Miles-Davis-résumà - Musique en Coulisses

Transcription

Miles-Davis-résumà - Musique en Coulisses
Miles Davis (1926-1991)
!Tutu, Tomaas, Portia : 3 titres de l’album Tutu (1986)
« Je ne suis pas un musicien de jazz, je suis un
musicien. »
« Don’t call me a legend, call me Miles Davis. »
« Je suis une légende
car le jazz est mort avec Louis Armstrong. »
« La véritable musique est le silence et toutes les
notes ne font qu’encadrer ce silence. »
Biographie de « Miles »
Né en 1926 à Alton (Illinois), enfance à St Louis (Missouri) dans une famille de la bourgeoisie noire « intégrée » et aisée
(père dentiste, mère pianiste et violoniste amateur) ! fierté raciale, sens de l’indépendance et de la réussite. Connaît
malgré tout le racisme. À 13 ans, son père lui offre sa 1e trompette. À 16 ans, fait partie d’un ensemble de jazz local
réputé, les Blue Devils. À 18 ans, devient père et la même année, rentre dans un orchestre où officient Dizzy Gillespie
(trompette ; 1917-1993) et Charlie Parker (sax alto ; 1920-1955 ; a créé le be-bop ; surnommé Bird). À 19 ans, rentre à la
Juilliard School à New York, mais préfère le jazz (style be-bop) au classique. Joue dans des clubs avec les plus grands :
Coleman Hawkins (sax ténor), Thelonius Monk (piano), Billie Holiday (chant), Art Tatum (piano), Dinah Washington
(chant), Bennie Carter (saxophoniste, trompettiste, tromboniste, pianiste, chanteur, arrangeur, compositeur et chef
d'orchestre !), Charles Mingus (contrebasse), Max Roach (batterie) ou Charlie Parker. En 1947, à 21 ans, 1er disque sous
son nom (avec thème Milestones).
À partir de 1948, période cool : jazz plus lent, intimiste, feutré, plus riche harmoniquement que le be-bop.
Est à Paris en 1949, rencontre Boris Vian, JP Sartre, Picasso, Juliette Gréco (liaison). De 1950 à 1953, période de
dépression et de dépendance aux drogues dures. 1954 : album hard bop Walkin’, avec des intonation funky et churchy
(influence du blues, du rhythm n blues, du gospel), découvre et fait connaître Art Blakey (batterie) et ses Jazz messengers.
Fin 1954, rejoue avec Thelonius Monk dont l’espace sonore l’influence (intégration du silence).
1955 : 1er véritable quintette de Miles avec John Coltrane (sax ténor), Red Garland (piano), Paul Chambers (basse), Philly
Joe Jones (batterie) ! albums dont ’Round midnight (thème de Monk).
1956 : album Miles ahead avec l’arrangeur Gil Evans ! tempos lents, lyrisme retenu.
1957 : improvise en direct à l’écran la musique du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud
Séance d’enregistrement http://www.youtube.com/watch?v=XQ4l4oRkh_8
extrait du film http://www.youtube.com/watch?v=saG7EELIfMM
1958 : album Milestones, dernier hard bop et premier modal
1959 : album Kind of blue avec Bill Evans (piano), succès commercial du jazz, piano quasi impressionniste, avec des titres
comme So what ou All blues. Simplification harmonique qui laisse davantage de place à la mélodie.
Difficultés de santé, familiales, professionnelles jusque 1963. Publie peu (Sketches of Spain 1960 ; Someday my prince will
come 1961)
1963 : album Seven steps ahead avec Herbie Hancock (piano, vient du classique), George Coleman (sax ténor), Ron Carter
(basse), Tony Williams (batterie, 17 ans !) ! compromis entre hard bop, modalité et free jazz.
1965 : 2e quintette (les mêmes sauf sax ténor remplacé par Wayne Shorter qui compose la moitié de l’album Miles Smiles
(1967), ex le thème Footprints ! style épuré, expérimentation presque atonale, improvisation collective, controlled
freedom. Miles compose moins mais coordonne.
1968 : recherche un nouveau son ! instruments électriques (guitare, claviers, célesta, clavecin !, basse) ! formes
ouvertes, morceaux plus longs, davantage de lignes de basse écrites, pratique différente en studio (fusion, soul music) qu’à
la scène (free jazz)
1969 : album In a silent way avec 3 claviers (2 Fender Rhodes + 1 orgue Hammond) et guitare électrique ! longues
plages sur 1 accord et un rythme unique. Idem avec Bitches Brew.
1972 : durcissement de la musique (grand effectif). Arrêt pour raisons de santé entre 1975 et 1981. Retour avec l’album
fusion The man with the horn en 1981. Style plus aéré et mélodique. Puis style plus commercial avec You’re under arrest
en 1985 avec des titres de Michael Jackson (Human nature) ou Cindy Lauper (Time after time) « Le concept derrière
You're Under Arrest m'a été inspiré par les problèmes des Noirs avec la police un peu partout. »
1986 : album Tutu, où Marcus Miller joue de presque tous les instruments
1989 : publie son autobiographie
1991 : meurt d’une pneumonie
1992 : album (posthume) de… hip hop Doo-bop
Remarque : n’a jamais voyagé en Afrique.
Le jazz
Définition : Style musical né aux Etats-Unis (entre 1890 et 1910) de la rencontre des traditions africaines (son et rythme)
et du classicisme européen (harmonie).
Origines : Spiritual (chant religieux) et blues (profane) constituent les racines noires du jazz.
Ragtime (style inspiré par les polkas, quadrilles et marches des Européens) et musique des minstrels (Blancs qui imitaient
les Noirs, qui furent à leur tour imités par les Blancs) sont les racines « blanches ».
Caractéristiques :
- Son « sale » (= « dirty sound ») où l’interprétation compte davantage que la mélodie ou le rythme eux-mêmes :
glissandos, inflexions appuyées, vibratos, sons hors tessiture…
- « swing » = notion générale difficile à qualifier précisément, c’est une sorte de balancement rythmique particulier
donné par une division du temps proche du ternaire (noire-croche) et par des accents variables, éléments qui créent
une alternance de tensions et détentes données à la fois par le rythme et le phrasé, le tout sur un tempo régulier (sauf
en free jazz)
- Improvisation quasi permanente à partir de structures harmoniques et rythmiques établies au départ, pouvant être
assimilée à la variation ou à la paraphrase ; création instantanée, même quand il y a partition (big bands, style New
Orleans…) par la personnalisation de l’interprétation (vibrato, inflexion, syncope…).
- Musique essentiellement de tradition orale, les partitions ne servant que pour le thème et/ou pour les arrangements.
Standards de jazz
Un standard est un thème que de nombreux musiciens se réapproprient. C’est en général un morceau jazz au départ (tels
Body and soul, Round midnight, My funny Valentine, A night in Tunisia, Take the A train…), mais pas forcément (La
Marseillaise, Time after time, Les feuilles mortes / Autumn leaves, Summertime, La mer, My way…).
Plusieurs compositions de Miles sont devenues des standards : All blues, So what, Milestones…
Jazz (wo)men (par ordre chronologique)
cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_musiciens_de_jazz_par_genre_musical
Louis Armstrong (trompette, chant)
Charlie Parker (sax alto)
Dizzy Gillespie (trompette)
Duke Ellington (piano)
Bill Evans (piano)
Thelonious Monk (piano)
John Coltrane (sax ténor)
Art Blakey (batterie)
Mac Coy Tyner (piano)
Sonny Rollins (sax ténor)
Ron Carter (contrebasse)
Chet Baker (trompette, chant)
John Mac Laughlin (guitare)
Keith Jarrett (piano)
Sarah Vaughan (chant)
Ella Fitzgerald (chant)
Billie Holliday (chant)
Dianne Reeves (chant)
Cassandra Wilson (chant)
Patricia Barber (piano, chant)
Diana Krall (piano, chant)
…
Les principaux courants du jazz : http://www.planete-jazz.com/jazzmen.php?who=miles+davis
New Orleans (20s, puis revival années 1940)
Mainstream (30s – 40s) = jazz « classique »
Be-bop (40s)
Cool (50s)
Modal (50s)
Hard-bop (60s)
Free jazz (70- 80s)
Jazz-rock (70s-80s) ou « fusion »
NB : Miles a participé et contribué à tous, à partir du be-bop.
L’album Tutu est classé dans le jazz-rock.
Style(s) de Miles
-
le son, espace sonore, phrasé, vocalité, influence les autres instrumentistes, son sans vibrato, sourdine Harmon
le blues, le sens du chant, la mélodie
la direction d’orchestre, sait s’entourer de nouveaux musiciens
Obsession de Miles : attirer de nouveaux publics ! a été pionnier dans tous les courants musicaux successifs du
jazz : bebop (40s), cool (début 50s), modal (fin 50s), électrique (fin 60s), fusion (70s-80s).
L’album Tutu (1986)
Contexte :
Mickael Jackson, Prince, Madonna
Hip hop, world music
Synthés, boîtes à rythmes, tout se fait en studio, apparition du CD
« Retour à »: néo bop, affirmation des fondamentaux
Jazz :
Wynton Marsalis (trompettiste, rival de Miles), Keith Jarrett (piano), Michael Brecker (sax ténor), Pat Metheny (guitare),
Chick Corea (piano)
Chez Warner : Jaco Pastorius (basse), John Mac Laughlin (guitare), Marcus Miller (basse), Sadao Watanabe (sax alto)
Album atypique car :
- conçu non par Miles Davis, mais par Marcus Miller (bassiste).
- au carrefour entre jazz et musique commerciale
- va à la recherche de nouveaux publics
Les 3 premiers titres incarnent la diversité de l’album :
Tutu = image de l’album, aspect répétitif, rythmique de basse, thème bien trouvé
Tomaas = la seule pièce que Miles a cosignée
Portia = LA ballade de l’album, souvent jouée en fin de concert de Miles
Tutu
Titre = hommage à Desmond Tutu, évêque sud-africain ayant lutté contre l’apartheid, prix Nobel de la paix en 1984 ;
tutu signifie cool en yoruba)
Synthés et boîte à rythmes ! ambiance sonore typique des 80s
Particularité : 2 lignes de basse (dont une fretless dans l’aigu ! cf Jaco Pastorius)
Guide d’écoute : http://www.youtube.com/watch?v=-RdUoFC28ME
INTRODUCTION
0’00 ! 0’35
EXPOSITION
0’35 ! 2’04
CHORUS
2’04 ! 3’04
REEXPOSITION
3’04 à 3’40
CODA
3’40 ! 5’17
• Après un soupir (véritable, par le signe de silence), 4 accords de sol du célèbre son de
synthétiseur « orchestra hit » lancent le morceau, bientôt accompagnés de la batterie et de
diverses petites percussions tandis que Miles parcourt l’étendue de son instrument – une
trompette en si bémol – en descendant une gamme blues de sol, du sib aigu au sol grave, sur
plus de 2 octaves. Les basses font alors leur apparition sur un groove d’une mesure en ostinato
qui sert d’assise à tout le morceau. Miller l’a élaborée en partie à partir de voix samplées et
déclenchées sur un synthétiseur (MIDI). Quant à la basse électrique, il a abaissé la corde de mi
de son instrument pour pouvoir jouer les ré graves.
• La trompette intervient ponctuellement pendant que le groove se déroule : interventions
courtes, prédilection pour les registres medium et aigu, emploi de la sourdine harmon (une
sourdine wah-wah sans tube coulissant central).
Le thème principal est exposé par la trompette et les synthétiseurs, à l’unisson. Il est construit
sur une carrure de 8 mesures et 2 accords enrichis, jouée 2 fois.
Divers sons de synthétiseurs sont entendus alors que les percussions se font plus présentes et
inventives. La trompette construit une improvisation épurée sur deux sons répétés.
Retour du thème, joué une seule fois.
• Une phase libre donnant lieu à la recherche sonore.
• La tête du thème est ensuite entendue trois fois, exposée par les synthétiseurs et le saxophone
soprano tandis que la trompette improvise un contrechant sur quelques envolées successives
dans une sorte de tutti orchestral. Puis le morceau s’achève en fade-out.
Tomaas
Titre = hommage de Miles à son producteur Tommy LiPuma
Deux éléments thématiques structurent Tomaas :
- un thème sur 12 mesures en valeurs plus longues, produit en tutti = A
- un petit motif funky servant d’interlude, joué à la guitare électrique (étouffée) sur 8 mesures = B
INTRODUCTION
0’00 ! 0’25
Tomaas débute sur une note au synthétiseur en crescendo, suivie par une boîte à
rythmes programmée sur un tempo medium. Elle semble plus mécanique que dans
Tutu, les ajouts de Hakim à la batterie sont imperceptibles.
0’06 Improvisation libre et imitations entre trompette et saxophone soprano sur un
ostinato de mi au synthétiseur ! fluidité, écho
EXPOSITION
0’25 ! 2’02
Thème A (6 mesures + 6 mesures) : sax soprano et synthé à l’unisson, basse en slap
1’13 Interlude B en dialogue sax/trompette
1’32 Thème A + riff pentatonique au synthé
Pont (6 mes) : passage mélodique avec ajout de la clarinette basse aux deux voix
mélodiques, intensification des commentaires
Thème A
2’43 Interlude B (8 mes) solo de trompette
3’03 Thème A sans la mélodie principale, uniquement voicings en 4te puis solo de
trompette + riff de trompette en re-recording
3’31 pont (8 mes) avec ajout de la clarinette basse en contrechant
3’50 Thème A avec impro trompette
4’19 Interlude B (4 + 8 mes)
4’48 Thème A
5’15 Thème en fade-out
CHORUS INTERLUDE
2’02 ! 2’15
REEXPOSITION
2’15 ! 5’32
Portia
Titre = nom d’un personnage féminin du Marchand de Venise de Shakespeare, vient du mot latin qui signifie partage
Thème hispanisant, référence à Sketches of Spain (album de Miles de 1960)
Trompette et saxo soprano sont à égalité
Sytle smooth jazz, harmonies répétés ! envoûtantes
Ballade à 4/4 avec accentuation du 4e temps (=after beat), décomposition des 4 doubles durant tout le morceau
Morceau de fin de concert (// symphonie n°45 dite des Adieux de Haydn)
Symétrie du morceau, mais avec carrures irrégulières
INTRODUCTION 0’ ! 0’24
EXPOSITION 0’24 ! 1’54
CHORUS 1 : 1’54 ! 2’45
REEXPOSITION 2’45 ! 4’28
CHORUS 2 : 4’28 ! 4’54
CODA 4’54 ! 6’18
Deux accords de synthé hors pulsation ! atmosphère irréelle
ajout de percussions électro (caisse claire, cymbales, maracas)
Thème en 3 sections : A trompette
B trompette à 0’53
C sax sop à 1’28 puis avec la trompette
solo de trompette (4 x 4 mes) avec riffs de synthé
Thème : A sax sop avec contrechants en re-recording
B sax sop (à 3’14) puis trompette
C sax sop et contrechants de trompette et basse (à 3’50)
8 mesures libres sur 2 accords en ostinato, style flamenco
motif mélodique au sax sop et synthé, solo de trompette
Pour le bac :
Savoir définir le jazz
Donner des exemples de standards de jazz
Donner des noms de grand(e)s musicien(ne)s de jazz
Situer Miles Davis (dates, biographie résumée, styles successifs)
Connaître les caractéristiques musicales de Miles Davis
Situer l’album Tutu (quand, qui, quoi)
Décrire chacun des 3 titres au programme (structure, instrumentation, spécificité)
Savoir chanter le thème principal de chaque titre

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