LOSC - Sofiane Boufal: «Ma mère, c`est mon poumon! - e

Transcription

LOSC - Sofiane Boufal: «Ma mère, c`est mon poumon! - e
LOSC - Sofiane Boufal: «Ma mère, c’est mon poumon!»
PUBLIÉ LE 30/12/2015
PAR YANN DUPLOYE ET OLIVIER FOSSEUX
Notre rédaction a élu Sofiane Boufal, joueur lillois de l’année. Débarqué d’Angers en janvier, il n’a pas fallu
beaucoup de temps à l’attaquant de 22 ans pour devenir un joueur clé du LOSC. En mode détendu, il est revenu
sur cette première année dans le Nord, son mode de vie, les changements d’entraîneur…
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation des cookies pour vous proposer des services et des contenus personnalisés en fonction de vos centres d'intérêt. Plus
d'informations
J'accepte
– Sofiane, comment jugez-vous votre première année au LOSC ?
« Plutôt bonne pour l’instant. Au dernier mercato hivernal, j’avais pour but de signer dans un club de Ligue 1. L’opportunité
de Lille s’est présentée, je n’ai pas réfléchi. »
– Tout est allé très vite…
« Quand j’ai signé à Lille, j’avais comme première ambition d’être titulaire le plus vite possible. Je savais que le coach Girard
allait me donner ma chance. Je l’ai saisie. »
– Votre arrivée n’était pas celle qu’attendait René Girard à l’époque ?
« Le coach Girard voulait un attaquant grand et expérimenté qui prend les espaces, c’est vrai. Et le club a misé sur moi, et
moi ça ne me regardait pas, tout ça. J’étais au courant de cette situation, j’avais lu qu’il voulait un attaquant. Il me voulait
mais sans me vouloir. Je me suis dit « je vais lui montrer ce que je vaux. »
– Le LOSC sort d’une drôle de période avec un changement d’entraîneur. Comment l’avez-vous vécue ?
« Avant tout, la situation était très délicate et je pensais plus à mes équipiers qu’au coach, pour les aider et sortir de cette
zone de relégation. Avec le changement d’entraîneur, tu as envie de montrer que tu es là, tout simplement. Qu’il peut compter sur toi. Le coach Antonetti m’a parlé pendant ma suspension, m’a mis à l’aise et en confiance, ça s’est passé naturellement. »
– Quelle était votre relation avec Hervé Renard ?
« Elle était très bonne. J’étais peiné qu’il parte, mais c’est le foot qui est comme ça. Avec l’arrivée de M. Antonetti, qui est
quand même le troisième coach le plus expérimenté en Ligue 1, ça ne peut être que positif. »
– Parfois avec Hervé Renard, votre relation n’a pas semblé si simple que cela…
« (il sourit) Oui c’est vrai, mais j’ai toujours relativisé quand il s’enflammait sur mes performances ou quand il me critiquait. »
– Et avec vos équipiers ? Il y a eu ces accrochages avec Tallo et Civelli…
« Ça fait partie du foot, en L1 ou en PH ! La différence, c’est que la L1 est médiatisée. Le souci, c’est que c’est sorti dans la
presse. Dans tous les clubs d’Europe, ça arrive. Je ne suis pas le problème de l’équipe. Vous pouvez demander à mes équipiers. Ça m’a agacé, ça donne une mauvaise image de moi. C’est du passé maintenant. »
– Six cartons jaunes, un rouge, quatre matchs de suspension, est-ce qu’il y a deux Sofiane Boufal ?
« Je suis humble et simple à la base. Mais c’est vrai que lorsque j’entre sur un terrain, je n’aime pas perdre. Je recherche la
perfection. C’est vrai que des fois je peux m’énerver, mais tout de suite, je m’excuse. »
– Ça agace les spectateurs, vous le savez ?
« Oui j’en ai conscience, je sais que je dois canaliser mes émotions et progresser dans ce domaine. Je dois conserver mon
énergie et ne pas sortir de mon match. Je fais beaucoup d’efforts par rapport à cela. Demandez à ceux qui jouent avec moi
ou ceux que j’ai connus à Angers, je ne suis pas comme ça. »
– Quand on voit l’affaire Benzema, ça vous conforte dans l’idée qu’il faut faire attention à votre image ?
« Je n’ai pas attendu cette affaire pour savoir cela. Quand tu joues, il y a des milliers d’enfants qui te regardent et qui te
prennent pour exemple. Je sais que tous les gens de mon quartier à Angers me regardent. »
– Avez-vous tendance à vous recroqueviller alors ?
« Non, je m’ouvre un peu, mais à Lille je ne connais personne. Je vis avec ma mère. Ça me protège et je suis tranquille. Je
reste chez moi, je fais attention à mon hygiène de vie. »
– Vous parlez souvent de votre maman…
« Ma mère, c’est ma base, c’est mon poumon. Je lui ai demandé de me suivre quand j’ai signé au LOSC. J’ai besoin d’elle
pour réussir. Ses conseils me sont très précieux. Elle regarde mes matchs à la maison. Vous savez, je suis très famille et j’ai
besoin de ça pour avancer. »
– Vous êtes plutôt épargné par les blessures…
« Je fais très attention à mon hygiène de vie et j’ai bien conscience de ma chance. Dans cette région, il y a des gens qui se
lèvent à 5 heures du mat’ pour aller travailler. Nous, on se lève pour jouer au foot ! Je sais aussi que ma progression va passer par là. Regardez, Cristiano Ronaldo a une hygiène de vie irréprochable. Il fait 60 matchs par saison et ne se blesse pas.
Comme Messi. »
– Ronaldo, Messi sont les deux joueurs qui vous fascinent le plus ?
« Je suis plutôt attiré par des joueurs proches de mon style de jeu comme Neymar, Hazard, ou Messi. Celui-là, c’est un extraterrestre ! Il a des mains à la place des pieds. J’aime beaucoup Iniesta. C’est paradoxal mais j’aime beaucoup sa simplicité. Je
regarde leurs matchs pour apprendre. »
– Êtes-vous investi dans une association ?
« Oui je suis parrain de l’association Rêve, à Angers. Elle réalise des rêves d’enfants très malades. Dernièrement, j’y suis retourné pour un enfant qui était fan de moi et du PSG. Je l’ai fait discrètement, je n’en ai pas parlé car je voulais faire plaisir
à l’enfant. Il a fait des photos avec tous les joueurs de Paris. Ensuite, je suis allé manger avec lui et sa maman. Après, je me
protège par rapport à toutes les différentes sollicitations. Il faut me vouloir pour m’avoir… »
– C’est valable pour un club aussi ?
« (il éclate de rire) Bien sûr… »
Le « petit » Boufal a bien grandi et ce n’est pas fini
Un an de Ligue 1 seulement et Sofiane Boufal est devenu l’une des attractions du championnat. L’un des joueurs les plus
convoités aussi. C’est qu’il a grandi, lui qui, longtemps, a souffert d’un déficit de taille. Aujourd’hui encore, ça lui colle à la
peau. Une erreur le suit. Partout, on l’annonce à 1,70 m sous la toise… « Pourtant ça se voit que je fais un peu plus. C’est même
écrit que je fais 60 kg. Alors que je mesure 1,79 m et 71 kg. Ils ont dû conserver les mensurations que j’avais quand j’ai débuté à Angers ! »
Ça le fait marrer, mais ça n’a pas toujours été le cas.
Stéphane Moulin, entraîneur d’Angers, qui a vu débarquer Sofiane Boufal enfant au SCO, se souvient. « Il a une histoire peu
commune et pas facile, déjà par l’endroit où il a grandi et aussi parce qu’il a eu un handicap physique à un moment, dû à sa petite taille. » Pas
idéal. Du coup, il développe d’autres qualités. Celles qu’on lui sait : la vitesse et la technique. « Je le connais depuis qu’il est tout
petit, je l’ai vu grandir ici, à Angers, poursuit Moulin. Je savais pertinemment qu’il avait un talent hors-norme. C’était son plaisir de s’amuser
à tenter des gestes incroyables. » Dans la voix du coach angevin, un sourire. Un lien particulier unit les deux hommes. Ils communiquent encore, « de temps en temps, par textos ». « C’est un garçon charmant, qui fonctionne beaucoup à l’affectif. Lui, il n’oublie jamais
d’où il vient et est très respectueux de ceux qui l’ont marqué. »
Djibril Sidibé, son pote du vestiaire lillois, ne dit pas autre chose. « Sofiane est très agréable. Il est très ouvert d’esprit. Et puis, il est
tout le temps en train de chambrer. Il est comme sur le terrain : c’est un animateur. »
Tiens, et sur le terrain d’ailleurs, jusqu’où peut aller Boufal ? « Quand il aura appris à gérer ses temps faibles et ses temps forts, il va
faire partie des meilleurs », estime Sidibé. « Quand il est parti d’Angers, j’avais dit qu’il ferait en Ligue 1 ce qu’il faisait en Ligue 2. Eh
bien là, je dis qu’il fera en Ligue des champions ce qu’il fait en Ligue 1 ! Ce garçon n’a pas de limites. » Le « p’tit » Sofiane n’a donc pas
fini de grandir…
Aïcha Boufal : « Dès que Sofiane tombe, je pleure… »
Il n’est pas une journée sans qu’Aïcha ne prenne des nouvelles de Sofiane, son frère jumeau. Un texto de quelques lignes ou
un coup de téléphone de quelques secondes suffisent à la rassurer. Sinon ? « Quand je ne l’ai pas, je ne m’inquiète pas. Mais bon,
j’appelle ma mère et souvent elle me le passe car il n’est pas très loin », plaisante-t-elle. D’Angers où elle s’est mariée et termine son
BTS d’assistant manager, Aïcha ne rate pas une miette de l’évolution de la carrière de Sofiane. Elle s’est d’ailleurs abonnée à
beIN Sports pour suivre les exploits de son jumeau. Les soirs où le frangin est sur une pelouse, ce n’est pas la peine de tenter de la joindre au téléphone.
Elle est en liaison directe avec sa maman. « J’ai le cœur qui bat très fort dès qu’il joue. J’ai toujours peur qu’il se blesse. Dès qu’il tombe,
je pleure, je crie. Et j’attends qu’il se relève. Et j’appelle ma mère qui est encore pire que moi. »
On ne s’ennuie donc pas chez les Boufal, le samedi soir. Mais ce n’est pas nouveau. Dans l’appartement du quartier de La
Roseraie où la fratrie de trois enfants a grandi, l’ambiance était garantie. Autour d’Aïcha et de Sofiane, il y avait aussi Abdeltif, leur aîné de quatre ans. Et les parties de football s’enchaînaient dans le long couloir séparant les chambres. « Je faisais le
goal », se souvient Aïcha. « Quand on faisait trop de bruit, ma mère cachait le ballon. Alors on enlevait nos chaussures, Sofiane allait chercher une paire de chaussettes et faisait une boule avec. Et on continuait à faire du foot. J’aimais bien jouer avec lui, même si je n’avais pas son
talent. »
L’Angevine se rappelle aussi du jour où son frère a rejoint l’Intrépide, le club du quartier. Sans arrêt, Sofiane suivait ses copains, le ballon sous le bras. Il passait au-dessus du grillage et voulait jouer. « L’éducateur le renvoyait à la maison en lui disant qu’il
était encore trop petit pour prendre une licence. Mais Sofiane a insisté, insisté… » Pour arriver à ses fins. Direction le SCO Angers, le
LOSC. Avant Paris ou un club anglais ? « Ça, c’est lui qui décide et puis ses conseillers. Je ne m’en mêle pas. Où Sofiane ira, on le soutiendra. Pour nous, il reste le même. Il prend soin de notre mère et elle a tout ce qu’elle veut. Il a rendu très fière toute la famille. Ce n’est pas
parce qu’il est devenu footballeur qu’il ne pense plus à nous… »
A LIRE SUR LAVOIXDUNORD.FR
Régionales: le président
sortant de la région Picardie
quitte le PS en s’en prenant
à Saintignon et Aubry
LOSC : vers un retour de Rony Lopes ?
RC Lens:du mouvement dans les deux sens?
RC Lens: «Je vis ici des choses que je n’imaginais pas», explique Mathias
Autret
Foot : Immobile, Gouffran ou Gillet, quelle solution préfèreriez-vous pour le
LOSC ? (SONDAGE)
Recommandé par