9 Climat local 9.1 Introduction Ce chapitre propose un résumé des
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9 Climat local 9.1 Introduction Ce chapitre propose un résumé des
9 Climat local 9.1 Introduction Ce chapitre propose un résumé des résultats de l’étude réalisée par le Bureau météorologique du RoyaumeUni (UKMO) sur les impacts potentiels sur les régimes climatiques et le climat locaux qui peuvent être causés par le développement de la mine de Simandou. Cette étude a pris en compte les impacts suivants : changement du regime des précipitations ; et changement dans le régime de formation de brouillard. Les changements du climat local peuvent s’avérer importants en raison de l’influence des précipitations et du brouillard sur le soutien des écosystèmes, de l’agriculture et des ressources en eau pour l’approvisionnement local. Les impacts potentiels du changement climatique mondial sur le climat et la météorologie locaux sont aussi décrits dans ce chapitre. Le reste de ce chapitre est structuré de la manière suivante : La Section 9.2 décrit la démarche de l’étude ; La Section 9.3 décrit le climat à l’état initial ; La Section 9.4 présente l’étude des impacts ; et La Section 9.5 aborde l’atténuation et les impacts résiduels, elle fournit en outre un résumé des résultats. Deux annexes sont jointes à ce chapitre : Annexe 9A : Climat local à l’état initial ; et Annexe 9B : Climat local - Validation du modèle. 9.2 Démarche 9.2.1 Zone d’étude La mine de Simandou sera développée dans la chaîne de Simandou, qui s’étend sur un axe nord-sud, sur une distance de plus de 100 km et une largeur de crête moyenne de 1 à 2 km. La concession minière occupe la partie sud de la crête, sur une distance d’environ 55 km, et la zone minière proposée s’étend sur environ 22 km au sein de la zone de concession autour de la crête du Pic de Fon et la crête d’Ouéléba. Le point culminant de la chaîne sud se trouve au Pic de Fon, où elle atteint une altitude de plus de 1 656 m. La zone d’étude est décrite dans la Figure 9.1 et s’étend de part et d’autre de la zone minière proposée pour couvrir une zone d’environ 25 km de long et 10 km de large. 9.2.2 Exigences légales et autres Le cadre législatif et réglementaire global lié au Projet est décrit à l’Annexe 1C : Législation, normes et cadre administratif. Aucune législation spécifique aux impacts sur le climat local n’a été identifiée pendant l’étude. En l’absence d’exigences réglementaires nationales spécifiques, les normes internationales et les standards internes de Rio Tinto ont été examinées et appliquées. Les normes applicables sont énumérées ci-dessous. Critère de performance 6 de la SFI : Conservation de la biodiversité et gestion durable des ressources naturelles. Directives de la SFI en matière d’environnement, de santé et de sécurité pour l'exploitation minière (décembre 2007). Norme E10 de Rio Tinto : Utilisation de l’eau et contrôle de la qualité, 2008. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-1 505000 S S ee nn ee gg aa ll Kamandou 510000 515000 1 N. 965000 8°50'0"W Nionsamoridou M M aa ll ii G Guuiinn eeaa-- BBiiss ssaauu Nionsomoridou 520000 525000 Kouwandala Sokourala G G uu ii nn ee aa Boulaydou Bahdata 960000 960000 S S ii ee rr rr aa LL ee oo nn ee LL ii bb ee rr ii aa Siatouro Wataférédou I Traoréla Continous Mining Wataférédou II 955000 955000 Wataférédou II Ouéléba Camp Korèla 8°40'0"N 8°40'0"N Traoréla Whisky 5 Mamouroudou Oueleba Whisky 6 Mafindou Lamandou Moribadou Mafindou 950000 950000 Lamandou Orono Mandou Mandou Canga East Camp Western Spur 1200 Whisky 1 Banko Banko Canga East 945000 945000 Dabatini Western Spur 980 Kankoro Kotila Whisky 2 Whisky 3 Fokou Centre Fokou East Fokou West Fokou West 505000 510000 Foma 515000 Foma 520000 525000 8°50'0"W Légende: Pluviomètre automatique / Automatic Rain Gauge Client: Station météorologique automatique / Automatic Weather Station Centrale électrique / Power Station Contour de mine / Mine Outline Tracé indicatif de la voie ferrée / Indicative Rail Alignment Pluviomètre manuel / Manual Rain Gauge Terril de stériles / Waste Emplacement Usine et infrastructures minières / Mine Plant & Infrastructure Projet de route de la mine / Proposed Mine Road Localisation de la base de vie / Camp Location Taille: A4 Dépôt de carburant / Fuel Farm Limite de la concession minière / Mine Concession Boundary Agglomération / Settlement Route principale / Primary Road 0 2 Titre: Figure 9.1 Stations d'observation météorologique / Meteorological Observation Stations kilomètres Route secondaire / Secondary Road Route tertiaire / Tertiary Route Cours d'eau / Watercourse Projection: WGS 1984 UTM Zone 29N Date: 27/06/2012 Vérifié par: CHM Projet: 0131299 Dessiné par: WB Approuvé par: KR Echelle: Comme barre d'echelle File: 0131299SimandouGIS_IG_CK\Maps\ERM\LocalClim ate\May2012_revisions\mi_WeatherStations.mxd Touréla 940000 Tourela 8°30'0"N 940000 8°30'0"N Whisky 4 9.2.3 Prédiction et évaluation des impacts 9.2.3.1 Vue d’ensemble L’étude d’impact sur le climat local s’est fondée sur une combinaison d’analyse quantitative et surtout qualitative. La méthodologie suit la démarche générale décrite dans le Chapitre 1 : Introduction de : compréhension des conditions météorologiques à l’état initial dans la région de la mine ; prévisions et évaluation des changements potentiels de ces conditions à l’état initial qui résulteront des activités minières ; et lorsque des impacts significatifs sont identifiés, identification des mesures que devra prendre le Projet en vue d’éviter, de réduire, d’atténuer ou de compenser ces impacts. 9.2.3.2 Études d’état initial Les études permettant de caractériser la météorologie de la zone à l’état initial sont décrites à la Section 9.3 et l’Annexe 9A : Climat local à l’état initial présente de plus amples détails sur cette question. 9.2.3.3 Modélisation Une modélisation du comportement du climat antérieur et postérieur aux activités minières a été réalisée afin de prévoir les effets de l’extraction sur la magnitude des précipitations et sur la fréquence du brouillard. Avec les avancées informatiques, la science des prévisions météorologiques numériques a suffisamment progressé pour proposer des simulations de l’atmosphère à méso-échelle (1) bien développées. Plusieurs modèles informatiques sont disponibles pour cela et ont plusieurs applications, comme les prévisions météorologiques et de la pollution de l’air. Le modèle utilisé dans cette étude, autrement dit le modèle unifié de l’UKMO, a été appliqué lors de simulations haute résolution antérieures sur terrain d’orographie modérée (2) (comme au Royaume-Uni), pour des situations maritimes ou des modèles météorologiques de latitude moyenne. Il se fonde sur les dernières connaissances en matière de dynamique atmosphérique, de modèles de circulation générale et de modèles météorologiques d’échelle locale afin d’évaluer les impacts potentiels sur le mésoclimat des développements tels que le changement de topographie causé par les activités minières. Il a aussi été utilisé pour fournir des prévisions météorologiques opérationnelles dans le monde entier. C’est donc un modèle démontré et bien compris. Il peut être utilisé sous forme de modèles « emboîtés » afin de se focaliser sur des zones d’intérêt spécifiques, chaque domaine modélisé successif couvrant une zone plus réduite à une résolution spatiale plus élevée. Le modèle unifié a été utilisé pour modéliser les paramètres météorologiques dans la zone d’étude de la mine au fur et à mesure que le profil de la crête change, pour des précipitations et formations de brouillard historiques spécifiques de durée et de résolution spatiale variées. L’UKMO a appliqué une démarche graduelle afin de tester l’applicabilité du modèle à la zone d’étude, caractérisée par une topographie complexe et un climat tropical, pour ensuite prévoir la magnitude probable du changement. Le travail s’est décomposé en plusieurs phases : Phase 1 – compréhension du climat et des mécanismes actuels ; Phase 2 – modélisation numérique pour démontrer le concept et l’évaluation initiale des impacts climatologiques potentiels des activités minières dans la chaîne de Simandou; et (1) Le mésoclimat est le climat d’une petite région, comme la crête de Simandou et ses environs. Dans ce chapitre, ce terme est utilisé de manière interchangeable avec « climat local ». Le terme « microclimat » désigne des sites beaucoup plus localisés et individuels, comme une habitation ou un petit lac. (2) L’orographie est la géographie des montagnes et des chaînes de montagnes. L’orographie peut influencer le mouvement de l’air dans l’atmosphère, et donc les conditions météorologiques. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-3 Phase 3 – étude de modélisation numérique étendue des impacts des activités minières, y compris une vérification du modèle. Ce chapitre résume le travail réalisé par l’UKMO, tel qu’il est décrit dans les rapports suivants. Les travaux de l’UKMO ont été examinés pour le compte du Projet par un expert indépendant, le regretté Dr David Gimes (Directeur d’études en Météorologie africaine à l’Université de Reading en Angleterre). Rapport de la Phase 1 : Fullwood, J., & Johnson, C. (2008). Potential Climatorological Impacts of Mining in the Simandou Hills - Phase 1 : Current Climate and Mechanisms. Exeter : United Kingdom Meteorological Office. Rapport de la Phase 2 : Vosper, S., & Webster, S. (2008). Potential Climatological Impacts of Mining in the Simandou Hills Phase II : Numerical Modelling. Exeter : UK Meteorological Office. Rapport de la Phase 3 : Webster, S., Vosper, S., Perry, M., (2010). Simandou Iron Ore Project Climatological Study of the Simandou Hills area of Guinea Phase 3 : Extended numerical modelling study of impacts of mining. Rapport Final. Exeter : UK Meteorological Office. Rapport de vérification : Johnson, C., (2010). Simandou Hills : Verification Study of high Resolution Modelling. Exeter : UK Meteorological Office. Dans les rapports de l’UKMO, les définitions suivantes de variabilité sont utilisées. Variabilité naturelle. Il s’agit des écarts interannuels du climat, qui découlent de la variabilité inhérente des systèmes climatiques de l’échelle mondiale à régionale (comme la mousson), des oscillations naturelles (comme El Niño), ou des facteurs externes comme les fluctuations des radiations solaires. Variabilité entre les mises en application des modèles. Elle résulte des fluctuations chaotiques se produisant à cause de la relation non linéaire entre les paramètres du système de modèles. Pendant la modélisation des complexités inhérentes à l’atmosphère, certaines différences même minuscules des conditions initiales peuvent mener à des divergences au niveau des résultats du modèle, surtout quand sa période d’application est plus longue. Une certaine divergence est inévitable dans ce type de modélisation, mais les résultats sont corrects dans la limite de ses capacités et à condition de bien en comprendre sa performance. Une telle variabilité reflète aussi l’atmosphère réelle. Elle peut se réduire en appliquant plusieurs fois des modèles à un même scénario afin de construire un ensemble de données statistiques plus solides. Outre la modélisation, une révision documentaire des dernières études sur les changements probables du climat régional de la Guinée consécutifs au changement climatique mondial a été réalisée, afin de fournir un contexte aux changements climatiques prévus à l’échelle locale suite aux altérations orographiques. 9.2.3.4 Évaluation de l’importance des impacts L’importance des impacts est évaluée selon le modèle standard présenté au Chapitre 1 : Introduction et illustré au Tableau 9.1. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-4 Tableau 9.1 Évaluation de l’importance des impacts Valeur de la ressource Magnitude de l’impact Négligeable Faible Moyenne Élevée Dans la fourchette normale des variations journalières Différence perceptible par rapport à l’état initial Changement manifestement évident par rapport à l’état initial Changement suffisant pour prédominer par rapport à l’état initial Négligeable Aucune valeur ni importance spécifique. Non Significative Non Significative Non Significative Non Significative Faible La ressource possède une valeur / est importante localement. Non Significative Non Significative Mineure Modérée Moyenne Ressource d’importance régionale / nationale. Non Significative Mineure Modérée Majeure Élevée Ressource d’importance nationale / internationale. Non Significative Modérée Majeure Critique Remarque : les codes de couleurs utilisés dans le tableau représentent les impacts négatifs, cependant, les niveaux s’appliquent de la même manière aux impacts positifs ou favorables. Les facteurs suivants ont été pris en compte pour déterminer la valeur de la ressource affectée (précipitations et brouillard) : l’importance du rôle joué par le brouillard et la pluie dans l’écosystème en matière de soutien de la flore et de la faune ; la mesure dans laquelle le brouillard et la pluie fournissent un service d’approvisionnement (eau potable, lavage et autres utilisations domestiques ou industrielles) aux communautés et entreprises locales, ou leur importance en termes de protection, d’objectifs, de cibles ou de législation des ressources nationales ; et la mesure dans laquelle le brouillard et la pluie possèdent une fonction régulatrice physique dans le cycle hydrologique. Aux fins de l’étude, la ressource est identifiée comme ayant une valeur élevée en raison de son importance pour les écosystèmes, et en tant que service d’approvisionnement et à fonction régulatrice. 9.3 État initial 9.3.1 Sources des données La Direction Nationale de la Météorologie de Guinée (DNM) gère des stations météorologiques dans les villes régionales de Beyla, de N’Zérékoré, de Kissidougou, de Macenta et de Kérouané. La DNM a fourni des données numériques quotidiennes pour plusieurs paramètres sur plusieurs décennies passées, dont les précipitations. Les données provenant de N’Zérékoré, de Macenta et de Kissidougou sont moins applicables à Simandou, car elles se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres au sud ou à l’ouest. Cependant, ces sites ont permis de placer le climat de Simandou dans un contexte géographique plus étendu. Les cinq sites se trouvent sur le plateau, à des altitudes relativement basses. À presque 700 m au-dessus du niveau moyen de la mer (NMM), Beyla se trouve 150 m plus haut que les quatre autres sites. Le fait que les sites se trouvent à des altitudes semblables est utile, car cela permet de supprimer l’altitude parmi les facteurs contrôlant leurs différences climatiques. En plus des données de la DNM, jusqu’à cinq ans de données numériques quotidiennes et infraquotidiennes sont fournies par des stations météorologiques de la région de Simandou qui ont été mises en place pour le Projet. Ces relevés sont intermittents mais ils comprennent des données sur les EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-5 températures, les précipitations, la vitesse et la direction du vent, l’humidité relative et l’évaporation pour le camp de Canga Est, Dabatini, Mafindou, Mandou, Kérouané et Beyla. Le camp de Canga Est et Dabatini sont situés au sommet de la crête de Simandou, et Kérouané se trouve à une altitude comparable au sommet d’une autre élévation, à quelques 15 km à l’ouest de l’extrémité nord de la crête de Simandou. Mandou se trouve sur le plateau immédiatement à l’ouest de la crête de Simandou, et Mafindou et Beyla se trouvent sur le plateau à l’est. Il convient de noter que le site de la DNM appelé Kérouané se trouve à une altitude relativement faible (510 m au-dessus du NMM) sur le plateau, alors que le site géré par le Projet à Kérouané se trouve à 1 431 m au-dessus du NMM. Les données des stations suivantes ont été utilisées au cours du travail de l’UKMO : Camp de Canga Est ; Dabatini ; Kérouané (site de la DNM) ; Mandou ; Mafindou ; et Beyla. Suite à la production du rapport de phase 1 de l’UKMO, les mesures se sont poursuivies dans les stations météorologiques existantes et autres, enregistrant au minimum les précipitations, et ont été ajoutées aux sites suivants : Moribadou (pluviomètre manuel) ; Fokou ouest (station météorologique automatique) ; et Ouéléba (station météorologique automatique). La Figure 9.1 montre les sites d’observation météorologique au sein de la zone du Projet de la mine. L’Annexe 9A : Climat local à l’état initial présente le climat à l’état initial de manière plus approfondie. 9.3.2 Climat régional Le climat guinéen reflète sa situation géographique, à 10° de latitude nord. Ses précipitations annuelles sont typiques de la zone de convergence intertropicale (ZCIT). La ZCIT fait le tour de la Terre et marque la latitude où le réchauffement par le soleil de la surface de la planète est le plus important tout au long de l’année. L’énergie solaire garantit que l’air de surface dans la ZCIT soit localement plus chaud que l’air aux latitudes plus au nord et au sud, ce qui provoque une élévation des masses d’air. Ce déplacement vertical de l’air attire l’air des latitudes plus au nord et au sud de la ZCIT vers cette zone de convergence. Ainsi, dans cette région de la Guinée, la période de l’année et la position de la ZCIT dictent la direction prédominante du vent de surface, comme le montre la Figure 9.2. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-6 Figure 9.2 Emplacement de la ZCIT (ITD), au-dessus de l’Afrique de l’Ouest en janvier (à gauche) et en juillet (à droite) (Oke 1977, reproduit dans Fullwood & Johnson 2008) Mine de Simandou Mine de Simandou A Simandou, La ZCIT se trouve assez loin au sud de la mi-novembre à la mi-mars pour que son effet puisse diminuer suffisamment et donc créer une saison « sèche ». Durant ces mois, les vents de surface des régions sèches du Sahara sont attirés vers le nord-est. Cela produit le vent de nord-est connu localement sous le nom d’« harmattan ». Pendant le reste de l’année, la ZCIT reste suffisamment proche et est donc responsable de la formation de nuages et de précipitations fréquentes. Ce type de temps, caractérisé par un air humide remontant du sud à partir du mois d’avril, et porteur de précipitations importantes, lui vaut son nom de « mousson de l’Afrique de l’Ouest » désignant la période pendant laquelle cette région connaît la majorité de ses précipitations annuelles. Le cycle annuel du déplacement de la ZCIT du sud au nord, puis son retour vers le sud, provoque un gradient correspondant en totaux annuels de précipitations à travers le pays, qui va d’environ 1 100 mm au nord-est, à tendance plus sèche, et allant bien au-delà de 2 00 mm dans certaines parties du sud. Par ailleurs, on constate une nette baisse des précipitations annuelles vers l’intérieur du pays à partir de la côte Atlantique, avec des totaux annuels dépassant 4 500 mm sur la plaine littorale. Les tendances des précipitations dans la région peuvent aussi varier à cause des effets de relief, par exemple avec l’élévation des courants aériens humides du sud-ouest et l’accroissement correspondant des précipitations causées par le massif de Fouta-Djalon dans le centre de la Guinée et la Dorsale Guinéenne au sud-est. D’autres systèmes météorologiques se déplaçant d’est en ouest viennent se superposer à la ZCIT : lignes de grains - elles se produisent généralement en début et en fin de saison humide, et causent les chutes de pluie les plus fortes ; et ondes de l’est – elles se produisent généralement pendant le milieu de la saison humide et provoquent une augmentation périodique des précipitations. En résumé, le climat de la zone du Projet de mine est gouverné par la migration annuelle vers le nord et le sud de la mousson de l’Afrique de l’Ouest. Cette mousson génère de fortes précipitations dans l’ensemble du sud-est de la Guinée, quelle que soit la topographie. Ces effets du climat régional alimentent et conditionnent les phénomènes du climat local et suffisent à expliquer en termes généraux les saisons sèche et humide et la majorité des précipitations dans la région. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-7 9.3.3 Climat local Comme le décrit la Section 9.3.2, on distingue deux tendances primaires dans la distribution des précipitations dans la zone du Projet de mine : une diminution du sud vers le nord des précipitations, car la durée de la saison humide diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’équateur ; et une diminution d’ouest en l’est, car les vents les plus porteurs d’humidité soufflent du sud-ouest et le taux d’humidité diminue au fur et à mesure qu’on s’éloigne du littoral. Compte tenu du fait que les vents convergent sur la ZCIT, sa position gouverne le régime des vents dans la zone d’étude de la mine. Pendant la saison sèche, la ZCIT se situe au sud, les vents de nord-est soufflant dans sa direction au-dessus de Simandou. Pendant la saison humide, la position de surface de la ZCIT se déplace vers le nord, ce qui mène à la formation de vents de sud-ouest, dans la basse atmosphère tout du moins. La structure verticale de la ZCIT est telle que dans la masse d’air supérieure, qui se trouve souvent au niveau du sommet de la chaîne de Simandou, les vents restent de nord-est la majorité du temps. Les influences ou déclencheurs supplémentaires, comme la convection, les ondes de l’est et la topographie, viennent se combiner à ce mécanisme fondamental. La hauteur et la configuration de la chaîne de Simandou sont aussi des facteurs dans les microclimats des sites individuels sur ses pentes. Par exemple, le côté sous le vent (abrité) de la crête peut connaître les effets d’un tourbillon d’air (comme le montre la Figure 9.3), lorsque le vent change de direction et s’inverse du côté sous le vent de la crête et remonte doucement le long de la pente, dans la direction opposée du vent d’altitude. Combiné à l’humidité de la forêt plus basse, ce courant aérien ascendant le long de la pente contribue à la formation du brouillard souvent observé sur les pentes ouest de la crête de Simandou. Figure 9.3 Représentation schématique de la formation de « tourbillons » d’air (1) Tourbillon transversal sous le vent Tourbillon Source : Fullwood & Johnson, 2008 Au sein de ces tendances générales, les mécanismes des précipitations pendant les saisons humide et sèche peuvent être décrits de la manière suivante. 9.3.3.1 Précipitations pendant la saison humide Pendant la saison humide, la principale source d’humidité est le vent de sud-ouest qui arrive du Golfe de Guinée alors que la ZCIT se déplace vers le nord et la chaîne de Simandou. L’air humide de la mousson reste généralement dans la basse troposphère (2) et pourrait donc voir sa progression vers l’intérieur des terres entravée par des barrières montagneuses. Cependant, la chaîne de Simandou, qui est étroite et (1) Pour la chaîne de Simandou, l’important effet de tourbillon se produit quand les vents d’est créent un tourbillon sur la pente ouest de la chaîne. (2) La couche atmosphérique la plus basse et la plus dense, qui s’étend de 10 à 20 km d’altitude. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-8 orientée nord-sud, aurait un impact faible sur le déplacement vers le nord, car elle ne présente qu’un obstacle oblique aux vents dominants. Vers l’extrémité nord de la mousson (en début et en fin de saison humide), la convection est un déclencheur de précipitations majeur. Bien que l’altitude augmente la convection, les orages convectifs se développent sur une vaste zone, quelle que soit la topographie, et se déplacent généralement dans la zone d’étude à partir de l’est au lieu de se former in-situ. Au milieu de la saison humide, qui est plus nuageuse, la convection est moins importante, car la couverture nuageuse réduit le réchauffement de la surface du sol. À cette époque, la majorité des précipitations est générée par une remontée d’air plus lente, mais plus généralisée, sans doute liée aux positions et à la force d’un ou de plusieurs vents forts (le Jet d’Est Africain et parfois le Jet d’Est Tropical) dans la moyenne et haute troposphère. À nouveau, la topographie est plus un facteur de modification qu’une cause principale des précipitations. En particulier, les perturbations de la pression de la moyenne troposphère appelées « ondes d’est » transportent périodiquement des précipitations plus fortes d’est en ouest au-dessus de la zone d’étude. La chaîne de Simandou a sans doute une influence modificatrice lors du passage de ces ondes. 9.3.3.2 Précipitations pendant la saison sèche Pendant la saison sèche, les vents dominants sont généralement d’est/nord-est et proviennent de l’intérieur des terres. Comme ils sont plus secs à tous les niveaux de la troposphère, aucune source importante d’humidité n’est donc présente. De plus, pendant la saison sèche, l’atmosphère est très stable. Cela veut dire que le profil vertical de l’atmosphère empêche la montée d’air et qu’un mécanisme inverse fort est nécessaire pour surmonter une telle stabilité. En général, la convection localisée est le seul mécanisme capable d’y parvenir, et il nécessite une quantité suffisante d’humidité pour produire des nuages et des précipitations. La chaîne de Simandou renforce la convection, parce que son sommet est chauffé par le soleil à une température comparable à celle de la surface du plateau à plus basse altitude. En plus de la génération de courants montants au-dessus du sommet de la crête, cela attire aussi des courants aériens de proximité le long des pentes. L’Harmattan étant très sec, la source d’humidité la plus probable pour les précipitations de la saison sèche est l’évapotranspiration (1) de la végétation de surface. La différence de couverture végétale à l’est et à l’ouest de la chaîne de Simandou est un important facteur d’humidité dans l’atmosphère. L’atmosphère de la couche de surface au-dessus de la forêt à l’ouest reste très humide pendant toute l’année, et la forêt semble être la principale source d’humidité du brouillard matinal qui enveloppe souvent les pentes ouest, même pendant la saison sèche. De temps en temps pendant la saison sèche, la convection locale suffit à surmonter les conditions stables. Ces occasions ne se produiront sans doute que lorsque le vent d’est sera relativement léger, ce qui aidera les courants d’air locaux à remonter les pentes ouest et donc à résister aux vents d’est dominants. Les vents plus légers donnent aussi plus de temps à l’air à l’ouest de la crête d’absorber l’humidité de la forêt avant d’être aspiré vers le haut par l’effet de tourbillon. 9.3.3.3 Formation de brouillard et de brume La plupart des matins, une brume et des nuages de faible altitude se forment sur le côté ouest de la chaîne de Simandou quand l’air humide remonte vers l’air plus frais au-dessus de la chaîne et se refroidit en dessous de son point de saturation, provoquant ainsi de la condensation. Au fur et à mesure que la température augmente pendant la journée, le brouillard de montagne se dissipe généralement en fin de matinée, puis se forme à nouveau le matin suivant, selon les conditions. Pendant la saison sèche, les tourbillons d’air sur la pente ouest de la chaîne de Simandou causés par l’Harmattan, vent de nord-est, poussent l’air humide au-dessus de la forêt vers l’air plus frais à plus haute altitude, ce qui cause la formation de brume et de nuages de basse altitude. Pendant la saison humide, les vents de sud-ouest (1) Évapotranspiration : le retour de l’humidité dans l’air par le biais de l’évaporation du sol et de la transpiration des plantes. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-9 poussent l’air humide au-dessus de la forêt qui recouvre les pentes de la montagne, ce qui provoque aussi une condensation et la formation de brume et de nuages de basse altitude. 9.3.4 Résumé des observations météorologiques Cette section propose un résumé des données utilisées dans le rapport de phase 1 de l’UKMO. Ce rapport contenait des données collectées jusqu’en 2008. Un commentaire est aussi fourni sur les données collectées après 2008, et sur les changements constatés entre les deux séries de données. 9.3.4.1 Vitesse et direction du vent Comme on pouvait s’y attendre en milieu tropical, les vitesses du vent sont relativement faibles sur tous les sites. Les mesures de la vitesse du vent sur le site plus élevé de Dabatini indiquent que les vitesses sont supérieures par rapport aux sites d’altitude plus faible, comme Mandou et Mafindou. Les données de Dabatini indiquent des vents dominants d’est à nord-est, et de rares vents de sud-ouest. Ceci étant probablement dû au fait que la station de contrôle est plus exposée aux vents d’altitude supérieure, dominés par la structure de la ZCIT, où les vents restent de nord-est pendant la majorité du temps. Les vents plus légers enregistrés à Mandou sont sans doute le résultat de l’influence de la chaîne de Simandou, qui protège ce site contre des vitesses de vent plus élevées. Pendant la saison sèche, caractérisée par des vents à prédominance nord-est, le tourbillon créé sur la pente sous le vent de la chaîne de Simandou expliquerait la présence d’un léger vent contraire de sud-ouest, alors que pendant la saison humide, les vents viendraient du sud-ouest. Les vitesses du vent enregistrées à Mafindou sont plus faibles que prévu compte tenu de l’élévation de la station, qui se situe à mi-chemin entre Mandou et Dabatini. Les vitesses du vent plus faibles peuvent être dues à la vallée à l’ouest de Mafindou, qui entraîne le vent vers la position surélevée de Mafindou par vent de nord-est. Quand les vents viennent du sud-ouest, Mafindou est vraisemblablement protégé par la chaîne de Simandou, située à 10 km à l’ouest. Comme c’est souvent le cas par vent faible et en l’absence d’obstacle dans la topographie, la direction du vent connaît un degré élevé de variation. 9.3.4.2 Température Conformément au climat équatorial, les températures restent stables toute l’année dans le sud-est de la Guinée. La température diurne la plus basse (27°C) correspond à l’apogée de la saison humide, autrement dit en août, au moment où la couverture nuageuse est la plus importante. Les températures diurnes les plus élevées se produisent en mars (entre 32°C et 34°C), en l’absence de couverture nuageuse et alors que le soleil est au zénith. 9.3.4.3 Précipitations La chaîne de Simandou connaît des précipitations annuelles relativement élevées d’environ 1 700 mm, avec une saison humide durant environ 8 mois, de mars à octobre. Les précipitations ont généralement un profil en « dents de scie » sur l’ensemble de l’année, augmentant graduellement de mars à juillet, avant d’atteindre un maximum en août et décliner à partir de septembre Les orages ont généralement une forte caractéristique convective, des chutes de pluies torrentielles brèves et intenses se produisant souvent au début / à la fin de la saison humide. Des pluies plus longues, mais moins intenses, sont typiques en milieu de saison. Bien que les précipitations se produisent avant tout pendant la saison humide, elles se produisent parfois aussi pendant la saison sèche. Un lien a été établi entre les précipitations annuelles, qui sont plus fortes à l’ouest qu’à l’est de la chaîne de Simandou, et son emplacement direction nord-sud. Cependant, il n’existe pas de relation simple entre les précipitations annuelles et l’altitude du site. Les précipitations les plus importantes ne touchent pas les sommets mais les parties supérieures des pentes orientées à l’ouest. Cependant, quand on compare les EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-10 relevés des saisons humide et sèche, il semble qu’il existe un lien entre les altitudes plus élevées et les précipitations légèrement plus fortes pendant la saison sèche. 9.3.4.4 Humidité relative Jusqu’en 2008, les données fiables sur l’humidité relative étaient limitées. Quand toutes les données jusqu’au début de 2011 ont été examinées, un lien clair a été établi avec l’occurrence des saisons humide et sèche, les précipitations induisant l’humidité relative. Comme on peut s’y attendre, l’arrivée de l’Harmattan, un vent sec, a causé une humidité relative plus faible que pendant la saison humide. 9.3.4.5 Données post 2008 Les stations de suivi météorologique ont continué à collecter des données, et une comparaison entre les rapports de données pré et post 2008 confirme les mêmes tendances dans chaque série de données. 9.3.5 Effets attendus du changement climatique mondial (1) sur le climat local Une compréhension des effets possibles du changement climatique mondial dans la région fournit un contexte pour les changements potentiels pouvant résulter des activités minières dans la chaîne de Simandou dans la zone du Projet. Un examen des articles scientifiques revus par les pairs sur la prévision du changement du climat mondial pour l’Afrique tropicale, du nord et de l’ouest, a été réalisé dans le cadre des études d’état initial. Le Tableau 9.2 présente un résumé des résultats des études climatologiques liées aux changements du climat local dans la zone de la mine proposée. Dans chaque cas, le nombre de modèles climatiques et de scénarios des émissions futures pris en compte par les études est identifié. En général, plus le nombre de modèles climatiques et de scénarios d’émission pris en compte est élevé, plus forte est l’importance statistique de l’étude. Tableau 9.2 Résumé des résultats de la revue documentaire. Article publié Nombre de modèles climatiques utilisés Scénario d’émissions Résultats De Wit & (2) Stankiewicz, 2006 6 Rapport spécial du GIEC sur les scénarios d’émissions (SRES) B1 (scénario d’émissions faibles) À l’horizon de la fin du 21e siècle, le sud-est de la Guinée devrait connaître une augmentation des précipitations annuelles allant jusqu’à 10 %, mais il est proche de la frontière d’une région devant connaître une réduction allant jusqu’à 10 %. Cela veut donc dire qu’un statu quo est possible. Giorgi, et al., 2001 (3) 18 Inconnu Les évaluations pour l’Afrique de l’Ouest suggèrent des conditions plus chaudes que la moyenne mondiale pour cette région, avec des incertitudes quant à l’évolution des précipitations. (1) Le terme « changement climatique mondial » est utilisé pour identifier les changements potentiels du climat pouvant se produire suite aux augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre anthropogènes et à leurs impacts sur le niveau de la mer, les régimes climatiques et autres aspects du climat mondial. (2) De Wit, M., & Stankiewicz, J. (2006). Changes in surface water supply across Africa with predicted climate change. Science, 311(5769). (3) Giorgi, F., Whetton, P. H., Jones, R. G., Christensen, J. H., Mearns, L. O., Hewitson, B., et al. (2001). Emerging patterns of simulated regional climatic changes for the 21st century due to anthropogenic forcings. Geophysical Reseach Letters, 28, 33173320. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-11 Article publié Nombre de modèles climatiques utilisés Scénario d’émissions Résultats Hulme, Doherty, Ngara, New, & Lister, 2001(1) 7 GIEC A2 (scénario d’émissions élevées) Saison humide : Pas de changement important des précipitations saisonnières à l’horizon 2020. À l’horizon 2050, une augmentation de 15 % pour la pointe sud-est de la Guinée, avec des changements mineurs pour le reste du pays. À l’horizon 2080, une augmentation de 23 % des précipitations dans le sud-est de la Guinée. Saison sèche : Réduction d’environ 10 % des précipitations à partir de 2020, et réduction de 30 % des précipitations pendant la saison sèche à l’horizon 2080. Kamaga, Jenkins, Gaye, Garba, Sarr, & (2) Adedoyin, 2005. 1 Scénario GIEC A1 (scénario d’émissions élevées) Examen de la période 2080 - 2098 par rapport à 1980 - 1999. Il a déterminé que la région de la Guinée connaîtrait une augmentation des précipitations en août mais une réduction des précipitations en juin et en septembre. Christensen, et al., (3) 2007 21 Ensemble des scénarios climatiques La moyenne de tous les modèles climatiques indique un léger accroissement de l’humidité dans le Sahel et peu de changement sur le littoral guinéen. Piao, Friedlingstein, Ciais, de NobletDucoudre, Labat, & Zaehle, 2007 Données observationnelles tout au long du 20e siècle Données observationnelles e tout au long du 20 siècle Au cours du 20e siècle, le ruissellement, toutes causes confondues, a diminué de 1 à 3,0 mm / 2 an . Le ruissellement dû au changement 2 climatique a diminué de 1 à 3,0 mm/an . Les changements de l’utilisation des terres seuls ont provoqué une augmentation du ruissellement se 2 situant entre ~0,2 et 0,5 mm/an . Les augmentations des concentrations de CO2 ont provoqué un changement du ruissellement se 2 situant entre -0,2 et +0,1 mm/an . Cela indique que le changement climatique aura un impact sur l’évolution des précipitations plus important que celui lié au changement d’utilisation des terres. Inconnu En Afrique de l’Est et de l’Ouest, la déforestation est avant tout caractérisée par une réduction des précipitations Semazzi & Song, 2001 Inconnu La conclusion générale de ces études est que toute évolution significative des précipitations due au changement climatique indiqué par les modèles climatiques pour la région guinéenne aura tendance à se traduire par une augmentation pendant la saison humide, et par une diminution pendant la saison sèche. Cela indique que sur une année, il est possible qu’aucun changement global ne soit constaté. Les prévisions suggèrent aussi que les changements importants de l’utilisation des terres, y compris des zones importantes de déforestation, provoqueront sans doute une réduction des précipitations dans la région. (1) Hulme, M., Doherty, R., Ngara, T., New, M., & Lister, D. (2001). African climate change : 1900-2100. Climate Research, 17, 145168. (2) Kamaga, A. F., Jenkins, G. S., Gaye, A. T., Garba, A., Sarr, A., & Adedoyin, A. (2005). Evaluating the National Centre for Atmospheric Research climate system model over West Africa: Present-day and the 21st century A1 Scenario. Journal of Geophysical Research, 110(D3). (3) Christensen, J. H., Hewitson, A., Busuioc, A., Chen, X., Gao, I., Heid, R., et al. (2007). Regional Climate Projections. Climate Projections 2007: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fourth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge, United Kingdom and New York, USA: Cambridge University Press. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-12 9.4 Évaluation des impacts 9.4.1 Vue d’ensemble Comme décrit au Chapitre 14 : Paysage, les activités minières causeront des changements du profil de la crête de Simandou, réduisant ainsi le sommet de la crête au Pic de Fon d’environ 1 650 m à environ 1 080 m, soit une distance verticale de quelque 580 m. À Ouéléba, la ligne de crête sera réduite de 1 330 mètres à environ 820 mètres, soit une distance verticale d’environ 510 mètres. En plus de la réduction de hauteur du sommet, de nouveaux reliefs seront créés par l’accumulation de déblais à proximité des puits de la mine. Ces changements se produiront sur une période d’environ 40 ans. Il est également important de noter que le travail de modélisation réalisé par l’UKMO a utilisé des plans de mine préparés en 2008. La Section 9.4.8 décrit les changements consécutifs apportés au plan de la mine. Les Figures 9.4 et 9.5 montrent le profil final attendu en 2008 (nommé « PFS Ultimate Pit ») et les plans de mine de 2012 (nommés « PEA Ultimate Pit »). On observe que les différences entre le profil de la crête d'origine et le profil de la crête estimé représentent un changement relativement minime et que la nature et l'échelle globale de ce changement de crête demeurent très similaires à celles décrites et analysées dans le cadre des études de l’UKMO. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-13 Figure 9.4 Changements de profil attendus (vue ouest) Figure 9.5 Changements de profil attendus (vue est) EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-14 9.4.2 Impacts conceptuels des changements du profil de la crête En principe, la réduction de la hauteur de la chaîne de Simandou diminue l’obstacle qu’elle représente pour le vent sec Harmattan, même si la mine proposée ne concerne qu’une petite portion de la chaîne. Il est possible que l’air sur le plateau à l’ouest de Simandou perde de l’humidité pendant la saison sèche, provoquant une réduction des précipitations pendant la saison sèche dans cette zone et ayant donc des impacts sur la végétation. Cette réduction du sommet de la crête pourrait aussi réduire la tendance des convections localisées à se former davantage au-dessus de la crête qu’ailleurs, provoquant donc une diminution des précipitations sur la crête elle-même pendant la saison sèche. Une modification de la ligne de crête aura sans doute un impact sur ses flux éoliens, ce qui modifiera sans doute les sites de formation du brouillard de montagne. Les observations locales suggèrent que pendant la saison sèche, le brouillard de montagne sur les pentes ouest a tendance à s’écouler dans les ensellements le long de la chaîne de Simandou. La création ou l’élargissement d’un ensellement par les activités minières pourrait faire que le brouillard a plus de chance de se former dans la région de la mine. En revanche, on ne sait pas si cela provoquera une diminution du brouillard sur les pentes situées au-dessus de l’ensellement. 9.4.3 Phase 2 Validation de principe La phase 1 de l’évaluation nécessitait l’examen des conditions climatiques locales à l’état initial, qui sont détaillées dans la Section 9.3 ci-dessus et dans l’Annexe 9A : Climat local à l’état initial. La phase 2 comprenait une modélisation détaillée de la météorologie dans deux études de cas, avec et sans les excavations proposées. L’objectif était de tester si le modèle pouvait simuler les processus météorologiques autour de la chaîne de Simandou, et identifier les changements dus à l’excavation proposée. L’étude de la phase 2 se concentrait sur la mesure dans laquelle le modèle confirmait les relevés des pluviomètres. Il convient de souligner que la nature chaotique des pluies convectives fait que le modèle doive se baser sur des scénarios probables, et donc a été programmé afin de produire approximativement la bonne quantité de pluie, à l’endroit approximatif et au moment de la journée approximatif. Afin de réduire la variabilité spatiale résultant de cette nature chaotique, les résultats des précipitations observées et modélisées ont été utilisés pour obtenir la moyenne sur une zone plus vaste. 9.4.3.1 Configuration du modèle Ce travail consistait en la création d’un modèle pour la région locale comprenant une série de modèles emboîtés, se focalisant progressivement sur la zone d’étude de la mine en augmentant la résolution spatiale horizontale par étapes de son niveau le plus bas (40 km) à son niveau le plus élevé (1 km ou 333 m). C’est dans la couche limite que la résolution verticale était la plus élevée, et elle diminuait progressivement à partir de la hauteur minimale (5 m au-dessus du sol) jusqu’à la hauteur maximale (40 km au-dessus du sol) en passant par 76 niveaux. Ces résolutions verticales et spatiales suffisaient à « voir » l’excavation minière proposée, qui couvre une surface d’environ 1 km sur 7 km, et une profondeur maximum d’environ 380 m (1). Le pas de temps des modèles dépendait de la résolution spatiale. La meilleure résolution temporelle était de cinq secondes, et la meilleure résolution spatiale de 333 m. 9.4.3.2 Sélection des modèles pour la validation de principe Comme il est expliqué dans la Section 9.2, en plus de décrire le climat régional et local, la phase 1 a également pris en compte le choix de dates d’étude pour la modélisation de la validation de principe réalisée pendant la phase 2. Deux exemples ont été sélectionnés, l’un pour la saison humide, et l’autre pour la saison sèche. La précipitation en saison sèche choisie pour la modélisation de la validation de principe a été sélectionnée là où des chutes de pluie localisées dues à la formation de nuages convectifs et de brouillard matinal ont lieu sur les pentes ouest. Une précipitation du 27 janvier 2005 a été choisie : une averse torrentielle de 37,7 mm à Dabatini, alors qu’aucun autre site n’avait connu de pluie ce jour-là. (1) La phase 2 de l’étude modélisait la zone de la mine du Pic de Fon car c’était la seule disposant de plans suffisamment détaillés au moment de sa réalisation. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-15 La sélection d’un évènement de précipitation donné pour la modélisation de la validation de principe en saison humide s’est fondée sur une date où tous les sites ont connu des pluies fortes, mais avec des volumes de précipitations enregistrés différents selon les sites. Le 2 avril 2007 a été choisi pour la modélisation en saison humide car c’était la date pour laquelle on disposait des données observées les plus riches, ce qui permettait de parvenir à une validation de principe plus fiable. 9.4.4 Résultats de la phase 2 L’objectif clé de la phase 2 était d’évaluer si les solutions sont physiquement réalistes. Cela a été testé en comparant les résultats du modèle pour l’orographie de contrôle (autrement dit, non touchée par les excavations) et des observations sur le terrain des précipitations afin d’évaluer si le modèle était juste. Les simulations pour l’orographie modifiée par les activités minières ont alors été comparées aux simulations de contrôle. 9.4.4.1 Cas du 27 janvier 2005 : saison sèche Pour la simulation de contrôle en saison sèche, jusqu’à environ 40 mm de pluie sont tombés sur le pic, et jusqu’à 70 mm sur la pente ouest de la crête. Pour la résolution de modèle la plus élevée, seule une petite quantité de pluie était prédite à Mandou et Mafindou, avec des totaux de 3,5 et 0,15 mm respectivement, tandis que 35 mm étaient prédits pour Dabatini. Cela correspondait bien aux mesures sur le terrain pour les stations disponibles de Dabatini, Mandou et Mafindou. Au sommet de la crête, Dabatini a connu des pluies importantes le 27 janvier, avec un total de 37,7 mm entre 18h00 et 19h30 TUC (1). Les pluviomètres de Mandou et Mafindou n’ont enregistré que 0,1 mm chacun. Quand le modèle a été de nouveau appliqué avec l’orographie modifiée, les précipitations et flux prédits n’ont pas connu de différences significatives. La simulation de contrôle a aussi prévu un orage distinct sur l’extrémité sud de la chaîne de Simandou, avec des précipitations de plus de 100 mm. Comme aucun pluviomètre n’était présent dans cette zone, aucune comparaison n’a été possible. La nouvelle application du modèle avec le profil postérieur aux activités minières était très différente du cas de contrôle. Dans le cas de contrôle, la précipitation donnée était associée à des cellules de convection, mais celles-ci n’étaient pas clairement reliées à l’extrémité sud de la crête. Par conséquent, il n’est pas certain qu’un lien puisse être fait entre le changement de l’orographie et le changement des précipitations. Afin de tester la sensibilité du modèle, deux modèles supplémentaires, l’un avant et l’autre après les activités d’extraction minière, ont été mis en œuvre avec des paramètres d’entrée légèrement différents. Dans ce cas, la structure thermique a été altérée de tout juste 1o Kelvin. La nouvelle application du modèle de contrôle a produit des précipitations très comparables à l’extrémité nord de la chaîne. Elles étaient presque identiques à celles du premier modèle de contrôle. Cependant, l’orage à l’extrémité sud n’a pas été reproduit. Cela démontre la sensibilité du modèle aux légères modifications des paramètres de départ. 9.4.4.2 Cas du 2 avril 2007 : saison humide Pour la simulation en saison humide, tous les pluviomètres présents sur les collines ont collecté de la pluie. Dans le modèle, les précipitations se limitaient presque entièrement à la plaine immédiatement à l’ouest de la partie nord de la section du Pic de Fon de la chaîne de Simandou, alors qu’il n’est tombé que très peu de pluie sur la crête elle-même. Cela contraste avec les observations du 2 avril, où les pluviomètres les plus au sud de la crête, au Pic de Fon et à Foku Est, ont indiqué des précipitations de 70 mm entre 14h30 et 19h30 TUC, alors que les stations au nord de la crête (comme Whisky 6) ont enregistré des précipitations totales d’environ 25 mm. Pour la précipitation sélectionnée, la simulation de modèle n’a pas correspondu aux précipitations réelles. Cependant, l’examen des animations modèles a montré que la pluie s’est limitée à une averse qui a duré entre 12h40 et 13h30 TUC. Le modèle a aussi montré que la convection déclenchée au-dessus de la crête (1) Toutes les heures sont exprimées en temps universel coordonné (TUC). EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-16 s’était rapidement transformée en nuage épais. À 12h40 TUC, le nuage faisait environ 8 km, le cœur convectif se situant environ à 5 km à l’ouest de la crête. Le nuage et les précipitations ont été entraînés vers l’ouest par les vents dominants, et très peu de pluie est tombée sur la crête elle-même. Le modèle post extraction minière n’indiquait qu’un impact limité sur la précipitation donnée, et du point de vue qualitatif tout du moins, la formation du nuage était très proche de celle donnée par la simulation de contrôle. En conséquence, le changement des précipitations autour du Pic de Fon était limité. 9.4.5 Résumé de la phase 2 La modélisation de la validation de principe de la phase 2 a démontré que la plus haute résolution du modèle fournissait une représentation raisonnable des précipitations sélectionnées. Le modèle a aussi généré des résultats à des résolutions suffisant à illustrer les changements de précipitations résultant des activités minières sur la crête. Cependant, il a aussi été démontré que des changements mineurs des paramètres de départ généraient des changements de magnitude comparable à celle prédite pour le profil après les activités minières. 9.4.6 Phase 3 Modèle numérique détaillé L’exercice de modélisation de la phase 2 a donné des preuves suffisantes que la démarche de modèle offrait une représentation raisonnable des précipitations, ce qui justifiait le passage à la troisième phase du travail. La phase 3 de l’étude analysait quinze simulations haute résolution de 24 heures utilisant la dernière topographie de la mine, telle qu’elle est montrée par la Figure 9.6. Elle visait à comparer l’impact de la mine sur la topographie par rapport à la topographie existante. Sur les quinze jours modélisés, neuf appartenaient à la saison sèche, et six à la saison humide. Les journées modélisées ont couvert une gamme de conditions météorologiques et de volumes de précipitations. La saison sèche a été privilégiée, car la chaîne de Simandou semble avoir une plus forte influence sur les précipitations de la saison sèche que de la saison humide. 9.4.6.1 Changements apportés au modèle pour la phase 3 Pour la phase 3, plusieurs changements ont été intégrés au modèle afin d’améliorer la représentation des paramètres modélisés dans les couches atmosphériques les plus proches de la surface de la Terre. La hauteur des cellules au niveau le plus bas du modèle de la phase 3 a été réduite afin d’améliorer la modélisation du transfert de chaleur et d’humidité entre la surface de la Terre et l’atmosphère. La hauteur réduite des cellules a également amélioré la représentation de l’humidité relative, et donc les prévisions de formation de brouillard et de nuages. L’orographie après activités minières, dans le cas le plus au cœur du modèle, a été dérivée des dernières données de contour disponibles pour la totalité de la région de la mine, et comprend plus de détails sur l’emplacement et la hauteur des piles de stockage ainsi que l’emplacement exact des modifications apportées à la crête. Des capacités informatiques accrues et des algorithmes améliorés au sein du modèle lui-même ont aussi été mis en œuvre afin d’améliorer sa performance générale. Le travail de la phase 2 montrait également le besoin de réduire la variabilité entre les modèles, afin de mieux identifier l’impact direct des changements de l’orographie. Pour cela, une autre stratégie de modélisation à court terme a été testée et utilisée pendant la phase 3. La stratégie alternative prévoyait l’identification des précipitations pendant les quinze périodes de contrôle de 24 heures et des simulations post activités minières où la convection avait produit des pluies à proximité de la chaîne de Simandou. De nouvelles simulations de ces précipitations ont alors été initiées, démarrant peu avant les chutes de pluie simulées sur la crête (généralement 10 à 30 minutes). La variabilité entre les EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-17 modèles a encore été réduite en sélectionnant des précipitations dans les simulations de modèles de l’orographie avant et après les activités minières. L’impact direct des activités minières sur les précipitations, résultant par exemple de la manière dont la crête influence la remontée ou l’écoulement des pluies, a alors été beaucoup plus clair. Les résultats des simulations de 24 heures suggéraient que les précipitations convectives individuelles sur la crête sont généralement courtes, durant au maximum une heure. Afin d’examiner la sensibilité potentielle des résultats au choix de l’heure de départ initiale et d’évaluer la variabilité naturelle, certaines modèlisations ont été à nouveau exécutées avec des heures de départ décalées de 10 minutes environ. Figure 9.6 Topographie des monts de Simandou modélisée, avant et après les activités minières Contrôle Après les activités minières Différence résolution Remarque : Les couleurs bleu à orange indiquent l’altitude, l’extrémité gauche indiquant la plus basse et la couleur orange / rouge la plus élevée. L’un des sous-ensembles de la phase 3 de l’étude consistait en une validation supplémentaire du modèle, réalisée pour tester son applicabilité à la chaîne de Simandou en comparant les résultats de contrôle aux données observées, dont des images satellite. Les détails de l’exercice de validation sont présentés dans l’Annexe 9B : Climat local - Validation du modèle. 9.4.7 Résultats de la Phase 3 L’objectif principal de la phase 3 était d’évaluer la magnitude probable du changement causé par les activités minières au niveau des sections d’Ouéléba et du Pic de Fon de la chaîne de Simandou. En tout, 15 paires de modèles de 24 heures et 33 paires de courts modèles ont été générées pendant la phase 3 de l’étude. 9.4.7.1 Précipitations La Figure 9.7 donne un exemple typique des changements des sites et quantités des précipitations pour l’une des journées modélisées. La Figure 9.7 montre bien que l’évolution des précipitations dans cette paire de simulations est presque identique. Par exemple, la même région de précipitations intenses sur Ouéléba à 17h50 TUC est indiquée à la fois dans le modèle de contrôle et le modèle après les activités minières EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-18 (troisième paire). Une analyse plus approfondie révèle de petites différences localisées des précipitations, notamment sur le versant ouest (sous le vent de la crête). Ces petits changements sont sans doute dus à l’impact direct des activités minières sur cette précipitation convective particulière. La structure des différences dans ces deux courtes simulations suggère que l’impact des activités minières diffère de celui découlant de la variabilité naturelle. Il convient cependant de noter que la présence de petites différences des précipitations assez loin de la zone de la mine suggère qu’elles sont en partie causées par un développement chaotique des flux. Les changements moyens des précipitations tirés des 33 paires de modèles courts sont présentés dans le Tableau 9.5. Les changements ont été calculés pour quatre zones de moyennes différentes, comme l’indique la Figure 9.8. Figure 9.7 Exemples de changements prédits des précipitations du fait des changements de l’orographie causés par les activités minières Passage du temps Témoin Après les activités minières EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-19 Figure 9.8 Zones utilisées pour calculer la moyenne des précipitations par zone à des fins de validation du modèle Remarque : Figure 9.8 Descriptions des zones de précipitations : GRANDE zone : zone entière ; PETITE zone : zone comprise dans le rectangle délimité par des pointillés en gras ; Zones d’Ouéléba / du Pic de Fon : au nord et au sud de la ligne horizontale blanche ; Zone du centre de la crête ; Zone entre les lignes verticales pointillées ; contour d’élévation de 1 050 m : ligne continue noire et courbe ; et contour d’élévation de 750 m : ligne continue blanche et courbe La « GRANDE » région comprend les 33 paires de modèles. La région d’Ouéléba (la partie de la GRANDE région au nord de l’épaisse ligne blanche sur la Figure 9.8) comprend les 18 paires de modèles où la pluie est tombée sur la zone minière d’Ouéléba, tandis que pour la région du Pic de Fon (la partie de la GRANDE région au sud de l’épaisse ligne blanche), seules les 18 paires de modèles où la pluie est tombée sur la zone minière du Pic de Fon ont été incluses. La « PETITE » région, indiquée par l’épaisse ligne pointillée de la Figure 9.8, est celle où les résultats les plus importants sur le plan statistique ont été identifiés. Comme le montre le Tableau 9.3, selon les prévisions, la magnitude du changement des précipitations moyennes sur les sous-séries des GRANDES régions d’Ouéléba et du Pic de Fon, à la fois en termes d’évolution moyenne absolue et de pourcentage des accumulations moyennes de précipitations, doit être négligeable. Par exemple, pour la GRANDE région, la prévision du modèle pour l’évolution globale des précipitations moyennes est une réduction d’à peine 0,005 mm. En tant que proportion des précipitations moyennes qui ont touché la région tout au long des 33 modèles, cela équivaut à une réduction des précipitations due aux activités minières d’à peine 0,15 %. Pour la région du Pic de Fon, l’évolution prédite des précipitations moyennes est une augmentation de 0,004 mm sur le Pic de Fon, ce qui correspond à une augmentation de 0,09 %, avec un intervalle de confiance à 95 % allant de -0,76 à +0,87 %. Pour la région d’Ouéléba, l’évolution prévue des précipitations moyennes est une augmentation de 0,015 mm, ce qui correspond à une augmentation de 0,4 %, avec un intervalle de confiance à 95 % allant de -0,93 à +1,80 %. Ces larges intervalles de confiance s’expliquent par la forte variabilité entre les cas mentionnée plus haut. Bien que le degré de confiance dans les valeurs précises de l’évolution prédite des précipitations soit faible, les prévisions indiquent que les changements moyens devraient être négligeables. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-20 Tableau 9.3 Précipitations moyennées dans le temps pour le modèle court AVG CTRL 3.055 BIG MINE 3.051 DIFF -0.005 CTRL 4.099 SD 3.153 3.151 0.039 4.425 Pic de Fon MINE DIFF 4.103 0.004 4.462 0.070 CTRL 3.189 Oueleba MINE DIFF 3.195 0.015 CTRL 5.609 SMALL MINE DIFF 5.536 0.072 3.360 3.354 6.501 6.479 0.090 % change -0.15 0.09 0.49 1.29 % Change -0.61 -0.76 -0.93 2.10 0.29 0.87 1.80 0.41 0.128 (confidence level - low ) % Change (confidence level - high) Remarque : BIG= GRANDE; SMALL = PETITE La PETITE zone a été définie après plusieurs changements des dimensions de l’encadré et de nombreux calculs des statistiques. Sur les 33 paires de modèles courts comprises dans ce calcul, 26 ont affiché une diminution des précipitations après les activités minières. La réduction moyenne des précipitations est de 1,29 %, avec un intervalle de confiance à 95 % allant de -2,1 à -0,41 %. Dans le voisinage immédiat des deux zones de la mine, une réduction faible des précipitations a donc été détectée. Dans l’ensemble, le modèle prévoyait que les changements des précipitations moyennes dus aux activités minières, calculés à l’aide des 33 paires de modèles courts, étaient de moins de 0,5 % quand les régions prises en compte comprenaient tous les changements de précipitations directement attribuables aux activités minières. Une réduction plus importante (mais toujours inférieure à 1,3 %) (avec 5 % de chance qu’elle soit inférieure à 0,41 %) a été déterminée quand seule une « PETITE » zone dans le voisinage immédiat de la mine était prise en compte. En bref, en conséquence de l’évolution de la ligne de crête pendant l’exploitation de la mine, dont la sensibilité est faible, les prévisions indiquent que les impacts sur les précipitations, qui ont une valeur élevée, seront négligeables, et sont donc considérés comme étant non significatives. 9.4.7.2 Formation de brouillard Le modèle a utilisé des simulations numériques par le biais d’une représentation haute résolution à la fois de l’orographie existante (le témoin) et de l’orographie post-exploitation minière. Cette dernière représentait les activités minières au Pic de Fon et à Ouéléba. En examinant les différences du régime de brouillard par paires de simulations (témoin et post-exploitation minière), on a pu définir les changements probables de la formation de brouillard, de même que sa distribution sur les collines, susceptibles de se produire suite aux activités minières. Afin de pouvoir comparer la formation de brouillard, la fraction de brouillard a été déterminée à l’aide de l’ensemble des 15 modèles de 24 heures. La fraction de brouillard est définie comme la proportion d’une cellule occupée par le brouillard, à l’aide d’une échelle de 0 (pas de brouillard) et de 1 (brouillard dans la cellule entière). Le tracé de la fraction de brouillard moyenne montre que le brouillard simulé pour les modèles de contrôle se limite principalement aux sommets et aux pentes ouest de la crête, avec peu de brouillard en comparaison sur les pentes est. La comparaison entre les modèles de contrôle et d’après l’activité minière prévoit un changement plus remarquable pour la section d’Ouéléba que pour la section du Pic de Fon. Afin de mieux comparer les changements, les fractions de brouillard moyennes ont été calculées pour six zones rectangulaires devant couvrir les pentes ouest et est d’Ouéléba et du Pic de Fon, et une section centrale des deux crêtes. L’évolution moyenne de la fraction de brouillard dans chaque zone, pour chaque simulation, est montrée dans le Tableau 9.4 pour Ouéléba et le Pic de Fon, avec l’évolution des pourcentages moyens et le niveau de confiance à 95 % pour les 15 modèles. Un signe négatif indique une réduction de la fraction de brouillard entre les modèles. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-21 Tableau 9.4 Fraction de brouillard moyennée dans le temps sur la zone d’Ouéléba et du Pic de Fon MOY. DS CTRL Ouest MINE DIFF. -0,015 0,029 0,023 -0,006 0,022 0,029 0,007 0,038 0.062 0,043 0,021 0,022 0,024 0,011 DIFF. 0,117 0,103 0,149 0,122 % de changement (niveau de confiance faible) % de changement (niveau de confiance élevé) -12,57 -20,05 29,85 -30,29 -59,22 3,54 5,15 19,13 56,16 DIFF. Pic de Fon Est CTRL MINE DIFF. CTRL Ouest MINE DIFF. 0,118 -0,005 0,037 0,035 -0,001 0,028 0,027 0,001 0,151 0,009 0,048 0,046 0,004 0,036 0,034 0,004 CTRL Crête MINE MOY. 0,122 DS 0,158 % de changement (niveau de confiance faible) % de changement (niveau de confiance élevé) DIFF. CTRL % de changement % de changement CTRL Ouéléba Est MINE Crête MINE -3,90 -3,77 3,11 -7,93 -10,08 10,90 0,14 2,54 4,68 Comme les changements prédits sont les plus importants pour Ouéléba, ces résultats font l’objet de discussions plus détaillées. Les séries temporelles du brouillard moyen dans les zones de la crête et des pentes est et ouest pour chacun des 15 modèles ont été analysées afin de déceler toute tendance particulière des différences prédites entre les modèles de contrôle et après les activités minières. Pour les cas en milieu de saison humide, c’est sur l’ensemble du sommet de la crête que la fraction de brouillard est la plus importante, avec un brouillard moins épais sur les pentes est et ouest. Dans ces cas, le brouillard est causé par les nuages de faible altitude qui enveloppent la crête. L’examen des champs d’humidité relative suggère que cette réduction peut être attribuée à l’abaissement de hauteur de la crête. Le taux relativement élevé de fraction de brouillard en surface dans le modèle de contrôle correspondait à la présence d’une couche de nuages en altitude au-dessus et à l’ouest de la crête. Dans la simulation après les activités minières, la réduction de la hauteur du sommet semble avoir limité la pénétration de la couche de nuages par la montagne, réduisant ainsi l’humidité relative et la fraction de brouillard proches de la surface. Les données des séries temporelles indiquent que la réduction des nuages au sommet de la crête est surtout apparente pendant les périodes initiale et finale de leur formation, et que les différences de la fraction de brouillard sont réduites une fois les nuages établis. En contraste avec les modèles en milieu de saison humide, les modèles du 6 mai 2007 et du 20 octobre 2007 contiennent des fractions de brouillard plus importantes sur la crête d’Ouéléba et la pente ouest dans les simulations après les activités minières que dans les simulations de contrôle. Dans ces cas, la réduction de la hauteur de la crête modifie les courants aériens du côté sous le vent de la crête et permet à l’air humide à l’ouest de remonter plus haut sur la pente ouest, poussé par le flux dominant de sud-ouest, ce qui augmente la fraction de brouillard dans les simulations après les activités minières. Sur les quinze modèles, seul un a affiché une forte réduction sur les pentes est. Les animations de ce modèle indiquent que les vitesses du vent dans les simulations après les activités minières sont plus élevées sur les plaines à l’est de la crête. Ces vents plus forts impliquent un degré relativement plus élevé de turbulences susceptibles de dissiper le brouillard, et donc d’en réduire la présence sur les pentes est et la plaine dans la simulation après les activités minières. EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-22 Les exemples ci-dessus illustrent les changements locaux pouvant être causés par les activités minières au niveau du flux sur la crête d’Ouéléba, changements locaux pouvant affecter la formation de brouillard. En plus de cela, au milieu de la saison humide, la réduction de la hauteur de crête pourrait faire que le sommet ne bloque plus les nuages de faible altitude, réduisant ainsi l’humidité de surface sur les parties creusées du sommet d’Ouéléba. Pour résumer, les changements de la fraction de brouillard moyenne sur le Pic de Fon sont relativement limités. Les changements de la fraction de brouillard moyenne sur la crête d’Ouéléba sont plus remarquables. Les changements de la fraction de brouillard sur Ouéléba sont constitués par une réduction moyenne aux alentours du sommet de la crête à proximité de la mine, une augmentation sur les pentes ouest et une diminution sur les pentes est. Les animations des séries temporelles suggèrent aussi que l’influence de l’orographie modifiée est la plus forte pendant les phases initiale et finale de la formation de brouillard. Les changements de la formation de brouillard sur les pentes de la crête seront très réduits en termes d’étendue spatiale du brouillard. Les changements sont positifs et négatifs, et sur une longue période, on s’attend à ce qu’ils soient négligeables. Dans l’ensemble, on considère que ces changements sur l’incidence du brouillard seront sans doute non significatifs. En résumé, la sensibilité de la ligne de crête est considérée comme étant faible et l’on prévoit que l’impact sur la formation de brouillard, qui possède une valeur élevée, consécutif au changement de la ligne de crête pendant l’exploitation de la mine, sera négligeable. En conséquence, l’impact global sur la formation de brouillard est considéré non significatif. 9.4.8 Changements du plan de la mine et engagement de suivi continu Il convient de noter que tous les travaux pris en charge par l’UKMO se sont basés sur un plan de mine émis en 2008. Depuis, le plan de la mine a changé et les réductions de la hauteur de la crête sont plus importantes que celles utilisées dans les travaux de l’UKMO. Cependant, la réduction du profil de la crête représente toujours un changement comparativement limité par rapport à la longueur totale de la chaîne de Simandou, et les types de changement apportés à la crête restent les mêmes que ceux décrits et analysés dans les études de l’UKMO. Tout au long de cette étude, les améliorations des capacités informatiques et la meilleure compréhension de la méthodologie de modélisation ont mené à des améliorations du modèle unifié qui ont été immédiatement appliquées à l’étude. On peut raisonnablement s’attendre à ce que de nouveaux développements surviennent dans le domaine de la modélisation des changements du climat local, qui amélioreront la capacité de prévision de modèles comme le modèle unifié de l’UKMO. Le Projet continuera à suivre les développements dans ce domaine d’étude envisagera d’appliquer à nouveau des modèles si des changements significatifs dans ce domaine spécifique sont identifiés. 9.5 Mesures d’atténuation, impacts résiduels et résumé des résultats Cette étude a pris en compte les types d’impacts suivants : changement des précipitations ; et changement de la formation de brouillard. La situation à l’état initial des conditions climatiques régionales et locales a été définie en employant diverses sources de données, tel que décrit à la Section 9.3. Puis l’étude s’est servi des résultats de la modélisation pour prévoir l’impact de l’exploitation minière (c’est-à-dire les changements du profil de la ligne de crête) sur les précipitations et la formation de brouillard. La conclusion générale du travail de modélisation complet et innovateur réalisé dans le cadre de l’étude de l’UKMO est que la modification de la hauteur et du profil de la crête changera sans doute les quantités de EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-23 précipitations sur des sites spécifiques à proximité directe de la mine. Ces changements atteindront jusqu’à 5 mm pour les précipitations individuelles, sur un total d’environ 30 mm pour ces mêmes précipitations naturelles. Si l’on considère des chutes de pluie sur une surface de 10 km par 20 km (environ 5 km de chaque côté de la crête où l’exploration minière aura lieu), les modélisations montrent que les quantités de pluie diminueront d’environ 1 %. Les changements prévus du climat local général suite à l’altération du profil de la crête ne sont pas plus importants, et dans la plupart des cas, sont moins importants, que ceux prévus suite à la variabilité naturelle au changement climatique. En conclusion, les changements de la crête au Pic de Fon et à Ouéléba influenceront sans doute la formation de nuages et les précipitations, mais dans une mesure très réduite, et uniquement à proximité directe de la crête pour les précipitations (dans un rayon approximatif de 5 km des mines). Au vu de cette conclusion, aucune mesure d’atténuation n’apparaît requise. Tableau 9.5 Résumé de l’étude d’impact Description de l’impact Évaluation de l’importance avant les mesures d’atténuation Atténuation clé Évaluation de l’importance de l’impact résiduel Impact sur les précipitations Non Significatif Pas d’atténuation proposée Non Significatif Impact sur la formation de brouillard Non Significatif Pas d’atténuation proposée Non Significatif EISE de Simandou, Volume I, Mine Chapitre 9 : Climat local 9-24