À l`écoute des animaux

Transcription

À l`écoute des animaux
Parc d’accueil Pierre Challandes
33, rte de Valavran 1293 Bellevue, GE - CH
Tél : +41 (0)22 774 38 08
Fax : +41 (0)22 774 30 70 - CCP : 12-5328-7
www.parc-challandes.ch
E-mail : [email protected]
no 495
août / septembre / octobre 07
À l’écoute des animaux
Journal officiel de l’Association du Parc d’accueil Pierre Challandes Centre international de protection des animaux
Les Chèvres
Georges-Henri Lebouc, Berthe et Ernestine (de gauche à droite)
«Tout animal vivant doit rester libre, mais l’homme est responsable
de tout animal qu’il a apprivoisé ou qui a perdu la possibilité de vivre libre.»
Directeur - Rédacteur en chef : Pierre Challandes
Illustrations : Anouk Tank (sauf si précisé) Photos : Pierre Challandes (sauf si précisé)
Mise en page : Anouk Tank
Impression : Imprimerie Malibu Print
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A l’écoute des animaux
nouvelles du parc et de l’association
Moutons d’Ouessant
Début juin, le centre animalier de La
Gavotte nous a offert deux brebis
d’Ouessant, blanc-beige, dont l’une
a accouché deux semaines après son
arrivée d’un agneau tout noir. Ces
petits moutons (moins de 50 cm au
garrot) appartiennent à une race
spécifiquement bretonne et plus
particulièrement à l’île d’Ouessant.
Le mouton d’Ouessant était,
primitivement, en majorité de couleur
noire, mais par la suite les éleveurs
ont sélectionné le blanc, dont la laine
se teignait plus facilement. Dans les
années 1976 on ne comptait plus que
200 à 300 moutons, et ces moutons
n’étaient plus sur l’île, mais dans des
propriétés privées sur le continent,
comme animaux de compagnie.
Depuis la race s’est développée en
toutes les régions. On ne connaît
pas l’origine exacte du mouton
d’Ouessant, mais il se peut que sa
petite taille soit due au climat rude
de l’île.
Tous les moutons sont, comme les
chèvres, originaire du Moyen Orient
et sont les descendants du mouflon
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d’Asie mineure, le plus petit de la
famille des mouflons. Ce mouflon
a été domestiqué pendant la même
période que les chèvres, il y a environ
10’000 ans, juste après le chien. De la
Mésopotamie ces animaux auraient
suivi leurs bergers jusqu’en Perse puis
vers le bassin méditerranéen et peu
à peu se seraient dispersés à travers
le monde. Résistant au froid comme
à la chaleur, le mouton domestique,
fournissant laine, peau, lait et viande,
valorise les pâturages les plus ingrats :
montagnes, steppes, plaines, îles. Il
est rencontré sur tous les continents
et sous toutes les latitudes.
La sélection naturelle et celle
appliquée par les éleveurs ont donné
naissance aux diverses races, adaptées
aux contrées colonisées. Cependant,
avec les progrès de la génétique,
de nombreuses races anciennes ont
disparu, remplacées par des races
financièrement plus rentables.
Dépourvu d’agressivité, le mouton
vit en troupeau hiérarchisé soumis
à un bélier dominant. Le mouton
ne défend pas son territoire, il est
nomade et, en cas de danger ou
d’attaque, la fuite en groupe est son
seul salut.
Nos moutons fournissent une laine
épaisse, et fin juin Sarah a tondu
les deux brebis. Pour sa première
tonte elle n’a pas trop mal réussi,
la nouvelle coupe des deux brebis
nous permettait tout de même de les
reconnaître ! Lors de championnats
de tonte, chaque mouton est tondu
en quelques minutes. Sarah l’a fait
en une demi-heure par brebis, ce
qui n’est pas si mal, comme début,
d’autant plus que le travail a été
effectué avec une tondeuse pour
cheval.
Le petit agneau a bien grandi, il est
âgé actuellement de deux mois, deux
petites cornes ornent son front et
renforce son caractère volontaire. Il
sait se faire respecter par les chèvres
et joue parfois avec l’une ou l’autre.
Curieux, il va à la découverte de
tout, entrant chez les poules lorsque
j’ouvre la porte pour les nourrir, me
bousculant presque pour leur manger
les graines et les salades que j’y
dépose, un vrai petit mouton noir !
Jules … Renard
photo : A. Tank
Buses de Harris
Les buses de Harris, après une
première nidification en mars,
qui échoua, ont recommencé une
deuxième couvaison en mai, et
actuellement deux petits réclament
à manger. Encore nus ils ont déjà la
taille d’un pigeon.
Jules est un jeune renardeau qui
est arrivé au Parc fin mars, âgé de
trois semaines. Il avait été trouvé
sur le bord de la route, âgé alors de
quelques jours, il avait encore les yeux
fermés.
Sa mère devait le transporter, lorsque,
effrayée par quelques chose, elle a dû
prendre la fuite et, sous l’émotion,
le lâcher. Une jeune fille l’avait
recueilli, très bien soigné pendant
deux semaines, le nourrissant au
biberon, mais ne pouvait pas le
garder. Très triste de s’en séparer,
elle s’est résolue à nous l’amener.
La première semaine il est resté à
l’intérieur et a dû apprendre à rester
seul, car la jeune fille ne s’en séparait
jamais, dormant même avec lui !
Les premiers jours, chaque fois que
je le quittais, il poussait de longues
plaintes, piaillant comme un petit
chiot. Dès les premiers jours il s’est
très vite mis à consommer de la
viande, dédaignant rapidement le
biberon. Après la première semaine
il a fait connaissance avec les chiens.
Ceux-ci l’ont très rapidement accepté.
Falbala, la chienne leonberger s’est
montrée la plus maternelle. Vania
était toute excitée de pouvoir bientôt
jouer avec ce nouveau copain, ainsi
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A l’écoute des animaux
que Pomone. Igor trouvait cette
odeur de renard intéressante, et dès
que Jules se déplaçait, il le suivait pas
à pas, mais lorsque celui-ci voulait
jouer, Igor, très digne, se retirait.
Quant à Zézette, qui en avait vu
d’autres, l’ignorait.
Agé d’un mois Jules fut installé durant
la journée dans le local qui abrite
la nourriture, d’où il pouvait sortir
librement pour jouer à l’extérieur
avec ses copains chiens. Oh! jusqu’à
l’âge de 7-8 semaines, il ne s’éloignait
guère du local, si ce n’était pour me
suivre lorsque je l’encourageais à le
faire. Jusqu’à cet âge, il se montrait
très confiant envers tout le monde,
ce qui m’inquiétait pour son avenir.
En effet s’il voulait vivre en complète
liberté, il devait apprendre à devenir
méfiant. Le soir je le rentrais dans
son parc à l’intérieur de la maison,
afin qu’il ne fasse pas de “mauvaises”
rencontres ou, entraîné par la
curiosité, qu’il n’aille jusqu’à la route.
Je le ressortais le matin. Ses jeux
avec les chiens devenaient de plus en
plus turbulents, pour la plus grande
joie des deux bouledogues Vania et
Pomone ainsi que pour Falbala. Igor,
plus âgé, aboyait lorsque Jules le
bousculait trop; quant à Zézette la
cheffe, elle le rabrouait vertement.
C’est vers l’âge de deux mois qu’un
changement de comportement
se manifesta progressivement, et
instinctivement Jules devint plus
méfiant envers les étrangers, allant
se cacher tout d’abord dans le local
puis derrière la maison lors de leur
arrivée. Il y découvrit la cache déjà
utilisée par d’autres renards que nous
avions hébergés quelques années
auparavant. C’est étonnant comme
les animaux retrouvent les mêmes
habitudes, les mêmes abris que
leurs précédents congénères. Il y a
en fait des lieux types pour chaque
espèce que les représentants de
l’espèce retrouvent instinctivement.
Depuis cette période, Jules prit
définitivement possession de cet abri
et, comme il devenait méfiant, il put
passer ses nuits à l’extérieur.
Jules accoure le matin pour me saluer,
manger et jouer avec ses copines.
Dès que les premiers bénévoles,
visiteurs ou autres intrus arrivent,
il disparaît dans son abri pour ne
réapparaître que lorsqu’il est certain
qu’aucune autre personne n’est
dans les environs. En fin de journée,
lorsque je reviens au Parc, il m’attend
toujours, apparaissant comme une
bombe. Lorsqu’il est là, il joue avec
les chiens, entre dans la chatterie
si la porte est mal fermée pour
dévorer la nourriture des chats, qui
viennent le renifler mais rechignent,
vu leur grand âge, de jouer avec lui.
Jules escalade tout avec une grande
habileté, grimpe sur les tables, les
frigo... en quête d’une friandise. Il ne
faut rien laisser traîner ! Lorsque je
vais nourrir les loups à crinière, les
chèvres et moutons ou les chevreuils
en compagnie des chiens, il me
suit dans le champ et participe aux
jeux et courses poursuites de ceuxci, renifle les chevrettes qui ne se
montrent guère affables vis-à-vis de
sa personne. Elles le chargeraient
volontiers pour le frapper à coup
de pattes antérieures. Mais Jules se
retire prudemment. Il ignore aussi les
poules qui se trouvent dans l’enclos
des chèvres. Si jusqu’à trois mois Jules
se montrait naïf, maintenant il se
montre attentif aux moindres bruits
suspects, dressant l’oreille, arrêtant
de jouer pour identifier la source du
bruit.
Durant la nuit Jules doit vaquer
à ses occupations de renard, mais
ne manque pas de venir déposer
ses cartes de visite devant la porte
d’entrée pour bien marquer son
territoire !
Une fouine
Nous l’avons récupérée ce
printemps, elle était assez jeune mais
suffisamment âgée pour manger
seule et être méfiante vis-à-vis des
humains. Nous l’avons installée dans
une cage à chat en attendant de
pouvoir bientôt la relâcher. Elle en a
prit l’initiative en découvrant un petit
espace par lequel elle put prendre la
clef des champs. Pendant quelques
jours nous pensions qu’elle avait
disparu dans la nature par la porte
qui donne accès au parc des chats. Il
n’en fut rien, elle était toujours dans
la chatterie, comme les assiettes de
nos chats qui étaient propre, léchées
jusqu’à la dernière miette, et ses
crottes le prouvaient. Si pendant deux
à trois semaines elle était invisible,
maintenant elle fait un désordre
artistique pendant la nuit, déplaçant
les brosses, les balais,
... suite en page 7 !
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A l’écoute des animaux
Les Chèvres
La chèvre est fille d’Asie, du Moyen
Orient, et ses ancêtres seraient le
bouquetin oegagre qui escalade les
chaînes du Caucase et les montagnes
d’Iran, ainsi que le bouquetin de
Nubie peuplant la Palestine. La
chèvre aurait été domestiquée par
l’homme dès le Néolithique, il y a
environ 10’000 ans, époque de la
sédentarisation des hommes et des
premières domestications. Les tribus
anciennes ont commencé à élever les
caprins pour avoir de la nourriture
sous la main : lait, viande; puis pour
la peau, les poils : tout pouvait être
utilisé. Rustiques, les chèvres se
gardent facilement en troupeau, et
peuvent accompagner l’homme dans
la plupart de ses déplacements. Dès
leur domestication, elles auraient
donc usé leurs sabots pour suivre
dans leurs pérégrinations les premiers
éleveurs du Proche-Orient et,
avec eux, se sont très rapidement
répandues sur le globe entier, lui
permettant de survivre dans les lieux
les plus rudes, montagnes, déserts
voire forêts denses. En fonction des
régions occupées, plus de deux cents
différentes races de chèvres se sont
développées. Dans nos Alpes comme
en France, principalement deux races
laitières se rencontrent : la chèvre
chamoisée et la chèvre Saanen, toute
blanche, dont le lait et les fromages
régalent tous les gourmets. Au sud
Sahara on rencontre une chèvre
rustique, aux oreilles pendantes,
grande ressource des tribus du désert
et des caravanes. Il y a aussi des races
élevées pour la production de laine
comme par exemple la chèvre angora,
dont le nom vient de “Angora”,
ancienne appellation d’Ankara en
Turquie ou celle du Cachemire, qui
sous ses longs poils cache un duvet
floconneux et doux, d’une finesse
incomparable, qui sert à tisser ces
étoffes magnifiques qui ont fait sa
gloire. Certaines races sont en voie de
disparition, remplacées par des races
plus rentables, comme c’est le cas
pour nombre d’animaux domestiques.
L’élevage des chèvres naines s’est
développé dans beaucoup de pays,
en raison de sa rusticité. Ces petites
chèvres se trouvent aussi bien en
Afrique (chèvres naines du Sénégal)
qu’en Asie (chèvres du Tibet) ou en
Amérique du Sud; et chez nous, non
pas pour leur rentabilité, mais comme
animal de compagnie.
Lorsque j’ai repris les volières de
Vernier en 1974, je les ai repeuplées
dans un premier temps de volailles
diverses. Et, un jour, j’ai dû récupérer
un petit chevreau tout blanc, dit de
race naine; cependant il avait dû avoir
un ancêtre angora, car il en avait
les longs poils. Il avait été débarqué
d’une voiture par son propriétaire
qui n’en voulait plus. Tout de suite
ce chevreau, âgé de quatre mois,
est devenu familier voire arrogant,
sans gêne. Il prit possession du
lieu. Lorsque j’étais présent, il vivait
librement avec mes chiens auprès
desquels il sut parfaitement se faire
respecter, sachant faire front de ses
petites cornes naissantes! Véritable
petit diable, il ressemblait un peu aux
dessins des satyres de Picasso lorsqu’il
se dressait sur ses pattes arrières
pour jouer et nous défier. Le jour de
son arrivée, lorsque dans l’après-midi
je voulus quitter le parc de Vernier,
je l’enfermai dans un petit enclos
accolé à une des grandes volières. La
voiture n’était pas en marche que je
l’entendais pousser des bêlements
déchirants, comme des sanglots. En
revenant deux heures plus tard, je ne
le retrouvai point dans l’enclos, mais
sur le treillis de toiture de la grande
volière, à cinq mètres de haut ! Je
ne sais comment il avait escaladé la
séparation, mais décidément il ne
pouvait pas rester seul. En effet, les
chèvres sont des animaux grégaires
qui supportent très mal la solitude.
Pendant quelques jours, lors de mes
absences et le soir, je le rentrais en
compagnie de mes chiens dans le
premier local qui leur était réservé
et dans lequel j’avais aménagé un
petit box. Les chiens n’étaient pas
ravis de la présence de cet intrus qui,
malgré son jeune âge, empestait déjà
le bouc. Et, non seulement son odeur
imprégnait le local, mais aussi mes
chiens et tout ce qui s’y trouvait !
Il fallait absolument l’installer à
l’extérieur et afin qu’il ne soit pas seul,
je lui trouvai une copine du même
âge, nommée “Aglaé “. Quant à lui il
reçut le nom de “Le Bouc”. Ainsi les
deux caprins pouvaient rester dans
leur enclos lorsque je m’absentais,
sans que Le Bouc ne récidive son
escapade sur les volières.
Lorsque je promenais mes
chiens, Aglaé et Le Bouc nous
accompagnaient, cabriolant
gaiement sur le chemin, grignotant
sur leur passage les jeunes pousses
des buissons. Mais je devais éviter
de passer trop près des propriétés
voisines, car ils découvrirent
rapidement les portails entrebâillés
ou les ouvertures dans les clôtures
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A l’écoute des animaux
qui leur permettaient d’aller
brouter les plus beaux rosiers et
les arbustes rares des jardins ! Je
mettais un certain temps à les
convaincre d’en sortir et continuer
la promenade. Parfois ils feignaient
de me suivre pour, subitement, me
fausser compagnie et s’engouffrer
à nouveau dans la propriété pour
y grignoter les excellentes plantes
et terminer leur repas! Les chèvres
sont certes de charmants animaux
de compagnie, intelligentes, drôles,
mais destructrices. Il est très difficile
de les laisser libres car elles mangent
tout, et spécialement ce qu’elles ne
doivent pas. Elles ne mangent pas
que les feuilles, mais raffolent de
l’écorce des arbres qu’elles rongent
ou déchiquètent à coup de cornes.
Un jardin se retrouve rapidement
transformé en désert !
Le matin, dès l’arrivée de ma voiture
Aglaé et Le Bouc poussaient des
bêlements larmoyants afin que
j’ouvre leur parc pour qu’ils puissent
retrouver leurs copains chiens, et
recevoir leur portion de graines et
granulés. Si je tardais à distribuer
la nourriture, ils prenaient la chose
en main, ou plutôt “en corne” : ils
entraient dans le local ou étaient
entreposés les sacs de graines;
rapidement ils repéraient le sac que
j’avais oublié de mettre à l’abri et d’un
coup de corne le défonçaient pour
manger les graines qui s’en écoulaient.
Si les sacs étaient hors de portée ils
se rabattaient sur les habits qu’on
y avait entreposés, car les caprins
aiment mâchouiller les tissus. Chez
la chèvre, la digestion de la cellulose
est facilitée par des micro-organismes
qui vivent dans l’intestin. Un jour,
alors que je discutais avec une amie,
Aglaé en douce s’était approchée et
avait commencé à grignoter sa robe
en lin, un délice. Mais voulant en
prendre une grande bouchée elle tira
brusquement sur le tissu, et la robe
se dégrafa et tomba, pour mon plus
grand amusement, mais pour un non
moins grand embarras de l’amie ! Si
le temps était maussade, mes chèvres,
n’aimant guère l’humidité, restaient
à l’abri dans ce local. Cela m’obligeait
à avoir de l’ordre et de ne rien laisser
traîner.
A l’extérieur, Aglaé découvrit
rapidement que le toit de ma 2CV
Citroën était l’endroit idéal pour
avoir une vue d’ensemble sur les lieux
et que la capote en toile était des
plus confortables. Après avoir bien
gambadé, elle sautait sur le capot de
la voiture puis sur le toit. Couchée
confortablement là-haut, elle
contemplait le monde des mortels,
somnolait et ruminait paisiblement.
Cependant avec le temps Aglaé prit
du poids et, un jour, je la retrouvai
assise sur le siège de la voiture : la
capote, usagée, avait cédé !
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En devenant adulte, Le Bouc prit de
splendides cornes qui lui donnaient
un air de seigneur. L’air hautain,
dédaigneux, marchant d’un pied
d’airain, il nous précédait lors de nos
promenades, la barbiche touffue,
flottant au vent, les cornes hautes
et menaçantes, les yeux étincelants
comme deux boutons d’or. Il rabrouait
quiconque le dépassait. Mais jamais il
ne se montra agressif, il adorait jouer,
même par la suite avec les jeunes
pumas qu’il menaçait en se dressant
sur ses pattes arrières. Par contre
il montrait son courage, en faisant
front à tout animal qui lui manquait
de respect.
Aglaé s’est toujours montrée
capricieuse, douée d’une agilité
surprenante, d’une gaieté pittoresque
et d’une grâce étrange. Elle a élevé
toute une série de cabris. Comme
toutes les chèvres, elle fut une
excellente mère : il fallait la voir au
milieu de ses cabris, jouant, exécutant
pour leur plaire des cabrioles
audacieuses qui n’était plus de son
âge ! Il fallait l’entendre quand on
lui retirait ses petits, appeler ses
chevreaux de cette voix navrante,
presque humaine, qui a l’air d’un
sanglot.
Je crois que rien n’est plus joli ni plus
touchant qu’un cabri avec ses grands
yeux bruns, son caractère joueur et
naïf dans les premiers jours; mais
qu’il perd rapidement pour devenir
effronté, téméraire et entreprenant,
découvrant continuellement de
nouvelles bêtises à faire ! Très
rapidement les cabris d’Aglaé
bousculaient dans leurs jeux mes
chiens, pourtant plus grands qu’eux.
Ils ne prenaient pas la peine de
s’arrêter et continuaient leurs courses
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poursuites avant que mes chiens
n’aient eu le temps de réagir.
L’habitude de leur mère de sauter
sur les voitures arrêtées devant
le parc a été imitée par plusieurs
de ses descendants. Je prévenais
généralement les visiteurs, mais
cela pouvait m’arriver d’oublier de
le faire. Une connaissance qui, un
jour, venait choisir des paons pour
sa propriété, avait garé sa voiture
juste devant l’entrée des volières.
Sa femme le rejoignit un peu plus
tard dans sa propre voiture, qu’elle
parqua à côté de celle de son mari.
Alors qu’elle nous avait rejoint dans
les volières et que nous choisissions
les paons, j’entendis à l’extérieur
des “boum…boum….boum”. Je
sortis précipitamment, prétextant
un appel téléphonique urgent, mais
je craignais que les deux derniers
cabris fassent du trampoline sur les
voitures. C’était le cas ! Ils sautaient
du capot de la première voiture sur le
toit de la seconde, puis sur le toit de
la première... Le seul problème était
que les deux véhicules incriminés
étaient des Roll-Royce doréesmétallisées!!! Rapidement j’enfermai
chèvre, chevreaux et bouc dans
leurs enclos et retournai vers mes
clients qui ne se doutèrent de rien.
Ils repartirent satisfaits avec trois
paons. Ce n’est que quelques années
plus tard, alors que je rencontrai le
propriétaire chez des amis, que je lui
avouai le forfait de mes cabris. Il fut
très vexé de ce “lèse Roll-Royce” et ce
fut notre dernière rencontre!
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A l’écoute des animaux
Par la suite d’autres chèvres naines
ont été adoptées et ont animé le parc
de Vernier puis celui de Bellevue,
mais “Le Bouc” fut le seul bouc que
j’hébergeai, car je ne voulais plus de
cabris. Il est trop difficile de bien les
placer, et je ne pouvais pas héberger
tout un troupeau de chèvres ! Les
cabris mâles furent castrés afin que le
cheptel ne dépasse pas quatre à cinq
chèvres.
A Vernier nous avions un jour
récupéré une vieille chèvre naine,
nommée “Berthe”. Elle avait un
caractère exécrable, toujours en
train de râler, de réclamer avec des
bêlements rauques. Elle n’était pas
camarade avec les autres chèvres, ni
avec les chiens ou les autres animaux.
Elle acceptait certaines personnes
mais avait ses têtes. Tout-à-coup
elle piquait une colère et chargeait
sans prévenir la chèvre, le chien ou
la personne qui lui déplaisait et qui
se trouvait sur son chemin. Je ne sus
jamais si ces colères étaient dues à
son âge, à la vie qu’elle avait vécue,
seule dans un enclos, ou simplement
en raison de son hérédité ? Peutêtre les trois à la fois. Heureusement
ses cornes avaient été coupées ou
cassées, il n’en restait qu’une ébauche,
ce qui était moins douloureux pour
ses victimes ! Une petite copine de
mon fils, Sophie, alors âgée de 10 ans,
avait été prise en grippe par Berthe
et, de loin, dès qu’elle l’apercevait,
elle poussait un bêlement rauque
et fonçait sur elle. Pour sa sécurité,
nous devions l’enfermer…Berthe, pas
Sophie ! Pour une durée d’une semaine, Berthe
avait été prêtée à une grande surface
où elle cohabitait avec des lapins,
dans des parcs construits sur une des
terrasses. Elle n’attaquait jamais les
petits animaux, mais elle n’aimait
guère certaines dames d’un certain
âge. Je me souviens d’une discussion
que j’avais surprise dans un salon de
thé où l’une d’elles affirmait à une
amie : “Tu te rends compte, la chèvre
m’a poursuivie jusqu’au rayon de la
lingerie !”
Ici, à Bellevue, nous avons toujours
des chèvres naines. Les premières
années, nous les laissions vaquer
librement lorsque j’étais sur place,
mais il fallait continuellement leur
courir après afin qu’elles ne dévorent
pas les plantes que nous plantions. Les
trois chèvres que nous hébergeons
actuellement restent dans leur enclos,
ce qui ne les frustre pas, vu qu’elles
n’ont jamais été libres avant que nous
les hébergions; et cela nous simplifie
la vie. D’ailleurs, elles ne cherchent
jamais à sortir de leur enclos. Chaque
jour je leur fournis, ainsi qu’aux
chevreuils, des branches de saules
que je dois tailler quotidiennement,
spécialement cette année pluvieuse
qui favorise leur croissance (plus de
deux mètres en deux mois !). Pour
ce travail, c’est moi qui, copiant Le
Bouc, me promène sur le treillis
de toiture des parcs pour scier les
branches qui dépassent. Les pumas
et surtout le léopard “Manoir” sont
très intéressés par mes exploits de
funambule au-dessus de leurs parcs!
Tombera, tombera pas! Dans leur
enclos les chèvres bêlent longuement
dans l’attente de leurs branches dont
elles mangent les feuilles et rongent
l’écorce.
Bellevue, le 13 juillet 2007*
P.Challandes
P.S. : Vendredi 13, aujourd’hui je ne
grimperai pas sur les parcs!
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A l’écoute des animaux
nouvelles du parc et de l’association (suite)
les linges, les
couvertures des chats, même
les seaux pour le plus grand
mécontentement de ma femme
(suite de la page 3)
qui ne retrouve plus ses affaires.
Le matin, fatiguée par ses ébats
nocturnes, elle dort à poings fermés
et, si on s’approche tout près, il lui
faut un moment pour se réveiller et
réaliser qu’elle est observée. Alors
brusquement elle saute en l’air et
disparaît derrière une cage ou à
l’extérieur pour nous observer depuis
le dessous d’une cage ou perchée sur
un volet. Parfois on entend l’un ou
l’autre chat feuler lorsqu’elle leur tire
la queue ou leur saute par surprise sur
le dos ! Elle a aussi ses préférences et
dort souvent près de la chatte noire.
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Garde-meubles
Manutention
17.8.2007 11:49:38
A l’écoute des animaux
à l’écoute des animaux
photo : A. Tank
JAB
1293GENEVE
Bellevue 2
1200
RETOURS Parc d’accueil
P. CHALLANDES
33 rte de Valavran
1293 BELLEVUE
Prière d’annoncer
les rectifications d’adresse
Igor
Nous avons aussi une triste nouvelle, Igor le bouledogue français
âgé de douze ans que nous avions récupéré au printemps 2006
et qui avait fait la une
dans notre journal no
493 de février, mars,
avril 2007 a été endormi
en juillet. Depuis une
ou deux semaines, il se
montrait plus lymphatique,
moins entrain aux jeux
et il dormait davantage.
Comme il avait toujours
bon appétit, je ne me
suis pas trop inquiété au
début, mettant la raison
de ce manque de vitalité
à la chaleur et à son âge.
Comme il salivait souvent,
je l’emmenai chez le
vétérinaire, et en vérifiant
ses dents nous avons
découvert un méchant
cancer au fond de sa
gueule. Nous avons décidé
de ne pas le réveiller et
encore moins de l’opérer. Il a eu une vie heureuse, et je pense
qu’il a bien profité de sa dernière année au Parc. Adieu le Fumeur
de Havane !
août / septembre / octobre 07 no 495
paraît 4 fois par an, cotisation annuelle y compris journal CHF 30.Directeur - Rédacteur en chef : P. Challandes tél : +41 (0)22 774 38 08
Mise en page : A. Tank
Impression : Imprimerie Malibu Print tél : +41 (0)22 735 51 21
Différents oisillons
Ce printemps jusqu’à ces jours nous avons récupéré plusieurs
oisillons orphelins : des merles, bergeronnettes, verdiers, moineaux,
mésanges, hirondelles, martinets, pie, faucons crécerelles, hibou
moyen duc... dont la plupart ont pu reprendre leur envol. Dans un
prochain numéro, je vous reparlerai de certains d’entre eux qui sont
restés pendant plusieurs semaines, familiers. et revenaient dire
bonjour et manger.
Portes ouvertes
Les portes ouvertes auront lieu les 22 et 23 septembre 2007 de 11h00 à 18h00.
Vous pouvez déjà préparer les délicieuses pâtisseries et autres spécialités, qui font le délice de tous les
visiteurs !
Nous aurons aussi besoin de bénévoles non seulement pour les stands, mais aussi le vendredi vers 16h00
pour monter les stands et mettre en place les bancs et tables, ainsi que le dimanche soir vers 18h00 pour
ranger. Vendredi soir et dimanche soir un pique-nique aura lieu, après le travail !
Nous espérons aussi que le soleil sera de la partie.
calendrier 2008
Le calendrier 2008, selon la tradition, sera prêt pour les portes ouvertes des 22 et 23 septembre. Il est toujours
élaboré avec art par Anouk qui par ses oeuvres splendides complètera les fort belles photos de Sarah Dupanloup,
Pierre Latin.... Et toujours imprimé avec bonne humeur à l’imprimerie Malibu Print.
Bellevue, le 28 juillet 2007
P.Challandes
journal 495.indd 8
17.8.2007 11:50:00

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