Le sprint juridique final est engagé GOODYEAR

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Le sprint juridique final est engagé GOODYEAR
Date : 12/12/2013
Pays : FRANCE
Diffusion : 65033
Périodicité : Quotidien
Surface : 34 %
Mots : 668
Le sprint juridique final est engagé GOODYEAR
Hier, CGT et direction se sont opposées sur un avis du comité de sécurité, d'hygiène et des
conditions de travail lié au plan social. La direction du Travail est de nouveau ciblée.
Fiodor Rilov, avocat de la CGT, a
vite dégainé en donnant un courrier
du tribunal administratif (TA) au
juge du tribunal de grande instance
d'Amiens. Une audience du TA (19
décembre) pourrait obliger la
direction du Travail à livrer un
rapport
sur
les
risques
psychosociaux au sein de Goodyear
Amiens nord. La commission
d'enquête parlementaire et sa
rapporteuse Pascale Boistard (PS)
tente aussi de récupérer ce rapport.
Dans ce cas, la décision revient au
secrétaire du gouvernement. L'effet
de surprise a fonctionné. Joël
Grangé, avocat de Goodyear, tente
d'attraper la lettre. Fiodor Rilov
ajoute que l'inspection du Travail a
relevé des infractions du code du
travail « catastrophiques relevant du
pénal , connues du procureur » . «
Je n'ai pas cette lettre ! » lance Joël
Grangé . « Vous l'avez reçu hier »,
répond Fiodor Rilov. Joël Grangé se
tourne vers son assistante et dit : «
Je ne l'ai pas vu », jetant un oeil sur
son smartphone. Fiodor Rilov
ironise sur ce flou. Le juge
intervient : « Les seules personnes
qui peuvent être nerveuses sont dans
la salle ». Il regarde la trentaine de
Goodyear entassée dans la salle
108... et ses 40 places. Du coup,
Michel
Dheilly, directeur de
production Amiens nord, et Laurent
Dussuchal, directeur des relations
sociales
Goodyear-Dunlop-Tires-France,
séparés par un vigil avec oreillette,
de salariés remontés mais calmes.
L'audience a vu Fiodor Rilov plaider
pour que la procédure d'information
et de consultation soit jugée illicite.
Cela suspendrait le plan social. « La
direction évoque un avis fantôme
rendu par le CHSCT alors qu'il est
privé du rapport de l'inspection du
Travail.D'où une audience ici le 15
janvier pour établir ce caractère
illicite . »
Un cochon qui hurle
Pour Goodyear, la procédure est
achevée. La cellule de reclassement
est active. Les moyens sont mis. Joël
Grangé pointe une CGT repoussant
par tous les moyens juridique s un
plan de fermeture, « décidé,
incontournable, justifié et légal ». Il
attribue les risques psychosociaux à
cette lutte sans fin. Avant cela, il a
refait l'histoire. Les bénéfices ne
comblent pas les dettes cumulées de
Goodyear, au niveau mondial. Les
salariés ont refusé la fusion avec
Dunlop en contrepartie d'un passage
au rythme de travail (4X8). La
reprise partielle (agraire) par Titan
en 2012 a échoué, faute de dialogue
social... « Sept ans que cela dure !
Les CHSCT, comités centraux
d'entreprise
(CE)
et comités
d'entreprises se tiennent avec
insultes et menaces . » À Joël
Grangé son petit effet : un jouet en
forme de cochon qui hurle lorsqu'on
le presse ! « Agité lors du dernier
CHSCT . » Il liste alors des efforts
récents comme un comité de veille
hebdomadaire où peut siéger le
CHSCT. Plus tôt, Fiodor Rilov avait
rendu Goodyear coupable de risques
graves sur la sécurité. « Goodyear
est incapable de fournir la charge
de travail pour chacun . » Pour Joël
Grangé, c'est impossible car chaque
salarié « ne fournit pas du tout la
même productivité ». Alors que la
direction et les avocats de Goodyear
quittent le palais par une porte
dérobée, escortés de vigiles, Fidor
Rilov résume l'audience à plus de
100 Goodyear qui bloquent les rues
autour du tribunal. Il répète vouloir
stopper la fermeture. Il insiste sur ce
rapport de l'inspection du Travail
bloqué dans un tiroir tenu par un
bras haut placé, (il a déjà menacé
d'attaquer le ministère du Travail).
Pour lui, « le seul projet qui tient est
un projet industriel viable pour
Amiens nord ». Pour lui, le tribunal
décidera « si la procédure de
licenciement est une infraction
pénale
par
les
risques
psychosociaux qu'elle fait endurer
aux 1 143 salariés ». De quoi
poursuivre le blocage du dépôt de
l'usine qui dure depuis quatre
semaines.
DAVID VANDEVOORDE
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Flichy Grangé
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