Une nouvelle étape du partenariat stratégique

Transcription

Une nouvelle étape du partenariat stratégique
nouvelle étape
du partenariat stratégique
Une
R E V U E O F F I C I E L L E D E L’ A M B A S S A D E D U K A Z A K H S TA N E N F R A N C E
© Ambassade du Kazakhstan
1
Kazakhstan et la France
continuent de renforcer leurs liens
de partenariat stratégique »
«Le
Par S.E.M. Nourlan DANENOV,
Ambassadeur du Kazakhstan en France,
Ambassadeur, Délégué permanent auprès de l’UNESCO
L
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
a République du Kazakhstan a célébré
en 2014 le 23ème anniversaire de son
indépendance.
Depuis 1991, le Kazakhstan a fait
un parcours impressionnant. Riche
en ressources naturelles et doté
d’une économie dynamique, il s’est
forgé une notoriété de partenaire stable et fiable. La
communauté internationale reconnaît notre pays
comme étant un acteur responsable et actif, dont les
initiatives contribuent durablement au renforcement
de la paix et de la stabilité dans un monde déchiré
par des conflits en tout genre. Cela nous procure
un droit moral de briguer le poste de membre non
permanent du Conseil de sécurité des Nations unies
pour la période 2017-2018.
Derrière ces succès, un grand travail a été accompli dans le cadre de la diplomatie multivectorielle
du Kazakhstan sous l’impulsion décisive du Chef
de l’État kazakhstanais, le Président Noursoultan
Nazarbaïev. Chaque année, il dévoile sa vision claire
du développement de notre pays. Dans son récent
discours sur l’État de la Nation « La Voie vers l’avenir », le Président de la République a ainsi présenté
la Nouvelle politique économique du Kazakhstan.
Celle-ci constitue une grande avancée en vue de
rejoindre les 30 pays les plus développés du monde.
Le Kazakhstan et la France continuent de renforcer
leurs liens de partenariat stratégique. Nos échanges
s’intensifient. Les cadres de notre coopération
Kazakhstan
République Présidentielle
Chef de l’État :
M. Noursoultan NAZARBAÏEV
Premier Ministre :
M. Karim MASSIMOV
Ministre des Affaires étrangères : M. Erlan IDRISSOV
Ministre de l’Économie nationale : M. Erbolat DOSSAEV
Ministre des Investissements
et du Développement : M. Asset ISSEKESHEV
Ministre des Finances : M. Bakhyt SULTANOV
Ministre de la Défense : M. Imangali TASMAGAMBETOV
2
s’élargissent. L’année 2014 a été exemplaire et riche
en événements. Avec nos partenaires français, nous
avons organisé les sessions de la Commission mixte
pour la coopération économique et du Conseil des
affaires, ainsi que des forums économiques.
Cette coopération s’appuie sur un dialogue politique riche, confiant et pragmatique. Les récentes
rencontres à Paris de nos premiers ministres et
de nos ministres des Affaires étrangères ont créé
une base solide pour le succès de la visite que le
Président de la République française a accompli au
Kazakhstan, les 5 et 6 décembre 2014. Aussi, faut-il
rappeler que nos Chefs d’État se sont entretenus
en marge du Sommet sur la sécurité nucléaire
qui a eu lieu en mars 2014 à La Haye, aux PaysBas. La France reconnaît le rôle stratégique du
Kazakhstan dans la région d’Asie centrale et salue
la contribution de notre pays à la résolution des
conflits régionaux. La récente rencontre au sommet de l’État a placé nos relations à un nouveau
niveau de coopération qui s’intensifie dans tous
les domaines.
L’amitié kazakhstano-française s’est également
renforcée grâce aux échanges culturels, universitaires
et scientifiques. Nous avons clôturé la Saison du
Kazakhstan en France, organisée pour la première
fois dans l’histoire de nos relations bilatérales. De
nombreuses manifestations culturelles et représentations ethnographiques ont eu lieu sous son
égide à Paris.
Géographie et population
Capitale : Astana
Superficie : 2 724 900 km²
Population : 17,5 millions d’habitants
Langue officielle : Kazakh (langue d’État), Russe (officielle)
Fête nationale : 16 décembre
Économie
PIB : 141,8 milliards de dollars (janv.-sept. 2014)
Taux de croissance : 4,1% (janv.-sept. 2014)
Importations : 37,3 milliards de dollars (janv.-nov. 2014)
Exportations : 73,2 milliards de dollars (janv.-nov. 2014)
Monnaie : Tengué
© Ambassade du Kazakhstan
S.E.M. Nourlan Danenov lors de la réception organisée
à l’occasion de la célébration de la fête nationale de
la République du Kazakhstan, le 16 décembre 2014, à
Paris en présence de l’Orchestre national folklorique
d’Atyraou.
propos l’inauguration de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan par les deux Chefs d’État français et kazakhstanais
à Almaty le 6 décembre 2014. Il s’agit du premier
établissement universitaire français en Asie centrale.
Le développement du partenariat kazakhstanofrançais dans le secteur du tourisme constitue une
autre priorité pour nos peuples qui souhaitent se
connaître et se rapprocher davantage. Je saisis cette
occasion pour vous annoncer que la compagnie
nationale aériennne Air Astana ouvrira le 29 mars
2015 une liaison aérienne directe entre Astana et Paris,
tant attendue par les deux pays ! Nous espérons que
vous serez nombreux à visiter notre capitale, notamment, lors de l’Exposition internationale consacrée
à l’« Énergie du Futur » qui se tiendra du 10 juin au
10 septembre 2017.
Je suis heureux et fier de vous rappeler que le 26
novembre 2014 l’art traditionnel kazakh du dombra kuï,
ainsi que des connaissances et les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication de la yourte kazakhe ont
été inscrits par l’UNESCO sur la Liste représentative
du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Pour rendre hommage au premier Président de la
Vème République française, un monument à l’effigie
de Charles De Gaulle a été inauguré le 12 décembre
2014 à Astana, en forme d’attention particulière du
Kazakhstan à l’égard de la France.
Nous nous félicitons qu’une nouvelle impulsion
ait été donnée à la coopération dans les domaines
universitaire, de la recherche et de l’enseignement
professionnel, qui constituent autant de priorités dans
nos relations bilatérales. Il convient de souligner à ce
FÉDÉRATION DE RUSSIE
Pétropavlovsk
Kostanaï
Pavlodar
Semeï
ASTANA
MONGOLIE
Oust'-Kaménogorsk
Oural'sk
Arkalyk
Aktobé
Karagandy
KAZAKHSTAN
Atyraou
Aktaou
Aralsk
Mer
d’Aral
Balkash
Baïkonour
Kyzylorda
Taldykorghan
Chou
Taraz
CHINE
Almaty
Turkestan
Chymkent
KIRGHIZISTAN
OUZBÉKISTAN
Mer
Caspienne
TURKMÉNISTAN
TADJIKISTAN
3
2
Préface
« Le Kazakhstan et la France continuent de renforcer leurs liens de partenariat stratégique »
Par S.E.M. Nourlan Danenov,
Ambassadeur du Kazakhstan en France, Ambassadeur, Délégué permanent auprès de l’UNESCO
6
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
Un large potentiel pour la coopération économique
entre le Kazakhstan et la France
Entretien avec M. Asset ISSEKESHEV,
Ministre des Investissements et du Développement du Kazakhstan, Co-Président de la
Commission mixte kazakhstano-française
Un partenariat franco-kazakhstanais renforcé
Par S.E.M. Francis ÉTIENNE,
Ambassadeur de France au Kazakhstan
Le Kazakhstan, une terre d’avenir
Par M. Aymeri de MONTESQUIOU,
Sénateur du Gers, Vice-Président de la Com-
Des relations interparlementaires dynamiques
Une coopération universitaire prometteuse
Par le Professeur Jean-Yves MÉRINDOL,
Président de l’Université Sorbonne Paris Cité
L’Université Sorbonne-Kazakhstan,
nouveau visage de la coopération académique
franco-kazakhstanaise
Propos recueillis de M. Marek HALTER,
Président fondateur de l’Université SorbonneKazakhstan à Almaty
et des Forces armées du Sénat
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
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Une diplomatie engagée sur la scène internationale
UE-Kazakhstan : un partenariat approfondi
Par M. Gunnar WIEGAND,
Astana Expo-2017 :
un terrain pour la réalisation d’innovations
Par M. Talgat YERMEGIYAEV,
Président du Conseil de JSC compagnie
nationale Astana Expo - 2017
Une candidature à un siège de membre
non-permanent du Conseil de sécurité
«L’Énergie du futur» au cœur de l’Astana Expo-2017
Par M. Vicente Gonzalez LOSCERTALES,
Secrétaire Général du Bureau International
des Expositions (BIE)
Directeur au Service européen d’Action extérieure
(SEAE) pour la Russie, le partenariat oriental,
l’Asie centrale, la coopération régionale et l’OSCE
Le Kazakhstan : un réseau diplomatique
de 143 ambassades à travers le monde
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Une puissance économique en devenir
Les énergies renouvelables au cœur
de la politique énergétique kazakhstanaise
Entretien avec M. Vladimir SHKOLNIK,
Ministre de l’Énergie du Kazakhstan
Katco : symbole de la réussite du partenariat
industriel franco-kazakhstanais
Entretien avec M. Gérard FRIES,
Directeur général de Katco
« Un acteur du cycle de production d’énergie nucléaire »
Entretien avec M. Nurlan KAPPAROV,
Ancien Ministre, Président de la compagnie
nationale KazAtomProm
KazMunayGas, un acteur central
du secteur énergétique kazakhstanais
4
Entretien avec M. Sauat MYNBAYEV,
Président du Conseil d’administration de la
compagnie nationale KazMunayGas
La sécurité des opérations pour les hommes
et pour l’environnement :
priorité absolue de Total au Kazakhstan
Par M. Brendan McMAHON,
Directeur général de Total Exploration
& Production au Kazakhstan
« Geo-Énergies » : un centre franco-kazakhstanais
de recherche et de formation
Par M. Michel PANFILOV,
Professeur à l’Université de Lorraine , Directeur général du Centre Géo-Énergies
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Des synergies économiques croissantes
Astana et Paris : une amitié basée sur un dialogue
constructif et bienveillant
Par M. Adilbek JAXYBEKOV,
Maire d’Astana
Granit Thales Electronics : un partenariat réussi
de haute technologie
Par M. Olivier SIDIQIAN,
Des entreprises françaises de plus
en plus intéressées par le marché kazakhstanais
Entretien avec M.Yves-Louis DARRICARRÈRE,
Président de Total Upstream et Co-Président
UKAD : des synergies complémentaires
dans le secteur de la métallurgie
Par M. Georges DUVAL,
Président du groupe Aubert & Duval
Airbus Group : « une coopération globale et multiple avec la République du Kazakhstan »
Entretien avec M. Silvère DELAUNAY,
Directeur d’Airbus Group au Kazakhstan
Des services durables pour accompagner
le développement économique
Par M. Nicolas ROBIN,
Responsable de la zone CEI
du groupe Seureca
Directeur Pays Asie Centrale du Groupe Thales
Comment ECKE s’intègre naturellement
dans la vision stratégique du Président Nazarbaïev
pour 2050
Par M. Tristan SERRETTA,
Directeur général d’Eurocopter Kazakhstan
Engineering (ECKE)
Efficacité énergétique à Almaty, Kazakhstan
Par M. Raphael BERDUGO,
Directeur de projet au Kazakhstan
Un sentiment d’appartenir à la terre kazakhe
Par Mme Claudie HAIGNERÉ,
Ancienne Ministre, Présidente du Palais de la
Découverte et de la Cité des Sciences et de
l’Industrie
Le Kazakhstan et la Côte d’Azur, de la villégiature
à la coopération économique
Par M. Dominique PAGES,
Consul Honoraire de la République du
Kazakhstan à Nice, Cannes, Marseille, Toulon
et Saint-Tropez
La France, partenaire de l’industrie spatiale
kazakhstanaise
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Le Kazakhstan face au défi de la diversification
Par M. Gregory LECOMTE,
Chef de projet et Analyste politique, Programme
de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour la compétitivité en Eurasie
Sommaire
Une coopération durable avec le Kazakhstan
Par Mme Janet HECKMAN,
Directrice de la Banque européenne pour la
Reconstruction et le Développement (BERD)
au Kazakhstan
La ville durable : nouvel axe de la coopération
économique franco-kazakhstanaise
Les interactions culturelles,
socle d’une relation durable
UNESCO-Kazakhstan : un lien solide en plein essor
Par Mme Irina BOKOVA,
Directrice Générale de l’UNESCO
Par M. Albert FISCHLER,
L’Alliance française à Almaty :
pôle dynamique de la vie culturelle au Kazakhstan
Par Mme Zulfi JARKESHEVA,
Présidente du bureau de l’Alliance française
Almaty au Kazakhstan
Napoléon fascine à Astana
Par M. Pierre BRANDA,
membre de la Fondation Napoléon,
Co-commissaire de l’Expostion « Napoléon,
une vie, une légende »
Palmes académiques
Une langue toujours vivante :
le français au Kazakhstan !
5
6
seulement la première économie d’Asie centrale mais votre
pays peut parler à tous ses voisins, travaille avec tous ses
voisins : la Russie, la Chine et vous avez aussi des liens
avec l’Iran. » Et d’ajouter lors du toast porté aux relations
franco-kazakhstanaises : « Cette position charnière peut faire
du Kazakhstan un acteur majeur sur la scène internationale.
Il va le montrer à travers la réussite, je n’en doute pas, de
l’exposition Astana 2017. » Une reconnaissance de la montée
en puissance de la diplomatie kazakhstanaise qui prend tout
son sens dans le contexte de la recherche d’une sortie de
crise en Ukraine. D’autant qu’elle s’accompagne du soutien
clairement affiché par Paris aux aspirations d’Astana sur la
scène diplomatique internationale concernant notamment
la consolidation des liens avec l’Union européenne, le pro-
Le Maire d’Astana, M. Adilbek Jaxybekov, a inauguré le 12 décembre 2014,
aux côtés de S.E.M. Francis Étienne,
Ambassadeur de France au Kazakhstan, une statue à l’effigie du Général
De Gaulle.
© Ambassade de France
© Présidence de la République française
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
P
rès de vingt ans après la visite officielle
effectuée en 1993 par François Mitterrand
à Almaty, au lendemain de l’indépendance
du Kazakhstan, le Président Noursoultan
Nazarbaïev a accueilli le 5 décembre 2014
le Président François Hollande à Astana, la
nouvelle capitale du pays depuis 1998. Une
référence historique plusieurs fois soulignée par le Chef de
l’État français comme pour mieux mettre en lumière à quel
point les relations entre les deux pays n’ont cessé, depuis
lors, de gagner en ampleur. La signature d’un partenariat
stratégique en 2008 et la création d’une Commission présidentielle en 2010 ont marqué un tournant dans le resserrement
de ces liens, que la France entend aujourd’hui pleinement
valoriser. « Ma visite a pour objet de développer, d’amplifier, de renforcer encore ce partenariat », a ainsi déclaré le
Président François Hollande lors du toast du déjeuner d’État
offert à son arrivée au Kazakhstan.
Fruit d’une diplomatie active l’ayant portée à la présidence
de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe
(OSCE) en 2010, le Kazakhstan s’est, en effet, affirmé comme
un interlocuteur de plus en plus incontournable sur la scène
diplomatique régionale. Épousant parfaitement les atouts
et les contraintes de sa géographie, la politique étrangère
« multivectorielle » du Président Noursoultan Nazarbaïev
lui permet aujourd’hui de jouer un rôle de pont entre l’Asie
et l’Europe.
Une spécificité que le Président François Hollande n’a
pas manqué de saluer lors de la conférence de presse
conjointe organisée à son arrivée : « Le Kazakhstan a une
position majeure en Asie centrale. Le Kazakhstan est non
Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev en discussion avec le Président français François Hollande, le 5
décembre 2014 à Astana.
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
nouvelle étape
du partenariat stratégique
Une
Ouvrant une nouvelle étape du partenariat stratégique entre
Astana et Paris, la visite effectuée par le Président français
François Hollande au Kazakhstan les 5 et 6 décembre
2014, a confirmé l’intérêt mutuel des deux pays à donner
de la profondeur à leurs relations dans tous les domaines.
À commencer, en matière de concertation diplomatique
avec la réaffirmation du soutien de la France à la politique
multivectorielle conduite par le Président kazakhstanais
Noursoultan Nazarbaïev qui fait aujourd’hui du Kazakhstan
un acteur pivot de l’espace géopolitique eurasien. Loin d’être
négligée, la diversification de la coopération économique est
l’un des piliers du partenariat stratégique, au même titre que
l’enrichissement des liens universitaires et, plus largement,
humains comme l’illustre l’ouverture de l’Institut SorbonneKazakhstan à Almaty.
Faits et chiffres
des relations
kazakhstano-françaises
DES LIENS STRATÉGIQUES
Kazakhstan : 1er fournisseur d’uranium
de la France et son 8ème fournisseur de pétrole
PREMIER PARTENAIRE DE LA FRANCE
EN ASIE CENTRALE
Échanges commerciaux pour les 10 premiers
mois de 2014 : 5,1 milliards de dollars
Exportations du Kazakhstan vers la France :
4,1 milliards de dollars
Importations au Kazakhstan depuis la
France : 930 millions de dollars
Flux d’investissements français
au Kazakhstan : 585 milions de dollars (pour les
9 premiers mois de 2014)*
DES ÉCHANGES HUMAINS CROISSANTS
Communauté française au Kazakhstan :
416 personnes
Étudiants kazakhstanais en France :
Environ 400
cessus d’adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce
(OMC) ou le rapprochement initié avec l’Organisation pour
la coopération et le développement économique (OCDE).
Alors que le Kazakhstan s’apprête à accueillir une Exposition
internationale consacrée à l’« Énergie du futur » en 2017, le
Chef de l’État français a également formulé le vœu que les
deux pays coopèrent en vue de la Conférence sur le climat
qui doit aboutir fin 2015 à un accord global pour limiter les
effets du réchauffement climatique.
En l’espace de deux décennies, le Kazakhstan est devenu
pour la France un partenaire de tout premier ordre. Au plan
stratégique, les deux pays ont signé en octobre 2009 un
accord bilatéral sur le transit ferroviaire et aérien sans escale
des matériels militaires français de retour d’Afghanistan,
complété en novembre 2012 par un protocole mettant à la
disposition des forces françaises l’aérodrome de Chymkent,
dans le sud du Kazakhstan, comme plateforme aéro-ferroviaire pour faciliter le retrait de ces matériels.
La coopération de défense et militaire s’est, quant à elle,
progressivement consolidée depuis la création en 2002
du poste d’Attaché de défense à l’Ambassade de France,
déménagée à Astana en 2008. Elle poursuit quatre objectifs
majeurs : la formation des élites et des officiers subalternes
et des stages de spécialisation ; le conseil en matière de
coopération d’armement ; la coopération opérationnelle ; le
soutien à l’exportation par l’organisation de visites, d’exercices et de démonstrations en France et au Kazakhstan
et, jusqu’en 2007, par la tenue régulière de commissions
d’armement, qui ont repris en 2011.
Dans ce contexte, les entreprises françaises sont d’ores
et déjà présentes sur le marché militaire kazakhstanais,
* Source des statistiques économiques : Ambassade du Kazakhstan en France.
7
© Frédéric de la Mure / MAEDI
Le Ministre français des Affaires étrangères et du Développement
international, M. Laurent Fabius, accueillant son homologue
kazakhstanais, M. Erlan Idrissov, le 10 juin 2014.
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
comme en témoigne leur présence plus nombreuse lors
de la 3ème édition du salon de l’armement (KADEX) qui s’est
tenue à Astana en mai 2014. À cette occasion, le groupe
Airbus Defence & Space a d’ailleurs exposé son fleuron
industriel, l’avion de transport militaire, l’A400M. Ce rapprochement dans ce secteur hautement stratégique résulte
de la persévérance de certains groupes comme Thalès,
qui a été le premier à avoir concrétisé un partenariat dans
le secteur de l’armement. Après les premières livraisons
de radios destinées à équiper les brigades de l’Armée de
terre kazakhstanaise fin 2010, une entreprise conjointe a
été installée à Almaty avec pour ambition d’équiper les
autres corps d’armées, les structures territoriales et, à plus
lointaine échéance, celles des autres structures de force.
Airbus Helicopters a, de son côté, créé une filiale commune
pour la construction d’hélicoptères de la gamme EC-145,
tandis que le groupe Sagem est engagé dans le même
processus pour fournir des drones de type Sperwer au
Ministère kazakhstanais de la Défense.
Au plan économique, le Kazakhstan est, grâce à la
richesse de son sous-sol, devenu le premier fournisseur
en uranium de la France et son 8ème fournisseur en pétrole
brut. De ces intérêts mutuels ont émergé des synergies
économiques fortes qui ont hissé la France au troisième
rang de ses investisseurs étrangers, avec un stock
d’investissements de 9,4 milliards de dollars fin juin 2014
(selon l’Ambassade de France
au Kazakhstan) derrière les
Pays-Bas et les États-Unis.
Ces synergies s’expriment
à travers de véritables partenariats industriels incluant,
pour une grande part, de réels
transferts de technologie et
de compétence. C’est le cas
avec Katco, créée par le groupe
kazakhstanais KazAtomProm
et le français Areva. Cette coentreprise illustre à elle seule
le haut niveau atteint par la
coopération économique entre les deux
pays. Elle devrait, en effet, inaugurer d’ici
à 2018 de nouvelles lignes d’assemblage
de combustible nucléaire dans l’usine
métallurgique d’Oulba.
Les groupes français jouent en outre
un rôle majeur dans des secteurs clés
de l’économie kazakhstanaise, à l’instar
de Total qui participe au développement
du gisement géant de Kashagan. Le
groupe pétrolier français est également
associé à GDF-Suez en vue du projet
d’exploitation du gisement gazier de
Khvalinskoye, en mer Caspienne. Enfin,
la coopération économique kazakhstano-française s’est étendue à d’autres
secteurs de pointe comme le spatial.
Fin 2012, le Président François Hollande
a ratifié l’accord de coopération dans le
domaine de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à
des fins pacifiques, signé trois ans plus
tôt en octobre 2009. Dans ce cadre, Airbus Defence and
Space est en train de construire, avec l’Agence spatiale
kazakhstanaise KazCosmos, un centre d’intégration satellitaire franco-kazakhstanais à Astana. La filiale d’Airbus
Group basée à Toulouse a également conçu le premier
satellite très haute résolution d’observation de la Terre du
Kazakhstan, le KazEOSat-1. Lancé fin avril 2014, celui-ci
est le premier élément d’un système d’observation spatial
très vite complété par un deuxième satellite.
En dépit de cette dynamique, les échanges commerciaux, dominés par l’importation de produits énergétiques,
n’atteignent encore que 6 milliards d’euros en 2013, selon
les statistiques françaises. Alors que la France s’était
fixée en 2009 comme objectif de doubler ce résultat en
cinq ans, les marges de manœuvre restent donc encore
vastes, à la mesure des besoins du Kazakhstan qui lance
en 2015 son second plan d’industrialisation. Ayant pour
objectif clair de diversifier les sources de la croissance
économique du pays, cette nouvelle étape vers la réalisation
de la Stratégie 2050 initiée par le Président Noursoultan
Nazarbaïev, ouvre d’ores et déjà de nouvelles opportunités
aux entreprises françaises, en particulier dans les secteurs
des infrastructures, des transports, de l’aéronautique, des
énergies renouvelables, de la santé, du tourisme et du luxe.
Sans la création d’un tissu de liens culturels entre les
deux pays, le partenariat stratégique entre le Kazakhstan
et la France n’aurait pu atteindre une telle densité. Le
succès des saisons culturelles
croisées qui se sont déroulées
entre 2013 et 2014 s’est ainsi
construit autour de réelles affinités, matérialisées aujourd’hui
par une coopération universitaire
naissante avec la création de
l’Institut Sorbonne Kazakhstan. Porté par Marek Halter
depuis la fin 2012, ce projet
a rapidement été concrétisé
par la signature en septembre
2013 d’un mémorandum entre
Sorbonne Paris Cité (SPC) et
Ma visite a pour objet de
développer , d’ amplifier ,
de renforcer encore ce
partenariat
- François Hollande
8
CHRONOLOGIE
CHRONOLOGIE
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
© Présidence de la République française
l’Université nationale pédagogique Abaï. Il a d’ores et déjà
donné lieu à un cycle de conférences qui a débuté en
février 2013. Deux masters (relations internationales et
conduite du changement) ont été mis en place à Almaty
à la rentrée 2014 pour 50 étudiants de l’Université Abaï
qui bénéficieront de cours de français et d’une bourse
du gouvernement kazakhstanais.
Locomotive de cette coopération universitaire,
le programme présidentiel de bourses Bolachak et
placé directement sous la tutelle du Président Noursoultan Nazarbaïev. Celui-ci fait de la formation l’un
des piliers de l’émergence du Kazakhstan. De fait, il
soutient chaque année 3 000 étudiants kazakhstanais
qui suivent des cours dans les meilleures institutions d’enseignement supérieur du monde. Pour la
France, répondre à la formation des élites constitue
un vecteur de qualité de l’approfondissement du
partenariat stratégique franco-kazakhstanais. Il s’est
d’ores et déjà concrétisé avec la mise en œuvre d’un
programme de formation des hauts fonctionnaires
entre l’Académie de la Fonction publique et l’École
Les
Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev reçu
au Palais de l’Élysée par le Président français François
Hollande, le 21 novembre 2012.
nationale d’Administration (ENA) qui a abouti en 2011
à la création d’un master commun entre les deux
établissements.
Cette coopération devrait très rapidement s’étoffer
avec la signature de vingt conventions de coopération
dans ce domaine à l’occasion de la visite officielle du
Président français François Hollande au Kazakhstan.
Devant l’Académie des Sciences d’Almaty, il s’est montré
volontariste quant à l’essor des échanges universitaires
bilatéraux. « Nous sommes prêts à accueillir en France
davantage que les 400 étudiants kazakhstanais (…).
Nous pouvons arriver, d’ici cinq ans, facilement à doubler le chiffre. » Mais le développement d’interactions
plus intenses entre les sociétés des deux pays dépend
aussi de la facilité à nourrir les rencontres entre leurs
populations. Ce sera chose faite avec l’ouverture le 29
mars 2015 d’une liaison aérienne directe entre Paris et
Astana.
dates clés des relations kazakhstano-françaises
25 janvier 1992 : Protocole
sur l’établissement des relations
diplomatiques.
23 septembre 1992 :
Première visite officielle du
Président Noursoultan Nazarbaïev en France. Signature du
Traité d’amitié, d’entente et de
coopération.
16-17 septembre 1993 : Le
Président François Mitterrand
effectue la première visite d’État
d’un dirigeant français au Kazakhstan. Signature d’un Accord de
coopération dans les domaines
de la culture et des arts.
3 février 1998 : Signature d’un
Accord sur l’encouragement et la
protection réciproque des investissements et d’une Convention en
vue d’éviter les doubles impositions
et de prévenir l’évasion et la fraude
fiscales en matière d’impôts sur
le revenu et sur la fortune.
8 février 2008 : Visite du Premier
Ministre François Fillon à Astana.
Signature d’une Déclaration d’intention de Partenariat stratégique et
d’une Déclaration d’intention sur la
coopération en matière de tourisme.
10-11 juin 2008 : Visite officielle du Président Noursoultan
Nazarbaïev à Paris. Signature du
Traité de partenariat stratégique
et d’un Accord de coopération
dans le domaine du tourisme.
6 octobre 2009 : Visite d’État du
Président Nicolas Sarkozy à Astana.
Signature de 24 accords intergouvernementaux et de coopération.
21 novembre 2012 : Dixième
visite officielle du Président
Noursoultan Nazabaïev à Paris.
Première rencontre avec le
Président François Hollande.
Automne 2013 : Lancement
des premières Saisons culturelles
croisées avec la Saison française
à Astana.
Automne 2014 : Saison
culturelle du Kazakhstan en
France.
17 octobre 2014 : Tenue à
Astana de la 11 ème session de
la Commission mixte FranceKazakhstan pour la coopération
économique.
5-6 décembre 2014 : Visite
officielle du Président François
Hollande à Astana. Signature de 6
accords intergouvernementaux et
de 22 accords interuniversitaires.
9
large potentiel pour la coopération
économique entre le Kazakhstan
et la France
Un
Entretien avec M. Asset ISSEKESHEV,
Ministre des Investissements et du Développement du Kazakhstan,
Co-Président de la Commission mixte kazakhstano-française
Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Monsieur le Ministre, le
Président français François Hollande
a effectué une visite officielle au
Kazakhstan les 5 et 6 décembre 2014.
Compte tenu des nouveaux contrats
conclus à cette occasion, quelles
sont vos attentes à l’égard des perspectives de l’approfondissement du
partenariat économique entre les
deux pays ?
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
M. Asset Issekeshev : Nous espérons que cette visite et les accords
signés dans ce cadre permettront
d’étendre davantage les liens de
coopération entre le Kazakhstan
et la France. Nos relations bilatérales n’ont cessé de s’accroître
ces dernières années grâce aux
nombreuses visites organisées
entre nos deux gouvernements,
au plus haut niveau, mais aussi
entre nos chefs d’entreprise. Nous
avons lancé de nombreux projets
industriels et nous espérons que
ces accords porteront leurs fruits.
Nous espérons d’ailleurs continuer à consolider nos échanges
économiques en démarrant de
nouveaux projets, en particulier
L'Agence nationale d'exportation et
d'investissement KAZNEX INVEST
aide les entreprises kazakhstanaises
à développer et à promouvoir les
exportations locales, ainsi qu’à
attirer les investissements directs
étrangers dans les secteurs prioritaires de l'économie du Kazakhstan.
www.kaznexinvest.kz
10
dans l’aéronautique et l’espace,
les transports, la métallurgie, la
chimie, la pharmacie, etc…
K-F.P.S. : La 11ème session de la Commission mixte franco-kazahstanaise
qui s’est tenue en octobre 2014 a
mis particulièrement l’accent sur la
diversification des échanges économiques. Quel regard portez-vous sur
le potentiel entre le Kazakhstan et la
France dans ce domaine ?
A.I. : Tout d’abord, je tiens à saluer
les bons résultats de notre coopération économique. La France
occupe aujourd’hui le 5ème rang
de nos partenaires commerciaux
après la Russie, la Chine, les
Pays-Bas et l’Italie. Nos échanges
ont atteint 8 milliards de dollars
en 2013. Pour les huit premiers
mois de 2014, ils se sont élevés
à 4 milliards de dollars, soit un
net accroissement par rapport à
la même période en 2013. En matière d’investissements directs, la
France détient un stock de 10 milliards de dollars, avec plus de 100
entreprises actives au Kazakhstan.
Pour répondre à votre question,
je dois dire qu’il existe encore
de vastes marges de manœuvre
pour diversifier les secteurs de
notre coopération économique.
Une trop grande part est encore
concentrée dans le secteur de
l’énergie, en particulier dans ceux
des hydrocarbures et de l’uranium. Mais avec le lancement de
notre programme d’industrialisation, nous avons également initié
des partenariats fructueux dans
des secteurs industriels avec des
fleurons français tels qu’Airbus,
Danone, Eurocopter, Sanofi ou
encore Vicat qui ont d’ores et déjà
réalisés d’importants investissements dans notre pays.
De nouvelles opportunités devraient voir le jour prochainement
avec l’achèvement de notre premier plan quinquennal d’industrialisation 2010-2014 et la définition
de nouveaux secteurs prioritaires
pour la diversification de l’industrie kazakhstanaise au cours des
cinq prochaines années. Cette
deuxième phase met l’accent sur
14 secteurs d’activité dont le tourisme, la pharmaceutique ou les
infrastructures. Ce fut d’ailleurs
l’un des thèmes phares des discussions que nous avons eu dans
le cadre de la dernière Commission mixte kazakhstano-française.
Je tiens également à rappeler que sous l’impulsion du Président Noursoultan Nazarbaïev,
notre gouvernement s’est efforcé
d’accentuer ses efforts concernant notre environnement des
affaires, comme l’illustre la nouvelle loi, adoptée en juillet 2014,
sur l’amélioration du climat d’investissement. Celle-ci prévoit de
nombreuses mesures comme
l’exemption de certains types
d’impôt, la stabilité législative en
matière fiscale, la simplification
du recrutement des spécialistes
étrangers et des démarches administratives, ou la prise de fonction
d’un ombudsman pour l’investissement.
Une initiative importante a en
outre été prise avec la suppression des visas pour les ressortissants de dix pays, dont la France.
Enfin, le Chef de l’État a annoncé dans son discours à la Nation
de novembre 2014, un vaste pro-
A.I. : L’Expo Astana 2017 marquera, sans aucun doute, un grand
événement pour notre pays. Il
peut également favoriser l’émergence de nouveaux projets entre
le Kazakhstan et la France, ne
serait-ce qu’en raison des technologies de pointe qu’il entend réunir et promouvoir sous le thème
de l’« Énergie du Futur ». Nous
nous concertons déjà avec nos
partenaires français, institutions
et entreprises, sur la mise en
place de projets et les opportunités que nous pouvons développer
ensemble notamment dans les
filières de l’éolien et du solaire.
Mais celles-ci ne concernent
pas seulement les énergies au
sens strict du terme : il faut par
exemple explorer les aspects de la
gestion de la consommation, de la
construction de bâtiments. J’attire
aussi votre attention sur les infrastructures nouvelles qui sont en
train de se mettre en place en vue
de l’accueil de l’exposition en luimême, ce qui ouvre des possibilités de coopération dans les secteurs du BTP ou de l’architecture.
K-F.P.S. : Vous avez cité quelques
mesures récemment annoncées par
le gouvernement kazakhstanais pour
inciter les investisseurs étrangers
à s’implanter au Kazakhstan. Quelle
attention portez-vous plus spécifi-
quement aux petites et moyennes
entreprises (PME) ?
A.I. : Il s’agit justement de l’un des
aspects clés de notre stratégie de
commerce extérieur et de notre
concertation avec la France. À travers les mesures que nous avons
adoptées, nous cherchons à modifier notre législation conformément
aux standards de Organisation
pour la coopération et le développement économique (OCDE).
Les résultats sont d’ailleurs
au rendez-vous : nous disposons
aujourd’hui du meilleur climat d’investissement de l’Asie centrale
grâce à la position que nous occupons au carrefour de grands marchés tels que la Russie, la Chine,
l’Europe ou l’Iran. Au plan international, nous figurons désormais au
25ème rang dans le classement de
la Banque mondiale pour la protection de l’investissement.
Au-delà des aspects fiscaux et
administratifs, nous avons créé de
nombreuses agences pouvant apporter des services très diversifiés
comprenant la recherche de partenaires locaux ou de structures de
formation du personnel.
Il faut également souligner
l’effet d’entrainement que peut
générer le développement des
activités des grands groupes
français auprès des PME. Nous
comptons à l’heure actuelle plus
de 25 nouveaux projets à l’étude
d’entreprises françaises et, pas
M. Asset Issekeshev, alors VicePremier Ministre kazakhstanais,
inaugurant la 6 ème réunion du
Conseil des affaires kazakhstanofrançais, le 13 février 2014, aux
côtés des co-Présidents du Conseil,
M. Aidan Karibjanov, Président du
conseil d’administration de la holding
Visor, et M. Yves-Louis Darricarrère,
Directeur général Upstream de Total,
et les ambassadeurs des deux pays.
seulement de grandes entreprises. Enfin, l’ouverture le 29
mars 2015 d’une liaison aérienne
directe entre Astana et Paris est
une excellente nouvelle pour
l’essor futur des échanges entre
nos deux pays. C’est une initiative
qui ne manquera pas de renforcer
l’intérêt des PME françaises pour
le marché kazakhstanais.
K-F.P.S. : Quels sont les autres projets
prévus en vue d’accroître la visibilité
du Kazakhstan auprès des entrepreneurs français ?
A.I. : Nous sommes tout à fait
conscients de l’existence de
ce déficit de visibilité. Aussi,
avons-nous élaboré des mesures
spécifiques en lien étroit avec
l’annonce de notre nouveau plan
d’industrialisation et l’organisation
de l’Expo Astana 2017. Cette stratégie devrait monter en puissance
dès 2015 avec l’organisation de
nombreux événements. Pour la
France en particulier, l’année 2014
a déjà été riche en manifestations
avec le déroulement de la Saison
culturelle du Kazakhstan, dont
nous sommes très satisfaits.
11
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
K-F.P.S. : Dans cette perspective,
quels nouveaux secteurs de coopération économique l’organisation
par votre pays de l’Expo Astana 2017
peut-elle, selon vous, faire émerger
entre le Kazakhstan et la France ?
© Ambassade du Kazakhstan
gramme d’investissements dans
le secteur des infrastructures pour
faire face à la conjoncture économique internationale et, en particulier, aux effets des difficultés
que traverse l’économie russe.
Ce programme, qui associe d’importantes institutions financières
internationales comme la Banque
européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD),
la Banque européenne d’investissement (BEI) ou l’Asia Development Bank (ADB), est, à juste
titre, susceptible d’intéresser les
entreprises françaises.
partenariat
franco-kazakhstanais renforcé
Un
Par S.E.M. Francis ÉTIENNE,
Ambassadeur de France au Kazakhstan
S
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
ur le plan politique, les
relations franco-kazakhstanaises ont été lancées
peu de temps après l’indépendance, le Président
François Mitterrand se rendant au
Kazakhstan dès septembre 1993.
De son côté, le Président Noursoultan Nazarbaïev a effectué dix visites
en France entre 1992 et 2012.
Le dialogue politique s’est nettement intensifié au cours de la dernière décennie et notamment depuis la signature le 11 juin 2008 d’un
accord de partenariat stratégique,
qui a ensuite débouché sur plusieurs accords intergouvernementaux et commerciaux aujourd’hui en
développement. Simultanément,
l’Ambassade de France s’installait
en 2008 à Astana, devenue capitale
officielle, un Consulat général de
France demeurant à Almaty, grand
centre économique névralgique et
première ville du pays par sa population.
Concrétisant notre partenariat
stratégique, les contacts à haut
niveau politique interviennent régulièrement depuis 2012 :
- Le Ministre de la Défense,
M. Jean-Yves le Drian, s’est rendu
au Kazakhstan en juillet 2012 dans
le cadre des discussions sur le
transit retour du dispositif français
en Afghanistan.
- Le 21 novembre 2012 a lieu au
Palais de l’Élysée la première rencontre du Président Noursoultan
Nazarbaïev avec le Président François Hollande.
- En mars 2013, intervient la visite
officielle du Ministre des Affaires
étrangères et du Développement
international, M. Laurent Fabius, à
Astana ;
- En mai 2013, la Ministre du
Commerce extérieur ouvre le forum
12
d’investissement d’Astana et y copréside la commission mixte ;
- En septembre 2013, la Ministre
de la Francophonie se rend à Astana
et Almaty ;
- En 2014, on relèvera la venue du
Ministre des Affaires étrangères kazakhstanais, M. Idrissov à Paris le 11
juin 2014, celle de M. Matthias Fekl,
Secrétaire d’État au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Français de
l’étranger pour la Commission mixte
à Astana le 17 octobre 2014, celle du
Premier Ministre Karim Massimov à
Paris, les 16 et 17 novembre ;
- Enfin, les 5 et 6 décembre 2014
se déroule la première visite officielle du Président François Hollande
à Astana et à Almaty, à la tête d’une
délégation de 60 chefs d’entreprises
et de 34 universitaires de haut rang,
au cours de laquelle, outre plusieurs
rencontres au plus haut niveau, sont
signés six accords officiels (coopération universitaire, reconnaissance
des diplômes, coopération entre
ministères de l’environnement, du
tourisme, entre fonctions publiques
nationales, protocole sur l’espace),
22 accord interuniversitaires et 17
contrats et lettres d’intention entre
entreprises des deux pays.
Échanges culturels : une impulsion
donnée par les Saisons croisées (20132014)
Il y a, au Kazakhstan, une connaissance ancienne conduisant à une
véritable adhésion à la culture française : d’Alexandre Dumas à Patricia
Kaas en passant par les classiques
du cinéma français, le théâtre et la
musique : cet engouement ancien
est à prolonger par la découverte de
la création française du XXIème siècle.
L’image de notre pays demeure également indissociable des arts de
vivre que les habitants du Kazakhs-
tan ont déjà fait leur avec enthousiasme.
La coopération culturelle a connu
un nouvel essor à l’occasion des saisons croisées, qui ont offert des rencontres exceptionnelles ponctuant
l’automne 2013 à Astana et Almaty,
puis l’automne 2014 à Paris.
La saison française n’aurait pu
être mise en œuvre sans la contribution de Total, sponsor général
des saisons, suivi par Air Astana
et Eurasian Bank et Airbus group.
La programmation comprenait une
série de grands rendez-vous succédant à l’arrivée symbolique de
la course en vélo solaire reliant Le
Bourget-du-Lac à Astana : tournée
de l’Orchestre national de Lille,
des ballets de Preljocaj et Gallotta,
de Patricia Kaas, et en clôture, une
exposition historique, patrimoniale
et politique : « Napoléon. Une vie,
une légende », honorée par la venue
du président Nazarbaïev le 20 décembre 2013.
La mobilisation de personnalités
a profité à la relation bilatérale : l’engagement de Marek Halter a ainsi
été décisif dans la création de l’Institut « Sorbonne-Kazakhstan » au
cœur de l’Université Abaï, qui a accueilli sa première promotion de 60
étudiants à la rentrée de septembre
2014 et a été célébrée lors de la visite conjointe des deux Chefs d’État
le 6 décembre, qui y ont dévoilé une
plaque commémorative et signé le
livre d’or.
Une diversification des relations économiques et commerciales
Historiquement présente dans
le secteur de l’énergie, la France
diversifie son activité au Kazakhstan
avec l’arrivée de grands groupes
dans le secteur des transports,
mais aussi par la réalisation de par-
tenariats franco-kazakhstanais dans
de nombreux secteurs industriels
(industrie automobile, métallurgie,
aéronautique, défense, industrie
pharmaceutique, cimenterie, services urbains, énergies renouvelables, agroalimentaire).
Les investissements directs français s’élevaient à 9,4 milliards de dollars fin juin 2014, classant la France
au troisième rang des investisseurs
étrangers au Kazakhstan, après les
Pays-Bas (57,7 milliards de dollars)
et les États-Unis (15,6 milliards de
dollars).
Le secteur de l’énergie est le
principal bénéficiaire des investissements français, ce qui s’explique
par la présence historique de Total et
d’Areva :
- Total est présent au Kazakhstan
depuis 1992 et a, notamment, pris
une participation de 16,8% dans le
consortium North Caspian Operating Company (NCOC) en charge de
l’exploitation de Kashagan en mer
Caspienne.
- Areva est présente depuis 1996,
via la JV Katco créée avec KazAtomProm pour l’extraction d’uranium.
Les sources d’énergies renouvelables sont aussi un vecteur de la
technologie française au Kazakhstan
avec la construction de l’usine Astana-Solar produisant des panneaux
solaires photovoltaïques selon une
technologie ayant associé le CEA et
des compagnies privées françaises.
Les investissements français se
concentrent également dans le secteur des transports ferroviaires et
aéronautiques :
- Alstom, en partenariat avec
l’entreprise russe TransMashHolding
et les chemins de fer kazakhstanais
KTZ, a construit une usine de production de locomotives électriques
à Astana et opère une usine de production de moteurs d’aiguillages à
Almaty.
- Airbus Helicopters est implantée
au Kazakhstan pour la production,
avec Kazakhstan Engineering, d’appareils EC 145 au sein de la coentreprise ECKE.
Les exportations de véhicules
automobiles français au Kazakhstan sont encore limitées mais PSA
a conclu un accord de partenariat
industriel avec le constructeur automobile local Agromashholding, avec
pour premier résultat le début d’une
production de véhicules Peugeot à
Kostanaï. D’autres projets de production sont à noter.
Dans le domaine spatial,
Airbus Defence & Space a été
sélectionné en octobre 2009
afin de devenir le partenaire
stratégique du Kazakhstan pour
la mise en place d’une filière
spatiale de haut niveau dans
le pays. Astrium a ainsi fourni
deux satellites d’observation de
la terre lancés avec succès en
2014. Astrium et son partenaire
kazakhstanais Garych Sapary
ont par ailleurs créé la JV Ghalam en charge de construire et
d’exploiter un centre d’assemblage, d’intégration et de test
de satellites.
Des investissements français
sont également réalisés dans
le secteur de l’agroalimentaire
(Danone, Lactalis, Soufflet), de la
construction (Vicat), de la défense
(Airbus Defence & Space, Thalès),
de l’environnement et des services
urbains (GDF-Suez, Degrémont).
Dans le sillage des grands groupes
français implantés, de nombreuses
petites et moyennes entreprises
(PME) se sont, par ailleurs, développées sur le marché kazakhstanais, en rude concurrence avec les
PME italiennes et allemandes.
Le volume des échanges commerciaux entre la France et le
Kazakhstan est, par ailleurs, en
constante progression et s’établit à 6 milliards d’euros en 2013.
La France est le 5ème client du
Kazakhstan en 2013, dont elle
absorbe 6,4% des exportations
derrière l’Italie, la Chine, les PaysBas et la Russie. Nos relations
commerciales sont dominées
par l’importation de produits
énergétiques kazakhstanais, les
grands contrats représentant
une composante majeure des
ventes vers le Kazakhstan.
La progression de nos exportations s’est confirmée en 2013
(+40%, à 677 millions d’euros)
et se maintient en 2014 (+16%),
grâce aux exportations de matériels de transport – près de la moitié des exportations françaises.
Si l’aéronautique en constitue
une part prépondérante, la forte
progression du poste matériel
ferroviaire augure bien des investissements notables choisis par
Alstom.
13
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
© Présidence de la République française
Le Président François Hollande
recevant les honneurs de la Garde
présidentielle kazakhstanaise à son
accueil, le 5 décembre 2014, au Palais
Akorda en compagnie du Président
Noursoultan Nazarbaïev.
Le
Kazakhstan, une terre d’avenir
Par M. Aymeri de MONTESQUIOU,
de la Défense et des Forces armées du Sénat
A
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
partir d’une situation de « rastroika »
(déconstruction) massive, conséquence de
l’effondrement de l’Union
soviétique au début des années 1990,
générant un désordre absolu, le Kazakhstan a su se reconstruire tout d’abord
en profitant de l’immense richesse
de son sous-sol puis en mettant en
place une politique d’investissement
visant à positionner le pays comme
un acteur incontournable de la scène
internationale. Le Président Nazarbaïev
avait compris que la modernisation
du Kazakhstan ne serait possible
qu’à travers la diversification de son
économie, la création d’activités à
forte valeur ajoutée et l’innovation.
Son pays est actuellement l’une des
économies les plus dynamiques de
l’espace postsoviétique et a accédé
à la catégorie des 50 pays les plus
compétitifs du monde.
La France fut un des premiers
pays européens à s’intéresser au
Kazakhstan, celui-ci est vite devenu
son premier partenaire commercial
en Asie centrale avec un volume
d’échanges de 6 milliards d’euros
en 2013, dont 677 millions d’euros
d’exportations depuis la France.
Avec 5,3 milliards d’euros d’importations, notre pays est le cinquième
client du Kazakhstan (6,4% de ses
ventes), 10% de l’essence que
nous consommons provient du
Kazakhstan.
Aujourd’hui, malgré ce haut niveau
d’échanges économiques, chacun
admet que la relation entre nos deux
pays, et plus largement entre l’Union
européenne et le Kazakhstan, est
encore insuffisamment développée.
Les entreprises françaises y
sont encore trop peu présentes, en
14
particulier les petites et moyennes
entreprises (PME). Parmi les causes,
on constate malheureusement une
absence d’incitation à l’apprentissage
du français au Kazakhstan et, du côté
français, un manque de connaissance
de la culture kazakhstanaise et de la
langue russe entrave l’implantation des
PME dans le pays. Les visites officielles
des politiques français sont rares, ce
qui est malheureusement perçu par
les Kazakhstanais comme un manque
d’intérêt pour des projets communs.
Pourtant, les opportunités de
coopération y sont nombreuses et
on observe une présence importante
des PME italiennes, américaines et
allemandes sur son territoire. Pour
sortir de cette situation médiocre,
il est impératif de multiplier et de
renforcer les partenariats stratégiques
dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de la sécurité,
de l’innovation et de la culture.
En effet, la France peut apporter
son expertise dans les secteurs des
transports et des infrastructures car
le Kazakhstan veut développer un
potentiel de transit considérable en
raison de sa position géographique
stratégique, très importante pour les
liaisons entre l’Orient et l’Occident.
Il y a donc un besoin de construire
des autoroutes et d’améliorer les
infrastructures ferroviaires. Il faut aussi
garder à l’esprit que le Kazakhstan
ne souhaite pas seulement acquérir
des technologies et du savoir-faire, il
cherche aussi à développer son rôle
de trait d’union entre l’Ouest et l’Est
et le Nord et le Sud en se positionnant
comme hub économique.
L’énergie est un autre secteur
stratégique de coopération dans
lequel la France doit jouer un rôle
majeur. Nous partageons des défis
communs en matière de sécurité
énergétique et de protection de
l’environnement. Le Kazakhstan a
clairement exprimé sa volonté de
développer les énergies renouvelables et nous devons participer à
ce projet. Riche en gaz et surtout en
pétrole, le Kazakhstan est un partenaire-clé pour le renforcement de la
sécurité énergétique de l’Europe et
de la France. Assurer une sécurité
énergétique pour l’Occident c’est
participer à la sécurité du monde.
Le Kazakhstan exprime sa volonté
de se développer dans le domaine de
l’innovation et investit massivement
dans l’éducation et la recherche. Le
Président Nazarbaïev a instauré de
nouveaux programmes dans ces
domaines par la création de l’Université Nazarbaïev à Astana et en
mettant en place un programme de
coopération avec de prestigieuses
universités américaines, françaises
et chinoises. La fondation Bolachak
est une excellente initiative qui vise
à former les élites en permettant par
des bourses aux jeunes étudiants
de se former dans les meilleures
universités étrangères.
La France ainsi que l’UE devraient
ouvrir la voie à une coopération plus
développée dans le domaine technologique. Notre pays se distingue
par la qualité de son savoir-faire, de
ses ingénieurs et techniciens ainsi
que par la qualité de ses chercheurs
notamment dans les sciences –
mathématiques, physique, chimie,
médecine, biologie. Elle doit absolument développer une coopération
plus étroite dans le domaine de
l’enseignement supérieur et de
la recherche avec le Kazakhstan
sous peine d’être distancée par ses
concurrents.
Quant aux enjeux sécuritaires,
proche de l’épicentre des grands
séismes géostratégiques du XXIème
siècle, et avant tout de l’Afghanistan,
le Kazakhstan, en tant que puissance
régionale incontournable, jouera
un rôle stabilisateur très important
dans cette zone devenue vitale pour
la France et l’Union européenne,
entre autre par son concept laïque
de l’État.
Il faut garder à l’esprit que face aux
montées du terrorisme, ce vaste pays
est un allié essentiel. Zone charnière,
l’Asie centrale a subi des attentats sur
son territoire immédiatement après
l’annonce du retrait des troupes américaines de l’Afghanistan. La présence
de mouvements terroristes islamistes
tels que le Mouvement islamique
d’Ouzbékistan – le Hizb - Ut Tahir –
ou une résurgence des Islamistes
au Tadjikistan, constituent de réelles
menaces.
Le Kazakhstan est aussi préoccupé par le trafic de drogue à partir
de l’Afghanistan. 80% de l’héroïne
circulant dans le monde provient de
laboratoires clandestins d’Afghanistan, elle transite ensuite par l’Asie
centrale en direction de la Russie,
de l’Europe, de la Chine et des
États-Unis. Les frontières sont très
difficiles à contrôler sur les milliers
de kilomètres, elles délimitent des
immensités souvent quasiment
vides, favorisant un fort potentiel
de criminalité organisée.
Pour surmonter les défis économiques, environnementaux et
sécuritaires d’aujourd’hui et de
demain, la France a décidé d’accorder
une place prioritaire à la diplomatie
économique, notamment en la mobilisant au service des entreprises pour
développer leurs échanges avec des
pays occupant une place de plus en
plus importante sur la scène internationale. Avec le Kazakhstan nous
partageons des défis communs et
une même vision d’un avenir paisible
et prospère. Le fondement de notre
coopération a été mis en place par
un Partenariat stratégique signé en
2009 par l’ancien Président Nicolas
Sarkozy et le Président Nazarbaïev
– il est temps maintenant de passer
à l’étape supérieure en renforçant
notre coopération dans les secteurs
clés pour l’avenir.
© Ambassade du Kazakhstan
Des relations
interparlementaires dynamiques
Depuis l’indépendance du Kazakhstan en 1991, la coopération
interparlementaire s’est affirmée comme l’un des canaux les
plus fertiles de la concertation politique et diplomatique avec
la France. De nombreuses visites conjointes sont organisées régulièrement entre les parlementaires des deux pays.
M. Kassim Jomart Tokaev, Président du Sénat kazakhstanais,
a ainsi reçu le 14 septembre 2014 une délégation du Groupe
d’amitié France-Kazakhstan dirigée par le Sénateur des DeuxSèvres, M. André Dulait, et le 5 décembre, M. Jean-Vincent
Placé, Sénateur de l’Essonne, qui accompagnait la délégation
du Président François Hollande.
15
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
© Ambassade du Kazakhstan
Le Parlement kazakhstanais est composé d’une chambre haute (le Sénat)
et d’une chambre basse, le Majlis.
coopération universitaire
prometteuse
Une
Par le Professeur Jean-Yves MÉRINDOL,
Président de l’Université Sorbonne Paris Cité
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
16
son système d’enseignement
supérieur, facilitant ainsi les
échanges internationaux.
L’université Sorbonne Paris
Cité rassemble huit établissements de la région parisienne.
Il s’agit de quatre universités
du centre et du nord de Paris (la
Sorbonne Nouvelle, Paris Descartes, Paris Diderot et Paris
13) et de quatre instituts plus
spécialisés (l’Institut de Physique du Globe de Paris, l’École
des Hautes Études en Santé
Publique de Rennes, Sciences
Po et l’Institut National des
Langues et Civilisations Orientales). Nous avons 120 000 étudiants dans tous les domaines
scientifiques, 8 500 chercheurs
M. Serik Praliev, Recteur de l’Université Abaï et M. Jean-François
Girard, Président de l’Université
Sorbonne Paris Cité signant une
convention de coopération entre les
deux établissements, à Almaty le 17
septembre 2013.
et enseignants-chercheurs –
publiant plus de 8 000 articles
scientifiques chaque année – et
6 000 personnels administratifs
et techniques. Nous délivrons
chaque année 1 000 doctorats
(PhD).
Plusieurs de nos professeurs
avaient déjà, et depuis plusieurs
années, l’habitude de collaborations avec des collègues d’universités du Kazakhstan. Nous
avons décidé au printemps
2013, répondant à une suggestion de Marek Halter, écrivain
amoureux du Kazakhstan, d’aller
plus loin que ces contacts individuels et d’aller vers des accords
plus ambitieux. Nous avons
choisi comme partenaire privilégié, l’Université Nationale Pédagogique Abaï, héritière d’une
histoire remontant à 1928. Cette
université, qui compte 22 000
© Institut Sorbonne-Kazakhstan
E
n septembre 1988, à
l’occasion du 900ème
anniversaire de l’Université de Bologne
et au tout début des
grands changements qui allaient
affecter tout l’Est de l’Europe
et l’Asie, plusieurs recteurs et
présidents d’universités européennes ont signé la Magna
Charta Universitatum, soulignant l’importance du rôle des
universités « dans une société
qui se transforme et s’internationalise ».
Dix ans plus tard, à Paris, les
ministres en charge de l’enseignement supérieur en Allemagne, en France, en Italie et
au Royaume-Uni ont adopté la
déclaration de la Sorbonne le
25 mai 1998. Cette déclaration,
visant à harmoniser les études
universitaires, débouche sur la
déclaration de Bologne, signée
le 19 juin 1999 par 30 pays européens, avant d’être rejoints
par de nombreux autres pays
depuis. Ce processus, qui vise à
introduire un système de grades
académiques facilement reconnaissables et comparables, à
promouvoir la mobilité des étudiants, des enseignants et des
chercheurs, et à assurer la qualité de l’enseignement supérieur
en Europe, a influencé de nombreux systèmes universitaires
d’autres régions du monde.
C’est en référence explicite
à ce contexte, tenant compte
des valeurs de l’Europe en matière d’autonomie intellectuelle
et universitaire, que le Kazakhstan, qui a rejoint le processus
de Bologne en 2010, fait évoluer
étudiants et 1 500 professeurs,
dispense des enseignements
dans de nombreuses disciplines, dont la psychologie et la
pédagogie, le dessin et le graphisme, la géographie, l’écologie, la physique et les mathématiques, la philologie des langues
russe et kazakhe, l’histoire, les
finances et l’économie, les relations internationales, le droit.
Cette pluridisciplinarité permet
de créer, par étapes successives, plusieurs programmes de
formation conjoints avec les universités et établissements de
Sorbonne Paris Cité.
Dans cette perspective, un
mémorandum a été signé le 17
septembre 2013, par le Professeur Jean-François Girard, alors
Président de Sorbonne Paris
Cité, et le Recteur de l’Université Abaï, Serik Praliev. Ce
mémorandum a été complété
par plusieurs avenants signés
à Almaty en septembre 2013
et mai 2014. Ce dernier accord
a permis la création au sein de
l’Université Abaï de « l’Institut
Sorbonne Kazakhstan », hébergé dans un beau bâtiment du
centre ville, ainsi que l’ouverture en septembre 2014 de deux
programmes de niveau master :
le premier, intitulé « Politique
et action internationale », est
porté par l’Institut national des
langues et civilisations orientales, établissement membre
de Sorbonne Paris Cité qui fait
référence en matière de formation des diplomates français ; le
second, consacré au « Management du changement », est
porté par le département d’économie et de gestion de l’Université Paris Diderot, université
membre de Sorbonne Paris Cité.
Soixante étudiants ont été sélectionnés parmi les 120 candidats
initiaux. Ces deux programmes
ont bénéficié du soutien du gouvernement kazakh qui finance
des bourses pour les étudiants
qui s’y sont inscrits.
Nous travaillons avec nos
partenaires de l’Université
Abaï, notamment avec le Recteur Praliev et la Professeur
Goulmira Nourlikhina, qui assure la co-direction de l’Institut, pour mettre en place de
nouvelles formations dans les
prochaines années. Le jeune
Institut Sorbonne Kazakhstan
d’Almaty est déjà bien connu :
il a accueilli en septembre 2014
une délégation de sénateurs
français et a été, en décembre
2014, l’une des étapes de la
visite officielle du Président de
la République française, François Hollande.
Nous sommes très heureux
de contribuer à la coopération
universitaire entre la France
et le Kazakhstan. Nous ne
sommes bien sûr pas la seule
université française ayant des
accords avec des universités
kazakhstanaises : on peut évoquer notamment l’Université
de Lorraine et ses nombreux
partenariats à Astana, Almaty
et dans d’autres villes ; l’Université du Havre qui développe
des coopérations en droit international ; l’Université de Perpignan très active depuis longtemps dans le domaine des
langues étrangères. Cependant
notre accord avec l’Université
Abaï est doublement original :
d’une part, parce qu’il implique,
à travers notre université, plusieurs établissements d’enseignement supérieur en France ;
d’autre part, parce qu’il a vocation à se décliner dans plusieurs disciplines de formation,
assurant ainsi des coopérations
de long terme, et permettant
aux jeunes de nos deux pays
de mieux se connaître, et donc
aussi de développer des relations politiques, économiques
et culturelles.
17
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
© Présidence de la République française
Le Président Noursoultan Nazarbaïev
et le Président François Hollande
lors de la cérémonie d’inauguration
de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan,
le 6 décembre 2014 à Almaty.
Université Sorbonne-Kazakhstan,
nouveau visage de la coopération
académique franco-kazakhstanaise
L’
Propos recueillis de M. Marek HALTER,
Président fondateur de l’Université Sorbonne-Kazakhstan à Almaty
Au cœur d’Almaty, cette ville clé sur la mythique route de la soie, qui revêt actuellement de
nouveaux atours, s’affiche fièrement l’enseigne « Sorbonne–Kazakhstan » sur la façade d’un
bâtiment qui a été généreusement mis à disposition par l’Université KazNPU Abaï, la plus
ancienne du pays. Il s’agit de la première université française en Asie centrale, cette région
située au cœur du continent eurasiatique, riche de ses ressources et de ses promesses, un
carrefour des civilisations, des religions et des zones géo-climatiques.
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
18
ce vieux kazakh, les nouvelles
générations de son pays, voilà
une belle entreprise ! Une entreprise d’autant plus utile que le
Kazakhstan, dont la croissance
économique s’avère durable et
soutenue, a un grand besoin de
se doter de cadres supérieurs de
toutes disciplines afin de répondre
aux besoins de l’État, des entreprises, des collectivités locales.
En vérité, avoue Marek Halter,
tout avait commencé en Russie,
alors encore l’URSS, dès les
L’écrivain et Président fondateur de
l’Institut Sorbonne-Kazakhstan à
Almaty, M. Marek Halter, accueilli
par M. Serik Praliev, Recteur de
l’Université Abaï.
premiers jours de la perestroïka,
lorsqu’avec son ami Mstislav
Rostropovitch, il est allé proposer
à Andreï Sakharov, de créer une
Université française à Moscou,
première université occidentale
qui verra le jour dans la Russie
post-soviétique. François Mitterrand et Mikhaïl Gorbatchev
l’inaugurèrent en 1991. Un an
plus tard, une seconde Université
a vu le jour à Saint-Pétersbourg,
qui fut inaugurée par le maire de
la « seconde capitale » Anatoli
Sobtchak et son adjoint d’alors
Vladimir Poutine. Depuis, ces
deux Universités ont délivré leur
30 000 ème diplômes.
© Institut Sorbonne-Kazakhstan
U
n homme, un écrivain,
penseur et homme
d’action, a été à l’origine de cette initiative,
c’est Marek Halter.
L’idée lui est venue il y a trois ans,
à l’occasion du vingtième anniversaire de la fondation de l’Université
française de Saint-Pétersbourg. Un
homme d’affaires kazakhstanais,
Nauratdin Tagabergenov, lui proposa
de lancer un projet similaire au
Kazakhstan. Cette suggestion qui
pouvait paraître absolument gratuite
a immédiatement suscité un intérêt
profond chez Marek Halter.
En effet, c’est là, à Almaty, que
sa famille avait atterri, ayant fui
sa Varsovie natale, foulée par la
botte nazie, puis suivi le calvaire
de centaines de milliers de Russes
relégués par Joseph Staline dans
l’arrière-pays de son immense
empire. Marek Halter, s’en souvient parfaitement : Il errait, gamin
affamé, sur le vieux marché d’Almaty,
humant les parfums des étals,
lorsqu’un Kazakh à barbe blanche
lui tendit une galette de blé toute
chaude, une lepiotchka : « Mange,
petit, dit-il en russe, sinon tu ne
passeras pas l’hiver ». Un geste
simple, qui le réconcilia à jamais
avec l’humanité.
Apporter l’expertise et les
connaissances françaises à ce
grand et beau pays, comme de
remercier, à travers le geste de
Voilà donc que cette idée a germé
sur le sol kazakh et est devenue
réalité. Elle a été accueillie avec
enthousiasme tant en France qu’au
Kazakhstan et a bénéficié de l’appui
des plus hautes autorités de l’État,
du Président Noursoultan Nazarbaïev,
comme du Premier Ministre Karim
Massimov, dont les enfants étudient
en France. Lors d’un voyage de
repérage au Kazakhstan plusieurs
Universités se sont proposées pour
accueillir cette Université.
Le choix s’est finalement arrêté
sur l’Université d’État KazNPU Abaï
à Almaty, la plus vieille du pays
forte de 24 000 étudiants, Almaty,
ville de culture, pétrie de traditions,
et tournée vers l’avenir. Du côté
français, c’est Sorbonne Paris Cité
qui s’est portée d’emblée candidate, regroupement universitaire
qui compte parmi ses membres
l’Institut d’études politiques de
Paris, l’Institut national des Langues
orientales vivantes, et rassemble
120 000 étudiants. Le 29 mai 2014,
le Président de Sorbonne Paris Cité,
Jean-Yves Mérindol, et le recteur
de l’Université KazNPU Abaï, Serik
Praliev signèrent l’accord officiel
portant création d’une université
française : Sorbonne-Kazakhstan.
L’université Sorbonne-Kazakhstan
a ouvert ses portes à la rentrée 2014
au sein de ses deux Facultés, qui
délivreront des Masters internationaux basés sur la délivrance de
diplômes français et kazakhstanais :
- « Dialogue international dans
les conditions de globalisation »
- « Relations internationales »
- « Gestion des changements
dans le monde moderne ».
Le Kazakhstan, peuplé de près
de 18 millions d’habitants, compte
aujourd’hui plus de 700 000 étudiants,
chiffre significatif au regard du nombre
d’étudiants français ou allemands.
Les établissements universitaires
sont publics, privés ou semi-privés. À peu près 30 000 étudiants
kazakhstanais étudient actuellement
à l’étranger, dont seulement 300 en
France, dans le cadre du programme
Bolachak assurant la formation rapide
de cadres à l’étranger. Dans le pays,
où les études secondaires durent
onze années, bénéfice d’un taux de
scolarité proche de 100%.
D’autres projets sont envisagés pour enrichir ce premier pôle
universitaire français enraciné au
Kazakhstan appelé à devenir à
terme un centre universitaire de
dimension régionale qui accueillera
les étudiants en provenance de
toute l’Asie centrale et même de
la Chine, proche pays frontalier
du Kazakhstan. Compte tenu de
l’importance qui s’attache à une
gestion efficace des ressources
hydriques, en Asie centrale marquée
par la sécheresse, il est envisagé
de créer un institut agricole franco-kazakhstanais en liaison avec
l’Institut Agro Paris Tech. L’installation d’une clinique française
auprès de l’Université médicale
nationale kazakhstanaise, forte de
11 000 étudiants est également
envisagée. De même qu’une
École de Marketing de Luxe. Pour
aider à la création d’autres filières
françaises d’excellence à Almaty
et peut-être aussi une antenne à
Astana, a été créée une Fondation
pour l’Enseignement supérieur
franco-kazakhstanaise. Les locaux
mis à disposition de Paris-Sorbonne
ont été inaugurés par le Président
Noursoultan Nazarbaïev et le Président de la République François
Hollande, lors de sa visite officielle
des 5 et 6 décembre 2014.
L’Université Sorbonne-Kazakhstan, vient ainsi enrichir et couronner
les coopérations en matière de
formation technique supérieure
en partenariat avec les universités
kazakhstanaises et les industriels
(Centre des métiers de l’électricité
« Schneider Electric » à l’Université
technique Satpaïev et à l’Institut
de la soude, soutenu par Total
auprès de l’Université technique de
Qaraghanbdy). Son rayonnement
contribuera à affermir la coopération
franco-kazakhstanaise, enrichir le
dialogue entre les cultures et les
civilisations, comme de contribuer
au développement économique,
social et culturel, du Kazakhstan,
comme de l’ensemble des pays
d’Asie centrale.
19
Une nouvelle étape du partenariat stratégique
© Présidence de la République
Les Présidents kazakhstanais et
français participant au lancement
des activités de l’Institut SorbonneKazakhstan, le 6 décembre 2014.
© Ambassade du Kazakhstan
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
L
e Kazakhstan, dont le territoire s’étire des
rives de la Caspienne jusqu’à la Chine et la
Mongolie, partage avec la Russie, la frontière
terrestre la plus importante du monde d’une
longueur de 6 846 km*.
De ce fait, le Kazakhstan, plus vaste pays
d’Asie centrale, se positionne résolument
comme un pays eurasien par excellence, qui n’a jamais
renoncé à poursuivre sa vocation qu’il conçoit comme celle
d’être un pont entre l’Asie et l’Europe ainsi qu’un carrefour des
religions, des cultures et des civilisations. « Le Kazakhstan est
en Asie un État unique dans lequel sont entrelacées racines
européennes et racines asiatiques. (...) La combinaison de
différentes cultures et traditions nous permet d’absorber le
meilleur des cultures européenne et asiatique », expliquait le
Président Noursoultan Nazarbaïev dans son ouvrage L’Union
eurasienne : Idées pratique, perspectives (Moscou, 1997).
On voit que depuis, ce concept a pleinement acquis droit de
cité et qu’il est devenu une des données importantes sur la
carte géopolitique mondiale.
Poursuivant, sans relâche son objectif de se hisser à
l’horizon 2050, parmi les 30 premiers pays du monde par
sa puissance économique, le Kazakhstan a initié dès son
indépendance, une politique étrangère « multivectorielle »
et de participation active à l’ensemble des organisations
internationales, que celles-ci soient mondiales – Organisation des Nations unies (ONU) et agences onusiennes – ou
régionales – Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE), Organisation de coopération de Shangaï
(OCS), etc. ; et, bien entendu, aux divers organismes issus
20
Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev s’exprimant
à la tribune du G-Global, dans le cadre du Forum économique
d’Astana qui s’est tenu du 21 au 23 mai 2014.
du démembrement de l’URSS, comme la Communauté des
États indépendants (CEI) et l’Organisation duTraité de sécurité
et de coopération (OTSC).
Aujourd’hui, le Kazakhstan a établi des relations diplomatiques
avec 143 pays et il est devenu membre de 64 organisations
internationales économiques et politiques. Il a mis en place
une structure légale pour ses relations avec les autres pays :
plus de 1 300 contrats et accords intergouvernementaux
ont été signés par le Kazakhstan, qui a établi une coopération active avec la grande majorité des pays d’Amérique
du Nord, d’Europe et d’Asie, mais aussi avec les principales
organisations régionales.
La Russie reste pour le Kazakhstan un partenaire privilégié
comme l’a attestée la présence du Président Noursoultan
Nazarbaïev aux Jeux Olympiques de Sotchi en févier 2014 et
comme en témoigne toujours son vif engagement dans le
processus de création de l’Union économique eurasiatique,
dont il a été l’un des promoteurs. Astana n’en entend pas
moins poursuivre une politique d’ouverture et d’équilibre avec
tous les pays, voisins ou éloignés, grandes ou moyennes
puissances d’avenir.
Cette insertion active du Kazakhstan dans le jeu international lui a valu d’ailleurs l’honneur d’avoir été le premier pays
à l’Est de Vienne à avoir exercé la présidence de l’OSCE en
2010, décision qui fut prise par consensus lors de la conférence ministérielle de l’Organisation tenue à Madrid, les 29
et 30 novembre 2007. Ayant fait d’une rencontre de Chefs
d’État ou de gouvernement, l’une des priorités de sa présidence, le Kazakhstan a ainsi accueilli les 1er et 2 décembre
2010 à Astana, un sommet de l’OSCE, onze ans après celui
Une diplomatie engagée sur la scène internationale
diplomatie
engagée sur la scène
internationale
Une
Si ses immenses ressources en hydrocarbures et minières ont permis au
Kazakhstan d’acquérir un rôle croissant dans l’économie mondiale,
son ascension fulgurante sur le devant de la scène internationale tient
surtout au sage équilibre de la politique étrangère « multivectorielle »
promue par le Président Noursoultan Nazarbaïev. Près d’un quart de
siècle après son indépendance, le plus grand pays d’Asie centrale se
pose en véritable carrefour des échanges culturels et économiques entre
l’Europe et l’Asie. Après avoir assumé la présidence de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2010, il aspire
à devenir membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations
unies en 2017-2018. À cette date, sa capitale, Astana, aura accueilli
l’Exposition internationale sur l’Énergie du futur, qui promet d’être
une véritable vitrine du rayonnement et de l’ouverture du « Pays des
steppes ».
d’Istanbul, auquel ont participé les représentants de 65 pays,
dont 9 ayant le statut d’observateur. La Russie y fut représenté par le Président Dmitri Medvedev, les États-Unis, par
la Secrétaire d’État Hillary Clinton et la France par le Premier
Ministre François Fillon.
Le Kazakhstan fut loué pour son action médiatrice exercée
lors de la crise qui venait de secouer le Kirghizstan. Ce fait
historique a été marqué par
l’adoption de la Déclaration
d’Astana «Vers la communauté
de la sécurité» qui contient les
positions communes des 56
États membres de l’OSCE. Il
s’agit du premier document
final, depuis ces onze dernières
années, qui fut adopté à l’issue
d’un sommet de l’OSCE. Le
Kazakhstan a lancé un vecteur
eurasien du développement de
l’Organisation, a enrichi l’esprit
d’Helsinki par celui d’Astana, et
donné le départ à une nouvelle
étape de la vie de l’OSCE qui
a été précédée par la signature
de la Charte de Paris et de l’Acte final d’Helsinki.
Selon la déclaration du Président Noursoultan Nazarbaïev,
l’adoption de la Déclaration d’Astana peut devenir le début d’un
nouvel engagement d’une communauté unique indivisible
de la sécurité euro-atlantique et eurasienne, objectifs certes
ambitieux mais qui s’inscrivent dans une perspective à long
terme dont il conviendra de garder la trace. Il faut rappeler
qu’à l’occasion du 20ème anniversaire de la Charte de Paris
pour une nouvelle Europe, la Présidence kazakhstanaise de
l’OSCE, conjointement avec le Ministère français des Affaires
étrangères, a organisé, le 28 octobre 2010 à Paris, une Conférence internationale commémorative à laquelle ont participé
le Président kazakhstanais, le Secrétaire général de l’OSCE
Marc Perrin de Brichambaut,
l’ancien Président français
Valéry Giscard d’Estaing, ainsi
que M. Roland Dumas, ancien
Ministre français des Affaires
étrangères, M. Hans-Dietrich
Genscher, ancienVice-Chancelier
allemand, et les représentants
des pays-membres de l’OSCE.
Le Kazakhstan a également
été actif dans le processus
d’Istanbul sur l’Afghanistan
et dans d’autres structures
régionales, comme le Conseil
turcique, fondé le 3 octobre
2009, qui le réunit à la Turquie
et à l’Azerbaïdjan. Astana abrite,
dans ce cadre, l’Académie turcique.
L’une des premières grandes orientations de la politique
étrangère kazakhstanaise a été la poursuite d’une politique
active en faveur du désarmement et de la non-prolifération.
Dans la lignée de sa renonciation, lors de son indépendance,
à l’arme nucléaire (avec la clôture du Polygône nucléaire de
Le Kazakhstan est en Asie
un État unique dans lequel
sont entrelacées racines
européennes et racines
asiatiques
- Noursoultan Nazarbaïev
* Certes la frontière entre le Canada et les États-Unis, avec 8 893 km est plus longue, mais elle est répartie en deux sections dont l’une de 6 416
km ne dépasse pas la longueur de la frontière kazakhstano-russe.
21
© Ambassade du Kazakhstan
MM. Noursoultan Nazarbaïev, Vladimir Poutine et Alexandre
Loukachenko, respectivement Chefs d’État du Kazakhstan,
de la Russie et du Bélarus formant l’Union économique
eurasiatique entrée en vigueur le 1er janvier 2015,
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
Semipalatinsk, alors 2ème site d’essais nucléaires dans le
monde et l’abandon du 4ème arsenal nucléaire mondial), son
adhésion au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en
1994 en tant qu’État non doté, et sa ratification du Traité
d’interdiction complète des essais nucléaires en ont témoigné.
C’est à l’initiative du Kazakhstan que l’Assemblée générale
des Nations unies a adopté, le 2 décembre 2009, la résolution
64/35 déclarant le 29 août « Journée internationale contre
les essais nucléaires. » Le 8 septembre 2006 a d’ailleurs été
signé à Semipalatinsk le Traité portant création d’une Zone
exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, qui fut ratifié
le 21 mars 2009. Le Kazakhstan s’est également efforcé de
contribuer à une solution de la question du nucléaire iranien,
en accueillant deux sessions des négociations du groupe
des Six + l’Iran.
Mais la politique d’Astana est loin de s’en être uniquement
tenue à ceci : elle a fait montre, à plusieurs reprises, d’initiative
et d’originalité. Ainsi, dès 1992, le Président Noursoultan
Nazarbaïev lança une initiative visant à créer une Conférence
sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA),
qui vit le jour l’année suivante. Cette organisation, que la
Chine cherche encore à renforcer, est dotée d’un secrétariat
et d’un directeur exécutif, peu connus du public et même
des experts. Elle compte 20 pays membres, ainsi que sept
pays et trois organisations internationales (ONU, OSCE et
Ligue arabe) en tant qu’observateurs.
Son cercle initial s’est notablement élargi ces deux dernières années le Vietnam, Bahreïn, l’Irak et le Cambodge,
le Bangladesh et les Philippines ayant obtenu le statut
d’observateur. Le fait que la Turquie, membre de l’OTAN, ait
présidé la CICA de 2010 à 2014, présidence qui est suivie par
celle de la Chine en 2014-2016, atteste de la large ouverture
de cette organisation asiatique continentale. Sans faire de
la concurrence à l’Organisation de Coopération de Shanghai
(OCS), la CICA vise à instaurer entre ses membres une
coopération des plus élargies en matière de lutte contre
le terrorisme, le séparatisme, l’extrémisme religieux, les
problèmes d’immigration illégale, le trafic de drogue…
Le fait que le Chef de l’État kazakhstanais ait voulu en faire
une plateforme commune pour la sécurité euro-atlantique
et eurasienne, notamment en la rapprochant de l’OSCE,
apparaît tout à fait méritoire à la lumière de la situation qui
s’est développée du fait de la crise ukrainienne et des vives
22
tensions qu’elle a suscitée entre la Russie
et les pays occidentaux, au premier chef,
les États-Unis. L’objectif du Président
kazakhstanais est de faire prendre à la
CICA toute sa place dans l’architecture
mondiale de sécurité. Le Kazakhstan
apparaît, de fait, comme un des rares
pays, capable et désireux, d’assurer ce lien
entre ces diverses organisations régionales
de portée continentale, ayant exercé la
présidence de l’OCS de juin 2010 à juin
2011 et celle du Conseil des ministres
des Affaires étrangères de l’Organisation
de la Coopération islamique (OCI) de juin
2011 à mi-novembre 2012, entraînant la
création de l’Institut de l’OCI pour la sécurité alimentaire et
la Commission de l’OCI sur les droits de l’homme.
La région de l’Asie centrale a toujours été et reste une
priorité particulière de la politique étrangère du Kazakhstan
qui n’a par ailleurs jamais ménagé ses efforts pour y promouvoir une coopération régionale, et faire en sorte que
tous les différends – notamment frontaliers –, entre les
pays de le région soient réglés dans un esprit ouvert : il a
été notamment à l’origine de la Communauté économique
eurasienne (CEEA). La région est exposée aux mêmes défis
et menaces que la communauté internationale. Qu’il suffise
de mentionner les questions des ressources hydriques, les
problèmes écologiques, ceux du trafic de drogue, d’exportation du radicalisme du Sud. Le Kazakhstan, en particulier,
a beaucoup œuvré pour réhabiliter la mer d’Aral, cette vaste
étendue d’eau, qui était condamnée à l’assèchement depuis
les années 1980 du fait des prélèvements massifs sur les
deux fleuves qui l’alimentaient, l’Amou-Daria et le Syr Daria.
L’ancienne partie nord, celle qui se situe sur son territoire a
été progressivement remise en eau, au point d’être appelée
aujourd’hui la « Petite mer d’Aral ».
Une autre orientation de la politique extérieure
kazakh-stanaise qu’il convient de souligner, dans la
conjoncture actuelle d’exacerbations des identités
ethniques et religieuses, est sa volonté constante de
contribuer à l’approfondissement du dialogue entre les
religions, en réunissant à plusieurs reprises un Congrès
des leaders des religions mondiales et traditionnelles
dans la capitale kazakhstanaise en 2003 et 2007, ainsi
que la Conférence d’Astana le 17 octobre 2008. Un effort
qui ne s’est jamais relâché et qui gagnerait encore en
recrutant de nouveaux adeptes, tout en enrichissant
son agenda déjà fourni avec la tenue d’un prochain
sommet en juin 2015.
Le Kazakhstan est, en outre, l’un des trois pays formant
le noyau initial de l’Union douanière eurasiatique (2010),
devenue Espace économique commun. C’est à Astana
qu’a été signé le 29 mai 2014, le Traité instituant l’Union
économique eurasiatique (UEE) qui entrera en vigueur
Une diplomatie engagée sur la scène internationale
© UN Photo/Loey Felipe
Le Conseil de sécurité des Nations unies au sein duquel le
Kazakhstan est candidat à un siège de membre non-permanent pour 2017-2018.
pour l’action humanitaire et la lutte contre les catastrophes
naturelles.
Le Kazakhstan est bien conscient de l’interaction du développement, de la protection et de la sécurité de l’environnement. Grande puissance énergétique, une grande partie de
son avenir y est lié. Le Kazakhstan se rend parfaitement bien
compte que l’énergie aura un impact croissant sur la sécurité
de notre avenir commun, d’où le thème choisi « Énergie du
futur » pour l’Expo-2017 qui se tiendra à Astana.
Depuis les années 2000, le Kazakhstan a, enfin, formalisé
ses relations avec le Conseil de l’Europe qui, à terme, pourraient déboucher sur son accession, au statut d’observateur
à l’Assemblée parlementaire de la plus ancienne organisation
européenne d’envergure continentale, ce qui concrétiserait
encore sa diplomatie multivectorielle, comme sa vocation
d’être un pont entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud.
© Ambassade du Kazakhstan
le 1er janvier 2015 dont la paternité est revendiquée par
le Président Noursoultan Nazarbaïev. Si les échanges
économiques ont beaucoup augmenté entre les pays
membres, l’économie kazakhstanaise a cependant été
confrontée à l’élévation des droits de douane appliqués
aux produits chinois, ainsi qu’à une percée des entreprises
russes sur son marché qui n’a pu être compensée par
une offensive similaire des entreprises kazakhstanaises
sur le marché russe. Elle entend en tirer le meilleur
parti en dépit des difficultés conjoncturelles liées aux
sanctions occidentales contre la Russie et à la chute du
cours des hydrocarbures.
Le Kazakhstan, au terme d’un processus de négociation
relativement resserré, espère bien adhérer à l’Organisation
mondiale du Commerce en 2015, ce qui ne manquera pas
de stimuler ses efforts en matière de compétitivité et de
concurrence.
Dans la lignée de ces efforts, de ses initiatives et de
sa participation active au sein de multiples organisations
de coopération, le Kazakhstan fait œuvre de candidature
comme membre non-permanent du Conseil de sécurité
des Nations unies pour 2017-2018. Il avance au titre de sa
candidature, qu’il apparaît comme un pays stable, progressif
et pacifique, de revenu intermédiaire, leader reconnu en
matière de sécurité nucléaire et de non-prolifération, ainsi
que comme un contributeur pour la sécurité alimentaire
et énergétique mondiales, atouts que nul ne saurait lui
contester.
Étant le plus grand pays émergent sans littoral, il comprend également parfaitement les problèmes des pays
enclavés, comme ceux des petits pays insulaires menacés
par la montée du niveau de la mer. Le Kazakhstan ne cache
pas sa volonté de renforcer de manière significative sa
contribution aux efforts du Département des opérations de
la paix de l’ONU. Le bataillon « KAZBAT » a participé à des
opérations de déminage en Irak. Des officiers kazakhstanais
participent comme observateurs militaires dans un certain
nombre de missions de maintien de la paix des Nations
unies. Le Kazakhstan propose d’ailleurs de faire d’Almaty,
son ancienne capitale, un hub régional des Nations unies
Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev et le
Président chinois Xi Jinping à Shanghai le 19 mai 2014.
23
UE-Kazakhstan :
un partenariat approfondi
Par M. Gunnar WIEGAND,
Directeur au Service européen d’Action extérieure (SEAE) pour la Russie, le partenariat oriental, l’Asie centrale, la coopération régionale et l’OSCE
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
24
partenariat signé en 1999 qui régit
actuellement les relations entre
l’UE et le Kazakhstan.
En termes de coopération
politique, l’Accord renforcé de partenariat et de coopération insiste
tanais et européens. Un dialogue
politique renforcé découlera de
la mise en œuvre de cet Accord,
avec notamment un Conseil de
coopération annuel et des comités
de coopération thématiques dans
© Commission européenne
L
e 8 octobre 2014, le
Président de la Commission européenne
José Manuel Barroso
recevait à Bruxelles
le Président Noursoultan Nazarbaïev afin d’entériner la fin des
négociations de l’Accord renforcé
de partenariat et de coopération
entre l’Union européenne (UE) et
le Kazakhstan.
Premier pays d’Asie centrale
à négocier ce type d’accord, le
Kazakhstan représente en effet
le principal partenaire du resserrement des liens entre l’UE
et l’Asie centrale. Soulignant la
portée politique de cet accord,
le Président Barroso a confirmé
qu’il « facilitera grandement les
relations politiques, économiques
et stratégiques ainsi que le flux
commercial, de services et d’investissements entre le Kazakhstan et
l’UE, et contribuera aux réformes
politiques, économiques et de l’État
de droit au Kazakhstan, ainsi qu’à
sa modernisation et prospérité ».
Entamées en 2011, les négociations de cet Accord renforcé
de partenariat et de coopération
ont été conclues en septembre
2014. Le texte de l’Accord traite
des relations politiques, économiques et commerciales entre
l’UE et le Kazakhstan, ainsi que
d’environ vingt-neuf secteurs-clés
de coopération, notamment dans
les domaines de l’énergie et du
transport, de l’environnement et
du changement climatique, de
l’emploi et des affaires sociales,
de l’éducation, la recherche et la
culture. Une fois ratifié et entré en
vigueur, cet accord de partenariat
renforcé remplacera l’Accord de
sur les valeurs de démocratie, de
respect des droits de l’homme et
des libertés fondamentales, ainsi
que sur leur mise en œuvre effective. L’accent est porté notamment
sur une coopération étroite entre
l’UE et le Kazakhstan dans le but
d’améliorer le fonctionnement
du système judiciaire et l’État de
droit ainsi que la compréhension
mutuelle et le rapprochement
de leurs politiques et de leurs
législations.
L’Accord envisage aussi la possibilité de négociations prochaines
sur un accord de facilitation des
visas pour les citoyens kazakhs-
Le Ministre kazakhstanais des Affaires
étrangères, M. Erlan Idrissov, et
M. David O’Sullivan, Directeur général
administratif du Service européen
d’Action extérieure (SEAE), lors de
la signature du document conjoint
sur l’achèvement des négociations
sur un accord de partenariat et de
coopération (APC) renforcé entre le
Kazakhstan et l’Union européenne,
en septembre 2014.
les domaines clés, ainsi qu’un
Comité de coopération parlementaire entre le Parlement européen
et le Majilis du Kazakhstan. Les
décisions prises par le Conseil de
coopération dans le but de réaliser
les objectifs de cet Accord auront
d’ailleurs une valeur juridique
contraignante, et un mécanisme
de règlement des différends est
prévu dans le texte.
L’Accord développera en outre
le dialogue existant entre l’UE et
le Kazakhstan sur le respect des
droits de l’homme, notamment à
travers un Dialogue annuel, des
rencontres bilatérales et des projets de coopération sur ce sujet.
Durant la dernière décennie, l’UE
est devenue le premier partenaire
commercial du Kazakhstan, avec un
montant d’échanges commerciaux
atteignant 31 milliards d’euros,
dont 24 milliards d’exportations
kazakhstanaises vers l’Europe,
essentiellement énergétiques,
et 7,5 milliards d’exportations
européennes vers le Kazakhstan,
essentiellement des produits
manufacturés et équipements.
L’Europe est également le premier
investisseur étranger, avec plus
de la moitié des investissements
directs étrangers (IDE) au Kazakhstan provenant de l’UE.
Ces relations devraient encore
progresser dans un avenir proche
avec l’adhésion du Kazakhstan à
l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur laquelle l’UE et
le Kazakhstan ont signé un accord
bilatéral à l`occasion de la visite
présidentielle le 8 octobre 2014,
ainsi que la mise en œuvre du
Chapitre commercial du nouvel
Accord, qui prévoit notamment
une consolidation du cadre légal
et juridique et d’un climat stable
d’investissements pour les opérateurs économiques. Le Chapitre
commercial renforcera considérablement la coopération dans
les secteurs du commerce des
services, de l’établissement et du
fonctionnement des entreprises,
des mouvements de capitaux, de
l’énergie et des matières premières,
des marchés publics et des droits
liés à la propriété intellectuelle.
De plus, l’Accord inclut vingt-neuf
chapitres de coopération dans les
domaines économiques, l’environnement et le développement
durable, la coopération technique
et financière, avec des dispositions
concrètes en faveur tant des
citoyens que des entreprises des
deux parties, notamment en termes
de protection des consommateurs,
d’opportunités d’investissements
et de coopération pour les petites
et moyennes entreprises (PME),
d’emploi et de protection sociale.
L’accord met également l’accent sur
la coopération dans les domaines
du transport et de l’énergie, en
particulier sur la promotion des
énergies renouvelables et les
programmes d’efficacité énergétique afin de contribuer à la fois
au maintien de prix abordables
de l’énergie et aux obligations
internationales de lutte contre le
changement climatique. Enfin,
l’Accord encourage la coopération et les échanges en matière
d’innovation, de recherche et
d’accès aux marchés respectifs
pour les nouvelles technologies.
Le Kazakhstan étant également
devenu en 2014 un pays partenaire
du Dialogue Asie-Europe (ASEM)
(Rencontre Europe-Asie), son rôle
stratégique d’intermédiaire et de
transit entre l’Asie et l’Europe devait
être renforcé. L’Accord renforcé de
partenariat et de coopération inclut
notamment des dispositions en
termes de dialogue politique à haut
niveau, de coopération régionale,
de lutte contre le terrorisme et les
trafics internationaux et de contribution à la stabilité, notamment du
continent eurasiatique. L’accord
promeut non seulement le renforcement des réseaux économiques
et d’entreprises, mais aussi un
dialogue étroit entre réseaux de la
société civile. Il est important pour
l’UE de démontrer symboliquement
à travers ce nouvel accord, que la
construction de relations stables et
solides entre l’Europe et les pays
membres de l’Union économique
eurasiatique qui le souhaiteraient,
est possible. L’UE cherche par
ce biais à renforcer les relations
constructives et pacifiques avec
ses régions voisines, comprises
dans un sens large.
25
Une diplomatie engagée sur la scène internationale
© Commission européenne
Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev participant à Milan, en octobre
2014, au 10ème sommet Asie/Europe (ASEM) aux côtés des dirigeants européens
et asiatiques.
Une candidature
à un siège de membre
non-permanent
du Conseil de sécurité
M
embre de l’Organisation des Nations unies (ONU) depuis le 2 mars 1992, le Kazakhstan a déposé en juin
2010 sa candidature en vue de siéger pour la première
fois de son histoire, en qualité de membre non-permanent, au sein du Conseil de sécurité des Nations
unies en 2017-2018. Une initiative qui traduit la volonté du
Président Noursoultan Nazarbaïev d’engager davantage la diplomatie kazakhstanaise face aux défis globaux auxquels se trouve confrontée l’humanité.
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
Pays stable, progressif et pacifique, de revenu
intermédiaire, chef de file reconnu en matière
de sécurité nucléaire et de non-prolifération,
ainsi que contributeur à la sécurité alimentaire
et énergétique mondiales, le Kazakhstan ne
manque pas d’arguments pour appuyer son initiative. Plus grand pays émergent sans littoral,
il peut également faire valoir sa compréhension
des problématiques spécifiques des pays enclavés, tout comme celles des petits pays insulaires menacés
par les effets du changement climatique.
Le Kazakhstan s’est en outre résolument impliqué dans sa
coopération avec l’ONU. Celle-ci a commencé ses opérations
dans le pays, début 1993, à la suite de l’accord signé le 5
octobre 1992 par le Président Nazarbaïev et le Secrétaire
général des Nations unies Boutros Boutros Ghali. Au cours des
années suivantes, les diverses agences du système onusien
ont apporté leur soutien au développement économique,
social et culturel du pays, et en particulier à l’élaboration de la
Stratégie Kazakhstan 2030.
De son côté, le Kazakhstan participe activement aux travaux
des institutions onusiennes. Également candidat à la présidence
de la 71ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, il est
actuellement membre du Conseil économique et social, de la
Commission de la lutte contre le narcotrafic, du Comité de coordination de l’UNAIDS et du Comité sur le patrimoine mondial
de l’UNESCO. Alors que M. Kassym-Jomart Tokayev, Président
du Sénat kazakhstanais, a été le premier ressortissant asiatique
à avoir dirigé l’Office des Nations unies à Genève, S.E.Mme
Byrganym Aitimova, Ambassadeur, Représentant permanent du
Kazakhstan auprès des Nations unies à New York entre 20072013, a exercé la Présidence de l’Association internationale des
Représentants permanents aux Nations unies.
Au plan des opérations de maintien de la paix, le Kazakhstan
cherche aujourd’hui à renforcer de manière significative sa contribution aux efforts du Département des opérations de la paix de
l’ONU. Le bataillon « KAZBAT » a ainsi participé à des opérations
de déminage en Irak. Des officiers kazakhstanais participent
comme observateurs militaires dans un certain nombre de missions de maintien de la paix des Nations unies. Le Kazakhstan
propose d’ailleurs de faire d’Almaty, son ancienne capitale, un hub
régional des Nations unies pour l’action humanitaire, et la lutte
contre les catastrophes naturelles.
26
OTTAWA
WASHINGTON D.C.
MEXICO
BRASILIA
Une diplomatie engagée sur la scène internationale
Le Kazakhstan : un réseau diplomatique
de 143 ambassades à travers le monde
BRUXELLES OSLO
LA HAYE
BERLIN
LONDRES
LISBONNE
VILNIUS
VARSOVIE
MOSCOU
MINSK
OULAN-BATOR
KIEV
PRAGUE
BUDAPEST
BUCAREST
ZAGREB
BICHKEK
TBILISSI
TACHKENT
EREVAN
DOUCHANBÉ
A
CHKHABAD
ANKARA
ATHÈNES
TÉHÉRAN
BAKOU
ISLAMABAD
TEL-AVIV
AMMAN
LE CAIRE
KOWEIT
DOHA
MASCATE
RIYAD
ABU DHABI
KAZAKHSTAN
VIENNE ROME
PÉKIN
TOKYO
SÉOUL
HANOÏ
BANGKOK
ADDIS-ABEDA
KUALA LUMPUR
SINGAPOUR
DJAKARTA
JOHANNESBURG
Ambassades de la République du Kazakhstan
Ambassades de la République du Kazakhstan
dont l’ouverture est annoncée
Vlady France Conseil
PARIS
BERNE
MADRID
HELSINKI
27
Astana Expo-2017 : un terrain
pour la réalisation d’innovations
Par M. Talgat YERMEGIYAEV,
Président du Conseil de JSC compagnie nationale
Astana Expo - 2017
A
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
l’issue du vote secret lors
de la 152ème Assemblée
générale du Bureau
International des Expositions, Astana a été
choisie, le 22 novembre 2012, pour
organiser l’Exposition internationale
Expo-2017. La capitale kazakhstanaise
avait alors largement dépassé la ville
belge de Liège.
Au cours de ces deux dernières
années, nous avons beaucoup
œuvré pour l’organisation de cet
évènement. Le dossier d’enregistrement de notre projet d’exposition
a ainsi été approuvé. Nous avons
également adopté la loi sur l’organisation de l’Expo-2017, choisi le
logo de l’évènement, désigné le
vainqueur du concours international
des architectes pour le meilleur
projet de pavillon et commencé les
travaux de construction.
Afin d’accueillir le plus grand
nombre de touristes, nous sommes
en train de moderniser les infrastructures d’Astana. Nous envisageons
la participation de plus de 100 pays
et de dix entreprises leaders des
technologies innovantes. D’une
manière générale, nous estimons
que plus de 5 millions de visiteurs
devraient faire le déplacement, dont
15% d’étrangers.
L’« Énergie du futur », fil conducteur de
l’organisation de l’Expo-2017
L’Expo-2017 a été reconnue
officiellement le 11 juin 2014 à
l’occasion de la 155ème Assemblée
générale du BIE. Ce jour-là, le
Kazakhstan a reçu le drapeau du
BIE, ouvrant la voie au lancement
des travaux de grande envergure en
vue d’attirer les participants étrangers et de mener une campagne
28
promotionnelle de l’Expo-2017 au
niveau international.
Le Kazakhstan a proposé comme
thème de l’Expo-2017 à Astana
l’« Énergie du futur ». À travers
lui, nous aspirons à rechercher les
moyens d’un changement qualitatif
dans le secteur de l’énergie, et, avant
tout, à promouvoir le développement
de sources d’énergie alternatives
et de nouveaux moyens de trans-
port. Nous avons choisi ce thème,
parce que bien qu’il soit détenteur
de ressources considérables en
matière de combustibles fossiles, le
Kazakhstan est déterminé à utiliser
des sources alternatives d’énergie
et a mis le cap vers la création d’une
économie « verte ». Nous pensons
que l’Expo-2017 fera émerger une
nouvelle dynamique pour l’élaboration
et l’utilisation des sources d’énergie
alternatives, en offrant la possibilité
de présenter les meilleures technologies du monde et contribuera
à la promotion de programmes sur
l’efficacité énergétique.
Les technologies vertes au cœur du site
de l’Expo-2017
Le Président du Kazakhstan,
M. Noursoultan Nazarbaïev, a inauguré le lancement des travaux de
construction du village de l’Expo-2017,
en prenant part le 24 avril 2014 à la
cérémonie de pose de la première
pierre du chantier de l’exposition.
Le concours international des
architectes pour la meilleure idée de
l’Expo-2017 a été remporté par la société
américaine « Adrian Smith+Gordon
Gill Architecture LLP ». Nous pensons
que cette entreprise a non seulement
l’expérience dans le domaine de la
construction, mais aussi dans celui
de l’économie « verte ».
Selon le plan approuvé, les 38
chantiers de l’Expo-2017 devront être
mis en exploitation en décembre 2016.
La surface totale de la Cité « Astana
Expo-2017 » s’élève à 174 hectares
où seront installés des édifices de
plus d’un million de mètres carrés.
Dans la zone d’exposition seront
regroupés le pavillon du Kazakhstan,
les pavillons internationaux, thématiques et d’entreprises, ainsi que
des centres commerciaux.
En dehors de cette zone, il est
envisagé de construire un centre de
conférences, un centre de presse,
une « ville » couverte, ainsi que des
immeubles d’habitation et d’hôtels.
Le bâtiment principal de l’EXPO –
le pavillon national – épousera les
formes d’une sphère, l’une des plus
grandes au monde. Il sera conçu
avec les technologies « vertes » les
plus modernes. Des verres solides
de haute technologie seront utilisés
de double couche qui permettront
d’isoler le bâtiment de la température
extérieure et du bruit.
En octobre 2014, le Secrétaire
général du BIE, M. Viscente Loscertales, s’est rendu en visite à
Astana. Lors de sa rencontre avec
le Président Nazarbaïev, il a évoqué
le bon déroulement des travaux
du site de l’Expo-2017, grâce à son
envergure nationale et au soutien
permanent dont il bénéficie au plus
haut niveau de l’État kazakhstanais.
« La construction se déroule rapidement, a-t-il affirmé, on est même
en avance sur le planning établi. Je
tiens à souligner qu’au cours de mes
25 années de carrière, je n’ai jamais
vu une construction d’un rythme
aussi élevé et d’un niveau tout à fait
convenable. Je suis convaincu que
l’Expo-2017 qui arrive sera organisée
avec succès. »
Des infrastructures de transport et
touristiques modernisées
Astana s’apprête à accueillir des
touristes de tous les coins du monde
qui viendront pour visiter l’Exposition
internationale. La compagnie nationale
« Astana Expo-2017 » et la Mairie
d’Astana accordent une attention
particulière à cet aspect. Dans la
capitale, les travaux de construction
de la nouvelle gare visent à porter
ses capacités de traitement à 35 000
passagers. En ce qui concerne les
autres chantiers, il est prévu de
moderniser l’aéroport, de construire
deux nouvelles gares routières, ainsi
que des voies dédiées au transport
public – BRT (Bus Rapid Transit). Les
autorités de la capitale espèrent que
cela permettra de transporter un
nombre considérable de passagers
et d’améliorer l’organisation du trafic
en général.
Nous menons activement les travaux qui permettront à de nouveaux
hôtels et des restaurants de voir le
jour, ainsi que toute une infrastructure pertinente pour les loisirs et
l’accueil des touristes. Afin d’alléger
l’occupation des hôtels d’Astana
pendant la période de l’organisation
de l’Expo-2017, nous envisageons de
créer aux alentours de la capitale
des éco- et ethno-villages, à l’instar
des villages olympiques. En outre,
nous allons installer une centrale
solaire à Astana d’une puissance
de 50 MW. Ce projet sera réalisé
grâce aux investissements privés.
Les organisateurs de l’Expo-2017
ont l’intention, dans le cadre du
déroulement de l’exposition, de
renforcer le développement du
potentiel touristique du Kazakhstan.
Pour cela, nous étudions l’implica-
tion des grands opérateurs touristiques kazakhstanais et étrangers.
Nous allons faire en sorte que les
touristes obtiennent le plus grand
choix de biens et de services. Nous
évoquons notamment la possibilité
d’organiser des visites guidées vers
les destinations populaires de notre
pays, comme le cosmodrome de
Baïkonour, Burabaï, Chymboulak,
Almaty, ainsi que les sites de la
Route de la Soie. Toute l’information
concernant ces nouvelles offres sera
disponible sur notre site internet.
En même temps, les tarifs seront
spécialement réduits pour les visiteurs de l’exposition.
La compagnie nationale « Astana
Expo-2017 » a organisé, en octobre
2014, un concours du « Meilleur itinéraire touristique dans la capitale »
pour les entreprises de ce secteur du
Kazakhstan. Son but a été de définir
le meilleur itinéraire touristique à
Astana qui corresponde à tous les
critères de qualité et de prix.
La compagnie nationale « Astana
Expo-2017 » s’efforce de prendre
en considération tous les aspects
de cet ambitieux projet et de bien
préparer l’organisation de cette
Exposition internationale spécialisée dans notre capitale, que nous
aspirons à rendre, pour l’occasion,
plus confortable et plus attractive
pour les touristes.
29
Une diplomatie engagée sur la scène internationale
© Expo-Astana-2017
Vue d’artiste du futur pavillon du Kazakhstan lors de l’Exposition internationale
qu’Astana accueillera en 2017.
L’Énergie du futur »
au cœur de l’Astana Expo-2017
«
Par M. Vicente Gonzalez LOSCERTALES,
Secrétaire Général du Bureau International des Expositions (BIE)
A
tifs. Aujourd’hui, 168 pays ont
ratifié la Convention de 1928.
Le nombre de villes candidates
à l’organisation des expositions
est en augmentation constante
et leur profil culturel se diversifie.
Par ailleurs, les Expos constituent
aujourd’hui l’événement le plus
visité au monde. Les expositions
offrent une excellente plate-forme
pour les villes et les nations, et du
point de vue du contenu, satisfont
et dépassent leurs objectifs de
branding et de communication.
Depuis que le Kazakhst an
est devenu membre du BIE en
1997, il a été un participant et
un contributeur actif aux activités de l’Organisation. En 2017,
Astana, la nouvelle capitale du
Kazakhstan, sera l’hôte d’une
exposition internationale sur
le thème vital de l’Énergie du
futur. L’Expo Astana 2017 sera
une nouvelle porte d’entrée pour
cette région géographique en ce
qui concerne l’organisation de ce
type événements. De même, elle
fournira le cadre nécessaire aux
acteurs mondiaux pour catalyser
leurs vues et leurs énergies sur
des questions fondamentales qui
touchent à la pauvreté, au réchauffement planétaire, au changement
climatique, au développement
économique, à la politique ou
encore à l’innovation.
Producteur important de combustibles fossiles, le Kazakhstan
s’est fixé l’objectif ambitieux de
satisfaire la moitié des besoins
énergétiques du pays à partir de
Sélectionnée à l’issue du vote des
membres du Bureau International des
Expositions (BIE), le 22 novembre 2012,
la capitale du Kazakhstan, Astana,
sera la ville hôte de l’Exposition
internationale de 2017 consacrée à
l’Énergie du Futur. Plus de 100 pays
et organisations internationales et
jusqu’à 5 millions de visiteurs sont
attendus lors de cet événement
inédit en Asie centrale.
© Ambassade du Kazakhstan
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
près plus de cent
cinquante ans d’une
longue histoire, les
expositions universelles continuent
de jouir d’une vitalité considérable tout en atteignant de façon
satisfaisante leur but principal
qu’est l’enseignement du public
et l’inventaire des moyens dont
dispose l’homme pour satisfaire
les besoins de notre civilisation.
Grâce aux thèmes abordés, les
Expos mettent en avant les progrès
réalisés et les perspectives pour
l’avenir. Même si l’accent et les
types d’expositions ont changé
au cours de ses 83 ans d’histoire,
le BIE reste le garant de leur
intégrité, de leur qualité et de
l’application de la Convention de
1928 concernant les expositions
internationales.
L’intérêt croissant pour les
expositions se reflète dans des
aspects quantitatifs et qualita-
30
sources alternatives et durables
d’ici 2050. Il vise à développer
une économie verte et à devenir un centre d’innovation et de
recherche sur les énergies. Cette
stratégie met en évidence la
volonté du Kazakhst an de se
positionner comme un chef de
file de la croissance verte entre
l’Europe et l’Asie, et comme un
pays d’engagement solide pour la
promotion des sources d’énergie
verte et de la transition vers un
modèle de développement économique durable.
Conscient que les réformes
nécessaires pour encourager
une économie verte et traiter
les questions environnementales
transnationales se situent au-delà
de la capacité individuelle de chaque
pays, le Kazakhstan a lancé à cette
fin plusieurs grands projets pour
stimuler la coopération mondiale.
L’Astana Expo-2017 représente
une de ces importantes initiatives
qui favorisent les questions de
développement durable grâce à
la coopération internationale et
au dialogue.
Plus de 100 pays et organisations
internationales et jusqu’à 5 millions
de visites sont attendus à l’Astana
Expo-2017. Le pays hôte, les pays
participants, les entreprises, les
régions et la société civile s’y
réuniront pour orchestrer avec le
public un échange éducatif mondial
et promouvoir le développement
de plates-formes d’innovation et
de progrès social.
En sélectionnant l’Énergie du
futur, Astana Expo-2017 continue
la longue lignée des expositions
qui placent l’environnement, la
diversité et la durabilité au cœur
de ces événements. Suite à la
Conférence Rio + 20 des Nations
unies sur le développement durable,
l’Ast ana Expo-2017 apportera
une contribution essentielle à
l’éducation du public sur les défis
liés à l’énergie, tout en trouvant
des solutions communes pour la
préservation d’un environnement
sain et pour la prospérité économique. L’Astana Expo-2017 ne sera
pas uniquement une occasion de
sensibiliser les citoyens du monde
aux problèmes liés à l’énergie,
mais sera également l’occasion
de rassembler et lier les politiques
et les actions des gouvernements,
des organisations internationales
et de la société civile pour une
plus grande mobilisation, un plus
grand engagement et un leadership
politique plus important.
Conçue dans le cadre du développement d’un futur parc scientifique, l’Astana Expo-2017 transformera le site dans l’expression
élaborée du thème de l’exposition
à travers l’utilisation de sources
d’énergie efficaces et renouvelables
et de méthodes respectueuses
de l’environnement. Alors que
l’héritage physique de l’exposition
sera visible sur place, l’héritage
immatériel sera réalisé à travers
le Manifeste des valeurs et des
principes de l’Astana Expo-2017. Ce
manifeste représentera la vision
de l’exposition et l’aboutissement
des conclusions et du consensus
atteints pendant les forums et les
colloques organisés au cours de
la préparation et du déroulement
de l’exposition.
Le thème de l’Astana Expo2017 représente, à la lumière du
climat international actuel, une
véritable opportunité de renforcer
le rôle essentiel des expositions
en tant que promoteurs clés de
la coopération et de la compréhension internationale, laissant
un important héritage matériel,
mais aussi culturel et politique.
Les expositions peuvent être
placées avec succès au service de
l’humanité et d’un « monde plus
harmonieux », si nous pouvons
continuer à travailler sur leur rôle
de références crédibles pour le
dialogue international et de lieux
où la multiplicité des cultures
locales et mondiales peuvent
effectivement avoir une véritable
voix.
31
Une diplomatie engagée sur la scène internationale
© Ambassade du Kazakhstan
Le Secrétaire Général du Bureau International des Expositions, M. Vincente
Gonzalez Loscertales, reçu le 21 octobre 2014 au Palais Akorda par le Président
kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev.
© Total
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
M
oteur économique de l’Asie centrale,
le Kazakhstan affiche un PIB d’environ
230 milliards de dollars ou 13 600
dollars par habitant début 2015.
Rien qu’entre 1997 et 2007 son
PIB a été multiplié par 3,5%. Une
progression qui ne peut encore que
s’accélérer au regard de son énorme potentiel de croissance.
Lancée en septembre 2013, la production du champ de
Kashagan, l’une des plus grandes découvertes de l’histoire
pétrolière mondiale, a dû être interrompue près d’un mois
seulement plus tard, pour cause de défaillance technique.
Un grain de sable au regard du volume colossal d’or noir
qu’abrite ce gisement : ses réserves prouvées atteindraient
1,5 milliard de tonnes, ce qui permettrait de produire 75
millions de tonnes par an de brut, soit 1,7 million de baril par
jour. Toutefois, les difficultés des conditions d’extraction en
font aussi l’un des projets les plus coûteux du secteur. Pour
autant, Kashagan ne représente pas à lui seul le secteur
pétrolier kazakhstanais. Dans la mer Caspienne, Tenguiz
contiendrait 800 millions de tonnes de pétrole, tandis que
Karatchaganak compterait 1,2 milliard de tonnes de pétrole
et 1,35 milliard de m3 de gaz.
À ces ressources en hydrocarbures, s’ajoutent son vaste
potentiel minier, soit 95% des éléments de la classification
de Mendeleïv. Avec 19 451 tonnes en 2011, il a rejoint le
premier rang des producteurs mondiaux d’uranium, tandis
qu’il figure parmi les dix premiers producteurs mondiaux
de zinc, de titane, de manganèse, de ferrochromes ou de
charbon.
32
Le gisement pétrolier géant de Kashagan en mer Caspienne.
Si cet arsenal de matières premières lui a permis de
cumuler 28 milliards de réserves de change (données
de la Banque centrale du Kazakhstan pour 2014), le
Président Noursoultan Nazarbaïev ne compte pas s’en
tenir à la gestion d’une rente. Aussi, dans sa Stratégie
2050 annoncée fin 2012, il a fixé pour objectif de hisser
le pays parmi les 30 premières économies du monde.
Pour y parvenir, le Kazakhstan a adopté de nombreuses
Le Président Noursoultan
Nazarbaïev ne compte
pas s’en tenir à la gestion
d’une rente .
réformes notamment du cadre des investissements,
comme l’exemption de taxe sur les revenus des sociétés
et de taxe foncière pendant 10 ans ou la mise en place
d’un guichet unique (le Comité d’investissement du
Ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies).
En juin 2014, le Président kazakhstanais a également
annoncé une mesure exceptionnelle : l’exemption de visas
kazakhstanais pour les 10 premiers pays investisseurs
Une puissance économique en devenir
puissance
économique
en devenir
Une
Premier producteur mondial d’uranium, le Kazakhstan
détient les 9ème réserves de pétrole de la planète et d’immenses
autres ressources en minerais. Si la richesse de son sous-sol
lui a permis d’enregistrer une croissance moyenne de 7% par
an au cours de la dernière décennie, il cherche désormais
à accélérer la montée en puissance d’une industrie à haute
valeur ajoutée et diversifiée.
Flux d’investissements
directs étrangers
(en milliards de dollars)
15
12
9
6
3
0
2009
2010
2011
2012
2013
au Kazakhstan, parmi lesquels
figure la France (projet pilote qui
sera testé jusqu’en juin 2015).
À la source de cet appel
aux investisseurs étrangers, la
volonté de diversifier l’économie
kazakhstanaise. Les secteurs
prioritaires sont définis au sein
du second plan quinquennal
d’industrialisation qui a débuté le
1er janvier 2015. Parmi ceux-ci, les
énergies renouvelables occupent une place de choix
avec la perspective de l’Expo 2017. Dans ce domaine,
le Kazakhstan peut également se prévaloir d’un atout
majeur : de considérables ressources en métaux rares,
indispensables pour la conception des unités de production d’énergie renouvelable comme les éoliennes
ou les panneaux photovoltaïques.
Face à la fragilité de la conjoncture internationale, avec
la chute des cours du pétrole et l’accentuation des tensions géopolitiques, le Président Noursoultan Nazarbaïev
a également annoncé, dans un discours à la Nation délivré
en octobre 2014, un grand programme d’investissements
dans le secteur des infrastructures d’un montant de 33
milliards de dollars, essentiellement financé par le secteur privé. « Nous devons agir » a-t-il insisté à plusieurs
reprises. Cette nouvelle politique économique baptisée
« Nourly Jol » - La Voie vers l’avenir - prouve encore à quel
point le Kazakhstan demeure résolument proactif dans
la gestion de son ascension économique.
33
énergies renouvelables
au cœur de la politique énergétique
kazakhstanaise
Les
Entretien avec M. Vladimir SHKOLNIK,
Ministre de l’Énergie du Kazakhstan
Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : L’énergie constitue l’un des
éléments concourant à une ville durable,
thème choisi pour l’exposition internationale qui se tiendra à Astana en 2017.
S’il possède des ressources d’origine
fossile, le Kazakhstan développe également des ambitions fortes en matière
d’énergies alternatives. Quels dispositifs
et quelles incitations sont-ils prévus
pour favoriser cet objectif ?
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
M. Vladimir Shkolnik : En dépit de
ses ressources fossiles traditionnelles, le Kazakhstan a besoin de
développer des technologies dites
« propres » pour réduire les rejets
de gaz à effet de serre et d’autres
sources de pollution.
L’émergence de sources d’énergies
renouvelables constitue depuis ces
dernières années l’un des vecteurs
phares du développement énergétique
de notre pays où elles représentent,
selon les experts, un potentiel assez
important.
Pour vous en donner une idée,
la puissance potentielle de l’éolien
s’élève à 920 milliards kW/heure,
celle des centrales hydrauliques à
62 milliards kW/heure et celle des
centrales solaires dans les régions
du sud du pays pourrait atteindre
2 500 à 3 000 heures solaires par an.
Je souhaiterais par ailleurs attirer votre attention sur l’événement
majeur que nous sommes en train
d’organiser sur le thème « Énergie
du futur », l’Astana Expo 2017. Celui-ci
met en lumière une fois encore notre
orientation vers le développement des
sources d’énergies renouvelables. Le
Ministère kazakhstanais de l’Énergie,
avec les autres organismes publics
et compagnies nationales, se prépare activement pour la tenue de
34
l’exposition internationale spécialisée
Expo-2017.
La mise en œuvre des technologies liées aux sources d’énergies
renouvelables dans les entreprises
kazakhstanaises contribuera ainsi à
optimiser le développement de la
production d’énergie électrique et
thermique.
K-F.P.S. : Au cours des années à venir,
quelle est votre perception du principal défi que doit relever votre pays en
matière d’énergie ?
V.S. : Le gouvernement kazakhstanais
a adopté le Concept de développement du secteur énergétique et
thermique à l’horizon 2030, qui définit
un modèle de marché de l’électricité
garantissant des tarifs cohérents et
transparents pour l’énergie électrique
à long terme et l’amélioration de
l’attractivité du cadre des affaires dans
ce secteur pour les investisseurs. Il
convient également de noter que le
résultat de ce travail est l’établissement de l’équilibre énergétique du
pays jusqu’en 2030, qui permet de
définir le lieu, le volume et l’année
d’un éventuel déficit dans le système énergétique du Kazakhstan. Ce
dispositif nous permet de réagir et
d’anticiper afin d’assurer le maintien
permanent des livraisons d’énergie
aux consommateurs.
Conformément à ce Concept,
le développement durable de cette
industrie sera assuré par le perfectionnement du marché de l’électricité.
En vue du développement industriel du Kazakhstan, nous continuons
à réaliser des projets, comme la
construction d’une centrale électro-thermique à Balkhach, la mise
en œuvre du 3ème bloc énergétique
de la 2ème centrale hydro-électrique
d’Ekibastuz, la modernisation d’une
centrale hydro-électrique à Shardara,
la construction de la sous-station
d’Alma comprenant un rattachement
au système énergétique national,
celle du réseau de transit Nord-Sud
à travers l’Est et, plus largement, la
modernisation continue du réseau
électrique national.
Pour favoriser les énergies renouvelables au Kazakhstan, nous avons
étudié les meilleures pratiques mondiales et adopté une loi qui soutient
leur utilisation.
La nouvelle législation vise en outre
à soutenir tant les investisseurs que
les consommateurs ordinaires.
Nous avons également approuvé
des objectifs et des mesures concrets
pour favoriser l’essor de ces nouvelles
sources d’énergie.
Le Chef de l’État dans la « Stratégie 2050 » a posé comme objectif
pour le développement des sources
d’énergies alternatives et renouvelables
qu’elles représentent la moitié de la
consommation énergétique totale
à l’horizon 2050.
Le Concept de la transition énergétique du Kazakhstan prévoit des
mesures concrètes pour réaliser cet
objectif.
Il s’agit d’atteindre 3% d’énergie
électrique produite à partir de sources
d’énergies renouvelables en 2020
et 10% en 2030. À cet égard, les
prévisions tablent sur une puissance
en 2030 de 4,6 GW pour l’énergie
éolienne et 0,5 GW pour les centrales solaires.
Pour atteindre ces objectifs, il
faudra réaliser un certain nombre
de projets qui ont été proposés dans
le cadre du Plan de développement
des sources d’énergies alternatives
K-F.P.S. : Deux ans avant l’Expo 2017, comment votre pays se prépare-t-il à constituer
une vitrine des éco-technologies et, plus
largement, des solutions énergétiques
visant à protéger l’environnement ?
V.S. : Le problème majeur auquel se
trouve confrontée la société moderne
de nos jours, est le changement climatique et l’aggravation des problèmes
environnementaux en raison de l’utilisation de sources d’énergies dites
« sales ». Dans le même temps, le
système énergétique actuel éprouve
une pression colossale résultant d’un
besoin croissant en énergie dans le
monde entier. Cette situation continue
de se détériorer en raison de l’accès
limité des pays en voie de développement aux sources énergétiques.
L’exposition internationale spécialisée Astana Expo-2017 aborde deux
enjeux importants de l’humanité :
la stabilisation du climat et l’accès
à l’énergie propre.
Le sujet de l’exposition, « Énergie
du futur », représente un riche potentiel
pour l’innovation. Cette exposition
pourrait démontrer au monde entier
le volume des études scientifiques
sans précédent. Cela concerne les
inventions énergétiques et ce que
l’on appelle les « produits verts ».
Le thème « Énergie du futur » est
divisé en trois parties : 1) réduction
des rejets de gaz carbonique ; 2) efficacité énergétique ; 3) accessibilité
d’énergie pour tous.
Astana Expo-2017 prévoit d’aborder
à travers ces thèmes la nécessité de
réduire les rejets de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère pour adoucir les
conséquences du changement climatique
et représenter de nouvelles sources
d’énergie, ainsi que les technologies
« à bas carbone ».
L’exposition aura quatre pavillons
thématiques, dont la surface globale
s’élève à 17 000 m2 : « Monde d’énergie », « Énergie pour la vie », « Énergie
pour tous » et « Mon énergie du futur ».
K-F.P.S. : Quels sont les principaux acteurs
de la coopération avec la France dans
ce domaine ?
V.S. : Un des investisseurs potentiels
français intéressés est la compagnie
Urbasolar qui envisage la réalisation
d’un projet dans la région du Sud
du Kazakhstan concernant l’installation de panneaux photovoltaïques
(12 MW) de la JV Katko produits par
l’usine Astana Solar.
Une autre société française Fonroche
(représentée au Kazakhstan par la SARL
Aquila Solar) travail quant à elle sur le
projet de construction d’une centrale
solaire dans la région de Jambyl avec
une puissance de 24 MW.
Par ailleurs, la compagnie nationale
KazAtomProm, en coopération avec le
Commissariat à l’énergie atomique et
aux énergies alternatives de la France
Dans le cadre de la Stratégie 2050
et de la préparation de l’Exposition
internationale qui aura lieu à Astana
en 2017, le Kazakhstan veut accélérer
le développement de son secteur
des énergies renouvelables.
(CEA) met actuellement en place le projet
« KazPV » pour la production de modules
photovoltaïques conçus à partir de silicium kazakhstanais. Ce projet fait partie
des accords stratégiques conclus entre
les deux pays lors de la visite officielle
du Président Noursoultan Nazarbaïev
en France, en octobre 2010. Le projet
comprend également la construction
d’une usine d’assemblage de panneaux
photovoltaïques près d’Astana. Cette
usine a été inaugurée le 25 décembre
2012 par le Chef de l’État. La puissance
envisagée (50 MW) prévoit une possibilité d’extension de la production des
éléments photovoltaïques jusqu’à une
puissance de 100 MW.
K-F.P.S. : Pouvez-vous évoquer pour nous
les projets kazakhstanais en matière
d’énergie nucléaire et les opportunités de
coopération qu’ils pourraient ouvrir avec
des sociétés françaises telles Areva?
V.S. : Le Kazakhstan aspire au développement continu de l’énergie
nucléaire. Nous menons actuellement
des discussions sur le futur emplacement d’une centrale nucléaire et
sur sa puissance.
Notre pays étudie les offres des
meilleures entreprises internationales
en matière de planification, de construction et d’exploitation de centrales nucléaires. La société française Areva a,
par exemple, présenté son réacteur
ATMEA, conçu en coopération avec
la société japonaise Mitsubishi Heavy
Industries.
35
Une puissance économique en devenir
© Ambassade du Kazakhstan
et renouvelables au Kazakhstan pour
la période 2013-2020.
Selon ce plan actualisé, nous
allons mettre en place d’ici 2020
près de 106 unités des sources
d’énergies renouvelables, dont la
puissance totale s’élèvera à 3054,55
MW, répartie comme suit :
- 34 unités éoliennes représentant
une capacité de 1787 MW ;
- 41 centrales hydro-électriques
(539 MW) ;
- 28 centrales solaires (713,5 MW) ;
- 3 centrales bioélectriques (15,05
MW).
Comme vous pouvez le constater,
le Kazakhstan mène activement une
politique en faveur du développement
des sources d’énergies renouvelables
qui correspond aux défis globaux et
aux intérêts stratégiques du Kazakhstan à long terme. La mise en place
de ces mesures placera notre pays
en tête des pays les plus avancés en
matière d’énergies renouvelables et
contribuera à la transition vers une
« économie verte ».
Katco : symbole de la réussite
du partenariat industriel
franco-kazakhstanais
Entretien avec M. Gérard FRIES,
Directeur général de Katco
Créée en 1996, la société minière Katco est parvenue en à peine une quinzaine d’années
à se hisser dans le peloton de tête des plus grandes mines d’uranium au monde. Cette
réussite est le fruit d’un partenariat hors norme entre deux géants du nucléaire, le leader
mondial du secteur Areva et l’opérateur national kazakhstanais et premier producteur
mondial d’uranium, KazAtomProm.
© Areva
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
K-F.P.S. : Après ce démarrage réussi,
comment Katco est-il devenu l’un des
plus importants sites de production
d’uranium au monde ?
Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Alors que l’entreprise conjointe
Katco est aujourd’hui une réussite,
pourriez-vous revenir sur le contexte
de sa création ?
M. Gérard Fries : Quand Areva, alors
connu sous le nom de Cogema,
prend la décision à la fin des années
quatre-vingt-dix de démarrer ses
activités au Kazakhstan, c’est à
la recherche d’un autre métal,
l’or, que le groupe se lance. Mais
rapidement, la décision est prise
de se concentrer en priorité sur
l’uranium, dont le potentiel local
est déjà connu grâce à l’important
travail de recherche réalisé par les
compagnies d’exploration locales
depuis les années soixante-dix. Le
pari est cependant risqué, car le
cours de l’uranium stagne depuis
plusieurs années aux alentours de
10 $ la livre, soit quatre fois moins
36
L’usine de traitement de l’entreprise
kazakhstano-française Katco, à Tortkuduk Sud.
qu’aujourd’hui. Nos équipes y croient
malgré tout, et avec le soutien des
autorités nationales, la co-entreprise
Katco, alliance de KazAtomProm
(49%) et Cogema (51%), voit le jour.
En quelques années, ce choix
audacieux se révèle payant. La solidité
du projet développé sur les permis
octroyés dans le sud du pays a rapidement convaincu les actionnaires
de démarrer une usine pilote en
2001. L’essor de la société dans les
années qui suivent a coïncidé avec
l’envol des cours de l’uranium, qui
ont atteint des sommets en 2007, au
moment même où Katco atteignait
son premier objectif de production
fixé à 1500 tonnes d’uranium par
an. L’aventure était lancée, les
installations fonctionnaient et le
potentiel de développement était
très important.
G.F. : Le changement de catégorie
s’opère à partir de 2007. De nouvel
exploitant à taille réduite, notre
société investit massivement et
devient, dès 2009 et avec une
production annuelle légèrement
supérieure à 3000 tonnes, le site
de production d’uranium le plus
important au monde utilisant la
méthode d’extraction dite In Situ
Recovery (ISR). Ce développement
hors-norme est à mettre au crédit de
la clairvoyance de nos actionnaires,
Areva et KazAtomProm qui, face au
succès des premières années de
développement, ont rapidement
validé un schéma de croissance de
notre production jusqu’à un pallier
de 4 000 tonnes d’uranium par an
à l’horizon 2013. Mais pour passer
d’environ 1 500 tonnes en 2007 à
près du triple six ans plus tard, la
marche était haute ! Nous avons
donc lancé un projet dédié, intitulé
« Katco 4000 », dont l’ambition
était de fournir à notre entreprise
les moyens d’atteindre un niveau
de production jusque-là inégalé
dans le monde de l’ISR. Plusieurs
centaines de millions d’euros ont
ainsi été investis sur nos sites pour
décupler notre capacité de production. Avec 4005 tonnes extraites
en 2013, soit 6 % de la production
mondiale d’uranium, et l’ambition
Une puissance économique en devenir
acteur du cycle de production
d’énergie nucléaire »
« Un
Entretien avec M. Nurlan KAPPAROV,
Ancien Ministre, Président de la compagnie nationale KazAtomProm
M. Nurlan Kapparov : Le potentiel de
développement de l’énergie nucléaire
est relativement important. Selon
l’Agence internationale de l’Énergie
(AIE), la part de l’énergie nucléaire dans
la production mondiale d’électricité,
actuellement de 14%, est appelée à
doubler. Les principales zones de croissance de ce secteur viennent de l’Asie,
en particulier de la Chine qui prévoit
de mettre en service une centaine de
centrales nucléaires d’ici 2025, contre
21 aujourd’hui. Les autres grands pays
producteurs sont notamment l’Inde
et la Russie. Le Kazakhstan est donc
assez optimiste quant aux perspectives
de la demande d’uranium.
aspire à maîtriser l’ensemble des étapes
du cycle du combustible nucléaire. Quelle
est votre perception de la coopération
initiée avec le groupe français Areva ?
N.K. : Au milieu des années 1990,
Areva a établi une co-entreprise
avec le Kazakhstan et a beaucoup
investi pour y développer ses activités. Aujourd’hui, KazAtomProm
et Areva extraient ensemble de
l’uranium et notre coopération se
poursuit avec succès. Elle demeure
toutefois insuffisamment exploitée
au regard de son potentiel. La
prochaine étape de ce partenariat
concerne en effet l’assemblage de
combustible nucléaire, sujet sur
lequel nous travaillons depuis ces
sept dernières années.
K-F.P.S. : Quel rôle le groupe KazAtomProm envisage de jouer dans le cadre de
l’Exposition internationale consacrée
à l’« Énergie du futur » ?
K-F.P.S. : Au-delà de l’extraction et de
l’exportation d’uranium, KazAtomProm
N.K. : Par définition, le thème
choisi pour l’Expo 2017 concerne
de répéter jusqu’en 2039 ce niveau
de production record dans le monde
de l’ISR, Katco est durablement
ancré dans la catégorie des grands
producteurs d’uranium.
de construction d’infrastructures,
plus de 450 millions d’euros ont été
investis localement depuis 2002 et
les retombées économiques directes
issues de notre exploitation (droits
de douane, impôts, dividendes) sont
de l’ordre de 100 millions d’euros
par an pour le Kazakhstan. Katco
finance par ailleurs chaque année
des projets sociétaux en faveur des
populations locales à hauteur de 1,5
million d’euros. Autant de bénéfices
directement issus de la réussite
de ce partenariat gagnant-gagnant
franco-kazakhstanais dont l’histoire
et le développement ne font que
commencer.
K-F.P.S. : Comment décririez-vous le rôle
économique de Katco dans sa région
d’implantation et au Kazakhstan de
manière générale ?
G.F. : Katco est un acteur majeur de
l’économie locale et compte plus
de 1200 salariés directs, dont plus
de 98% sont kazakhstanais, et des
centaines de travailleurs sous-traitants
associés à son activité. En termes
les énergies dites « propres »
compte tenu du défi posé par le
changement climatique. Cela inclut
aussi l’énergie nucléaire. En tant
qu’acteur important du cycle de
production d’énergie nucléaire,
le Kazakhstan doit donc montrer
ses accomplissements dans ce
domaine lors de l’Expo 2017. Aussi,
KazAtomProm entend être présent
à cet événement majeur, sans doute
avec un pavillon et, je l’espère, aux
côtés de nos partenaires comme
Rosatom, Westinghouse dont
nous sommes actionnaires, ou
encore Areva.
Je tiens par ailleurs à souligner
que KazAtomProm a développé
des activités dans le secteur des
énergies renouvelables et, plus
spécifiquement, de la production
d’équipements pour la production
d’énergie solaire, à travers trois
projets dont l’un est celui d’Astana
Solar conduit notamment en partenariat avec le Commissariat à
l’énergie atomique et aux énergies
alternatives (CEA).
Expédition de fûts, à l’usine de traitement de minerai d'uranium de
Tortkuduk.
© Areva
Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Monsieur le Président, le groupe
kazakhstanais KazAtomProm s’est hissé
en l’espace d’une trentaine d’années en
tête des producteurs mondiaux d’uranium.
Comment décririez-vous l’avenir de
l’énergie nucléaire ?
37
KazMunayGas, un acteur central
du secteur énergétique
kazakhstanais
Entretien avec M. Sauat MYNBAYEV,
Président du Conseil d’administration de la compagnie nationale KazMunayGas
Kazakhstan-France Partenariat
Stratégique : Monsieur le Président,
vous avez récemment été nommé à la
tête du Conseil d’administration de la
compagnie nationale KazMunayGas.
Quel regard portez-vous sur le partenariat établi entre votre groupe et
le groupe pétrolier français Total ?
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
M. Sauat Mynbayev : Tout d’abord
je souhaiterais saluer le bon
développement des relations
kazakhstano-françaises au cours
de ces vingt dernières années et
la dimension stratégique qu’elles
ont acquises. Ces liens ont permis la réalisation de nombreux
projets d’envergure, notamment
dans le secteur énergétique.
L a c ompa gni e K a z M u n ayGas est l’un des partenaires
du groupe français Total, dans
le cadre du North Caspian Sea
Production Sharing Agreement
(NCSPSA), conclu en octobre
2008 et qui couvre une aire de
5 600 km2, incluant notamment
le gisement géant de Kashagan. KazMunayGas occupe une
position centrale dans le consortium opérateur de ce champ
pétrolier, la North Caspian Operating Company (NCOC), avec
une part de 16,877% aux côtés
de Total (16,807%) et de cinq
autres compagnies : ENI, Shell,
ExxonMobil qui ont des parts
équivalentes de 16,807%, ainsi
que Inpex (7,563%) et CNPC
(8,333%).
K-F.P.S. : Démarrée en septembre
2013, la mise en production du gisement de Kashagan a été interrompue en raison de problèmes techniques. Comment analysez-vous
38
les conséquences de ce nouveau
report ?
S.M. : Le gisement de Kashagan,
mis à jour en 2000, constitue l’une
des plus importantes découvertes
de l’histoire pétrolière en raison
de son envergure. Toutefois, il
est aussi l’un des projets les plus
complexes en raison des conditions difficiles de son exploitation
et des moyens exceptionnels qu’il
requiert.
Nous menons actuellement
un travail étroit avec les autres
partenaires de la NCOC pour
résoudre ce problème. Si vous
me permettez l’expression, nous
sommes tous dans le même
bateau. Notre objectif est de
mener à bien ce projet. Les
groupes participant au consortium NCOC se sont accordés sur
une commercialisation du pétrole extrait de Kashagan dans la
deuxième moitié de 2016, ce qui
me semble une position raisonnable. Notre accord mutuel sur
ce calendrier prend en compte
nos interrogations sur les technologies à mettre en œuvre, y
compris la construction éventuelle d’un nouveau pipeline,
pour permettre le redémarrage
de la production dans des conditions satisfaisantes, en termes
de sécurité et de protection de
l’environnement.
K-F.P.S. : Alors que Total et KazMunayGas œuvrent également depuis
2009 à la mise en valeur du gisement de Khvalynskoye, comment
souhaiteriez-vous voir s’approfondir les liens de coopération entre
les deux compagnies ?
S.M. : En effet, le groupe Total
s’intéresse également au projet
de Khvalynskoye qui est un champ
de gaz à condensats situé au nord
de la mer Caspienne. Nous avions
signé un accord de coopération à
cet égard en 2009. Nous sommes
toutefois en négociation avec
notre partenaire russe (Lukoil) qui
est l’opérateur de ce projet.
Pour ce qui est de l’avenir de
notre coopération, je pense que
Total dispose encore de marges
de manœuvre pour développer
ses activités au Kazakhstan, y
compris peut-être dans l’onshore. Je tiens aussi à saluer son
implication dans d’autres secteurs d’activités, telle que la formation par le biais de l’Institut de
Soudure.
K-F.P.S. : Vous avez récemment défini de nouvelles lignes directrices
dans le cadre du « programme de
transformation » du groupe KazMunayGas. Pouvez-vous nous les
détailler ? Quels changements ce
programme est-il susceptible d’introduire dans les relations entre
KazMunayGas et ses partenaires
étrangers ?
S.M. : Notre objectif est d’améliorer l’efficacité de la compagnie KazMunayGas, en termes
de performances et de bonne
gouvernance. Nous chercherons
bien sûr à consolider nos capacités de production, ce qui suppose de lourds investissements
dans les infrastructures. Enfin,
je suis convaincu que ce processus ne pourra qu’améliorer nos
relations avec l’ensemble de nos
partenaires.
sécurité des opérations pour
les hommes et pour l’environnement :
La
priorité absolue de Total au Kazakhstan
Par M. Brendan McMAHON,
Directeur général de Total Exploration & Production au Kazakhstan
T
otal est présent au Kazakhstan depuis 1992
via sa participation de
16,81% dans le permis
Nord Caspienne qui
comprend notamment le champ
géant de Kashagan, opéré par la
société conjointe d’opérations
North Caspian Operating Company
(NCOC).
Situé à 75 km des côtes dans
les eaux peu profondes de la zone
nord de la mer Caspienne, Kashagan est l’une des plus importantes
découvertes de ces quarante dernières années. Il est prévu que
sa mise en œuvre se fasse par
phases successives. Peu de temps
après le démarrage de la phase 1
en septembre 2013, la production
a été arrêtée en raison de fuites
détectées sur deux pipelines.
Le consortium a mobilisé ses
meilleurs experts pour remplacer
les pipelines et assurer le redémarrage de Kashagan en toute
sécurité dès que possible, d’ici
environ deux ans. La capacité de
production devrait atteindre 370 000
barils par jour en 2017, puis 450 000
barils par jour à terme grâce à un
projet complémentaire d’injection de
gaz. Le développement des phases
ultérieures fait actuellement l’objet
d’études.
Par ailleurs, Total détient, depuis
fin 2012, une participation de 75%
dans deux blocs terrestres, North
et South Nurmunai, situés dans le
sud-ouest du pays, à proximité de la
mer d’Aral, une zone prometteuse
et sous explorée. L’acquisition de
ces deux blocs d’exploration permet à Total de devenir opérateur au
Kazakhstan et lui donne l’opportunité
de mettre en application et démontrer son savoir-faire. Une campagne
sismique a été réalisée en 2013 et
sera suivie par le forage d’au moins
deux puits d’exploration en 2015.
En étroite collaboration avec la
société nationale KazMunayGas,
Total travaille également sur de
nouveaux prospects d’exploration
qui pourraient être développés
conjointement.
Je souhaiterais également rappeler que, pour Total, la priorité
absolue est d’assurer la sécurité
des opérations pour les hommes et
pour l’environnement et ce, à tout
moment. Total applique également
des politiques très rigoureuses en
matière d’éthique et de développement durable. Il s’agit pour le Groupe
d’une valeur fondamentale.
39
Une puissance économique en devenir
© Total
La plateforme du consortium NCOC sur le site
d’exploitation du gisement de Kashagan en
mer Caspienne.
Geo-Énergies » : un centre franco-kazakhstanais
de recherche et de formation
«
Par M. Michel PANFILOV,
Professeur à l’Université de Lorraine,
Directeur général du Centre Géo-Énergies
J
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
’ai découvert le Kazakhstan
en 2009, en arrivant de
France pour une mission
très courte mais unique dans
son genre afin d’étudier un
nouveau phénomène qui commençait
à éveiller notre curiosité : il s’agissait
d’un flux exponentiellement croissant
d’étudiants kazakhstanais qui venaient
faire leur master à Nancy. Bien que
nous fussions ravis de constater
le succès de notre formation, nos
capacités d’accueil étaient limitées.
Ma mission était donc clairement de
réorganiser notre système de fonctionnement d’une façon quelconque.
La solution est venue à la fin de ma
mission – j’ai proposé d’inverser les
flux : offrir une formation à l’identique
mais à Almaty en envoyant des
enseignants français au Kazakhstan.
De cette idée d’inversion des flux
ont commencé à se dessiner les
contours de ce qui allait devenir le
Centre franco-kazakhstanais « GéoÉnergies ».
Une équipe de travail franco-kazakhstanaise s’est rapidement formée,
elle incluait M. Talgat Ensepbayev,
Directeur du département Petroleum Engineering à KazNTU, et M.
Aidarkhan Kaltayev, Directeur du
département Mécanique à KazNU,
et Mme Noémie Larrouille, Attaché
du Ministère français des Affaires
étrangères et européennes, qui
sont devenus les personnages clés
de tout le projet. Le fort soutien
administratif était assuré par M.
Izim Dussembayev, pro-Recteur de
KazNTU, et M. Murat Orunkhanov,
pro-Recteur de KazNU. M. Bernard
Pacqueteaux, alors responsable du
Service de coopération et d’Action
culturelle de l’Ambassade de France,
et M. Gilles Mametz, brillant diplomate
du Ministère français des Affaires
40
étrangères, assuraient le soutien
politique. Un groupe solide de 14
enseignants-chercheurs français de
différentes universités françaises
a été créé, pour assurer les cours
à Almaty.
Bientôt les présidents de trois
universités, M. Bakhytzhan Zhumagulov (KazNU), M. Zhaksenbek Adilov
(KazNTU) et M. François Laurent
(Université de Lorraine – ex. INPL)
ont signé l’accord tripartite sur la
coopération et la création du Centre
franco-kazakhstanais de formation
et de recherche « Géo-Énergies »
(CGEn).
En septembre 2010 le Centre a
commencé à fonctionner : le premier
groupe d’étudiants sélectionnés a
regagné le Master à double diplôme.
Qu’est-ce que c’est le Centre GéoÉnergies ?
Le terme « Geo-Énergies » signifie « les ressources énergétiques
souterraines » et inclut les thèmes
scientifiques suivants, autour desquels
nos activités sont développées : hydrodynamique des réservoirs du pétrole
et du gaz, ingénieries des réservoirs,
géologie des réservoirs, production,
modélisation, ressources d’énergies
non conventionnelles, stockage
souterrain d’énergie, ressources
énergétiques minières. Ceci nous
a permis de traiter un spectre très
large de problèmes et de développer
une association scientifique qui réunit
plusieurs laboratoires-partenaires
kazakhstanais et français.
L’objectif du Centre est de développer des projets de formation et de
recherche et développement (R&D),
en y impliquant les meilleurs scientifiques du Kazakhstan et de la France,
et ainsi former des scientifiques de
haut niveau au Kazakhstan à travers
une activité de recherche commune.
L’objectif à long terme est la création
d’un laboratoire mixte international
CNRS au Kazakhstan équipé des
plates-formes expérimentales et
informatiques.
Le Centre vise à développer la
recherche théorique, numérique et
expérimentale, à créer des codes
numériques et les modèles conceptuels des processus physiques, à
obtenir des données empiriques, et
à effectuer des analyses laboratoires
de roches et des fluides.
Le CGEn comprend des laboratoires de recherche et des unités de
formation (master, doctorat, ...) francokazakhstanais communs :
- Master à double diplôme SRE
(Subterranean Reservoirs of Energy) :
avec la KazNU, la KazNTU et la KBTU
depuis 2014. C’est la filiale à Almaty
du Master International SRE associé
à l’École de Géologie de l’Université
de Lorraine. Les étudiants kazakhstanais sont sélectionnés par un jury de
master. Ils font ensuite leur première
année d’études à Almaty (M1) et la
deuxième année en France. Nous
délivrons un diplôme national français
habilité par le Ministère français de
l’Enseignement supérieure et de la
Recherche.
- Laboratoire de recherche « Hydrodynamique Souterraine », conjointe
avec KazNU. Il s’agit d’un laboratoire
localisé au sein de la faculté mécanique-mathématique à KazNU, qui
inclut une salle équipée de manipes
et plusieurs salles informatiques.
Les étudiants peuvent y effectuer
leurs projets de recherche sous la
direction de chercheurs kazakhstanais
et français.
- École doctorale conjointe : quatre
thèses Ph.D. en co-tutelle avec KazNU
sont en préparation depuis 2011-2012.
– sont des vecteurs de la nouvelle
politique énergétique, grâce auxquels le Kazakhstan accèdera à des
nouvelles technologies et réduira sa
consommation d’énergies fossiles,
en les convertissant en catégorie de
ressources stratégiques du pays. Ces
points déterminent la ligne directrice
de notre coopération. L’extension du
Centre Géo-Énergie vers le Centre
GeoE2nergy, dans lequel E2 signifie
Électricité et Environnement, s’impose.
GeoE2nergy inclura donc trois grands
sujets : Énergies Géologiques, Énergies
Renouvelables et Environnement,
ce qui ajoutera l’électricité verte, sa
production, stockage, conversion,
l’électro-chimie et les matériaux pour
l’énergie aux sujets déjà existants.
Respectivement, les nouvelles unités
structurelles du CGEn sont en cours
de création :
- Laboratoire de recherche « Énergies
renouvelables », avec KazNIIEnergy en
tant que membre associé du Centre ;
- Master « Énergies Renouvelables »,
en collaboration avec KazNU et
KazNTU.
- Le laboratoire de recherche Hydrogen
and Renewable Energy, en collaboration avec KazNTU;
Enjeux pour les deux pays
Le fonctionnement du Centre
permet de :
- Réunir un capital humain capable de
former durablement l’élite des futurs
ingénieurs kazakhstanais
- Répondre à court terme aux besoins
du marché économique et industriel
en respectant les standards internationaux
- Mobiliser les ressources propres
des universités kazakhstanaises, peu
sollicitées actuellement, impliquer les
meilleurs enseignants-chercheurs nationaux dans la formation des étudiants
Kazakhstanais
- Apporter l’expertise du système
d’enseignement supérieur français
en matière d’ingénierie pédagogique
- Assister au re-développement industriel
de la France sur le territoire national
et à l’étranger grâce à la formation
supérieure d’ingénieurs et techniciens
Kazakhstanais
- Former en France les Kazakhs pour
les entreprises françaises implantées
au Kazakhstan qui ont obligation
d’embaucher des Kazakhs
- Créer des emplois en France à long
terme en s’ouvrant au Kazakhstan :
les entreprises françaises jouant
l’exportation auront besoin à la fois
de cadres locaux mais aussi français
Le bon fonctionnement de ce projet
est rendu possible grâce à l’investissement et le dynamisme de bon nombre
de personnes de KazNU et KazNTU.
Dire que le Kazakhstan s’ouvre
à nous est une vision réduite, c’est
moi qui me suis ouvert ; ce qui m’a
permis d’entrevoir tout le potentiel,
la beauté et la chaleur de ce pays.
C’est la chaleur de mes amis kazakhstanais. C’est à eux que je consacre
ce papier.
41
Une puissance économique en devenir
© Ambassade de France
Extension du Centre
Le CGEn devenant de plus en
plus connu et renommé, le Ministère
français des Affaires étrangères et du
Développement international a créé en
2012, un poste de directeur technique
du CGEn. Le MESR accorde une aide
financière au projet. La rencontre entre
les présidents des deux pays en 2012
aboutit à la signature d’un communiqué
faisant mention du CGEn.
Depuis 2012, nous avons commencé
l’extension du centre vers d’autres
thèmes : les énergies renouvelables et
l’environnement, ainsi que l’ingénierie
minière, la chimie et l’informatique.
De nouveaux partenaires apparaissent
alors : KBTU, International University
of Information Technologies, Université de Taraz, KazNIIEnergy. Dans le
même temps, quatre universités de
Lorraine fusionnent en une seule qui
donnera l’Université de Lorraine. En
2013, des tentatives de lancer des
projets dans le domaine du droit
international, de l’économie et de
la psychologie sont initiées.
En 2012, la « Stratégie 2050 »
apparait – le document principal édité
par le Président du Kazakhstan, dans
lequel le rôle crucial des énergies
renouvelables et non traditionnelles
dans l’économie du pays a été souligné.
L’éolien, le photovoltaïque, l’énergie
gravitaire d’eau, les bio-énergies,
l’énergie de l’hydrogène, ainsi que
les méthodes non conventionnelles
d’extraction du méthane de charbon,
la gazéification in-situ du charbon, la
géothermie et le stockage d’énergie
S.E.M. Francis Étienne, Ambassadeur
de France au Kazakhstan, entouré
d’étudiants du Centre Géo-Énergies
à Almaty.
Une
coopération durable avec le Kazakhstan
Par Mme Janet HECKMAN,
Directrice de la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) au Kazakhstan
L
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
a Banque européenne
pour la Reconstruction et
le Développement (BERD)
représente l’un des plus
importants investisseurs
au Kazakhstan, et le premier en dehors
du secteur des hydrocarbures.
À ce jour, la Banque a investi plus de
6,7 milliards de dollars dans plusieurs
secteurs de l’économie kazakhstanaise, avec plus de la moitié de ces
fonds soutenant le développement
du secteur privé.
La BERD est également engagée
dans le dialogue politique. Nous œuvrons
ainsi avec le gouvernement kazakhstanais sur une variété de thèmes allant
des petites et moyennes entreprises
(PME) et la législation sur les énergies
renouvelables. Le Président de la BERD,
Sir Suma Chakrabati, co-préside le
Conseil des Investisseurs étrangers
aux côtés du Président Noursoultan
Nazarbaïev.
En 2014, la coopération entre la
BERD et le Kazakhstan a atteint un
nouveau palier avec la conclusion d’un
arrangement de partenariat novateur, par
lequel le gouvernement kazakhstanais a
associé la BERD et d’autres institutions
financières internationales (IIF) en vue
de dynamiser les investissements et
les réformes.
Le gouvernement kazakhstanais
a alloué 0,5 trillion de tengués, soit
2,7 milliards de dollars, à la mise en
œuvre d’investissements conjoints et
de la coopération avec la BERD et les
autres IIS. Cette initiative permet à la
BERD d’accroître significativement ses
investissements au Kazakhstan. Notre
Banque a d’ores et déjà annoncé les
cadres de financement pour soutenir
de nouveaux projets d’infrastructures
publiques relatifs à cet arrangement.
L’une des priorités de la BERD dans
le cadre de la nouvelle Stratégie pays
pour le Kazakhstan, est de rééquilibrer
le rôle de l’État de façon à accorder
une plus large place au secteur privé.
Le gouvernement kazakhstanais a déjà
pris des initiatives dans cette perspective, améliorant ainsi les activités des
entreprises privées et du capital privé
42
dans le développement économique
du pays.
Nous avons travaillé étroitement
avec le gouvernement kazakhstanais
sur la législation des nouveaux partenariats public-privé (PPP). Lorsque
cette législation sera mise en place,
permettant le fonctionnement de PPP,
les investisseurs, parmi lesquels la
BERD, pourront financer des projets
d’infrastructures d’envergure nationale,
tel que le périphérique d’Almaty. La
BERD a d’ailleurs accueilli en décembre
2014 un séminaire consacré à ce projet
majeur (auquel participe également
l’IFC) dans les locaux de son siège à
Londres, en décembre 2014.
Nous travaillons également à intensifier notre travail dans le domaine
de l’énergie durable et de l’utilisation
efficace des ressources – conformément à la Stratégie d’Économie
verte du Kazakhstan. Nous faisons
déjà beaucoup dans ce domaine – du
financement de réseaux de transport
public écologiquement propre à l’amélioration de l’efficacité énergétique
dans les entreprises du secteur privé.
Nous aspirons à mettre en place des
normes industrielles en développant
des projets-pilotes éoliens et solaires.
Nous considérons ainsi actuellement
la création de deux projets de fermes
éoliennes au Kazakhstan.
Le développement régional est,
bien entendu, la clé pour apporter la
croissance à la plus large portion de
la population, et également pour la
diversification et l’industrialisation de
l’économie. En témoigne, par exemple,
notre coopération approfondie avec la
région de Kyzylorda. Nous avons déjà
financé des projets dans cette région,
tels que de nouvelles plateformes de
forages avec la société Zhanros Drilling
et de bus publics énergétiquement
efficaces avec l’Akimat. Nous travaillons également à plusieurs nouveaux
projets à Kyzylorda, du chauffage de
district à l’eau, les déperditions et
la gestion des déchets solides. J’ai
confiance en la capacité de ces projets à constituer le modèle de notre
engagement futur dans les régions
kazakhstanaises dans le cadre de
notre nouveau partenariat.
Un autre secteur crucial concerne
les petites et moyennes entreprises
(PME). Le gouvernement considère,
à juste raison, que le financement
des PME et l’amélioration de la
compétitivité constituent une priorité.
Nous avons déjà octroyé des lignes
de crédit, représentant une somme
globale de plus de 100 millions de
dollars aux banques kazahstanaises
et aux institutions de micro-finance,
destinée au financement de prêts
pour les PME. Ce travail se poursuit
aujourd’hui.
La BERD offre également aux PME
un service de conseil – par le biais de
sept bureaux disséminés à travers
le Kazakhstan – qui leur apporte un
soutien en terme de transfert de
savoir-faire. Cette activité est d’ores et
déjà co-financée par le gouvernement
kazakhstanais. Dans le cadre de notre
partenariat, nous aspirons d’ailleurs à
dynamiser significativement ce type
de services.
Plus important, nous allons accroître
les prêts de la BERD en monnaie
nationale. En 2014, la Banque nationale
du Kazakhstan nous a ouvert un accès
au tengué équivalent à 1 milliard de
dollars. Depuis que nous avons obtenu
cet accès, le plus large accord que
nous ayons conclu est un crédit d’un
montant de 30 milliards de tengués,
accordé par la BERD à la compagnie
kazakhstanaise Kazakh Railways (KZT).
Dans son dernier discours à la
Nation, le Président Noursoultan
Nazarbaïev a défini des orientations
visant à accompagner les efforts
du pays pour dépasser le palier de
développement des pays à revenus
intermédiaire avec le concours d’un
groupe de IIF, incluant la BERD, désignées spécifiquement comme étant
des contributeurs majeurs aux progrès
des réformes dans le pays. Il existe
donc un riche agenda de travail entre
le gouvernement kazakhstanais, le
secteur privé et la BERD. Nous restons
engagés et déterminés à surmonter
les défis à venir.
Une puissance économique en devenir
Kazakhstan face au défi
de la diversification
Le
Par M. Gregory LECOMTE,
Chef de projet et Analyste politique, Programme de l’Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE) pour la Compétitivité en Eurasie
Une puissance économique régionale et un potentiel reconnu
En 2013, le PNB par habitant (parité
de pouvoir d’achat) a ainsi dépassé
les 14 000 dollars, grâce à un taux
de croissance annuel moyen sur ces
dix dernières années d’environ 6%.
Gaz et pétrole constituent environ
60% des exportations du Kazakhstan
et près de 40% du revenu national.
Les perspectives sont prometteuses
au vu des réserves actuelles et,
plus encore, au regard des autres
minerais possédés, telles que le
cuivre, le zinc ou l’uranium.
Outre des indicateurs macroéconomiques relativement solides et la
présence en quantité de ressources
naturelles, le Kazakhstan possède
d’autres avantages compétitifs qui
laissent présumer du potentiel de son
économie : richesse et abondance
de terres agricoles (le pays est parmi
les premiers exportateurs de blé
dans le monde), qualité du système
éducatif primaire et secondaire (en
2011, le pays est classé premier au
classement UNESCO « Éducation
pour tous »), proximité géographique
de vastes marchés d’exportation
(Eurasie, Chine).
L’impératif de la diversification et
le Programme de l’OCDE pour la
Compétitivité en Eurasie
La diversification de l’économie
n’en demeure pas moins un impératif
reconnu par les autorités kazakhstanaises qui se sont lancées ces
dernières années, et parmi d’autres
réformes, dans un programme
visant à améliorer la compétitivité
de l’économie. Agroalimentaire,
industrie pétrochimique ou encore
télécommunications et technologies
de l’information ou encore développement des PME sont ainsi parmi
les priorités du gouvernement. La
récente Stratégie 2050 fait ainsi
mention explicite de certaines de
ces priorités.
Le Programme de l’OCDE pour
la Compétitivité en Eurasie coopère
activement avec le gouvernement
du Kazakhstan sur nombre de ces
sujets. En matière de développement
du secteur privé en particulier. Dans
l’agriculture par exemple, afin d’améliorer la productivité et remédier à la
fragmentation des exploitations, le
Programme conseille le gouvernement
sur la promotion des coopératives
agricoles. Dans le secteur pétrochimique, afin d’adapter l’offre à la
demande urgente de compétences,
la formation professionnelle est un
sujet d’importance.
Le Programme travaille également sur des sujets transversaux :
politique de l’innovation, développement régional afin d’assurer une
croissance équilibrée et inclusive
à travers le territoire (trois régions
produisent encore la majorité du
PNB du pays), ou encore bonne
gouvernance et efficience des
institutions publiques dans leurs
interactions avec le secteur privé.
La diversité de ces thématiques
témoigne autant du dynamisme de
la coopération entre l’OCDE et le
Kazakhstan que de la multiplicité
des défis auxquels doit faire face
le pays pour atteindre l’un de ses
objectifs déclarés majeurs, à savoir
une économie diversifiée et fondée
sur la connaissance. L’expertise,
les standards et instruments de
l’OCDE peuvent contribuer à cet
effort.
© Ambassade du Kazakhstan
V
ingt-trois ans après
son indépendance,
le Kazakhstan s’est
affirmé comme une
puissance régionale
grâce à son dynamisme économique
porté par les investissements étrangers et les exportations d’hydrocarbures. L’impératif de la diversification
économique demeure néanmoins
une priorité. Le Programme de
l’OCDE pour la Compétitivité en
Eurasie soutient en ce sens l’effort
du gouvernement kazakhstanais.
Vue sur la Tour Baïterek à Astana.
43
© Présidence de la République
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
A
ccompagné d’une délégation de 60
chefs d’entreprise, le Président français François Hollande a été accueilli
à Astana le 5 décembre 2014 par le
Président Noursoultan Nazarbaïev pour
une visite officielle qui s’est tenue à
peine deux mois après la dernière
réunion de la Commission mixte franco-kazakhstanaise, le
17 octobre. Co-présidée par M. Bakhyt Soultanov, Ministre
kazakhstanais des Finances, et M. Matthias Fekl, Secrétaire
d’État français au Commerce extérieur, celle-ci avait déjà
largement préparé le cadre d’un nouveau rapprochement
économique entre les deux pays.
Avec un stock d’investissements de 9,4 milliards de dollars
fin juin 2014 (selon l’Ambassade de France au Kazakhstan), la
France s’est hissée au 3ème rang des investisseurs étrangers
après les Pays-Bas et les États-Unis. Mais tout comme les
échanges commerciaux qui s’élèvent à près de 6 milliards
d’euros, ils restent largement dominés par le secteur de
l’énergie (hydrocarbures et uranium).
Aussi, les deux piliers de la présence économique française
au Kazakhstan demeurent, pour l’heure, le groupe pétrolier
Total et le spécialiste du nucléaire Areva. Le premier est
arrivé au Kazakhstan en 1992 et détient une participation
de 16,8% dans le permis de Nord Caspienne qui couvre
notamment le gisement géant de Kashagan, opéré par la
société conjointe d’opérations, la North Caspian Operating Company (NCOC). Fort de son expérience dans les
forages en eaux profondes, il est actif dans la résolution du
problème technique qui entrave la mise en production de
44
Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev et le
Président français François Hollande, le 5 décembre 2014
à Astana, lors des forums économique et universitaire
kazakhstano-français.
ce champ pétrolier. Total détient également 75% de deux
blocs situés près de la mer d’Aral dont il est opérateur. En
outre, en tant qu’opérateur de la concession détenue par
OilTechnoGroup (OTG), le leader français des hydrocarbures
apporte sa maîtrise opérationnelle et son savoir-faire en
matière de respect de l’environnement.
La compagnie Areva est, quant à elle, active au Kazakhstan
depuis 1996, via la joint-venture Katco créée avec le groupe
kazakhstanais KazAtomProm pour l’extraction d’uranium.
Véritable fer de lance de la dimension stratégique des
liens noués entre les deux pays, cette coopération devrait
franchir une nouvelle étape avec le lancement de nouvelles
lignes d’assemblage de combustible nucléaire d’ici 2018.
Si le pétrole et l’uranium pèsent encore pour une large part
dans les échanges économiques entre le Kazakhstan et la
France (représentant 84% des échanges totaux et 95% des
importations françaises), le secteur de l’énergie pourrait rapidemment devenir un moteur pour leur diversification. L’accent
mis par les autorités kazakhstanaises sur les technologies vertes
dans le sillage de la préparation de l’Exposition internationale
de 2017 à Astana, a en effet généré une nouvelle filière de
coopération entre les deux pays, portée pour l’heure par le
partenariat entre KazAtomProm, le Commissariat à l’énergie
atomique et aux énergies alternatives (CEA), Urbasolar et
le consortium des sociétés françaises ECM Technologies,
SEMCO et CEIS pour la construction de l’usine Astana-Solar
dédiée à la production de panneaux photovoltaïques.
Au-delà du développement des énergies renouvelables,
la diversification des moteurs de la croissance de l’économie kazakhstanaise est devenue une priorité de la nouvelle
Des synergies économiques croissantes
synergies
économiques
croissantes
Des
Avec plus de cent entreprises présentes dans le pays, la
France s’est hissée au quatrième rang des partenaires commerciaux du Kazakhstan et au troisième rang de ses investisseurs étrangers. Encore largement dominés par le secteur de
l’énergie, les liens économiques entre les deux pays tendent
à se diversifier. Aérospatial, défense, transports, tourisme
ou santé sont aujourd’hui les secteurs d’activité émergents
d’un partenariat stratégique dont le potentiel ouvre de nombreuses perspectives d’intensification.
© Ambassade du Kazakhstan
politique économique du Kazakhstan, annoncée par le
Président Noursoultan Nazarbaïev lors de son discours à
la Nation en novembre 2014. Englobant un large éventail
de secteurs d’activité, celle-ci ouvre de larges perspectives pour le renforcement de la coopération économique
Le Président Noursoultan Nazarbaïev inaugurant l’usine
d’assemblage de panneaux solaires d’Astana, Astana Solar,
conçue en coopération avec KazAtomProm et le Commissariat
à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
kazakhstano-française, d’autant que les bases en vue
d’intensifier cette dynamique existent déjà.
Les investisseurs français sont ainsi présents dans le
secteur de l’agroalimentaire (Danone, Lactalis, Soufflet), de la
construction (Vicat), de la défense (Airbus Group, Thalès), de
l’environnement et des services urbains (GDF-Suez, Degrémont), ou encore de l’aéronautique, autant de secteurs clés
pour ce vaste pays enclavé dont la modernisation accélérée
des infrastructures est une condition de son développement.
Symbole des transferts de technologies que la France peut
apporter au Kazakhstan, Airbus Helicopters s’est implanté
pour la production, avec Kazakhstan Engineering, d’appareils
EC 145 au sein de leur co-entreprise ECKE. Dans le secteur
automobile, PSA Peugeot-Citroën a conclu un accord de
partenariat industriel avec le constructeur automobile local
Agromashholding, avec pour premier résultat le début de
la production de véhicules Peugeot à Kostanaï.
La diversification des moteurs
de la croissance de l’économie
kazakhstanaise est devenue
une priorité.
45
46
téléphérique reliant la ville d’Almaty au sommet du célèbre
site touristique de Kok Tobe. Un contrat qui peut augurer
de bonnes perspectives si le Kazakhstan voyait récompensée sa candidature à l’organisation des Jeux Olympiques
d’hiver en 2022.
Autre secteur en plein développement dans les relations
économiques franco-kazakhstanaises, la santé. À l’occasion
de la visite du Président François Hollande, l’Institut Gustave
Roussy, premier centre de lutte contre le cancer (CLCC) français, a signé un accord pour devenir le partenaire privilégié du
centre de lutte contre le cancer basé à Astana. Un enjeu de
taille pour le Kazakhstan qui souffre d’un déficit de maîtrise
en matière de radiothérapie et en imagerie. Le transfert de
compétences est d’ailleurs au cœur de cette coopération
qui prévoit un large éventail d’activités, de l’administration
à la formation du personnel.
© Alstom Transport
© Air Astana
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
De fait, pas moins de 17 accords ou protocoles d’entente
entre entreprises kazakhstanaises et françaises ont été
signés à l’occasion de la visite du Chef de l’État français,
la première du Président François Hollande au Kazakhstan.
Parmi les plus en vue, celui du groupe Alstom qui a conclu
un accord pour devenir le premier actionnaire d’EKZ, la
co-entreprise créée avec la compagnie ferroviaire nationale du Kazakhstan (KTZ) et qui a remporté un contrat
de 1,3 milliard d’euros, sur 25 ans, pour la maintenance
des locomotives électriques de fret et de voyageurs au
Kazakhstan.
Un contrat on ne peut plus stratégique, le réseau ferroviaire kazakhstanais étant le troisième plus grand réseau au
monde, avec près de 20 000 km de voies ferrées, utilisant un
écartement de voie de 1 520 mm. Ce, d’autant plus qu’il lui
ouvre les portes des autres marchés de la région, à l’instar du
contrat obtenu par EKZ auprès d’Azerbaijan Railways pour la
réalisation de 50 nouvelles locomotives électriques, début 2014.
Signe de l’importance de ce partenariat dans le transport
ferroviaire, le Président Noursoultan Nazarbaïev avait inauguré,
le 4 décembre 2012, une usine de fabrication de locomotives
électriques du groupe Alstom à Astana, en présence notamment du Président-Directeur général du groupe français,
M. Patrick Kron.
Le Kazakhstan ne s’intéresse pas seulement aux grands
groupes français. Les petites et moyennes entreprises
(PME) y ont également toute leur place. Pour preuve,
c’est la société bourguignonne Cleia qui a été choisie
par l’entreprise kazakhstanaise Absolut Keramik pour
construire, à Koustanaï au nord-ouest d’Astana, la briqueterie
la plus moderne du pays. D’un montant de 17,5 millions
d’euros, ce contrat devrait permettre la production de 40
millions de briques au format russe. Il implique un fort
apport technologique, puisque ces blocs isolants en terre
cuite permettront de réaliser des économies d’énergie
grâce à leurs qualités d’isolant thermique naturel, tout
en diminuant les coûts de construction d’habitation par
leur grande taille.
Pour sa part, la société Poma, spécialiste français du
transport par câble, a été choisie pour remplacer l’actuel
Un Airbus A320 aux couleurs de la compagnie nationale
kazakhstanaise Air Astana qui débutera ses vols directs entre
Astana et Paris le 29 mars 2015.
Les premières locomotives électriques pour le transport de
fret de la série KZ8A ont été livrées par le groupe Alstom en
décembre 2012, initiant une coopération industrielle d’envergure
kazakhstano-française dans le secteur du transport ferroviaire.
Des synergies économiques croissantes
Astana et Paris : une amitié basée
sur un dialogue constructif
et bienveillant
Par M. Adilbek JAXYBEKOV,
Maire d’Astana
L
a France est l’un des
principaux partenaires
du Kazakhstan sur tout
le spectre des relations
bilatérales. Le développement dynamique de notre coopération
est basé sur un dialogue constructif et
bienveillant au niveau des Chefs d’État.
Les principales orientations de notre
coopération économique se concentrent
dans les secteurs des hydrocarbures,
minier, aérospatial, nucléaire, des
transports et des machines-outils, de
la finance et de l’agriculture.
Plus de 100 entreprises ayant une
participation de capitaux français sont
enregistrées au Kazakhstan. Depuis
1994, les investissements directs
français cumulés dans l’économie
kazakhstanaise s’élèvent à 10 milliards
de dollars.
L’une des plus grandes entreprises
d’Astana, la capitale du Kazakhstan, est
la joint-venture dédiée à l’assemblage
des hélicoptères Eurocopter (Kazakhstan-France-Allemagne), aujourd’hui
Airbus Helicopters qui est située dans
la zone économique libre « Astana –
ville nouvelle ».
La société Iveco est également
devenue un partenaire important d’Astana
qui s’apprête à utiliser ses autobus
pour la modernisation de son réseau
de transports publics. Nous avons, en
effet, signé des accords pour le développement des systèmes « BRT » (Bus
Rapid Tranzit) et « City Bus ».
Pour le développement du système BRT, nous avons prévu l’achat
de 27 bus. La livraison de ces bus
sera effectuée en 2016 par le distributeur officiel d’Iveco, la compagnie
AllurAutoAstana.
Dans le cadre du projet City Bus,
un accord a été signé entre la société
kazakhstanaise Astana LRT et la compagnie Iveco d’un montant de 107
millions d’euros qui correspond à la
livraison de 358 bus. Le financement
de ce contrat a été effectué par le biais
d’une ligne de crédit accordée par la
Commerzbank AG.
Les 80 premiers bus ont d’ores et
déjà été livrés à la capitale Astana. Les
véhicules de cette nouvelle flotte ont
été mis en service dans la ville depuis
la fin 2014. Il est prévu d’en finaliser
les livraisons dans la première moitié
de l’année 2015.
Par ailleurs, nous avons instauré
avec la France une coopération dans
le secteur de la santé qui constitue
l’une des principales orientations de
nos actions communes. En février
2014, la ville d’Astana et l’Institut
Gustave Roussy (IGR) ont d’ailleurs
signé un mémorandum de partenariat
stratégique et de coopération.
Dans ce cadre, un Concept de
partenariat stratégique a été élaboré
et mis en œuvre avec succès entre le
Centre oncologique d’Astana et l’IGR
pour les années 2014-2016. Dans le
cadre de ces accords, nous favorisons
des échanges d’expérience entre
spécialistes kazakhstanais et français,
ainsi qu’une concertation en vue de
l’application des normes et des méthodes
les plus modernes de la France dans
le domaine du diagnostic et du traitement des maladies oncologiques. À
l’avenir, la coopération avec l’IGR en ce
qui concerne le perfectionnement du
Centre oncologique d’Astana permettra
de créer un établissement moderne.
La culture représente un autre volet
de notre coopération avec la France. Elle
continue d’avancer à grands pas. Les
années 2013-2014 ont été marquées
par les Saisons croisées du Kazakhstan et de la France. Nous gardons en
souvenir des impressions inoubliables
laissé par l’Orchestre national de Lille et
du spectacle d’Angelin Preljocaj, « Les
nuits ». L’artiste française Patricia Kaas
a également rencontré un large succès
lorsqu’elle s’est produite en concert en
novembre 2013, tout comme l’exposition
sur la vie de Napoléon qui a suscité
un fort enthousiasme auprès du public
kazakhstanais. Je suis convaincu que
la Saison du Kazakhstan a également
attiré l’attention du public français.
Début novembre 2014, nous avons,
pour notre part, organisé les Journées
d’Astana à Paris dans le cadre de ces
Saisons croisées. Le programme des
événements a été très chargé et a offert
une opportunité unique aux Français
de découvrir l’originalité de la culture
kazakhe et d’apprécier son artisanat.
En 2013, lors de la célébration du
15ème anniversaire de notre capitale,
nous avons accueilli une délégation
de la ville de Nice, dirigée par son
Maire adjoint, M. Benoit Kandel. Lors
de cette visite, nos villes ont signé un
Acte d’amitié, dans le cadre duquel
nous avons prévu une série de manifestations, y compris l’organisation
des Journées culturelles d’Astana
et l’ouverture d’une représentation
d’affaires d’Astana à Nice.
L’un des événements marquants de
l’histoire de nos relations bilatérales a
été la visite du Président François Hollande au Kazakhstan. Je suis convaincu
que la rencontre au sommet de l’État
organisée à cette occasion, donnera
une forte impulsion au renforcement
de notre coopération.
Peu après cette visite, nous avons
inauguré un monument à l’effigie du
premier Président de la Vème République, le général Charles de Gaulle.
Ce monument se trouve dans le
« Quartier français » dans la rue qui
porte son nom.
Astana et Paris seront toujours
liés par des relations amicales, dans
le sillage du renforcement de la coopération kazakhstano-française dans
les domaines politique, économique
et culturel.
47
entreprises françaises de plus
en plus intéressées par le marché
kazakhstanais
Des
Entretien avec M. Yves-Louis DARRICARRÈRE,
Président de Total Upstream*,
Kazakhstan-France Partenariat Stratégique:
Pourriez-vous évoquer les récents travaux
du Conseil des affaires franco-kazakhstanais
pour favoriser la coopération économique
entre les deux pays ?
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
M. Yves-Louis Darricarrère : Le Conseil
des affaires franco-kazakhstanais,
dont j’assure la co-présidence avec
M. Aidan Karibjanov, Président de
Visor Holding, est né en 2008 d’une
initiative des Présidents français et
kazakhstanais, M. Nicolas Sarkozy
et M. Noursoultan Nazarbaïev, et
a fusionné avec le Comité FranceKazakhstan de MEDEF International.
L’action du Conseil vise à faciliter
la réalisation de projets et à favoriser
la mutualisation d’expériences entre
entreprises françaises et kazakhstanaises. Il contribue ainsi à renforcer
et à développer les relations économiques et les partenariats industriels
entre les deux pays.
La dernière session du Conseil s’est
tenue à Astana en février 2014 : à cette
occasion, j’ai conduit une délégation
de 46 chefs d’entreprises françaises
issues des secteurs de l’énergie et
de l’environnement, des transports et
des infrastructures, des télécommunications, de la banque, de la défense
et de la santé. Ils ont pu s’entretenir
avec les membres du gouvernement
du Kazakhstan pour mieux comprendre
les attentes du gouvernement et, ainsi,
mieux y répondre.
En 2014, la partie française du
Conseil a reçu la visite officielle de
M. Asset Issekeshev, alors Vice-Premier Ministre et, tout récemment,
du Premier Ministre kazakhstanais
Karim Massimov pour une réunion
préparatoire à la visite présidentielle
française qui a eu lieu en décembre
2014 au Kazakhstan. La densité de
nos activités nous permet de mesurer
l’intérêt croissant des entreprises
françaises pour le Kazakhstan pour
le marché qu’il représente, pour le
potentiel économique qu’il offre et
pour les projets qui sont lancés par
les autorités de ce pays.
Parallèlement, la « task force »
que j’ai créée en 2011 s’est rendue au
Kazakhstan à sept reprises. Financée
par Total, cette petite équipe effectue
des missions de travail pour étudier
les pistes d’amélioration des activités
du Conseil et mieux appréhender les
attentes des autorités et partenaires
kazakhstanais.
Le Conseil œuvre également au
développement des relations francokazakhstanaises en formulant des
propositions concrètes aux gouvernements. À l’occasion de la XIème
réunion de la Commission mixte,
qui s’est tenue le 17 octobre 2014 à
Astana, le Conseil a mis en avant des
propositions susceptibles de contribuer
à l’amélioration de l’environnement
dans lequel les entreprises françaises
et kazakhstanaises développent leurs
projets et partenariats, notamment en
matière de ressources humaines, de
marchés publics, et concernant les
conséquences de l’Union douanière
et les contraintes réglementaires. Ces
domaines d’action sont essentiels
pour les projets en cours de réalisation
aujourd’hui et pour les entreprises
qui viendront au Kazakhstan demain.
En effet, l’attrait du pays auprès des
entreprises françaises ne se limite
plus aux grands groupes, et les entreprises de taille intermédiaire, les PME
(petites et moyennes entreprises)
internationalisées, comptent parmi les
entreprises toujours plus nombreuses
à prendre part aux actions du Conseil.
K-F.P.S. : En votre qualité de représentant du groupe Total au sein du Foreign
Investment Council (FIC), pourriez-vous
évoquer quelques-unes des initiatives
menées par Total au Kazakhstan ?
Y.L.D. : Le groupe Total veille en permanence à renforcer son engagement
* Total Upstream regroupe les branches Exploration-Production et Gas & Power
48
en tant qu’entreprise socialement
responsable dans tous les pays où
elle est présente. Au Kazakhstan, un
de nos projets, qui est une réussite,
est significatif de cet engagement :
la création de l’Institut de Soudure
du Kazakhstan (Kazakhstan Welding
Institute).
À l’initiative de Total, le Kazakhstan est devenu, en 2011, le 55ème
membre de l’Institut International de
la Soudure (International Institute of
Welding) et a créé une association
de soudure indépendante, KazWeld,
qui est devenue, à son tour, le 18
novembre 2014, membre observateur de la Fédération européenne
de Soudure.
Aujourd’hui, un cycle complet de
formation de soudeurs qualifiés selon
les normes internationales a été mis
en place au Kazakhstan. Plus de 700
spécialistes locaux ont été formés et
ont reçu des diplômes internationaux
de différentes catégories de soudeurs
- praticiens, spécialistes et ingénieurs
de haut niveau. Neuf centres de
formation régionaux ont été certifiés
pour être pleinement conformes aux
normes internationales. En association
avec l’Institut français de Soudure, un
programme de Master a également
été mis en place en 2013 en partenariat
avec l’Université technique d’État de
Karaganda.
Par ailleurs, afin de soutenir la stratégie de développement du Kazakhstan
dans les énergies renouvelables, Total
a proposé d’aider au développement
de projets solaires par l’intermédiaire
de sa filiale, SunPower, aujourd’hui
un des leaders mondiaux du solaire.
La technologie C7 de SunPower sera
testée dans les locaux de l’Université
Nazarbaïev à Astana au cours des deux
prochaines années. La réussite de ce
projet pourrait conduire à l’installation
d’un projet à plus grande échelle,
une centrale solaire de production
d’électricité.
Des synergies économiques croissantes
Airbus Group : « une coopération globale
et multiple avec la République du Kazakhstan »
Entretien avec M. Silvère DELAUNAY,
Directeur d’Airbus Group au Kazakhstan
Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : En quelques années, Airbus
Group est devenu un partenaire étroit
du Kazakhstan dans le secteur aéronautique. Comment définiriez-vous sa
stratégie dans ce pays ?
techniciens d’hélicoptères, impliquant l’École militaire d’Aktobe et
la société nationale française DCI,
démontre l’implication permanente
du groupe et sa capacité d’initiative
au Kazakhstan.
M. Silvère Delaunay : La stratégie
d’Airbus Group au Kazakhstan vise
à répondre à celle définie par le
gouvernement kazakhstanais de
développement des activités non
extractives avec la mise en place
d’un contenu local et de transferts
de savoir-faire / technologies, quand
cela est, bien entendu, économiquement viable et technologiquement
possible, l’industrialisation étant
synonyme de volume et de visibilité,
requérant constance et anticipation,
donc des engagements à long terme
signés avec anticipation.
Ainsi, Airbus Group est, à la
fois, un partenaire stratégique qui
a établi une coopération locale
à long terme, et un fournisseur
d’équipements / systèmes prenant
en compte les besoins d’autonomie
du Kazakhstan, notamment en
terme de maintenance, ce qui est
fondamental pour la souveraineté
de notre pays. Mais Airbus Group
est également un client clé du
Kazakhstan, achetant sur le long
terme des quantités très significatives de titane, permettant à
UKTMP (Ust-Kamenogorst Titanium
Magnesium Plant) de développer
des produits de valeur ajoutée
croissante*.
Airbus Group a donc développé
une coopération globale et multiple
avec la République du Kazakhstan,
et demeure actif pour en accroître
le périmètre. Le récent projet
de création d’une académie de
formation ab initio pour pilotes et
K-F.P.S. : Pourriez-vous nous rappeler
les débuts de la coopération entre
Airbus Group et le Kazakhstan ?
S.D. : Tout d’abord Airbus a fourni des
A320/321 à la compagnie aérienne
nationale Air Astana et désire
logiquement continuer à prendre
part à la croissance de la flotte de
cette compagnie aérienne. Airbus
Group peut également répondre aux
besoins de la nouvelle compagnie
domestique, Air Kazakhstan, grâce à
son offre de turbo-propulseurs ATR.
La première coopération stratégique fut établie dans le domaine
spatial, Astrium (désormais intégré
au sein d’Airbus Defence and Space)
ayant été sélectionné comme
partenaire de Kazakhstan Garish
Sapary (KGS), filiale de l’Agence
spatiale KazCosmos.
Airbus Defence & Space a ainsi
lancé avec succès deux satellites
d’observation de la terre (haute
et moyenne résolution), et fourni
les stations sol associées, projet
appelé localement « DZZ », permettant au Kazakhstan de disposer de
capacités sans précédent, pour des
applications cadastrales, agricoles,
environnementales mais également
en terme de renseignements et de
sécurité. Ces deux satellites sont
actuellement en orbite et en phase
de recette. Le satellite de haute
résolution, en particulier, va être
livré sous peu et fournit des images
d’une qualité exceptionnelle. En
outre, Airbus Defence and Space
participe également à la mise en
place d’un centre d’Assemblage,
Intégration et Test de Satellite
(nommé localement « SBIK »)
actuellement en construction à
Astana, agissant en Assistance à
Maitrise d’Ouvrage mais également
en tant que fournisseur d’équipements complexes.
La construction de ce centre
est sous la responsabilité de KGS
puisqu’il s’agit d’un actif possédé en
propre à 100% par notre partenaire :
le centre d’Assemblage Intégration
et Test sera loué à la joint venture
(JV) Ghalam (détenue par Astrium
à 27,5%, et KGS avec la République
du Kazakhstan à 72,5%) et opéré par
cette dernière. La JV commune sera
ainsi le fournisseur/acteur privilégié
des programmes satellitaires du
Kazakhstan (communication, radar,
satellite scientifique,…) permettant
le développement d’une industrie
spatiale kazakhstanaise : volume,
constance et pérennité de charge sont
la clé d’un succès long terme. La JV
est en particulier la mieux placée pour
prendre en charge le futur programme
de télécommunication du Kazakhstan,
Kazsat-4. Nous y travaillons avec nos
collègues de Ghalam.
K-F.P.S. : Airbus Group est également
présent dans le domaine des hélicoptères ?
S.D. : Effectivement, le second projet
industriel stratégique d’Airbus Group
implique sa filiale Airbus Helicopters via une JV locale, Eurocopter
Kazakhstan Engineering (ECKE),
pour l’assemblage, la customisation,
la maintenance et la formation de
type d’un bimoteur léger polyvalent,
référence de sa catégorie, l’EC145.
La JV ECKE fut créée en 2011 et son
* Une coopération impliquant également le groupe français Aubert & Duval au sein de la JV franco-kazakhstanaise UKAD.
49
© Airbus Defence and Space
Fleuron de l’industrie européenne de défense, l’avion
de transport militaire européen, l’A400M a été exposé
pour la première fois au Kazakhstan, lors de l’édition
2014 du salon de l’armement KADEX en mai 2014.
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
usine implantée proche de l’aéroport
d’Astana : la capacité d’assemblage
est de 8 à 12 hélicoptères par an,
et les installations sont dimensionnées pour pouvoir maintenir une
flotte de 90 machines. L’usine de
la JV ECKE a été inaugurée par le
Président Noursoultan Nazarbaïev
le 29 juin 2012.
À noter que la JV ECKE a été
certifiée en 2014 par l’aviation civile
kazakhstanaise comme centre de
maintenance et de formation :
ces activités de services sont
fondamentales pour assurer un
transfert efficace de savoir-faire et
contribuent très significativement
au développement du contenu local.
En plus du modèle EC 145, Airbus
Helicopters est prêt à développer la
gamme proposée par sa JV ECKE,
notamment pour répondre aux
besoins des forces (Ministère de
la Défense, …) ou des opérateurs
Oil & Gas.
Le succès global de ce projet et
sa pérennité dépendent étroitement
d’une charge industrielle homogène
et constante, permettant une programmation efficace de l’activité
tout au long de l’année, donc de
contrats multi-annuels signés avec
anticipation et respectant les délais
de production. En outre, l’aspect
formation est crucial, pas uniquement
au niveau de la JV mais également
chez les utilisateurs. Ainsi, après
trois ans d’activité et donc d’expérience, Airbus Helicopters et sa
JV ont décidé de proposer d’aller
50
encore plus loin en
supportant l’ensemble
de l’écosystème hélicoptères : la première étape étant
de répondre au manque de pilotes
et techniciens par la création d’une
académie ab initio, comme brièvement citée précédemment. C’est
un projet réellement novateur et
créateur de valeur, le Kazakhstan
pourra ainsi disposer d’un centre
de compétence rayonnant régionalement.
K-F.P.S. : Outre les aspects évidents de
performances et de sécurité, de quels
autres atouts dispose Airbus Group ?
S.D. : La compétitivité de nos produits ! Prenons le cas d’Airbus
Military (désormais une des composantes d’Airbus Defence and
Space) qui fournit au Ministère de
la Défense des avions de transport
tactiques C295. En comparaison
des appareils utilisés jusqu’alors,
disons que sur 20 à 30 ans, le coût
d’achat et d’opération (y compris
maintenance) de nos appareils est
inférieur aux seuls coûts d’opération
et de maintenance des plateformes
dites « soviétiques » ! Et je ne parle
pas de leur disponibilité ...
Or, le Kazakhstan décide désormais
en investisseur avisé, et désire faire
le meilleur choix d’investissement
à long terme. Nous avons alors la
réponse adaptée.
Nous avons fait participer, en
mai 2014, un A400M lors du Salon
militaire d’Astana, le KADEX. La
réflexion précédente vaut pleinement pour cet appareil qui a reçu
un excellent accueil, et qui n’a pas
d’équivalent en termes de capacités
tactiques et stratégiques.
K-F.P.S. : Quelles opportunités la visite
du Président François Hollande à
Astana les 6 et 7 décembre 2014 a-t-elle
ouverte pour Airbus Group ?
S.D. : Nous sommes l’un des principaux partenaires stratégiques du
Kazakhstan dans le secteur non
extractif, représentant en outre
des activités de hautes technologies. Nous avons deux JV locales
dont nous souhaitons évidemment
développer l’activité et assurer la
pérennité à long terme. En outre,
nous sommes proactifs et nous
proposons de nouveaux projets.
Le gouvernement du Kazakhstan
a défini une politique étrangère dite
multi-vectorielle dont la composante
européenne est cruciale, et apprécie
de pouvoir, grâce à Airbus Group,
donner un contenu économique
et industriel à différentes relations
bilatérales avec les principaux acteurs
européens, dont bien sûr la France,
tout en bénéficiant d’offres diversifiées
de plateformes et de solutions pour
lesquelles Airbus Group est reconnu
comme leader dans chacun de ses
domaines d’activité.
Des synergies économiques croissantes
Comment ECKE s’intègre naturellement dans la vision stratégique du
Président Nazarbaïev pour 2050
Par M. Tristan SERRETTA,
Directeur général d’Eurocopter Kazakhstan Engineering (ECKE)
ECKE, contributeur au développement d’une économie de la connaissance et de l’avenir
En octobre 2010, la France
et le Kazakhstan expriment leur
soutien mutuel au développement de la filière hélicoptère
au Kazakh-stan en établissant
un partenariat de coopération
industriel, technologique et commercial entre la compagnie Kazakhstan Engineering (KE) et l’entreprise Airbus Helicopters (AH).
Eurocopter-Kazakhstan Engineering (ECKE), coentreprise locale
en charge de l’assemblage, de la
customisation, et de la maintenance des 45 hélicoptères EC145
commandés, est inaugurée en
2012. Elle assure également au
sein de ses locaux la formation
spécialisée des techniciens et pilotes intervenant sur ce bimoteur
léger et multi-missions, ainsi que
la distribution de cette plateforme
dans toute la zone Asie centrale.
Le transfert de technologies et
de compétences qui en découle
amène ECKE à devenir un des
instruments de structuration de
la nouvelle industrie aéronautique
au Kazakhstan. Dès les premiers
mois de son existence, les résultats sont positifs : une cinquantaine de nouveaux postes est
créée, dont 90% occupés par
des citoyens kazakhstanais, et
plus d’une centaine d’entreprises
locales a également été sollicitée
pour fournir divers produits et
services à la joint-venture.
D’autre part, la majorité du personnel employé a reçu une formation en Europe ou au Kazakhstan
équivalente à celle dispensée
à leurs homologues français et
allemands, le but étant de perfectionner leur connaissance du partenaire européen et de ses produits. Grâce à cette main-d’œuvre
nombreuse et qualifiée, l’usine a
successivement pu être certifiée
par les autorités kazakhstanaises
et par Airbus Helicopters pour
ses activités de services. Elle est
autonome depuis l’été 2014, pour
l’assemblage et le support des
flottes distribuées, ainsi que pour
la formation des professionnels à
l’EC145.
Ces objectifs de court terme
étant remplis, ECKE s’est aussi
engagée sur la voie de l’export,
marché indispensable pour assurer la pérennité et l’élargissement
© Airbus Helicopters
P
our les connaisseurs
de la zone et les experts du changement,
la mise en place de
la joint-venture Eurocopter Kazakhstan Engineering
(ECKE) fait parfaitement écho
aux deux stratégies de développement national annoncées par
le Président de la République du
Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev. La première, « Kazakhstan-2030 », datée de 1997,
pose avec succès les bases d’un
État moderne et stable, capable
d’attirer de nombreux investissements étrangers. La seconde,
« Kazakhstan-2050 », présentée
en 2012, établit de nouvelles
orientations politiques dans le
but de préparer le Kazakhstan à
faire face aux défis de ce siècle.
Son objectif est alors d’atteindre,
d’ici 2050, le niveau des 30 pays
les plus développés du monde,
en prenant pour base un État fort,
une croissance intelligente et une
ouverture à l’international. L’inauguration de la co-entreprise ECKE
la même année, par le Président
Nazarbaïev lui-même, matérialise
cette vision d’avenir.
L’usine d’assemblage d’hélicoptères EC145, Eurocopter-Kazakhstan Engineering
(ECKE), inaugurée en 2012.
51
© Airbus Helicopters
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
de son activité au Kazakhstan.
Un audit de l’usine a d’ailleurs eu
lieu à la fin du mois de novembre
2014 par les autorités de l’aviation civile mongole ; de nombreux
autres contacts sont actuellement en cours. La certification progressive de quelques-uns de ces
pays permettra à la coentreprise
de devenir un centre d’excellence
régional pour la distribution et les
services liés aux appareils EC145,
faisant par là même du Kazakhstan un nouveau pôle d’attractivité
et d’expertise dans le domaine de
l’aéronautique en Asie centrale.
ECKE : priorité à l’éducation et à la
formation !
L’aéronautique moderne, c’est
l’avant-garde technologique. Les
progrès réalisés dans ce domaine
ont fait émerger plusieurs grandes
Nations de ce siècle. Mais pour
développer et entretenir cet acquis, il a avant tout fallu mettre
en place un système d’éducation
et de formation moderne et efficace. Seuls des esprits bien formés au sein d’instituts matures
peuvent maîtriser des technologies aussi complexes que les
avions, les hélicoptères, et les
systèmes embarqués. La sécurité des vols étant un paramètre
décisif, l’à peu près et la médiocrité n’ont pas leur place.
C’est conscient de l’intérêt
de tels enjeux que le Président
Nazarbaïev soutient dès 2010 le
52
Autonome depuis l’été 2014 pour l’assemblage et le support des flottes distribuées,
ainsi que pour la formation des professionnels à l’EC145, l’usine EurocopterKazakhstan Engineering (ECKE) se tourne désormais vers l’export.
partenariat stratégique que représente l’alliance d’Airbus Helicopters, premier constructeur d’hélicoptères civils au monde, avec la
compagnie Kazakhstan Engineering, porte d’entrée incontournable des industries de défense
étrangères au Kazakhstan. Afin
d’honorer au mieux cette tâche
d’éveil au monde aéronautique,
ECKE, liant de ces deux groupes,
fait le choix du pragmatisme
et investit premièrement dans
ses ressources humaines et
matérielles. À cet effet, l’entreprise n’hésite pas à envoyer ses
employés en Europe ou à les
qualifier sur place par l’accueil
d’experts certifiés d’Airbus Helicopters. Elle prend également
en charge 12 stages Green Belt
– diplôme reconnu à l’international – pour ses plus hauts potentiels, et dispense pratiquement
chaque jour des cours d’anglais
à son personnel non-anglophone.
En plus de cela, la joint-venture
se dote en local d’un simulateur
de vol dernière génération, le seul
de ce type en Asie centrale, ainsi
que d’un simulateur de maintenance complet. Pour finir, elle
subventionne deux missions de
formation par an, à Almaty, en
collaboration avec la Gendarmerie
nationale française, afin de favoriser le partage d’expérience entre
les équipes navigantes du Comité
des situations d’urgences et l’une
des meilleures unités d’intervention d’Europe.
Mais l’intégralité de cette éducation et formation aéronautique
ne peut être assumée par ECKE,
la charge étant trop importante et
les besoins trop nombreux. Pour
preuve, en 2014, 30 pilotes sont
déjà manquants pour opérer les
EC145 disponibles au Kazakhstan,
et d’ici à 2020, les besoins totaux
s’élèveront à plus de 200 pilotes
et plus de 200 techniciens, toutes
plateformes confondues. En
cause, la carence de structures
nationales capables d’éduquer et
de former, dès maintenant, les
pilotes et les techniciens de demain. Sans cette ressource, l’efficacité des missions héliportées
de services publics du Kazakhstan, de même que la crédibilité
du projet ECKE sont directement
menacées. Pour aider le pays à
surmonter cette insuffisance,
la coentreprise a donc fourni au
gouvernement kazakh un projet
complet de formation aéronautique sur plateformes modernes.
Ce dernier prend la forme d’une
véritable académie d’hélicoptères
de haut niveau, basée à Aktobe,
au sein du Ministère de la Défense, et résulterait de la collaboration entre le Kazakhstan, ECKE,
la filiale allemande Airbus Kassel
et le groupe français Défense
Conseil International (DCI). Le
but étant de rendre autonome le
Kazakhstan dans le domaine de la
formation ab-initio sous un délai
de trois ans.
ECKE, pour un Kazakhstan fort
Sous l’impulsion de son président, le Kazakhstan planifie
aujourd’hui la modernisation de
son outil de défense. Mais une
évolution des doctrines et des
concepts d’opération doit aussi
se faire en parallèle des actuelles
acquisitions technologiques du
pays. En effet, pour être fort, il
ne suffit pas seulement d’avoir,
il faut aussi savoir et convaincre.
ECKE procure ce savoir. L’importation de ses équipements
et méthodologies de pointe font
de la coentreprise un « vecteur
productif » de recherches et
d’expérimentations innovantes,
hautement bénéfique pour le
Kazakhstan. En effet, grâce à la
motivation d’équipes jeunes et
bien formées, évoluant dans un
secteur novateur et exigeant, la
créativité et la quasi-perfection
sont de rigueur. Cols bleus ou
cols blancs, chacun doit donner
le meilleur de sa personne et
devenir une authentique « source
d’originalité », en dehors de tout
jugement, afin de faire progresser un collectif, et au-delà de cela,
un pays. La mise en place d’un
vrai bureau d’études, composé
d’ingénieurs kazakhstanais, pour-
rait être une nouvelle étape de ce
perfectionnement. Le pays en deviendrait alors plus chevronné car
capable d’intégrer des technologies provenant du monde entier.
ECKE fournit également un savoir-opérer. L’entreprise représente
de manière très concrète un « espace d’observation multinational »,
où évoluent un Kazakhstan décidé
à se moderniser et des pays-partenaires disposés à partager le fruit
de leur pratique passée et récente.
L’engagement d’hélicoptères Airbus sur de nombreux théâtres
d’opérations, le succès mondial
des avions du même grand groupe
ou encore l’expérience opérationnelle de la France en matière de
missions aériennes à hauts risques
sont des exemples d’expériences
qui peuvent naturellement être
abordés au sein de la joint-venture ECKE. Le partage de telles
connaissances permettrait dans un
premier temps au Kazakhstan d’accélérer la maturation de ses unités
de défense et de sécurité ainsi
que celles de ses concepts et doctrines d’emploi, mais aussi, dans
un second temps, de s’assurer un
environnement extérieur beaucoup
plus favorable.
Mais tout ceci ne vaut que si
des coopérations rationnelles et
efficaces sont tissées. En cela,
ECKE met à disposition du peuple
kazakh un véritable « pont » vers
l’Europe, et plus largement vers
l’international car, en plus de
représenter une part du groupe
Airbus, dont la diversité et l’ingéniosité des produits et des
hommes sont des faits reconnus,
Eurocopter-Kazakhstan Engineering est aussi une filiale d’Airbus
Helicopters, entreprise fondée
par l’alliance de trois pays européens clés que sont la France,
l’Allemagne et l’Espagne. Par le
dynamisme de leur diplomatie
locale à soutenir le projet auprès
du gouvernement kazakh, celuici a largement dépassé la simple
collaboration industrielle. Il matérialise en réalité un forum d’interaction et de confiance entre l’Est
et l’Ouest, grâce auquel la place
du Kazakhstan prend une autre
dimension sur la scène internationale, celle de partenaire égal.
Soutenir le développement de
la filière hélicoptère au Kazakhstan était probablement, à très
court terme, une action audacieuse. Mais les succès obtenus
par Eurocopter Kazakhstan Engineering depuis sa création nous
font comprendre la logique cachée d’une telle stratégie. ECKE
est un modèle positif de l’adaptation rationnelle de l’économie
kazakhstanaise à la logique du
marché mondial. Cette compagnie épouse une vision présidentielle qui répond avec lucidité aux
nouveaux défis mondiaux.
53
Des synergies économiques croissantes
© Airbus Helicopters
L’un des EC145 commandés par
le Ministère kazakhstanais des
situations d’Urgence, en vol dans
la région d’Almaty.
sentiment d’appartenir
à la terre kazakhe
Un
Par Mme Claudie HAIGNERÉ,
Ancienne Ministre, Présidente du Palais de la Découverte
et de la Cité des Sciences et de l’Industrie
© ESA/CNES
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
L
e Kazakhstan a été
pendant longtemps une
« Terra Incognitae » aux
yeux des Français et
même au reste du monde.
Pour la cosmonaute que je suis, ce
pays, qui a vu partir Youri Gagarine,
représente surtout le point de départ
du rêve le plus fou de l’Homme :
rejoindre l’espace.
Je n’ai pas eu l’occasion de vivre
cet exploit en direct en raison de
mon très jeune âge mais plus tard,
lorsque je décidais de postuler à une
candidature de cosmonaute, il est
évident que cette toute petite partie
du Kazakhstan éveilla alors en moi
une curiosité mêlée à un sentiment
de fascination. J’ai finalement eu
l’incroyable chance de m’y rendre
moi-même, pour la première fois,
en 1992, en tant que cosmonaute
doublure. C’était dans cette zone aride,
54
désertique, de ce pays immense :
le célèbre cosmodrome de Baïkonour. J’y suis ensuite retournée à
de multiples reprises.
Je dois reconnaître que mes
différents séjours dans cette zone
extrêmement reculée, désertique,
empreinte de mystère, ont sans nul
doute été parmi les plus inoubliables
de mon aventure spatiale.
De la préparation au vol jusqu’au
jour du départ, c’est près d’un mois
qui s’écoula, un mois de préparation
mentale et physique durant lequel
nous nous glissions véritablement
dans notre peau de cosmonaute.
Je ne trahirais pas de secret si je
disais qu’avant chaque lancement,
de nombreux rituels devaient être
respectés. Je n’ai bien évidemment
pas dérogé à cette règle dictée par
deux ambitions : ne jamais oublier
de célébrer l’homme qui part pour
cette aventure, pour cet ailleurs
dont on est jamais sûr à 100%
qu’il reviendra, et entretenir la
mémoire de l’épopée spatiale.
Parmi les rituels qui m’ont
marqués, je citerais pour exemple
ce moment, quelques jours
avant le tir, lorsque nous nous
sommes retrouvés tous dans
l’allée du polygone de Baïkonour, tout près du fleuve Syr
Daria, pour planter un arbre à
L’ a s t r o n a u t e C l a u d i e H a i g n e r é
entourée du Commandant de
mission Viktor Afanassiev (en haut),
et de l’Ingénieur de vol Konstantin
Korzeev (en bas) dans le complexe
de lancement n°1 à Baïkonour, au
Kazakhstan, le 21 octobre 2001. Mme
Claudie Haigneré avait été intégrée à
l’équipage du Soyouz TM-33, dans le
cadre de la mission « Andromède »
ayant pour objectif la Station spatiale
internationale (ISS).
notre nom, tradition qui date du
temps de Youri Gagarine. J’en ai
été pour ma part à la fois honorée
et émue : honorée de laisser une
trace sur cette légendaire terre et
bien évidemment émue de laisser
ainsi mon empreinte aux côtés des
plus célèbres cosmonautes. C’est
devant cette allée d’arbres que se
trouve l’hôtel dans lequel tous les
membres de l’équipage séjournent
depuis leur arrivée, hôtel que nous
quittions en signant notre porte
de chambre, avant d’être accompagnés de cette même musique,
une chanson dont les paroles
évoquent des cosmonautes « qui
rêvent la nuit non pas du bruit du
cosmodrome, mais de l’herbe
verte au seuil de leur maison ».
Autre moment inoubliable et pas
des moindres : la visite de la
petite maison où Youri Gagarine a
séjourné avant de s’envoler pour
l’espace, comme celle de Serguei
Korolev, cet ingénieur soviétique,
fondateur du programme spatial de
l’URSS, toutes deux transformées
en musées.
Le visionnage, la veille du vol,
de ce vieux film d’aventure « Le
Soleil Blanc du Désert », regardé
par Gagarine avant son départ, a
constitué un autre temps fort de
cette aventure avec l’ensemble de
l’équipage.
Ces passages obligés avant d’aller
vers les étoiles ont participé à nous
inscrire dans l’aventure spatiale, à
rythmer son histoire et nous faire
pleinement sentir cosmonaute.
Ce décor et cette ambiance
mythiques se sont prolongés
le jour de notre atterrissage au
retour, avec la traversée des sites
d’atterrissage dans les steppes de
Djezkazgan ou Arkalyk et l’arrivée
© Thales Alenia Space
L
Des synergies économiques croissantes
La France, partenaire
de l’industrie spatiale
kazakhstanaise
Basée à Cannes, la société française
Thales Alenia Space a remporté en
2011 un contrat pour la fourniture de
la charge utile du satellite de télécommunications KazSat3.
ancés avec succès le 30 avril
et le 19 juin 2014, les satellites
KazEOsat 1 et KazEOsat 2 ont
doté le Kazakhstan des dernières
technologies développées par le groupe Airbus Defence and Space
en matière d’observation de la Terre.
Tous deux ont été conçus respectivement par le groupe européen basé
à Toulouse et sa filiale britannique Surrey Satellite Technology Ltd (SSTL).
Ils constituent des composants essentiels du Programme spatial kazakhstanais qui prévoit également la mise en place d’un centre d’assemblage,
d’intégration et de test de satellites (AIT).
Très ambitieux, les objectifs du Kazakhstan en matière aérospatiale
visent en effet à se doter des moyens de construire ses propres satellites.
Pour ce faire, l’Agence spatiale kazakhstanaise, KazCosmos, a sélectionné
Airbus Defence and Space comme partenaire privilégié, avec la signature,
par l’intermédiaire de la société d’État JSC-Kazakhstan Gharysh Sapary, d’un
contrat le 6 octobre 2014 prévoyant la
fourniture de ces deux satellites et la
construction du centre AIT.
Ce contrat avait été scellé dans le
cadre de l’accord dans le domaine
de « l’exploration et de l’utilisation
de l’espace extra-atmosphérique à
des fins pacifiques » conclu le même
jour et qui est entré en vigueur en
décembre 2012, avec sa ratification
par le Président français.
© ESA
de nombreux enfants et villageois
qui nous accueillirent, aux côtés
du Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev, en nous offrant
notamment des habits traditionnels
du pays. Loin d’être anecdotiques,
tous ces moments, avant et après
le vol, nous ont fait comprendre
que nous étions désormais liés à
la terre kazakhe, que nous faisions
partie de son histoire, de son
patrimoine.
C’est pourquoi je ne peux que me
réjouir de l’accroissement des relations entre la France et le Kazakhstan,
notamment dans le domaine spatial.
L’accord signé entre nos deux
pays en 2012 « dans le domaine
de l’exploration et de l’utilisation de
l’espace extra-atmosphérique à des
fins pacifiques » est en ce sens un
pas important.
La France, puissance spatiale
majeure, avait naturellement vocation
à être un partenaire des Kazakhstanais
dans ce domaine. Les activités qui
découlent de cette coopération,
notamment les applications dites
aval, permettront au Kazakhstan
de valoriser ses capacités spatiales
déjà acquises ainsi que celles qu’il
compte développer avec une assistance française, en tirant un meilleur
parti, par exemple, des données
issues des capacités d’observation
de la Terre. Je suis certaine qu’à
cet égard, les relations entre le
CNES et KazCosmos portent déjà
leurs fruits. J’ai pour ma part eu
la chance de travailler étroitement
avec Talgat Mussabayev pendant
mes années d’entrainement à la
Cité des étoiles, ce fut de très bons
moments partagés avec cette envie
commune, universelle, de dépasser
les frontières du connu et de réussir
en coopération.
Mais les relations entre nos deux
pays ne s’arrêtent pas au domaine
spatial, de nombreux autres partenariats ont été également noués
en matière culturelle et dans un
domaine qui m’est cher : l‘éducation, notamment scientifique et
technique.
Ce n’est donc qu’un début. Je ne
peux que souhaiter que nos deux
pays poursuivent et intensifient ces
relations fructueuses, guidées par
cette même envie de faire progresser
la société de la connaissance.
Le satellite KazEosat 1 dans la «coiffe»
du lanceur Ariane.
Airbus Defence and Space n’est
cependant pas le seul partenaire
français du Kazakhstan en matière
d’industrie spatiale. La société Thales
Alenia Space, a également remporté en
2011 un appel d’offres pour la fourniture
d’un satellite de télécommunications
(Kazsat-3).
55
Granit Thales Electronics :
un partenariat réussi
de haute technologie
Par M. Olivier SIDIQIAN,
P
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
résent au Kazakhstan
depuis les premiers jours de
l’indépendance du pays, le
groupeThales est devenu
un acteur industriel local à
travers différentes entités, dont Granit
Thales Electronics, une co-entreprise
à parité établie en juin 2012 avec la
société privée SKTB Granit.
Ce partenariat répond au plan stratégique adopté en 2011 par la République
du Kazakhstan, qui prévoit l’acquisition
de nouveaux radars de défense aérienne
longue et moyenne portée.
Leader des radars de défense
aérienne et autres équipements de
sécurité au Kazakhstan, SKTB Granit a
été choisi par Thales pour la qualité et
l’étendue de son expertise en matière
de design, production, service et
réparation d’équipements militaires
pour le Ministère de la Défense de la
République du Kazakhstan.
GranitThales Electronics a été établie
en juin 2012 entreThales Kazakhstan et
SKTB Granit, sur la base d’un accord
de licence permettant la localisation
progressive de l’intégration, des tests,
de la mise en service et de la maintenance du radar de défense aérienne
longue portée « Ground Master 403 »
(GM 403).
Le GM 403 fait partie de la gamme
des radars 3D numériques de défense
aérienne deThalesRaytheonSystems.
Depuis son lancement, cette dernière
génération de radars a été vendue à
plusieurs dizaines d’exemplaires à
travers le monde. Ces systèmes sont
spécifiquement conçus pour fournir une
haute performance de détection, un
suivi de grande précision, une disponibilité opérationnelle élevée avec une
maintenance simplifiée, ainsi qu’une
grande mobilité.
Le premier GM 403 a été livré au
Kazakhstan début 2014, et exposé
durant la 3ème édition de l’Exposition
56
internationale d’armement et d’equitransferts industriels de haute-techpement Militaire « KADEX 2014 » à
nologie au Kazakhstan. Ce modèle
Astana. Ce radar est conçu pour une
pourra être étendu et partagé plus
double utilisation en site fixe sous un
avant, en ligne avec la pratique du
radôme, et en opération sur le terrain
groupe Thales d’établir des centres
où il peut être déployé en moins de
d’innovation dans les marchés
deux heures. Il répond à toutes les
émergents, » a souligné M. Olivier
spécifications techniques définies par
Sidiqian, Directeur Corporate pour
les Forces aériennes de la République
Thales en Asie centrale.
du Kazakhstan.
« Thales fournit un exemple pratique
À l’occasion du KADEX, le 22 mai
et réussi de partenariat industriel au
2014, un protocole d’accord a été signé
Kazakhstan. Il démontre toute la valeur
par ThalesRaytheonSystems pour la
et le potentiel du partenariat stratégique
fourniture de vingt radars GM 403 de
entre la France et le Kazakhstan dans
défense aérienne longue portée aux
le domaine des hautes technologies »,
Forces aériennes du Kazakhstan dans
a conclu S.E.M. Francis Étienne,
les années à venir.
Ambassadeur de France au Kazakhstan.
« Le GM 403 marque une étape
Le premier GM 403 a été livré aux
importante de la modernisation du
Forces aériennes du Kazakhstan à la
système de défense aérienne de la
fin de l’année 2014. Les prochains
République du Kazakhstan. Nous
radars prévus dans la série seront
attendons de pouvoir bénéficier de la
intégrés sur le site de Granit Thales
performance opérationnelle de ce radar »,
Electronics dans la région d’Almaty, au
s’est félicité M. Okas Bazargaliyevich
titre d’un transfert de technologie et de
Saparov, Vice-Ministre de la Défense
production qui contribue de manière
de la République du Kazakhstan.
significative à la sécurité nationale et
« L’excellente collaboration technique
à l’indépendance de la République du
entre Granit et ThalesRaytheonSysKazakhstan.
tems nous permet de
répondre pleinement
aux exigences de performance et de sécurité du
Ministère de la Défense
de la République du
Kazakhstan, et accélère
ledéveloppementdenos
capacités techniques et
industrielles », a pour sa
part déclaré M. Talgat
Nesipbayevich Adamov,
Directeur général de
SKTB Granit.
« Le modèle équilibré
de collaboration exploré
entre SKTB Granit et le
groupe Thales définit
Le radar de défense aérienne longue portée Ground
Master 403 (GM403) exposé lors du Salon kazakhstanais
un standard pour les
de l’armement KADEX, le 22 mai 2014.
partenariats et les
© Thales
Directeur Pays Asie Centrale du Groupe Thales
Des synergies économiques croissantes
UKAD : des synergies complémentaires
dans le secteur de la métallurgie
Par M. Georges DUVAL,
Président du groupe Aubert & Duval
d’intention avec le groupe Airbus en
présence du Président Noursoultan
Nazerbaïev et de l’ancien Président
français Nicolas Sarkozy qui permet à
Aubert & Duval et à UKTMP de créer
en commun UKAD.
UKAD a pour objet de fabriquer
et de vendre des produits en titane
principalement pour le marché de
l’aéronautique. La nouvelle société a
construit, en Auvergne (France), une
usine spécialisée dans le forgeage, le
parachèvement et le contrôle du titane
sur une surface de 48 000 m² dont
7 500 m² couverts. La construction a
démarré en 2009 et la nouvelle unité
a débuté sa production en septembre
2011, selon le planning prévu.
Cet investissement de 47 millions
d’euros a reçu le soutien d’Airbus et
d’EADS avec la signature d’un contrat
long terme qui garantit à UKAD un
volume d’affaires d’1,2 milliard de
dollars jusqu’en 2022. Avec les investissements d’UKTMP dans une unité
ultra-moderne pour la production de
lingots de titane au Kazakhstan, la
création d’UKAD permet à l’ensemble
UKTMP, UKAD et Aubert & Duval de
constituer une filière intégrée du titane
et de se positionner parmi les leaders
mondiaux sur ce marché très exigeant
en bénéficiant de l’expérience et de
l’image d’Aubert & Duval.
Aubert & Duval et UKTMP offrent
ainsi au marché une solution alternative
aux fournitures russes et américaines
pour le titane de qualité aéronautique.
C’est un positionnement stratégique
et géopolitique de premier plan dont
je me réjouis personnellement.
À mes yeux, UKAD est la matérialisation de compétences internationales : celles du kazakhstanais
UKTMP, celles du français Aubert &
Duval, tous deux leaders dans leurs
secteurs, affirmant tout à la fois la
recherche de l’excellence mondiale
et leur ancrage dans les territoires qui
ont accueilli leurs investissements.
L’implication des collectivités locales,
des États et de l’Union européenne,
les compétences reconnues des
équipes qui y travaillent, ont été
autant d’atouts convergents pour une
implantation d’UKAD réussie. Succès
d’un partenariat salué par M. Asset
Issekeshev, alors Vice-Premier Ministre
de la République du Kazakhstan, lors
de son inauguration officielle de 2011.
Notre filiale commune UKAD réussit
actuellement sa montée en puissance
après sa phase de qualification des
pièces qui équipent les appareils
d’Airbus et de Boeing.
La croissance du marché aéronautique nécessitera très probablement
d’ici 2018 une augmentation des
capacités de production de l’atelier
de refusion d’UKTMP.
Une autre étape sera de travailler à la
conception de nouveaux alliages de
titane afin de positionner UKTMP–
UKAD–Aubert & Duval comme un
véritable leader mondial des alliages
de titane. Nul doute qu’avec le soutien
de toutes nos parties prenantes, la
qualité de nos équipes et la fluidité
du travail entre les équipes kazakhstanaises et françaises, nous saurons
donner toute son ampleur à notre
aventure.
© Aubert&Duval
J
e suis particulièrement
heureux de contribuer à
cette tribune sur le thème
des partenariats stratégiques
entre le Kazakhstan et la
France à l’aube de cette année 2015
qui correspond au 10ème anniversaire de
nos premières relations commerciales
avec le Kazakhstan dans le domaine
du titane. En effet, c’est en 2005
qu’Aubert & Duval, filiale du groupe
français Éramet, a adressé sa première
commande de titane sous forme
d’éponge à UKTMP (Ust-Kamenogorsk
Titanum and Magnesium Plant JSC).
Déjà à l’époque, on savait combien
le titane répond aux besoins de marchés d’avenir, en particulier, celui de
l’aéronautique.
Le titane est un matériau particulièrement apprécié par les industries,
car il est léger, résistant et inoxydable. Son usage dans le domaine
de l’aéronautique est en très forte
croissance. Il est également utilisé
en architecture, comme par exemple
le Musée Guggenheim à Bilbao et,
de plus en plus, dans les domaines
de l’automobile et du médical. Sa
bonne compatibilité avec les matériaux composites en fait un métal de
choix pour les nouveaux programmes
aéronautiques comme l’Airbus A 350
et le Boeing B787. Dès janvier 2006,
s’amorcent des discussions sur un
possible partenariat entre UKTMP, l’un
des premiers producteurs mondiaux
de titane et notre société Aubert &
Duval. La société UKTMP avait pour
vocation première d’extraire du minerai,
de le transformer en éponge de titane.
L’association d’UKTMP et d’Aubert
& Duval est celle des éponges de
titane du Kazakhstan, dont la qualité
est mondialement reconnue, et celle
du savoir-faire de matriçage de pièces
en titane d’Aubert & Duval établi depuis
des décennies. Il ne manquait qu’une
forge spécialisée, chainon manquant
entre la mine et les pièces en titane
livrées aux avionneurs. C’est en
octobre 2009 qu’est signée la lettre
L’usine de transformation de lingots
de titane UKAD, à Saint-Georges-deMons, en Auvergne.
57
services durables pour accompagner
le développement économique
Des
Par M. Nicolas ROBIN,
Responsable de la zone CEI du groupe Seureca
L
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
e support de Seureca
est toujours adapté aux
besoins spécifiques du
client et au contexte
local. Seureca intervient
à toutes les étapes du cycle du
projet, depuis l’avant-projet jusqu’à
la mise en œuvre opérationnelle, et
propose une gamme de prestations
variée incluant la supervision de
travaux, l’assistance technique
aux opérations, la formation et
le transfert de compétences. Par
cette approche intégrée, nous
aidons nos clients à atteindre
leurs objectifs et à améliorer leur
performance technique, financière
et sociale.
Seureca fait partie du groupe
Veolia, leader mondial de la gestion optimisée des ressources,
avec plus de 200 000 salariés
à travers le monde et 160 ans
d’expérience opérationnelle dans
les secteurs de l’eau, des déchets
et de l’énergie.
Seureca dans la zone CEI et au
Kazakhstan
Seureca s’est engagé depuis
les années 1990 dans la Communauté des États indépendants
(CEI) auprès des municipalités afin
de leur apporter son expertise
internationale dans la gestion de
l’eau et de l’assainissement.
Notre présence en Asie centrale
s’articule principalement autour de
trois pays que sont le Kazakhstan,
le Tadjikistan et le Kirghizstan. Le
Kazakhstan offre sans conteste le
plus fort potentiel de croissance de
la région grâce à ses ressources
et aux compétences locales.
Notre activité a été initiée au
Kazakhstan, il y a 15 ans pour
58
répondre aux besoins d’amélioration des services d’eau et
d’assainissement, en réalisant
des plans d’investissement, des
expertises techniques, de l’assistance technique à l’exploitation
et de la formation. Nous avons
notamment contribué à la définition d’une stratégie nationale
de réponse aux besoins en eau
à horizon de 30 ans, dessinant
les options politiques et techno-
logiques permettant de concilier
les usages et d’accompagner le
développement du pays.
Au cours des dernières années,
Seureca a développé son activité
en se positionnant fortement sur
des domaines énergétiques, telles
que l’amélioration du service de
chauffage urbain central et la
réduction des pertes sur le réseau
électrique comme en témoigne
le projet emblématique d’Almaty
Éfficacité énergétique à Almaty, Kazakhstan
Par M. Raphael BERDUGO, Directeur de projet au Kazakhstan
Le Schéma Directeur énergie de la ville d’Almaty au Kazakhstan
s’inscrit pleinement dans la lutte contre le changement climatique,
et la recherche d’un développement économique durable. Objectif :
diminuer les pertes énergétiques et trouver des sources d’énergie alternatives aux centrales charbon dans un contexte de forte
consommation !
Seureca réalise depuis 2013 le Schéma Directeur « énergie » de
la ville d’Almaty. Ce projet d’envergure vise à optimiser l’efficacité
énergétique de la ville en réduisant les pertes et l’impact environnemental, tout en maîtrisant les coûts.
Le réseau de chaleur de la ville d’Almaty approvisionne 1,5 million
d’habitants grâce à près de 1 200 km du réseau. Celui-ci est alimenté par
trois centrales à cogénération alimentées au charbon - 830 MW - et par
des chaudières indépendantes, pour une puissance installée thermique
totale de 1 500 MW.
Une équipe pluridisciplinaire d’ingénieurs Seureca est mobilisée
pour :
- Identifier les mesures d’efficacité énergétique, les nouvelles
sources d’énergies et équipements qui permettront d’améliorer
l’efficacité énergétique des installations et de réduire les émissions
de gaz à effet de serre ;
- Élaborer des recommandations légales et contractuelles nécessaires à la bonne gouvernance des entreprises et éventuellement à
la mise en place d’un partenariat public/privé ;
- Préparer les plans d’investissement à court et long terme, basés
sur une stratégie de production et de distribution énergétique intégrée ;
- Étudier la faisabilité de la réhabilitation, de la modernisation de l’usine
D
Des synergies économiques croissantes
Les premiers bus 350 Citelis GNV
conçus par l’entreprises Iveco.
évelopper la coopération décentralisée, notamment autour de
la question de la « ville durable » était l’un des sujets phares de
la visite du Président français François Hollande au Kazakhstan.
Comptant sur le renfort des maires de Cannes et de Grenoble, M.
David Lisnard et M. Éric Piolli, il a en effet promu le savoir-faire de
la France en matière d’aménagement urbain. Un domaine auquel s’intéresse
de plus en plus, les autorités kazakhstanaises. Ville nouvelle de plus de
830 000 habitants, Astana a vu sa population croître à vitesse exponentielle
(plus de 250% d’habitants en 14 ans).
Dans le cadre du Forum économique d’Astana, la municipalité de la capitale kazakhstanaise a signé le 24 mai 2014 avec S.E.M. Francis Étienne,
Ambassadeur de France au Kazakhstan, le protocole sur la réalisation du
projet « Astainable », un « simulateur ville durable », proposé par le groupement d’entreprises françaises Eiffage, Egis et GDF Suez.
Ce projet vise à identifier les besoins de la ville d’Astana en matière de
développement urbain durable, et de proposer des solutions techniques et
technologiques adaptées. Il bénéficie d’un financement public de deux millions d’euros, octroyé par la France dans le cadre des outils de financement
et d’aide-projet (FASEP).
Le secteur des technologies vertes dans
les espaces urbains est
également porteur pour
les entreprises françaises.
Iveco Bus a ainsi remporté
en février 2014 un contrat
d’un montant d’environ
100 millions d’euros pour
la livraison de 358 autobus
« propres » du modèle Citelis
GNV construits à l’usine
d’Annonay (Ardèche). À
l’approche de l’Exposition
internationale 2017, la Mairie
d’Astana entend en effet
renouveler sa flotte de bus
et renforcer sa politique
en faveur de solutions de
transport écologiques.
© Ambassade de France
actuelle ou la construction d’une
nouvelle centrale ;
- Inventer des solutions alternatives et réévaluer les impacts
des investissements et des tarifs
régulés de la distribution ;
- Améliorer les modes d’exploitation et de régulation de
l’approvisionnement en chaleur
et en électricité
- Optimiser le plan d’action
de réduction des pertes et des
consommations électriques.
Ce projet est cofinancé par le
gouvernement français (FASEP) et
le bénéficiaire kazakhstanais.
La ville durable : nouvel axe
de la coopération économique
franco-kazakhstanaise
© Ambassade du Kazakhstan
(voir encadré ci-après). Au-delà de
l’activité Municipale, le second
axe de croissance est porté par
des prestations auprès de grands
groupes industriels français et
kazakhstanais.
Cet ancrage historique, conforté
par des partenariats stratégiques
locaux, nous permet d’aborder l’avenir avec confiance. Notre ambition
est de continuer à accompagner
municipalités et industriels dans
la gestion de l’eau et l’énergie,
mais aussi de démontrer notre
expertise dans le domaine de la
gestion des déchets, problématique d’avenir pour des pays en
forte croissance. Notre volonté est
de répondre aux besoins actuels
de nos partenaires municipaux
et industriels, mais également
d’inventer avec eux les services de
demain qu’ils proposeront à leurs
clients et administrés, fondés sur
les objectifs d’optimisation de la
performance durable.
S.E.M. Francis Étienne, Ambassadeur de France au
Kazakhstan et l’ancien Maire d’Astana, M. Imangali
Tasmagambetov, signant un protocole d’accord sur
le projet Astainable.
59
Kazakhstan et la Côte d’Azur,
de la villégiature à la coopération
économique
Le
Par M. Dominique PAGES,
Consul Honoraire de la République du Kazakhstan à Nice, Cannes, Marseille,
Toulon et Saint-Tropez
L
60
pays) ont découvert la richesse de
cette région qui va de la frontière
italienne au Golfe de Saint-Tropez.
C’est d’ailleurs à cette volonté de
nombre d’entre eux d’y avoir un
« pied-à-terre » que les terrains et
propriétés entre Saint-Jean-Cap-Ferrat
et la frontière italienne sont devenus
parmi les biens immobiliers les plus
chers du monde au mètre carré.
Grâce à une image particulièrement favorable de la France au
Kazakhstan dont les échanges
économiques et de coopération
industrielle se sont intensifiés depuis
2009, l’attractivité de notre pays
et, notamment de la Côte d’Azur,
ne cesse ces dernières années de
se renforcer avec une croissance
constante tant des demandes de
visa sur la région que du nombre
estimé de visiteurs originaires de
ce pays (arrivés par divers moyens
aériens ou terrestres) que l’on situe
aux alentours de 40 000 en 2013.
Aujourd’hui, après cette première
vague qui remonte aux années 2007,
la Côte d’Azur est devenue une
terre d’accueil de plus en plus de
Kazakhstanais intéressés également
© DR
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
a Côte d’Azur représente,
depuis les Anglais qui en
ont fondé la réputation,
un fort pôle d’attraction
pour la villégiature de
nombreux étrangers du monde
entier, bien au-delà de la seule
Europe. Le climat n’en est pas la
seule raison, même si cela reste un
lieu particulièrement choyé pour les
populations chez lesquelles l’hiver est
une saison qu’on essaie d’oublier.
La Côte d’Azur offre en effet un
cocktail d’atouts qui la rendent unique
en Europe et en font la deuxième
destination française après Paris :
- un intérêt touristique bien
évidemment ;
- un mode de vie en extérieur
même en période hivernale ;
- une vie culturelle intense (elle
a accueilli nombre d’artistes au
point d’y développer « l’École de
Nice » avec Yves Klein, César, Ben,
Sosno, etc., connue mondialement
des amateurs d’art contemporain) ;
- un brassage d’hommes d’affaires
de tous pays (résidents estivaux
ou plus durables) qui y joignent
l’agréable de leurs séjours à l’utile
de leurs projets ;
- des événements internationaux
(festivals, salons professionnels de
haut de gamme, colloques…)
- plus récemment, depuis les
années 1980, un positionnement
de carrefour technologique avec les
pôles de Sophia Antipolis et bientôt
de l’Éco-Vallée combiné avec une
offre de formation supérieure de
tout premier plan.
C’est dans ce contexte que de
nombreux Kazakhstanais (initialement
parmi les happy few enrichis des
performances de l’industrie pétrolière
et minière, puis du développement
urbain des principales villes du
par d’autres opportunités telles que
la participation (quand ce n’est pas
l’organisation elle-même) d’événements professionnels adossés à la
notoriété des pôles de rayonnement
international que sont Monaco (jet
set et finance internationale), Cannes
(festivals et salons thématiques de
réputation mondiale) et Sophia Antipolis (nouvelles technologies). Sans
compter les perspectives offertes
par l’arrière-pays niçois avec ses
stations de sport d’hiver qui pourraient avec le soutien d’investisseurs
kazakhstanais, proposer des prestations comparables à celles de la
Haute-Savoie pour une population de
russophones souvent à la recherche
de divertissements alternatifs à leurs
séjours strictement côtiers.
Mais le Kazakhstan, qui souffre
encore d’une visibilité insuffisante
Mme Aida Balayeva, Adjointe au
Maire d’Ast ana, s’exprimant à
l’occasion de la fête nationale du
Kazakhstan organisée à Nice en
décembre 2013, en présence de
S.E.M. Nourlan Danenov, Ambassadeur du Kazakhstan en France,
et de M. Dominique Pages, Consul
Honoraire du Kazakhstan à Nice.
Des synergies économiques croissantes
© DR
du Kazakhstan en France, une politique
de rapprochement avec plusieurs
des acteurs institutionnels de la
Côte d’Azur s’est mise en place :
- 2012 : Offre par Team Côte d’Azur
d’ouverture d’un « Comptoir » du
Kazakhstan dans les Alpes-Maritimes
qui, à l’instar de ceux de la France
en Inde, serait un point focal pour
structurer et animer les relations de
toutes natures avec le tissu régional ;
- 2013 : Traité d’amitié entre Nice
et Astana ;
- 2014 : Signature d’une convention de coopération entre Sophia
Antipolis et la Holding d’État Parasat
pour favoriser les échanges technologiques et le développement de
start-up attirées par le Kazakhstan ;
- 2014 : Mémorandum de coopération entre Cannes et Almaty
et Mémorandum de coopération
entre une École de Management
de Sophia Antipolis et un Institut
d’Almaty.
Tout ceci, combiné avec la croissance de visiteurs dans la région,
devrait donner corps à l’ouverture
d’une liaison aérienne directe entre
le Kazakhstan (Almaty ou Astana) et
Nice, dès que les premiers vols prévus
au printemps 2015 entre Astana et
Paris auront été mis en place.
Avec la visite du Président de la
République française en décembre
2014, clôturant deux années d’échanges
culturels intenses entre les deux pays,
s’ouvre à présent une nouvelle perspective à caractère plus économique
et impliquant un nombre accru de
petites et moyennes industries (PMI),
dans laquelle la Côte d’Azur dispose
d’une carte exceptionnelle pour jouer
un rôle de premier plan.
La capitale kazakhstanaise Astana et la ville de Nice ont
signé le 5 juillet 2013 un accord de coopération.
© DR
auprès du monde économique
français, représente aussi une
opportunité de premier plan qu’une
notoriété accrue devrait mettre en
valeur. C’est en effet aujourd’hui
un pays qui cumule de nombreux
atouts trop peu connus:
- Avec l’accueil à l’été 2017 de
l’Exposition internationale Astana
2017 consacrée à l’« Énergie du
Futur », le Kazakhstan souhaite
affirmer sa modernité outre son
statut de puissance régionale ;
- Sa croissance est continue depuis
son indépendance et malgré un contexte
international morose reste à plus de
5% pour les trois prochaines années,
véritable aimant pour les sociétés en
recherche de marchés d’exportation ;
- Membre de l’Union douanière
avec la Russie et le Belarus, le
Kazakhstan dispose de plus de
6 000 km de frontière avec la Russie
et constitue une porte d’entrée de
choix sur le marché sibérien souvent
délaissé depuis Moscou.
- Enfin, c’est un pays d’accueil
de la technologie étrangère (qui
est légalement protégée, financièrement et fiscalement soutenue)
avec moins de contraintes que n’en
pose la Russie et même si le marché
est quantitativement modeste (17
millions de consommateurs), les
marchés environnants, notamment
russe, donnent du sens à une
implantation locale.
C’est pourquoi depuis plusieurs
années, sous l’impulsion du Consulat
Honoraire à Nice et avec le soutien
actif de l’Ambassade de la République
61
© Ambassade du Kazakhstan
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
P
ays lointain pour encore nombre de
Français, le Kazakhstan a fait une entrée
retentissante à l’automne 2014 sur la
scène parisienne, avec la tenue de la
première Saison culturelle consacrée
à ses traditions, son histoire et ses
t alents artistiques. On a pu ainsi
découvrir la grâce des trente ballerines de l’Astana
Ballet qui ont invité le 2 novembre, les spectateurs
du Palais des Congrès à une immersion dans l’univers des steppes et des nomades, alliant danses
folkloriques et ballet contemporain dans des décors
aux couleurs chatoyantes. Mais aussi le virtuose des
chœurs de l’Astana Opera et des solistes de renommée mondiale, dont Denis Matsuev au piano, Ildar
Abdrazakov, basse et soliste du Metropolitain Opera
de New York dans le rôle
d’Attila de Verdi ou Zhupar
Gabdullina qui a notament
interprété Odabella. Enfin,
parmi de multiples autres
manifestations, l’installation d’un village folklorique
kazakh avec ses yourtes si
particulières sur la Place du
Palais Royal, a couronné au
plus près du public français
ces saisons croisées par
un événement surprenant,
faisant se rencontrer les
patrimoines culturels de deux pays
amis.
De son côté, la
Saison française
a également rencontré un grand succès un an auparavant, à l’automne
2013, grâce à des évènements de prestige : deux
concerts de l’Orchestre national de Lille, des représentations du Ballet Prejlocaj, l’exposition sur Napoléon
à laquelle s’est rendu, en personne, le Président
kazakhstanais, ou encore le concert de Patricia Kaas.
À Almaty, le 6 décembre 2014, le Président François
Hollande a, en une phrase, créé un pont entre les deux
cultures en saluant « l’écrivain, poète et philosophe
Abaï dont certains disent que sa verve s’apparente à
celle de Victor Hugo. » Tout
un symbole, puisqu’Abaï
Kounanbayev, dont le 110ème
anniversaire de la disparition
a été commémoré en 2014,
est considéré comme le
père de la littérature kazakhstanaise. Tout un symbole,
puisque c’est l’Université
Abaï, à Almaty, qui accueille
aujourd’hui l’Institut Sorbonne-Kazakhstan, et plus
encore car l’architecture de
cette université est signée
Le patrimoine culturel
kazakhstanais doit être
mieux connu en France,
car il est considérable.
- François Hollande
62
Dans le cadre de la Saison culturelle
du Kazakhstan en France, S.E.M.
Nourlan Danenov, Ambassadeur du
Kazakhstan en France, a inauguré le
31 octobre 2014, le village folklorique
kazakh devant le Conseil d’État, place
du Palais Royal à Paris, en présence
de Mme Aida Balayeva, Adjointe au
Maire d’Astana et de M. Jean-François
Legaret, Maire du 1er arrondissement
de Paris.
Les interactions culturelles, socle d’une relation durable
interactions
culturelles, socle
d’une relation durable
Les
Indépendant depuis 1991, le Kazakhstan est devenu en l’espace
de deux décennies une puissance économique émergente.
Pays multiethnique au carrefour des grandes civilisations
qui ont modelé durant des millénaires, les cultures de l’Asie
centrale, il n’en reste pas moins profondément attaché à ses
racines et traditions nomades. À l’image de l’architecture
audacieuse d’Astana, sa capitale depuis 1998, il a su
concilier cet héritage à une volonté de rester tourné vers
l’avenir et à une ouverture qui a fait de la France non
seulement un partenaire stratégique, mais également une
source d’interactions culturelles comme l’ont illustrées les
premières Saisons culturelles croisées kazakhstano-françaises
qui se sont clôturées fin 2014.
çaises ne peuvent marquer qu’un point de départ.
Déjà, Kazakhstanais et Français caressent l’idée
d’une adhésion du pays des steppes à l’Organisation
internationale de la Francophonie (OIF). Sans attendre
la concrétisation éventuelle de ce projet, les synergies culturelles entre les deux sociétés se forgent
déjà, au plan linguistique, au regard de l’extension
du réseau des Alliances françaises. Après Almaty,
une deuxième Alliance a été inaugurée à Astana en
décembre 2004, complétée par les centres de français
à Chymkent, Kostanaï, Quaraghandy et Oskemen. En
amont, la France apporte également son soutien à
l’enseignement du français, tant dans le secondaire
La silhouette du Mausolée d’Arystan Bab dans l’ancienne
ville d’Otrar, également appelé Farab, où serait né le philosophe Al Farabi.
© Ambassade du Kazakhstan
Paul Gourdet, venu s’établir à Almaty lorsque l’ancienne
capitale du Kazakhstan s’appelait encore, Vernyi.
Cette référence ne pouvait pas non plus rester
seule. Elle va de pair avec celle d’un autre grand
penseur, Al Farabi, né à Wasij, près de Farab dans
le Kazakhstan actuel. Près d’un millénaire avant
Abaï, ce philosophe perse avait commenté Platon
et Aristote, après lequel il est considéré par Ibn
Rushd (Averroès) comme le « second maître ». C’est
dire le précieux héritage reçu au fil des siècles par
le Kazakhstan et qui a contribué à l’affirmation de
son identité.
Son histoire et sa culture restent en effet le fruit
d’un patient métissage, tout d’abord dominé par les
influences des grands empires nomades, ceux des
Scythes et des Sarmates, puis des Huns. La notion
de « Kazakh » ou « homme libre » apparaît ensuite
entre le XIII ème et le XIV ème siècle au moment des
grandes conquêtes de la Horde d’Or, l’Empire de
Gengis Khan, dont l’empreinte dans cet infini de
steppes se manifeste par la fondation de l’embryon
du premier Ét at kazakh, le Khanat Kazakh, par
Janybek Khan et Kerey Khan au milieu du XV ème
siècle. Vinrent ensuite les apports des peuples qui
ont sillonné la Route de la Soie, puis de la Russie.
Ce patrimoine reste néanmoins trop méconnu en
Occident. « Le patrimoine culturel kazakhstanais doit
être mieux connu en France, car il est considérable »
a affirmé le Président français. De ce point de vue,
les saisons culturelles croisées kazakhstano-fran-
63
que dans le supérieur.
Elle cherche ainsi à
élargir le vivier d’étudiants bénéficiaires, permettant aux élèves d’écoles
sélectionnées d’apprendre le français en primaire et
d’étudier d’autant plus facilement l’anglais à partir
de la 5 ème . Une section d’enseignement français
fonctionne ainsi à Astana depuis 2011, tandis qu’une
autre section française a été ouverte à Almaty pour la
rentrée de septembre 2014. Un tel dispositif facilite
l’installation de familles françaises au Kazakhstan,
mais propose aussi aux enfants kazakhstanais un
enseignement francophone dispensé selon les
méthodes françaises.
L’histoire, la littérature et la langue apparaissent
comme les premiers vecteurs de ces liens culturels. Il ne faudrait pourtant pas les cantonner à ces
domaines prestigieux, tant la jeunesse des deux
pays est également friande d’horizons peut-être plus
accessibles, tel que la gastronomie, le tourisme ou
le sport. Qui s’intéresse au sport de haut niveau,
a forcément été ébahi par le boxeur kazakhstanais
© Ambassade du Kazakhstan
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
64
La soprano Zhupar Gabdullina et le pianiste Denis Matsuev
(à droite) lors de la représentation donnée par l’Astana
Opera, à l’Opéra Bastille à Paris, le 2 novembre 2014.
© Ambassade du Kazakhstan
Les danseuses de la compagnie Astana Ballet au Palais
des Congrès à Paris, le 20
septembre 2014.
invaincu Gennady Golovkin, champion du monde WBA
des poids moyens, par les talents de la joueuse de
tennis Yaroslava Shvedova, ou la ténacité de « Vino »,
Alexandre Vinokourov qui, après avoir pris sa retraite,
est devenu le Manager général d’Astana, l’équipe de
cyclisme phare du Kazakhstan. Le cinéma occupe
également une place prépondérante dans le rayonnement culturel du Kazakhstan. Souvent associé au
cinéma russe, le cinéma kazakhstanais n’apparaît
sur la scène internationale qu’après l’effondrement
de l’Union soviétique. En France, les premiers films
kazakhstanais sont projetés en 1990 lors du Festival
des 3 continents à Nantes (Effleurement d’Amanjol
Aituarov et Terminus de Serik Apr ymov). Depuis
lors, des films kazakhstanais sont présents dans les
Festivals du Cinéma d’Asie à Vesoul, des 3 continents
à Nantes et à celui de Cannes.
Le 7 ème art pourrait devenir un trait d’union entre
les deux pays. Par le développement de son industrie cinématographique tant en terme de production
que de distribution et d’exploitation, le Kazakhstan
fait aujourd’hui partie des pays émergents les plus
attractifs dans ce domaine. À l’occasion de son 10 ème
anniversaire, le Festival du Film Eurasia a fait une
place de choix au cinéma français en mettant en
compétition, le film « Party Girl », réalisé par Claire
Burger. Cannes, la ville du célèbre festival éponyme,
devrait d’ailleurs initier avec Almaty des journées
culturelles et des festivals conjoints pour le cinéma.
Reste au public français, à aller voir de l’autre
côté de la toile et visiter ce pays immense, cinq fois
plus grand que la France, aux paysages contrastés,
allant de la steppe centrale, au sommet de l’Alatau
et au désert de Muyunkum. Nul doute qu’en réduisant à six heures de vol la distance entre Astana et
Paris, avec l’inauguration programmée d’une liaison
aérienne directe par Air Astana le 29 mars 2015, de
nouvelles opportunités de rencontres vont s’ouvrir
entre les sociétés kazakhstanaise et française.
Les interactions culturelles, socle d’une relation durable
UNESCO-Kazakhstan :
un lien solide en plein essor
Par Mme Irina BOKOVA,
Directrice Générale de l’UNESCO
M
embre de l’UNESCO
depuis 1992, le Kazakhstan constitue un
acteur très engagé au
sein de notre Organisation, épousant ses priorités centrales
à commencer par la construction d’un
monde plus juste pour toutes et tous.
J’en veux ici pour preuve le Congrès
des chefs de religions mondiales et
traditionnelles, initiative de S.E.M.
Noursoultan Nazarbaïev, Président de
la République du Kazakhstan.
Cet éminent rassemblement est
un bel exemple des efforts menés
par le Kazakhstan pour promouvoir
la paix, la stabilité et la coopération
à travers le dialogue interculturel et
interreligieux. Organisé depuis 2003 à
Astana tous les trois ans, ce Congrès a
permis de réunir des participants issus
de nombreuses cultures et religions,
et d’émettre des recommandations
afin d’encourager la compréhension
mutuelle et la coexistence pacifique.
L’UNESCO ne peut qu’être en phase
avec ce dessein de tisser des liens
de solidarité morale, intellectuelle
et spirituelle au-delà des particularismes et des références propres
à chaque foi.
Le soutien du Kazakhstan à l’endroit
de l’UNESCO se manifeste emblématiquement dans le cadre de la Décennie
internationale pour le rapprochement
des cultures (2013-2022). En amont
de la Décennie, le Kazakhstan a
joué un rôle clé au cours de l’Année
internationale du rapprochement
des cultures (2010) en permettant
une heureuse synergie de plus de
1 000 projets et initiatives à travers
le monde, avec l’optique partagée
de faire progresser les idéaux de
dialogue, de compréhension mutuelle
et de coexistence pacifique.
En 2012 et dans le prolongement
direct de cet engagement, le Kazakhstan a apporté son soutien financier
à l’UNESCO pour l’organisation d’un
débat de haut niveau consacré à « La
paix durable pour un avenir durable »,
tenu au Siège des Nations unies à New
York, dans le contexte des célébrations
de la Journée internationale de la
Paix, le 21 septembre. Cette initiative,
coïncidant également avec l’ouverture
de la 67ème session de l’Assemblée
générale des Nations unies, a fourni
un cadre idoine à l’adoption de la
résolution 67/104 (décembre 2012)
portant sur la proclamation de la
période 2013-2022 comme Décennie
internationale du rapprochement des
cultures et désignant l’UNESCO
comme agence chef de file pour le
système onusien. Une telle décision
prise par l’Assemblée générale offrait
en outre un suivi particulièrement
efficace à l’adoption par la Conférence
générale de l’UNESCO de la résolution
36 C/40 (novembre 2011), présentée
par le Kazakhstan et portant sur cette
même Décennie.
En août 2013 à Astana, un Forum
international, organisé conjointement
par l’UNESCO et le Kazakhstan, a
inauguré la Décennie et a servi de
point d’ancrage pour renforcer les
efforts de la communauté internationale visant à promouvoir le
dialogue interculturel. Lors de cette
visite officielle au Kazakhstan, Serik
Sapiyev, célèbre boxeur kazakh, a
été désigné Ambassadeur de bonne
volonté de l’UNESCO pour le sport.
Cette distinction venait reconnaître son
engagement à promouvoir l’éducation
et les programmes sportifs en faveur
des jeunes au Kazakhstan, ses activités caritatives et son dévouement
aux idéaux et objectifs de l’UNESCO.
Parmi les signes forts de cet attachement constant du Kazakhstan à la
promotion de valeurs universelles au
cœur de notre mandat, il me plaît en
particulier de mentionner la première
réunion interrégionale des Commissions nationales pour l’UNESCO,
coorganisée par l’UNESCO et la
Commission nationale du Kazakhstan pour l’UNESCO, en juillet 2014.
Plus de 110 Commissions nationales
pour l’UNESCO venues de toutes les
régions du monde se sont réunies à
Astana pour discuter des modalités
de renforcer leur soutien au travail de
l’UNESCO et d’optimiser leur contribution à ses programmes. Partenaires
essentiels au quotidien et fers de lance
de la visibilité de notre Organisation à
l’échelle nationale, sous-régionale et
régionale, les Commissions nationales,
présentes en nombre plus que signifiant à Astana, ont ainsi marqué leur
fort appui à la promotion de principes
et d’idéaux partagés et leur souhait
de voir se consolider plus avant les
liens étroits entre elles et l’UNESCO.
Fervent promoteur du dialogue
interculturel et interreligieux, le
Kazakhstan participe activement au
Programme des Chaires UNESCO
en s’appuyant sur trois Chaires : la
Chaire « Peace and Conflict Studies »
à l’Université d’État des technologies
et de l’ingénierie ; la Chaire «Tolérance
ethnique et religieuse » à l’Université
nationale eurasiatique, et la Chaire
« Science et spiritualité à l’Institut
d’études orientales », qui a notamment
organisé un atelier international sur
« Les transformations des sociétés
d’Asie centrale : les aspects socioculturels », en août 2013 à Astana.
En outre, le Kazakhstan représente
le principal contributeur au Compte
spécial de la Décennie internationale
65
© UNESCO
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
du rapprochement des cultures, créé
à mon initiative pour soutenir les
actions de l’UNESCO dans la mise
en œuvre du Plan d’action pour la
Décennie. Ce Plan d’action, élaboré
à la demande du Kazakhstan, a été
soumis et adopté par le Conseil
exécutif de l’UNESCO à sa session
de printemps 2014.
Dans les domaines de la culture et
du patrimoine, l’UNESCO entretient
là aussi une relation fructueuse et
étroite avec le Kazakhstan. Celui-ci
joue en effet un rôle actif auprès
de l’Organisation pour l’inscription,
au Patrimoine mondial, de sites
transfrontaliers impliquant les pays
de la région (Républiques d’Asie
centrale et Chine) et correspondant
aux grands couloirs des Routes de la
Soie. Le réseau de routes du corridor
de Chang’an-Tian-shan qui traverse
le Kazakhstan, le Kirghizistan et la
Chine, a ainsi été inscrit sur la Liste
du Patrimoine mondial en juin 2014.
Cette initiative contribue à développer
la concertation et le dialogue entre les
pays concernés, appuyant ainsi les
objectifs de la Décennie internationale
pour le Rapprochement des cultures.
Le Kazakhstan coopère par ailleurs étroitement avec l’UNESCO
dans le cadre d’un projet commun
avec l’Organisation mondiale du
tourisme (OMT) de développement
d’une stratégie de tourisme pour les
corridors des Routes de la soie. Avec
le soutien du Ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies
du Kazakhstan, un premier atelier
s’est ainsi tenu à Almaty en octobre
2013. Une feuille de route pour le
développement de la stratégie a été
élaborée, reposant sur une stratégie
globale et durable pour aborder les
66
principes fondamentaux de la croissance durable, du développement
communautaire et de la gestion du
patrimoine, de la conservation et de
la présentation le long des couloirs
des Routes de la soie couvrant la
Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan,
le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
Une mission au Kazakhstan
pour évaluer les besoins et analyser la situation pour le corridor de
Chang’an-Tian-shan vient de s’achever. La planification est en cours
pour former les guides touristiques
des routes de la soie en Chine, au
Kazakhstan et au Kirghizistan afin de
leur transmettre des connaissances
spécialisées et le savoir-faire sur
l’interprétation et la présentation du
site. Un cours de formation pour les
guides touristiques, accueilli par la
République du Kazakhstan et organisé conjointement par l’UNESCO,
l’OMT et la Fédération mondiale des
associations de guides touristiques
(WFTGA), est prévu pour le début
de l’année 2015.
Le Kazakhstan a soutenu la
mise en place d’une Plate-forme
en ligne de la Route de la soie. Cet
outil collaboratif entend promouvoir
la coopération et le dialogue par la
mise à disposition, la diffusion et
la promotion des connaissances
générées par la mise en œuvre
de l’ancien programme d’études
« Routes de la soie » entre 1988
et 2002. Le Kazakhstan a organisé
dans ce cadre, en octobre 2013, un
Forum international sur « La grande
Route de la soie », au cours duquel la
Plate-forme en ligne de l’UNESCO a
été officiellement lancée et présentée
aux participants venus des différents
pays de la Route de la soie. Une
La Directrice Générale de l’UNESCO,
Mme Irina Bokova, remettant en
août 2013, à Astana, le diplôme
d’Ambassadeur de bonne volonté
pour le Sport au Champion olympique
de boxe 2012, M. Serik Sapiyev.
résolution a ensuite été adoptée à
la 37ème session de la Conférence
générale de l’UNESCO en novembre
2013 en soutien à cette initiative et
la liant à l’atteinte des objectifs de
la Décennie internationale pour le
rapprochement des cultures. Le
Kazakhstan, l’un des plus fervents
défenseurs de cette initiative, continue à la promouvoir très activement
et je lui sais pleinement gré de son
concours à cet égard.
Par sa détermination à soutenir
l’impact tangible de la Décennie internationale pour le rapprochement des
cultures, par son soutien constant et
avisé au mandat de l’UNESCO, par
son implication des différents relais
et partenaires de notre Organisation
à l’échelle nationale – Commission
nationale, Chaires, Clubs et Associations, Bureau de l’UNESCO à
Almaty, et d’autres – la République
du Kazakhstan illustre à merveille une
coopération mutuellement bénéfique
et harmonieuse. À la veille de l’adoption en 2015 des futurs Objectifs du
développement durable, qui appellent
à une mobilisation renouvelée et
audacieuse de l’ensemble de nos
États membres autour d’un agenda
aussi inclusif que possible, et en
gardant notamment à l’esprit la tenue
de l’Expo 2017 au Kazakhstan, qui
portera sur les thèmes cruciaux du
changement climatique et des énergies renouvelables, je me réjouis de
savoir que nous pouvons compter sur
l’appui continu de cet État membre
afin de relever ensemble les défis
complexes auxquels le monde doit
faire face.
Les interactions culturelles, socle d’une relation durable
Alliance française Almaty :
pôle dynamique de la vie culturelle
au Kazakhstan
L’
Par Mme Zulfi JARKESHEVA,
Présidente du bureau de l’Alliance française Almaty au Kazakhstan
L
aussi à l’étroite collaboration qui a
existé pendant dix ans (centre de
français de l’Ambassade de 1994
à 2004 avant de devenir Alliance
française) lorsque l’Ambassade était
encore située à Almaty, ainsi qu’au
dynamisme de son équipe et de son
Conseil d’administration.
Les missions de l’Alliance française
Almaty s’articulent autour de trois
missions essentielles que sont :
- l’enseignement de la langue
française ainsi que des langues
locales,
- l’organisation de manifestations
culturelles,
- la diffusion de la pensée française
et francophone.
Notre jeune Alliance répond à
tous les critères de la Charte qualité
de la Fondation Alliance française
et travaille à maintenir cette qualité
de services et d’objectifs à Almaty.
L’Alliance française Almaty propose
une large gamme de cours de français, assurés par des professeurs
qualifiés kazakhstanais et français.
Notre équipe pédagogique est composée de 14 professeurs diplômés
et spécialisés dans l’enseignement
du Français langue étrangère (Fle).
Ils participent aux innovations dans
le domaine du FLE et bénéficient
de stages de formation continue en
France via les bourses de l’Ambassade. Plusieurs d’entre eux ont
contribué à l’élaboration de méthodes
d’apprentissage de français pour les
écoles secondaires et les facultés
de français du Kazakhstan. Actuellement, notre conseil pédagogique
est en train de créer des supports
complémentaires adaptés au public
de l’Alliance française Almaty.
L’offre de cours est variée et
adaptée à tous les niveaux et publics :
des cours de français général, de
conversation, de littérature, de
grammaire, de préparation au DELF
et au DALF, des cours pour enfants
et adolescents, ainsi que des cours
individuels, des cours en entreprise
et des cours sur objectifs spécifiques
avec des formules personnalisées
© Alliance Française Almaty
’Alliance Française Almaty
est une association de
droit local à but non
lucratif dont la mission
est la promotion de la
langue et de la culture françaises au
Kazakhstan. Inaugurée en décembre
2004, l’Alliance française d’Almaty a
fêté en 2014 son dixième anniversaire.
Devenir une Alliance française,
c’est adhérer à la Charte qualité
définie par la Fondation Alliance
française, fondation qui représente
plus de 800 Alliances dans 137 pays.
Devenir une Alliance française, c’est
s’impliquer dans le développement
et la présence du français à l’étranger, c’est défendre la Francophonie
ainsi que la diversité culturelle et
linguistique, c’est partager et faire
partager des valeurs humaines et
culturelles.
L’Alliance française Almaty s’inscrit
dans le réseau de représentation
de la France au Kazakhstan soutenu par le Ministère des Affaires
étrangères et du Développement
international via l’Ambassade de
France et son Consulat général
à Almaty.
Le réseau des Alliances françaises et centres de français au
Kazakhstan (Astana, Shymkent,
Kostanaï, Quaraghandy et Oskemen) est soutenu par l’Ambassade
de France qui s’appuie à son tour
sur ce réseau pour développer de
nombreux projets de coopération,
notamment dans les domaines
culturel et linguistique. L’Alliance
française Almaty est la référente
pour les cinq autres centres de français et Alliances françaises, Almaty
restant pour l’instant la principale
ville économique et culturelle du
pays. Ce rôle de chef de file est dû
Des participants de la 2ème édition de la Fête de la Gastronomie organisée du 26
au 27 octobre 2014 par l'Alliance française Almaty et le restaurant français French
Connection, ainsi que de nouveaux partenaires dont 7ème Sens pour la coordination,
la Mairie d'Almaty pour le marché public, ainsi que des établissements tenus par
des Français ou travaillant avec des chefs français : Café de Paris, La Tartine et le
Consulat général de France à Almaty.
67
© Alliance Française Almaty
De jeunes francophones célébrant la Journée européenne
des langues à Almaty le 26 septembre 2014.
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
pour tous niveaux pendant toute
l’année.
L’Alliance française Almaty est aussi
centre d’examens pour les DELF/
DALF, TCF/TCFQ, TEF/TEFAQ ; ces
certifications, reconnues internationalement, valident les compétences
des apprenants en langue française,
selon le cadre européen commun de
référence pour les langues (CECRL).
En complément de ses cours
de français et préparation aux examens, l’Alliance française Almaty
propose chaque samedi à tous les
francophones de la ville de pratiquer
et approfondir leur français en organisant des clubs de discussion sur
différents thèmes socio-culturels,
des ateliers chanson, des séances
de ciné-club, des rencontres avec
des personnalités et artistes, des
jeux, etc.
Les activités culturelles, au cœur
du fonctionnement de l’Alliance
française Almaty depuis sa création, permettent de populariser la
culture française et de la rendre
la plus visible possible auprès du
public kazakhstanais. Chaque année
l’Alliance française Almaty organise
des événements culturels liés à la
Francophonie, grand rendez-vous
du réseau et des amoureux de la
langue et de la culture française.
D’autres fêtes sont organisées par
l’Alliance française Almaty et ses
partenaires pour mettre à l’honneur
la France : Fête de la musique, Fête
de la Francophonie, Fête de la Gastronomie, Festival de Jazz d’Almaty,
Festival du cinéma contemporain,
68
Semaine de la culture française
« Rencontre d’automne », Festival
de Danse contemporaine, etc.
Ces grands évènements culturels
participent du rayonnement de la
culture française à Almaty.
En outre, l’Alliance française
Almaty est l’un des trois membres
fondateurs du Cluster européen
des instituts culturels à Almaty
(EUNIC Almaty) qui regroupe au
total 8 instituts culturels européens
: British Council, Goethe Institut,
Alliance française Almaty, Centre
italien, Consulat général de Hongrie,
Centre espagnol, Centre turc et
Consulat de Suisse. Dans ce cadre,
notre Alliance prend part à l’organisation des évènements annuels
du cluster : la Journée des langues
européennes, la Semaine du cinéma
européen, la Journée mondiale du
Livre. La création du cluster date
de mai 2011 et la présidence est
assurée par les trois fondateurs
à tour de rôle, l’Alliance française
Almaty en ayant tenu la présidence
en 2013-2014.
L’Alliance française Almat y
travaille également en coopération étroite avec l’Association
kazakhstanaise des enseignants
de français (AKEF) notamment
pour l’organisation des séminaires
trimestriels de formation continue
pédagogique des professeurs de
la ville d’Almaty et de la Semaine
de la Langue française. Cette
Semaine est attendue par tous
les apprenants de français. Les
différents concours leur donnent
la possibilité de démontrer leurs
connaissances acquises.
U n b u r e a u C a m p u s Fr a n c e
Kazakhstan vient compléter
l’activité de l’Alliance française,
bureau qui accueille et informe
les programmes de bourses les
étudiants intéressés par des études
en France, sur les possibilités de
stages linguistiques en France
et sur le Programme « Alliance »
mis en place avec CampusFrance
pour la mobilité des étudiants
kazakhstanais (accompagnement
personnalisé et suivi des étudiants
kazakhstanais en France).
L’Alliance française Almaty participe également au renforcement du
réseau des Alliances françaises au
Kazakhstan en faisant bénéficier de
son expérience et en étant acteur de
projets communs (communication,
concours de la Chanson francophone,
exposition, tournée d’artistes, etc.).
Au même titre que les projets
de coopération universitaires
(ouverture de l’Institut Sorbonne
Kazakhstan) et scolaires (sections
françaises à Astana et Almaty), le
renforcement se traduit par les
objectifs et missions de coopération culturels et linguistiques qui
lui sont confiés.
Le travail en réseau, la mutualisation des moyens et la qualité
sont les priorités choisies pour faire
face aux autres langues présentes
sur tout le territoire du Kazakhstan
ainsi que pour maintenir et renforcer la présence du français et de la
Francophonie.
Les interactions culturelles, socle d’une relation durable
langue toujours vivante :
le français au Kazakhstan !
Une
Par M. Albert FISCHLER,
«L
e miracle du
langage, c’est
d’évoquer des
émotions» a-t-on
dit pour exprimer
toute l’importance de la langue en
général. Celle-ci est comme une
mémoire de l’humanité, elle reflète
une culture, une manière d’être. Aussi,
se trouver au Kazakhstan pour des
français qui s’expriment dans leur
langue, c’est entendre de la part de
leurs interlocuteurs le plus beau des
compliments : « votre langue est si
musicale », ou plus touchant encore,
comme nous l’exprimait récemment
un diplomate kazakhstanais : « le
français c’est la langue d’amour ! ».
Amour pour cette langue, amour
pour ce pays qui la porte, amour pour
les valeurs que ce dernier continue
à transmettre. Ainsi faut-il imaginer
ces instants de grandes émotions
lorsque dans un train au Kazakhstan
entre Almaty et Turkestan au début
des années 2000, apprenant que des
français se trouvent dans un compartiment, situation peu banale encore
à cette époque, de nombreux autres
voyageurs viennent timidement frapper
à la vitre et dire combien ils aiment la
langue française en citant pêle-mêle,
afin d’en apporter la preuve, Alexandre
Dumas, Jules Verne, Victor Hugo où
en chantonnant des paroles apprises
à l’école : « Meunier tu dors... » ou « Il
était un petit navire... » ! Ou encore,
cette preuve flagrante d’intérêt pour
la culture française lorsque visitant
à l’improviste une classe d’un établissement secondaire, nous avons
pu entendre un cours sur la peinture
impressionniste française, agrémenté
par des documents explicites.
Il est vrai que l’apprentissage
de la langue française et l’étude
approfondie de la culture et de l’histoire françaises ont toujours connu,
avec des nuances aujourd’hui, un
engouement certain. Deux périodes
doivent être distinguées dans cette
optique : tout d’abord avant les années
1990 et ensuite depuis que la jeune
république est ouverte à toutes les
influences mondiales.
À l’image de l’influence culturelle, voire politique que la France
a dispensées et dispense encore
aujourd’hui, dans de nombreux pays
dans le monde la langue française est
et reste le vecteur de cette ancienne
importance. Ainsi, la conception de la
« francophonie » et de la « défense
et de l’illustration » de cette dernière
pour marquer le rôle privilégié de la
France dans le monde, reste une des
spécificités de ce pays qui défend
âprement son héritage linguistique.
En conséquence, on comprend mieux
pourquoi la fierté est grande en France
à l’annonce d’un nouveau Prix Nobel
de littérature qui vient d’être attribué
au littérateur Patrick Modiano.
Remarquons, au passage que dans
le passé de l’histoire du Turkestan
russe au XIXème siècle, puis dans
celui de la période soviétique, la
langue française fut apprise dans les
établissements secondaires en tant
que première langue étrangère. À ce
propos, il est intéressant de rappeler
que les enfants de la noblesse russe,
avant la Révolution de 1917, étaient
entourés de gouvernantes souvent
françaises qui enseignaient dans
leur langue. Autre exemple, qu’il
convient de noter ici, c’est que le
premier architecte des bâtiments
administratifs de la ville de Vernyi,
l’ancêtre de l’ancienne capitale du
Kazakhstan, Alma Ata (Almaty), fut
un ingénieur français, Paul Gour-
det, architecte et pédagogue, venu
s’installer au Turkestan russe dans
les années 1880. Il fut comme un
ambassadeur respecté du savoir faire
et de la culture de son pays d’origine.
De 1917 à 1991, pendant plus
de 70 ans, la France, sa langue, sa
culture, son histoire et pour des raisons idéologiques, certains de ses
philosophes ou hommes politiques,
furent vénérés. Rien d’étonnant
alors, à remarquer dans les bibliothèques de nos nouveaux amis au
Kazakhstan, les œuvres de Diderot,
Voltaire, Zola, mais aussi les romans
historiques d’Alexandre Dumas (tous
ont lu Les Trois Mousquetaires !) et
les romans épiques de Jules Verne,
sans compter de nombreuses études
se rapportant à Napoléon. La France
est encore bien présente dans les
bibliothèques privées et publiques
au Kazakhstan !
Lors de la proclamation de l’indépendance du Kazakhstan en 1991,
plus de 50 000 élèves, dans un pays
peuplé, à l’époque, de 15 millions
d’habitants, apprenaient le français.
Rien qu’à l’Institut pédagogique des
Langues étrangères avec lequel
nous étions en relation, étudiaient
exclusivement le français et la culture
française plus de 200 étudiants dont
certains, selon leur rang de sortie,
allaient devenir professeurs en
université, dans un lycée, ou ce qui
correspond à un collège. D’autres
allaient devenir interprètes et permettre ainsi à la jeune république
de participer, profitant de sa toute
nouvelle ouverture sur le monde, aux
divers mouvements universitaires,
culturels, économiques et politiques
de la planète.
Une seconde période s’est alors
ouverte, et au Kazakhstan, comme
69
KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE
ailleurs, l’influence de la langue française
a reculé face à celle de la langue du
mode anglo-saxon. Aujourd’hui, selon
les chiffres du Ministère kazakhstanais de l’Éducation et des Sciences,
environ 25 000 élèves suivent des
cours en français (dont 7 200 dans
les « écoles kazakhes », 16 000 dans
les « écoles russes » et 1 100 dans
les « écoles ouighours
et ouzbèkes ». Remarquons au passage
combien les aspects
linguistiques dans ce
pays multiethnique,
sont le reflet de la réelle
importance que l’on
accorde à la cohésion
nationale.
Le français est enseigné dès la 1ère classe
(c’est l’équivalent du
cours préparatoire
en France), dans des
écoles spécialisées
en français. Il existe
trois écoles de cette
nature : la célèbre école
« n°25 » à Almaty, une à Astana (la
nouvelle capitale depuis 1998) et une
à Kostanaï au nord du Pays.
Sinon, dans les écoles qui proposent l’étude du français, celui-ci
est dispensé depuis la classe de 5ème
(première année du cycle secondaire,
soit l’équivalent de la classe de
6ème en France). Ainsi plus de 100
établissements proposent la langue
française sans compter les universités
et les divers établissements d’études
supérieures.
Il faut ajouter à cela, que des institutions soutenues depuis la France
comme les « Alliances françaises »,
jouent un rôle remarquable de diffusion de la langue et de la culture
françaises auprès d’un large public
dans la plupart des grandes villes
du pays.
Depuis 2013, les influences réciproques linguistiques, culturelles
voire artistiques entre la France et
le Kazakhstan ont été renforcées
par des manifestations diverses :
ainsi l’année 2013 fut déclarée
« Année Culturelle de la France
au Kazakhstan » et l’année 2014 a
été celle qui a présenté au public
en France les grands aspects artistiques et culturels du « Kazakhstan
en France ».
Au Kazakhstan, plus de 25 000
spectateurs ont assisté en 2013 à des
représentations diverses qui ont mis
en valeur différentes manifestations
artistiques et festives venues de
France et en particulier en mars 2013
un dîner gastronomique qui a réuni
plus de 70 convives suivi par une fête
de la gastronomie française qui a ravi
plus de 650 gourmets !
5 500 participants ont
désiré s’imprégner de
culture française lors
de la Semaine de la
francophonie. En avril
de la même année le
Festival du film français
a été apprécié par plus
de 5 000 spectateurs.
Puis le Ballet Gallota
suivi par environ 1 600
spectateurs a démontré l’importance du
renouvellement chorégraphique en France.
Enfin, de septembre à
novembre, si l’Orchestre
national de Lille fut
suivi avec ferveur par plus de 3 300
mélomanes, le ballet Prejlocaj et
ses hardiesses chorégraphiques, a
attiré plus de 2 000 spectateurs. La
chanteuse Patricia Kaas qui est déjà
venue au Kazakhstan et y est très
appréciée, a attiré, pour sa part, plus
de 3 000 spectateurs. Terminons par
une exposition qui durant deux mois
fut suivie par plus de 2 000 visiteurs
enthousiastes, celle consacrée à
Napoléon qui jouit dans ce pays
comme dans tous les pays dits de
l’Est d’un engouement qui ne se
dément pas depuis longtemps.
C’est au Palais des Congrès que
fut ouverte solennellement cette
année particulière dans les relations
entre le pays d’Abaï et celui de Victor
Hugo. Le 20 septembre 2014, le Ballet
National d’Astana a présenté un spectacle chorégraphique où tradition et
modernité se sont alliées pour révéler
au public en France les ressources
et les potentialités anciennes et
présentes du Kazakhstan dans ce
domaine. Peu après, le 26 octobre,
au Théâtre des Champs-Élysées, le
célèbre Opéra « Abaï » sur un livret
du grand littérateur kazakh Moukhtar
Aouezov, révèlera au public un opéra
pratiquement inconnu en Occident et
tant prisé dans le pays des steppes
puisqu’il glorifie l’œuvre d’Abaï ce
poète-philosophe considéré comme
« l’âme du Kazakhstan ». S’en suivra
le 2 novembre un concert donné à
l’Opéra Bastille par les Chœurs et
l’Orchestre de « l’Astana Opéra »
avec deux prestigieux solistes,
démontrant ainsi le large éventail de
talents que possède le Kazakhstan.
Enfin, c’est le Théâtre de la ville qui
proposera à son tour une « Journée
Kazakhstan », le 9 novembre, pendant
laquelle le public aura pu découvrir une
vaste palette de la culture kazakhe :
concerts, ateliers divers, rencontres,
exposition photographique, projections
d’œuvres inédites, auront ainsi mis en
relief les traditions préservées d’un
monde où domine la steppe « sans
écraser les monts » pour reprendre la
célèbre formule du poète-diplomate
O. Souleimenov. Enfin, c’est devant
un auditoire enthousiaste que s’est
produit au théâtre de Fontainebleau
le 14 décembre 2014 , l’Orchestre
national Folklorique d’Atyrau du nom
de Dina Nourpéissova, célèbre dombriste (1861-1955).
Lorsque le visiteur d’Almaty,
remonte la vaste et célèbre avenue
Fourmanova, à la rencontre de la
Chaîne Alatau, enneigée en toute
saison, et qui domine Almaty, la
capitale culturelle du Kazakhstan, il
peut être surpris d’apercevoir sur sa
droite, comme dans un surprenant
mirage, une tour Eiffel, qui au milieu
de magasins, vantent les mérites
de la France dans le domaine de la
mode et des produits de luxe divers,
dévoile au large public qui l’admire, la
présence de la France, pays ami voire
fraternel. Ce chaleureux message
se répète dans toutes les grandes
villes du pays grâce aux « Maisons
de France » qui proposent diverses
productions venues de France.
Le « Français », voix d’un pays fier
de sa langue et de sa culture, fier de
la musique de ses mots, musique
qui rayonne de par le monde grâce
à la francophonie qui se déploie ici
au Kazakhstan avec bonheur, car si
le « français : ce sont les grandes
orgues, qui se prêtent à tous les
timbres, à tous les effets (Léoplod
Sedar Senghor) », il trouve ici une
réelle résonnance, une réelle écoute.
Oui, la langue française reste
et est bien vivante aujourd’hui au
Kazakhstan !
* Le Pr. Albert Fischler est lauréat du Prix de « La Paix et de l’Entente Culturelle de la République du Kazakhstan », Médaille d’Or de l’Université
nationale Al Farabi d’Almaty. Auteur de «Depuis 20 ans... le Kazakhstan», éditions VFC, (2011).
70
Les interactions culturelles, socle d’une relation durable
Napoléon fascine à Astana
Par M. Pierre BRANDA,
membre de la Fondation Napoléon,
Co-commissaire de l’Expostion « Napoléon, une vie, une légende »
mers ou les continents. Réaliser
une telle exposition en quelques
mois était un pari fou. Le célèbre
Palais de l’Indépendance de la
capitale kazakhstanaise a ainsi été
transformé pour accueillir cette
exposition de niveau international.
Co-commissaire de cette exposition
et responsable patrimoine de la
Fondation Napoléon, j’ai vécu au
plus près cette formidable aventure.
À mon arrivée à Astana, du sol
au plafond les ouvriers s’activaient
pour livrer un espace muséal de
grande qualité. Réactives et disponibles, les équipes recrutées
ont relevé le pari avec entrain. À
nos rares heures perdues, je suis
allé à la rencontre de la capitale
de cet étonnant pays. D’emblée,
vous êtes subjugué par l’audace
architecturale des bâtiments qui
vous entourent. Une modernité
de bon aloi vous enveloppe et
vous séduit. C’est sans doute le
plus étonnant.
Vous comprenez alors que ce
pays se projette tout entier dans
l’avenir. Sa route est tracée, cela
saute aux yeux. Mais il sait aussi
faire une large place à l’histoire
comme en témoigne l’exposition
sur Napoléon notamment, mais
pas seulement. En hiver, la température descend bien en dessous
de zéro, mais malgré ce froid sec,
vous ne pouvez qu’apprécier le
voyage bien protégé avec gants
et bonnet de rigueur. Aventureux
et même téméraire, j’ai même
pu goûter à l’une des spécialités
locales, le lait de chèvre. Rude
mais enivrant, le précieux nectar
apporte une touche d’exotisme
supplémentaire à un voyage qui
n’en manque pas.
Le jour de l’inauguration, il ne
manquait pas un élément de décor
pour séduire le public. L’efficacité
n’est pas un vain mot dans ce
pays. Napoléon aurait apprécié
tout comme la délégation française présente. L’intérêt ensuite
pour l’exposition fut manifeste.
Les regards admiratifs étaient
nombreux et les questions également. Tout à coup, une étudiante
m’interroge : « Et si Napoléon avait
gagné en 1812, parlerions-nous
français ? ». L’essentiel n’est pas
là. Nos échanges d’aujourd’hui
sont bien plus féconds que nos
affrontements d’hier. Par le biais
de l’histoire napoléonienne, un rapprochement culturel s’est dessiné.
Durable, je le sais. L’histoire est
universelle. L’exposition d’Astana
l’a démontré.
© DR
N
apoléon au Kazakhstan ? Même dans ses
rêves les plus fous,
l’Empereur des Français
n’aurait jamais espéré
être aussi célébré en Asie centrale.
Napoléon Bonaparte (1769-1821)
est un des personnages majeurs
de l’histoire du monde, de son
vivant comme après sa mort. Il a
marqué son temps ainsi que les
époques qui ont suivi, jusqu’au
sein des dynasties européennes
actuelles où la descendance de sa
famille est largement représentée.
Général de la Révolution, Premier consul de la République puis
Empereur des Français, conquérant
et homme d’État, fondateur de
la France moderne et inspirateur
d’une certaine idée européenne,
homme du siècle des Lumières
et gouvernant autoritaire, il est
souvent insaisissable, parfois
détesté, parfois adulé… mais il ne
laisse jamais indifférent.
Dans la capitale Astana, du 19
décembre 2013 au 9 mars 2014,
près de deux cent objets ont été
exposés pour rappeler sa vie et
son règne dans le cadre de la
Saison de la France au Kazakhstan. Elle regroupe quelques trois
cents œuvres d’art, manuscrits et
ameublements datant de l’époque
napoléonienne rassemblés pour
la première fois à Astana dans le
but de rendre compte du bouillonnement artistique, scientifique et
politique qui caractérisait le début
du XIX ème siècle français. Des
assiettes des Tuileries à son acte
de baptême en passant par de
nombreuses armes, le visiteur était
invité à découvrir ce personnage
fascinant et qui séduit par delà les
Jacques-Louis David, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, Huile sur
toile, 260 × 221 cm, Musée du château
de la Malmaison.
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Ambassadeur du Kazakhstan en France,
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