Si c-est un homme, une témoignage littéraire et historique
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Si c-est un homme, une témoignage littéraire et historique
Problématique : Art, Liberté, Enfermement Thématique : ARTS– ETAT- POUVOIR Période historique : XXème siècle Domaine artistique : Arts du langage e pédagogique sur les Objet d’étude : Si c’est un homme de Primo Lévi (français / histoire) Précision sur la notion de témoignage littéraire (et historique) Voici, dans ces pages, les points importants sur la théorie du témoignage littéraire dont vous aurez besoin pour analyser l'oeuvre de Primo Levi. Lorsque l'on parle de témoignage littéraire, il s'agit toujours d'une urgence de dire, de raconter aux autres les événements auxquels on a été témoin, d'un désir de transmettre une expérience unique. À ce sujet, Primo Levi écrit ceci : «Le besoin de raconter aux « autres », de faire participer les «autres », avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d'une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires; c'est pour répondre à un tel besoin que j'ai écrit mon livre». (p.8, Si c'est un homme) apprenez cette citation par cœur…. Les caractéristiques du témoignage littéraire 1- Écrit au « je », le témoignage est un genre proche de l’autobiographie. Mais, au delà de l'autobiographique, le témoin exprime sa propre survie face à un événement extrême. Il s'agit donc d'une nécessité à dire. Le témoin est irremplaçable car il est le seul a pouvoir témoigner de ce qu'il a vécu. Par son témoignage, c'est toute l'intimité de son être qui se révèle et il est donc le seul a pouvoir témoigner de ce qu'il a vu et vécu. C'est par sa mémoire que se transmet l'histoire : grâce à son témoignage par exemple, on en sait plus aujourd'hui sur l'existence des prisonniers dans les camps nazis ainsi que sur le fonctionnement précis de ces camps. 2- L'universalité Le témoignage est un lieu où l'écriture a pour but principal de ne pas oublier. Le témoin est le lien entre l'événement historique dont il est question et l'humanité. Pour le témoin il s'agit de résister à l'oubli, comme le dit Primo Levi, c'est un devoir de mémoire. Si l'expérience des camps a un sens, si elle doit servir à quelque chose, c'est bien d'empêcher de telles horreurs de se reproduire à nouveau en les dénonçant. Ce lien qui unit le témoin et un événement historique implique que son propre témoignage le dépasse car il s'adresse à une communauté voire à l'humanité, et ce savoir est déterminant en ce qui à trait à la vérité. (En parallèle, le journal intime est plutôt introspectif, et ne regarde que celui qui l'écrit.) Le témoignage pour sa part, excède ce qui est personnel. Donc, le témoin exprime la réalité de son expérience et de ce fait, éclaire la vérité d'un moment historique. 3- La vérité Il s'agit d'un texte qui se fonde sur la vérité. Ce que le témoin exprime c'est ce qu'il a vécu et il se doit de respecter les faits car ses propos ont des répercussions sur la façon dont les événements seront retenus et interprétés. On peut faire un rapprochement avec le témoignage au tribunal : car témoigner c'est toujours implicitement s'engager à répondre de la vérité, c'est en quelque sorte, se mettre dans la situation de celui qui s'engage devant la loi. En s'adressant à l'humanité, le témoin vise l'inscription des faits auxquels il a assisté dans la mémoire des Hommes. 4- Une part fictionnelle Malgré la sincérité du témoin, la vérité absolue est difficile à transmettre par la littérature. La particularité du témoignage vient de cette friction entre fait réel et fiction littéraire. Le témoin use de ses talents littéraires et de son imagination afin d'atteindre plusieurs lecteurs. Le témoignage dépourvu de sa part fictionnelle serait simple document et sans sa part de réalisme qui découle de l'expérience vécue, il serait roman. La littérature sert le témoignage en ce qu'elle lui fournit le matériau nécessaire à la transmission d'une telle expérience. Le témoignage est issu d'une expérience réelle et vécue par celui qui l'écrit, mais il est indéniable qu'une part de fiction le traverse. (Par exemple, le choix des mots, les tournures de phrases, l'embellissement des phrases, l'imagination, le point de vue du témoin, les erreurs peuvent se glisser, la mémoire n'est pas infaillible, etc.) Enfin, le témoignage littéraire n'est pas de l'ordre de l'absolue certitude, il ne peut servir de preuve. 5- La part de déshumanisation Dans tous les témoignages écrits par des survivants des camps nazis de la Deuxième Guerre mondiale, on retrouve une part de déshumanisation. La négation du caractère humain des prisonniers commence avec le transport de ceux-ci dans les wagons à bestiaux à l'intérieur desquels les prisonniers sont entassés en trop grand nombre et où il manque d'air, d'eau, de nourriture, où il n'y a pas d'hygiène du corps possible, où il fait froid, etc. Par la suite, à l'arrivée, les prisonniers subissent une sélection et en un instant ceux qui sont choisi pour les travaux forcés voient leurs parents, femmes, enfants disparaître pour toujours et ce, dans une tromperie incroyable. Au travail, tout est mis en place afin que les détenus ne meurent pas tout à fait, qu'ils demeurent vivants sans toutefois conserver leur dignité humaine. Cela car ils sont séparés de tout ce qui faisait ce qu'ils étaient : langue, culture, famille, identité, etc. et qu'ils sont soumis à la violence et au manque constant de nourriture et de soins. (De ce fait, ils agissent parfois comme des animaux et cela confortent leurs bourreaux dans leur conviction qui est celle que les détenus ne sont pas des hommes au même titre qu'eux.) La déshumanisation est présente jusque dans la mort. Les nazis retirent tout ce qui peut avoir une valeur sur la dépouille du prisonnier (couronne en or, cheveux, os, etc.) et le corps est détruit comme un vulgaire déchet. Le dernier état de déshumanisation réside dans ceux que les détenus nomment les « musulmans ». Ils sont à la limite entre la vie et la mort. Ces non-hommes représentent la déchéance au dernier degré, la dégradation ultime. Il s'agit d'hommes qui ont perdu leur caractère humain mais qui ne sont pas encore morts. Ces détenus finissent habituellement au four crématoire et comme on peut l'imaginer, n'ont plus de voix. C'est par l'entremise du témoignage des survivants que l'on connaît leur existence. On peut même dire que cela est une caractéristique des témoignages des survivants des camps : parler pour celui qui n'a plus de voix, pour les « musulmans » en fait. 6- La part indicible de l'expérience (Indicible = « qu’on ne peut dire ») Il s'agit de l'impossibilité pour le témoin de dire son expérience. Tout d'abord, certains ont honte d'être vivants alors que la plupart des leurs sont morts. Cette honte amène le survivant à se taire. Ensuite, les survivants se retrouvent devant un manque de mots pour parler de ce qu'ils ont vécu. Quand par exemple, le prisonnier dit j'ai soif dans son témoignage, la soif n'est pas inscrite dans le mot mais dans la chair de la personne qui l'a ressentie. C'est l'obstacle du mot qui ne transmet pas la situation-limite dans laquelle le témoin était projeté dans le camp, puisque ça ne renvoie à rien dans la réalité de ceux qui lisent le témoignage. La plupart des témoins qualifient donc leur expérience d'indicible Pour la partie histoire : soyez capable de retracer le parcours de la déportation de Primo Lévi (dates et lieux) et de parler de la Shoah évidemment… Bon courage, Mme Gaudré