Sur fond de consolidation bancaire, l`UBP figure parmi les cibles de

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Sur fond de consolidation bancaire, l`UBP figure parmi les cibles de
Sur fond de consolidation bancaire, l'UBP figure parmi les cibles de
choix à Genève
Deutsche Bank de Francfort. Photo: Keystone
GESTION DE FORTUNE. Le marché bancaire suisse pourrait connaître 15 à 20 rachats cette année.
L'Union Bancaire Privée attirerait les acheteurs, dont Deutsche Bank, chuchote-t-on sur la place. Le
groupe fondé par Edgar de Picciotto se dit uniquement intéressé par l'ouverture de son capital à un
actionnaire minoritaire. S'allier avec un établissement international favoriserait son expansion
Myret Zaki
Vendredi 7 janvier 2005
«En 2004, le marché suisse a connu 15 opérations de rapprochements bancaires. En 2005, nous devrions
voir 15 à 20 transactions, et leur taille devrait s'orienter à la hausse.» C'est ce que pronostique Ray
Soudah, fondateur de Millenium Associates, la firme zougoise de conseil en fusions et acquisitions
bancaires.
En général, des groupes étrangers sont du côté des gros acheteurs. Parmi les cibles attrayantes dans la
gestion de fortune, le nom de l'Union Bancaire Privée (UBP) revient fréquemment. La banque fondée par
Edgar de Picciotto et dirigée depuis 2000 par son fils Guy occupe la quatrième place en termes d'avoirs
gérés derrière Pictet, Julius Bär et LODH. C'est l'un des rares établissements de taille moyenne restés
indépendants à Genève.
Les chiffres de la banque, parmi les meilleurs de la place, ont de quoi susciter les convoitises. La marge
brute sur les avoirs sous gestion, souligne un analyste, ainsi que la structure des coûts mesurée par le
ratio charges/produits sont très compétitives. Les charges ont encore baissé suite à la suppression de
25% des effectifs depuis la fusion, début 2002, avec Discount Bank & Trust Company (DBTC).
En revanche, UBP n'a pas atteint les objectifs de taille critique de 80-100 milliards de francs annoncés
suite à la fusion. La nouvelle UBP gérait 62 milliards fin 2002, 67,5 fin 2003 et 72,7 fin juin 2004. La
croissance des avoirs reste impressionnante dans un environnement difficile. Sur la dernière hausse de
5,2 milliards, 4 milliards proviennent de nouveaux avoirs de clients. Marque forte sur le marché des
placements alternatifs, UBP gère pour 15 milliards de francs sous forme de hedge funds.
Ces forces valorisent pleinement l'établissement, non coté et entièrement détenu par la famille de
Picciotto. Le prix d'UBP peut être estimé à 4 milliards de francs, si l'on se base sur les fonds propres de
1,6 milliard additionnés à un ratio (favorable) de 3% de la masse gérée. La banque n'ayant pas misé sur
une stratégie de présence onshore ailleurs qu'en Suisse, sa croissance future sera toutefois tributaire de
l'attractivité de la place financière suisse à long terme. Suivant les perspectives de cette dernière, le prix
d'UBP pourrait avoir atteint un sommet, estiment des connaisseurs. Mais si l'on exclut une vente, la
valeur future du groupe bénéficierait déjà d'une stratégie d'internationalisation à travers un partenariat
avec un groupe global.
Les gérants de fortune indépendants, comme les zurichois Julius Bär et Vontobel, ont eu par exemple
plus de difficultés ces dernières années à faire entrer de nouveaux avoirs de clientèle que des institutions
comme Banque Privée Edmond de Rothschild (Groupe Rothschild) ou HSBC Private Bank (HSBC), liées à
de vastes réseaux internationaux.
D'autres, comme Deutsche Bank, cherchent un complément stratégique pour croître sur le marché
suisse. N'estimant pas avoir atteint une taille optimale, la grande banque allemande cherche depuis
quelques années une cible parmi les gérants de fortune helvétiques. Sa division de Private Wealth
Management gère 42 milliards de francs en Suisse. Par le passé, on a prêté à Deutsche Bank des visées
sur Credit Suisse, Vontobel ou Lombard Odier & Cie. En mars 2003, elle a racheté la zurichoise Rüd Blass
& Cie, qui gérait 7 milliards de francs.
Selon divers observateurs, une volonté de rapprochement de Deutsche Bank, dirigée par le Suisse
Joseph Ackermann, avec UBP, ferait sens. Ils rappellent qu'Edgar de Picciotto a été administrateur de
Deutsche Bank (Suisse) et entretient d'excellents rapports avec Rolf Breuer, président du groupe de
Francfort. Ces hypothèses des experts de la place interviennent sur fond de spéculations sur un éventuel
dernier «coup d'éclat personnel» du charismatique Edgar de Picciotto, aujourd'hui président de la banque
mais qui, à 75 ans, ne tardera plus à se retirer des affaires.
Du côté d'UBP, Guy de Picciotto est catégorique: il n'est pas question de vendre la banque, actuellement
en mains familiales. Contacté jeudi, le CEO explique qu'UBP est favorable à une alliance avec un
partenaire afin d'augmenter ses parts de marché. Une expansion onshore indépendante serait en effet
coûteuse, ce qui limite le développement de gestion domestique hors de Suisse. La famille de Picciotto
pourrait envisager d'ouvrir le capital à un partenaire «mais à condition que la famille reste majoritaire».
La participation minoritaire sera donc une condition, ce qui éloigne l'hypothèse d'une vente. En revanche,
le patron d'UBP rappelle que la banque est elle-même intéressée à faire des rachats à Genève, Zurich ou
Lugano. Elle s'était portée candidate au rachat de Banca del Gottardo.
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