La Villa d`Este à Tivoli

Transcription

La Villa d`Este à Tivoli
La Villa d’Este à Tivoli
La Villa d’Este et son jardin, parmi les plus
célèbres de la Renaissance italienne, restent à ce jour des
lieux énigmatiques. Les études qui leur ont été consacrées,
depuis le début des années mille neuf cents soixante, ne
rendent compte que de façon fragmentaire de leur
richesse allégorique et symbolique.
En appréhendant la Villa comme un tout
(incluant à la fois les fresques, les fontaines et les espaces
du jardin), en se donnant les moyens d’une recherche qui
vise l’exhaustivité dans la lecture de la myriade d’images
qu’elle affiche, cet essai tente de fournir de nouvelles clés
de lecture en resituant cette œuvre dans le cadre de la
culture du platonisme chrétien formulé par Marsile Ficin
à la fin du XVe siècle.
Imbu d’hermétisme, ce néoplatonisme est au
cœur de la philosophie de l’amour – qui a profondément
marqué les élites courtisanes européennes jusqu’à
l’automne de la Renaissance –, et médite, à la façon de
Baldassare Castiglione à la fin de son Livre du courtisan, le
devenir de l’âme dans son voyage entre ciel et terre.
Dans la tradition des jardins de Babylone, le
jardin de la Villa d’Este – figuré emblématiquement par
la gravure de Dupérac (voir page de garde) –, est un
jardin suspendu. Telle une échelle céleste, il force le
regard à se dresser vers le ciel et illustre les
métamorphoses de l’âme dans son devenir cosmique.
Ainsi placé entre terre et ciel, le jardin se
transforme en un modèle de vision, en un rêve, un songe
qui met en scène les voyages de l’âme à l’aide d’une
symbolique complexe fondée sur la dynamique
exubérante des artifices d’eau.
Au foyer de la méditation du néoplatonisme,
cette symbolique s’interroge sur les rapports entre la
matière et l’esprit représentés allégoriquement, dans le
jardin, par ceux de l’eau avec la lumière et le feu, dans leurs
relations au soleil.
Songe, eau et lumière, soleil, trois thèmes centraux qui
irriguent les énigmes et les artifices de la Villa d’Este et de
l’imaginaire platonicien de la Renaissance que nous tentons
de déchiffrer dans le but de restituer la richesse de
l’iconographie symbolique à l’œuvre dans la Villa et le
jardin en les replaçant dans leur contexte culturel – celui
des deux premiers tiers du XVIe siècle – profondément
marqué par le néoplatonisme et l’œuvre de Marsile Ficin.
IMAGINAIRE DU JARDIN
I
L a
V i l l a
d ’ E s t e
à
IMAGINAIRE DU JARDIN
T i v o l i
Art de la Renaissance, XVIe siècle, Italie, Latium.
Format 17x 24 cm, 380 pages, 56 illustrations Hors texte
Gérard Desnoyers
La V il l a d ’E st e à T i v ol i
ou
Le songe d’Hippolyte
Essai de lecture du programme
iconologique
Un rêve d’immortalité héliaque
Villa
Fresques : grotesques, allégories énigmatiques.
(23 illustrations couleur, un tiré à part : salon)
Jardin
Artifices d’eau : fontaines, automates hydrauliques, grottes.
(31 illustrations noir et blanc, un tiré à part : gravure de Dupérac)
Iconographie symbolique
Imaginaire néoplatonicien de la Renaissance
Symbolique des rapports de l’eau avec la lumière
Essai de lecture du programme iconologique
à l’œuvre dans la Villa et le jardin
© Gérard Desnoyers, myrobolan éditions, 2002.
Prix : 35 €
Nouvelle édition 2015
ISBN : 978-2-9517850-1-4
www.myrobolan-editions.fr
[email protected]
m y r o b o l a n
é d i t i o n s
Sommaire
Avant-propos
Introduction
La V il l a d ’E st e à T i v ol i
ou
Le songe d’Hippolyte
Un rêve d’immortalité héliaque
VILLA
Énigme
Sagesse
1 Une fable énigmatique
2 La fontaine de la nymphe endormie
3
4
5
6
Prophétie
7
8
9
10
11
Monde
JARDIN
Songe
Le salon
Salle de la Noblesse
Salle de la Gloire
Salle d’Hercule
Vestibule
Salle de Noé
Salle de Moïse
Chapelle
Seconde chambre tiburtine
12 Première chambre tiburtine
13 Salon
14 La gravure de Dupérac
15 Un théâtre du monde
16 Entre ciel et terre
17 Harmonie
18 Origine
Métamorphose
19
20
21
22
Eau et lumière
Génération
Devenir
« Tout change, rien ne périt »
23
24
25
26
27
Miroir
Amour
Musique
Connaissance
Image et mage
Gloire et Immortalité
Au fil des arcanes de la Villa d’Este,
à la découverte de l’imaginaire néoplatonicien
de la Renaissance
Proposant une interprétation détaillée de la
myriade d’images qu’affiche la Villa dans les
grotesques de ses fresques et les allégories de ses
artifices d’eau, cet essai conduit à une nouvelle
lecture du programme iconologique de la Villa
d’Este, particulièrement de son jardin, reconnu,
unanimement, comme une étape majeure, à
l’automne de la Renaissance italienne, de l’évolution
de l’art des jardins en Europe.
Entendant faire revivre le jardin tel qu’il se
présentait lors de sa création (jardin idéal que nous
permet d’imaginer un ensemble de gravures et de
descriptions de l’époque), cette lecture opère tout
d’abord une longue pérégrination, menée pas à pas,
pièce après pièce, au fil des fresques de la Villa, en
guise d’introduction à l’imaginaire néoplatonicien qui
l’habite. Ses codes, en vogue parmi les premières
générations de lettrés du XVIe siècle, vont nous
permettre une analyse fine, quasiment exhaustive,
du foisonnement d’allégories présent sous la forme
d’une multiplicité d’images, nourrie, dans le jardin,
par la symbolique complexe et la dynamique exubérante et
lumineuse de l’eau, première protagoniste des
« fallacieux » détours de cette maison de Dédale
qu’est la Villa.
Imbue d’héliolâtrie égyptienne depuis
son origine, la pensée néoplatonicienne – des
héritiers de Plotin à Ficin et Giulio Camillo –,
questionne les rapports entre la matière et
l’esprit, symbolisés par ceux de l’eau avec la
lumière et le feu dans leurs relations au soleil.
Ces rapports sont exaltés par le
symbole universel de l’« eau ignée » – union du
Feu et de l’Eau, de l’esprit et de la matière,
spiritus mundi chanté par Ficin –, figuré
emblématiquement dans le jardin sous l’aspect
du cristal liquide des eaux d’artifice, myriades de
perles d’eau translucides et brillantes recevant du
soleil leurs semences de vie.
Source de la vie du monde et
promesse de sa transfiguration à venir, le
spiritus mundi anime les prodiges des artifices
d’eau du jardin. Il représente, pour les
néoplatoniciens de la Renaissance influencés
par l’hermétisme égyptien, la puissance magique
capable d’assurer – à ceux qui en ont la maîtrise – la
rédemption de l’âme. Selon leurs espérances, il la
reconduira vers l’icône du Souverain Bien en
ce monde, le soleil, origine et fin de toutes
choses. Car, au XVIe siècle, pour les héritiers
de Ficin, « la connaissance magique est aussi salut ».
m y r o b o l a n
é d i t i o n s