Minitel V2

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Minitel V2
LE MUSÉE D’ATENA
LE MINITEL
Au début des années 1980, la DGT, soucieuse à la fois de l’environnement et surtout de ses finances,
décida de dématérialiser l’annuaire papier qui existait depuis les débuts du téléphone.
Plusieurs consortiums d’industriels partirent à la course du grand marché de l’annuaire électronique. Et
ainsi naquit le Minitel ! C’était la première fois dans l’histoire du téléphone que celui-ci s’adossait à un
service informatique.
Un projet de Matra Communication prévoyait un service complet avec demande de l’assistance vocale
d’une opératrice pour ceux qui seraient un peu perdus devant leur écran. Il était aussi prévu un système
de communication écrite pour les malentendants… en 1980, le chat était déjà inventé ! Mais le projet ne
fut pas retenu…
Le Minitel utilisait un codage particulier, le Vidéotex qui permettait de manipuler des pages de textes et
de caractères graphiques. Le terme « Minitel » désigne le terminal par lequel les usagers pouvaient
accéder à des services télématiques Télétex appelés par abus de langage services Minitel. Ils s’appuyaient
sur lle réseau à commutation de paquets Transpac.
Les premiers Minitels étaient volumineux et suffisamment laids pour que les particuliers ne le mettent
pas à la place d’honneur dans leur salon. Il y avait le modèle classique avec clavier fixe et le modèle que
nous nommions irrévérencieusement « vide-ordure » avec le clavier rabattable devant l’écran.
Minitel de 1ère génération
(photo Geneviève Bouché)
Par souci de simplification, le clavier était alphabétique (A B C…). Résultat, ceux qui savaient taper à la
machine ne s’y retrouvaient pas et ceux qui ne savaient pas n’étaient pas plus avancés. Rapidement les
industriels réparèrent ce défaut en adoptant le clavier AZERTY.
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Le clavier AZERTY était malgré tout une solution peu satisfaisante pour le grand public car, n’oublions
pas qu’à cette époque, l’ordinateur personnel n’ayant pas encore vu le jour, seuls quelques professionnels
étaient capable de « taper à la machine ».
Une idée avait été de mettre les lettres par ordre alphabétique mais avec les lignes en zigzag :
AB…IJ
RS…LK
TU … Y Z
Cette configuration qui, selon des essais auprès de groupes de « cobayes », semblait être un bon
compromis au point de vue ergonomique, n’a pas été retenue.
Malgré tout, le Minitel peinait à se généraliser dans les chaumières et il fallut en parallèle continuer à
éditer l’annuaire papier. Un ingénieur du CNET à qui je disais en plaisantant que le Minitel (en pente) ne
pouvait pas servir de rehausseur de siège à un enfant, contrairement à son homologue papier, me fit
remarquer qu’un annuaire périmé pouvait très bien remplir la fonction.
L’annuaire n’était pas une raison suffisante pour motiver le public, alors vinrent à la rescousse les
premiers services Vidéotex, dont une bonne part de messageries roses, qui assurèrent la promotion du
Minitel. Les administrations et services publics suivirent, imités ensuite par des entreprises. Il y avait
plusieurs codes d’accès téléphonique 3615, 3616… correspondant à différentes catégories de tarification.
Dans les années 1990, l’inscription au bac se faisait impérativement par Minitel. Les lycées mettaient
quelques Minitels, en nombre insuffisant et toujours pris d’assaut, à la disposition des élèves qui n’en
avaient pas chez eux.
Le Minitel se perfectionna aussi en intégrant un poste téléphonique, ce qui évitait d’avoir le téléphone
+ un fil + le Minitel. Ce modèle fut surtout utilisé dans le milieu professionnel, les particuliers ayant gardé
l’habitude de ranger l’appareil dans un placard, comme l’annuaire papier, et de ne l’en sortir qu’en cas de
besoin.
Minitel avec téléphone intégré
(Photo Matra Communication)
Une autre configuration fut le Minitel portatif à écran rabattable.
Minitel portatif
(Photo Gérard Viennet)
Celui-ci eut beaucoup de succès auprès du personnel de maintenance. En particulier, les petits
autocommutateurs privés n’étaient pas équipés d’une console de maintenance (à l’époque, les consoles
type VT 100 à écran cathodique étaient encore très chères). Ils étaient en revanche équipés d’une prise
pour Minitel qui faisait office de console de maintenance. Encore plus fort, les techniciens pouvaient opérer
à distance en se connectant sur l’autocommutateur via le réseau téléphonique.
A partir de la fin des années 1990, l’Internet commença à s’imposer et gagna les faveurs du public.
Beaucoup de services migrèrent sur Internet tandis que l’ordinateur remplaçait le Minitel dans les foyers.
Certains services, notamment administratifs demeuraient fidèles au Minitel et les utilisateurs d’ordinateurs
devaient passer par un simulateur Minitel pour y accéder. Il fallut ensuite s’incliner devant la montée en
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puissance d’internet mais les administrations gardèrent longtemps les deux modes d’accès à leurs
services.
Le service Minitel fut définitivement fermé le 30 juin 2012…
Michèle Germain
Atelier d’écriture de Forum ATENA
Avec la collaboration de Laurent Guyot-Sionnest
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