LIVRET THEORIQUE:
Transcription
LIVRET THEORIQUE:
LIVRET THEORIQUE : ART ROMAN ET ART GOTHIQUE 3 Sommaire Art Roman Introduction………………………………………………………………………………..…………………………………..……………………..5 I – Le plan………………………………………………………………………………………………………………………………………………..5 II – L’architecture…………………………………………………………………………………………………………………………………….6 III – Pour aller plus loin : les unités de mesure au Moyen-Age et le nombre d’or...…………..…………………...8 IV – La décoration……………………………………………………………………………………………………………………….…………10 Art Gothique Introduction…………………………………………………………………………………………………………………………………………..13 I – Le plan……………………………………………………………………………………………………………………………………..……….13 II – L’architecture………………………………………………..…………………………………………………………………………………13 III – La décoration …………………………………………………………………………………………………………………………………15 La sculpture romane.……………………………………………………………………………………………………………….17 Le vitrail…………………………………………………………………………………………………………………………………..19 Glossaire………………………………………………………………………………………………………………………………….23 Sources…………………………………………………………………………………………………………………………………….25 5 Art Roman Introduction L’art roman est un grand mouvement architectural et artistique qui s’étend en France et dans l’Europe toute entière à partir du 10ème jusqu’au 12ème siècle. Dans chacun des pays il a ses caractéristiques propres, avec une unité su isante pour être considéré comme le premier art de l’Europe occidentale. Le terme « roman » vient de « romain » car cette architecture s’inspire de l’architecture romaine. Cet art s’exprime à travers le caractère monumental de son architecture, mais aussi dans une riche sculpture et une peinture particulièrement précieuse. L’art roman est in luencé par diverses sources : carolingienne, antique mais aussi byzantine, orientale et celtique. Tout est ait pour se rapprocher de Dieu, l’art se met au service du recueillement et de la prière. I - Le plan Les églises romanes présentent généralement un plan en forme de croix latine, symbole de la cruci ixion du Christ. L’église est orientée, c’est -à-dire que le chœur est tourné vers l’Orient (est), vers le soleil levant, symbole du Christ comme la lumière se levant sur le monde. Le chœur avec un déambulatoire et des chapelles rayonnantes correspond au plan des églises de pèlerinages et permet le rassemblement et la circulation des idèles. Le Moyen -Age connaît la création et l’épanouissement de nombreux pèlerinages. Les églises possèdent par ois une crypte, elle est située en dessous du chœur et a la même orme que celui-ci. Elle servait au culte des reliques, très important au Moyen-Age (restes d’un martyr ou d’un saint ; ossements ou morceau de vêtement, objet, bijoux etc.). 6 II – L’architecture Jusqu’au 10ème siècle les églises sont très massives, et très larges, en effet les charpentes en bois permettent une certaine liberté de construction car elles reposent sur les murs et ne sont pas très lourdes. Les églises sont construites sur un plan basilical (plan rectangulaire). L’architecture romane se définit avant tout dans sa rupture avec la période précédente. Le plan se modifie et comporte le transept qui vient former une croix latine. Durant la période romane on généralise le couvrement des églises par des voûtes en pierre. Cette période ne sera pas linéaire et présentera une grande évolution. On distingue deux périodes : le premier et le second âge roman. On fait beaucoup d’expériences durant le premier âge, période très longue, le second est celui de la maturité, très court. De nombreuses innovations apparaissent durant la période romane, ici sont présentées les principales caractéristiques de l’architecture romane : Arc en plein cintre : il est l’arc le plus utilisé dans l’architecture romane. C’est un arc en forme de demi-cercle. Son nom provient du « cintre » : échafaudage en bois qui permettait la construction de l’arc. Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand La voûte en berceau : A la période romane on construit des voûtes en pierre qui vont remplacer les charpentes en bois. La voûte est un assemblage de pierre qui sert à couvrir un espace. Les architectes romans utilisaient majoritairement la voûte en berceau pour couvrir la nef. Elle forme une sorte de long tunnel et est en forme de demi-cercle. Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand 7 L’inconvénient de cette forme de voûte est qu’elle exerce une force d’écartement sur les murs qui la supportent. On appelle cette force la « poussée ». Cette poussée additionnée au poids des pierres se transforme en véritable danger car elle peut écarter les murs et faire tomber tout l’édifice. Pour éviter la catastrophe, la solution est d’épaissir les murs. Les architectes vont donc construire des murs d’1 m à 1 m 50 d’épaisseur. On veille également à ne pas faire de trop grandes ouvertures pour ne pas fragiliser les murs. Eglise d’Anzy-le-Duc Les « fenêtres » appelées « baies » de l’architecture romane sont assez petites. Pour consolider davantage l’édifice, on construit des contreforts à l’extérieur. Plus tard, à partir de la fin du 11éme siècle (période qu’on appelle le deuxième âge roman), les tribunes sont construites à l’intérieur de l’église. Ce sont des galeries hautes audessus des bas-côtés. Leurs ouvertures donnent sur la nef. Elles permettent de contrebuter la voûte centrale. Les tribunes Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand 8 III - Pour aller plus loin : Les unités de mesures du Moyen-Age et le nombre d’or Les unités de mesures : Les maîtres d’œuvre médiévaux utilisaient les mesures de l’Antiquité, la plupart des unités de longueur provenaient des mesures du corps humain. La coudée : 48 à 53 cm L’empan : 20 à 23 cm La paume : 7 à 9 cm Le pouce : 2 à 3 cm (largeur du pouce) La palme : 12 à 17 cm Le pied : 24 à 36 cm La brasse ou toise (envergure des bras) : 145 à 200 cm Une lieue : 3000 à 4000 cm Ces mesures varient selon les régions ou les villes. Les maîtres d’œuvre reportaient leurs propres coudée, empan, pied etc. sur une canne qu’ils utilisaient ensuite pour appliquer les mesures sur le chantier. Le nombre d’or : Les anciens désignaient par l’or tout ce qui leur semblait parfait et excellemment beau. Des mesures humaines, les grecs avaient déduit une proportion parfaite appelée la proportion d’or. De cette proportion découle une formule et de cette formule un nombre : le nombre d’or égal à 1,618… désigné par φ (lettre « phi » de l’alphabet grec), en l’honneur de Phidias, architecte grec du Parthénon. C’est une proportion entre 2 dimensions de grandeurs différentes pour lesquelles : « le rapport de la plus petite à la plus grande est le même que celui de la plus grande au tout ». AB/BC = AC/AB = φ = 1,618 Elle serait présente dans la nature, chez les animaux et chez les humains de différentes manières. Le nombre d’or permet de créer le rectangle d’or que les grecs admiraient du fait de ses proportions parfaites. Le rectangle d’or peut se reproduire mathématiquement à l’infini, les rectangles auront les mêmes proportions. Depuis cela on le retrouve dans tout type d’architecture (les temples grecs, les églises, les architectures modernes) mais aussi dans la sculpture et la peinture. 9 Carré fondamental du rectangle d’or Rectangle d’or Application du nombre d’or à Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand 10 IV – La décoration A l’intérieur de l’église, les voûtes reposent sur des supports (mur, pilier ou colonne). Au sommet de la colonne, on trouve le chapiteau. Il est généralement sculpté. On trouve plusieurs décors : végétaux, hommes ou animaux le plus souvent. Certains chapiteaux sont historiés. Ils illustrent des scènes de la Bible ou la vie de saints, et représentent parfois des épisodes de la vie quotidienne du MoyenAge. Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand Les décors sculptés apparaissent également à l’extérieur, sur les façades des églises. Les portails romans sont composés de tympans et de linteaux décorés. Les thèmes sont divers et le plus souvent illustrent les scènes de la Bible. Par exemple le Jugement dernier : la pesée des âmes pour déterminer leur destination (enfer ou paradis). Ces sculptures représentent symboliquement le passage du monde profane au monde sacré (l’entrée dans l’église est une étape de l’initiation). Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand 11 Les ouvertures donnant sur l’extérieur sont fermées par des vitraux. Le vitrail roman, d’une taille assez réduite, est alors conçu pour laisser passer au maximum la lumière. On utilise du verre dont la gamme de couleur est plutôt claire. Comme les sculptures, les vitraux représentent souvent des scènes bibliques, la vie des saints ou parfois la vie quotidienne du Moyen-Age. La lecture d’un vitrail se fait de bas en haut et souvent de gauche à droite. Vitrail roman de la Cathédrale de Strasbourg, Saint Jean-Baptiste et Evangéliste A l’époque médiévale, les églises sont très colorées. De nombreuses peintures, majoritairement des fresques, animent l’intérieur de l’église. Elles sont peintes sur les murs et sur les voûtes. On donne également de la couleur aux chapiteaux et aux portails. Les artisans romans s’inspirent de l’Antiquité et de la Renaissance carolingienne, mais aussi de l’Orient et Eglise Saint-Austremoine d’Issoire ; ème peintures datant du 19 siècle Eglise Saint-Austremoine d’Issoire ; ème polychromie datant du 19 siècle des traditions barbares. Le réalisme est très important et les peintures présentent de nombreux détails. Les sujets sont inspirés de manuscrits et de références tantôt quotidiennes, tantôt fabuleuses. Les murs sont décorés non seulement par des fresques, mais également par des tapisseries (comme en témoigne la tapisserie de Bayeux, chef d’œuvre de l’art roman classé « mémoire du monde » au patrimoine mondial de l’UNESCO). 12 13 L’art gothique Introduction L’art gothique apparait en Ile-de-France (le premier édifice gothique est la Basilique Cathédrale Saint-Denis) au cours de la seconde moitié du 12ème siècle et s’étend dans l’Europe entière jusqu’au 15ème siècle. Le mot « gothique » date du 19ème siècle et vient du nom du peuple barbare des Goths. L’art gothique est considéré comme l’art barbare par rapport à celui de l’Antiquité. Des changements techniques et artistiques donnent naissance à ce nouveau style. On trouve de nouvelles idées pour répartir plus facilement les poussées et stabiliser davantage les édifices. Tout est mis en œuvre pour apporter plus de lumière dans l’édifice. On retrouve également le style gothique dans des bâtiments civils, administratifs et militaires. I - Le plan Le plan de l’église reste globalement le même que celui des églises romanes. C’est un plan en croix latine orienté vers l’est. Le transept ne déborde pas forcément. II - L’architecture L’architecture gothique est une évolution de l’architecture romane. Les mots d’ordre de cette période sont verticalité et luminosité. On élève au maximum les édifices, on agrandit les vitraux. On se sert beaucoup des expériences de la période romane et on continue à faire évoluer les techniques. Voici les principales évolutions de la période gothique : Cathédrale de l’Assomption, Clermont-Ferrand L’arc brisé : on utilise l’arc brisé, déjà existant mais peu présent durant l’art roman. Cet arc présente l’avantage de réduire les poussées grâce à sa forme, ses courbes se rapprochant de la verticale. Les forces d’écartement sont diminuées. L’arc brisé possède une plus grande ouverture que l’arc en plein cintre. 14 La voûte sur croisée d’ogives : elle est composée de deux arcs qui se croisent : les ogives. A leur croisement se trouve la clé de voûte, souvent décorée. Son avantage essentiel est de reporter l’ensemble du poids de la voûte vers ses 4 supports. Ces arcs constituent la structure de la voûte, fermée ensuite par des voûtains (assemblage de pierres entre les arcs). Les murs ne sont plus porteurs dans l’édifice, ce qui permet de créer de grandes ouvertures. Cathédrale de Bordeaux Pour consolider et soutenir l’édifice, on invente l’arc-boutant. C’est un élément en pierre en forme d’arc, construit contre les murs extérieurs au niveau des supports qui vient contrebuter la poussée de la voûte. Les arcs-boutants ont la même fonction que les tribunes des églises romanes mais assurent le contrebutement à l’extérieur. Il permet aussi de limiter la force des vents et de la pluie sur les fenêtres hautes. Enfin, il est souvent associé au système d'évacuation des eaux de pluie. Cathédrale Notre-Dame de Paris 15 Les gargouilles apparaissent également dans l’art gothique. Elles servent à écouler les eaux de pluie recueillies dans les gouttières. Les gargouilles sont sculptées en Cathédrale Notre-Dame de Paris forme de monstres et créatures effrayantes représentant le mal. Elles rappellent aux passants qu’à l’extérieur de l’église le mal est présent, c’est en entrant que l’on retrouvera le bien et la paix intérieure. III - La décoration La fresque, très présente dans l’art roman, s’efface peu à peu au profit du vitrail. Grâce aux innovations architecturales, les ouvertures deviennent de plus en plus grandes et les murs se réduisent pour apporter davantage de lumière à l’intérieur de l’église. On crée de véritables verrières, ainsi que des rosaces. Ce sont des figures symétriques formées de courbes et inscrites dans en cercle. Les rosaces se trouvent sur les façades Ouest et les bras du transept. Les vitraux reprennent les mêmes sujets et motifs que dans les églises romanes. Ils sont toujours considérés comme de véritables supports imagés, à la façon d'une bande dessinée, pour le catéchisme des fidèles supposés n'avoir alors qu'à lever les yeux. En réalité, les vitraux existent surtout comme œuvres d'art par elles-mêmes, car certaines verrières étaient Cathédrale de Chartres trop hautes pour être lisibles, leurs scènes bien souvent trop petites. Au-delà de la représentation iconographique, c'est aussi pour toute la symbolique de la lumière qu’on utilisait les vitraux durant la période gothique. Les vitraux étaient chargés de transformer la lumière physique en lumière divine, autrement dit de faire entrer la présence divine dans l’édifice. Plus l’église sera éclairée, plus le fidèle ressentira le bien-être de la présence de Dieu. La sculpture gothique se développe surtout sur les portails des églises. On la retrouve également à l’intérieur sur le mobilier et les chapiteaux. Cependant, les chapiteaux gothiques sont beaucoup moins détaillés que les chapiteaux romans. On ne retrouve quasiment pas de 16 chapiteaux historiés. En effet, du fait de la hauteur des colonnes, les chapiteaux sont difficilement lisibles et on privilégie donc des motifs végétaux. Aux portes des édifices, les décorations représentent des scènes de la Bible et de grands thèmes religieux (Le Jugement dernier est notamment très représenté). Les portails sont très détaillés, ornés de statues-colonnes et sont souvent de taille monumentale. La sculpture est davantage détachée de l’architecture. Les personnages deviennent de plus en plus réalistes. Portail du Jugement dernier, Cathédrale de Bourges Le vitrail et la sculpture sont considérés comme les arts les plus importants du gothique. 17 La sculpture romane : étude La sculpture romane décore l’intérieur et l’extérieur de l'église : les portails, les chapiteaux, les modillons, le petit mobilier et les statues qui commencent à se développer. Elle illustre la vie de Jésus, la vie des saints ou de grandes scènes bibliques (la tentation d'Ève, le sacrifice d'Abraham, l'adoration des Mages, la fuite en Égypte, l'Apocalypse etc.) et la vie quotidienne du Moyen-Age (travaux agricoles ou artisanaux, scènes de la vie chevaleresque, représentation de loisirs avec des musiciens, des acrobates). On trouve aussi très fréquemment des animaux et des motifs végétaux. Comment reconnaitre les différents personnages ? (exemple de Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand) Chaque type de personnage a ses propres caractéristiques dans la sculpture romane : Basilique Notre-Dame du Port, Clermont-Ferrand - Les hommes : ils portent une tunique courte, des chaussures, souvent une barbe. - Les anges : ils ont une auréole, des ailes. Ils sont pieds nus et portent une tunique longue. - Marie : elle porte des chaussures, une longue robe toujours très raffinée avec de beaux drapés. Elle a une auréole. - Jésus : il a une auréole crucifère (avec une croix inscrite à l’intérieur) et porte une longue tunique. Il est souvent représenté pieds nus. - Les démons, le diable : sous forme humaine : ils portent seulement un pagne (quasiment nus), ils ont le visage mauvais, le corps très maigre et les cheveux ébouriffés ; sous forme animale, ce sont souvent des dragons, serpents et créatures effrayantes. Les végétaux Dans la sculpture romane : feuillages, fruits, fleurs, arbustes et branchages sont des motifs décoratifs très courants. Ils portent une valeur symbolique. La végétation peut être représentée sous des formes réalistes, fantastiques ou stylisées. Elle peut annoncer le temps de repos ou de floraison qui, avec la présence de figures animales ou humaines, montre que la végétation est vivante. Les animaux On retrouve beaucoup d’animaux dans la sculpture romane. Ils servent parfois de simple décoration mais sont aussi porteurs de nombreux symboles. - Le Tétramorphe : aigle, lion, taureau et homme ailé. Quand ils sont présentés ensemble, on considère que c’est une représentation des 4 évangélistes : aigle – Saint-Jean, lion – Saint-Marc, taureau – Saint-Luc, homme ailé – Saint-Matthieu. 18 - Lion : symbole de la force, de la majesté, de la justice, de la sagesse, du pouvoir et de la puissance. - Cerf : souvent comparé à l’arbre de vie, représente la rénovation cyclique. Il symbolise la fécondité, la renaissance. Église Saint-Pierre d’Aulnay, Aulnay de Saintonge - Serpent : symbole du mal, du diable et de la tentation. - Oiseau : symbole du monde céleste, il s’oppose au serpent représentant le monde terrestre. L’oiseau est la figure de l’âme s’échappant du corps, l’état spirituel de l’être. - Aigle : oiseau qui vole le plus haut, symbole de l’ascension et de la royauté. Il est un équivalent spirituel du pouvoir du lion, de la connaissance et de la divinité. - Taureau ou bœuf : symbole de la puissance et de la fécondité. - Agneau : animal des sacrifices. Innocence, douceur, pureté. Victoire de la vie sur la mort. - Cheval : représente à la fois la naissance de la vie, des instincts et la maîtrise de celui qui sait dominer son impulsivité et réfréner ses passions. - Griffon : Tête d’aigle et corps de lion. Symbole des deux natures du Christ : humaine et divine (aigle : roi des animaux célestes, lion : roi des animaux terrestres). Porte la double qualité de la force et de la sagesse. - Centaure : Tête, bras et buste d’homme, pattes de cheval. Symbole de la double nature de l’homme : l’une bestiale, l’autre divine. 19 Le vitrail Le vitrail est un ensemble de pièces de verre colorées unies à l’aide d’un réseau de plomb et formant un motif décoratif. Le vitrail ferme les ouvertures et laisse passer la lumière. En tant que forme artistique, la technique du vitrail atteint son apogée au Moyen-Age. Le vitrail roman est fabriqué avec beaucoup de verres blancs ou avec des teintes claires. Les ouvertures des églises romanes étant petites, elles sont fermées avec des vitraux clairs pour laisser passer davantage la lumière. Les vitraux gothiques à l’opposé du vitrail roman sont immenses. Les grandes ouvertures sont divisées par des assemblages de pierres appelés les remplages. Les remplages ont deux parties : une partie haute – le réseau et une partie basse avec les meneaux. Palais archiépiscopal, Rouen Les ajours de réseau ont différentes formes. Ces formes ont su évoluer avec le temps. On trouve le plus souvent : le trèfle (trilobe), le quatre-feuilles (quadrilobe), la mouchette (ou goutte d'eau qui ressemble à une flamme), le soufflet, les polylobes (à partir de cinq lobes), l'écoinçon (la forme avec trois côtés curvilignes). Les lancettes sont situées entre les meneaux (une partie de Vitrail, Cathédrale de l’Assomption, Clermont-Ferrand 20 remplage) et divisées par les barlotières. La barlotière est une pièce métallique de 2 cm d’épaisseur qui permet de tenir un vitrail. Les lancettes sont les ouvertures verticales et sont surmontées d’un arc qui peut avoir différentes formes : plein cintre, brisé, trilobé etc. La forme est en rapport avec le style architectural de l’édifice ainsi que les ajours de réseau. Les rosaces comportent aussi des ajours de réseau. Au centre, elles ont une partie circulaire et les différentes formes s’articulent autour. La rosace peut être représentée comme une seule grande ouverture parfois inscrite dans un carré ou la partie supérieure d'un vitrail. Le vitrail a des caractéristiques spécifiques selon les époques : coloration, composition, techniques et thèmes abordés. Les vitraux gothiques sont composés de formes géométriques, parmi celles-ci l’ornementation (le fond) et les parties historiées (les médaillons). Dans ces dernières sont représentées une ou plusieurs images figuratives : des personnages illustres ; des figures des Ancien et Nouveau Testaments ; des personnages de légendes ; des saints etc. La technique de fabrication du vitrail : 1) La fabrication du verre : On obtient du verre blanc en mélangeant de la soude (cendres des végétaux), de la silice (sable) et du stabilisant (calcaire). La fusion de ces éléments à une température très élevée (1200 - 1500°C) et dans les proportions déterminées, produit une pâte. S'il on veut colorer cette pâte, on y introduit de la poudre de métal (les oxydes métalliques). Ils sont variés et très nombreux. Ensuite il y a de nombreuses techniques pour fabriquer la feuille de verre avec la pâte obtenue: - Le coulage (1er siècle après JC) : On coulait le verre à plat sur du marbre et du fer. Cette technique permettait d’obtenir une feuille de verre assez épaisse. - Le soufflage en manchon (5ème – 10ème siècle après JC) : Au bout d'une canne, le verrier souffle la pâte qui s’allonge par son propre poids jusqu’à former une « bouteille » (un manchon). Encore chaud et malléable, le manchon est fendu dans sa longueur et ses extrémités sont coupés. Ensuite il est porté dans un four à étendre où il se réchauffe et il est aplati à l’aide d’un polissoir en bois. - Le soufflage en plateau ou soufflage en couronne (5ème - 10ème siècle après JC) : On souffle une boule au bout d’une canne. On fait tourner la canne dans un four ; grâce à la force centrifuge, on obtient un disque appelé « cive » qui est plus épais au milieu. 2) La conception et la maquette : Avant de réaliser le vitrail, une première maquette à l’échelle 1/10 est faite : elle représentera le vitrail tel qu'il sera une fois terminé, avec les traces de plomb, la coloration des verres, la peinture et les passages métalliques. La maquette sert de document de référence tout au long de la réalisation du vitrail. 3) Le choix des couleurs Cette étape détermine l’harmonie des différents verres colorés. On choisit les verres suivant les couleurs indiquées sur la maquette. 21 4) Le tracé Cette maquette est ensuite agrandie aux dimensions du futur vitrail sur du papier, toutes les pièces sont numérotées, ce qui servira pour la réalisation des étapes suivantes. 5) Le calque Avant d’être calibré, le tracé est reporté sur un calque. Il indique l’emplacement des pièces et pourra servir pour les futures restaurations. Un deuxième calque peut être réalisé pour le sertissage qui servira de guide en étant glissé sous le panneau. 6) Le calibrage Après avoir réalisé le calque, le tracé est découpé méthodiquement. Le calibrage sert à conserver les mesures du panneau en tenant compte de l’assemblage verre/plomb. Il convient d’enlever l’épaisseur de l’âme du plomb (1,75 mm) sur le tracé. Celle-ci est répartie de chaque côté du trait, puis enlevée. On obtient des calibres en papier fort qui servent de guide pour la coupe de chaque pièce. 7) La coupe La coupe des pièces est très précise. Chaque défaut peut modifier le résultat, dans les mesures ou le motif. Au Moyen-Age, on porte un fer chaud sur la feuille de verre pour dessiner les contours de la pièce. En l'aspergeant ensuite d'eau froide, le verre éclate en suivant le tracé, grâce au choc thermique. A partir du 15ème siècle, le diamant remplace le fer et permet une découpe plus précise. Les calibres servent de guide pour chaque pièce et leur superposition avec les pièces doit être parfaite. 8) La grisaille Pour tracer les contours et les ombres des dessins, les détails des visages ou des vêtements, les artisans emploient un mélange de couleur noire ou grise, appelée grisaille, qu'ils Vitrail de l’histoire de la vie de Saint Jacques, Cathédrale de Chartres appliquent sur le verre. Une seconde cuisson du verre autour de 600°C fixe ensuite la grisaille qui pénètre dans le verre. 9) Le sertissage ou « mise en plomb » Le sertissage est l'étape qui permet d'assembler les morceaux de verre à l’aide des plombs. Le « chemin de plomb » qui a été prévu lors du calibrage, dessine le motif du vitrail. Les plombs sont placés selon le dessin, les verres sont emboîtés dans la rainure du plomb. 22 10) Le soudage Les plombs sont soudés (on fait fondre l’étain sur chaque partie de l’intersection) pour maintenir les verres et consolider l'ensemble. 11) Le masticage Cette opération consolide le vitrail et le rend imperméable. Lorsque les plombs sont soudés, le panneau n’est pas encore hermétique. On comble les fins espaces entre les verres et les ailes des plombs à l'aide d'un mastic liquide. Le symbolisme : A l’origine le vitrail n’a pas été considéré comme un art, il a eu une fonction pratique : laisser passer la lumière. L’utilisation de verre coloré l’a transformé en œuvre d’art qui est en harmonie avec l’édifice. Chaque couleur peut avoir une signification, souvent ambiguë. Mais colorer un vitrail c’est aussi atteindre le mariage des couleurs, la cohérence et la symphonie. L’interprétation est donc un travail complexe, parce qu’au cours des siècles le symbolisme et la signification ont évolué. Ils sont différents et ont été influencés par plusieurs éléments. - Le jaune : c'est à la fois une couleur positive et négative : c’est celle des menteurs, des trompeurs et des tricheurs, mais aussi celle de la richesse, de la noblesse et de la foi. C’est souvent la couleur de l’or, du soleil et de la fleur de lys. - Le rouge : il renvoie au sang et au feu, c’est le symbole de la colère, de la violence et de la cruauté. C'est aussi une couleur positive : la force, le courage, l’amour, la passion. C'est également la couleur royale par excellence. - Le bleu : considéré comme la couleur du ciel et de l’eau ; elle symbolise la sérénité, la vérité éternelle, la sagesse, la loyauté, la justice et la divinité. Devient la couleur des rois de France, en référence à la couleur du manteau de la Vierge. - Le vert : utilisé pour représenter les dragons, les démons, les serpents et d’autres créatures maléfiques, mais aussi pour la végétation et la nature. Elle symbolise la jeunesse, la fertilité et en même temps le désordre, la folie, l’infidélité et l’avarice. - Le violet : utilisé pour symboliser la soumission, l’apaisement et la tempérance, l’équilibre entre la terre (rouge) et le ciel (bleu). Souvent utilisée pour les vêtements, elle peut être un indice de deuil (dans le sens que la mort n’est qu’un passage). 23 Glossaire : - Arc : élément de construction souvent courbe au-dessus d’une ouverture. Il fait le lien entre deux supports. Il est composé de claveaux (blocs de pierres taillées) qui, posés les uns contre les autres, se bloquent mutuellement. - Avant-nef : Entrée de l’église, espace intermédiaire avant d’accéder à la nef. Elle était autrefois réservée aux personnes non-baptisées (les catéchumènes). - Bas-côtés : couloirs situés de part et d’autre de la nef, légèrement plus étroits et ordinairement moins élevés que la nef. - Chapelles rayonnantes ou absidioles : chapelles se situant autour du déambulatoire, elles rayonnent autour d’un même centre. - Chapiteau : élément décoré et sculpté au sommet d’une colonne ou d’un pilier. - Chœur : ensemble des parties situées au-delà du transept. Il correspond à la tête du Christ sur la croix. Il contient le sanctuaire, espace sacré où sont célébrés les offices, et parfois un déambulatoire et des chapelles rayonnantes. - Contrefort : renfort de maçonnerie en forme de pilier servant d’appui et de renfort à un mur. - Déambulatoire : du latin « deambulare » : se promener. Couloir qui se trouve autour du sanctuaire et qui permet aux fidèles et aux pèlerins de déambuler. Il est souvent entouré de chapelles rayonnantes. - Fresque : technique particulière de peinture murale dont la réalisation s'opère sur un enduit encore humide. - Modillon : bloc de pierre en saillie, généralement sculpté et qui soutient une corniche (le rebord du toit). - Nef : du latin « navis » : navire. Partie de l’église qui s’étend de l’avant-nef jusqu’au chœur, c’est le lieu principal où se tiennent les fidèles. - Portail : composition formée d’une ou plusieurs portes surmontées d’un linteau et d’un tympan, sur la façade d’une église. Linteau : pierre unique qui sert à soutenir la maçonnerie ou les matériaux du mur audessus d’une porte et qui sert de base au tympan. Tympan : partie située entre l’arc d’un portail et le linteau qui lui sert de base. Cet espace est souvent décoré et sculpté. - Transept : nef qui coupe à angle droit la nef principale et donne à l’église la forme d’une croix latine, symbole du Christ crucifié. Les bras du transept correspondent aux parties de la croix où reposaient les bras du Christ. - Tribune : Galerie haute située au-dessus d’un bas-côté et de même largeur que celui-ci. 24 - Vitrail : ensemble de pièces de verre coloré assemblées à l’aide d’un réseau de plomb et formant un motif décoratif. Le vitrail ferme une ouverture. - Voûte : ensemble de maçonnerie (ensemble de pierres taillées) qui est construit sur et entre des supports et sert à couvrir un espace (= plafond). 25 Bibliographie : - Principes et éléments de l’architecture religieuse médiévale, Ed Fragiles, 1997. Œuvres sculptées Notre-Dame du Port, Sœur Jean-Baptiste Meunier, Florence Maréchal, Didier Gracz ; Ed du Signe, 2012. - Bâtisseurs au Moyen-Age, Thierry Hatot, Ed L’Instant Durable, 2009. - Les 5 églises romanes majeures rénovées dans le Puy-de-Dôme, Michel Andan, Revoir Editions. - Nombre d’or, nature et œuvre humaine, Robert Chalavoux, Chalagam Editions, 2001. - Le nombre d’or et l’architecture romaine en Auvergne, CRDP Clermont, 1980. - Histoire des Arts, cycle 3, Sophie le Callenec, Hatier, 2013. - Mémento d’architecture romane, Jean-Marie Guillouët, Editions Jean-Paul Gisserot, 2005. - La Bible de Jérusalem, Les Editions du Cerf. - Les vitraux, Louis Grodecki, Nov’Edit, 2004. Sitographie : - fr.wikipedia.org fr.vikidia.org http://www.grandpalais.fr/fr/article/lart-roman http://classes.bnf.fr/villard/reperes/index4.htm http://www.ac-nancy-metz.fr/ia54/nancysaintpierre/cld05/roman.htm http://architecture.relig.free.fr/ http://romanes.fr http://www.infovitrail.com/ 26 Réalisé par la Paroisse Notre-Dame de Clermont Clermont-Ferrand, 2013 ©