LIVRET THEORIQUE:

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LIVRET THEORIQUE:
LIVRET THEORIQUE :
ART ROMAN ET ART GOTHIQUE
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Sommaire
Art Roman
Introduction………………………………………………………………………………..…………………………………..……………………..5
I – Le plan………………………………………………………………………………………………………………………………………………..5
II – L’architecture…………………………………………………………………………………………………………………………………….6
III – Pour aller plus loin : les unités de mesure au Moyen-Age et le nombre d’or...…………..…………………...8
IV – La décoration……………………………………………………………………………………………………………………….…………10
Art Gothique
Introduction…………………………………………………………………………………………………………………………………………..13
I – Le plan……………………………………………………………………………………………………………………………………..……….13
II – L’architecture………………………………………………..…………………………………………………………………………………13
III – La décoration …………………………………………………………………………………………………………………………………15
La sculpture romane.……………………………………………………………………………………………………………….17
Le vitrail…………………………………………………………………………………………………………………………………..19
Glossaire………………………………………………………………………………………………………………………………….23
Sources…………………………………………………………………………………………………………………………………….25
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Art Roman
Introduction
L’art roman est un grand mouvement architectural et artistique qui s’étend en France
et dans l’Europe toute entière à partir du 10ème jusqu’au 12ème siècle.
Dans chacun des pays il a ses caractéristiques propres, avec une unité su
isante pour
être considéré comme le premier art de l’Europe occidentale. Le terme « roman » vient de
« romain » car cette architecture s’inspire de l’architecture romaine.
Cet art s’exprime à travers le caractère monumental de son architecture, mais aussi
dans une riche sculpture et une peinture particulièrement précieuse. L’art roman est in
luencé
par diverses sources : carolingienne, antique mais aussi byzantine, orientale et celtique.
Tout est
ait pour se rapprocher de Dieu, l’art se met au service du recueillement et de
la prière.
I - Le plan
Les églises romanes présentent généralement un plan en forme de croix latine,
symbole de la cruci
ixion du Christ. L’église est orientée, c’est
-à-dire que le chœur est tourné
vers l’Orient (est), vers le soleil levant, symbole du Christ comme la lumière se levant sur le
monde.
Le chœur avec un déambulatoire et des chapelles rayonnantes correspond au plan des
églises de pèlerinages et permet le rassemblement et la circulation des
idèles. Le Moyen
-Age
connaît la création et l’épanouissement de nombreux pèlerinages.
Les églises possèdent par
ois une crypte, elle est située en dessous du chœur et a la
même
orme
que celui-ci. Elle servait au culte des reliques, très important au Moyen-Age
(restes d’un martyr ou d’un saint ; ossements ou morceau de vêtement, objet, bijoux etc.).
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II – L’architecture
Jusqu’au 10ème siècle les églises sont très massives, et très larges, en effet les
charpentes en bois permettent une certaine liberté de construction car elles reposent sur les
murs et ne sont pas très lourdes. Les églises sont construites sur un plan basilical (plan
rectangulaire). L’architecture romane se définit avant tout dans sa rupture avec la période
précédente. Le plan se modifie et comporte le transept qui vient former une croix latine.
Durant la période romane on généralise le couvrement des églises par des voûtes en
pierre. Cette période ne sera pas linéaire et présentera une grande évolution. On distingue
deux périodes : le premier et le second âge roman. On fait beaucoup d’expériences durant le
premier âge, période très longue, le second est celui de la maturité, très court.
De nombreuses innovations apparaissent durant la période romane, ici sont
présentées les principales caractéristiques de l’architecture romane :
Arc en plein cintre : il
est l’arc le plus utilisé dans
l’architecture romane. C’est
un arc en forme de
demi-cercle.
Son nom provient du
« cintre » : échafaudage en
bois qui permettait
la
construction de l’arc.
Basilique Notre-Dame du Port,
Clermont-Ferrand
La voûte en berceau : A la période romane on construit des voûtes en pierre qui vont
remplacer les charpentes en bois. La voûte est un assemblage de pierre qui sert à couvrir un
espace. Les architectes romans utilisaient majoritairement la voûte en berceau pour couvrir la
nef. Elle forme une sorte de long tunnel et est en forme de demi-cercle.
Basilique Notre-Dame du Port,
Clermont-Ferrand
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L’inconvénient de cette forme de voûte est qu’elle exerce une force d’écartement sur
les murs qui la supportent. On appelle cette force la « poussée ».
Cette poussée additionnée au poids des pierres se
transforme en véritable danger car elle peut écarter les
murs et faire tomber tout l’édifice. Pour éviter la
catastrophe,
la
solution est d’épaissir
les
murs.
Les
architectes vont donc
construire des murs
d’1 m à 1 m 50
d’épaisseur. On veille
également à ne pas
faire de trop grandes
ouvertures pour ne
pas fragiliser les murs.
Eglise d’Anzy-le-Duc
Les
« fenêtres »
appelées « baies » de l’architecture romane sont assez
petites. Pour consolider davantage l’édifice, on construit
des contreforts à l’extérieur.
Plus tard, à partir de la fin du 11éme siècle (période qu’on appelle le deuxième âge
roman), les tribunes sont construites à l’intérieur de l’église. Ce sont des galeries hautes audessus des bas-côtés. Leurs ouvertures donnent sur la nef. Elles permettent de contrebuter la
voûte centrale.
Les tribunes
Basilique Notre-Dame du Port,
Clermont-Ferrand
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III - Pour aller plus loin :
Les unités de mesures du Moyen-Age et le nombre d’or
Les unités de mesures :
Les maîtres d’œuvre médiévaux utilisaient les mesures de
l’Antiquité, la plupart des unités de longueur provenaient des mesures
du corps humain.
La coudée : 48 à 53 cm
L’empan : 20 à 23 cm
La paume : 7 à 9 cm
Le pouce : 2 à 3 cm (largeur du pouce)
La palme : 12 à 17 cm
Le pied : 24 à 36 cm
La brasse ou toise (envergure des bras) : 145 à 200 cm
Une lieue : 3000 à 4000 cm
Ces mesures varient selon les régions ou les villes.
Les maîtres d’œuvre reportaient leurs propres coudée, empan, pied etc. sur une canne
qu’ils utilisaient ensuite pour appliquer les mesures sur le chantier.
Le nombre d’or :
Les anciens désignaient par l’or tout ce qui leur semblait parfait et excellemment beau.
Des mesures humaines, les grecs avaient déduit une proportion parfaite appelée la proportion
d’or. De cette proportion découle une formule et de cette formule un nombre : le nombre d’or
égal à 1,618… désigné par φ (lettre « phi » de l’alphabet grec), en l’honneur de Phidias,
architecte grec du Parthénon.
C’est une proportion entre 2 dimensions de grandeurs différentes pour lesquelles :
« le rapport de la plus petite à la plus grande est le même que celui de la plus grande au tout ».
AB/BC = AC/AB = φ = 1,618
Elle serait présente dans la nature, chez les animaux et chez les humains de différentes
manières. Le nombre d’or permet de créer le rectangle d’or que les grecs admiraient du fait de
ses proportions parfaites. Le rectangle d’or peut se reproduire mathématiquement à l’infini, les
rectangles auront les mêmes proportions. Depuis cela on le retrouve dans tout type
d’architecture (les temples grecs, les églises, les architectures modernes) mais aussi dans la
sculpture et la peinture.
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Carré fondamental
du rectangle d’or
Rectangle d’or
Application du nombre d’or à Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand
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IV – La décoration
A l’intérieur de l’église, les voûtes reposent
sur des supports (mur, pilier ou colonne). Au sommet
de la colonne, on trouve le chapiteau. Il est
généralement sculpté. On trouve plusieurs décors :
végétaux, hommes ou animaux le plus souvent.
Certains chapiteaux sont historiés. Ils illustrent des
scènes de la Bible ou la vie de saints, et représentent
parfois des épisodes de la vie quotidienne du MoyenAge.
Basilique Notre-Dame du Port,
Clermont-Ferrand
Les décors sculptés apparaissent également à l’extérieur, sur
les façades des églises. Les portails romans sont composés de
tympans et de linteaux décorés. Les thèmes sont divers et le plus
souvent illustrent les scènes de la Bible. Par exemple le Jugement
dernier : la pesée des âmes pour déterminer leur destination (enfer
ou paradis). Ces sculptures représentent symboliquement le passage
du monde profane au monde sacré (l’entrée dans l’église est une
étape de l’initiation).
Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand
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Les
ouvertures
donnant
sur
l’extérieur sont fermées par des vitraux.
Le vitrail roman, d’une taille assez réduite,
est alors conçu pour laisser passer au
maximum la lumière. On utilise du verre dont
la gamme de couleur est plutôt claire.
Comme
les
sculptures,
les
vitraux
représentent souvent des scènes bibliques,
la vie des saints ou parfois la vie quotidienne
du Moyen-Age.
La lecture d’un vitrail se fait de bas en haut et
souvent de gauche à droite.
Vitrail roman de la Cathédrale de Strasbourg,
Saint Jean-Baptiste et Evangéliste
A l’époque médiévale, les
églises sont très colorées. De
nombreuses peintures, majoritairement
des fresques, animent l’intérieur de
l’église. Elles sont peintes sur les murs
et sur les voûtes.
On donne également de la
couleur aux chapiteaux et aux portails.
Les artisans romans s’inspirent de
l’Antiquité et de la Renaissance
carolingienne, mais aussi de l’Orient et
Eglise Saint-Austremoine d’Issoire ;
ème
peintures datant du 19 siècle
Eglise Saint-Austremoine d’Issoire ;
ème
polychromie datant du 19 siècle
des traditions barbares. Le réalisme est très
important et les peintures présentent de
nombreux détails. Les sujets sont inspirés de
manuscrits et de références tantôt
quotidiennes, tantôt fabuleuses.
Les murs sont décorés non
seulement par des fresques, mais également
par des tapisseries (comme en témoigne la
tapisserie de Bayeux, chef d’œuvre de l’art
roman classé « mémoire du monde » au
patrimoine mondial de l’UNESCO).
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L’art gothique
Introduction
L’art gothique apparait en Ile-de-France (le premier édifice gothique est la Basilique
Cathédrale Saint-Denis) au cours de la seconde moitié du 12ème siècle et s’étend dans l’Europe
entière jusqu’au 15ème siècle. Le mot « gothique » date du 19ème siècle et vient du nom du
peuple barbare des Goths. L’art gothique est considéré comme l’art barbare par rapport à celui
de l’Antiquité.
Des changements techniques et artistiques donnent naissance à ce nouveau style. On
trouve de nouvelles idées pour répartir plus facilement les poussées et stabiliser davantage les
édifices. Tout est mis en œuvre pour apporter plus de lumière dans l’édifice. On retrouve
également le style gothique dans des bâtiments civils, administratifs et militaires.
I - Le plan
Le plan de l’église reste globalement le même que celui des églises romanes. C’est un
plan en croix latine orienté vers l’est. Le transept ne déborde pas forcément.
II - L’architecture
L’architecture gothique est une évolution de l’architecture romane. Les mots d’ordre
de cette période sont verticalité et luminosité. On élève au maximum les édifices, on agrandit
les vitraux. On se sert beaucoup des expériences de la période romane et on continue à faire
évoluer les techniques. Voici les principales évolutions de la période gothique :
Cathédrale de l’Assomption, Clermont-Ferrand
L’arc brisé : on utilise l’arc brisé, déjà existant mais peu présent durant l’art roman. Cet
arc présente l’avantage de réduire les poussées grâce à sa forme, ses courbes se rapprochant
de la verticale. Les forces d’écartement sont diminuées. L’arc brisé possède une plus grande
ouverture que l’arc en plein cintre.
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La voûte sur croisée d’ogives : elle est composée de deux
arcs qui se croisent : les ogives. A leur croisement se trouve la clé
de voûte, souvent décorée. Son avantage essentiel est de reporter
l’ensemble du poids de la voûte vers ses 4 supports. Ces arcs
constituent la structure de la voûte, fermée ensuite par des
voûtains (assemblage de pierres entre les arcs). Les murs ne sont
plus porteurs dans l’édifice, ce qui permet de créer de grandes
ouvertures.
Cathédrale de Bordeaux
Pour consolider et soutenir l’édifice, on invente
l’arc-boutant. C’est un élément en pierre en forme d’arc, construit
contre les murs extérieurs au niveau des supports qui vient
contrebuter la poussée de la voûte. Les arcs-boutants ont la même
fonction que les tribunes des églises romanes mais assurent le
contrebutement à l’extérieur. Il permet aussi de limiter la force des
vents et de la pluie sur les fenêtres hautes. Enfin, il est souvent
associé au système d'évacuation des eaux de pluie.
Cathédrale Notre-Dame de Paris
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Les
gargouilles
apparaissent
également dans l’art gothique. Elles servent à
écouler les eaux de pluie recueillies dans les
gouttières. Les gargouilles sont sculptées en
Cathédrale Notre-Dame de Paris
forme de monstres et créatures effrayantes
représentant le mal. Elles rappellent aux passants
qu’à l’extérieur de l’église le mal est présent, c’est
en entrant que l’on retrouvera le bien et la paix
intérieure.
III - La décoration
La fresque, très présente dans l’art roman,
s’efface peu à peu au profit du vitrail. Grâce aux
innovations
architecturales,
les
ouvertures
deviennent de plus en plus grandes et les murs se
réduisent pour apporter davantage de lumière à
l’intérieur de l’église. On crée de véritables verrières,
ainsi que des rosaces. Ce sont des figures symétriques
formées de courbes et inscrites dans en cercle. Les
rosaces se trouvent sur les façades Ouest et les bras
du transept.
Les vitraux reprennent les mêmes sujets et
motifs que dans les églises romanes. Ils sont toujours
considérés comme de véritables supports imagés, à la
façon d'une bande dessinée, pour le catéchisme des
fidèles supposés n'avoir alors qu'à lever les yeux. En
réalité, les vitraux existent surtout comme œuvres
d'art par elles-mêmes, car certaines verrières étaient
Cathédrale de Chartres
trop hautes pour être lisibles, leurs scènes bien
souvent trop petites.
Au-delà de la représentation iconographique, c'est aussi pour toute la symbolique de
la lumière qu’on utilisait les vitraux durant la période gothique. Les vitraux étaient chargés de
transformer la lumière physique en lumière divine, autrement dit de faire entrer la présence
divine dans l’édifice. Plus l’église sera éclairée, plus le fidèle ressentira le bien-être de la
présence de Dieu.
La sculpture gothique se développe surtout sur les portails des églises. On la retrouve
également à l’intérieur sur le mobilier et les chapiteaux. Cependant, les chapiteaux gothiques
sont beaucoup moins détaillés que les chapiteaux romans. On ne retrouve quasiment pas de
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chapiteaux historiés. En effet, du fait de la hauteur des colonnes, les chapiteaux sont
difficilement lisibles et on privilégie donc des motifs végétaux.
Aux portes des édifices, les décorations représentent des scènes de la Bible et de
grands thèmes religieux (Le Jugement dernier est notamment très représenté). Les portails
sont très détaillés, ornés de statues-colonnes et sont souvent de taille monumentale. La
sculpture est davantage détachée de l’architecture. Les personnages deviennent de plus en plus
réalistes.
Portail du Jugement dernier, Cathédrale de Bourges
Le vitrail et la sculpture sont considérés comme les arts les plus importants du
gothique.
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La sculpture romane : étude
La sculpture romane décore l’intérieur et l’extérieur de l'église : les portails,
les chapiteaux, les modillons, le petit mobilier et les statues qui commencent à se développer.
Elle illustre la vie de Jésus, la vie des saints ou de grandes scènes bibliques (la tentation d'Ève,
le sacrifice d'Abraham, l'adoration des Mages, la fuite en Égypte, l'Apocalypse etc.) et la vie
quotidienne du Moyen-Age (travaux agricoles ou artisanaux, scènes de la vie chevaleresque,
représentation de loisirs avec des musiciens, des acrobates). On trouve aussi très fréquemment
des animaux et des motifs végétaux.
Comment reconnaitre les différents personnages ?
(exemple de Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand)
Chaque type de personnage a ses propres caractéristiques dans la sculpture romane :
Basilique Notre-Dame du Port,
Clermont-Ferrand
- Les hommes : ils portent une tunique courte, des
chaussures, souvent une barbe.
- Les anges : ils ont une auréole, des ailes. Ils sont
pieds nus et portent une tunique longue.
- Marie : elle porte des chaussures, une longue robe
toujours très raffinée avec de beaux drapés. Elle a une auréole.
- Jésus : il a une auréole crucifère (avec une croix
inscrite à l’intérieur) et porte une longue tunique. Il est
souvent représenté pieds nus.
- Les démons, le diable : sous forme humaine : ils
portent seulement un pagne (quasiment nus), ils ont le visage
mauvais, le corps très maigre et les cheveux ébouriffés ; sous
forme animale, ce sont souvent des dragons, serpents et
créatures effrayantes.
Les végétaux
Dans la sculpture romane : feuillages, fruits, fleurs, arbustes et branchages sont des
motifs décoratifs très courants. Ils portent une valeur symbolique. La végétation peut être
représentée sous des formes réalistes, fantastiques ou stylisées. Elle peut annoncer le temps de
repos ou de floraison qui, avec la présence de figures animales ou humaines, montre que la
végétation est vivante.
Les animaux
On retrouve beaucoup d’animaux dans la sculpture romane. Ils servent parfois de
simple décoration mais sont aussi porteurs de nombreux symboles.
- Le Tétramorphe : aigle, lion, taureau et homme ailé. Quand ils sont présentés
ensemble, on considère que c’est une représentation des 4 évangélistes : aigle – Saint-Jean, lion
– Saint-Marc, taureau – Saint-Luc, homme ailé – Saint-Matthieu.
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- Lion : symbole de la force, de la majesté, de la justice, de la sagesse, du pouvoir et de
la puissance.
- Cerf : souvent comparé à l’arbre de vie, représente la rénovation cyclique. Il
symbolise la fécondité, la renaissance.
Église Saint-Pierre d’Aulnay, Aulnay de Saintonge
- Serpent : symbole du mal, du diable et de la tentation.
- Oiseau : symbole du monde céleste, il s’oppose au serpent représentant le monde
terrestre. L’oiseau est la figure de l’âme s’échappant du corps, l’état spirituel de l’être.
- Aigle : oiseau qui vole le plus haut, symbole de l’ascension et de la royauté. Il est un
équivalent spirituel du pouvoir du lion, de la connaissance et de la divinité.
- Taureau ou bœuf : symbole de la puissance et de la fécondité.
- Agneau : animal des sacrifices. Innocence, douceur, pureté. Victoire de la vie sur la
mort.
- Cheval : représente à la fois la naissance de la vie, des instincts et la maîtrise de celui
qui sait dominer son impulsivité et réfréner ses passions.
- Griffon : Tête d’aigle et corps de lion. Symbole des deux natures du Christ : humaine
et divine (aigle : roi des animaux célestes, lion : roi des animaux terrestres). Porte la double
qualité de la force et de la sagesse.
- Centaure : Tête, bras et buste d’homme, pattes de cheval. Symbole de la double
nature de l’homme : l’une bestiale, l’autre divine.
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Le vitrail
Le vitrail est un ensemble de pièces de verre colorées unies à l’aide d’un réseau de
plomb et formant un motif décoratif. Le vitrail ferme les ouvertures et laisse passer la lumière.
En tant que forme artistique, la technique du vitrail atteint son apogée au Moyen-Age.
Le vitrail roman est fabriqué avec beaucoup de verres blancs ou avec des teintes claires.
Les ouvertures des églises romanes étant petites, elles sont fermées avec des vitraux clairs pour
laisser passer davantage la lumière.
Les vitraux gothiques à l’opposé du vitrail roman sont immenses.
Les grandes ouvertures sont divisées par des assemblages de pierres appelés les
remplages. Les remplages ont deux parties : une partie haute – le réseau et une partie basse
avec les meneaux.
Palais archiépiscopal, Rouen
Les ajours de réseau ont
différentes formes. Ces formes ont
su évoluer avec le temps. On
trouve le plus souvent : le trèfle
(trilobe),
le
quatre-feuilles
(quadrilobe),
la mouchette (ou
goutte d'eau qui ressemble à une
flamme), le soufflet, les polylobes
(à partir de cinq lobes), l'écoinçon
(la forme avec trois côtés
curvilignes).
Les lancettes sont situées
entre les meneaux (une partie de
Vitrail, Cathédrale de l’Assomption, Clermont-Ferrand
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remplage) et divisées par les barlotières. La barlotière est une pièce métallique de 2 cm
d’épaisseur qui permet de tenir un vitrail. Les lancettes sont les ouvertures verticales et sont
surmontées d’un arc qui peut avoir différentes formes : plein cintre, brisé, trilobé etc. La forme
est en rapport avec le style architectural de l’édifice ainsi que les ajours de réseau.
Les rosaces comportent aussi des ajours de réseau. Au centre, elles ont une partie
circulaire et les différentes formes s’articulent autour. La rosace peut être représentée comme
une seule grande ouverture parfois inscrite dans un carré ou la partie supérieure d'un vitrail.
Le vitrail a des caractéristiques spécifiques selon les époques : coloration, composition,
techniques et thèmes abordés.
Les vitraux gothiques sont composés de formes géométriques, parmi celles-ci
l’ornementation (le fond) et les parties historiées (les médaillons).
Dans ces dernières sont représentées une ou plusieurs images figuratives : des
personnages illustres ; des figures des Ancien et Nouveau Testaments ; des personnages de
légendes ; des saints etc.
La technique de fabrication du vitrail :
1) La fabrication du verre :
On obtient du verre blanc en mélangeant de la soude (cendres des végétaux), de la
silice (sable) et du stabilisant (calcaire). La fusion de ces éléments à une température très élevée
(1200 - 1500°C) et dans les proportions déterminées, produit une pâte. S'il on veut colorer cette
pâte, on y introduit de la poudre de métal (les oxydes métalliques). Ils sont variés et très
nombreux.
Ensuite il y a de nombreuses techniques pour fabriquer la feuille de verre avec la pâte
obtenue:
- Le coulage (1er siècle après JC) :
On coulait le verre à plat sur du marbre et du fer. Cette technique permettait d’obtenir
une feuille de verre assez épaisse.
- Le soufflage en manchon (5ème – 10ème siècle après JC) :
Au bout d'une canne, le verrier souffle la pâte qui s’allonge par son propre poids
jusqu’à former une « bouteille » (un manchon). Encore chaud et malléable, le manchon est
fendu dans sa longueur et ses extrémités sont coupés. Ensuite il est porté dans un four à
étendre où il se réchauffe et il est aplati à l’aide d’un polissoir en bois.
- Le soufflage en plateau ou soufflage en couronne (5ème - 10ème siècle après JC) :
On souffle une boule au bout d’une canne. On fait tourner la canne dans un four ;
grâce à la force centrifuge, on obtient un disque appelé « cive » qui est plus épais au milieu.
2) La conception et la maquette :
Avant de réaliser le vitrail, une première maquette à l’échelle 1/10 est faite : elle
représentera le vitrail tel qu'il sera une fois terminé, avec les traces de plomb, la coloration des
verres, la peinture et les passages métalliques. La maquette sert de document de référence tout
au long de la réalisation du vitrail.
3) Le choix des couleurs
Cette étape détermine l’harmonie des différents verres colorés. On choisit les verres
suivant les couleurs indiquées sur la maquette.
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4) Le tracé
Cette maquette est ensuite agrandie aux dimensions du futur vitrail sur du papier,
toutes les pièces sont numérotées, ce qui servira pour la réalisation des étapes suivantes.
5) Le calque
Avant d’être calibré, le tracé est reporté sur un calque. Il indique l’emplacement des
pièces et pourra servir pour les futures restaurations. Un deuxième calque peut être réalisé
pour le sertissage qui servira de guide en étant glissé sous le panneau.
6) Le calibrage
Après avoir réalisé le calque, le tracé est découpé méthodiquement. Le calibrage sert à
conserver les mesures du panneau en tenant compte de l’assemblage verre/plomb. Il convient
d’enlever l’épaisseur de l’âme du plomb (1,75 mm) sur le tracé. Celle-ci est répartie de chaque
côté du trait, puis enlevée. On obtient des calibres en papier fort qui servent de guide pour la
coupe de chaque pièce.
7) La coupe
La coupe des pièces est très précise. Chaque défaut peut modifier le résultat, dans les
mesures ou le motif.
Au Moyen-Age, on porte
un fer chaud sur la feuille de
verre pour dessiner les contours
de la pièce. En l'aspergeant
ensuite d'eau froide, le verre
éclate en suivant le tracé, grâce
au choc thermique.
A partir du 15ème siècle,
le diamant remplace le fer et
permet une découpe plus précise.
Les calibres servent de
guide pour chaque pièce et leur
superposition avec les pièces doit
être parfaite.
8) La grisaille
Pour tracer les contours
et les ombres des dessins, les
détails des visages ou des
vêtements, les artisans emploient
un mélange de couleur noire ou
grise, appelée grisaille, qu'ils
Vitrail de l’histoire de la vie de Saint Jacques, Cathédrale de Chartres
appliquent sur le verre.
Une seconde cuisson du verre autour de 600°C fixe ensuite la grisaille qui pénètre dans
le verre.
9) Le sertissage ou « mise en plomb »
Le sertissage est l'étape qui permet d'assembler les morceaux de verre à l’aide des
plombs. Le « chemin de plomb » qui a été prévu lors du calibrage, dessine le motif du vitrail. Les
plombs sont placés selon le dessin, les verres sont emboîtés dans la rainure du plomb.
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10) Le soudage
Les plombs sont soudés (on fait fondre l’étain sur chaque partie de l’intersection) pour
maintenir les verres et consolider l'ensemble.
11) Le masticage
Cette opération consolide le vitrail et le rend imperméable. Lorsque les plombs sont
soudés, le panneau n’est pas encore hermétique. On comble les fins espaces entre les verres et
les ailes des plombs à l'aide d'un mastic liquide.
Le symbolisme :
A l’origine le vitrail n’a pas été considéré comme un art, il a eu une fonction pratique :
laisser passer la lumière. L’utilisation de verre coloré l’a transformé en œuvre d’art qui est en
harmonie avec l’édifice.
Chaque couleur peut avoir une signification, souvent ambiguë. Mais colorer un vitrail
c’est aussi atteindre le mariage des couleurs, la cohérence et la symphonie. L’interprétation est
donc un travail complexe, parce qu’au cours des siècles le symbolisme et la signification ont
évolué. Ils sont différents et ont été influencés par plusieurs éléments.
-
Le jaune : c'est à la fois une couleur positive et négative : c’est celle des menteurs, des
trompeurs et des tricheurs, mais aussi celle de la richesse, de la noblesse et de la foi.
C’est souvent la couleur de l’or, du soleil et de la fleur de lys.
-
Le rouge : il renvoie au sang et au feu, c’est le symbole de la colère, de la violence et de
la cruauté. C'est aussi une couleur positive : la force, le courage, l’amour, la passion.
C'est également la couleur royale par excellence.
-
Le bleu : considéré comme la couleur du ciel et de l’eau ; elle symbolise la sérénité, la
vérité éternelle, la sagesse, la loyauté, la justice et la divinité. Devient la couleur des rois
de France, en référence à la couleur du manteau de la Vierge.
-
Le vert : utilisé pour représenter les dragons, les démons, les serpents et d’autres
créatures maléfiques, mais aussi pour la végétation et la nature. Elle symbolise la
jeunesse, la fertilité et en même temps le désordre, la folie, l’infidélité et l’avarice.
-
Le violet : utilisé pour symboliser la soumission, l’apaisement et la tempérance,
l’équilibre entre la terre (rouge) et le ciel (bleu). Souvent utilisée pour les vêtements,
elle peut être un indice de deuil (dans le sens que la mort n’est qu’un passage).
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Glossaire :
-
Arc : élément de construction souvent courbe au-dessus d’une ouverture. Il fait le lien
entre deux supports. Il est composé de claveaux (blocs de pierres taillées) qui, posés les
uns contre les autres, se bloquent mutuellement.
-
Avant-nef : Entrée de l’église, espace intermédiaire avant d’accéder à la nef. Elle était
autrefois réservée aux personnes non-baptisées (les catéchumènes).
-
Bas-côtés : couloirs situés de part et d’autre de la nef, légèrement plus étroits et
ordinairement moins élevés que la nef.
-
Chapelles rayonnantes ou absidioles : chapelles se situant autour du déambulatoire,
elles rayonnent autour d’un même centre.
-
Chapiteau : élément décoré et sculpté au sommet d’une colonne ou d’un pilier.
-
Chœur : ensemble des parties situées au-delà du transept. Il correspond à la tête du
Christ sur la croix. Il contient le sanctuaire, espace sacré où sont célébrés les offices, et
parfois un déambulatoire et des chapelles rayonnantes.
-
Contrefort : renfort de maçonnerie en forme de pilier servant d’appui et de renfort à un
mur.
-
Déambulatoire : du latin « deambulare » : se promener. Couloir qui se trouve autour du
sanctuaire et qui permet aux fidèles et aux pèlerins de déambuler. Il est souvent
entouré de chapelles rayonnantes.
-
Fresque : technique particulière de peinture murale dont la réalisation s'opère sur un
enduit encore humide.
-
Modillon : bloc de pierre en saillie, généralement sculpté et qui soutient une corniche
(le rebord du toit).
-
Nef : du latin « navis » : navire. Partie de l’église qui s’étend de l’avant-nef jusqu’au
chœur, c’est le lieu principal où se tiennent les fidèles.
-
Portail : composition formée d’une ou plusieurs portes surmontées d’un linteau et d’un
tympan, sur la façade d’une église.
Linteau : pierre unique qui sert à soutenir la maçonnerie ou les matériaux du mur audessus d’une porte et qui sert de base au tympan.
Tympan : partie située entre l’arc d’un portail et le linteau qui lui sert de base. Cet
espace est souvent décoré et sculpté.
-
Transept : nef qui coupe à angle droit la nef principale et donne à l’église la forme d’une
croix latine, symbole du Christ crucifié. Les bras du transept correspondent aux parties
de la croix où reposaient les bras du Christ.
-
Tribune : Galerie haute située au-dessus d’un bas-côté et de même largeur que celui-ci.
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-
Vitrail : ensemble de pièces de verre coloré assemblées à l’aide d’un réseau de plomb et
formant un motif décoratif. Le vitrail ferme une ouverture.
-
Voûte : ensemble de maçonnerie (ensemble de pierres taillées) qui est construit sur et
entre des supports et sert à couvrir un espace (= plafond).
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Bibliographie :
-
Principes et éléments de l’architecture religieuse médiévale, Ed Fragiles, 1997.
Œuvres sculptées Notre-Dame du Port, Sœur Jean-Baptiste Meunier, Florence Maréchal,
Didier Gracz ; Ed du Signe, 2012.
- Bâtisseurs au Moyen-Age, Thierry Hatot, Ed L’Instant Durable, 2009.
- Les 5 églises romanes majeures rénovées dans le Puy-de-Dôme, Michel Andan, Revoir
Editions.
- Nombre d’or, nature et œuvre humaine, Robert Chalavoux, Chalagam Editions, 2001.
- Le nombre d’or et l’architecture romaine en Auvergne, CRDP Clermont, 1980.
- Histoire des Arts, cycle 3, Sophie le Callenec, Hatier, 2013.
- Mémento d’architecture romane, Jean-Marie Guillouët, Editions Jean-Paul Gisserot,
2005.
- La Bible de Jérusalem, Les Editions du Cerf.
- Les vitraux, Louis Grodecki, Nov’Edit, 2004.
Sitographie :
-
fr.wikipedia.org
fr.vikidia.org
http://www.grandpalais.fr/fr/article/lart-roman
http://classes.bnf.fr/villard/reperes/index4.htm
http://www.ac-nancy-metz.fr/ia54/nancysaintpierre/cld05/roman.htm
http://architecture.relig.free.fr/
http://romanes.fr
http://www.infovitrail.com/
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Réalisé par la Paroisse Notre-Dame de Clermont
Clermont-Ferrand,
2013 ©