D01. Syndromes de compression vasculaire
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D01. Syndromes de compression vasculaire
D01 - 1 D01. Syndromes de compression vasculaire Les compressions vasculaires sont le plus souvent asymptomatiques. Néanmoins, elles peuvent s’exprimer sur le mode hémodynamique (insuffisance artérielle d’aval ou stase veineuse d’amont), sur le mode thromboembolique par lésion induite de la paroi (ulcération, anévrysme) ou par thrombose d’amont. Elles peuvent aussi n’être qu’un facteur favorisant dans un contexte thrombogène. Les plus communs de ces syndromes sont les syndromes de la traversée (ou défilé) thoraco-brachiale, le syndrome de Cockett (ou syndrome de May-Thurner), les syndromes de poplitée piégée (ou pièges poplités). Syndromes de l a traversée thoracobrachiale Les syndromes de la traversée thoracobrachiale regroupent l’ensemble des manifestations cliniques liées à la compression intermittente ou permanente des troncs du plexus brachial, de l’artère ou de la veine sous-clavière. Cette compression s’exerce dans l’espace s’étendant du défilé interscalénique au tunnel sous-pectoral, particulièrement entre le muscle subclavier et la 1re côte (pince costoclaviculaire). L’anomalie est le plus souvent constitutionnelle, mais un traumatisme cervical ou un déséquilibre statique par faiblesse de l’appareil ostéomusculaire cervicobrachial © Valmi 2007 D01 - 2 (trapèzes graciles) sont parfois à l’origine des manifestations cliniques. L’abaissement du moignon de l’épaule peut aussi être lié au port de charges lourdes, à une hypertrophie mammaire ou à de trop puissants pectoraux. Plus rarement, l’élément délétère est une anomalie de la 1re côte, un cal vicieux de la clavicule, une apophysomégalie transverse de C7, ou une côte cervicale surnuméraire. Dans ce cas, la compression se manifeste en abduction rotation externe du bras, en inspiration forcée, en extension et rotation controlatérale de la tête. Rarement, la compression s’exerce au sortir du défilé par le petit pectoral ou une formation fibreuse (arc axillaire de Langer) ; elle se manifeste en adduction du bras et au port d’objet lourd. Les manifestations cliniques sont soit chroniques et d’interprétation délicate, soit subaiguës ou aiguës par complications vasculaires. La très grande majorité des formes chroniques est d’expression neurologique. Il s’agit le plus souvent de manifestations subjectives difficiles à identifier (dysesthésies positionnelles), plus rarement il s’agit de syndromes radiculaires C8-D1 sans ou avec amyotrophie de la main, sans ou avec signe électrophysiologique. Les formes vasculaires chroniques, syndrome postural de fatigabilité ou de lourdeur du membre supérieur par compression artérielle ou veineuse, sont sujettes aux mêmes aléas. Le diagnostic est souvent fait par excès ; la constatation d’une compression anatomique lors d’une manœuvre posturale est fréquente et non spécifique. Les complications vasculaires aiguës sont peu fréquentes mais graves. • La thrombose veineuse profonde obstructive proximale est l’expression la plus fréquente. Elle succède à un effort. Le même tableau peut être provoqué par une compression veineuse intermittente, qui peut se compliquer d’une thrombose ; elle © Valmi 2007 D01 - 3 est sujette aux mêmes facteurs thrombogènes que toute thrombose veineuse. • Les complications artérielles sont secondaires à une ulcération intimale ou à un anévrysme partiellement thrombosé au niveau de la compression; elles sont surtout le fait des côtes cervicales. C’est pourquoi la recherche d’une côte cervicale doit être systématique. Si elles ne représentent qu’à peine 10 % des syndromes de la traversée thoraco-brachiale, elles sont responsables de la majorité des complications artérielles aiguës via le puissant ligament costopleural qui les prolonge ou un traumatisme direct du mur postérieur de l’artère subclavière. Le diagnostic ne pose généralement pas de problème en cas d’ischémie subaiguë ou aiguë par thrombose sub-clavioaxillaire ou embolie. Le tableau peut être trompeur en cas d’emboles itératifs de petite taille ; le diagnostic peut n’être fait que tardivement, le pronostic fonctionnel est alors réservé. Syndrome de Cockett Le syndrome de Cockett résulte d’un obstacle au retour veineux du membre inférieur gauche par compression extrinsèque de la veine iliaque commune gauche par l' artère iliaque commune droite ou par lésions intrinsèques probablement constitutionnelles (synéchies) de la veine iliaque commune juste avant la confluence cave. En imagerie vasculaire, il est fréquent de constater une image de compression de la veine iliaque commune gauche ; en l’absence de voie de dérivation, on parle d’empreinte de Cockett, de signification pathologique incertaine. Certaines situations (hyperlordose, augmentation de pression abdominale, grossesse) peuvent rendre symptomatique ce qui n’est qu’une variante anatomique. © Valmi 2007 D01 - 4 Cliniquement, un syndrome de Cockett peut être : - facteur prédisposant à une TVP proximale gauche (en particulier obstétricale), qui ne dispense pas de l’enquête étiologique habituelle ; - responsable d' une claudication intermittente veineuse plus ou moins sévère par obstruction de la veine iliaque ; - incriminé dans des syndromes variqueux ou des insuffisances veineuses chroniques prédominant anormalement au membre inférieur gauche. Pièges poplités Les pièges poplités, peuvent être veineux ou artériels ; ils résultent en règle de l’embryologie complexe du creux poplité et surtout de l’artère poplitée. Les formes veineuses sont surtout le fait de la compression de la veine poplitée sous l’anneau du soléaire. Il peut s’agir d’un syndrome unilatéral de jambe lourde aggravé par la marche en terrain accidenté, d’une véritable claudication veineuse, d’un tableau mimant une TVP surale. Le piège veineux peut aussi être un facteur de TVP souspoplitée. La forme artérielle typique est celle d’une artériopathie poplitéojambière incongrue (pas de terrain athéromateux). Il s’agit soit d’une claudication surale basse, soit d’une ischémie du pied d’autant plus sévère qu’elle aura été précédée de destruction du lit d’aval par micro-embolies itératives. Le diagnostic peut être fait avant les complications par écho-Doppler dynamique qui doit systématiquement rechercher une atteinte controlatérale. La nature anatomique de la compression est précisée par l’IRM qui guide le traitement chirurgical. © Valmi 2007 D01 - 5 A u tre s v a ri é té s d e c o mp re s s i o n s v a s c u l a i re s Il existe de nombreuses autres variétés de compressions vasculaires (liste non exhaustive): - veine fémorale commune par un kyste adventiciel, voire par hernie crurale, - artère fémorale superficielle au canal de Hunter par une bride fibreuse, - artère ou veine poplitée par un kyste adventiciel, - artère fémorale ou poplitée par une exostose ou ostéochondrome, - artère poplitée (à l’effort) par hypertrophie des muscles jumeaux, - toute veine par un anévrysme artériel adjacent, - tronc cœliaque, voire mésentérique supérieure, par le ligament arqué du diaphragme (source discutable de syndrome mésentérique chronique), - veine rénale gauche sous la pince aortomésentérique, - artère vertébrale par arthrose cervicale. Les complications vasculaires de certaines fractures (diaphyse et palette humérale, fémur, plateau tibial, tibia) et luxations (genou, épaule) et le syndrome des loges (cf chap D03) peuvent également être rapprochés des syndromes de compressions vasculaires. © Valmi 2007