Interprétations du mythe d`Hercule/Héraclès

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Interprétations du mythe d`Hercule/Héraclès
Interprétations du mythe d'Hercule/Héraclès La naissance, la jeunesse et la vie avant les
travaux. Henry THOMAS HERCULE est le descendant à la douzième génération de la belle Io, qui fut
métamorphosée en génisse par Zeus afin qu'elle ne puisse opposer aucune
résistance à sa convoitise. Certes mâle, Hercule est l'aboutissement d'une lignée
de femmes brutalisées par le désir masculin.
Déshonorées, honteuses, ne pouvant se révolter, elles ont refoulé leur haine et
l'ont transmise à leur descendance. Les Danaïdes, issues d'Io, tueront leurs fiancés, et
une seule acceptera la douceur de l'hyménée.
Cette colère des femmes, celle d'Héra contre Zeus, son mari volage, se déplace
être tombe sur tous les hommes. C'est le ressentiment de la déesse outragée qui
habite à son insu la belle Alcmène, future mère d'Hercule.
Héra, au niveau de l'inconscient, personnifie une exigence du surmoi transmise
de génération en génération. Bafouée, meurtrie, elle défend les valeurs féminines contre
les guerriers violeurs et adultérines, et réclame plus qu'une réparation - une vengeance.
Mais Héra camoufle aussi derrière ces idéaux son désir de jouissance sans limites. Le
mythe, comme nous allons le découvrir, sera également l'occasion de sa maturation.
Cette maturation se fera en même tant que celle de son mari à l'occasion
justement de la mort et de la résurrection d' Héraclès. La douceur féminine sera enfin
prise en compte et les liens de l'hyménée honorés pour la plus grande gloire d'Héra d'ou
le nom d'Héraclès qui sera donné au Héros.
Voici donc Hercule héritier de toute une revendication féminine non résolue, et de
l'immaturité face à une pulsion de jouissance frustrée depuis des générations.
« Il est à craindre qu'un jour nos fils grandis ne cherche à venger la lignée
maternelle » EURIPIDE « La folie d'Héraclès »
À son insu, Hercule va devenir non seulement la victime soumise au désir de
vengeance des femmes, mais aussi le bras séculier de cette vengeance.
Les événements précédant la naissance d'Hercule sont d'une rare violence.
La guerre emporte tous les hommes entourant Alcmène, et mène sa famille au
bord de la ruine. Alcmène vient de perdre son père, tué accidentellement par
Amphitryon. Elle vient aussi de perdre ses huit frères lors d'un massacre accompli par
Ptérélas et Oechalie.
Voici, ALCMÈNE égarée dans sa douleur. Que peut-elle faire ? À qui se
raccrocher dans sa détresse ? Doit-elle rester sans réaction et subir son destin ? Même
les filles de roi sont à la merci du vainqueur, de la force et des exigences du pouvoir.
Son impuissance devant la violence guerrière va réveiller ses ressentiments, ses
contentieux voir sa haine contre les hommes qu'elle portait à son insu, tant son
expression semble inadaptée.
2 Son malheur est vécu comme une malédiction voulue par Héra qui elle-même
cherche à défendre son statut auprès d'un mari tout puisant, tyrannique et infidèle et, dès
lors, seule la vengeance peut soulager sa souffrance.
Ces sentiments habitent de façon refoulée la psyché d'Alcmène.
Suite au retour des grecs d'Egypte avec Cadmos, la conquête impose des
alliances dans lesquelles les femmes de roi sont conditionnées à des mariages forcés.
Ainsi, les danaïdes qui fiancées de force, ont tués leurs fiancés la colère couve
de génération de femmes en génération de femmes voulant trouver un libre arbitre, une
autonome, la liberté du choix d'un époux, vis à vis d'un époux ?
C'est du statut de la femme dans la société de l'antiquité dominée par la précarité
et par la violence des guerriers dont il s'agit.
ALCMÈNE endeuillé est habitée d'un ressentiment vis à vis des hommes aux
quels ont doit se soumettre, faire les quatre volontés des guerriers violents qui cherchent
perpétuellement à prouver leur puissance et à exercer leur pouvoir sur les femmes
et dont elles dépendent pour leur vie.
C'est ainsi qu'horreur suprême, pour garder ses privilèges de fille de roi, et ses
propriétés Alcmène dépend des hommes. Elle craint d'être réduite en esclavage,
violée, mariée de force à un envahisseur. Les envahisseurs sont aux portes. Elle ne
peut que demander l'aide de son fiancé Amphitryon, ce guerrier intrépide, chef et
rassembleur des peuples, celui-là même qui a tué son père, et à qui on a interdit de
convoler avec elle. Pour survivre, elle va jusqu'à se promettre à lui.
Au retour de sa victoire, le jeune Amphitryon auréolé de ses succès, sourd aux
malheurs de la jeune femme, vient demander sa récompense. Leur rencontre
sexuelle se réalise dans la démesure.
ALCMÈNE s'offre à lui durant trois jours d'orgies absolues comme s'il était un
dieu, comme s'il était Zeus lui-même. La jouissance s'impose au déni du dialogue sur les
deuils récents et la souffrance de sa femme.
L'égoïsme et l'avidité sexuelle d'AMPHYTRION annulent toute autre considération
dans ses rapports à sa femme. Il ne pense qu'à oublier les horreurs de la guerre et
au repos du guerrier.
« Cette même nuit, le chef belliqueux des peuples, Amphitryon, cet illustre héros,
content d'avoir terminé son grand ouvrage, revint dans sa maison. Avant de visiter
ses esclaves et les rustiques gardiens de ses troupeaux, il monta sur la couche de
son épouse, tant un violent désir agitait le coeur de ce pasteur des peuples !
Tel un homme échappe, plein de joie, aux tourments d'une douloureuse maladie
ou d'un cruel esclavage, ainsi Amphitryon, délivré d'une entreprise difficile, rentra dans
sa maison avec empressement et avec plaisir.
Toute la nuit il coucha près de sa pudique épouse, jouissant des présents de
Vénus à la parure d'or. Amoureusement domptée par un dieu et par le plus illustre des
mortels, Alcmène enfanta dans Thèbes aux sept portes des jumeaux doués d'un esprit
différent, quoique frères : l'un inférieur au reste des hommes, l'autre courageux et terrible
parmi tous les héros, le puissant Hercule. »
3 Mais le contre coup pour Alcmène s'impose. Après tous ces meurtres, après tout
ce sang versé, et après la violence de ces plaisirs, la raison d'Alcmène vacille.
Elle ne sait plus, ne veut plus rien savoir. Une honte singulière l'habite, celle
d'avoir cédé plus que permis à la force de ses pulsions. Elle dira, pour échapper à sa
responsabilité, avoir succombé aux volontés du dieu suprême, Zeus.
Cette fabulation lui permettra de conserver vaille que vaille un équilibre psychique
précaire. C'est de Zeus lui-même qu'elle prétendra être enceinte. Ce réflexe
archaïque lui permet d'expulser le mauvais à l'extérieur d'elle-même, lui évitant toute
responsabilité, toute culpabilité. La culpabilité de l'assouvissement de ses désirs
orgiaques sera reportée sur son mari.
Elle interdira à Amphitryon toute autre relation sexuelle, au point qu'il ne pourra
plus partager sa couche, de peur d'encourir la colère de Zeus.
Ce rejet, et la sévérité de cet interdit, resteront sans faille. Alcmène a posteriori a
peur de la violence de ses propres désirs sexuels. Elle bascule dans une attitude
hypocrite, un repli bien-pensant, comme si tout cela n'avait pas existé.
Hélas, Hercule par sa seule présence lui fait honte, et remet en cause son équilibre
psychique. C'est pourquoi, elle ne peut que souhaiter la mort de son fils. Sous
l'influence de la déesse Héra - une composante de son surmoi féminin -, elle
bascule dans le délire, dans la pulsion d'infanticide.
Pour Alcmène, son fils Hercule, en tant qu'homme, représente en puissance la
source de tous les malheurs des femmes. Le discours non-dit de la mère pourrait
être celui-là : « Ah ! Il se prend pour le fils de Zeus ! Je vais lui montrer qu'il n'est
rien... qu'un mortel, rien qu'un homme méritant la mort ! »
Cette mère a basculé dans une rhétorique perverse qui pourrait se résumer de la
façon suivante : plus je dénie l'autre, plus j'existe. Elle n'est plus une mère
maternant mais elle crée une relation toxique, un trouble relationnel à l'enfant.
Et la pulsion se trouve mise en scène sans fioriture : dans son délire Alcmène met
deux serpents venimeux dans le berceau de ses fils.
Mais dans cette cascade d'émotions, dans ce déferlement passionnel, ce qui
reste masqué, c'est la fragilité féminine, la fragilité de l'être humain.
Mon interprétation adopte une version où ce n'est pas Héra directement qui met
les serpents dans le berceau. Puisque pour moi, Héra n'est qu'une instance psychique,
c'est bien Alcmène elle-même qui est prise d'un délire post partum par la honte de la
jouissance vécue chez cette chaste et pudique jeune fille par ailleurs pieuse qui n'a
pas fait le deuil de la mort de son père ni de la mort de ses sept frères et qui
interdira ensuite sa couche à AMPHITRYON.
On mesure la force de l'inconscient et du sur moi dans la survenu d'un délire« car
qui peut résister à un délire voulu par HÉRA ». ESCHYLE
4 HÉRA représente ici le sur moi féminin inconscient ou refoulé. C'est donc une
déesse venue d'un ailleurs tout puissant qui imposerais ses volontés à une mortelle.
C'est une instance psychique supérieure qui impose ses volontés à la conscience
raisonnante. Cette instance est porteuse des revendications de justice en ce qui
concerne le statut des femmes dans la société.
La dépression post partum et le délire surviennent dans une grande solitude
intérieure suite à une conception dans des circonstances violentes et suite à un
accouchement difficile de deux jumeaux dont l'un est faible et l'autre costaud. La
notion de jumeaux ayant souvent dans l'antiquité fait intervenir les dieux pour en
expliquer l'existence.
Accusant les dieux ALCMÈNE se déculpabilise : d'une part c'est la faute de
ZEUS si elle a joui et d'autre part c'est la faute d'HÉRA si elle tente un infanticide
C'est bien HÉRA qui veut tuer elle-même le bâtard de son mari. SI DÉLIRE IL Y A :
on peut imaginer qu'ALCMÈNE jette deux rubans à terre qu'un nourrisson de huit
mois terrasse facilement !
Le délire d'ALCMÈNE ne s'arrête pas là. Elle tente une nouvel fois l'infanticide en
cette fois-ci prenant prétexte de se défendre d'HÉRA qui la poursuit de sa colère,
tant celle-ci en veut à son mari de son adultère ; ALCMÈNE redoutant la jalousie
d'HÉRA, abandonna son nouveau né dans un champ en dehors des murs de
THÉBES que les thébains appellerons la plaine d'HÉRACLÉS. ZEUS demande à sa
fille ATHÉNA de prendre l'enfant et de le mettre au sein de sa femme pendant
qu'elle dort.
Héraclès affronte une réalité insoutenable. Un enfant maltraité ne peut concevoir
le sadisme pervers, le non-désir d'enfant, la pulsion d'infanticide chez sa mère. Tout
s'organise en lui pour n'en rien savoir. Il inverse le problème : sa mère n'est pas
coupable, elle n'est pas une persécutrice. Elle ne peut être que malheureuse. Elle
ne peut que demander son aide, son soutien.
Comme tous les enfants, il est incapable de concevoir les causes de la haine que
lui voue sa mère. Il ne peut que penser en être la cause. Le coupable, c'est lui, et il doit
par tous les moyens éviter de l'être et tenter d'être aimé. La violence de sa mère induit la
conviction qu'il n'existe pas d'autre solution pour vivre que d'être accepté du persécuteur
en se soumettant à tous ses désirs, dans le secret et constant espoir d'être un jour
reconnu et aimé. C'est ainsi que la situation d'otage du persécuteur se trouve
avalisée. (Livre : souffrance d'enfance : chez IMAGO)
La réaction d'HERCULE à la dépression post partum de sa mère c'est l'amour,
l'innocence d'une sympathie pour le malheur de sa mère. Il va tout faire pour sauver
sa mère de sa psychose, de son malheur il va adhérer à son délire et ainsi jouer à
être le fils de dieu, de dieu le père ZEUS. Il entre dans le délire de sa mère et sa vie
ne pourra qu'en démontrer la véracité évitant ainsi à sa mère la souffrance et la
dénonciation de son délire et de sa jouissance et de sa honte.
5 Cette démarche de nourrisson peut aussi être interprétée non pas comme
l'expression de l'amour mais comme un mécanisme de défense visant à conserver
un lien de sécurité avec sa mère en raison de sa prématurité.
C'est ce qui se prolongeant à l'âge adulte est source de son malheur en raison du
blocage de la maturation psychique qu'il induit.
Ce garçon prend le rôle de mère. Il materne sa mère. C'est un nourrisson
guérisseur. Il y a inversion des rôles. C'est dire le trouble relationnel majeur auquel il
a été confronté.
Par ailleurs le père est désavoué dans son rôle de mari puisque la couche de sa
femme lui est interdite. Il est désavoué en tant qu'homme puisque sa femme lui dit
qu'il n'est que le père du jumeau avorton tandis que celui qui est costaud est celui
d'un autre, d'un dieu. Jamais son mari n'aurait pu donner naissance à un héros. Elle
met son fils dans l'obligation de nier la réalité de son père au profit d'un père
fictionnel divin. Il est le descendant direct de ceux qui, par le mensonge et la terreur,
abusent des femmes sans leur consentement. Zeus, dieu le père, n'est-il pas celui
qui dispose et abuse des nymphes, n'hésitant pas à s'imposer à elles par le biais de
métamorphoses animales dont la terreur entraîne la soumission ?
À l'acmé de ce processus, il devait se transformer en homme, et cette dernière
métamorphose représente le comble de la tromperie. La pulsion non humanisée de
Zeus offre non seulement l'aspect de l'homme, mais celui de l'époux, puisque Zeus
aurait pris la place d'Amphitryon, le mari d'Alcmène.
La question de l'identification à un modèle paternel prend ainsi pour Hercule un
tour très particulier entre deux propositions, aussi mauvaises l'une que l'autre. S'il
s'identifie à Zeus, c'est par le mensonge, la contrainte et la terreur qu'il voudra
obtenir des femmes ce qu'il désire d'elles. S'il s'identifie à Amphitryon, seul le
meurtre lui permettra d'obtenir les faveurs de la femme qu'il désire.
Quel héritage !
Suis-je le bâtard non reconnu du dieu suprême Zeus, menteur, adultère et violeur ?
Suis-je le fils d'Amphitryon, le père aux mains tachées de sang devenu impuissant ?
OVIDE formule le dilemme en ces termes : « Tu accuses ta mère d'adultère en
revendiquant Zeus pour père. Choisis, préfères-tu avouer que cette paternité de
Zeus est une invention ou devoir ta naissance au déshonneur ? »
Hercule ne choisit pas d'être le fils de Zeus par seul goût du prestige, mais bien
pour soutenir sa mère dans son délire.
Hercule reporte ainsi sur sa femme et sur ses enfants la violence endurée dans
ses rapports à sa mère. Il reproduit, sans le savoir, ce qu'il a subi, pris dans l'énigme
d'un comportement dont il ne comprend pas la raison. Et il met en acte, dans ce
délire meurtrier, un désir inconscient, celui de se séparer de sa mère et de son père.
6 On mesure le côté archaïque, enfantin d'un tel raisonnement et les conséquences
qu'il peut prendre chez un athlète se retournant contre son entourage. La tension
intérieure liée à cet écartèlement entre deux propositions incompatibles est énorme,
seul le passage à l'acte violent vise à éteindre cette tension entrainant l'amnésie de
leur existence.
Je rappellerais ici de façon succincte l'interprétation brillante et profonde de
madame Marie-Thérèse NEYRAUT-SUTTERMAN qui nous rappelle que l'épilepsie ou
grand mal, ou syndrome d'Héraclès est une maladie non organique ou pour laquelle on
n'a pas retrouvé à ce jour une cause organique.
Cette contrainte psychique va s'imposer à l'esprit de cet enfant devenu adulte
marié, ayant eu trois enfants une crise d'amnésie épileptique meurtrière au cours de
laquelle il va tuer sa femme et ses trois enfants et tenter de tuer son père. C'est une
force née, c'est un forcené.
Le déchirement psychique entre des versions contradictoires à propos des
repères parentaux qui ont été les siens conduisent Héraclès à éclater en deux.
««
« Héra, repais-toi de mes malheurs... contemple mon supplice et rassasie ton coeur
barbare » OVIDE
La sanction sera un exil volontaire et une purification en se mettant sous le joug
d'un cousin qui lui imposera des épreuves « les travaux d'hercule » qui va scander la
maturation psychique qu'il n'a pas pu faire dans sa famille.
Nous sommes loin aujourd'hui des procédures mises en place face à ce récit
concernant les divers personnages. La prise en charge psychologique des maman
en difficulté après accouchement du baby blues à la psychose transitoire, la prise en
charge des enfants mis en difficulté par des troubles relationnels familiaux est
devenu courante.
Pris tardivement devant les meurtres d'HÉRACLÈS la police puis la justice ne
manquerait pas d'intervenir.
Cela donnerait un procès retentissant, très médiatique.
Cela ne veut pas dire qu'aujourd'hui nous soyons plus adapté à ces cas difficiles.
Y a-t-il une différence entre devenir un forçat au galère et des travaux d'intérêt
commun accompagné d'un soutien psychologique et la purification sous le joug d'un
cousin envieux envoyant Héraclès affronté des monstres. Les monstres étant par
analogie une image des pulsions non contrôlée d'Héraclès.
La recherche d'une recette conduit souvent à privilégier les études statistiques,
les constats, les évaluations des conséquences des actes, à essayer d'en prévenir la
survenue par une politique de la ville basée sur l'études de leur conséquences et
non pas par l'étude de leurs causes.
L'interprétation que j'ai proposée s'apparente à une expertise psychiatrique
s'intéressant aux causes psychologiques pouvant expliquer les actes. Elle s'inscrit
dans le plaidoyer de la défense.
7 La mise en prison avec un suivi psychanalytique aurait peut être permis l'évolution
psychique d'Héraclès sans passer par les travaux de force, par les travaux forcés du
mythe qui pourtant semble plus adapté à une brute n'ayant que peu de talent pour
s'exprimer et peu l'habitude des échanges, de la mentalisation.
C'est dire que ce n'est pas gagné. On ne fait pas plier les convictions erronées
nées dans la petite enfance, vécues comme seule réalité.
L'énigme de la violence doit être resituée par rapport à la légende familiale.
Et certes, il n'est pas possible de donner tort au nourrisson que l'on a été. n'est pas
possible de blâmer Hercule de son amour pour sa mère, cet amour qui l'a conduit à
se soumettre à la persécution pour soutenir sa mère.
Mais il n'est pas possible non plus de donner raison au nourrisson, à ses
réponses archaïques, infantiles, à sa violence mégalomaniaque, à son orgueil, ni
d'avaliser des mécanismes de défense qui visent à se protéger d'une réalité
insoutenable en escamotant la réalité. (Livre : Les refus de la réalité par le Dr henry
Thomas chez imago)
C'est cette discrimination, cette maturation qui est demandée à Héraclès comme
à tous les enfants persécutés. Cette différenciation nécessite une mentalisation or
c'est le genre d'exercice auquel Héraclès n'a pas été entrainé durant son enfance
qui n'a visé qu'à magnifier sa force physique exceptionnelle et sa bravoure.
Ceci au point que le regard qu'il porte sur est réducteur : « Pour moi, mon bras
vaut mieux que ma langue. Il me suffit que le combat me donne la victoire. »
Sa vie durant ces travaux ressemble à la dérive d'une brute épaisse, d'un sérial
killer, d'un mercenaire sanguinaire, d'un conquérant se taillant un empire puisque le
nombre de roi et de fils de roi qu'il trucide est de l'ordre de cinquante , ceci à
l'occasion de crises dite de colère.
Certes son cousin l'envoie au diable faire le sale boulot que personne ne veut ou
ne peut entreprendre dans l'espoir non camouflé qu'à l'occasion il en meurt. Je ne ferais
pas ici l'interprétation de ces étapes de la maturation psychique qui conduiront Héraclès
à une liberté intérieure chèrement payée mais bien nécessaire en raison de ses erreurs.
Il trouve le temps de se remarier avec DÉJANIRE la soeur de sa première femme
MÉGARE qu'il trompera avec IOLE qu'il imposera à son fils. Par ailleurs le nombre de
viols et de conquête admirative de sa force ne se compte pas.
Sa vie se termine par un suicide dans le feu suivi symboliquement par une
résurrection et la conquête de l'immortalité quand il a quitté ses liens pathologiques
à sa mère. C'est dans la découverte d'un sur moi libérateur au delà du vrai père et
de ZEUS qu'il trouve sa solution.
Ceci est validé par l'évolution du psychisme de ZEUS qui fait une maturation
devenant fidèle à sa femme HÉRA quand il quitte l'angoisse de castration et son
obsession sexuelle et le mensonge aux femmes avec les métamorphoses. Il est
arrivé à l'acmé de ces métamorphoses en imitant un homme pire le fiancé d'une
femme pour satisfaire son désir.
Le frein à la pulsion sexuelle autorise le désir et le plaisir partagé en place de la
jouissance immédiate sans tenir compte de l'autre.
8 J'ai fait une analogie entre les instances psychiques : le sur moi féminin et HÉRA,
entre le sur moi masculin et ZEUS.
Pour trouver les références sur internet :
1. Le bouclier d'Héraclès par HÉSIODE traduction de M BIGNAN
2. Pseudo APOLLODORE : La Bibliothèque en ligne sur le site d'Ugo Bratelli
3. IMAGO pour les livres du Dr Henry THOMAS « Souffrances d’enfance » « les refus de
la réalité et sur le site www.mythologie-identite.com
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