations internationales et a exposé
dans de grands musées.
Tadashi Kawamata est né en 1953 à Hokkaido (Japon). Il vit et travaille à Paris
et à Tokyo.
Sur la route, à Quincieux Antoine trouve une carte d’identité. Nous la
remettons à un spectateur qui regarde un tournoi de tennis. Celui qui a perdu
sa carte habite Quincieux même. Il l’apportera à la mairie demain.
Je connaissais le chemin de Saint-Jacques de
Compostelle, pas celui de Jérusalem.Nous
verrons, tout au long de notre parcours,
quelques panneaux, rouges, assez grands,
indiquant la route de ce pèlerinage. A
Quincieux, devant un atelier, posé sur un
camion, trône un énorme bison.
A Trévoux, nouvelle traversée du pont.
Nous trouvons une piste cyclable, un chemin, plutôt, qui longe la Saône et nous
emmène jusque sous le château de Trévoux. Il date du XIIIe siècle. Il a été
habité par Utrillo, le peintre et sa mère Suzanne Valadon qui l’a acheté en
1923. Là, nous nous arrêtons pour discuter avec un couple à vélo. Ils sont
lourdement chargés. Ils viennent de Lyon. Et pour cause ! Ils partent pour
quatre mois et vont jusqu’à Copenhague via Paris et Bonn où ils ont des amis.
Et ils reviendront en vélo. Ils ont conçu eux-mêmes leurs vélos à partir de
cadres qu’ils ont achetés. Ils rechargent leur portable et leur GPS par
électroaimant ou solaire, je ne sais plus. Ils ont même prévu des talkies-walkies
quand le portable ne passera plus. Il emmène un arc, pour se détendre, le soir.
Lui est un routard du vélo (il a voyagé en Italie) mais pour elle, c’est une
première ! Elle emmène son rat qui voyage dans une cage, protégée, en cas
d’intempérie par un imperméable. Il se laisse bercer par les cahots de la route.
Elle n’aime pas trop les chemins, ses trous, ses bosses et boum ! perd
l’équilibre et tombe ! Et le rat ? Il va bien…
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En chemin nous discutons, bien sûr et Antoine me parle de Kamoulox. Ka quoi ?
Non, jamais entendu parler ! Au retour il faudra que j’aille voir… sur internet !
Nous arrivons à Villefranche. Là, nous sommes un peu perdus. Nous
demandons notre chemin à deux messieurs. Parlent pas français. Un accent. «
Vous êtes Bulgares ?! ». Oui ! Je leur sort les trois mots de bulgare que je
connais mais qui ne nous sont d’aucune utilité : "tchaï, malini et da" (thé,
framboise et oui) pour trouver notre chemin. Des réfugiés ? Des camionneurs
en transit qui ne peuvent rouler le dimanche ? Nous n’en saurons pas plus.
Arnas. Blaceret. Saint-Etienne-les-Oullières. Odenas. A Charentay nous
cherchons un gîte pour la nuit. Une famille sympa nous indique le gîte de la
Belle-mère. Et s’il n’y a pas de place dans ce gîte on peut même revenir dormir
chez eux ! Va pour le gîte de la belle-mère… Trois épis. 80€ la nuit, petit
déjeuner inclus. Oups ! Un peu chérot !
Cette ancienne ferme est surmontée d’une très haute et très fine tour.
L’histoire raconte que la belle-mère l’avait fait édifier afin de surveiller, de làhaut son gendre volage… Nous retournons dans le village. Là, plus question de
nous héberger… Bon, nous remontons sur nos vélos. Un peu plus loin, une
ferme. Le temps n’est pas des plus beaux. Le vent se lève, la pluie menace.
Nous nous dirigeons vers la ferme. Trois boîtes à lettres. Un drôle de gars nous
observe. On dira que c’est un simple d’esprit. Antoine l’a surnommé, entre
nous, Patrick. L’un des habitants de la ferme accepte que nous installions notre
tente tout près du bâtiment où se trouvent trois voûtes.
Dans la première, une carriole. Dans la deuxième une voiture. Et la troisième
est transformée en niche géante pour chien gentil mais fugueur et, nous
l’apprendrons au cours de la nuit, aboyeur quand des chats viennent à passer
devant son bercail ! L’habitant me permet de recharger mon téléphone
portable et nous montre où se trouve le robinet. Antoine remplit bidons et
bouteille. Un aménagement permet même de poser assiettes et casseroles
pour faire notre vaisselle ! La charrette sous l’abri de la voûte nous permet
d’étaler notre matériel et nous sert tout à la fois de banquette, de table et
d’étagère. Bien pratique en tout cas, car le vent, froid, souffle.
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Quelques gouttes de pluie. Presque rien. Les piquets de la tente ne tiennent
pas en terre, dure. Qu’à cela ne tienne ! Sous cette même voûte je trouve des
barres de métal très lourdes mais pas très grosses. Je les introduis dans les
boucles de la tente où normalement l’on fixe les piquets. Et ça tient !
Celui qu’Antoine appelle Patrick nous observe de près. J’espère qu’il dort, la
nuit ! Roland, au téléphone nous prévient : cette nuit, le thermomètre va
descendre à 2°C ! La soupe en sachet bout. Elle nous réchauffe. Ce soir, pas de
toilette ! Et les toilettes ? C’est à côté du poulailler !
Nous avons fait 66 kilomètres aujourd’hui.
 Lundi 28 avril
J’ai eu froid, cette nuit ! A en claquer des dents.
Mais pas Antoine. Et surtout j’ai eu une épouvantable crise de crampes
nocturnes qui ont un peu effrayées Antoine. Le vent n’a pas cessé que ce soit
pendant l’installation de la tente jusqu’à ce que nous allions nous coucher. Il a
plu deux fois. Le soir assez tard et le matin, assez tôt du bruit à côté. Quoi ? Le
père de « Patrick » est au jardin de l’autre côté du muret pour aller cueillir des
salades.
Saint-Lager. Belleville. Et là, youpi ! Une piste cyclable (intitulée Voie verte,
comme de bien entendu…) ! Sans trop réfléchir, nous nous y engageons. Nous
nous arrêtons à Cercié. D’abord à la pharmacie pour acheter de quoi remédier
à mes crampes nocturnes, où la pharmacienne me propose du cuprum
metalicum, la même médication homéopathique que m’administre Claudine,
mon médecin. J’achète aussi l’indispensable Sporténine©. Là, un vieux
bonhomme sympathique me vante les mérites du savon de Marseille (pas un
autre, attention !) souverain contre ce mal. De retour à la maison j’ai regardé si
cette croyance était fondée ou farfelue. Fait chaud, et le long de la voie verte il
y a tout ce qu’il faut comme sanitaire. J’enlève les épaisseurs que j’ai en trop.
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Par prudence (ne sait-on jamais !) je regarde la carte. Et là ! Bingo ! Ce n’est pas
la bonne direction… Nous ne faisons pas demi-tour mais obliquons à travers les
vignes du Beaujolais vers Villié-Morgon (j’essaie de me souvenir où habite Toto
Jambon, dans la cave de qui nous allions chaque année fêter dignement
l’arrivée des vacances scolaires en mangeant un bien bon repas et en goûtant
sa production viticole). Nous nous arrêtons à nouveau pour faire le plein dans
une épicerie. Et aussi du savon de Marseille. Je veux essayer. On ne sait jamais.
Et contre toute attente, l’explication serait que le vrai savon de Marseille est
élaboré à base de potasse. Dans les crampes nocturnes dues à un déficit en
potassium intracellulaire, les ions de potassium issus de la potasse
pénètreraient la peau et se fixeraient dans les cellules musculaires. Donc, ce
n’est pas n’importe quoi ! Contrairement à ce que dit Antoine. Et, anecdotique,
l’épicier est cycliste ET plongeur niveau 3 ! Lancié. Romanèche-Thorins. La
Chapelle-de-Guinchay. C’est à La Chapelle-de-Guinchay que nous faisons notre
pause repas de midi, sur les marches de l’église. Nous nous lavons les mains,
remplissons nos bidons et faisons la vaisselle à l’évier des services techniques
municipaux. La conséquence d’une très récente foire qui s’est déroulé au
village est que les sanitaires publics ont été dévastés !
Saint-Amour. Châne. Loché. Antoine est scandalisé par les désherbants
répandus sur les vignobles. L’herbe est toute brûlée, jaune paille. Scandalisé
aussi par un tag, une croix gammée. Mais nous rions en passant devant une
cave dont le vin s’appelle « Pisse Vieille » ! Les maisons, en pierre, sont très
belles.
Giratoire Alain Girel, céramiste et ses verres
géants Charnay-Lès-Mâcon. Et là, Antoine me
dit qu’il a entendu un bruit et s’arrête.
Effectivement, je trouve une fine lamelle de
métal. Je lui dis qu’il a sans doute roulé làdessus et que c’est ce bruit qu’il a entendu !
Je jette le bout d’aluminium au loin. Mais,
impossible de redémarrer !
La roue est complètement bloquée. Le pneu a une hernie juste là où il manque
un morceau de jante, un fin et court morceau de jante. Ah ! C’était donc ça ! La
hernie empêche le pneu de passer entre les patins de frein. Seule solution pour
que, au moins, la roue puisse tourner (sinon il faut porter le vélo et avec les
sacoches…), il faut dégonfler le pneu et décrocher les freins.
On ira pas loin, comme ça !
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Tout près, un garage. Le patron est seul, il n’est pas disponible pour nous
emmener au vélociste le plus proche. Une famille de trois enfants (deux
garçons de 8 et 11 ans) une fille de 14 ans et les parents nous rejoignent. Ils
cherchent le début de la piste cyclable. Nous aussi, avant d’atterrir ici nous la
cherchions. Mais là, ce n’est plus la priorité. Nous leur souhaitons bonne
chance.
A côté, l’entreprise Miditraçage. Ils tracent les bandes blanches sur les routes.
Un bureau. Et dans la cour, un camion et deux messieurs. Ils me disent que
comme nous sommes lundi, le vélociste sera fermé. Reste Décathlon. Ils ne
peuvent emmener qu’une personne et un seul vélo. Antoine reste donc au
bureau et je monte dans le camion. Très sympas, les deux ouvriers sont venus
avec moi jusqu’à l’atelier du magasin pour connaître le délai d’attente. Devant
nous, un monsieur. Avec moi, une demi-heure d’attente. Trop long ! Sinon, ils
m’auraient ramenée… Ils repartent chez eux, leur journée est finie. Je tourne
en rond dans le magasin, en attendant. Au final, la roue est changée. Ils ont
remis la cassette, la chambre à air et le pneu. Ils ne m’ont pas assommée ni fait
croire qu’il fallait aussi changer les patins de frein (par exemple).Total de la
réparation : 53,90€. Rien à dire, c’est correct ! Et je repars, munie des
explications (écrites !) des réparateurs du vélo qui ne me font passer que par
des petites routes. De retour à Miditraçage je remercie les deux employées de
bureau (l’une est peut-être la patronne, Florence Jean-Stock) et nous partons à
notre tour à la recherche de la piste cyclable. Mais là, il nous faut changer de
carte. Nous ne sommes plus en Rhône-Alpes (la carte Michelin « indéchirable »
de 2011 où 1 cm =2 km a été parfaite !).
Et un peu plus haut, à gauche, nous trouvons un chemin interdit à la circulation
mais qui n’est pas labellisé comme piste cyclable. Comme il va dans la bonne
direction, nous l’empruntons. Et c’est bien ça ! Il rejoint un peu plus loin la vraie
voie verte que je connais pour avoir dormi à Cluny au gîte collectif communal.
Et, juste avant Berzé-le-Châtel, une oeuvre
d’art brut, issu du cerveau d’un original. Il
fait référence à Lamartine, originaire de la
région. Son oeuvre est basée sur la
musique.
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Puis devant Berzé-le-Chatel, jolie discussion en espagnol avec une dame,
Mexicaine car sur son tee-shirt, un « Hola Chica !» m’a interpellée. Puis je fais la
course avec son fils, lui à trottinette. Il est allé jusqu’à 20 kilomètre/heure ! Vif,
le gamin ira loin ! Il s’est d’ailleurs bien éloigné de sa mère. Je lui demande son
prénom, celui de son petit frère. Ils sont à consonance turc. Père turc, mère
mexicaine. Un mélange pas si courant ! Il comprend un peu les langues de ses
deux parents, les parle un peu. Plus le français, parfait ! Nous roulons dans un
long tunnel. Cet ouvrage avoisine les 11°C. L’ouvrage a été utilisé comme
champignonnière après l’arrêt de l’activité ferroviaire et sa désaffectation
pendant de nombreuses années a permis à sept espèces de chauves-souris de
s’implanter, dont le très rare "Grand Rinolphe". Le tunnel est fermé l’hiver (du
1er octobre au 15 avril) pour leur permettre d'hiberner. Et tout de suite après
le tunnel, une côte très raide. Le problème du compteur est plus ou moins
réglé. Il ne faut pas que la sacoche frotte contre l’aimant qui tourne et donne
l’impulsion au compteur… Cluny est un peu plus loin. Peu après le tunnel,
remarquable enchevêtrement de lianes
A Taizé, le gîte est complet et la communauté religieuse n’accepte pas les
cyclotouristes.
Un écureuil traverse la piste. Hésite. Revient sur ses pas. Repart. Nous avons eu
tout loisir de l’admirer !
Près d’un lieu où les rochers abondent
nous prenons le temps de discuter avec
une jeune et jolie chevrière. Petit accent.
Oui, elle est allemande. A Cormatin nous
arrivons au gîte de l’ancienne filaterie.
On filait le crin de cheval dans ces
ateliers. En particulier pour bourrer les
selles..
Nous retrouvons la famille de trois enfants qui cherchait son chemin alors que
nous étions en panne. Ils sont tout étonnés de nous voir déjà arriver alors qu’ils
sont là depuis peu de temps. Une dame nous installe dans notre chambre. Au
moins nous aurons chaud ! Vraie salle de bain. Un lit chacun. Une galerie
artisanale nous tente. On y trouve de tout : jouets, vêtements, parfums mais
nous sommes davantage inspirés par ce qui se mange et achetons saucisson,
fromage et confiture de sucrine (une cucurbitacée) et pamplemousse.
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Nous avons pu en goûter plusieurs, des confitures, avant d’arrêter notre choix
sur celle-ci. Attenante aux chambres, une cuisine que les cyclotouristes
peuvent utiliser. Elle est toute équipée. J’y fais cuire mon mélange de graines
fait maison (lentilles, Ebly, boulgour…).
Puis nous discutons, après le repas avec le père de famille. Je porte la veste de
vélo Handivienne. Ce monsieur s’appelle Jacques et est le cousin de Michel
Thivilliers, un copain du club, handicapé, qui fait du handbike ! Le monde est
petit. Jacques est originaire de Bourg-en-Bresse. Après le repas, dodo ! Le petit
déjeuner est inclus dans la nuitée qui nous coûtera 59€. Quand je pense aux
80€ du gîte de la Belle-mère…
65 kilomètres au compteur.
 Mardi 29 avril
Le petit déjeuner est royal ! Céréales, yaourt, pain, confitures, thé, lait froid,
café ou chocolat chaud. Pleins d’énergie, nous reprenons la route.
Sur la piste nous discutons avec un monsieur, un Hollandais, ancien proviseur
de lycée. Sa femme, professeur de géographie. Il mettait en place les projets
Comenius dans toute l’Europe, élargie à la Turquie. Aujourd’hui à la retraite, il
s’investit encore beaucoup dans de nombreux projets.
Arrêt dans une supérette. Et pause pipi à la mairie grâce à la police municipale
car la mairie est fermée. J’appelle Lolo. Oh ! Miracle ! Elle décroche ! Elle est si
occupée avec ses deux filles… C’est drôle, elle qui parle souvent de Chalon, j’ai
toujours cru qu’elle en était originaire alors qu’en fait c’est à Saint-Rémy qu’elle
est née. A Chalon-sur-Saône, pause repas le long de la Saône, un lieu de piquenique bucolique et sympathique. Nous ne sommes pas les seuls à nous installer
ici. Un peu plus loin, plusieurs camping-cars. Je demande au propriétaire de
l’un d’entre eux où se trouve le point d’eau. Et c’est dans leur camping-car que
je fais la vaisselle. Sympas, ces italiens !
Nous suivons la Saône et tombons sur un groupe de personnes attablées. Nous
leur demandons la route. C’est un collectif d’artistes, acteurs (entre autres) de
Chalon dans la rue, un festival annuel. Ils sont installés dans la friche portuaire..
Ils se désolent que ce lieu soit non seulement abandonné par la ville mais
surtout voué à la destruction. En particulier ces anciennes grues du port qui
rouillent et qu’ils aimeraient voir rénovées et entretenues.
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Un autre bâtiment est occupé par un collectif d’architectes. Un artiste nous
conseille de poursuivre notre chemin le long des quais et de ne rejoindre la
route qu’un peu plus loin. Antoine, passionné par les tags voudrait que je les
photographie tous ! Certains sont de vraies oeuvres d'art ! Un peu de douceur
dans ce monde de brutes A la sortie des quais, un chemin plus ou moins
praticable et à nouveau la route, dans la zone industrielle. Encore un tag. En
sortant, un rond-point. Et c’est un accident mineur mais qui aurait pu mal
tourner: au rond-point je vais tout droit. La voiture, derrière moi, me suis puis
me coupe la route car elle, elle tourne à droite. Heureusement la voiture
n’allait pas vite ! Elle heurte mon vélo sur le côté avant gauche. La sacoche
amortit le choc. J’ai le temps de décaler, de poser le pied à terre. Ouf ! Je ne
suis pas tombée ! Arrivé de l’autre côté, le conducteur complètement hors de
lui s’arrête. Sort de sa voiture et commence à m’abreuver d’insultes. Les
conducteurs n’approuvent pas sa conduite (dans les deux sens du terme !) et je
vois bien les yeux ronds d’un chauffeur de poids-lourd qui, du haut de sa cabine
a pu voir toute la scène. J’essaie de me défendre en expliquant au malotru qu’il
est en tort. Il s’énerve encore plus. Je renonce, remonte sur mon vélo. Je suis
ébranlée. Un petit peu envie de pleurer aussi. Pas devant Antoine. Il a eu aussi
très peur ! Il était derrière moi. Nous continuons notre route. Plus de peur que
de mal.
Nous trouvons le canal du centre. Champforgeuil.
Fragnes. Chagny. Alors que j’étais en train de réparer le vélo d’Antoine (il avait
mis la béquille en contrebas par rapport au vélo, ce qui avait faussé les
réglages), une dame est venue entamer une discussion avec nous. Où nous
allions, d’où nous venions… Elle nous a fait part de son expérience au
Kirghizstan et de son projet de voyage, toujours à vélo, en Argentine, avec des
cols à 3000 mètres d’altitude. Une toute autre ampleur que notre petit voyage
pépère à nous. Mais qui, bien que modeste, en impressionne quand même
certains. Cette dame, depuis peu l’heureuse grand-mère d’un nouveau-né est
venue lui rendre visite. Elle vient de Charente et a emprunté le vélo de sa fille
pour se détendre en pédalant un peu le long du canal. Nous voyons une sorte
de biche dans un pré. Bizarre, elle est complètement immobile. Et à côté d’une
grande cible. Bêtes que nous sommes ! C’est aussi une cible pour le tir à l’arc !
Notre compagne de route nous laisse un peu plus loin et nous, nous continuons
sur notre lancée ! Nous roulons si bien qu’en longeant le canal nous sommes
allés trop loin. Nous étions, il faut le dire, en pleine discussion avec cette dame
à la conversation très intéressante. Nous avons dû faire demi-tour, soit 26
kilomètres de trop ! Car, au lieu de bifurquer légèrement sur notre droite après
Chagny, nous avons carrément obliqué à gauche, toujours en suivant ce maudit
(mais si joli !) canal du centre redescendant en quelque sorte vers le sud !
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Heureusement que nous sommes allés dans le village pour faire remplir nos
bidons dans un bistrot. Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai sorti ma carte, pas tout à
fait sûre de moi. J’ai demandé le chemin pour Chagny. Ça les a bien fait rire !
Mais, sympa, le bistrotier et ses clients nous ont remis sur le droit chemin.
Retour à Chagny ! Nous croisons une famille avec deux remorques : des
bagages dans l’une, un enfant dans l’autre. Ils vont de l’Atlantique à la Mer
Noire.
Nous avons trouvé un camping. Pas envie de sortir la tente car pendant ce
retour sur la bonne voie, il s’est mis à pleuvoir pas mal ! L’employée du
camping municipal (petit accent : elle est Brésilienne !) nous a loué un « chalet
», sorte de mobil-home déguisé en chalet. 5 places pour nous deux ! 50€ la
nuit, sans repas ni déjeuner ! Mais au chaud… C’est vrai qu’il est grand ! Nous
avons dû signer un contrat de location (Ah ! l’administration !). J’achète un
jeton de lavage et un de séchage. Nous fermons la porte de la chambre avec le
grand lit et nous attribuons la chambre aux lits superposés. (Moi en bas).
J’allume le chauffage à fond pour sécher nos vêtements. Je demande à un
belge s’il peut me donner un peu de lessive. Comprend pas. Sa femme sort le
nez et immédiatement me tend son bidon de lessive. Lui, avec humour : « C’est
normal que je n’ai pas compris, je suis un homme !… Dans le village, à 300
mètres l’on nous dit que l’on trouvera une pizzéria. Antoine en a très envie. Et
c’est dans un restaurant de haute tenue que nous « atterrissons » ! C’est quand
même mieux ! Et ce n’est pas pour déplaire à Antoine… C’est un épicurien, ce
garçon ! Le restaurant l’Arôme est excellent. Pas très grand, il n’y a pas
beaucoup de table. Les assiettes sont grandes. Les quantités qu’elles
contiennent ne sont pas très importantes mais les mets sont si délicats ! La
mise en bouche est une purée de carottes et un confit de saumon. Un délice.
Ça nous change de notre éternel mélange de graines à l’huile d’olive et à la
tomate. Je commande, sur les conseils avisés de la serveuse, un blanc, un
Bourgogne Chitry Chardonnet. Les vélos restent dehors. Je ne pense pas qu’ils
craignent grand-chose. En attendant, à portée de nos mains, une niche contient
une bibliothèque avec des livres uniquement consacrés aux saveurs et aux
mets qui nous mettent en appétit. Des écrivains racontent en de courtes
nouvelles des expériences gustatives liée au grand art culinaire ou tout
simplement à des souvenirs d’enfance. [Elles me font rappeler la charlotte aux
pommes que me faisait maman avec du pain rassis trempé dans du lait, des
oeufs et des raisins secs macérés dans du rhum et versé dans un moule
chemisé de caramel. Et puis la crème renversée aux oeufs cuits dans la cocotteminute. Ou encore la jardinière de légumes que je faisais avec papa. Mon père
a toujours cuisiné et cuisine encore le salé et maman plutôt les gâteaux.
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Mais non, papa fait un excellent gâteau aux noisettes, il confectionne avec
amour des orangettes avec ou sans chocolat, la nougatine aux amandes (mais
ça fait longtemps). Et quand papa était absent pour ses long déplacement à
l’étranger c’est bien maman qui faisait tout, le sucré comme le salé !] Mais
aussi les livres que la patronne avait, petite fille (la chenille qui mange et fait
des trous). Le cuisinier du restaurant a travaillé à Charbonnières-les-Bains. Ici,
le lieu est beau. Cuisine nouvelle ? Tout est délicat, léger. Comme une mousse.
La daurade et l’aïoli comme émulsionné qu’a choisi Antoine est goûteuse. Mon
snack de tête de veau est original. Le tout pour à peine 59€ les deux menus, la
bouteille d’eau pétillante, le verre de vin, le jus de fruit !
Après manger je vais dans la petite cour, au fond de la salle. Et là, surprise, des
plaques de verre posées au sol dévoilent un escalier qui descend à la cave et
aussi un puits peu profond, à peine une mètre, dans la cave, bien mis en valeur
par un bel éclairage.
Le patron nous ouvre la trappe pour que nous puissions visiter. Une source
traverse tout le village. C’est une ancienne chapellerie (XIXe jusqu'au milieu
XXe). Pendant la guerre, ce fut le siège de la Kommandantur. Puis de 1958 à
1993 l'atelier d'un photographe.
Il pleut quand nous rentrons du restaurant. Je vais chercher les vêtements dans
le sèche-linge. La nuit, la pluie qui tombe dans la gouttière puis arrive sur le sol
(revêtu de métal ?!?) fait différents bruits. Du goutte à goutte (ploc ploc), au
bruit d’un robinet qui coule, au tapotement énervé d’un doigt sur le coin d’une
table au martèlement et jusqu’au bruit de moteur. Antoine n’a rien entendu de
tout cela. Il a dormi comme une souche ! Mais moi, j’ai eu trop chaud. Et ce
bruit !
Environ 72 kilomètres parcourus aujourd'hui.
 Mercredi 30 avril
Hier nous avons réservé un pain viking. Aux graines. Il est bon mais je suis
déçue, il est tout mou. Il nous faut faire un (bref !) état des lieux. Une lampe ne
fonctionne pas. Nous ne savions pas qu’il fallait louer des draps. Heureusement
nous avions nos duvets à capuche !
La gérante nous indique la route à suivre pour ne pas commettre la même
erreur qu’hier. D’abord le trajet pour sortir du village. Puis Corpeau. Nous nous
trompons un peu et arrivons à Ebaty. Des personnes nous remettent sur le
droit chemin et nous disent qu’un peu plus loin nous devrons prendre une
petite « bambée » sur notre droite. Bambée ! Quel joli nom !
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Dans une supérette Casino, nous achetons tout ce qu’il nous faut. Mais le
papier toilette ne se vend, au minimum, que par quatre rouleaux ! Encombrant,
même si c’est bon marché ! La gérante nous propose gentiment de nous en
racheter deux ! Sympa ! Nous traversons plusieurs villages en travaux: les
touristes arrivent cet été !
Pommard et Beaune. Nous aurions voulu faire la route des vins que nous ne
nous y serions pas pris autrement ! La route zigzague entre les vignes, bien
balisée pour les cyclotouristes que nous sommes, elle est truffée de petites
pancartes blanches représentant un vélo de couleur verte. Impossible de se
perdre ! Ça monte, ça descend, jamais méchamment. Bien agréable, ce
balisage.
Nous mangeons sur la place du village de Savigny-de-Beaune à côté de la
fontaine. Un chat mendie quelques miettes de notre repas: du pâté en croûte,
des tomates et des céréales cuites en salade. Comme dessert, une pomme.
Avec de l’eau de notre bouteille, petite vaisselle. Rincée à la fontaine.
Et à partir de Savigny-de-Beaune, la vallée commence et c'est une merveille !
Une merveille botanique, cette vallée. Je reconnais le fraisier, l'ancolie, le
muguet, le coucou, l'anémone pulsatile, l'euphorbe, le sceau de Salomon,
l'orchidée, le tout accompagné de chants et de cris d’oiseaux. Merle, coucou,
pic vert. Il fait frais sous le couvert des arbres et le soleil est au rendez-vous.
Impression de sérénité. S’il fallait trouver une image du cyclocamping, ce serait
la découverte de cette vallée.
Et là, dans la magnifique descente… catastrophe ! Ma sacoche avant droite
frotte dangereusement les rayons, le bruit et les vibrations ne trompent pas. Je
m’arrête brusquement. C’est le porte bagage qui s’est désolidarisé du cadre sur
un des points d’attache : la vis est toujours là, mais plus le boulon ! Je cherche
dans mon sac à outils et je trouve un boulon correspondant à la taille de la vis.
Je fais signe à une voiture qui descend afin que le conducteur prévienne
Antoine pour qu’il ne s’inquiète pas. Mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas dû
comprendre mon signe. La voiture qui montait, en revanche, elle, s’arrête mais
sa conductrice est pressée. Elle ne redescendra pas. Clé Allen, clé à pipe. C’est
réparé ! Je repars mais ça recommence, ça ne tient pas… Je mets alors la
sacoche sur le porte-bagage derrière moi, bien fixée par un tendeur et je repars
à nouveau. Je vois arriver Antoine, plein de courage, remonte à ma rencontre !
Pont-d’Ouche. Nous avons changé de département, nous sommes en côte d'Or.
Une entreprise de métallerie, fabricant des portails et autres ouvrages. J’entre
dans un bureau, je leur demande s’ils ont une vis et un boulon à me donner.
Espérant secrètement qu’un ouvrier pourrait y jeter un oeil. Et c’est une fin de
non-recevoir. Ils sont en plein inventaire !
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
La secrétaire m’oriente sur l’entreprise voisine. Mais les limites géographiques
entre les deux entreprises ne sont pas claires, je retombe sur un ouvrier de la
même entreprise que précédemment. Plein de bonne volonté, lui, il est prêt à y
jeter un coup d’oeil. Mais il doit demander le feu vert à son chef. Il ne revient
toujours pas. Tant pis, nous, on s’en va ! Une belle piste cyclable s’ouvre devant
nous, le long du canal de Bourgogne, direction Dijon. Parfait ! C’est ce que
j’avais stabiloté sur ma carte. En avant ! J’appelle même Jean-Claude Perronet
un champion de course à pied de Dijon, aveugle, qui court sur toutes les routes
de France accompagné par des guides. Nous serons là-bas dans la journée.
Pont-d‘Ouche. Veuvey-sur-Ouche. La-Bussières-sur-Ouche. Saint-Victor-surOuche. Gissey-sur-Ouche. Et là encore nous regardons la carte. Je retourne la
carte et là ! Oh misère ! Je ne sais pas du tout ce que j’ai fabriqué… sur l'autre
moitié de carte, le circuit suit bien ce même canal de Bourgogne mais… sur la
branche gauche du canal et non la droite ! En effet, à Pont-d‘Ouche le canal
forme comme un V, dont l’un orienté vers le nord-est (la direction dans laquelle
nous sommes partis) et l’autre vers le nord-ouest où nous aurions dû aller…
Deux option: faire demi-tour ou bien traverser et grimper les montagnes pour
passer de l’autre côté. Plein de courage, nous optons pour la deuxième
solution.
Agey. Nous nous arrêtons chez une habitante pour remplir nos bidons. Ça
grimpe pas mal, mais on peut rester sur les vélos en mettant « tout à gauche. ».
Rémilly-en-Montagne, qui porte bien son nom. Le-Trembloy. Charmoy. De
petites routes qui ne sont pas sur ma carte. J’hésite, nous nous arrêtons et
demandons notre chemin. La rivière porte un joli nom: la Sirène. Et voilà une
très belle descente et à droite une montée vertigineuse, un vrai mur (si cette
petite route était dessinée sur la carte elle aurait trois chevrons) qui nous
oblige à poser pied à terre. Nous passons devant un hameau, Loizerolles avec
sa chapelle et son château, le tout est une propriété privée fermée par des
grilles. Si le château date de la moitié du XIXe siècle, le site a abrité une abbaye,
en partie résidence des moines qui rejoignirent l'abbaye actuelle de LaBussière-sur-Ouche après un incendie, vers 1130. Le château et ses
dépendances (grange et calvaires classés, chapelle Saint-Sylvestre, habitations
des anciens fermiers, prés, potager, bois, etc.) sont implantés sur près de 26
hectares. En 1988, la grange monastique « Dîmierre et le calvaire ont été
inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les murs en
briques roses ont été conservés par leurs récents propriétaires. Un charmant
petit château inconnu, loin de tout et pas facile à trouver par des touristes non
avertis. Il est vraiment situé hors des sentiers battus et il apparaît sous nos yeux
comme un rêve car en général en empruntant de telles routes, on atterrit
plutôt dans des hameaux quasi abandonnés, voire dans une cour de ferme.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
C'est une riche famille anglaise, Joy et Martin Cummings qui en est
propriétaire. Je dérape et tombe sur les graviers disposés devant la grille
d'entrée. La selle a un peu tourné sur la droite, un peu, tant pis, nous
continuons. Encore une belle descente !
Nous hésitons, ne nous arrêtons pas au premier gîte et poursuivons en
direction du lac de Panthier (un réservoir artificiel de 120 hectares). Un site de
pêcheur y publie les photos de très belles prises!! Ce réservoir alimente le canal
de Bourgogne. Nous passons devant une drôle de maison. Elle est en tôle
peinte d’un joli paysage et surmontée d’une éolienne. Sur le gouvernail de
l'éolienne est écrit : « L’eau s’pisse » ! ». La maison est agrémentée d’un jardin
(potager ?). Passé assez vite, nous nous promettons de la photographierons
demain, quand nous repasserons devant.
Il est déjà dix-neuf heures trente quand nous arrivons au camping du lac de
Panthier ! Dans le bâtiment de l’accueil, une piscine intérieure. Mais elle ferme
à vingt heures. Tant pis ! Le temps d’installer la tente (le propriétaire du
camping nous prête un marteau), de manger, il sera l’heure d’aller se coucher.
Un monsieur sympa, cyclo-campeur comme nous, mais un peu collant engage
la conversation, pose pleins de question, nous donne des conseils. Il a déjà fait
l’Europe à vélo. Là, il fait juste la Bourgogne avec sa compagne. Il habite la
Région parisienne. Quand je lui dis que j’ai froid sous la tente, il nous dit
qu’avec un matelas et un drap isolant (à 50€ quand même) qui augmentent la
chaleur de 5°C je ne devrais plus avoir froid. Bon, c’est vrai, il tracte une
remorque, il peut transporter plus de matériel que nous! Sympa, il nous prête
sa petite bouilloire d’un demi-litre qui nous fait gagner du temps pour faire
chauffer l’eau de la soupe et des céréales. En échange, je lui prête ma passoire
pour les pâtes. Il nous donne ce qu’il lui reste d’un sachet de pâtes car demain
ils ont fini leur randonnée à vélo. Pendant ce temps, je prends une douche,
bien agréable dans un bâtiment chauffé aux infrarouges. Antoine a commencé
à monter, seul, la tente. C’est la première fois ! Il a grandi et fait des progrès
depuis l’an dernier. Il ne file plus à trois kilomètres devant et m’attend à
intervalles réguliers, ne se plaint plus sans cesse qu’il a mal quelque part.
Quand je sens qu’il pédale avec moins d’ardeur ou qu’il devient taiseux c’est
qu’il faut faire une pause. S’arrêter, manger une barre ou des fruits secs ou
carrément le repas. Je ne l’écoute pas toujours quand il dit qu’il n’a pas faim ou
que c’est trop tôt pour chercher un gîte car il présume souvent de ses forces.
L’impression qu’il veut toujours aller plus loin, pas s’arrêter. Des Anglais nous
prêtent un tabouret sur lequel s’emboîte un plateau et le voilà transformé en
table ! Assis sur le rebord d’un parterre de fleurs, tout près des éviers nous
mangeons le saucisson acheté à Cormatin, nos céréales cuites avec de l’huile
d’olive, du fromage et du pain avec de la confiture de figues.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Le compteur affiche73,82 kilomètres. Il a bien voulu se remettre en marche
aujourd'hui.
 Jeudi 1er mai
Antoine se plaint du sol qu’il a trouvé dur et moi, du froid. Avant de partir du
camping je demande au propriétaire, s’il a une vis et un boulon pour réparer
mon vélo. Il a bien des vis. Mais l’une est trop petite, l’autre trop grande ! Il me
les donne toutes les deux, comme étalon, pour trouver, ailleurs, la bonne.
Nous repassons devant « L’eau s’pisse » mais le soleil est de face. Impossible de
photographier l’éolienne. Dans le jardin se tient un homme. Il est prof de
techno et c’est avec ses élèves qu’il a conçu et fabriqué la maison en paille et
laine de mouton ainsi que l’éolienne. Mais qui l'habite ? Le prof ?...
Un magasin ouvert le 1er mai, le Casino de Créancey. Nous ne trouvons pas de
petite bouteille de gaz. La nôtre sera vide assez vite. Nous achetons le modèle
au-dessus. Pas de place ailleurs que dans le sac étanche que porte Antoine et
qui renferme la tente et les duvets. Fruits. Barres de céréales. Yaourt à boire,
pour Antoine. Tomate et jambon persillé. Ma sacoche posée derrière moi est
encore plus en équilibre car elle est posée sur une autre sacoche devenue
bombée depuis que j'y ai rangé des courses. Je demande à Antoine de rester
derrière et de vérifier si elle ne risque pas de tomber.
Pouilly-en-Auxois. Nous retrouvons le canal. Et, curieux allons voir d'un peu
plus près la voûte du canal de Bourgogne. C'est un tunnel de 3333m.
Construit à partir de 1775, le canal de
Bourgogne relie la Seine à la Saône. La
ligne de partage des eaux entre le
bassin de la Seine et celui du Rhône se
situe dans la région de Pouilly. C'est
d'ailleurs à Pouilly, dans ce long
souterrain également appelé « la
voûte ») que le canal passe de l'un à
l'autre.
Pendant plus de 7 ans des ouvriers mineurs creusèrent ce souterrain. Pour les
mariniers, il ne fallait pas moins de 10 heures pour le traverser.
En 1893, on le remplaça par un toueur électrique, et le trajet fut réduit à 2
heures seulement. Une autre difficulté dut être surmontée : la voûte n'étant
pas assez haute, les bateaux les moins chargés touchaient le haut de la voûte.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
En 1910 fut trouvée la solution : on mit en service un bac transporteur sur
lequel prenait place la péniche. Après avoir vidé une partie de l'eau contenue
dans le bac, le bateau se trouvait à un niveau suffisamment bas pour être pris
en charge par le toueur. De nos jours, les rares péniches traversent seules. Pour
cela, il faut abaisser le niveau de tout le bief.
Quelques messieurs sont autour d’une voiture, capot ouvert, dans le garage
d’une maison particulière. Une dame les regarde. Ça bricole sec ! Je demande
si, par hasard, ils n’auraient pas le boulon qu’il me faut.
Non seulement ils l’ont mais en plus ils se chargent, à deux, de réparer le
vélo.
Il ne manquait pas seulement un petit boulon mais aussi une rondelle, de
l’autre côté de l’oeillet. Le "réparateur en chef" me donne son adresse courriel
pour que je lui envoie le compte-rendu de notre rando à vélo. L’une de mes
clés Allen est toute usée, c'est celle que j’utilise le plus. Elle tourne dans le vide.
Il m’en offre une qu’il a eue à Ikea et qui sert à monter les meubles. Elle est
ancienne et semble plus solide que celle que j’avais. Antoine qualifie à juste
titre cette famille de « chaleureuse ». Il s’appelle J. Royer et habite juste à côté
d’un abri où est exposé le toueur. Eguilly, photo d’une magnifique ferme
fortifiée.
En fait c'était un château et une ancienne et importante place forte construite
au XIIe siècle sur un site gallo-romain (daté lui du IVe siècle), un des rares
châteaux fortifiés de plaine. D’habitude, ces édifices sont installés sur des
hauteurs. Celui-ci a été érigé dans la vallée pour barrer le plus grand seuil de
pénétration de France entre le nord et le sud, au carrefour de deux routes
stratégiques romaines : la voie d’Alésia et celle reliant Autun à Langres.
Transformé en château au XVe par les Choiseul, cent ans plus tard, Eguilly a été
réduit en ferme par la famille Mac-Mahon.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Lorsque l’autoroute A6 a été tracée, le projet coupait la propriété entre la cure
et le château (impensable aujourd’hui). Il a été laissé plus de dix ans sans
surveillance et a été pillé jusqu’en juin 1983 où un couple de Parisiens, l’ont
acquis et fait classer au catalogue du patrimoine des Monuments Historiques.
C'est maintenant un centre international d’art moderne et contemporain où
sont exposées quelque 200 oeuvres.
Gissey-le-Vieil. Nous pique-niquons sur une table ad-hoc. Nous mangeons du
jambon persillé de la marque « Antoine Gourmand et Bourguignon depuis 1874
» ce qui le fait beaucoup rire, MON Antoine ! Et aussi du fromage fort du Villet.
Fabriqué en Bourgogne, lui aussi. Saint-Thibault. Caravane ? Non! Bateau !
Nous voyons pour la deuxième fois une biche morte, flottant sur le canal. Les
rebords élevés et très droits ne leur laissent aucune chance. Les pauvres, quelle
mort atroce, s’épuiser ainsi à essayer de remonter sur la terre ferme ! Nous
voyons beaucoup de hérons cendrés. Peu farouches ils s’envolent au dernier
moment.
Juste avant Pont-Royal, un énorme terrier (suivi de plusieurs autres le long de
la piste cyclable) devant lequel un monticule de sable s’amoncelle. Sans doute
un blaireau. Belle bête, sans doute, à voir la taille des trous ! Pont-Royal, tient
son nom de la route royale n° 2 des Etats de Bourgogne, ouverte sous le règne
du roi Louis XV. C'est un petit port sur le canal. A Pouillenay, belle harmonie du
bleu des volets avec le jaune du colza derrière la maison de l’éclusier
remarquée par Antoine.
Nous aimons mieux la piste cyclable qui longe le canal du centre pour le côté
roulant du revêtement et les passages pour les cyclos et les piétons sous les
ponts mais moins la tonte systématique des bas-côtés, nous privant de l’herbe
et des fleurs des champs car nous n’en voyons pas l’intérêt !
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Le chemin de halage du canal de Bourgogne est resté « nature » : petit
graviers, terre, trou, et herbe qui pousse au milieu et de chaque côté. Il est
beaucoup moins fréquenté que le canal du Centre. A chaque pont il nous faut
grimper la petite bambée pour ensuite redescendre de l’autre côté.
Sur le site du canal de Bourgogne géré par le conseil régional du même nom, on
peut lire: "Contrairement à bien d’autres canaux, les maisons du canal de
Bourgogne ne présentent pas d’unité architecturale. Cette mosaïque
d’architectures s’explique par l’étalement de la construction sur plusieurs
décennies et par une rupture forte, la Révolution française. En effet, les projets
de l’Ancien Régime ne sont pas forcément reconduits sous l’Empire. Par
ailleurs, l’Administration du canal étant entièrement refondue, une nouvelle
hiérarchie d’ingénieurs s’impose et le financement est repensé. Ainsi, on ne
dénombre pas moins de cinq types de maisons éclusières portant le nom de
l’ingénieur qui en a fourni le plan. Il est aussi à noter qu’au fil du temps et selon
les besoins des occupants, des ajouts ou des modifications sont très souvent
venus distraire le parti d’origine. 188 maisons éclusières et 28 maisons de
garde ont été recensées. Ces dernières se retrouvent sur les sites d’écluses, sur
les ports, autour de réservoirs, le long d’un bief ou d’une rigole. En Côte-d’Or,
quatre maisons de perception, bâties selon le même modèle, ont été
recensées. Elles furent érigées à partir de 1835 et achevées en 1838 avec un
niveau supplémentaire par rapport au projet d’origine. Elles se composent d’un
rez-de-chaussée sur soubassement, de deux étages et d’un grenier. Certaines
maisons éclusières combinaient plusieurs fonctions et accueillaient également
les bureaux de la perception et les logements en rapport."
Ah ! Au secours ! Je pousse un cri ! Je viens de rouler sur un long serpent de
couleur vert et jaune. Il fait presque toute la largeur du chemin. Ai-je rêvé cette
couleur ? Je n’en avais jamais vu de cette sorte. Une couleuvre sans doute car
je crois savoir que les vipères sont assez courte. J’ai crié car j’ai eu peur qu’elle
ne se rebiffe et ne me morde ! Antoine est un peu plus loin devant. « Ah bon ?!
Je savais pas que t’avais peur des serpents ! ». En fait non, pas vraiment peur
mais j’ai été tellement surprise… j’aurais roulé sur n’importe quelle bête que je
crois que j’aurais crié pareillement. Peur aussi de lui avoir fait mal, je crois.
Voyons. Deux sacoches à plus de cinq kilos chacune. Moi, 60 kilos. Le vélo, au
moins 20 kilos avec les outils, la chaîne, la sacoche avant où je range l’appareil
photo, le petit sac en cuir avec mes papiers. Le pauvre ! Presque 80 kilos lui
sont passés dessus. Antoine et moi retournons sur nos pas. Il a disparu. Il aura
sans doute été mourir plus loin, victime d’une hémorragie interne. Je me
lamente de la mort probable de cette jolie bestiole.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
La pluie menace. Et tout à coup tombe dru ! Le vent la pousse en rideau. Nous
nous abritons chacun le long d’un arbre. Elle passe de part et d’autre. Puis
ralentit et cesse au bout d’un moment. Nous reprenons le chemin. Ça
recommence et encore plus fort. Vite ! La maison d’écluse de Mussy et
derrière, un appentis ! Nous pédalons de plus belle. Laissons les vélos en haut
et descendons les escaliers plein d’orties (aïe !) quatre à quatre nous réfugier
derrière la maison. Elle n’est pas habitée pour le moment mais ses habitants
ont entrepris de créer un mur d’escalade sous cet abri. Une grande et épaisse
planche verticale et une autre horizontale, au plafond sont couvertes de prises
d’escalades colorées et de cordes, d’anneaux.
La pluie se calme, nous redémarrons. Venarey-Lès-Laumes. Jolie vue avec la
péniche de « La joie de vivre » et cette ancienne cheminée d’usine surmontée
d’un arbre. Et nous arrivons à Montbard, ville natale du naturaliste Buffon.
Entre 1733 et 1742, ce dernier, futur comte Georges-Louis Leclerc de Buffon
annexe le château par engagement, le fait raser (ben mince, alors !), ne
conservant que le rempart, l'église Saint-Urse et les deux tours actuelles, pour y
établir un parc aménagé en jardin à la française, à l'anglaise et à l'italienne,
constitués de quatorze terrasses plantées de différentes essences. Buffon
s'établit en partie à l'Hôtel de Buffon, au Petit Fontenet voisin et dans la tour
Saint-Louis qu'il fait diminuer d'un étage (décidément, il détruit tout!) pour
installer son cabinet de travail d'été et sa bibliothèque. Il y côtoie son ami le
naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et y rédige de 1749 à 1788 son «
Histoire Naturelle », une encyclopédie monumentale en trente-six volumes. En
1768, il fonde les forges de Buffon - une des plus importantes entreprises
métallurgiques de son temps - à Buffon à 3 km au nord-ouest de la ville. En
1774, le roi Louis XV de France le fait premier comte de Buffon.
Nous quittons le canal. Après le plat du canal, ça recommence à monter. Une
petite ville s’appelle La-Mairie. Drôle de nom !
Arrans, Antoine refuse de squatter une maison en rénovation. Et la seule
personne à qui je demande de nous héberger, fait une drôle de tête quand je
lui présente ma requête.
Verdonnet. Bon, là il pleut depuis le début de l'après-midi, il commence à se
faire tard et il faut vraiment trouver une solution pour dormir ce soir. Une
dame décharge ses courses. Juste à côté, une sorte de chalet tel que l’on peut
en trouver à Casto, les rideaux aux fenêtres en plus. Y range-t-on des outils ?
Sert-elle de refuge aux enfants ? Je demande à la dame si elle en est
propriétaire. Oui. Si elle veut bien que nous l’occupions pour la nuit. Oui, mais il
n’y a pas de chauffage, d’eau ni de toilettes. « Oh, vous savez, nous, du
moment qu’on a un toit sur la tête… ».
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
« Attendez, je demande à mon mari si vous pourriez dormir dans la salle des
fêtes ». Ben oui, son mari c’est… le maire ! Elle réussit à presque le convaincre.
Il est encore un brin soupçonneux. Je lui dis que je comprends, que j’ai
longtemps travaillé en mairie comme assistante sociale ET responsable du
CCAS. Que je comprends, que la mairie et la salle des fêtes n’est pas sa
propriété, qu’il en est responsable devant ses concitoyens. Ma proposition de
lui confier ma carte d’identité pour la nuit, une caution de taille, le décide
finalement à accepter de nous héberger. C’est tout simplement génial ! La
cousine du maire est partie pour trois ans en tandem avec son mari faire le tour
du monde. Elle aura sûrement dormi, comme nous, dans des bâtiments publics.
En ce moment elle est au Chili. Elle a intitulé son blog : « Le tandem et la vie ».
Grâce à monsieur Cernesson, le maire, nous aurons accès aux toilettes, au
lavabo, et même à la cuisine. En ce qui concerne les radiateurs nous n’en
allumons qu’un, pour sécher nos affaires que nous pendons (chaussures
comprises) sur le portant où sont accrochés les cintres. Je déplie les deux
parties de la tente et les étale sur les chaises pour les faire sécher. Il nous ouvre
même un local, très ancien, pour ranger nos vélos à l’abri et me confie une très
grosse et lourde clé de métal. Elle pèse au moins 300 grammes ! A la cuisine il y
a une bouilloire, ce qui nous permet d’avoir rapidement de l’eau chaude pour
cuire nos graines et faire de la soupe. Je réalise même, suprême dessert de
luxe, des bananes au chocolat noir aux noisettes! Dire qu'Antoine aurait voulu,
comme d’habitude encore avancer mais en fait il n’en pouvait plus de faim, de
froid et de fatigue. Il n’est capable de rien faire ou presque. Il est courageux, ce
garçon ! Nous fermons la cuisine. Elle sera plus facile à chauffer. L’eau qui bout
réchauffe aussi l’atmosphère. Nous entendons des bruits de l’autre côté.
Qu’est-ce ? Le couple fête les 18 ans de leur fille le week-end prochain et vide
la voiture pleine de victuailles. La femme du maire, aide-ménagère, a besoin
que sa voiture soit vide, demain, pour emmener les personnes âgées en
courses. J’appelle le cyclo d’Ampilly-le-Sec pour le remercier d’avoir dessiné le
parcours. On aurait presque pu dormir chez lui… sauf qu’il n’y était pas.
Nous avons fait 91 kilomètres
 Vendredi 2 mai
Il reste du gâteau de riz pour le petit déjeuner. Et j’ai aussi fait cuire hier soir le
reste de graines avec des figues. Ce matin, saupoudré de sucre, c’est un délice.
Trop sucré pour Antoine. Dégoûté, il n’arrive pas à le finir. Je fais mes fonds de
poche et donne 4€ au maire en dédommagement de l’eau et de l’électricité
que nous avons utilisé. Après inspection des locaux (nous avons fait le ménage
et tout remis en place), il me rend ma carte d’identité.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
La femme du maire nous klaxonne en passant sur la route parallèle à celle que
nous empruntons.
Fontaines-les-Sèches (pourquoi ces noms: Fontaines-les-Sèches, Coulmier-lesec, Ampilly-le-Sec...? La région doit avoir un problème d'alimentation en eau,
non ?!) Laignes et la résurgence de sa rivière, la Laigne (sans s!).
Là, pas de problème d'eau! Marrant, à l’abri (il pleut encore !) sous une maison
trois puis quatre hommes jouent les commères et font des commentaires sur
les passants. Je les ai entendus quand je suis arrivée à leur hauteur. Je
cherchais du réseau pour mon téléphone. Hier soir, c’est tout juste si j’ai pu
prévenir Roland comme je fais tous les soirs, que tout allait bien. Je retire de
l’argent et nous achetons du pain et faisons aussi quelques courses. Nous
mangeons au moins un pain et demi par jour. Entre la charcuterie, le fromage,
la confiture et le chocolat… Il repleut, un peu, par intermittence. Griselles. A
droite Villiers-les-Moines. Villedieu. (Très croyants, ici !). Molesme et sa "table
des morts" qui nous intrigue. Les-Riceys.
Pargues est incroyable ! Ce grand bâtiment de brique surmonté d’une tour,
elle-même surmontée d’une tour elle-même surmontée d’une éolienne.
Qu’est-ce ?
Nous posons la question à une jeune femme qui sort par
un petit portillon qui fait face à ce monument. « Je sais pas
». « Quoi ? ! Vous avez ça tous les matins en vous levant et
tous les soirs en vous couchant et vous ignorez ce que c’est
?!! Vous n’êtes pas bien curieuse, mademoiselle ! ». « Je
crois que c’était un moulin. Maintenant c’est la salle des
fêtes ». De retour à la maison je fais un tour sur internet. Et
je trouve un article du journal de l'Est-Eclair:
"Par arrêté du 28 novembre dernier et sur avis de la commission régionale du
patrimoine et des sites (CRPS), le préfet de Région a inscrit le château d'eau et
l'éolienne de Pargues, ainsi que le lavoir qui complète le dispositif, au titre des
Monuments historiques. L'ensemble est représentatif de ce patrimoine
industriel et technique dont la Champagne-Ardenne est riche mais dont le souci
de conservation ne remonte à guère plus d'une décennie.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
L'ensemble de Pargues marque l'identité de la commune et est inédit en
Champagne-Ardenne. Sa construction est décidée en 1901 : il s'agit alors de
rendre pérenne l'alimentation en eau pure d'une série de fontaines-abreuvoirs
disséminées dans le village. La construction est effective en 1902, sur des plans
de l'architecte Ludovic Sot. Le mécanisme est fourni par Henri David,
constructeur à Orléans. Pour compléter l'ensemble, un lavoir est construit,
doublement alimenté par la fontaine et le château d'eau. Le mécanisme de
l'éolienne de 1902, aux imposantes ailes de bois (presque 10 m de diamètre),
sera remplacé en 1922 par un matériel américain « aermotor » - société qui
existe toujours -, installé par un constructeur belge. Ont prévalu dans ce choix
la qualité de la tour de pierre et brique de Ludovic Sot, le témoignage de la
volonté « hygiéniste » des édiles et le caractère unique de l'ensemble. Autre
curiosité du village, l’église, sorte de Sainte-Sophie aux dômes arrondis, en
réfection.
Elle serait, selon un article, toujours de l'Est-Eclair, "exceptionnelle par son
choeur du XVIIe. Dans un département qui est un véritable gisement d'églises
du XVIe siècle, comment expliquer la présence d'une église aussi atypique que
la Nativité-de-la-Vierge de Pargues ? Si la nef est classiquement du XIIe siècle,
laissée telle par le manque de moyens financiers des ouailles à qui la charge
relevait, le choeur reconstruit au XVIIe siècle est un époustouflant exercice de
style. Une coupole monumentale éclairée par un lanternon, contenue par trois
demi-coupoles formant au sol une croix latine aux contours sinueux… Le
maniérisme de choeur à plan centré est encore accentué par le dispositif qui
permet d'aborder l'édifice. En pente légère, la nef du XIIe siècle conduit
naturellement le pas et le regard vers le choeur monumental et baroque
qualifié par Jonathan Truillet, le conservateur régional des Monuments
Historique de « beau et rare ». La mise en scène théâtrale vaut bien celle de
certaines églises de Rome. Elle est restée en chantier pendant quatre ans, C'est
un édifice d'exception parmi le patrimoine monumental protégé de
Champagne-Ardenne. Un superbe décor pour le jardin du Prieuré, situé au sud
de l'église, classé parmi les premiers « jardins remarquables » de l'Aube. "
Chaource. J’ai promis à Antoine d’y acheter
du fromage. Donc, direction la fromagerie.
J’aime les maisons de cette région. Comme
en Alsace ou en Normandie, elles sont à
colombage.
Autre curiosité, cette maison dont les murs
sont agrémentés de morceaux de verre.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Camionnette de Dédé La Bricole ?
Alors que nous roulions, et que je
racontais à Antoine l’histoire,
véridique, de cet évêque, mort dans
un bordel, à ce moment-là, nous
dépassons un papy, un cyclo, muguet
à la main, qui sortait d’un chemin. Je
ne sais pas ce qu’il a entendu de
l’histoire mais il riait beaucoup
Pique-nique à l’abri de la pluie sous une avancée de toit construite entre les
piliers extérieurs d’une église. Juste à un carrefour.
J’ai froid. Je sors la couverture de survie (merci Jacqueline !) et m’enveloppe les
jambes avec. Côté doré à l’extérieur. Faut voir la tête des automobilistes qui
passent devant nous ! Et tout particulièrement de l’un d’entre eux. D’abord, il
nous jette un coup d’oeil distrait. Puis, brutalement, son regard revient sur
nous, l’oeil rond, médusé ! Nous avons bien ri en voyant son expression ! La
pluie a cessé.
Je vais faire la vaisselle au lavoir. Mince ! La tasse a coulé au fond. Pas trop
profond, mais quand même. Il a fallu que je remonte bien haute ma manche !
La réparation de la fixation de mon porte-bagage n’a pas tenu, malgré toute
l’attention dont il a bénéficié. Et pour cause ! L'oeillet est fendu. Comment faire
? Tout à coup, mais oui, mais que je suis bête ! Mon porte-bagage arrière
comporte des barres… Pourquoi diable n’ai-je pas pensé plus tôt à y fixer ma
sacoche ? Je me sens vraiment ridicule. Sur ce porte-bagage est fixée une
sacoche qui est composée de trois parties solidaires : une derrière la selle et les
deux autres de part et d’autre du porte-bagage. Il suffit que je vide la petite
sacoche qui est fixée à droite, que je la replie et qu’à la place je la fixe Comme
ça j’en ai une grosse à l’avant gauche et l’autre grosse à l’arrière droit. C’est un
plus peu équilibré. J’ai aussi une sacoche de guidon.
Antoine, depuis le début a déjà vus une biche, un lièvre (ou un lapin), des grues
cendrées et des écureuils. Moi, je n’ai vu qu’un écureuil, un serpent (le pôvre !)
et des grues cendrées.
Nous traversons la nationale. Metz-Robert. Puis là, nous tournons un peu en
rond. Mais c’est sans importance, les maisons sont exceptionnelles. J’aurais
envie de toutes les photographier !
.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Un peu de nationale jusqu’à Bouilly. Puis enfin c’est Laines-aux-bois. Arrivés à
l’entrée, devant le panneau du village, nous téléphonons à Maryline. Nous
cherchons sa rue et, à sa fenêtre, une dame nous interpelle. « Ma soeur vous
attends ! C’est un peu plus loin ! ». Ce matin nous pensions arriver à Lainesaux-bois pour le repas de midi. Mais, après avoir regardé la carte et au vu du
nombre de kilomètres restant, nous avions admis que nous n’arriverions qu’en
fin d’après-midi. Il est au moins 18 heures. Nous avons fait 105 kilomètres
aujourd’hui ! Notre record depuis le départ. L’accueil est vraiment très agréable
et chaleureux, tant de la part de Philippe, son mari, que de Maryline. Nos vélos
sont à l’abri dans le garage. Il faut dire que le couple fait partie d’un réseau, Bet
y Casa et ont l’habitude d’accueillir plusieurs fois par an des personnes de
passage. Les personnes paient 25€ la nuit avec le petit déjeuner. Mais là, c’est
spécial ! J’ai connu Maryline par Facebook ®. Comme quoi… les réseaux
sociaux, ça a du bon ! Comme j’ai écrit ce livre des Sportifs exceptionnels
Maryline m’a contactée (ou c’est moi, je ne sais plus). Je lui promets de lui
envoyer mon livre. Suite à un accident qu’elle a eu bébé, à 20 mois (une vis
sans fin - courante en agriculture- son bras est passé dedans), elle n’a qu’un
bras. Elle a créé un site au nom sympa (je trouve) : Abracadeuxbras. Elle veut
développer un marché dans son créneau à elle, sur toute la France, pour venir
en aide, par des conseils pratiques, à des personnes, comme elle, qui n’ont pas
de bras du tout ou seulement un moignon. Quand elle annonce que ce n’est
pas gratuit, les personnes ne comprennent pas. « Mais, dit-elle, pour acheter
du pain ou louer un karcher, vous payez bien, non ?! ». [Alors je profite de la
diffusion de mon journal de voyage de Grigny à Grigny à de nombreuses
personnes pour lancer cet appel : allez sur son site et faites le connaître autour
de vous. Voilà, Maryline, c’est fait !]. Donc, comme elle a l’habitude d’accueillir
des voyageurs, elle est très bien organisée : sur notre lit, un petit panier avec
savon, shampoing, gants, serviettes, et même petit tube de dentifrice et oh !
Suprême luxe, de la crème hydratante pour le corps ! Après la douche, ce fut
bien agréable de s’en enduire les jambes en particulier, si exposées au vent et
au soleil. Une vraie peau de croco ! Ils me proposent de laver et sécher notre
linge. Ce n’est pas du luxe ! Vraiment très sympas.
Philippe nous propose un parcours pour poursuivre notre route évitant les
grands axes, surtout la nationale, très accidentogène. « Passez par le chemin
blanc ! ». Le chemin blanc ? mais oui, celui qui longe la voie de chemin de fer !
Il note toutes les villes et villages, étapes du parcours.
Au repas nous voyons émerger Justine, 14 ans, en pleine révision du brevet.
Son frère, Tanguy, arrivera quand le repas est presque fini.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Maryline vient à Villeurbanne à une conférence le 10 juin. Elle finira à 18h. Elle
ne rentrera pas sur Laine-aux-Bois le soir même. L’occasion pour moi de lui
rendre la pareille et de l’héberger.
 Samedi 3 mai
J’ai bien cru que nous n’arriverions pas à émerger de ce lit si moelleux, si doux
et si chaud ! Qu’est-ce qu’on était bien ! Le linge est sec. Nous partons il est
9h30. Comme nous n’avons rien à ranger (ni tente ni sacoche) le départ est
rapide.
Curieux, ce morceau d’église dans le village ! L'église est ancienne, du début du
XVIe siècle. Nous y rencontrons un belge qui fait le chemin de Saint-Jacques, à
pied et seul.
Prugny. Messon : le mur de cette ferme est agrémenté de deux tours. Etait-elle
anciennement fortifiée ? Encore une maison avec une grosse tour
ronde.Fontvanne. A l’entrée d’une école, une sculpture à faire faire des
cauchemars à toute une génération de gamins traumatisés. Il est si hâve, cet
enfant en bronze, et ce masque de loup, cette chouette ! Y’a pas idée !
Nous avons roulé sur le "chemin blanc" jusqu’à Estissac.
Bernard Hinault arrive cet après-midi ! Nous faisons la connaissance de Gérald,
président de la région Champagne-Ardenne en sortant de chez le boucher. Il
nous demande de le photographier.
Il aimerait que je passe ses amitiés à Jean-Jacques Pech, adhérent de l’Atscaf
dont je fais aussi partie et président FFCT de la région Rhône-Alpes. Ce sera fait
! En sortant d’Estissac je photographie un lavoir. Ma marotte !
C’est à Neuville-sur-Vanne qu’est né le fondateur de la ville de Montréal. Et la
ville est jumelée avec son homologue québécoise, comme de juste appelée
aussi Neuville !
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Neuville puis Villemaur-sur-Vanne. Pique-nique au bord de l'étang de PaisyCodon. Pas très paisible. Des jeunes vont et viennent en mob et voiture,
dérapages. Enfin ils s’en vont ! N’en reste qu’un, un vrai pêcheur, celui-là ! Il
nous montre, sur son portable, des carpes énormes qu’il a pêchées puis
remises à l’eau. La plus grosse, 13 kilos ! Le vent ne facilite pas l’utilisation du
camping-gaz.
A Paisy-Codon nous prenons un bout de la nationale. Pas moyen de faire
autrement. Puis à nouveau de paisibles routes.Aqueduc de la Vanne entre
Villeneuve-les-Archevêques et Chigy.
Un village en folie, Vareilles, mais de la folie douce, celle que l’on aimerait voir
fleurir plus souvent dans les âmes et dans les coeurs. A l’occasion des Saints de
glace, les habitants organisent leur 18è fête, chacune année différente. (voir
leur site : http://lemaquisdevareilles.fr/FSG/publier/index.html) Cette année il
va faire froid ! Alors, habillons les arbres ! De laine colorée, de serpillères
multicolores, d’aluminium brillant.
Décorons-les de pompons et de mobiles ! Les croqueurs de pommes sont
invités. Tout comme les amateurs de plantes succulentes. Mais aussi des
artistes.
Autre chose qui me plaît bien dans ce village, une épicerie qui est aussi une
librairie et son triporteur. Et encore son lavoir. Noé et son lavoir. Car Antoine a
un copain qui porte ce prénom.
Nous voilà à Sens. Où aller ?! Dans quel sens ? Un boulevard (mail) fait le tour
de la ville ! C’est grand, ici, et c’est la fête aussi. Pendant longtemps, du 26 avril
au 11 mai même si la fête foraine ne dure "que" du 30 avril au 11 mai. La
circulation est bien contrariée. La foule, nombreuse. Nous demandons à un
petit groupe qui nous oriente un peu plus loin. Nous retombons sur la foire.
Immense. Elle fait le tour de la ville, comme le mail.
Nous demandons à une petite famille sympathique. Ils nous orientent à leur
tour. Leur petit Jérémy mange une belle gaufre à la chantilly. Ça fait envie. Et
puisqu’ils nous proposent de garder nos vélos, pourquoi ne pas profiter de la
fête à neuneu ? Ce sera Chantilly, Nutella® et bonbons (fraises Tagada®) pour
Antoine. Sucre pour moi.
Nous cherchons Saint-Clément. Trouvé ! Nous voilà sortis de Sens.Mais nous
nous fourvoyons dans un lieu très sympa où nous demandons notre chemin.
Une envie pressante et nous voilà dans un club de fêlés de modélisme, l’A2tech
! Deux pistes où peuvent évoluer sur l'une, des voitures, (très grand circuit
surmonté d’une plateforme) et de l’autre côté, des 4X4. C’est la mère du
président qui fournit toutes les explications.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Le club comporte aussi une piste à l’intérieur du bâtiment. Ils font également
voler des avions et des drones. Le club et ses adhérents participent à des
courses nationales et peut-être même internationales. Les sélections sont
sévères, comme sur les vraies courses de voitures même si les modèles réduits
roulent sur de courtes durées (il faut les alimenter en carburant assez souvent).
C’est très règlementé. Peu d’ados et d’enfants. Ou alors de grands enfants, des
adultes ! Et même un magasin réservé aux adhérents. Antoine est aux anges. Je
crois qu’il serait bien resté plus longtemps. Mais la route nous appelle.
Saint-Denis-les-Sens. Nous cherchons encore un peu notre route car elles sont
très étroites, ici, et les panneaux très peu nombreux à moins de prendre la
nationale. Mais c’est ce que nous souhaitons éviter au maximum.
Noslon, et ses pommiers. Noslon ce serait le nom du village et aussi celui du
propriétaire des vergers. Si c’est son château, c’est pas mal, en effet. Cuy.
Toujours pas de gîte en vue. A Gisy-les-Noble, nous demandons à… un homme
(un noble ?). Il nous dit " Je suis l’homme qui emmène l’âne ! Allez à Pont-surYonne, vous trouverez des gîtes !"
Dans ce village, nous trouvons une maison à la tour carrée et une autre où est
inscrit PC 1933 (Parti communiste ? Va savoir pourquoi !)
Un peu plus loin, une jolie chapelle.
Nous trouvons l’Yonne, et son pont. Hôtel des trois rois. Ah non, pas un hôtel à
trois étoiles ou trois épis. Trop cher ! Nous cherchons dans la ville quelque
chose d’autre. Il n’y a rien. Les autres hôtels sont fermés. Pas de gîte. En fait,
l’Hôtel des trois rois c’est juste son nom. Ce qui m’a trompée c’est son logo :
trois couronnes. L’hôtel n’a aucune étoile Alors, va pour cet hôtel ! La patronne
nous annonce un hôtel familial et sans chichi. Une quinzaine de chambres. Je
n’ai même pas demandé le prix de la nuit ! Nos vélos sont en sécurité dans le
garage. La douche. J’ai le visage qui a cuit au soleil. La peau me tire. Et le mollet
et le genou droit aussi mais pas pour la même raison. Un peu d’Ibuprofène me
soulage bien. L’impression que j’ai mal à la marche mais pas en pédalant. Je
suis devenue une vraie homocyclus !
La chambre est simple mais le repas, pas mal. Je bois, ce soir-là encore, un
verre de vin. De l’Irancy, cette fois, du rouge. Coca pour Antoine. Une bouteille
de Badoit. Chèvre croustillant. Entrecôte, sauce au roquefort et pâtes. Crème
brûlée. Nous avons trop mangé… La tisane a essayé de faire glisser le tout et
aussi de me réchauffer. J'ai froid. Ce doit être la fatigue, car nos 70 kilomètres
de la journée nous ont quand même bien éreintés ! A l’opposé, dans la salle,
des marcheurs mangent eux aussi. Ils habitent l’Essonne. Sur le menu, la
légende des trois rois.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Je cite le texte inscrit en préambule du menu que nous avons sous les yeux :
"En 1814 sous le règne Napoléonien trois rois venus de Prusse, d'Angleterre et
de Russie aidés par le général Ragus chargé de surveiller les armée ennemies fit
une halte anticipée à Fontainebleau, prit par une soudaine envie de jouer aux
cartes. La trahison prenant forme, les trois rois prirent le temps de se restaurer
dans notre hôtel afin de débattre des différentes possibilités d'attaquer l'armée
de Napoléon. Mais le complot échoua par la faute de la trahison dans le camp
ennemi, ce qui permit à Napoléon de gagner la bataille du confluant."
 Dimanche 4 mai
Hier je me suis couchée les cheveux mouillés et, comme souvent, j’ai une
crinière de lionne au réveil ! Le casque matera ma chevelure. Le petit-déjeuner
n’est servi qu’à 8 heures. Et nous nous sommes réveillés à 7 heures. Nous
allons nous promener de l’autre côté du pont. Grand bien nous fasse ! C’est
jour de marché. Pain cuit au feu de bois vendu par un baba cool. Un peu cher,
mais il semble bon. Manchons de poulet. Nous n’en prenons pas assez pour
bénéficier du cadeau d’un manchon de plus mais le rôtisseur nous en donne
quand même un ! Fruits, légumes. Puis c’est l’heure du petit déjeuner ! Thé ou
chocolat chaud, pain beurré et confiture. La note n’est pas trop salée. 109€ au
total. Nous reprenons la route d’hier et suivons l’Yonne, et dans le bon sens,
cette fois ! Ça suffit de se tromper ! Bon, même si nous arrivons dans la cour
d’une belle ferme, avec son arbre qui trône, en plein mitan.
Je pensais que c’était Sens-Grigny qui faisait 92 kilomètres… mais c’est
Montereau-Grigny qui fait cette distance ! Nous ne serons donc pas à Grigny
demain ! Il reste environ 130 kilomètres. Et donc nous arriverons lundi à
Grigny. Ce sera plus facile de joindre le service communication de la mairie où
nous sommes attendus pour une interview car le 2 mai je n’ai pas réussi à les
joindre.
Serbonnes. Vinneuf. Nous faisons quelques courses au petit Casino. Et là, il
nous faut encore changer de carte ! Celle d’Ile-de-France, cette fois. Nous
sommes en Seine-et-Marne.
Barbey. Saint-Germain-Laval
Cette ville d'Histoire dominée par une bâtisse impressionnante, le prieuré
Saint-Martin, tient son nom de "Fault" du verbe "faillir", choir, car l'Yonne
"tombe", se jette, ici dans la Seine même si le débit de l'Yonne est ici plus élevé
que celui de la Seine. C'est sur le pont de Montereau que Jean sans Peur a été
assassiné en 1419 dans le but d'empêcher un rapprochement du Dauphin avec
le parti bourguignon et de venger l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Le très beau prieuré Saint-Martin domine la ville. Napoléon est lui aussi passé
par là, une fresque met son passage en valeur. En effet, le 18 février 1814,
Montereau est le lieu d'une des dernières victoires de Napoléon contre les
Autrichiens.
De Montereau-Fault-Yonne à Grigny, fin du voyage, maintenant c’est le tracé
du dernier cyclo sympa que nous utilisons. Je lui enverrais, à lui aussi, le récit
de notre voyage à vélo.
Vernou-la-Celle-sur-Seine. Mammès. Alors que nous pique-niquions au bord de
la Seine, à côté d’un marché, un couple à vélo nous aborde et engage la
conversation. Le monsieur a déjà fait pas mal de cyclocamping, comme nous,
d’où son intérêt pour nos vélos. Il est adhérent de l’association du Cyclo
Camping International (CCI). Notre route passe devant leur maison. Nous ne
sommes pas pressés car nous avons jusqu’à demain pour arriver et
relativement peu de kilomètres à faire ! Nous acceptons donc bien volontiers
leur invitation. Il me fait un plan, qui n’est pas à l’échelle. J’ai l’impression qu’ils
n’habitent qu’à deux ou trois kilomètres de là. Hésitants sur la route à prendre,
nous leur téléphonons. Sur le trajet nous faisons une brève incursion à Moretsur-Loing pour une pause technique.
Incursion que nous ne regrettons pas. C’est vraiment très beau…et touristique.
La ville a conservé de nombreux monuments d'origine médiévale, dont le pont
sur le Loing. La liste des peintres ayant représenté la ville est longue (je connais
surtout Alfred Sisley). Elle a servi de décor pour deux films.
Sorques, où habite la famille qui nous a invités est à 9 kilomètres le long du
canal du Loing qui se jette dans la Seine. Une péniche est un gîte d’étape. Tiens,
faudrait essayer… Mais à quel prix ?! A l’entrée de la rue Vincent a apposé une
affichette ! Nathalie et Vincent ont des enfants de l’âge d’Antoine, Camille, 17
ans et Maxime, 15 ans. Le couple a l’habitude d’héberger des cyclocampeurs.
Nous y partageons un long moment bien agréable. Ils ont vécu cinq ans en
Chine, pour des raisons professionnelles. Vincent travaille dans l’industrie mais
je ne sais plus ce qu’il fait (ingénieur ? Technicien ? Commercial ?). Toujours
est-il que cela ne fait pas très longtemps qu’ils sont revenus en France, ici. Les
enfants sont bilingues et vont à l’école internationale de Fontainebleau.
Nathalie est prof de sciences nat. dans un collège très loin d’ici à VilleneuveL’archevêque, avant Sens ! Nous y sommes passés. Elle dit ne mettre QUE
quarante-cinq minutes ! En Chine elle enseignait dans l’école où étaient
scolarisés les enfants. Quant à Vincent, il part toute la semaine car lui travaille
encore plus loin, à Nevers. Ils m’offrent le café, puis, à Antoine et moi, un thé
surprise. Une boule de feuilles qui, une fois imprégnée d’eau bouillante
remonte à la surface. La théière transparente fait merveille. Nous sommes au
spectacle.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Ces feuilles liées par une cordelette blanche qui forment une boule s’ouvre et
découvre une toute petite fleur rouge de chrysanthème. Il y a même du sucre
dedans. On peut en trouver dans les magasins de thé.
Les enfants vont en chercher un, puis un autre, couverts de toiles d’araignées.
Acheté en Chine chez Décathlon, ça roule encore un peu, pour le plus grand
bonheur d’Antoine. Partie de volley entre les jeunes. Le ciel est bleu, le vent
souffle, à l’ombre, sous l’arbre (une sorte d’érable), il fait frais. Quand elle était
petite, Camille avait un poupon qui s’appelait Antoine. Et Antoine… en avait un
qui s’appelait Camille ! Leur Camille, qui aura sûrement son baccalauréat, va
partir en septembre faire ses études à l’école Paul Bocuse à Ecully. Si elle le
veut, et/ou en cas de besoin, elle sera la bienvenue à la maison. Nous avons
déjà accueillie une stagiaire pendant un mois, un Japonais pendant une
semaine et demi, deux cyclotouristes Anglais pendant une nuit... Sans compter
les copains et copines des enfants. La maison est ouverte. C’est si elle veut,
quand elle veut !
Vincent nous conduit au camping, très calme, près de chez eux au bord du
Loing. Nous le suivons à vélo tout en continuant à discuter. Pas cher, le
camping. Même pas 10€. A la tombée de la nuit, les moustiques sont violents.
Les chaussettes par-dessus le pantalon sont du plus bel effet ! Les gens, ici aussi
sont sympas. Je recharge mon portable dans la caravane d’un retraité qui
séjourne ici avec sa femme à la belle saison. Il nous prête son marteau et
redresse même les piquets sur une souche d’arbre. Ils ont des voisins qui font
bien rire Antoine : des beaufs, dit-il … ! Un drapeau avec la photo de Johnny
Halliday est planté à côté de leur tente, la dame a un blouson avec la photo du
même Johnny; lui porte queue de cheval et mégot au bec. Ils ont même la
photo géante peinte de leur chien, genre chihuahua sur une toile au fond de
l'auvent. Ne manquent même pas les nains de jardin.
Il est très tôt et nous allons visiter le village de Gretz-sur-Loing avec nos vélos
tous légers, tout légers !
Un village chargé d'Histoire qui remonte au XIe siècle mais encore très vivant
où nous croisons un groupe de jeunes partis fêter leur anniversaire !
Deux lavoirs, une ruine, une ancienne borne. Nathalie et Vincent nous ont
donné un dépliant sur le village car ils ont l’habitude de recevoir. Pont de Gretzsur-Loing
C’est un village où beaucoup d’artistes ont séjourné, bénéficiant, comme
Moret-sur-Loing, de la proximité de Paris. Honoré de Balzac y retrouvait sa
maîtresse. Ainsi que des musiciens, peintres… du monde entier: Suédois,
Japonais, Ecossais, Allemands. Des plaques sur les maisons commémorent leur
passage.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Nous mangeons une soupe de pâtes à la chinoise vraiment très relevée… ça
dégage bien le nez… et ça réchauffe !
Pendant qu’Antoine, à la tombée de la nuit, fait la vaisselle je fais un tour du
camping, très grand. Je comprends d’où viennent les moustiques : il y a un
étang. Un héron cendré s’envole. Je l’ai dérangé. Certains emplacements sont
vraiment très excentrés et isolés, les campeurs font même un feu de bois. Rien
de tel pour chasser les insectes indésirables.
Quand je vais rechercher mon portable, le monsieur me dit qu’il aurait dû nous
proposer de manger à l’abri, sous son auvent…
Nous n’avons fait que 63 kilomètres aujourd’hui. Pas grave, nous sommes
presque arrivés à Grigny !
 Lundi 5 mai
Pas si calme, le camping ! Une route le longe et la circulation, dense en journée,
même si elle se calme le soir, ne s’arrête pas, même la nuit ! J’ai entendu la
chouette hululer, cette nuit ! Joli !
Magnifique, la traversée de la forêt de Fontainebleau. Un souvenir : une
journée d’escalade avec l’école sur les rochers des gorges de Franchard. Nous
prenons une toute petite route, interdite aux voitures (sauf service !), toute en
descente. Un vrai régal !
Juste en bas de cette descente, Barbizon, encore un petit village de peintres, un
des endroits mythiques de la période pré-impressionniste en France. Dès 1830,
ce qui est encore un hameau de bûcherons accueillera en effet à l'auberge
Ganne (maintenant un musée, ses murs sont peints par certains des artistes),
tous les peintres (du monde entier; Etats-Unis, Russie, Allemagne, Pays-Bas,
France, bien sûr) qui viennent chercher l'inspiration auprès de la nature. Dans
le désordre, Sisley, Renoir, Monet, et j'en passe, pour ne citer que les Français.
Puis ce seront les écrivains, les philosophes, les chanteurs et les comédiens qui
prendront le relais.
Nous demandons notre chemin pour aller de Barbizon à Macherin, le village
(hameau ?) suivant mais ce ne doit pas être sur le chemin du cuistot, il n’en a
jamais entendu parler ! Arbonne-la-Forêt à l'Histoire ancienne (dès le
Mésolithique) et plus récente (La résistance aux Allemands et aussi le tournage
de nombreux films dont La guerre du feu et plusieurs autres dont trois avec
Bourvil).
A Courances, son parc considéré comme l'un des plus beaux de France est
labellisé jardin remarquable. Son château est classé du XVIIe. Nous sommes
dans l'Essonne. Passage dans le village de Dannemois.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Nous longeons un moulin (de nos jours un hôtel-restaurant-cabaret-muséeboutique de souvenirs) où vécut un chanteur très célèbre, Claude François pour
ne pas le citer... ! Nous suivons, non pas le chemin des écoliers mais la rivière
L’Ecole.
Nous pique-niquons devant la petite mairie de Saint-Germain-sur-Ecole, en
Seine-et-Marne.
Nous demandons à utiliser les toilettes et remplissons nos bidons ainsi que la
casserole pour cuire les pâtes. Deux employées, un jardinier. Combien
d’habitants ? 300. Mais l’une des deux personnes n'est pas une employée. C'est
La Maire ! 250 grammes de pâtes soit deux assiettes et demi pour Antoine et
une et demi pour moi. La demi, je la saupoudre de sucre. Ouf, le ventre est
plein, le plein de calories est fait !
Soisy-sur-Ecole et sa verrerie d'art (la tradition remonte à 1856).
Une dame, seule, sur le côté de la route, l’air bien embêtée. « Vous avez besoin
d’aide ? Une crevaison ? ». « Non, les gens du village causent trop ! J’en ai assez
! J'aime mieux les gens d'la ville.». Arrive un homme. « Et voilà, avec tous leurs
travaux, je sais pas ce qu’ils font mais on peut plus passer ! Ça va plus du tout ».
Deux fadas. A déparler, à plus savoir quoi dire! En fait de travaux qui
empêchent de passer, juste la réfection d’un joli mur par deux ouvriers qui ne
nous regardent même pas passés. Trop occupés.
Nous demandons notre route à des policiers municipaux qui circulent dans leur
voiture.
Non seulement ils nous l’indiquent mais en plus nous demandent de les suivre.
Warning, les bras dehors pour demander aux voitures de nous laisser passer !!
Nous sommes V.I.P ! Très drôle et sympas ! Ils nous emmènent jusqu’à une
piste cyclable qui suit des jardins ouvriers La piste cyclable passe sous
l'autoroute et nous arrivons à Ris-Orangis, puis à Grigny.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Mais là, malgré les indications données par Gilles Dao, directeur du service
communication (rien que ça !) nous ne trouvons pas la rue du port. Vieille
église ? Non, celle de la rue des Sablons (ND-de-toute-joie) en bois et béton est
dégradée, mais pas vieille, elle date, à vue de nez du milieu du XXe siècle (1973
après vérification). Nous nous arrêtons devant le service de la Protection
Maternelle et Infantile (P.M.I). Avec toute les visites à domicile que les
assistantes sociales et puéricultrices font, c’est bien le diable si elles ne
connaissent pas le quartier ! J’entre.
Elles m’expliquent et me photocopient le plan. Sympas ! Nous y sommes
presque: elle descend raide cette rue du port ! Dire qu’il faudra tout remonter !
Mais en bas, quel accueil par Gilles Dao et Marie Follly ! Tous ceux que l’on
rencontre dans les couloirs ou qui passent la tête par la porte de Gilles Dao : Ah
! C’est vous !? Le responsable de la communication a travaillé sur le dessin
animé (la bande dessinée ?) de Lucky Lucke. Il a fait (ou contribué) au très beau
logo/dessin animé de Thalassa (celui qui permettait de voir un coquillage se
transformer un bateau et en je ne sais plus quoi d’autre encore !). En
farfouillant aussi un peu sur le net je découvre qu'il est écrivain. Il connaît une
Mireille élue pendant plusieurs mandats successifs à Gennevilliers (Mireille
Fougère me souffle mon père). Grigny en Essonne est dirigée par les
communistes. Très renseigné, il sait que Grigny dans le Rhône et Pierre-Bénite
sont passés à droite.
Mais après cet accueil chaleureux, la photo, le thé offert, c'est déjà l'heure de
repartir. Malheureusement il faut remonter à Paris pour essayer d'attraper un
train. Pas un TGV, trop cher et trop compliqué avec nos vélos. Non, un TER. RER
de Grigny. Un gars plus malin que les CRS nous fait passer en ouvrant la grande
porte vitrée située dans l’alignement des tourniquets car celui pour les
poussettes et les fauteuils roulants n’est pas assez long pour nos vélos et le sas
ne peut se fermer. Nous discutons ensuite avec ce gars sur le quai. Un bon
bougre qui nous explique (une voix annonce de nombreux retards sur la ligne)
qu’habiter en banlieue n'est pas facile si l'on veut travailler à cause de tous ces
retards. C'est ainsi qu'il explique son refus de payer les tickets. Il fraude
toujours. Jamais pris ? Si deux fois en 12 ans… ça vaut le coup. Nous, nos billets
(4,90€ chacun, Antoine a plus de 12 ans) étaient déjà achetés. Ce sont les CRS
qui les ont validés et faits passer...
Nous avons un TER à 19h31 mais il est déjà près de 19h15 et ce n’est pas à gare
de Lyon mais à Bercy que nous devons le prendre. En plus, il arrive à 22h49 à
Dijon et il n’y a pas de correspondance pour Lyon avant le lendemain matin.
Antoine aurait tant aimé dormir dans son lit ce soir !
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
C’est râpé ! Alors… Sinon, nous avons un train à 7h38 demain matin, direct
pour Lyon mais avec de nombreux arrêts. Je téléphone à Frédérique et à
Jérôme qui connaissent bien Paris. Ils n’ont pas d’amis qui habitent le secteur.
On aurait mieux fait de dormir à Grigny, au moins des personnes auraient pu
nous héberger ! Mais nous n’aurions pas pu prendre ce premier train et nous
nous serions retrouvés dans le RER avec la cohue des personnes qui vont au
travail. Nous achetons des sandwichs pendant que Roland nous cherche un
hôtel « pas trop cher » dans le coin. Il en trouvé un ! Un Kyriad qui peut nous
accueillir avec nos vélos.
Nous demandons notre chemin à un monsieur pour sortir de la gare de Lyon. Il
va dans la même direction que nous, gare de Bercy. Nous discutons tout en
marchant. Mes jambes ont plus l’habitude, maintenant de pédaler que de
marcher ! Aïe, mon mollet droit me tire ! Notre trio rencontre un cyclocampeur
Californien à la recherche des Champs Elysées. Il va bientôt reprendre l’avion.
Nous laissons notre guide à une station de métro.
Pas cher, pas cher ! Finalement un trois étoiles à 106€ la nuit ! Nous montons
les vélos debout dans l’ascenseur. Mais la chambre est grande comme un
mouchoir de poche ! Un vélo dans la bagagerie, celui d’Antoine et le mien,
débarrassé de ses sacoches, entre le mur et les lits. Pour le prix nous avons
deux lits, une douche (avec de l’eau !), un peu de savon et de shampoing et
aussi deux petits gâteaux avec des sachets de thé, de café soluble, des capsules
de lait et une bouilloire. De quoi ne pas partir le ventre vide demain matin.
 Mardi 6 mai
Levés très tôt (pas envie de le rater, ce train !) nous arrivons très tôt à la gare
de Bercy, toute proche. Nous avons grignoté nos biscuits dans la chambre et
Antoine a apprécié son thé avec les deux capsules de crème. Nous prenons un
vrai petit déjeuner au bar de la gare. Et nous remangerons encore dans le train.
Notre fond de riz au lait que nous avions transvasé dans une boîte pas si
étanche (heureusement isolé dans un sac). Encore bon ? Bon ! et des bananes
séchées aussi.
C’est que, partis à 7h38 nous n’arrivons à Lyon qu’à 12h45 !
Comme un voyage à l’envers, nous passons à vive allure à travers les paysages
que nous avons traversé à la force de nos mollets, lentement souvent quand ça
montait, un peu plus vite quand ça descendait. Nous nous arrêtons dans les
gares de villes où nous sommes passés. Sens. Montbard. Beaune. Chagny.
Chalon-sur-Saône. Belleville. Villefranche-sur-Saône. Saint-Germain-au-MontD’or.
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Avec MARTINE et ANTOINE : de GRIGNY à GRIGNY
Il est vrai que notre route (ou les chemins blancs !) suivaient ou traversaient
souvent les voies ferrées. Nous avons fait 78 kilomètres entre hier et ce matin.
Arrivés à Part-Dieu, coup de fil à Roland. Fait faim. Il nous invite au resto. Puis
nous repartons à Grigny à vélo.
Nous repassons à Oullins où nous pouvons admirer le travail de la Cité de la
création.
23 kilomètres, la boucle est bouclée. Nous avons fait, peu ou prou, 707
kilomètres. Calcul fait d'une part avec le compteur, d'autre part en regardant
les panneaux et les cartes.
Et l'année prochaine ? Antoine a déjà dés idées. Le Danube. Ou le canal du midi
au bord duquel habite l'une de ses grandes soeurs.
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