L`alimentation et les hydrates de carbone

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L`alimentation et les hydrates de carbone
L E
P O I N T
S U R . . .
L’alimentation
et les hydrates de
carbone
Centre de Documentation et d’Information de la Raf finerie Tirlemontoise
S O M M A I R E
Une étude conjointe de la FAO et de l’OMS
Un regard nouveau sur les hydrates de carbone
3
Le rôle des hydrates de carbone dans la nutrition
Les différents hydrates de carbone
Leur rôle dans la physiologie humaine
4
Les hydrates de carbone et la santé
La balance énergétique
L’activité physique
Les fonctions comportementales
Les sucres dès le début de la vie
6
Les hydrates de carbone et la prévention des maladies
L’obésité
Le diabète
Les maladies cardio-vasculaires
Le cancer
Les maladies du tractus gastro-intestinal
Les caries
7
Index glycémique et choix alimentaire
9
Quelques directives pour une meilleure information
Les principes
Les recommandations
10
Références bibliographiques
11
2
Un regard nouveau sur les hydrates de carbone
Les hydrates de carbone représentent la source la plus importante
d’énergie pour l’organisme dans le monde entier. D’où l’intérêt que
leur portent les responsables de la santé publique tant au niveau
national qu’au niveau international.
Une réunion d’experts de la FAO et de l’OMS sur le thème
“Alimentation humaine et hydrates de carbone” a eu lieu à Rome en
avril 1997. Cette réunion très importante s’est tenue dans le cadre
d’un vaste programme de consultations, toujours en cours, entre
spécialistes. Son objectif principal est de faire le point sur les
recherches concernant le rôle des différents nutriments dans la
diététique humaine et d’en retirer des directives utiles.
Cette réunion était présidée par le docteur Graeme Clugston qui
dirige le département Nutrition de l’OMS. Y étaient invités à titre
personnel des experts indépendants de toute organisation officielle ou
gouvernementale, notamment les docteurs David Lineback, Ruth
La connaissance des hydrates
Oniang’o, Mark Wahlquist et Thomas Wolever.
Nous vous donnons ci-après un résumé du rapport que vient de
de carbone et de leur influence sur
publier la FAO, suite à cette consultation d’experts, sous le titre
la santé a largement progressé
“Carbohydrates in Human Nutrition”.
dans les vingt dernières années.
De là une approche nouvelle, non
seulement pour une meilleure
diététique mais encore pour une
meilleure prévention en termes de
santé.
3
LE ROLE DES HYDRATES DE CARBONE
DANS LA NUTRITION
Les différents hydrates de carbone
Traditionnellement, les hydrates de
carbone sont classés d’après leur degré de
polymérisation en trois catégories principales : les sucres, les oligosaccharides et
les polysaccharides.
Les sucres comprennent les monosaccharides, les disaccharides et les polyols,
notamment le glucose, le galactose, le
saccharose, le lactose, le sorbitol. Les oligosaccharides se divisent en maltodextrines,
issues de l’hydrolyse de l’amidon, et
fructo-oligosaccharides. Enfin, les polysaccharides forment deux grands groupes :
les amidons et les polysaccharides autres
que l’amidon, soit la cellulose, l’hémicellulose et la pectine. Ces derniers, habituellement appelés fibres, sont
majoritairement issus de la paroi de la
cellule végétale et non assimilables.
LES
PRINCIPAUX
HYDRATES
DE
CARBONE
Classes (DP*)
Sous-groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Composants
Sucres :
Monosaccharides . . . . . . . . . . . . . . . . . .Glucose, galactose, fructose
Disaccharides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Saccharose, lactose, trihalose
Polyols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Sorbitol, mannitol
Oligosaccharides :
Malto-oligosaccharides
Autres oligosaccharides
Polysaccharides :
. . . . . . . . . . . .Maltodextrines
. . . . . . . . . . . .Raffinose,
stachyose, fructo-oligosaccharides (oligofructose)
Amidon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Amylose, amylopectine, amidons modifiés
Autres polysaccharides . . . . . . . . . . . . .Cellulose, hemicellulose, pectines, hydrocolloïdes
*DP : Degré de polymérisation
On calcule généralement le taux global
d’hydrates de carbone dans un aliment soit
en totalisant la mesure directe de ses différents composants, soit par la méthode
dite de la “différence”. Celle-ci consiste à
soustraire du poids de l’aliment le poids
des graisses, des protéines, de l’eau et des
cendres qui le constituent, la différence
ainsi obtenue étant considérée comme
représentative des hydrates de carbone.
Outre le fait que ces méthodes ne sont
pas très précises, des spécialistes, comme
D.A.T. Southgate, estiment aujourd’hui
4
que le chiffre global d’hydrates de carbone
ne signifie pas grand chose car il ne
donne aucune indication sur les différents types de sucres inclus dans l’aliment
et ne permet donc pas de comprendre
leurs différentes propriétés. Ils préfèrent
étudier les hydrates de carbone sous
d’autres perspectives qui allient leurs
propriétés chimiques et physiologiques.
C’est pourquoi N.G Asp d’une part, et
H.N.Englyst et G.J. Hudson d’autre
part, ont défini des catégories nouvelles,
beaucoup plus significatives.
Ainsi, le terme “sucres” est réservé aux
mono et disaccharides.
Au lieu de parler d’hydrates de carbone
“digestibles” ou non, on prend en compte
leur plus ou moins grande influence sur
le métabolisme.
Pour l’amidon, l’accent est mis sur
l’amidon et ses produits de dégradation
qui ne sont pas absorbés au niveau de
l’intestin grêle. Par ailleurs, grâce aux
nouvelles techniques génétiques, on peut
aujourd’hui modifier les cultures et obtenir de l’amidon à haute teneur d’amylose, très utile pour la fabrication de
denrées à faible indice glycémique et qui
peut également remplacer les graisses
dans certaines préparations. D’après
Björck, Gunnarsson et Ostergard, cet
amidon modifié résiste partiellement au
processus de digestion, renforçant ainsi
dans l’intestin l’action de l’amidon insoluble.
Quant aux fibres, N.G. Asp et ses collaborateurs estiment que leur distinction
en fibres solubles et non solubles n’est
pas vraiment utile, étant donné que
certaines fibres insolubles subissent
rapidement une fermentation, tandis que
les fibres solubles n’influencent pas
nécessairement l’absorption du glucose
ou celle des lipides comme on l’avait cru
jusque là.
Ajoutons que les experts disposent à
l’heure actuelle de méthodes extrêmement fiables d’analyse et de quantification de ces différentes catégories
d’hydrates de carbone.
Leur rôle dans la physiologie humaine
• Les hydrates de carbone sont une source
majeure d’énergie. On leur attribue
une valeur énergétique de 4 kcal/g
(17kJ/g). Or, cette valeur semble très
fluctuante, et donc sujette à caution,
quand on sait que nombre d’hydrates
de carbone ne sont pas assimilés dans
l’intestin grêle mais bien fermentés
dans le gros intestin, où ils contribuent
à la dégradation des longues chaînes
d’acides gras. Il y a lieu de revoir les
données concernant la valeur énergétique des hydrates de carbone et
d’attribuer une valeur propre à chacune
des différentes catégories. Ainsi, G.
Livesey et M. Elia de l’Université de
Cambridge ainsi que M. Roberfroid et
coll., qui publient une étude dans la
revue Nutrition, estiment que les
hydrates de carbone qui atteignent le
côlon présentent une valeur énergétique moyenne de 2 kcal/g (8kJ/g)
seulement.
• Bien que l’on ait cru que seuls certains
hydrates de carbone contrôlent le
phénomène de la faim et de la satiété,
des experts tels que J.E. Blundel et B.J.
Rolls et all. pensent qu’il y aurait plutôt
lieu de prendre en considération
la composition de l’ensemble du repas.
• L’amidon comme les disaccharides sont
décomposés au cours de la digestion en
monosaccharides de telle sorte qu’ils
entraînent une élévation du taux de
glucose dans le sang. D’où une modification de la sécrétion d’insuline. Cette
insuline à son tour influence le métabolisme tant des hydrates de carbone
que des lipides, ainsi que le passage du
glucose dans les cellules.
• Le lactose est le principal sucre contenu
dans le lait. Néanmoins, il existe des
problèmes liés à l’intolérance au lactose.
D’après Gudmand-Hoyer notamment,
même si l’activité de l’enzyme lactase
est faible, il est tout de même possible
de boire de petites quantités de lait tout
au long de la journée car il ne s’agit pas là
d’une véritable pathologie. L’intolérance
au lactose, quant à elle, n’est en fait
qu’une conséquence du dysfonctionnement de la muqueuse intestinale.
• La concentration du glucose et du
fructose dans le sang joue un rôle régulateur très important dans la glycolyse
non-enzymatique des protéines. D’après
R.B. MacDonald, elle est éventuellement à l’origine du dépôt de cristaux
protéiques dans l’œil, dépôt qui entraîne la cataracte chez les personnes âgées.
• A.S. Truswell a constaté que les polysaccharides, tels que la gomme guar, le
bêta-glycol dans l’avoine, d’autres dans
le psyllium, contribuent à l’abaissement du taux de cholestérol chez les
personnes souffrant d’hypercholestérolémie mais ne modifient que fort peu
les taux normaux. Toutefois, d’après
M-L.A. Heinen et coll., tous les polysaccharides fermentables ne sont pas
également efficaces.
• La fermentation représente le dernier
stade de la digestion. Les hydrates de
carbone résiduels sont décomposés et
transformés en hydrogène, méthane et
oxyde de carbone et stimulent la croissance bactérienne. Pour J.H. Cummings
et G.T. Macfarlane, les butyrates
formés à ce stade par la dégradation des
lipides régularisent la croissance des
cellules et induisent leur différenciation.
• Comme chacun sait, les polysaccharides non assimilables sont absorbés par
les selles. Ils y retiennent l’eau et en
augmentent le poids mais, d’après
Cummings, ceci est fonction du degré
de fermentation.
• Enfin, les hydrates de carbone, baptisés
“pré-biotoques” comme l’inuline et les
oligofructoses par G.R. Gibson et
M. Roberfroid, stimulent sélectivement la croissance de certains groupes
de bactéries dont celle du bifidus.
5
Propriétés physiologiques
des hydrates de carbone
• Apport énergétique
• Effets sur la satiété/vidange gastrique
• Contrôle du glucose sanguin
et métabolisme de l’insuline
• Glycosylation des protéines
• Digestion et fermentation
• Effets sur la fonction intestinale/
constipation
• Effets sur la microflore du côlon
LES HYDRATES DE CARBONE ET LA SANTE
Bien que le taux d’hydrates de carbone nécessaire pour éviter qu’une acétonémie soit très faible (de l’ordre de
50g/jour), les hydrates de carbone apportent la plus grande part d’énergie dans le
régime alimentaire de la majorité des
humains. Et c’est très bien ainsi. En effet,
les aliments riches en hydrates de carbone activent les processus d’oxydation du
métabolisme, ils apportent nombre
de micro-nutriments indispensables,
ils régularisent les fonctions du tractus
gastro-intestinal et, last but not least,
maintiennent l’équilibre glycémique
dans le sang.
L’apport en hydrates de carbone
et la balance énergétique
L’équilibre de la balance énergétique
est essentiel si l’on veut éviter l’obésité et
ses dangereuses co-morbidités. Cet équilibre dépend en majeure partie du régime
alimentaire. En particulier, les régimes
incluant au moins 55% de leur énergie
sous forme d’hydrates de carbone de différentes provenances, comparés à des
régimes riches en lipides, diminuent le
risque d’accumulation des graisses. R.J.
Levin ainsi que R.J. Stubbs, C.D.
Thomas et leurs collaborateurs ont
démontré également que les régimes
riches en lipides bien plus que ceux
riches en hydrates de carbone tendent à
accroître l’absorption globale d’énergie.
En outre, les études publiées par
nombre de spécialistes tels J.P. Flatt et
T.J. Horton insistent sur le fait que
les hydrates de carbone en excès sont
principalement oxydés et ne se transforment donc pas en réserves de graisses.
taire bien dosé en hydrates de carbone de
diverses origines. Par contre, un apport
énergétique supplémentaire, sous forme
de boissons par exemple, est indispensable à l’athlète de haut niveau ou le
sportif qui pratique un sport d’endurance tel que la course à pied ou à bicyclette. D’autre part, la prise d’hydrates de
carbone après l’exercice aide à la reconstitution des réserves de glycogène.
L’apport en hydrates de carbone
et les fonctions comportementales
Contrairement à ce que certains voudraient croire, J.W. White et M.
Wolraich affirment, suite à une étude
extensive de la littérature, que l’absorption de sucres raffinés n’exerce aucune
influence sur le comportement ou les
aptitudes intellectuelles des enfants. Et
bien qu’il existe une relation entre le
niveau de glucose et le processus de la
mémoire, la signification clinique de
L’apport en hydrates de carbone et
l’activité physique
L’indispensable équilibre énergétique
ne peut se maintenir que si l’apport compense les pertes. Pour les activités physiques de détente, point n’est besoin de
modifier de beaucoup un régime alimen-
6
cette interférence n’est pas totalement
éclaircie. Par contre, il est vrai qu’un petit
déjeuner complet peut améliorer les
facultés intellectuelles chez les enfants
qui en sont généralement privés.
Des sucres dès le début de la vie
Un apport adéquat d’hydrates de carbone est indispensable à tout âge. Cet
apport doit être plus important encore
durant la grossesse et la lactation, afin de
prendre également en charge les besoins
de l’enfant.
Le lait maternel comme les laits artificiels conformes aux prescriptions du
Codex Alimentarius de la FAO/OMS
sont, dans nos pays, bien équilibrés et
suffisent donc à l’alimentation du petit
enfant. Par la suite, les produits laitiers et
les fromages sont recommandés car ils
sont une excellente source de lactose, et
aussi de protéines, de calcium et de riboflavine.
LES HYDRATES DE CARBONE
ET LA PREVENTION DES MALADIES
Les hydrates de carbone peuvent
influencer directement le développement
physiologique et métabolique des maladies en affaiblissant les facteurs de risque,
voire leur parcours. Ils peuvent aussi
exercer un effet indirect, par exemple en
déplaçant un autre nutriment ou, au
contraire, en contribuant à un apport
plus utilement diversifié. Le lien entre
hydrates de carbone et certaines maladies
n’a été confirmé que par des études
épidémiologiques. Par contre, il est peu
d’études qui démontrent formellement
un rapport direct de cause à effet.
Les commentaires que nous apportons
ci-après ne sont donc basés que sur des
hypothèses dont on peut dire cependant
qu’elles sont plausibles.
L’obésité
La fréquence de l’obésité augmente
de façon d’autant plus inquiétante qu’elle
est souvent à l’origine de complications
cardio-vasculaires, de diabète et autres
maladies chroniques. Des facteurs génétiques ou environnementaux, et le
manque d’exercice physique en sont les
causes principales. L’influence des sucres
et des amidons est controversée. Aucune
étude menée parmi les populations des
pays industrialisés ne démontre un lien
direct entre ces nutriments et l’étiologie
d’une obésité. Ce qui est certain, c’est le
fait qu’un apport excessif d’énergie sous
quelque forme que ce soit contribue à
l’accumulation de graisses s’il n’est pas
compensé par l’exercice physique. Or,
comme les lipides sont plus facilement
stockés que les hydrates de carbone, la
prise d’aliments riches en hydrates de
carbone peut, en se substituant aux aliments gras bien plus énergétiques, éviter
le risque d’obésité à long terme. En
outre, les aliments riches en hydrates de
carbone provoquent à court terme une
sensation de satiété.
Le diabète non insulino-dépendant
Il est souvent lié à l’obésité et l’existence d’un facteur causal génétique ne
fait plus aucun doute. Les aliments riches
en fibres ainsi que ceux riches en
hydrates de carbone à indice glycémique
faible semblent bien faire barrage au diabète, quel que soit le BMI. En termes de
prévention, il n’est pas possible de différencier l’effet bénéfique de tel ou tel
polysaccharide
non
assimilable.
Certaines études pointent de préférence
vers les céréales, d’autres vers les légumes
et les aliments riches en pectines. L’idéal
consiste à surveiller strictement son
poids, et à enrichir son régime en denrées
à base d’hydrates de carbone à faible
index glycémique.
Même les diabétiques peuvent
prendre des quantités modérées (30 à
50g/jour) de saccharose et autres sucres
simples à condition, entre autres, de les
intégrer à un repas complet. Les aliments
spéciaux pour diabétiques ne sont généralement pas recommandés et le fructose
ne présente aucun avantage sur d’autres
sucres comme édulcorant. Il vaut mieux
limiter la prise de boissons sucrées et
bien répartir l’apport d’hydrates de carbone tout au long de la journée.
Les maladies cardio-vasculaires
Nombre de facteurs génétiques et
bien d’autres liés au style de vie sont
impliqués dans l’étiologie des maladies
cardio-vasculaires. La diététique influence le développement de l’athérosclérose
et de la thrombose, soit directement, soit
via toute une série de facteurs de risque.
L’obésité ainsi que certains nutriments,
et en particulier l’excès de lipides, sont
sans conteste à l’origine des troubles cardio-vasculaires. D’autre part, on ne
doute plus de l’effet protecteur des nutriments anti-oxydants. Or, l’absorption
accrue d’hydrates de carbone contribue à
7
Suite aux études statistiques de la
FAO, il apparaît que les sources les
plus répandues d’hydrates de carbone dans le monde sont les céréales,
les tubercules, les cultures sucrières,
les légumineuses, les fruits et légumes
ainsi que les produits laitiers. Etant
donné la croissance des populations,
une pénurie est malheureusement
prévisible en Afrique et en Asie si les
techniques agricoles ne sont pas
améliorées. Dans nos pays industrialisés, il y a lieu de diversifier davantage la consommation d’aliments
riches en hydrates de carbone afin
de rencontrer tous les besoins en
micro-nutriments.
la réduction des acides gras saturés et
nombre de fruits et légumes riches en
hydrates de carbone sont également
riches en éléments anti-oxydants. Le
meilleur conseil que l’on puisse donner
quant à la prévention des maladies cardio-vasculaires, est donc de remplacer
une part des lipides de l’alimentation par
des céréales, fruits et légumes riches en
polysaccharides non assimilables.
Certains d’entre eux (par exemple les
bêta-glucoses) peuvent faire baisser le
taux de cholestérol, qu’ils soient absorbés
sous forme d’aliments naturels ou
comme suppléments diététiques. Les aliments d’origine végétale régularisent la
balance sodium/potassium et donc préviennent le risque d’hypertension.
Certaines études suggèrent même que les
fruits et les légumes nous protègent des
troubles cérébro-vasculaires.
Le cancer
Le cancer est une maladie due à des
défauts génétiques bien identifiés et,
pour le cancer du côlon notamment, des
défauts génétiques parfaitement définis.
Ces gènes défectueux ne sont plus
capables de coder les protéines qui
contrôlent la croissance des cellules, leur
interaction ou la réfection du DNA. Les
experts pensent que les hydrates de carbone alimentaires préviennent ce type de
cancer en s’opposant à la croissance anarchique des cellules et en tuant sélectivement les cellules endommagées. Ceci
grâce à l’action, parmi d’autres, de l’acide
butyrique issu de la fermentation dans le
gros intestin des polysaccharides assimilables ou non. On trouve ces derniers en
ordre principal dans les céréales, les fruits
et les légumes.
Les aliments riches en fibres produisent des phyto-oestrogènes qui pourraient prévenir le cancer du sein. Les
hydrates de carbone alimentaires ne
jouent aucun rôle dans l’apparition des
cancers du poumon, de l’estomac, de la
prostate, du pancréas, de l’œsophage, du
foie ou du col utérin. Par contre, D.W.
Cramer, F.R. Kaufman et leurs collaborateurs semblent démontrer qu’il existe un
risque accru de cancer ovarien chez les
femmes qui souffrent d’une légère galactosémie.
Les désordres gastro-intestinaux
L’absorption d’aliments riches en
amidon et polysaccharides non assimilables est une excellente prévention et
même un traitement efficace de la constipation comme des hémorroïdes et des
fissures anales. Le son et autres céréales
semblent également protéger des diverticuloses. L’ingestion en quantités importantes d’hydrates de carbone pourrait
favoriser le développement du bifidus et
des lactobacilles dans l’intestin et réduire
ainsi le risque d’infections du tractus gastro-intestinal.
Les caries dentaires
Elles sont tributaires d’un grand
nombre de facteurs. On a coutume de
croire que les aliments contenant du
sucre et digérés par la salive produisent
des acides qui augmentent le risque d’apparition d’une carie. D’après I. Björck,
l’amidon à index glycémique élevé, surtout lorsqu’il est en présence de sucres
simples, perturberait davantage la plaque
dentaire que les amidons à IG faible. Cet
effet reste cependant tributaire de nombreux autres facteurs. Les programmes de
prévention de la carie dentaire devraient
mettre davantage l’accent sur le rôle du
fluor et de l’hygiène dentaire, plutôt que
sur la seule ingestion de sucres.
8
I N D E X G LY C E M I Q U E
E T C H O I X A L I M E N TA I R E
Il ne suffit pas de définir la nature
chimique des hydrates de carbone pour
connaître leurs effets physiologiques.
C’est pourquoi deux paramètres supplémentaires ont été proposés, sur base
de ces effets : l’index de satiété et l’index
glycémique.
- S.H.A. Holt, J.C. Brand Miller et P.
Petocz ont récemment étudié le premier
et proposé une définition. L’index de
satiété, selon ces experts, mesure la valeur
en termes de réplétion de rations énergétiques équivalentes d’aliments par rapport à un aliment standard, soit le pain
blanc. Les facteurs qui influencent la
prise d’aliments sont toutefois complexes
et des études sont encore nécessaires pour
préciser le sujet.
- Par contre, l’index glycémique est
mieux connu. Cet index glycémique ou
IG représente l’augmentation de la zone
située sous la courbe de réponse glycémique sanguine d’une ration de 50 g
CALCUL
d’hydrates de carbone d’un aliment test,
exprimé sous forme d’un pourcentage de
la réponse glycémique de la même quantité d’hydrates de carbone d’un aliment
standard pris par un même sujet. Cette
notion n’est certes pas simple et les résultats dépendent fortement de la méthode
de mesure choisie, du mode de préparation ou de cuisson de l’aliment, de son
origine.
On peut calculer l’IG sur base d’un
simple repas ou sur la globalité d’un
régime. Le tableau ci-dessous montre
comment calculer l’IG d’un repas à base
de pain, céréales, saccharose, lait et jus
d’orange. Dans ce cas, il y a une relation
directe entre l’IG du repas et la réponse
glycémique d’un repas de même composition. Le taux de glucose dans le sang est
également influencé par la quantité
d’hydrates de carbone apportée par le
repas. T.M.S. Wolever et C. Bolognesi
ont étudié cette corrélation de manière
détaillée sur des sujets sains.
Pratiquement, on peut dire que les
repas incluant des hydrates de carbone à
IG faible abaissent le taux de glucose
dans le sang après un repas ainsi que la
réponse insulinique. Comme le prouvent
J.A. Salmeron et al., ces aliments présentent donc un moindre risque d’entraîner
l’apparition d’un diabète non insulinodépendant tant chez les hommes que
chez les femmes. En outre, d’après
T.M.S. Wolever encore, ils abaissent le
taux de triglycérides dans le sang chez les
personnes obèses et favorisent le passage
des hydrates de carbone vers le côlon
ainsi que leur fermentation bactérienne.
Les aliments riches en amidon à IG faible
sont digérés et assimilés plus lentement
que les aliment à IG élevé.
Attention cependant : des aliments à
IG faible peuvent être riches en lipides
et, à l’inverse, des aliments à IG élevé
peuvent être recommandés parce qu’ils
apportent d’autres nutriments utiles et
sont peu énergétiques.
D E L’ I N D E X G LY C É M I Q U E D ’ U N R E PA S O U D ’ U N R É G I M E
Aliment
Hydrate de carbone
glycémiant
en grammes
Hydrate de carbone
glycémiant
par rapport au total
Index
glycémique
de l’aliment
Index
glycémique
du repas*
Pain
Céréales
Lait
Saccharose
Jus d’orange
Total
25
25
6
5
12
73
0.342
0.342
0.082
0.068
0.164
100
72
39
87
74
34.2
24.6
3.2
5.9
12.1
80.0
* La valeur de chaque aliment correspond à la quantité d’hydrate de carbone glycémiant par rapport au total multiplié par l’index
glycémique de l’aliment. La somme des valeurs représente l’index glycémique du repas.
9
QUELQUES DIRECTIVES
POUR UNE MEILLEURE INFORMATION
Sur base des données que nous
venons de résumer, les auteurs du
rapport FAO/OMS détaillent toute une
série de recommandations à l’usage des
responsables de la santé publique à
l’échelle des politiques nationales. Nous
en sélectionnons quelques-unes qui
peuvent guider le généraliste dans sa
pratique quotidienne.
Dès deux ans environ, les hydrates
Au niveau des principes
• Il y a lieu de respecter autant que
possible le contexte socioculturel et les
disponibilités locales dans le choix des
aliments recommandés.
• Les recommandations doivent être
suffisamment claires : par exemple, il
vaut mieux s’exprimer en termes
d’aliments plutôt qu’en termes de
nutriments.
• Il faut présenter un choix de possibilités diverses et souligner le fait que les
hydrates de carbone n’apportent pas
seulement de l’énergie, mais encore
bien d’autres nutriments indispensables.
• Le médecin tiendra compte des problèmes de santé de son patient mais
aussi des prévisions générales et du
contexte local en matière de santé.
• Une alimentation modérément riche
en sucres rend le repas à la fois nourrissant et agréable au goût.
de carbone doivent représenter
55 % au moins de la ration calorique, ce à partir de sources diversifiées. Pour les personnes âgées, dont
le goût est souvent altéré et qui ont
tendance à se nourrir de produits à
base de matières grasses, un régime
riche en hydrates de carbone peut
leur éviter une prise de poids inconsidérée.
10
Les recommandations
• Les hydrates de carbone doivent représenter 55% au moins de la ration énergétique totale, ce par paliers progressifs
dès l’âge de deux ans.
• Les sources d’hydrates de carbone
seront nombreuses et variées tout au
long des divers repas.
• Les céréales, les légumineuses, les
racines, les fruits et légumes seront
inlassablement recommandés car
sources d’hydrates de carbone de tous
types.
• Il est bon de rappeler que les fruits et
les légumes (y compris les pommes de
terre) apportent, outre de précieux
hydrates de carbone, des vitamines
anti-oxydantes et nombre d’autres
oligo-éléments indispensables.
• Il y a lieu d’encourager la consommation de légumineuses, de noix et de
graines de toutes sortes car ces aliments
sont riches en protéines et micro-nutriments. Ils seront accompagnés de
céréales qui renforcent la qualité des
protéines.
• Le lait et les produits laitiers restent
indispensables tout au long de la vie,
même si l’activité de la lactase est affaiblie, car ils apportent, outre des sucres,
des protéines et des micro-nutriments
utiles.
• Les femmes enceintes et allaitantes, les
personnes âgées verront leur régime
adapté selon leur état, car leurs besoins
en énergie sont accrus.
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and insulin responses of normal subjects after consuming
mixed meals. J.Nutr. 126 : 2807-2812
La Conférence des experts de la FAO et de l’OMS insiste
pour que soient reconnus les bienfaits pour la santé liés à la
Réalisation :
En conclusion…
consommation d’aliments de toutes origines riches en hydrates
de carbone. Ces derniers n’apportent pas que de l’énergie mais
encore toute une série de nutriments indispensables à notre
métabolisme. Ils jouent également un rôle dans la prévention
de nombre de maladies. Dès l’âge de 2
ans, les hydrates de
carbone doivent représenter au moins 55 %
de l’énergie globale
absorbée au cours des
repas. Le médecin est
bien placé pour le dire
Centre de Documentation
et d’Information de la Raf finerie Tirlemontoise
Editeur responsable : J.P. Sandron - Avenue de Tervueren, 182 - 1150 Bruxelles
et le redire !

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