Règlement Dublin - Formation Sociale
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Règlement Dublin - Formation Sociale
Règlement Dublin; question-réponse 1. LA PLUPART DES PERSONNES MIGRANTES QUE J’AI RENCONTRÉES SONT PASSÉES PAR D’AUTRES PAYS EUROPÉENS AVANT D’ARRIVER EN FRANCE (ITALIE, GRECE, BULGARIE, HONGRIE). POURQUOI N’ONT-ILS PAS DEMANDÉ L’ASILE DANS CES PAYS ? Ces pays sont les pays à la frontière de l’Europe. Tous les exilés qui ne peuvent pas arriver en avion doivent passer par un de ces pays pour arriver sur le territoire européen. De ce fait, l’Italie, la Grèce, etc., sont débordés. Les conditions d’accueil des personnes migrantes dans ces pays ne sont pas supportables. Par exemple, en janvier 2011, la Grèce a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme pour violation des droits de l’homme du fait des conditions déplorables d’accueil des étrangers, en particulier ceux qui demandent l’asile.Les migrants choisissent de se rendre dans le pays qui les accueillera le mieux. On rencontre d’ailleurs beaucoup d’exilés, sur les camps du Nord-pas-de-Calais, qui ont un statut de réfugié en Italie mais n’ayant ni travail, ni endroit où dormir, ils ont choisi de poursuivre leur route. *** 2. QUE SIGNIFIE ÊTRE « DUBLINÉ » ? Le terme de demandeur d’asile « dubliné » vient du règlement européen Dublin III. Ce règlement prévoit des critères pour déterminer quel pays européen est responsable de la demande d’asile d’une personne : C’est d’abord le pays dans lequel le demandeur d’asile a des membres de sa famille proche : conjoint ou enfant mineur. Sinon, c’est le pays qui a fourni au demandeur d’asile un titre de séjour ou un visa. Sinon, c’est le premier pays dans lequel il y a des traces du passage du demandeur d’asile. Par traces, on entend l’enregistrement des empreintes digitales par la police de ce pays dans le fichier européen Eurodac. Enfin, si la situation du demandeur d’asile ne correspond à aucun de ces critères, le pays responsable de sa demande d’asile sera le premier pays dans lequel il se sera présenté pour demander l’asile. Un demandeur d’asile dit « dubliné », en France, est un demandeur d’asile qui, selon les critères de Dublin, doit déposer sa demande d’asile dans un autre pays que la France. Un autre pays européen est déjà responsable de sa demande d’asile et il doit donc se rendre dans cet État pour la déposer. Ce règlement Dublin empêche des personnes de choisir librement le pays dans lequel ils souhaitent s’installer, celui avec lequel ils ont des affinités linguistiques, familiales ou celui dont les conditions d’accueil sont les moins pires. Il est toutefois possible de demander l’asile dans un autre État que celui déterminé par le règlement Dublin. Par exemple, si les empreintes d’un demandeur d’asile ont été enregistrées en Italie et qu’il demande l’asile en France, il va lui être demandé de repartir en Italie. S’il arrive à rester en France sans être renvoyé en Italie, il pourra demander l’asile au bout de 6 ou de 18 mois selon sa situation. Ce règlement est donc contournable mais il met la plupart des demandeurs d’asile dans une situation difficile. 3. SUR LES CAMPS, UN EXILÉ M’A EXPLIQUÉ QU’IL DEVAIT SE METTRE DE LA COLLE SUR LES DOIGTS S’IL SOUHAITAIT DEMANDER L’ASILE EN FRANCE. QUEL EST LE RAPPORT ENTRE SES MAINS ET SA DEMANDE D’ASILE ? Lorsqu’une personne demande l’asile, en France et partout dans les pays de l’Union européenne + la Norvège, l’Islande, la Suisse et le Liechtenstein, elle doit « donner » ses empreintes digitales. En France, la première étape d’une demande d’asile est d’aller en préfecture pour demander à avoir un titre de séjour en France le temps de cette demande d’asile. On parle d’admission au séjour au titre de l’asile. Lors de cette demande en préfecture, l’officier préfectoral va scanner chaque empreinte de chaque doigt et de chaque main du demandeur d’asile. Le but de ce scan est de vérifier si cette personne n’a pas déjà demandé l’asile dans un autre pays, ou ailleurs en France, mais aussi de voir si cette personne a déjà eu un visa, un titre de séjour ou a déjà vécu dans un autre pays européen. Si les empreintes digitales du demandeur d’asile ont déjà été scannées dans un autre État européen, la France pourra considérer que le demandeur d’asile doit faire sa demande d’asile dans ce pays-là. Il sera alors « dubliné » (voir question précédente). Afin de pouvoir choisir le pays dans lequel ils vont demander l’asile, beaucoup de personnes migrantes choisissent d’abîmer leurs empreintes digitales, en les brûlant, en leur faisant des entailles ou en mettant de la colle dessus. Une fois que les empreintes sont illisibles par le logiciel, les officiers préfectoraux ne peuvent pas voir si elles ont déjà été enregistrées dans le fichier européen Eurodac. La France devient donc responsable de leur demande d’asile. Le problème de cette technique est que les autorités vont d’office considérer le demandeur d’asile comme un menteur et donc rejeter automatiquement sa demande d’asile. Il pourra toujours faire un recours contre ce rejet mais il perd une chance sur deux d’obtenir un statut de réfugié.