Édito - Amitiés France

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Édito - Amitiés France
LES NOUVELLES FRANCO-ACADIENNES
• MARS 2013 • N° 20
L’Acadie...“Ce monde rêvé de notre enfance, voilà qu’on nous dit qu’il est réellement quelque part...”
Édito
L’Acadie en France
Vice-président
Amitiés France-Acadie
Participants à l’assemblée générale de l’association Amitiés France-Acadie – Nantes 2013
UNE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE TRÈS “ACADIENNE”
C
ette année, nous tenions à Nantes
notre assemblée générale annuelle
dans le cadre de la Semaine de la
Francophonie et des Rencontres France-Acadie
pour le lancement du Congrès Mondial Acadien
de 2014.
À cette occasion, une forte délégation acadienne (70 personnes) venue des Provinces
Atlantiques avait rejoint la Loire-Atlantique.
Deux journées, les jeudi 21 et vendredi
22 mars, étaient consacrées aux “Rencontres
Sommaire
PAGE 01 Assemblée générale 2013 des AFA :
(récits, comptes rendus, rapport moral 2012)
PAGE 07 La francophonie... comme une maison
PAGE 08 Jean de Poutrincourt
France-Acadie”. Colloques et tables rondes se
succédèrent, animés par des personnalités françaises et acadiennes
Notre association, Amitiés France-Acadie,
apportait un point d’orgue à ces manifestations
avec la tenue de son AG le samedi 23, et une
journée de détente dans la région, le dimanche.
Le Village de la Francophonie
Dès notre arrivée le jeudi après-midi, nous avons
pu découvrir le Village de la Francophonie
...
PAGE 09 Histoire : J. Girard, curé en Acadie
PAGE 11 Acadie-infos > Voyage en Acadie2013
> Les échanges scolaires 2013
> Autour du Congrès mondial acadien 2014
COMiTÉ DE RÉDACTiON
ISSN 0220-4592
Alain Dubos,
GÉRARD BESNARD – 2013
L
es Rencontres France
Acadie de Nantes ont
été les 21 et 22 mars
le point central d’une
manifestation dévolue à la
défense de notre langue
commune et de la culture
par elle véhiculée.
Les participants à ces
retrouvailles officielles
peuvent en éprouver
une légitime fierté.
Tout fut là convivial et
chaleureux, ouvert et festif,
en un mot réussi.
Grâce en soit rendue à la
Ville de Nantes, hôte parfait,
ainsi qu’à ses invités venus
de loin pour évoquer, dans
le même enthousiasme,
le présent de nos relations
et projets, et le grand
événement que sera le
Congrès mondial acadien
de 2014 (CMA).
Notre association s’honore
d’avoir été, au long de
ces journées d’échange
et d’amitié, la passerelle
entre deux mondes.
Directeur de la publication : Bernard Dorin, président des AFA – Secrétariat de rédaction, mise en pages:
Catherine Georgeon – Ont participé : Marie-Christine Balcet, Joël Barillot, Patrice Carpuat, Alain Dubos,
Cath. Georgeon, Charlette Gonzalez, Sylviane Loste, Bernard Oswald, Lionel Prigent, Guy Sergheraert.
Photos : Gérard Besnard, Maryvonne Le Gac, Bernd Reichelt, Michel Roux, X, Dr. – Acadie Infos : Cath. Georgeon.
Impression : Copy-Top (Paris). Les articles signés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
wwwDu nouveau ! En ligne le 19 avril, notre site : www.amitiesfranceacadie.org vvv
Amitiés France-Acadie - bureaux, courrier : 4 rue Vigée Lebrun 75015 Paris - (Siège : Maison des associations 22 rue de la Saïda 75015 Paris)
Permanences : mardi 10h-13h, 14h-17h • Tél.: 06 45 61 49 70 - site : www.amitiesfranceacadie.org - courriel : [email protected]
01
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
Amitiés France-Acadie
L’Acadie en France
MICHEL ROUX – 2013
MICHEL ROUX – 2013
NANTES EN FRANCOPHONIE...
Stand de Bretagne-Acadie-Louisiane. Au
centre : Gérard-Marc Braud, Pdt.
Les visiteurs et les officiels découvrent
les stands.
MARYVONNE LE GAC– 2013
MARYVONNE LE GAC– 2013
À droite : M. Abdou Diouf, secrétaire
général de l’Organisation Internationale
de la Francophonie
Intervenants d’un des colloques
Autres intervenants
MICHEL ROUX – 2013
Pose pour la postérité
... installé dans la Cité des Congrès. Du Viet-
nam à Madagascar, en passant par Haïti et, bien
entendu, les pays francophones africains, tous
étaient représentés dans des stands colorés et
vivants. Mais aussi le Québec, avec l’association
Pays-Nantais-Québec, l’Acadie et la Louisiane
avec l’association affiliée à la nôtre, BretagneAcadie-Louisiane présidée par Gérard-Marc
Braud.
L’Acadie avait également installé ses
kiosques présentant le Nouveau-Brunswick,
la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador
et des institutions comme la SNA et le Congrès
Mondial Acadien.
Les Rencontres acadiennes
À 18h30 : ouverture des Rencontres acadiennes
avec le discours de bienvenue de Mme Rachel
Bocher, maire-adjointe de Nantes, déléguée au
Tourisme et à la Francophonie, suivi par celui de
René Légère, président de la SNA et de l’Honorable Steven Blaney, ministre de la Francophonie et des Anciens Combattants du Canada, en
présence de Son Excellence Lawrence Cannon,
ambassadeur du Canada en France, Mme Martine Coulombe, député de Restigouche-la-Vallée (NB) et de Mme Vaughne Madden, directrice
générale de l’Office des Affaires Acadiennes de
Nouvelle-Écosse. Et d’autres dignitaires.
La soirée se termina avec le concert des
artistes acadiens Michel Thériault et Ronald
Bourgeois.
Une journée studieuse
Le lendemain, vendredi 22 mars : Inauguration
officielle en présence de M. Pierre Schapira, adjoint au Maire de Paris, chargé des Relations Internationales, des Affaires Européennes et de la
Francophonie ; de M. Michel Robitaille, délégué
général du Québec à Paris ; de M. Normand G.
Thériault, coprésident du Comité organisateur
du Congrès Mondial Acadien (CMA) et président du Comité régional du N.O. du NouveauBrunswick. Les colloques se succédèrent toute
la journée.
La première table ronde avait pour thème
“La Francophonie à l’heure des nouvelles technologies de l’information et de la communication”. Dans un monde dominé par l’anglais et
soumis à un mouvement de globalisation, on
peut s’interroger sur l’avenir du français. Les
nouvelles technologies sont-elles une menace
ou au contraire une chance pour la langue
française ? Les intervenants étaient des universitaires d’Acadie, des régions Bretagne et LoireAtlantique.
La seconde table ronde de la matinée :
“Quelle stratégie pour renforcer les échanges économiques entre les deux continents ?” À la veille
de l’accord de libre échange entre le Canada et
.
.
Le soir : concert avec les Hay Babies
02
l’Union Européenne, les possibilités de partenariats entre les deux territoires pourront devenir
une réalité quotidienne. Experts et acteurs économiques du Canada Atlantique et de la France
en discutèrent afin d’élaborer les pistes de collaborations futures.
À 13h. Des chefs venus de Louisiane, du
Québec, d’Acadie et de Nantes, nous proposèrent de découvrir les spécialités de chacune de
leur région à l’occasion du déjeuner…
Dans l’après-midi trois autres tables rondes
étaient organisées :
“Histoire et identité acadienne à travers les
générations” … Comment cette identité est-elle
transmise à travers les générations en Acadie
comme en France ? … Les intervenants acadiens et un Français (notre secrétaire général,
Patrice Carpuat) en débattèrent. Une belle
démonstration, vidéo à l’appui, par Céleste
Gaudin, responsable Jeunesse de la SNA, sur les
jeunes acadiens et les acadiens“assimilés”.
Puis : “Quelle mise en valeur touristique de la
culture ?” En Acadie comme à Nantes, l’industrie touristique est largement influencée par la
culture. Si la culture à Nantes est un levier touristique, l’Acadie mise sur la mobilité de ses artistes
afin de promouvoir son territoire. Les intervenants étaient acadiens, louisianais et nantais.
Francine Landry, coordinatrice du volet
économique du CMA 2014 souligna que cet
événement sera un catalyseur pour l’économie
des trois régions concernées (le Madawaska au
Nouveau-Brunswick, le Témiscouata au Québec, et le Maine aux États-Unis).
Et enfin “La culture aujourd’hui”. L’Acadie
et la France partagent une vision commune de
la culture comme vecteur de lien social mais
aussi de développement économique et territorial. Les intervenants ont échangé à partir de
leurs réalités respectives sur les thématiques
suivantes : la promotion et la circulation des artistes à l’international, les résidences d’artistes
et la stratégie culturelle. D’aucuns soulignèrent
qu’il ne faut pas folkloriser la culture et que le
tourisme doit être respectueux des habitants.
Dans le public, Mme Michèle Touret, présidente de La Maison de l’Acadie à Loudun, est
intervenue pour souligner qu’il est difficile pour
les artistes français de se produire en Acadie. Ex. :
la pièce de théâtre, produite par son association
“Les Vents de la Liberté”.
Gérard-Marc Braud, président de BretagneAcadie-Louisiane signala que depuis trente ans,
son association fait connaître l’Acadie dans la
région.
Pour ma part, j’ai (Charlette Gonzalez) souligné que “La Semaine acadienne” à Saint-Aubinsur- Mer entame sa 8e édition avec, chaque année,
un programme remarquable. J’ai indiqué également que Les Cousins Acadiens du Poitou fêtent
.
.
.
.
Amitiés France-Acadie
L’Acadie en France
... ET L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE AFA
MICHEL ROUX – 2013
Le groupe Vishtèn durant le concert du
vendredi soir
Le samedi matin : visite-guidée dans Nantes
X - DR– 2013
Pause-photos devant la plaque de la maison
de Jules Verne
MICHEL ROUX – 2013
Michel Roux, Pdt de Falaise-Acadie-Québec, en
compagnie de... Jules Verne enfant !
La Fresque des Acadiens, à Nantes
AG des Amitiés France-Acadie, de g. à d. :
Marie-Christine Balcet (vice SG), Charlette
Gonzalez (vice Pdte), Alain Dubos (vice Pdt),
Patrice Carpuat (SG).
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
régulièrement le 15 août avec des artistes acadiens, ainsi que Acanami en Normandie, etc.
Pour terminer, j’ai rappelé que, depuis 1979,
Amitiés France-Acadie décernent chaque année un prix littéraire et qu’une pièce de théâtre
historique d’Alain Dubos sera jouée en octobre
2013 à Memramcook par des comédiens acadiens et français. Nous souhaiterions qu’elle
figure dans la programmation du CMA 2014.
Toutes les tables rondes étaient animées
par Patrick Simonin, rédacteur en chef de
TV5-Monde. La synthèse en a été faite par
Lionel Prigent, maître de conférences à l’Institut de Géoarchitecture (Université Bretagne
Occidentale). [cf. p. 7 ]
La cérémonie de clôture a réuni pour les
discours d’usage les personnalités qui ont parrainé ces manifestations : M. Patrick Rimbert,
maire de Nantes, Mme Ina Sy, secrétaire de la
commission Europe-international-interrégional au Conseil Régional des Pays de la Loire,
M. René Légère, président de la SNA, Mme
Yamina Benguigui, ministre de la Francophonie
et enfin Son Excellence M. Abdou Diouf, secrétaire général de la Francohonie (OIF).
La soirée s’est terminé par un cocktail et
un concert acadien avec les Hay Babies et le
groupe Vishtèn.
Détente et assemblée générale des AFA
Le samedi 23 mars : dans la matinée, nos
adhérents étaient conviés par “Le voyage à
Nantes” à une visite-guidée touristique de
la ville jusqu’à la Butte Ste-Anne où se situe
la Fresque des Acadiens. C’est Gérard-Marc
Braud qui la présenta aux visiteurs français et
acadiens.
À 13h – Le déjeuner réunissait adhérents
et bon nombre d’Acadiens de la délégation
dans l’immeuble de Nantes-Métropole, situé
en face de la Cité des Congrès. Moment très
convivial, même si certains furent surpris par
l’aspect un peu “techno” de la salle qui avait
pour grand mérite de pouvoir concentrer
toutes nos activités dans un même lieu.
À 15h – Après l’émargement et les procédures
habituelles, notre AG pouvait commencer :
En l’absence du président, Bernard Dorin,
retenu à l’étranger et de Bernard Oswald, viceprésident et trésorier, notre secrétaire général
Patrice Carpuat, accueille et présente nos amis
acadiens.
Il donne ensuite la parole à Marc Beaulieu,
directeur de la programmation du CMA 2014.
Celui-ci nous détaille, à l’aide d’une vidéo, les
différentes facettes de cet événement qui aura
lieu du 8 au 24 août 2014. Les trois moments
clés, la cérémonie d’ouverture le 8 août au
Nouveau-Brunswick, la Fête nationale le 15
août au Maine et la cérémonie de clôture le
03
24 août au Québec, seront diffusés sur le Web.
Alain Dubos souhaite que ce CMA accorde
une part importante et spéciale à la Louisiane.
Marc Beaulieu répond qu’une journée entière
sera placée sous les couleurs de la Louisiane
ainsi que le 15 août.
Jean-Marie Nadeau, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick,
souhaite qu’une approche soit faite auprès du
Président de la République française.
Céleste Gaudin, conseillère Jeunesse à
la SNA, souhaite que l’on donne une grande
place à la jeunesse. Trois cents jeunes, de 14 à
22 ans seront invités déclare le directeur
général de la SNA, Éric Mathieu Doucet. En
conclusion, Marc Beaulieu conseille à tous
d’aller consulter le site du CMA et de s’inscrire
à l’infolettre pour recevoir régulièrement des
informations sur les diverses programmations.
L’AG reprend le cours de son ordre du
jour avec la lecture des rapports moral et financier par le secrétaire général. Les activités
essentielles de l’association sont présentées :
échanges scolaires par Charlette Gonzalez,
prix littéraire France-Acadie par Alain Dubos,
stages par Patrice Carpuat. (voir page suivante
le compte rendu de l’AG)
Richard Laurin, directeur de l’agence de
tourisme Novacadie (N-É), trace les grandes
lignes d’un voyage que notre association
souhaite organiser à l’occasion du prochain
Congrès mondial acadien en août 2014.
Élection du Conseil d’administration à
bulletins secrets (cf. compte rendu de l’AG).
Remise de la médaille Léger Comeau
à Maryvonne Le Gac
Pendant le dépouillement des votes, la parole
est donnée à René Légère, président de la
SNA. Il nous dit toute sa joie d’être parmi nous
et notamment de la mission qu’il doit accomplir. En effet, la Société Nationale de l’Acadie
(SNA) a décidé d’honorer Maryvonne Le Gac,
présidente de l’association Belle-Ile-Acadie,
en lui remettant la prestigieuse médaille Léger
Comeau. René Légère évoque l’accueil si chaleureux que de si nombreux Acadiens ont reçu
de la part de la famille Le Gac.
Maryvonne est très émue. Elle nous dit
qu’elle est une vraie descendante d’Acadiens
et que Belle-Ile fêtera cette année le 250e anniversaire de l’arrivée des Acadiens. Diverses manifestations sont prévues à Belle-Ile, l’anniversaire du Jumelage avec Pubnico notamment.
Patrice Carpuat donne successivement la
parole à : Mme Rachel Bocher, adjointe au
maire de Nantes, chargée de la Francophonie,
qui nous a rejoints au cours de notre assembée générale. Puis à M. Pierre Guimond,
Amitiés France-Acadie
L’Acadie en France
ministre-conseiller à l’Ambassade du Canada, chef du Service de la Politique étrangère et de la diplomatie qui a assisté aux Rencontres France-Acadie et nous fait l’amitié de
participer aux deux journées organisées par
notre association.
Patrice Carpuat clôture cette réunion en
remerciant la Mairie de Nantes en la personne
de Mme Rachel Bocher de nous avoir si bien
accueillis, ainsi que Gérard-Marc Braud, président de l’association régionale BretagneAcadie-Louisiane et son équipe pour leur aide.
Les participants à l’assemblée générale AFA
Dimanche matin, affrontant le froid et
le brouillard, une quinzaine d’adhérents
se sont retrouvés pour la visite de
Guérande, surnommée “la Carcassonne
bretonne”.
C
lassée “Ville d’art et d’histoire” depuis 2004,
Guérande est renommée pour ses marais
salants et sa cité médiévale. C’est l’une des rares
villes françaises à avoir conservé ses remparts
dans leur intégralité (1 434 m de circonférence).
Après avoir franchi la porte Saint-Michel,
nous sommes partis à la découverte, accompagnés d’une guide. Celle-ci nous a entraînés
à travers un dédale de rues étroites dans la ville
close à l’intérieur des remparts.
Tout d’abord, un arrêt s’imposait à la Collégiale Saint-Aubin édifiée entre le XIIe et le XVe
siècle. L’aspect austère et imposant du granit
est relevé par de fins clochetons à “crochets”
MARYVONNE LE GAC – 2013
La Porte St-Michel
et les remparts
MARYVONNE LE GAC – 2013
X - DR– 2013
tandis que Gérard Besnard, pdt d’ Acanami,
veille sur Charlette Gonzalez
qui allègent l’ensemble. Sur la façade à droite,
une chaire s’encastre dans le contrefort.
On pense que les prêtres utilisaient cette
chaire lorsque les fidèles étaient trop nombreux. L’intérieur est éclairé par de remarquables vitraux du XVIIIe. La voûte est soutenue par d’énormes piliers du XVe dont certains
portent des chapiteaux à sujets grotesques.
Puis, le groupe s’est promené dans les rues
bordées de maisons anciennes dont certaines
sont à pans de bois, en passant par la place du
Pilori, la rue du Tricot…
De retour aux voitures par la rue St-Michel,
et après avoir fait une petite promenade sur les
remparts du XIVe siècle, nous nous sommes
dirigés vers le Croisic où nous avons dégusté
un excellent déjeuner au restaurant le Lénigo.
Le soleil avait enfin fait son apparition au
moment où chacun repartait.
Cette matinée culturelle clôturait bien
agréablement notre séjour à Nantes.
Marie-Christine Balcet
Secrétaire générale adjointe,
Amitiés France-Acadie
MARYVONNE LE GAC – 2013
GÉRARD BESNARD – 2013
Le dîner spectacle, animé par ...
BERND REICHELT – NOV. 2005
GÉRARD BESNARD – 2013
Remise par René Légère, Pdt de la SNA, de la
médaille Léger Comeau à Maryvonne Le Gac,
Pdte de Belle-Île-Acadie
... le chantre acadien Michel Thériault,
Charlette Gonzalez
Vice-présidente, Amitiés France-Acadie
ESCAPADE DANS LA PRESQU’ÎLE GUÉRANDAISE
Présentation du Congrès Mondial Acadien
de 2014...
... à l’assemblée très attentive.
MICHEL ROUX – 2013
nappes blanches et bouquets sur les tables
pour accueillir nos invités.
Un apéritif permet à chacun de bavarder, faire connaissance avec les Acadiens qui
n’avaient pas participé au déjeuner ou à l’AG
tenue l’après-midi, avant de passer à table où
un succulent menu nous attendait.
La soirée, très chaleureuse, se termine par
le tour de chant de Michel Thériault, chanteur-chansonnier un peu loufoque qui sut se
faire apprécier.
Pour conclure, ces journées nantaises-acadiennes furent très agréables et enrichissantes.
Dîner-spectacle
Samedi, 19h30 – Toujours à Nantes-Métropole,
notre traiteur a installé près de 70 couverts,
GÉRARD BESNARD – 2013
MARYVONNE LE GAC – 2013
MARYVONNE LE GAC – 2013
2013 – ASSEMBLÉE GÉNÉRALE – 2013
MARYVONNE LE GAC – 2013
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
La Collégiale Saint-Aubin et la chaire extérieure, à droite
04
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
L’Acadie en France
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2013 – COMPTE RENDU
Profitant de la venue de nombreux acadiens pour
les manifestations de la Francophonie à Nantes,
l’association Amitiés France-Acadie avait convoqué
ses adhérents le 23 mars à Nantes pour y tenir son
assemblée générale annuelle.
s’annonce exceptionnel puisque ce sont douze acadiens qui viendront
en France et neuf français qui iront en Acadie, soit un total record de
vingt-et-un étudiants !
L’association annonce l’organisation d’un voyage en 2014 lors du
CMA, en cours d’élaboration.
Remise de la médaille Léger Comeau à Maryvonne Le Gac
L’
Assemblée Générale, réunissant adhérents et acadiens, est ouverte à 15h par Patrice Carpuat, en l’absence de Bernard Dorin
retenu à l’étranger et de Bernard Oswald, absent pour raisons
familiales. Il constate que 83 membres sont présents ou représentés,
salue la présence de Monsieur Guimond, ministre-conseiller et chef
du Service de la politique étrangère et de la diplomatie à l’Ambassade
du Canada en France et annonce la venue en deuxième partie de l’AG
de Madame Bocher, première adjointe au maire de Nantes. Il salue
également les acadiens venus en nombre à cette AG (une vingtaine) :
délégation de la SNA, du CMA, du CCNB, de l’AFMNB (Association
des municipalités francophones du Nouveau-Brunswick).
Pré-programmation du Congrès mondial acadien 2014
Exceptionnellement, le Secrétaire Général donne en ce début d’AG,
la parole à Marc Beaulieu, directeur de la Programmation du CMA
2014, afin qu’il présente à l’assemblée les principales manifestations prévues, avant de courir prendre son train. Trois temps forts
sont prévus dans ce CMA : le 8 août 2014, cérémonie d’ouverture à
Edmundston (NB) – le 15 août, messe et tintamarre à Madawaska
(Maine) – le 24 août, cérémonie de clôture au Québec.
Près de 250 000 personnes sont attendues avec la réunion de 120
familles. Cinquante municipalités présenteront des activités. Il y aura
un Sommet des femmes, des aînés ; un Congrès de la jeunesse avec
près de 300 jeunes (début des inscriptions dans deux mois).
Colloques, Conférences, Journées thématiques, Rencontres économiques, Compétitions sportives et enfin Spectacles seront organisés
sur les territoires des trois co-organisateurs pendant les deux semaines.
Présentation du rapport moral, du bilan financier et du budget
À la fin de cette intervention, l’assemblée générale reprend son cours
normal et le Secrétaire Général présente le rapport moral de l’association pour l’année 2012, rapport moral qui est approuvé à l’unanimité.
Puis, en l’absence de Bernard Oswald, trésorier par intérim, Patrice
Carpuat présente ensuite le bilan financier pour 2012 puis le budget
2013, quitus est donné à l’unanimité.
Les échanges scolaires, le prix France-Acadie et les stages
Il donne ensuite la parole à Charlette Gonzalez qui évoque les
difficultés rencontrées pour trouver des écoles acadiennes prêtes
à accueillir et à faire partir des jeunes (changement de génération
de professeurs et frilosité des familles acadiennes pour faire partir
leurs jeunes chez l’habitant). Quatre échanges ont eu lieu en 2012,
impliquant 134 élèves et seuls 119 élèves seront concernés en 2013.
Alain Dubos rappelle ensuite que le prix France-Acadie de 2012
a récompensé Gracia Couturier pour son ouvrage Chacal mon frère,
et il souligne la qualité et la productivité remarquable des écrivains
acadiens année après année.
Patrice Carpuat commente ensuite le bon développement des
stages qui auront vu en 2012, huit acadiens venir en France et trois
français partir en Acadie, soit un total de onze étudiants. Le cru 2013
La parole est ensuite donnée à René Légère, président de la SNA, qui
se félicite du succès de ces deux jours de pré-congrès ; il remercie les
AFA de leur invitation à leur AG puis remet la médaille Léger-Comeau
à Maryvonne Le Gac, présidente d’une de nos associations affiliées :
Belle-Île-Acadie, descendante elle-même d’acadiens, en remerciement de tout son dévouement et de ses actions en faveur de l’Acadie.
Maryvonne, très émue, adresse quelques mots à l’assemblée.
Election de membres du CA
Patrice Carpuat annonce ensuite la tenue des élections au Conseil
d’administration à bulletins secrets ; deux scrutateurs sont désignés :
Jean-Marie Nadeau et Roger Doiron.
Dans le premier collège, sont renouvelés à leur siège les présidents
des trois associations : La Semaine Acadienne ; Falaise-Acadie-Québec
et Les Cousins Acadiens du Poitou.
Dans le second Collège, outre les quatre administrateurs dont le
mandat expire et qui se représentent : (B. Dorin, B. Oswald, Ch.
Gonzalez, M.C. Balcet) ; deux adhérents postulent : il s’agit de Gaston
Legrand qui se présente et Jean-Claude Danard, absent et que Patrice
Carpuat présente. Ce dernier précise que six postes d’administrateur
sont vacants dans le Collège 2.
Résultat des votes : M.C. Balcet, Ch. Gonzalez, B. Oswald sont
réélus avec 83 voix ; J.C. Danard est élu avec 77 voix ; B. Dorin est réélu
avec 76 voix ; G. Legrand est élu avec 61 voix.
Interventions des invités
Le Secrétaire Général passe ensuite la parole à Madame Bocher, adjointe au maire, très heureuse de ce pré-Congrès mondial plein de
promesses puis à Monsieur Guimond qui se déclare très satisfait par
toutes ces rencontres tant économiques que culturelles entre français
et acadiens et heureux d’avoir découvert l’étendue des activités organisées par les Amitiés France-Acadie.
Les points divers
Dernier point de l’ordre du jour : les points divers : Madame Touret
annonce que l’Acadie sera à l’honneur dans l’émission « Secrets d’histoire » de Stéphane Bern en septembre prochain (certaines séquences
ont été tournées à la Maison de l’Acadie).
Gérard-Marc Braud remercie les acadiens d’être venus aussi nombreux à ce pré-congrès et se réjouit de leur présence à cette assemblée
générale. Il rappelle que la fresque qui illustre le départ des acadiens
de Nantes avait été inaugurée par le Père Léger Comeau en 1987.
Patrice Carpuat, avant de clore cette AG, remercie Gérard-Marc
Braud et son association de leur aide ; il remercie également Mesdames
Bocher et Naima Kaaioua de nous avoir prêté la salle dans laquelle s’est
tenue cette assemblée générale et où se tiendra notre dîner-spectacle.
La séance est levée à 17h30.
05
Patrice Carpuat
Secrétaire général, Amitiés France-Acadie
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
L’Acadie en France
AMITIÉS FRANCE-ACADIE
à Mme Gracia Couturier, dans la catégorie
“littérature” pour son ouvrage Chacal, mon
frère, par Bernard Dorin et Alain Dubos, en
présence de Monsieur Pierre Guimond, ministre-conseiller représentant l’ambassadeur
Comme chaque année, je suis heureux de vous retrouver pour notre assemblée
du Canada. Cette remise, suivie du traditionnel cocktail, eut lieu, comme l’an dernier, au
générale qui se tient cette fois-ci dans cette belle ville de Nantes qui a souhaité
Centre Culturel Canadien qui mettait fort
nous accueillir en clôture du pré-congrès mondial acadien qui s’est terminé hier
aimablement ses salons à notre disposition.
soir et que j’espère vous avez été nombreux à suivre.
Cette remise de prix fut suivie d’une tourette année 2012 a été une année par- Lefebvre de Memramcook. La soirée se dé- née en régions, à l’invitation de nos associaticulièrement riche en événements roula dans une atmosphère chaleureuse et tions affiliées.
et en réalisations que nous allons à très animée dans un restaurant du sud-ouest
présent parcourir ensemble :
à Montparnasse en compagnie d’une ving- Décembre – Remise du prix “Jeune et Bétaine de nos membres qui avaient répondu névole” dans la salle des fêtes de l’Hôtel de
Janvier – Galette des Rois pour bien com- présents à notre invitation.
Ville de Paris par Mme Gisèle Stievenard,
mencer l’année…
adjointe au Maire et Patrice Carpuat à la
Juillet – Départ pour l’Acadie de trois étu- gagnante Marion Poutrel, pour son témoiMars – Arrivée et départ des premiers diants français de l’École Nationale du Bois gnage d’engagement bénévole auprès
échanges scolaires qui ont nettement mar- pour effectuer leur stage dans la filière bois d’enfants hospitalisés atteints par le canqué le pas cette année. Il s’avère en effet de dans des entreprises du Nouveau Brunswick. cer : en effet, Amitiés France-Acadie récomplus en plus difficile de trouver des établispensaient le 1er prix de ce concours ouvert à
sements scolaires acadiens volontaires pour Août – Participation à de nombreux festi- tous les jeunes de 16 à 25 ans, récompensant
faire des échanges avec des établissements vals où l’Acadie était mise en avant où nous le meilleur témoignage de jeune sur son enfrançais, eux, de plus en plus demandeurs.
étions présents directement ou via nos as- gagement solidaire. La remise a eu lieu le 3
*Assemblée générale des Amitiés Aca- sociations affiliées : Festival interceltique de décembre à l’occasion de la journée interdiennes à Châtellerault à l’occasion du Lorient, Semaine Acadienne de St-Aubin sur nationale du Bénévolat devant un public
quarantième anniversaire d’une de nos plus mer, le 15 août en musique avec les Cousins venu nombreux. Le prix décerné par les AFA
anciennes associations affiliées, Châtelle- acadiens du Poitou.
consiste en un séjour de deux semaines
rault-Québec-Acadie. Cette AG fut précédée
dans une association acadienne.
d’une assemblée générale extraordinaire afin Octobre – Sélection finale des étudiants
de valider la proposition de changement de acadiens postulant pour un stage en France
Sinon, nous avons toujours le bulletin des
dénomination de l’association : “Les Amitiés au printemps 2013 : Les candidatures d’étu- AFA, “Les Nouvelles Franco-Acadiennes” :
Acadiennes” se transformant en “Amitiés diants venant des 5 campus du CCNB ont été Pour maintenir le lien entre nous tous, 4 bulFrance-Acadie”, proposition qui rencontra nombreuses et après une première sélection letins ont été édités, sous la houlette de Caun assentiment quasi-unanime.
opérée par chaque campus, les postulants therine Georgeon, vous informant des prinAprès une soirée très agréable au cours de ont été auditionnés par un jury constitué de cipaux faits de vie de l’association, de nos
laquelle Edith Butler se produisit, ceux qui 3 personnes.
associations affiliées, intégrant un article sur
le souhaitaient ont pu le lendemain, sous la
Ce sont au final neuf étudiants du CCNB l’histoire de l’Acadie, sans oublier une sélecconduite de Michèle Debain et Michèle Tou- qui ont été sélectionnés pour venir en France tion des nouvelles parues de l’autre côté de
ret, visiter la région.
au printemps prochain, pour autant que l’Atlantique.
Et enfin notre soutien à une association
nous trouvions les structures adéquates pour
Mai – Accueil d’un groupe de 14 étudiants les accueillir en stage dans des domaines très affiliée avec “les Projets associés” : Nous
de l’université de Fredericton (NB) accom- variés : cuisine, programmation informa- avons soutenu cette année le projet de “la
pagné de messieurs Viau et Passaris, dans son tique, conception graphique, réseautique et Semaine Acadienne” et participé au finandésormais traditionnel voyage “Printemps en sécurité informatique, éducation à l’enfance, cement de leur 7e édition se tenant du 10 au
France” dans le Poitou et à Paris.
techniques d’intervention en délinquance, 15 août 2012.
*Accueil des premiers stagiaires aca- techniques de scène, gestion de PME.
diens : ils ont été huit en 2012 à faire des
Je terminerai ce rapport moral tout
À ces étudiants s’ajouteront trois étustages dans des domaines très variés : diants de l’Ile-du-Prince-Édouard : 2 en en- d’abord en remerciant en votre nom et au
animation radio, cuisine, conception gra- seignement du français (stage en classes pri- mien les membres du Bureau qui, par leur
phique, enseignement, gestion de bureau maires) et 1 en communication (stage avec la dévouement, ont permis à cette association
dans différentes villes : Châtellerault, Lille, Semaine Acadienne).
de fonctionner et enfin en remerciant notre
Lorient, Nemours, Nantes, Poitiers, St-Aubin
Côté français, six étudiants de l’école toujours fidèle et généreuse donatrice, Masur mer. Les étudiants étaient issus du CCNB nationale du bois et trois étudiants de l’IUT dame Rossillon, sans qui Amitiés Franceou de l’université de l’IPÉ.
de Châtellerault ont été sélectionnés pour Acadie ne pourraient continuer son œuvre.
partir faire leur stage en Acadie courant 2013. Merci de votre attention et de votre amical
Juin – Accueil d’un groupe de 34 acadiens Soit un total prévisionnel record de vingt et soutien. Très cordialement,
venus visiter les lieux acadiens en France, un étudiants français et acadiens.
les châteaux de la Loire et bien sûr Paris…,
Patrice Carpuat,
voyage organisé par la société du Monument Novembre – Remise du prix France-Acadie
Secrétaire général Amitiés France-Acadie
Rapport moral excercice 2012
C
06
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
Les tables rondes de Nantes
La francophonie... comme une maison
Résumé de la synthèse de Lionel Prigent, maître de conférences, Institut de Géoarchitecture de Brest (France)
“La francophonie est comme une maison :
On s’y repose et on y réfléchit ...
On mange, et de quelle manière !
On travaille, on débat, on discute.
On joue, on apprend, on s’évade.
On y chante même.”
Et c’est de cette maison dont il a été
question à Nantes, au cours de cette
journée du 22 mars 2013 construite
en trois temps : l’éducation, l’économie,
la culture.
E
Pour Yvon Fontaine l’éducation sert, non à
diffuser une vision puriste mais un goût, une attirance, une séduction de la langue.
La deuxième table ronde a porté sur un
thème essentiel dans le contexte international :
Puisque nous sommes à la veille de l’accord de
libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, quelle stratégie préconiser pour renforcer les échanges économiques entre les deux
continents ?
Proximité culturelle et complémentarité
ntre 200 et 250 millions de locuteurs dans
le monde, plus de 30 millions rien qu’en Amérique du Nord... Cela donne une petite idée, bien
incomplète pourtant, de l’influence du Français
dans le monde. Mais aussi de sa capacité de
résistance. Comme nous l’a rappelé Kenneth
Deveau, il y a aujourd’hui 6 000 langues dans le
monde dont 3 000 sont menacées.
La journée consacrée aux amitiés francoacadiennes a commencé par une question inquiète de Michel Robitaille : Le français apparaît
souvent comme une langue de littérature et
d’histoire. Est-elle adaptée aux nouvelles technologies ? Ces aspects ont été développés au
cours de la première table ronde.
Réussir passe le plus souvent par la capacité
à mener des projets collaboratifs. C’est l’expérience donnée par Benoît Sagot-Duvouroux,
pour qui la francophonie est un atout majeur
pour réussir car cela ne sert à rien d’être les
meilleurs en fabrication des matériaux composites si on ne prend pas des marchés !
Pour Daniel Rocher, directeur général d’ARIDEV, une bonne réussite consiste à bien se partager les rôles, dans une intelligence des compétences mises ensemble : concevoir, commercer,
financer ! Divers témoignages ont insisté sur les
relations personnelles, les liens qui s’établissent
et pas seulement sur les contacts commerciaux.
Le français, langue de communication,
d’usage face à un anglais dominant ?
Yvon Lapierre, maire de Dieppe (NB), a montré
comment sa ville a porté ses efforts sur la capacité
à attirer les jeunes et à les garder comme animateurs du territoire et producteurs de richesses.
Pari repris par le maire de Marennes-Oléron.
Pour Denis Brunet, les collectivités territoriales peuvent apporter un soutien aux entreprises qui ne peuvent pas s’engager en dehors
de leurs frontières sans résultats rapides, tandis
que Maurice Guitton soulignait la nécessité de
développer les relations avec les centres de
recherche et les universités.
Marie-Linda Lord a donné une leçon encourageante : Si l’anglais est devenu une hyper langue, il y a aussi de plus en plus de français, qui
fait partie des super-langues. La technologie ne
fait pas écran au développement de la langue
francophone. Mieux, la multiplicité des écrans
permet de ne plus être seulement spectateur.
Gwenaëlle Proutière-Maulion a montré le rôle
des nouvelles technologies dans une formation
universitaire juridique aux enjeux universels : pour
ce diplôme, tout fonctionne par internet. Et tout
est condensé en CD Rom... Avec des résultats :
plus de 80 % des étudiants qui suivent cet enseignement à distance obtiennent leur diplôme !
La pérennité du français ?
Une langue est vivante, mouvante, changeante
et ne saurait rester figée dans la forme qui lui a
été donnée depuis le XIXe siècle. Un livre rédigé
en sms reste un livre qui délivre un message.
Selon Gudrun Ledegen, il n’y a pas un français mais des français. La mondialisation offre
la francophonie à tous, en même temps qu’elle la
soumet à la concurrence. Connaître le média est
un moyen d’en maîtriser la force. Ce n’est plus le
média qui domine, mais le contenu, la qualité,
l’opportunité du message.
Territoires et collectivités territoriales
Histoire et identité acadienne
à travers les générations
Maxime Arseneau nous l’a rappelé : il y a eu une
Acadie au singulier... Puis, il y a eu une Acadie
singulière. Singulière car éparpillée entre l’Acadie anglaise, l’Acadie française, les Acadiens de
Louisiane, etc. Sur la question identitaire, il y
a donc pour les Acadiens, une forme de déchirement, comme l’a indiqué René Légère qui a
précisé avoir voulu passer à autre chose afin de
ne pas porter toute sa vie le poids de l’histoire.
L’abandon par la France a laissé des traces...
Puis, l’addition des Acadies a fini peut-être
par faire une nouvelle identité, portée par un
peuple. Cette reconnaissance nouvelle est apparue en 1960, grâce à la France... Ce qui traduit
07
la complexité des relations. Selon Amély Friolet
O’Neil, une nouvelle génération d’étudiants acadiens, dans les années 1960, a pris part aux débats de son temps et a profité de ses voyages,
entre autres à Paris, pour affermir son identité.
Ses opinions ne concernaient plus seulement les
questions identitaires, mais toutes les questions
de société. Quel est, depuis, le rêve acadien ?
N’est-ce pas être aussi des citoyens engagés
pour porter une qualité de vie ?
Dans une approche contemporaine, Céleste
Gaudin a dressé les portraits de jeunes Américains (d’origine acadienne mais “assimilés”) qui
ont engagé un travail personnel pour recouvrer
une identité francophone : développer l’émotion, être entre soi, être soi-même, même parmi
les autres. En bref, se reconnaître et prendre
conscience de ses origines. C’est ce qu’elle a appelé un moment Ah Ah...
Mise en valeur touristique de la culture ?
Le tourisme apparaît comme un outil de développement. Mais on aurait tort de réduire ce
développement à la dimension économique
(ex. Nantes qui revient de loin : “Sinistrée, rappelait Jean Blaise, ni une belle ville, ni une ville
centrale, il fallait porter autre chose, et ce fut la
culture.)
On ne vend pas un produit comme les
autres, rappelle Philippe Gustin. Le tourisme est
un vecteur de soutien à la culture... Une forme
d’authenticité et de respect est donc nécessaire. “C’est un engagement politique”, souligne
Robert Landry pour qui le Congrès mondial acadien (CMA) doit parvenir à concilier le développement et l’affirmation d’une culture.
Pour Dominique David, la culture est un
facteur de lien social, tout ce qui peut souder un
groupe social. Cela implique bien sûr une responsabilité car il importe de ne laisser personne
de côté, et Carol Doucet a montré comment la
promotion des artistes acadiens est organisée,
structurée. C’est une stratégie globale, qui a fait
l’objet d’une vaste concertation publique, pour
faire circuler des artistes, mais aussi les révéler.
Conclusion
Agir, rencontrer, échanger, ouvrir, découvrir.
L’identité, l’économie, la culture sont des ponts
qui traversent l’Atlantique et qui ont besoin
d’une même entente des mots pour mieux se
construire. Parce que ce sont des peuples vivants qui parlent et se parlent en français, parce
que nous sommes dans le monde et devons y
prendre toute notre part, il faut bien que notre
langue soit aussi moderne et présente.
(résumé par Catherine Georgeon)
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
L’Acadie et la France
Une mission Outre-Atlantique
La France s’était appauvrie, le peuple
était dans la misère. Le roi Henri IV – tout
comme François Ier – voulut que soit
tentée une mission Outre-Atlantique, et
en 1604 une première expédition quitta
la France : Jean de Poutrincourt, Samuel
Champlain, Hebert, Lescarbot, de Monts
et des soldats la composaient.
La traversée dura des semaines,
s’achevant sur le littoral Nord-Américain,
au sud-ouest de Terre-Neuve. La visite
des lieux inconnus habités par des tribus
indiennes fut émaillée de péripéties angoissantes. La rencontre de Poutrincourt
avec les populations indigènes de l’Acadie qu’il s’évertua à instruire pour vaincre
mieux les difficultés naturelles et la vie le
détermina sur la voie de l’amour du prochain. Son œuvre s’est accomplie dans la
plus grande humilité ; ce qui ne put que
le desservir en termes de notoriété. Ce
ne fut pas le cas pour S. Champlain qui,
avec succès, fut son propre chantre. Jean
de Poutrincourt n’en demeure pas moins
l’initiateur de la France d’Outre Mer.
Introduire la pensée française, notre
langue, la religion catholique constitua la
première occupation de Jean de Poutrincourt qui ne tarda pas à s’installer à cet
emplacement qui deviendra Port-Royal,
proche de la Baie française de Fundy –
avec l’accord de ses compagnons.
Les ruines de la Seigneurie Jean de Poutrincourt :
la Tour militaire “sur craie blanche et damier de
silex et de briques du XIVe siècle” .
Vice-Roi du Canada
Contrairement à son père, Florimond
de Biencourt et à ses ancêtres qui, tous
exercèrent des fonctions de haut degré,
bénéficiant de la confiance et des faveurs
de la Cour Royale, le Seigneur Jean courait
après un autre destin : créer un domaine
agricole au Canada, y vivre avec sa famille,
être proche des populations locales…
Cependant, cet homme déterminé fut
nommé Vice-Roi du Canada par le Roi. Il
eut à se rendre en France à trois reprises
pour différents motifs mais, lors de son
dernier voyage, il eut à rejoindre l’armée
et mourut au combat à Méry sur Seine, à
l’âge de 58 ans.
DR – HTTP://JEANDEPOUTRINCOURT.FREE.FR
J
ean de Biencourt dit de Poutrincourt
naquit du mariage de Florimond de
Biencourt et de Jeanne de Salazar en
1557. Son père mourut quand il était
encore jeune. Pour le préparer au rude
métier de la guerre, il reçut des leçons
d’armes et de cheval et il était fort “adroit
aux exercices”. En outre, il reçut des notions de pilotage comme tous les gentilshommes destinés à servir sur les galères
de Malte. Par ailleurs, sa mère, Jeanne
de Salazar, lui fit également enseigner
l’histoire, la philosophie, les langues anciennes et la musique. Il devint ainsi un
homme de grande culture classique, musicien, écuyer habile et marin expérimenté,
un homme d’honneur et de courage tel
qu’il fut remarqué par le roi Henri IV.
Homme de devoir, de rectitude et de
bravoure, Jean de Poutrincourt était trop
épris de cette liberté que l’on consacre
au don de soi-même. Supportant mal le
conformisme et l’apparat de la société
surtout rompue à l’exercice du faux-semblant, il choisit de partir.
DR – HTTP://JEANDEPOUTRINCOURT.FREE.FR
JEAN DE POUTRINCOURT
Par Guy Sergheraert, président de l’association
“Les disciples de Jean de Poutrincourt, citoyen
du monde”.
Détails de la construction
S
ituée entre les ports de Ault, Cayeux et SaintValéry, l’implantation géographique de la Tour
militaire jouxtant le manoir de Poutrincourt fut
hautement stratégique durant la Guerre de
Cent ans. Elle servit de phare et permettait de
surveiller la mer toute proche, assurant un rôle
défensif. Aujourd’hui, classé Monument historique, le lieu se visite pour en apprendre plus
sur Jean de Poutrincourt et son manoir.
> En sous-sol, deux belles salles composent
un historial qui présente des objets marquant
quatre mille ans de civilisation.
> Un jardin médiéval se situe à côté de la tour.
Il a été créé en 2011. On peut y trouver 280
plantes différentes. Ce jardin a une forme
de croix et les plantes sont présentées dans
les massifs selon une organisation précise :
plantes médicinales, plantes ornementales,
plantes tinctoriales, plantes aromatiques et
comestibles.
> Des manifestations sont organisées pour
faire vivre le lieu. Citons “Une journée hors du
temps ” (juin 2012) pour laquelle La seigneurie
de Poutrincourt et l’association  ArcubalistA se
sont associées pour une journée unique consacrée à la reconstitution médiévale du XVe siècle.
Ouverture du site : du 1er mai au 30 sept. (sauf
le mardi). Tél. 06 81 10 52 29.
08
DR – SEIGNEURIE JEAN DE POUTRINCOURT
QUAND LA SEIGNEURIE REPREND VIE
Note : Faisons mention bien normale des travaux
et publications de A. Huguet (1932) et de J.C.
Collard, auteur contemporain de Jean de Poutrincourt,
aventurier picard en Acadie. Chez tous deux richesse
documentaire et limpidité du style.
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
Recherche historique sur l’Acadie
LES MALHEURS DE JACQUES GIRARD, CURÉ EN ACADIE
Dans ce nouveau récit, fondé sur des documents
historiques et des témoignages d’époque,
Joël Barillot nous entraîne en Acadie, sur les traces
d’un “petit prêtre auvergnat... candide et d’une grande
ferveur”...
24 octobre 1753 que le prêtre adressa au commissaire Prévost à
Louisbourg et dans laquelle il décrit l’extrême précarité de ses paroissiens.
« Nos réfugiés en général ne perdent pas courage et espèrent en
travaillant, pouvoir vivre, mais la nudité qui est presque générale
et au suprême degré, les affligent infiniment, et je puis vous assurer
que plusieurs cet hiver seront hors d’état de travailler. Ils manquent
d’outils, ils ne peuvent se mettre à couvert de la rigueur … Ils se cachent en prenant la fuite sans souliers, sans bas, sans chemise… »
À partir de 1755, de nombreux Acadiens fuyant la traque anglaise viendront se réfugier dans l’île, ajoutant à la misère ambiante
les restrictions dues à la surpopulation. Malgré les privations, pendant le ministère du curé Girard, ses paroissiens construiront une
église et un presbytère.
L
orsque la direction des Missions étrangères envoie en 1740
Jacques Girard à Québec, il est âgé de 28 ans et on le qualifie
de « petit prêtre auvergnat d’un caractère candide et d’une
très grande ferveur. » Arrivé malade, il séjournera à Québec, auprès
de l’évêque Mgr de Pontbriand, jusqu’en 1742 puis, il sera envoyé
en Nouvelle-Écosse pour occuper les charges de curé à Cobéquid
(Truro) (1). Très vite le curé Girard est adopté et loué par la population de sa paroisse, soumise à l’autorité anglaise depuis 1713.
Au début de la guerre de la succession d’Autriche, mesurant
les risques d’un possible affrontement de ses Acadiens sous administration anglaise contre leurs frères demeurés Français, l’abbé
songe à abandonner son poste. Il se ravise et choisit de collaborer avec le missionnaire Maillard (2) qui l’entraînera à aider les
troupes françaises participant aux offensives avortées de reconquête de l’Acadie entre 1746 et 1748.
En 1748, le traité d’Aix-la-Chapelle confirmera la partition existant déjà depuis 1713 entre l’Acadie anglaise (Nouvelle-Écosse) et
la partie française (îles Royale et Saint-Jean).
Les conséquences de la capitulation de Louisbourg
En 1758, pendant la guerre dite de sept ans, l’assaut conjugué de
la marine anglaise et des miliciens de Nouvelle-Angleterre aura
raison de la forteresse de Louisbourg. La capitulation signée par le
gouverneur Drucourt entraînera celles des îles Saint-Jean (PrinceÉdouard) et Royale (Cap breton).
De l’automne 58 au printemps 59, environ 3 500 Acadiens seront arrêtés sur l’île Saint-Jean et embarqués sur 11 bateaux pour
être déportés en France. Le père Girard avec 300 de ses paroissiens
seront entassés sur le Duke Williams dont le capitaine Nicols avait
préalablement dénoncé la vétusté, déclarant « qu’il était impossible pour son vaisseau étant donné sa condition d’arriver sain et
sauf dans la vieille France à ce moment de l’année. » (6)
Prisonnier des Anglais
Peu après son installation à Halifax, en 1749, le nouveau gouverneur, Edward Cornwallis (3), prétextant que le curé Girard a déconseillé à ses paroissiens de prêter un serment d’allégeance sans
réserve, le fait arrêter avec quatre députés acadiens et emprisonner à Halifax. Les prisonniers seront enfermés dans un cachot
dans des conditions d’insalubrité extrêmes.
Trois mois plus tard, les paroissiens du bassin des Mines, sur
des suppliques devenues pressantes, réclameront un prêtre en
application de la liberté religieuse accordée dans les clauses du
Traité d’Utrecht. Craignant l’exaspération, le gouverneur anglais
sera contraint de relâcher ses prisonniers. Néanmoins, préalablement à sa libération, Girard devra, lui-même, prêter serment
et promettre de s’abstenir d’influencer ses ouailles. Il devra aussi
s’engager à ne pas quitter le Bassin des Mines.
Ces concessions à l’autorité anglaise seront jugées excessives,
et vaudront au curé des reproches acerbes de la part du gouverneur intérimaire de Nouvelle-France, le Baron de Longueuil.
Une traversée improbable
Le départ aura lieu le 20 octobre pour la destination de Saint-Malo
(France). Plusieurs bateaux navigant de concert seront bloqués
dans le détroit de Canseau par un fort vent contraire, et il faudra
attendre le 25 novembre un vent favorable pour libérer les voiliers.
Trois jours après, une violente tempête dispersera les navires.
Tout va se compliquer début décembre pour le Duke Williams,
des voies d’eau ne pourront plus être contenues malgré l’emploi
de tous les moyens du bord. Le 11 décembre, le Duke William
Enlevé par des Micmacs puis libéré dans les bois
DOMAINE PUBLIC
Quelques temps après sa libération en 1751, sans qu’on sache
vraiment pourquoi, un groupe de Micmacs enleva le curé et le
libéra dans les bois dans la région de Tatamagouche (4). Après
quelques errements, et avec l’aide d’un envoyé de l’évêque de
Québec, l’abbé rejoindra l’île Saint-Jean, possession française, et
sera en charge de la paroisse Saint-Paul de la Pointe-Prime, où se
trouvent déjà nombre des Acadiens de son ancienne paroisse. (5)
Dès lors, le père Girard aura sa part de la gestion d’une grande
misère qui s’abat sur l’île : mauvaises récoltes et manque de toutes
choses nécessaires à la vie, comme en témoigne cette lettre du
Dessin de l’Anglais Birket Foster (1825-1899) représentant un bateau
de la déportation des Acadiens. Publié en 1866 dans le journal acadien Évangéline.
09
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
Recherche historique sur l’Acadie
ÎLES DE LA MADELEINE
[ILE ROYALE]
CAP BRETON
croisera la route d’un autre bateau le Violet lui aussi désemparé
et auquel nul ne peut porter secours. Quelques heures après cette
rencontre, le Violet sombrera entraînant près de 300 Acadiens
dans la noyade. Le surlendemain, 13 décembre, une violente
tempête transformant la mer en furie, brisera les ponts du Duke
William déjà fragilisés par les voies d’eau. Le Duke disparaîtra
à son tour entraînant ses passagers dans la mort (7). L’équipage
réussira à quitter le bateau en perdition à bord d’une chaloupe où,
après une ultime absolution, le père Girard et quatre de ses paroissiens (8) seront entraînés par le Capitaine.
Dans sa lettre datée du 24 janvier 1759 (9) de Brest, le père Girard, témoin survivant de cet abominable désastre, s’adressera à
son supérieur l’abbé de l’Île-Dieu pour lui narrer les tristes événements et sa propre situation.
« Me voici Monsieur, de relâche à Brest après avoir été préservé et
sauvé d’un naufrage où je devais périr et où 300 hommes ont perdu
la vie sur un bateau qui nous passait de l’île Saint-Jean à SaintMalo suivant la capitulation de Louisbourg… Je me suis embarqué
le 20 octobre avec bon nombre d’habitants de ma paroisse … Le
13 décembre le vaisseau coulant bas d’eau qu’on n’a pu étancher
ni épuiser avec quatre pompes et trois puits (sic)… L’équipage s’est
sauvé et m’a sauvé moy-même avec quatre de mes habitants paroissiens et passagers Acadiens, dont deux mariés et deux garçons. Tous
les autres ont été engloutis dans la mer et cela dans la Manche à 20
où 30 lieues de la terre.
Nous avons gagné heureusement et comme par miracle, les
côtes d’Angleterre où nous avons été sans secours ni du côté du Roy
d’Angleterre ni du Roy de France, pendant un mois et quelques
jours… Enfin nous avons été embarqués pour la Rochelle… »
.
Havre de Sydney
(Baie aux Espagnols]
ACTUEL
UNSWICK
NOUVEAU-BR
.
ÎLE SAINT-JEAN
Louisbourg
LE SE
UEL COS
ACT LLE-É
UVE
NO
.Port-Royal (. . Halifax
CATH. G. – 2012
Lunenbourg
0
100km
.
(Pobomcoup)
Pubnico
Cap-de-Sable
la Pointe-Prime, dans l’île Saint-Jean, devenue l’île du PrinceÉdouard. Ce monument évoque l’embarquement des Acadiens
en 1758 et leur tragique destin.
Joël Barillot (août 2012)
NOTES
De retour en France...
Arrivé en France, le curé Girard s’adressera tout naturellement
au séminaire des Missions Étrangères, la maison mère, pour demander des secours. Il sera mal accueilli et on lui réclamera une
pension pour lui accorder l’hospitalité. Finalement, le prêtre subsistera grâce aux gratifications que lui procurera son chef spirituel
l’abbé de l’Île-Dieu.
En 1761 de concert avec le missionnaire Manach (10), Girard
engagera un procès contre ses persécuteurs des Missions Étrangères. Les plaignants recevront l’appui de Le Loutre en 1763. Malgré le bien-fondé de leur plainte, les missionnaires perdront ce
procès en 1764, et le curé Girard sera rayé des cadres de la Société.
L’Abbé de l’Île-Dieu « voulant rendre justice à la vertu et à l’innocence opprimées » obtiendra en 1765 pour les abbés Girard et
Manach les charges de préfet et vice-préfet à la nouvelle préfecture apostolique des îles Saint-Pierre-et-Miquelon (11).
Ce poste créé en 1763 dans le cadre de la réforme de l’administration ecclésiastique des colonies, voulue par la Couronne, avait
pour ambition de remplacer les ordres religieux en place par des
prêtres séculiers. Hélas, le bateau qui transporte les Missionnaires
vers leurs nouvelles responsabilités fera naufrage à proximité de la
Martinique où les rescapés seront hébergés. Les deux prêtres attendront plusieurs mois avant d’être rapatriés en France (12).
Fatigué par ses aventures et ses déboires, l’Abbé Girard saisira
l’opportunité d’une nomination de chapelain perpétuel de l’abbaye de Jouarre, près de Meaux, pour y terminer vers 1772 une vie
bien remplie.
Aujourd’hui, la mémoire du père Girard est conservée sur
un monument élevé en 2005 près de son ancienne Mission de
10
[1] C’est la version donnée par le D.B.C. Selon d’autres documents,
l’Abbé serait arrivé en 1733 et aurait été curé de Beaubassin avant d’occuper la paroisse de Cobéquid.
[2] Pierre Maillard, prêtre des Missions Étrangères arrivé en Acadie en
1735. Très engagé dans la politique militaire française, il servira d’agent
de liaison dans les diverses tentatives de reconquête et conduira parfois les Micmacs qu’il enseigne dans sa mission au combat avec les
militaires.
[3] Edward Cornwalis, officier administrateur, fondateur de Halifax.
[4] Seul dans un courrier l’Abbé de l’Isle-Dieu évoque cet enlèvement.
On est en droit de penser que des stratèges ont trouvé là un moyen de
ramener le prêtre à ses ouailles, tout en le dédouanant de ses engagements envers le Gouverneur.
[5] De leur propre volonté, ou sous la pression des autorités françaises,
les paroissiens de Cobequid ont émigré en grand nombre sur l’île SaintJean entre 1750 et 1753.
[6] Le texte du naufrage du Duke William rédigé par le père Clarence
d’Entremont et publié dans le Yarmouth Vangard en 1990 s’appuie sur le
compte rendu du Capitaine Nichols publié à Londres et à Glasgow.
[7] Outre le Duke William et le Violet, un troisième bateau, le Ruby avec
450 passagers sombrera sur les côtes d’Espagne à la même période
entraînant 250 Acadiens dans la mort. Si l’on tient compte des 7OO
morts de maladie pendant la traversée sur les 8 autres bateaux c’est
près de 1 500 Acadiens sur 3 500 déportés qui trouveront la mort avant
d’atteindre la France.
[8] On a blâmé le prêtre d’avoir accepté de suivre le capitaine en abandonnant ses paroissiens au moment de la mort. Une autre hypothèse
suggère que le sauvetage du prêtre aurait été décidé par les Acadiens
dans le but de témoigner de leur sort et de prier pour leur repos.
[9] A.C Vol 50.3 Fo 639.
[10] Jean Manach (1727-1766) arrivé en Acadie vers 1750. Comme la
plupart des prêtres français, Manach est engagé dans la cause de la
France, mais dès la chute de Québec il entraînera nombre d’Acadiens à
se rendre aux Anglais.
[11] Claude-Francois Poullare des Places et les Spiritains, p. 291, 292.
[12] Le Missionnaire Manach, âgé de 39 ans, décèdera pendant le
voyage de retour vers la France.
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
Acadie-infos
À noter sur vos agendas
NOVACADIE TOURS, vous rappelle qu’un voyage
en Acadie est prévu du 6 au 17 août 2013.
Il reste des places.
Date limite d’inscription : le 20 juin prochain.
Pour toute information complémentaire :
En France, s’adresser à : Dominique Mérel
< [email protected] > Tél. 02 40 75 52 16 et 06 89 24 11 63
En Acadie, à : Richard Laurin
<[email protected] – Tél. 001 902 678 7560
Politique, économie
OTTAWA (Ontario)
Nouvelle Feuille de route pour les langues
officielles 2013-2018
La Fédération des communautés francophones
et acadienne (FCFA) du Canada accueille favorablement la nouvelle Feuille de route pour les
langues officielles dévoilée par le ministre du
Patrimoine canadien et des Langues officielles,
l’honorable James Moore. La Fédération estime
que cette nouvelle initiative représente un engagement tangible en termes d’appui à la francophonie et à la dualité linguistique, mais une
analyse détaillée s’impose.
Shédiac (Nouveau-Brunswick)
Des “Français de France” à Shédiac
Le 23 février, à Shédiac, eut lieu l’inauguration
de “La Boulangerie Française”, en présence
de Jacques LeBlanc, maire de Shédiac, de
Dominique LeBlanc, député fédéral de la circonscription et de nombreux clients et amis
dont l’artiste plasticienne Paulette Foulem, marraine de l’événement (et membre de l’association Amitiés France-Acadie). Les propriétaires,
Stéphane et Béatrice Laforge-Facon ont prévu
une partie salon pour une vingtaine de convives.
Ils se proposent de “créer un marché avec des
produits qui ne font pas partie des coutumes ni
des habitudes alimentaires”...
Autre exemple parmi les 600 Français installés
au Nouveau-Brunswick : “Adorable Chocolat”
ouvert à Shédiac en novembre 2011 par Frédéric
Desclos, Maître pâtissier chocolatier.
Avec 73 % de francophones à Shédiac, le maire
Jacques LeBlanc souhaite explorer les possibilités de développement d’activités en lien avec la
France : commerce, échanges, accueil, tourisme,
formation... Rappelons que Shédiac est à 15 mn
de Moncton, au bord de la mer. Tourisme, hôtels,
campings, port de pêche et marina de plaisance
font de cette capitale du homard la plus grande
plage aménagée du NB.
Selon le mari de Paulette Foulem, Michel Girardin, Français de France, “le bon accueil des Acadiens est garanti !” D’autres candidats à l’immigration ?< http://www.shediac.org/ >
GRASSE (France) - QUÉBEC (Qc)
Une belle aventure entre la France et le Canada
D’une rencontre entre un parfumeur Grassois et
un industriel du sirop d’érable Québécois, est né
le Parfum d’érable “attire-moi”. Un parfum fabriqué en France et distribué au Canada.
< www.attire-moi.com >
< http://sucreriedelamontagne.com >
< http://www.facebook.com/erable.galimard >
< www.galimard.com >
CARAQUET (NB)
Le chômage repart à la hausse
Après avoir marqué une baisse en février, le
taux de chômage repart à la hausse au Nouveau-Brunswick et s’élève en mars à 10,5 %,
d’après Statistique Canada.
MONTRÉAL (Qc) – HALIFAX (NÉ)
Moins de voyageurs prennent le train
Devant la baisse de fréquentation de la ligne
Océan (de Montréal à Halifax), VIA Rail a décidé de réduire de moitié le nombre de trains de
voyageurs sur cette ligne. Des chiffres obtenus
par le journal l’Acadie Nouvelle en vertu de la
Loi sur l’accès à l’information, confirment cette
tendance, malgré les protestations de certains.
MONCTON (NB)
Remise du prix Gilbert-Finn du Gestionnaire
de l’année
C’est la directrice générale de l’Hôtel Ramada
Plaza du Palais Crystal, à Dieppe, Rolande Thibodeau, qui est la lauréate du prix Gilbert-Finn
du Gestionnaire de l’année remis par le Conseil
économique du Nouveau-Brunswick.
Éducation
Pointe-de-l’Église (Nouvelle-Écosse)
Colloque APLAQA
Le colloque Franchir les frontières de l’exiguïté :
les lieux de rapprochement dans les littératures
minoritaires se tiendra à l’université SainteAnne, Pointe-de-l’Église (NÉ), du 12 au 14 août
2013. Pour voir le programme (provisoire) :
https://www.usainteanne.ca/aplaqa-2013
Pointe-de-l’Église (NÉ)
Doctorat honorifique pour Roland Gauvin
L’université Sainte-Anne décernera, lors de la
collation des grades universitaires, le 11 mai,
un doctorat honorifique en Arts à l’artiste bien
connu Roland Gauvin. Membre du légendaire
groupe de musique acadien 1755, cet auteurcompositeur-interprète s’est fait connaître
également par ses produits éducatifs, Roland
et Monsieur Crapaud qui ont connu un énorme
succès. En janvier 2011, il devint porte-parole du
programme de Littératie “Lire, découvrir et grandir” des Caisses populaires acadiennes.
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EN HOMMAGE
Caraquet (NB)
Fidèle adhérent d’Amitiés France-Acadie, MartinJ. Légère, fondateur du mouvement des Caisses
populaires acadiennes et père de René Légère,
président de la SNA, est décédé le 27 mars dernier à l’âge de 96 ans. De nombreux hommages
lui ont été rendus dans la presse canadienne.
À René et à sa famille nous adressons nos sincères condoléances.
Un des principaux artisans de la naissance de
l’Acadie Nouvelle dont il fut le premier directeur
général, Donat Légère, est décédé à l’âge de
90 ans, le 23 mars, à Caraquet. Il avait pris sa
retraite en 2002, après dix-neuf ans de loyaux
services au sein du quotidien francophone du
Nouveau-Brunswick.
MONCTON (NB)
50e anniversaire de l’Université de Moncton
Pour célébrer cet événement, le département
de Musique de l’Université a donné un concert
unique intitulé Ode à la vie. Poésie et arts visuels
complétaient la partie musicale qui a réuni sur
scène près de 70 personnes.
Rappelons que l’Université de Moncton a été
créée en 1963 et que le premier chancelier en
fut l’archevêque de Moncton, Mgr Norbert Robichaud. Il occupa ce poste jusqu’en 1967, année
où l’université s’est laïcisée...
MONCTON (NB)
Un nouveau chancelier pour l’Université
de Moncton
Le 26 avril 2013, c’est l’entrepreneur acadien
Jean-Claude Savoie qui succèdera à Louis R.
Comeau comme huitième chancelier de l’Université de Moncton pour un mandat de cinq
ans. Son entreprise, Groupe Savoie Inc., (plus de
550 employés) est considérée comme un des
fleurons de l’industrie forestière au NouveauBrunswick. Depuis 1993, il collectionne les prix
accordés aux meilleures entreprises et l’université de Moncton lui a décerné un doctorat honorifique en administration des affaires en 2004.
Culture
Baie Sainte-Marie (NÉ)
Havrer à la Baie sur Radio-Canada Acadie
Réalisé par Joël A. Robichaud et produit par
Suzette Lagacé de Productions MOZUS en collaboration avec la Société Radio-Canada Acadie,
Havrer à la Baie nous emmène, avec Jacques
Doucet et Alexandre Bilodeau de Radio Radio,
à la découverte de la région de la Baie Ste-Marie
et à la rencontre de la poète Georgette LeBlanc,
le linguiste Jean-Louis Belliveau, Patrick Duffy
et Jason Saulnier de la radio CIFA, les musiciens
Amitiés France-Acadie
• LES NOUVELLES FRANCO-ACADiENNES • MARS 2013 • N° 20
Acadie-infos
Léon (Leslie du Passé) Dugas, Christophe Dol,
Sébastien Dol et Carmen d’Entremont, Acadan
et plusieurs autres. Alexandre Bilodeau signe
la composition musicale. Le film sera diffusé le
5 mai à 19 h 30 sur Radio-Canada Acadie.
CARAQUET (NB)
Gala de la chanson de Caraquet
Pour la 45e édition du Gala de la chanson de Caraquet, les artistes Isabelle Thériault, directrice
musicale de l’événement, et Pascal Lejeune dirigeront les ateliers de formation et de la finale du
Gala. L’équipe de formateurs comprendra aussi
la chanteuse Chantal Blanchard, originaire de
la Péninsule acadienne et bien connue pour son
travail avec “le Cirque du Soleil”, et l’auteur-compositeur-interprète gaspésien Nelson Minville.
La grande finale aura lieu le 31 juillet.
MONCTON (NB)
Les Éditions Bouton d’or Acadie exposent
les illustrations de Réjean Roy
À compter du 9 avril, un choix d’œuvres de l’artiste Réjean Roy sera présenté par les Éditions
jeunesse Bouton d’or Acadie à la Bibliothèque
publique de Moncton afin de rendre hommage
à leur fondatrice Marguerite Maillet, et mettre en
valeur le travail des illustrateurs.
EDMUNDSTON (NB)
Chanson thème du CMA 2014
Deux enfants chéris du Madawaska, Roch Voisine et Natasha St-Pier, interpréteront la chanson thème du Congrès mondial acadien 2014,
Mon tour de te bercer, sur des paroles de Samuel
Chiasson et une musique de George Belliveau.
MONCTON (NB)
“Tricoter la culture d’est en ouest”
L’auteur-compositeur-interprète Joey Robin Haché voyagera de l’Acadie jusqu’en Alberta, dans
le cadre du projet artistique “Tricoter la culture
d’est en ouest”, imaginé par l’Alliance nationale
de l’industrie musicale pour faire la promotion du
français d’un océan à l’autre.
DARTMOUTH (NÉ)
Le 300e anniversaire de Louisbourg
Le 9 mars dernier, la Fédération acadienne de
la Nouvelle-Écosse (FANE) a tenu à souligner
le 300e anniversaire de la Forteresse de Louisbourg et de la fondation de l’Île Royale (l’île du
Cap-Breton actuel) avec un Forum communautaire intitulé “Louisbourg et la construction identitaire des Acadiens de la Nouvelle-Écosse”.
Le forum s’est terminé par une activité culturelle
en soirée où le 18e siècle a été célébré en musique et théâtre, le tout accompagné d’un repas
“à saveur de l’époque”. Patrimoine canadien, les
Affaires acadiennes de la Nouvelle-Écosse et
Parcs Canada ont contribué à ce projet.
VOYAGE EN ACADIE À L’OCCASION DU CMA 2014
HALIFAX (NÉ)
Le Grenier Musique, nouvelle maison de
disques en Acadie
Sortie du premier enregistrement français,
Laisse-moi rêver, de la jeune chanteuse Caroline Savoie : en plus de célébrer l’émergence
de l’artiste originaire de Dieppe, ce titre est la
première parution d’une nouvelle maison de
disques en Acadie, Le Grenier Musique.
EDMUNDSTON (NB)
Le 28e Salon du livre
Du 18 au 21 avril, se tiendra le 28e Salon du livre
d’Edmundston qui a choisi cette année comme
thème “À quelques livres du bonheur”.
HAPPY-VALLEY-GOOSE-BAY (L)
Les Jeux d’hiver du Labrador 2013
Ou, “Comment tester ses capacités à survivre
au Labrador ?”... Commencez par une course de
traîneau à chiens, remportée cette année par
Bud Morris de Charlottetown (IPÉ) et ses chiens.
Puis, attaquez le Labrathon : courir avec des raquettes, allumer un feu, faire fondre de la neige
dans une casserole, éteindre le feu, courir, effectuer des tirs de précision au fusil, courir, scier du
bois avec une scie à main, courir encore, creuser
manuellement un trou dans la glace, et courir
jusqu’à la ligne d’arrivée ! Bravo à Barry Dyson
de Cartwright qui a remporté la compétition.
LA BUTTE (NÉ)
< www.taparoleestenjeu.ca >
Cette nouvelle plateforme de jeux en ligne est
destinée aux francophones du monde entier et
plus particulièrement à ceux du Canada. Mise en
place par le groupe des technologies de l’apprentissage de l’Université de Moncton et l’Office national du film du Canada (ONF), elle a pour but de
rassembler une communauté francophone plus
“branchée”, plus “connectée”. “Nous connaissons très bien les musiques américaines ou
sud-coréennes, mais nous ne connaissons pas
les francophones vivant au Yukon” explique
Mathieu Pichette, comédien, réalisateur, scénariste et porte-parole de ce projet.
LA BUTTE (NÉ)
Trophée des Femmes du Tourisme
Le 7 mars, s’est tenu le 4e Trophée des Femmes
du Tourisme. Vingt-deux dossiers, trois finalistes.
Le prix d’honneur a été remporté par Emmanuelle Winter, directrice France de l’Office de
Tourisme du Nouveau-Brunswick, pour les actions diverses réalisées afin de faire connaître
en France cette destination.
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Comme nous l’avons fait pour les précédents
congrès, nous préparons un voyage d’une
douzaine de jours (minimum) en août 2014.
Étant donné la localisation des manifestations (Québec, Nouveau-Brunswick et Maine
(États-Unis), nous pensons arriver au Canada par Montréal, visiter cette ville ainsi que
Québec, fêter le 15 août à Madawaska dans
le Maine avec nos amis acadiens et participer à certains événements (durée : 3/4
jours), puis rejoindre la Nouvelle-Écosse par
Caraquet, Bouctouche...), visiter Port-Royal,
Grand-Pré et Halifax d’où nous rejoindrons
Paris.
Si vous êtes intéressés, d’ores et déjà, faitesle nous savoir, sans engagement de votre
part. Cela nous permettra de mieux préparer
ce voyage.
LES ÉCHANGES SCOLAIRES 2013
Trois échanges prévus avec 119 participants.
Ils concernent les établissements scolaires
suivants :
> le collège de la Pommeraye (49) (près d’Angers) est allé en Acadie à l’automne dernier
et vous avez pu lire la relation de son voyage
dans le précédent bulletin.
> Son partenaire, l’École du Carrefour de
l’Acadie de Dieppe au Nouveau-Brunswick a
effectué son séjour en France au début du
printemps de cette année. Après leur voyage
en Anjou, élèves et professeurs ont passé
quelques jours à Paris.
> Le collège de Saint-Père-en-Retz (44) est
allé en Acadie en février dernier.
> Les écoles du Madawaska leur rendront visite en juin.
> Le collège d’Orléans ira en Acadie en octobre et son partenaire,
> L’École du Mascaret à Moncton, NouveauBrunswick effectuera son voyage en France
en mars 2014.
Nous publierons dans notre bulletin de juin les
comptes rendus et les impressions des élèves
et professeurs.

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