Conférence du Dr Alain Fontbonne : « Le chat peut

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Conférence du Dr Alain Fontbonne : « Le chat peut
Conférence du Dr Alain Fontbonne : « Le chat peut-il être infertile ? »
Centre d’Etude en Reproduction des Carnivores Domestiques - Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, France
Notes prises lors de la Convention Internationale Féline Royal Canin des 13, 14 & 15 avril 2010
On observe une augmentation des questions sur l'infertilité de la part des éleveurs de chats depuis 2 ans
environ. De nombreux éleveurs disent constater un accroissement des avortements ou des arrêts de gestation.
Face à une chatte infertile, il est donc conseillé de faire vérifier par échographie la présence de foetus viables à 25
jours de gestation, pour savoir si une gestation a débuté et si éventuellement des embryons en résorption sont
visualisés.
Plusieurs raisons peuvent être à l'origine de l'infertilité chez la chatte :
− chatte non fécondée,
− chatte fécondée mais les embryons ne s'implantent pas,
− la gestation démarre mais s'arrête.
Chercher les causes de manière désordonnée peut s'avérer aussi long que coûteux.
Une analyse rigoureuse des causes peut aider à en trouver les raisons.
1- Absence de chaleurs
Les causes possibles d’anoestrus pathologique dû à une puberté retardée sont principalement : certains
traitements médicaux (notamment antifongiques), les chatteries en surpopulation, des températures trop élevées, des
chattes en sous-poids, la période de l'année ou le fait d’être une race tardive.
Chez la chatte adulte, un anoestrus secondaire peut être dû à la race (Persans et apparentés), au caractère plus
timide de la chatte, à une luminosité insuffisante, à une sécrétion pathologique de progestérone (par exemple, des
kystes que le vétérinaire détectera à l'échographie).
2 – Hyperoestrus (excès de chaleurs)
C’est souvent, en fait, un raccourcissement de la période des cycles qui se succèdent (fréquent chez les Siamoises).
Au-delà d'un comportement très gênant, la chatte peut développer en conséquence des pyomètres et/ou une anémie.
La laisser dans une pièce plus sombre peut aider au retour à la normale. D'autres chattes en hyperoestrus peuvent
souffrir de kystes folliculaires ovariens ou de tumeurs ovariennes : il faut donc systématiquement demander au
vétérinaire d'examiner les ovaires, si possible à l'échographie.
3 - L'échec de la saillie
Le comportement significatif d'une femelle correctement saillie sera de se rouler sur le dos immédiatement après. Le
fait d'être dans un environnement nouveau sans période d'adaptation est un facteur de stress risquant d'inhiber chez la
femelle l'acceptation du mâle.
Les gingivites chez le mâle l'empêchent de saisir correctement la femelle et donc de se positionner. Des poils
enroulés autour du pénis sont également un facteur techniquement limitant. L'absence de libido du mâle peut-être due
à la race, à une baisse des hormones mâles (hypogonadisme), à l'âge et à une carence en vitamine A. Bien sûr il est
déconseillé d'accoupler un chat et une chatte inexpérimentés.
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4 – Anovulation
Des saillies en nombre insuffisant ou trop espacées ne permettent pas toujours l'ovulation.
Pour vérifier si l'ovulation s'est produite, il faut analyser la progestérone dans le plasma au minimum 5
jours après la saillie. C'est le meilleur témoin de l'ovulation.
5 – Ovulation avec absence de fécondation
Elle peut être due à un taux trop élevé de progestérone au moment de la saillie, par exemple parce que
la chatte a ovulé spontanément avant d'être présentée au mâle. De nombreuses maladies sont
également des causes d'infertilité, telles que l'inflammation de l'utérus (endométrite), le pyomètre, le
mucomètre et, plus rarement, les tumeurs utérines.
Chez le mâle, la qualité du sperme est également en cause (azoospermie ou absence de spermatozoïdes
dans l'éjaculat et tératospermie).
6 – Arrêt de la gestation
Les maladies infectieuses sont très souvent responsables de cet arrêt. Virus (FelV, FIV, herpèsvirus,
calicivirus et peut-être coronavirus) et bactéries sont des causes fréquentes, dont le risque est accru par
le nombre de chats.
Les meilleures méthodes sont d'observer une hygiène la plus parfaite possible sur des petits groupes de
4-5 chats, de respecter la quarantaine sur les nouveaux venus; il est également nécessaire de tester les
chattes infertiles, pour détecter des virus et des bactéries, de faire des frottis vaginaux pour rechercher
des cellules inflammatoires et des mises en culture de prélèvements vaginaux ou utérins (des biopsies
de l'utérus peuvent être envisagées dans des cas récidivants).
Nous attirons l'attention sur les risques de l'automédication avec des antibiotiques car ils peuvent
induire des résistances bactériennes si employés à mauvais escient.
On peut également trouver des défauts chromosomiques.
Dans les causes nutritionnelles, la carence en taurine, en acide arachidonique et en cuivre auraient un
rôle important sur la reproduction et les avortements.
En pratique et en résumé, si l'on suspecte une chatte d'infertilité, il est utile:
− d'être sûr de l'hygiène et de la santé de l'élevage,
− avant les chaleurs, de vérifier l'état de son système génital.
− d'observer attentivement les saillies, leur nombre et leur fréquence
− après la saillie, de faire réaliser très rapidement un dosage de progestérone 5 jours au
minimum après le dernier accouplement pour confirmer que l'ovulation s'est produite.
− faire réaliser un prélèvement de sperme chez le mâle si nécessaire
− faire effectuer un diagnostic précoce de gestation par échographie si possible, environ 20 à
25 jours après le dernier accouplement.
"courtoisie Royal Canin"
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